Direction : Guillaume Pô
Direction éditoriale : Sarah Malherbe
Édition : Elsa Tirel
Conception graphique : Elena Baudier-Melon
Composition : Virginie Langlais
Correction : Catherine Rigal
Direction de fabrication : Thierry Dubus
Fabrication : Julia Mirenda
© Fleurus, Paris, 2023, pour l’ensemble de l’ouvrage. www.fleuruseditions.com
ISBN : 978-2-2151-8212-2
MDS : FS82122
Tous droits réservés pour tous pays.
« Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, modifiée par la loi n° 2011-525 du 17 mai 2011. »
– Et dans la troisième partie, on pourra parler des larves qui mangent le PVC... Yun, tu veux bien lâcher ton téléphone ?
Je soupire et lève une seconde les yeux vers Karim.
Nous sommes installés dans mon séjour afin de préparer un exposé sur la pollution plastique. L’appartement de mes parents se trouve en plein dans le XIIIe arrondissement de Paris, dans le quartier des Olympiades, au trentième étage de la tour Tokyo.
Je vais être franche : je ne suis pas très motivée. Les cours de bio m’ennuient. En plus, je trouve que
les exposés, c’est une technique de profs qui ne veulent pas travailler. Ils donnent des notes sans avoir à corriger de copies. Et on se charge pour eux d’animer la classe !
J’aurais bien aimé tout expédier en un quart d’heure mais Karim est sérieux.
Très sérieux.
Trop sérieux.
Ça doit faire une heure qu’on discute du plan.
À chaque fois, il pense à des idées que j’ai déjà eues et cela nous retarde.
Bien sûr, je ne vais pas le lui faire remarquer. On perdrait encore plus de temps.
J’ai dû lutter pour lui demander de travailler avec moi, et qui plus est, chez moi. Déjà, je suis timide. Mais surtout, j’évite d’inviter des gens à la maison.
J’aime ma tranquillité.
N’allez pas croire que j’apprécie Karim. Non, je l’ai choisi comme binôme parce qu’il est le meilleur de la classe.
Avec moi. En fait, on se dispute la première place. Mais chacun a sa spécialité. Moi, ce sont plutôt les
matières artistiques. Lui, c’est clairement le français. Pour le reste, on est ex aequo.
J’ai besoin de lui pour me proposer un plan. J’ai encore du mal avec ça. J’ai une excellente mémoire mais je peine parfois à ordonner mes idées.
Pour le reste, j’ai déjà recherché les informations nécessaires. Les pages sont enregistrées sur mon portable. Et je les ai apprises par cœur.
Je connais tout des tonnes de déchets plastiques qui passent par la Seine chaque année, des micro-plastiques qu’on a dans le sang, des perturbateurs endocriniens présents dans certains plastiques, des usines en bord de Seine qui fabriquent des billes de plastique et même des larves qui sont capables de s’en nourrir...
Cette recherche m’a vraiment déprimée. Et révoltée. Lassée, je coupe Karim.
– J’ai déjà fait les recherches. J’ai juste besoin de savoir dans quel ordre on peut présenter tout ça. Et comment le rédiger.
Karim n’a pas l’air d’y croire. Il repousse une longue mèche pour dégager ses yeux.
Ah oui ? Et qu’est-ce que tu as comme infos ?
regarde ça.
Qu’est-ce que ça veut dire ? Quand on brûle le plastique, cela dégage des gaz très toxiques…
comme le chlorure d'hydrogène ou le cyanure d’hydrogène.
et il y a des usines près de la seine.
Exactement.
– OK, marmonne Karim, impressionné. Allons-y pour le plan. Je vais bientôt devoir partir. Je n’habite pas juste à côté du collège, moi.
Il montre le collège-lycée Gustave-Caillebotte, là-bas, au pied des Olympiades. Vu d’en haut, le bâtiment ressemble à un fer à cheval géant avec la cour au milieu.
Enfin, on va pouvoir avancer ! Je me lève soudain, prise par la soif.
– Qu’est-ce que tu fais encore ? soupire Karim.
– Je vais boire un verre d’eau...
Je me dirige vers l’évier. Mes parents ont aménagé une cuisine américaine : j’ai simplement à contourner le comptoir. Je prends un verre dans l’armoire et me tourne vers mon camarade.
– Tu en veux ?
– Oui, mais dépêche-toi.
Il commence à m’énerver. C’est à cause de lui qu’on a perdu tout ce temps ! Pourtant, comme d’habitude, je ne dis rien, je souris et je lui remplis son verre. Enfin, j’essaie.
Quand j’ouvre le robinet, à la place de l’eau, c’est un filet étrange, gluant, blanchâtre qui s’écoule.
Je grimace.
– Qu’est-ce que c’est que ce truc ?
– Tu sais, dans les mangas, il y a parfois un monstre géant, type Godzilla qui détruit Tokyo ? – Un kaijū ? – Oui, c’est ça. On dirait un kaijū.
Yun, quatorze ans, aime dessiner en toute tranquillité. Le sport ou l’aventure, ça n’est pas pour elle. Autant dire qu’elle est loin d’avoir le profil idéal en cas d’apocalypse !
Mais quand une gigantesque créature se jette sur sa fenêtre, alors qu’elle prépare un exposé avec Karim, Yun n’a pas le choix. Il faut réagir, et vite ! Comment arrêter ce monstre qui semble tout droit sorti d’un manga ?
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