La famille Potofeu - Tome 3 - Le mystère des pyramides

La famille

un roman de Paul Beaupère illustrÊ par serge Bloch

La famille

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Direction : Guillaume Arnaud Direction éditoriale : Sarah Malherbe Édition : Claire Renaud Conception graphique : Elisabeth Hebert, Cédric Ramadier Direction de la fabrication : Thierry Dubus Fabrication : Sabine Marioni Composition : Text’Oh! © Fleurus, Paris, 2019. www.fleuruseditions.com ISBN : 978-2-2151-6716-7 MDS : 592 856 Tous droits réservés pour tous les pays. « Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse. »

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un roman de Paul Beaupère illustrÊ par serge Bloch

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Chapitre 0 Ça commence là où c’est fini…

(Pour ceux qui ont lu le tome 2 de nos aventures, il est possible que vous ayez cette curieuse impression du déjà vu. Pour les autres, il est possible que cela vous aide à bien comprendre la suite et pour tout le monde… bonne lecture !)

Liste des choses qu’il ne faut surtout pas faire un dimanche soir : – Penser au lendemain matin ; – Imaginer comment sera le lundi qui suit ;

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– Se dire que le week-end est déjà fini ; – La liste de tout ce qu’on s’était promis de faire durant ces deux jours et que l’on n’a toujours pas fait, pas plus que le week-end précédent ni le suivant ; – Ouvrir un courrier qui vient de loin.

Comme chaque dimanche soir à « La Truffe des Vosges », M. Lavarenne arrive en premier. Il file s’asseoir à sa place et se régale par avance du spectacle que sera pour lui ce dîner. Il commande la même chose que d’habitude, une salade de pommes de terre du Périgord, une andouillette, un brie et une crème brûlée.

Chaque dimanche, il se promet que la prochaine fois il essayera le tiramisu, on lui en a dit le plus grand bien, mais il n’ose pas. M. Lavarenne n’est pas vraiment ce que l’on appelle un aventurier. À une table voisine, Jean Deau, l’académicien, l’écrivain reconnu, la gloire de la culture française, dîne avec Sainte-Moustache, le plus vieux et le plus nul des tueurs à gages de Paris, le seul au monde à n’avoir jamais éliminé personne. Ils sont en compagnie du c­ ommissaire

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Ça commence là où c’est fini…

Leblond et de sa charmante épouse. Leblond règne sur Paris, il en dirige la police.

Vers dix heures arrive Lorelei, la star de la chanson.

C’est désormais une habituée, elle est entourée des gloires du moment, celles qu’il faut connaître et avec qui il faut être vu. Mais attention, à la Truffe, personne ne prend de selfie ou ne demande d’autographe, c’est une soirée en famille et en famille ces choses-là ne se font pas. Et si Lorelei chante une ou deux de ses chansons, c’est juste comme ça, pour le plaisir. À la table 8 dîne une très vieille dame, elle a pris un abonnement, elle veut venir chaque dimanche, jusqu’à la fin de ses jours et elle a beau avoir presque cent ans, elle espère bien que cela durera encore très longtemps.

Ce soir, elle testera le pied de cochon pané et le tiramisu, la chanteuse prendra une salade et piquera des pommes de terre chez ses voisins, une tarte à la rhubarbe traversera la salle et croisera un munster bien fait, il y aura du bruit, des verres qui s’entrechoquent, des assiettes qui s’empilent, des chaises qui bougent, des cris quand on se fâche, des éclats de rire quand on se

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réconcilie. Même M. Lavarenne, qui est seul depuis qu’il est né, finira par être accompagné. À la cuisine, papa est aux anges, ses grands bras découpent, assemblent, associent, présentent, déplacent, choisissent, soulèvent des couvercles, changent des casseroles, remuent des cuillères, il est comme un moulin géant aux ailes sans cesse en mouvement.

Il cuit, rafraîchit, lave, grille, pane, émince, râpe et découpe avec bonheur. Bref, il cuisine.

