









Elle trouve aussi refuge dans les airs, portée par les nuages. En Occident, elle est munie d’ailes. Au Moyen Âge, les dragons crachent souvent des flammes
Des habitats multiples

Les dragons sont tour à tour assimilés aux quatre éléments : la terre, l’eau, l’air et le feu. La grotte aux profondeurs inaccessibles est notamment la tanière du dragon occidental. En Asie, la créature, souvent associée à l’eau, peut épouser les méandres des fleuves.

Dans tous les coins du monde et à toutes les époques, les hommes ont décrit, raconté et dépeint les dragons. Inspirant tantôt la crainte, tantôt le respect, ces monstres fabuleux sont brièvement définis comme des créatures ailées, griffues et dotées d’une queue de serpent. Le mot « dragon » est issu du grec drakôn, dérivé du verbe derkomai, qui signifie « regarder avec intensité », une caractéristique que l’on peut attribuer au serpent.
DESL’ORIGINEDRAGONS
Un monstre composite
Dans l’univers des créatures fantastiques, le dragon occupe une place unique. Aucun autre animal imaginaire n’est présenté sous une telle variété de formes et d’espèces. Leur point commun : un corps de reptile auquel sont ajoutées des parties anatomiques provenant d’autres animaux. Au XVIe siècle, Léonard de Vinci, artiste et inventeur de génie, livre sa description du dragon. Il a : « la tête du mâtin ou du braque (chiens de chasse), les yeux du chat, les oreilles du hérisson, le museau du lièvre, le sourcil du lion, les tempes d’un vieux coq et le cou de la tortue. »

Les dragons existent-ils ?

Empreintes de pas de mammouth


L’imagination humaine associée à la rencontre d’animaux imposants dont on ignorait l’existence, comme de grands reptiles, crocodiles ou serpents, est à l’origine du mythe du dragon. Ceux de Marco Polo ne sont probablement rien d’autre que de grands alligators de Chine. Dans les grottes, des ossements d’ours ont pu faire illusion. C’est le cas près de Mixnitz, en Autriche, dans la caverne dite « du dragon ». La découverte de restes de grands animaux préhistoriques (mammouths et autres créatures gigantesques) a également alimenté le mythe.
Des explications possibles

Longtemps, les hommes ont cru dur comme fer à l’existence des dragons, et certains ont même prétendu en avoir croisé sur leur route. C’est le cas de Marco Polo, célèbre pour son voyage en Chine relaté dans son Livre des Merveilles (1299, illustration ci-dessous). En 1584, un médecin italien affirme de but en blanc : « Les dragons existent ». Au XVIIIe siècle, les naturalistes, des scientifiques qui étudient les espèces animales et végétales, mettent un terme au mythe des dragons. Au début du XIXe siècle, la découverte de squelettes d’animaux disparus, baptisés « dinosaures », fait pourtant renaître un temps cette croyance.

Crâne d’ours des cavernes

Différents du dragon médiéval, qui nous est plus familier, ceux des mythes antiques prennent souvent la forme de serpents, auxquels s’ajoutent les membres de plusieurs autres créatures. L'un des plus anciens dragons, Tiamat, déesse des eaux, contribue à la création du monde imaginée par les Babyloniens de Mésopotamie (Irak actuel), il y a plus de 4 000 ans. On retrouve les serpents-dragons dans les mythes égyptiens et grecs. Chacun a une signification qui lui est propre.
L’éternel recommencement

Les gardiens des trésors
Dans la mythologie égyptienne, le serpent géant Apophis, dieu de la nuit et des ténèbres, représente les forces obscures que doit combattre Rê, le dieu solaire, pour parvenir à illuminer le monde au petit matin. Chaque nuit, Rê traverse le royaume d’Apophis à bord de sa barque solaire. À chaque fois, le serpentdragon manque de faire chavirer la barque, espérant ainsi plonger le monde dans les ténèbres pour l’éternité. Heureusement, Rê n’est pas seul. Grâce à l’aide de son équipage, il parvient toujours à sortir vainqueur du combat.


