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LA CULTURE DU VIOL
La culture du viol est un environnement social et médiatique qui banalise les violences sexuelles, voire les excuse et les accepte. Elle véhicule et entretient plusieurs mythes3 sur le viol qui empêchent une reconnaissance claire de celui-ci et la prise de mesures appropriées. Elle est un sous-produit du patriarcat.
C’est quoi le patriarcat ?
Le patriarcat désigne le système social et juridique dans lequel nous vivons, fondé sur la détention de l’autorité par les hommes4. Ces derniers y incarnent à la fois :
× ce qui est supérieur : toutes les personnes qui ne sont pas reconnues comme hommes ne sont pas égales à ces derniers ;
× ce qui est universel : l’homme est la base de réflexion, la valeur considérée par défaut, la norme.
Outre l’oppression des femmes et des personnes appartenant à une minorité (personnes non hétérosexuelles, personnes non cisgenres, personnes non blanches, etc.), le système patriarcal oppresse aussi les hommes en les forçant à correspondre à une norme masculine qu’ils n’ont pas choisie. Cette norme participe au maintien de la culture du viol.
Pourquoi le patriarcat nourrit la culture du viol ?
La culture du viol est notamment entretenue par la manière dont sont éduqués les hommes.
× Ils ne doivent pas hésiter à prendre ce qu’ils veulent (notamment les femmes), parce que les choses leur sont dues.
× Ils doivent museler leur empathie (qui est considérée comme une faiblesse5) et ne jamais évoquer leurs sentiments et leurs émotions.
× Ils ne doivent pas accepter le rejet (qui est considéré comme un échec). Le « non » est perçu comme un challenge, pas comme une fin en soi.
Cette éducation légitime aussi le mythe des « pulsions » des hommes : un « besoin » ancré dans leur nature d’interagir sexuellement avec les femmes (au risque de finir avec les fameuses « couilles bleues6 »). Face à ces « pulsions irrépressibles », la responsabilité de faire plus attention (à leur tenue, à l’heure à laquelle elles sortent, aux endroit où elles se rendent…) retombe alors injustement sur les femmes. Avec le risque constant d’être accusées d’avoir provoqué leur propre agression.
Tanya retoque d’ailleurs Arthur sur sa chanson car cette dernière perpétue cette problématique (« Tu dis non mais je sais que tu veux dire oui ») et oublie la notion de consentement qui devrait être au centre de toute relation entre deux humains.
3. L’un des mythes les plus répandus est celui de l’homme violent, agressant une femme inconnue à l’aide d’une arme dans un lieu mal éclairé. MAIS selon les statistiques 74 % des viols sont commis par une personne connue de la victime, et 67 % des viols ont lieu au domicile de la victime ou de l’agresseur. Toutefois, les agressions commises dans cette « zone grise » sont souvent minimisées (« C’était pas fou comme comportement mais c’est quand même pas un viol ») et la victime est parfois même considérée comme responsable.
4. Et, surtout, par les hommes BLANCS.
5. Voir ressource « Parler de ses émotions entre mecs » page 76.
6. Voir podcast « Épisode 1 : Sexualités empêchées », série « Vivre sans sexualité » d’Ovidie et Trancrède Ramonet, LSD la série documentaire, France Culture.