Dans la salle, mes trois sœurs s’activent. Clémence a l’œil à tout, elle devine la carafe vide qu’il faut changer, sait quand il faut accélérer ou ralentir le service et jamais elle ne laisse une table manquer de pain. Pia ne dit rien, mais elle fait. Elle passe ici, repasse par là, personne ne la voit, mais elle est partout. Douce s’occupe des commandes : comme elle parle dix ou quinze langues, elle est très utile avec les touristes. Quant aux habitués, elle connaît leurs goûts, sait les guider et ne désespère pas, un jour, de convaincre M. Lavarenne que le tiramisu, c’est drôlement bon. « La semaine prochaine, répète-t‑il invariablement, la semaine prochaine. » Moi, Yvan, je suis à la cuisine avec papa, j’aide, je lave,

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­j’essuie, j’aide, je lave, j’essuie, et je recommence, mais surtout, je suis très heureux.

Maman est partout à la fois, elle sait tout, voit tout, c’est l’ange gardien de la Truffe, elle est l’âme de notre restaurant, ce petit coin de la place des Vosges qui est aussi notre maison et même un peu plus. À la fin du service, quand il ne reste que la famille, plus un commissaire de police, un tueur à gages raté et un écrivain célèbre, qui font désormais partie de la tribu, papa sort une bouteille de champagne, une énorme, une rare, une qu’il gardait pour une grande occasion.

– Je crois qu’aujourd’hui nous pouvons fêter le retour de Karine ! Je voudrais lui dire combien je suis fier d’elle et combien je suis heureux que désormais elle fasse, elle aussi, partie de cette grande et belle aventure de La Confrérie des Listes. (Là, je dois avouer que pour bien comprendre cette dernière phrase, il serait préférable, si vous ne l’avez pas déjà fait, de vous ruer sur le tome 2 de nos aventures… Et puis, pendant que vous y êtes, pour bien profiter du tome 2, sans doute serait-il

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encore mieux de vous précipiter sur le tome 1.) Mais reprenons…

Maman est émue, elle a les yeux qui brillent et elle regarde papa comme il la regarde, avec admiration et amour.

– Je vais donc ouvrir cette bouteille qui n’attend que nous et…

– Papa, papa, viens voir, vite ! Venez tous ! Venez vite voir !

Pia nous appelle depuis la cuisine. Quand nous la rejoignons, elle est debout, immobile, face à l’écran géant qui est notre lien avec la LCDL. – Regardez la liste qui vient de s’afficher.

– Mais c’est quoi ?

– J’ai bien une idée, dit maman, mais je suis nouvelle, alors j’ose pas…

– Vas-y, dis toujours.

– On dirait des hiéroglyphes ! À première vue, c’est la liste d’un Égyptien.

– Le problème, dit Jean Deau, c’est que cela fait plus de mille six cents ans qu’on n’utilise plus les hiéroglyphes ! C’est donc la liste d’un très vieil Égyptien, je

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doute qu’il soit encore en vie. Ou alors, c’est Pharaon lui-même qui vous envoie un message.

– Mais qu’allons-nous faire de la liste d’un bonhomme mort il y a près de deux mille ans et très loin d’ici ? Et que fait-il à Paris ? Et puis, qui parle le hiéroglyphe ?

Comme personne ne semble avoir la réponse à sa question, papa décide que « tout ça attendra demain.

Ce soir c’est la fête, maman qui avait été enlevée a été retrouvée, alors trinquons à sa santé et à l’arrivée des nouveaux. » Je crois pourtant que, secrètement, sans oser le dire aux autres, nous avons tous un petit dessin égyptien qui nous trotte déjà dans la tête et une furieuse envie de résoudre les mystères de cette nouvelle liste.

Et comme les choses sont bien faites, nous n’avons pas à attendre très longtemps. À peine avons-nous posé les lèvres sur nos coupes que la porte du restaurant s’entrouvre et qu’apparaît un drôle de petit homme.

– C’est bien ici la famille Potofeu ? demande-t-il d’une voix très douce. Il faut que je vous parle.

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Chapitre 1 Un Pachéry peut en cacher une centaine d’autres

Liste de ce qu’il vaudrait mieux ne jamais oublier : – De prendre son temps si on en a, de ne pas le perdre si on en a peu, de prendre celui des autres si on n’en a pas ; – De parler poliment aux chiens méchants, car ils sont souvent susceptibles ; – De se coiffer le matin avant de devenir chauve ; – De marcher sur le rebord des trottoirs comme s’il y avait un précipice de chaque côté, pour y être habitué si

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jamais un jour il y a vraiment un précipice de chaque côté ; – De saluer le Soleil qui se lève si on veut qu’il revienne le lendemain, car, comme les chiens méchants, il lui arrive d’être susceptible ; – D’aller lire les tomes 1 et 2 des aventures de la famille Potofeu si ce n’est pas déjà fait… (Et si c’est déjà fait, rien ne vous empêche de les relire !)