LES DRAGONS DE L’ANTIQUITÉ
Les dragons grecs ont souvent pour mission de protéger des trésors. Ladon, un immense serpent géant à cent têtes, est chargé par Héra, l’épouse de Zeus, de garder le jardin des Hespérides, un verger fabuleux qu’elle a reçu en cadeau de mariage. Or Héraclès, un courageux héros grec aussi connu sous le nom d’Hercule, doit, dans le cadre de ses célèbres travaux, subtiliser les pommes d’or qui y poussent. Malgré la vigilance du monstre, Héraclès parvient à l’abattre d’une seule flèche. Pour rendre hommage à son fidèle gardien, Héra jette sa dépouille dans le ciel, dessinant alors la constellation du Dragon.
Héraclès terrassant Ladon dans le jardin des Hespérides

Andromède livrée à Céto
Les forces du mal
Chevauchant Pégase, le cheval ailé, le héros grec Persée aperçoit sur sa route une jeune fille, Andromède, enchaînée à un rocher surplombant l’océan. Celle-ci doit servir de pâture à Céto, le monstre marin (mélange de dragon, de baleine, de requin et de raie) de Poséidon, dieu de la mer. Andromède lui est offerte en sacrifice pour punir ses parents, souverains d’Éthiopie, d’avoir vexé Poséidon par un excès de vanité. Au moment où l’énorme créature surgit des flots, Persée plonge sous son corps. Après un combat au corps à corps, le héros poignarde Céto en plein cœur. Cette victoire lui permettra d’épouser la princesse Andromède.sauvée,



5

Toujours prêts à nuire, plusieurs dragons grecs effrayants symbolisent nos peurs et nos angoisses profondes. Fille d’Échidna et de Typhon, deux dragons composites, l’Hydre est une créature au corps de chien et à multiples têtes de serpent. Exhalant une odeur pestilentielle et mortelle, elle ravage la région de Lerne, en Grèce. C’est encore le héros Héraclès qui a la mission de l’anéantir. Avec l’aide de son neveu Iolaos, il décapite l’Hydre et brûle chaque cou pour empêcher les têtes de repousser. La dernière tête étant immortelle, il prend soin de l’enterrer sous un rocher.

Héraclès face à l’Hydre de Lerne
La sacrifiéeprincesse
Au fil du temps, et avec l’avènement du christianisme, le dragon occidental dit aussi « européen » évolue, aussi bien dans son aspect que dans son rôle. Dans la Bible, une référence importante de l’Europe médiévale, cette créature monstrueuse est l’incarnation du diable, que Dieu et ses saints doivent combattre. Mais la lutte contre le dragon fait aussi partie des rites initiatiques qui permettent aux preux chevaliers de vaincre leurs peurs.


C’est au Moyen Âge qu’apparaît la forme du dragon qui nous est la plus familière aujourd’hui. Son corps couvert d’écailles est celui du serpent. Il marche sur deux ou quatre courtes pattes. Son aspect est verdâtre, mais certains ont la peau rouge.
Une tanière et un trésor
Sa morphologie
Ses grandes ailes de chauve-souris placées au bas du cou lui permettent de planer ou de plonger en piqué. Crachant du feu, sa gueule de crocodile offre une rangée de dents acérées.
LE OCCIDENTALDRAGON
Le dragon occidental vit loin des villes et des populations humaines. Il préfère les rivières, les étangs ou encore les forêts denses et profondes. C’est là qu’il déniche la grotte souterraine lui servant de repaire. Tout au fond, il dissimule un trésor, récompense qui reviendra au chevalier ayant le courage de l’affronter et de le vaincre. On attribue au dragon des paupières transparentes et le regard fixe des serpents. Ainsi peut-il surveiller son butin nuit et jour. Avide et glouton, il dévore tout ce qui passe à sa portée.
On prête à sa langue fourchue la capacité de parler plusieurs langues et à son sang le pouvoir de rendre invulnérable.
Le dragon emprunte au lézard sa queue puissante et brutale.

Le dragon dans la Bible

Représenté au Moyen Âge sur le fronton des églises et dans la peinture, le Léviathan prend la forme d’une gueule ouverte qui avale les âmes. Il symbolise l’entrée des enfers. Ce monstre marin gigantesque tient, dans la Bible, à la fois du dragon, du serpent et du crocodile. Il incarne les forces du Mal combattues par Dieu lors des premiers jours de la création du monde.




Dans l’Apocalypse, le dernier livre de la Bible qui relate la fin du monde, l’archange saint Michel (chef des anges et protecteur des portes du Paradis) combat le dragon, représentant le Mal et le diable. Michel empêche le monstre de dévorer l’enfant qui est destiné à sauver le monde. Il met à mort la bête effrayante, un dragon rouge feu à sept têtes et dix cornes. Au Moyen Âge, on représente souvent l’archange brandissant une épée ou une lance, le dragon vaincu à ses pieds. L’abbaye du Mont Saint-Michel lui est dédiée, d’où son nom.
Le dragon de l’Apocalypse

Dans plusieurs récits médiévaux, le combat contre le dragon représente le défi que doit relever le jeune homme pour sauver la princesse ou gagner son cœur, et ainsi être considéré comme un chevalier accompli. Datant du XIIe siècle, la légende de Tristan et Iseut raconte notamment la lutte acharnée de Tristan contre un dragon pour obtenir du roi d’Irlande la main de sa fille, Iseut la Blonde. Malgré ses blessures, Tristan parvient à enfoncer son épée dans la gueule du monstre cracheur de feu et à lui fendre le cœur en deux. Il coupe sa langue et l’emporte avec lui pour témoigner de sa victoire.

