Fm 144

Page 76

éVASION

76

Fès,

la perle du Nord Kévin Storme

Fès est souvent considérée comme la capitale religieuse du Maroc. Les plus beaux édifices musulmans du Royaume sont disséminés aux quatre coins des deux médinas, figurant parmi les plus belles du monde. A quelques encablures de l’Europe, voyager à Fès, c’est bien plus que traverser le détroit de Gibraltar. A à peine 3h de vol de Luxembourg, le Maroc est le meilleur endroit pour se dépayser. La plupart des touristes qui veulent visiter une ville dans le Royaume se contentent de Marrakech. Sans vouloir lui faire offense, Fès, la «perle du Nord», rivalise largement avec la belle du Sud. Plus typique, moins touristique, plus variée… Se perdre dans les ruelles des deux médinas de Fès est une expérience unique qui met en éveil tous les sens. Les yeux sont éblouis par l’amoncellement des couleurs sur les murs, les mosquées, les corps. Les tympans sont tendus par les sons du muezzin, les invectives des marchands, les musiques dans les souks et les braiments des ânes. Le nez s’enivre des odeurs d’épices et pique parfois, à cause de la fragrance âcre des tanneries. La peau est caressée par un soleil présent quasiment toute l’année. Et les papilles frétillent sous la finesse des saveurs safranées, que les restaurants du coin déclinent à toutes les sauces. Comme dans toutes les villes arabes un peu touristiques, la plus grosse épreuve est de rentrer dans la médina «tranquillement». Les faux guides sont légion et leur insistance peut décourager le plus motivé des voyageurs. Ils sont devenus d’autant plus inutiles que la municipalité a mis en place des itinéraires balisés au sein des deux plus importantes médinas de la ville: Fès el Bali et Fès el Jedid. Si

chaque point d’intérêt est certes expliqué par des panneaux explicatifs, rien ne vaut un vrai guide, dépêché par l’Office de tourisme marocain. Pour cela, une seule solution: aller au bureau du tourisme directement. Tous ceux qui vous accosteront dans la rue ne penseront qu’à vous emmener dans des boutiques de souvenirs pour percevoir une juteuse commission. Soyez fermes. S’ils vous accompagnent, prenezles en photos et menacez-les de les dénoncer à la police touristique. Ils encourent six mois de prison et auront vite fait de vous lâcher les baskets. De toute façon, les faux guides ne se retrouvent qu’à l’entrée de la médina. Une fois dedans, plus personne ne vous importunera, sauf peut-être, du côté des tanneries.

Une vie sans sortir de la médina Ces avertissements, aussi désagréables soient-ils, sont nécessaires, car ces faux guides sont une plaie qui fait perdre des dizaines de milliers de touristes potentiels chaque année au Maroc et jettent le discrédit sur une population très accueillante. La meilleure manière de visiter Fès, c’est avant tout de se perdre dans la plus grande médina d’Afrique du Nord: Fès el Bali. Une médina millénaire, âgée de 1200 ans. Entre medersas, mosquées, patios arborés, souks de toutes sortes, chaque carrefour réserve une surprise. La vie semble ne jamais avoir changé. Tel ce cordonnier, juché dans un petit espace de 2m 2 surplombant une étroite ruelle. Âgé de 82 ans, il assure avoir «toujours été là depuis (ses) 15 ans, chaque jour, quel que soit le temps». On retrouve le souk des cordonniers, celui des tisserands, des potiers, des forgerons, et bien évidemment les tanneries, véritable image d’Epinal de Fès. Habib, un forgeron, ne quitterait la médina pour rien au monde. «Ici, on peut passer une vie sans sortir des


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.