Pour ceux qui ont la mémoire qui flanche et ne sont plus très sûrs d’avoir compris le chapitre 0 et surtout de qui il sera question dans les prochains, les lignes qui suivent peuvent être utiles. (Pour les autres, ils font ce qu’ils veulent, mais si j’étais vous… enfin, loin de moi l’idée de vous influencer.) À la fin de l’épisode précédent, pour avoir enlevé maman et essayé de prendre le contrôle de la Confrérie des Listes, oncle Vladimir, dit Vlad, est envoyé en exil sur l’île de Vlork, un endroit où il n’y a rien à faire, personne non plus et pas grand-chose à manger. Mais il ne devrait pas s’y ennuyer, car il y est allé avec ses meilleurs amis, l’épouvantablement chic tante Violette, le

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Un Pachéry peut en cacher une centaine d’autres

cousin Zucky, expert en informatique, piratage et malversations en tout genre et Ulrich, un autre cousin très grand, très idiot, mais fort, très fort.

Grâce à quelques miracles, à quelques courses-­ poursuites, deux ou trois cavalcades et pas mal d’émotions, maman a été libérée et Babouchka, ma grand-mère, la sœur d’oncle Vlad, est restée maître de la Confrérie. La LCDL, ce qui signifie La Confrérie Des Listes, cet ordre multiséculaire qui, depuis la nuit des temps, aide ceux qui font des listes à venir à bout de ce qu’ils ont inscrit dessus.

La famille Potofeu fait partie de cette Confrérie depuis ses tout débuts. Il n’est pas impossible que dans une caverne préhistorique, le premier des Potofeu, habillé de son slip en peau de bison, se soit déjà préoccupé d’aider tous les distraits qui ont laissé des dessins dans des grottes. Car ces cohortes d’animaux en tout genre que les spécialistes prennent pour des œuvres d’art ne sont en fait que les listes de courses de nos lointains ancêtres. Une époque où le steak de mammouth ne se trouvait pas au supermarché, mais au bout d’une lance.

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Quand Matthieu, papa, a épousé maman, Karine, elle ne faisait pas partie de la Confrérie car nul n’a le droit d’y entrer s’il n’y est né. Pourtant, depuis son enlèvement et surtout sa libération, elle en est membre.

C’est grâce à Babouchka, le grand maître de l’ordre pour la France, qui vit à la maison, qui est la maman de papa et accessoirement notre grand-mère, à moi, Yvan, 12 ans, qui vous raconte cette histoire et à mes trois sœurs, Clémence, 18 ans, Pia, 16 ans et Douce, 14 ans.

Voilà, vous connaissez tout le monde, ah non, j’allais oublier, il y a aussi Alfred. Alfred c’est notre sanglier domestique. Nous l’avons adopté tout petit et il est venu des Vosges avec nous quand nous avons ouvert notre restaurant « La Truffe des Vosges ». Depuis il dort le jour, dans un abri de la cour, et la nuit il traîne dans Paris, pour son plus grand bonheur et pour faire enrager les policiers de Leblond qui le chassent sans relâche, mais surtout, sans succès.

Donc, nous sommes tous dans le restaurant, quand le petit homme passe la porte et pose la question : – C’est bien ici la famille Potofeu ? Il faut que je vous parle.

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Un Pachéry peut en cacher une centaine d’autres

L’étranger n’est pas très grand et il ne semble pas surpris quand Alfred, en liberté dans la salle, vient lui tourner autour.

– Nous sommes fermés, monsieur, dit maman.

Si vous voulez repasser mardi, je peux vous réserver une table, mais à cette heure-ci, nous ne servons plus.

– Je ne viens pas pour dîner, dit alors le visiteur avec un accent si doux qu’il me fait comme des petits frissons dans les oreilles. Je suis là pour la liste, la liste de ce soir, celle de l’Égyptien.

Quand elle entend cette phrase, Babouchka laisse tomber sa coupe de champagne, papa boit de travers et manque de s’étrangler.

– Il n’y a pas de liste ici ! déclare alors grand-mère dont l’œil se fait noir et le sourcil menaçant. Nous ne comprenons pas ce que vous voulez dire et nous ne faisons pas de cuisine égyptienne. Bonsoir monsieur.