Le dragon est aussi associé au paganisme (croyance en plusieurs dieux) contre lequel les chevaliers chrétiens luttent dans le monde romain. En témoigne la légende de saint Georges, saint patron des chevaliers et de plusieurs pays, dont l’Angleterre : monté sur son cheval blanc, il combat vaillamment un dragon féroce qui tyrannise les habitants de Silène, en Libye. Guidé par sa foi et armé de sa lance, il réussit à affaiblir la bête et même à la dompter. Libérant la princesse que le monstre s’apprêtait à dévorer, il convertit aussi la population au christianisme.


8
L’épreuve du sanssanschevalierpeuretreproches
Saint Georges terrassant le dragon
Tristan face au dragon
Le chevalier chrétien face au dragon
Dragon surmontant un heaume de chevalier

Dans l’épopée des Chevaliers de la table ronde (XIIe siècle), Vortigern, roi usurpateur du trône de Bretagne (Grande-Bretagne actuelle), fait construire une tour pour se protéger des attaques du roi légitime, Uther Pendragon, père du roi Arthur. Curieusement, cette tour ne cesse de s’écrouler. Le jeune Merlin l’Enchanteur lui révèle que deux dragons sont endormis sous ses fondations, et se retournent. Sur l’ordre de Vortigern, les ouvriers se mettent à creuser. Surgissent alors deux dragons, l’un blanc et l’autre rouge, qui se livrent un combat acharné au terme duquel le dragon blanc fait périr son adversaire dans les flammes. Selon Merlin, ce combat annonce la victoire d’Uther sur le félon Vortigern.

Le protecteurdragon
Comme en témoignent les britanniques,légendes le dragon n’est pas synonymetoujoursduMalou du diable. Représenté sur les armes, les heaumes et les armures des chevaliers, ce symbole de force les protège et sert à effrayer l’ennemi. Forgé sur une poignée de porte, il est destiné à éloigner les mauvais esprits de la maison et de ses habitants.


Le Bien contre le Mal
Armoiries du roi Henri VII
Figurant sur le drapeau du pays de Galles, le dragon rouge est un symbole que les souverains du pays emploient dès le Moyen Âge pour imposer leur autorité. Considéré comme le plus grand roi gallois, Cadwaladr (VIIe siècle) adopte ce dragon sur sa bannière. Au XVe siècle, Henri VII, fondateur de la maison Tudor (d’origine galloise), intègre le dragon rouge dans ses armoiries, en mémoire de Cadwaladr.


Un symbole royal
Dragon de Cadwaladr
9
Drapeau du pays de Galles
Conception de la collection : Émilie Beaumont et Jack Delaroche Édition : Sélène Chateau assistée de Soizic Hauchecorne
Conception graphique : Éric Laurin sous la direction de création d’Élisabeth Hébert
LE DRAGON ORIENTAL 12
LES DRAGONS DE L’ANTIQUITÉ 4
Directionwww.fleuruseditions.comDirection:GuillaumePôéditoriale:SarahMalherbe
LES COUSINS DES DRAGONS 18
DES DRAGONS BIEN VIVANTS 20
L’ORIGINE DES DRAGONS 2
Direction artistique : Bleuenn Auffret Graphisme : Julien Di Giorgio
DRAGONS D’ICI ET D’AILLEURS 16
DES HISTOIRES DE DRAGON 22
TABLE DES MATIÈRES
Ce livre est imprimé avec des encres à base végétale et est composé de matériaux issus de forêts bien gérées, certifiées PEFC™ et d’autres sources contrôlées.
© 2022, FLEURUS ÉDITIONS, Paris 57, rue Gaston Tessier, CS 50061, 75166 Paris Cedex 19
Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, modifiée par la loi n° 2011-525 du 17 mai 2011.
Achevé d'imprimer en juillet 2022 par Rotolito en Roumanie
CÉLÈBRES DRAGONS MÉDIÉVAUX 10
Mise en page : Graph’M
LE DRAGON OCCIDENTAL 6
Direction de fabrication : Thierry Dubus Fabrication : Morgane Lajeunesse
Dépôt légal : août 2022 1re édition – N° d’édition : J22250 ISBN : 978-2-2151-7962-7 • MDS : FS79627






Code prix : IM6
























































