– Je sais très bien qui vous êtes, continue l’étranger.

Je viens pour vous aider et aussi car j’ai besoin de vous.

– Qui êtes-vous ? demande papa.

– Je me nomme Pachéry. Pachéry 92 pour être exact, je suis le fils de Pachéry 91, qui lui-même était le

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fils de Pachéry 90, un grand homme que mon grandpère, qui était lui-même le fils de Pachéry 89, qui, il faut bien le dire, n’a pas été à la hauteur, contrairement à Pachéry 88 qui…

– Je crois qu’on a compris ! l’interrompt le commissaire Leblond qui retrouve ses réflexes de policier.

Ce que nous aimerions savoir, c’est la raison de votre venue ce soir ! Répondez, vite et bien, ou je vous fais passer le reste de la nuit derrière les barreaux !

Alors, avec beaucoup de dignité, le petit homme s’avance. Il est habillé avec une grande élégance, costume clair, chaussures cirées plus brillantes que des miroirs, chapeau mou dans une main et gants de cuir Havane dans l’autre. Il s’assied sur une banquette rouge, le dos très droit avec toujours le même sourire aux lèvres. Après avoir posé son couvre-chef et ses gants sur la table, il époussette le col de sa veste et réfléchit un moment.

– Alors, ça vient ? Ou faut-il que j’aille chercher mes instruments de torture pour vous faire parler ? gronde papa menaçant.

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Un Pachéry peut en cacher une centaine d’autres

– Avant toute chose, dit Pachéry 92, je dois vous dire que je suis originaire d’Égypte, ce qui explique mon nom qui aura pu vous sembler un rien exotique.

– Pas autant que le numéro qui l’accompagne, je lâche assez grossièrement.

– Je préférerais ne pas être interrompu pour la suite de mon récit, dit alors l’homme avec une soudaine autorité. Il faut aussi que je vous dise que je connais parfaitement l’existence de la Confrérie et…

Dans la salle du restaurant, un murmure s’élève.

Personne ne devrait savoir qui nous sommes ! Personne, sauf bien sûr Leblond, Deau et Sainte-Moustache, mais ça, vous ne le répétez pas, car c’est un secret.

– Mais c’est quoi cette confrérie dont vous parlez sans arrêt ? s’étonne la femme du commissaire Leblond.

– Je t’expliquerai, chérie, répond le policier.

– Comment nous connaissez-vous ? demande Babouchka.

– J’ai gardé des contacts dans l’Ordre et quand j’ai compris ce que je vais vous révéler maintenant, j’ai passé un ou deux appels téléphoniques et j’ai su que

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c’était vous qui alliez vous occuper de la liste de mon ancêtre, puisqu’elle apparaît sur votre territoire.

– Mais enfin, qui m’expliquera ce que c’est que cette confrérie ? insiste Mme Leblond.

– Chérie, je t’ai déjà dit que…

– Tu ne m’as rien dit du tout et je vois bien que je suis la seule ici qui… Avant qu’elle ait pu finir sa phrase, la femme du commissaire s’effondre sur la table et papa range une sarbacane avec laquelle il vient de lui envoyer une petite fléchette qui la fera dormir jusqu’au lendemain.

– Je crois que c’est plus sage, ajoute papa.

– Oui… mais quand même, c’est peut-être un peu… dit le commissaire dont l’épouse gît, endormie.

– Un peu quoi ? demande papa en regardant le commissaire et en ressortant son arme.

– Non, rien du tout. C’est très bien.

– Donc, reprend Pachéry, ma famille a fait partie de la Confrérie des siècles durant. Puis, pour d’obscures raisons oubliées de tous, nous avons quitté l’Ordre.

Si je suis là ce soir, c’est que je sais d’où vient la liste qui vous a intrigués tout à l’heure, je connais son auteur.

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Un Pachéry peut en cacher une centaine d’autres

Tout commence il y a près de 2 300 ans, en Égypte.

Mon ancêtre, Pachéry 1er, était au service de Cléopâtre et de son époux Ptolémée et c’est lui qui a rédigé cette liste. Mais un jour il a disparu sans laisser de traces.

Ainsi, depuis plus de deux mille ans, à chaque génération, notre famille fait un serment, celui de le retrouver.

– Mais quel est le rapport entre nous et cette liste ? s’impatiente Babouchka.

– Regardez, dit l’Égyptien en posant un téléphone devant lui. C’est un passage du journal télévisé de ce soir.

Alors, tous penchés sur le minuscule écran, l’oreille tendue pour ne rien perdre du commentaire, nous découvrons Pachéry 1er, la seule momie humaine qui soit conservée au Louvre. En même temps que son existence, nous apprenons aussi qu’il vient de passer quelques jours à l’hôpital pour y subir une batterie d’examens, des radios, des scanners, des IRM et encore des tas de choses qui ont permis d’en découvrir plus sur lui, comment il vivait, qui il était et surtout, comment il est mort. Pachéry 1er aurait été victime d’un meurtre !

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– Alors ça, ça m’intéresse, dit le commissaire.

Résoudre un crime vieux de plus de deux mille ans, voilà un défi que j’aimerais relever !

– Parmi les surprises que le scanner a permis de révéler, il y a un document que notre homme aura emporté avec lui jusque dans la mort, explique le journaliste. En effet, un papyrus au texte qui semble être une liste, mais qui reste indéchiffrable pour le moment, était soigneusement plié entre les différentes épaisseurs de délicates bandelettes de lin. Qu’est-il écrit sur cette liste ? Pourquoi l’accompagne-t-elle ? Il appartient maintenant à nos plus grands égyptologues de se poser la question. Autre découverte étonnante, notre homme portait, tatoué sur le bras gauche, un signe qui lui aussi reste un mystère. En attendant, et après que la médecine s’est penchée sur lui, Pachéry 1er devrait retrouver mardi prochain sa place au Louvre, où il fait l’émerveillement des petits et des grands. Et maintenant, passons à la météo…

Et là, Pachéry 92 éteint son téléphone. Puis, lentement, il soulève sa manche de chemise sur le bras

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Un Pachéry peut en cacher une centaine d’autres

gauche et laisse apparaître un signe semblable à celui tatoué sur la momie.

– Chaque membre de la famille le reçoit quand il a sept ans. Je suis le dernier des Pachéry, je n’ai pas eu d’enfants et avant de m’en aller, je voudrais que le vœu ultime de mon ancêtre soit exaucé !

– C’est tout à votre honneur, M. Pachéry, dit Babouchka. Mais que pouvons-nous faire pour vous ?

Et surtout, en quoi cela nous regarde-t-il ?

– Personne ne parviendra à traduire la liste, elle est codée et moi seul connais la clé de ce code. C’est une vieille habitude familiale qui s’est transmise jusqu’à moi. Vous devez, c’est votre mission, réaliser les souhaits de mon ancêtre qui sont sur la liste et je suis le seul à pouvoir les lire. Si vous ne réussissez pas, vous savez très bien que vous serez exclus de l’Ordre. Alors je traduis cette liste pour vous, mais avant, vous allez m’aider…

– Mais bien sûr, M. Pachéry, avec plaisir et ce d’autant plus naturellement que vous êtes un ancien de la maison. Mais en quoi faisant ? demande grand-mère qui commence à être un peu agacée.

– Vous allez kidnapper la momie de Pachéry !

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Il y a un long silence dans le restaurant. Maman soupire, lève les yeux au ciel, genre « les ennuis sont de retour », Babouchka répète en boucle « Ben tiens, rien que ça, rien que ça… rien que ça… juste ça… pas grand-chose, juste ça… Ben tiens… » Le commissaire devient tout blanc et à côté de lui, sa femme, elle, dort sans bruit, se laissant juste aller sur la banquette comme un morceau de beurre au soleil.

– Nous allons kidnapper la momie de Pachéry, murmure Douce.

– Et finir en prison ! ajoute Clémence.

– Sans passer par la case départ, conclut Pia.

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La famille

vous allez définitivement l’adorer : • Parce que leur nouvelle mission est incroyable : exaucer les vœux d’une momie morte depuis des siècles.

• Parce qu’ils vont croiser la reine d’Angleterre en personne !

• Parce qu’Alfred le sanglier va encore faire des siennes.

• Parce que désormais, maman fait partie de l’aventure.

• Parce que papa a été sélectionné en tant que cuistot pour une émission télé.

• Parce qu’ils vont combattre en armure, • Parce que surtout, avec eux, ça va à mille à l’heure ! dans la même collection

12,90 € TTC France

www.fleuruseditions.com