Inforevue 4/2018 Fr

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LABORATOIRES D’ICT FORENSIQUE UNITÉS SPÉCIALES DES PARTENARIATS SUR LE RAIL L’enquêteur digital Négociateurs et experts en intervention Securail & Infrabel

bure au de depot de br ux el les x / p 409212 / Gér aldi ne B om al av enu e de la Cou r onne 145A 1050 b ruxelles

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t r im est r iel / O ct obr e Nov em br e Décem br e

— Un travail que nous aimons malgré les risques SuperCops —


Une nouvelle histoire à écrire, innovante et digitale Chers lecteurs,

L’Inforevue est une publication de la Direction de la communication de la Police Fédérale

De 1992 à 2018

Rédacteur en chef: Benoît Dupuis Coordination: Stefan Debroux Rédaction: Olivier Bogaert, Gert Claus, Chris Depovere, Françoise Forthomme, Renato Guion, Gwendoline Hendrick, ‘les juristes’, Nicolas Mangon, Gwenaëlle Maziers, Benoît Mihail, Olivier Quisquater, Philippe Stratsaert, Christel Vanmullen, Geert Verschueren, Astrid Vierendeels et beaucoup d’autres ... Rédaction finale: Saskia Van Puyvelde, Thomas Wattier Photographie: Jocelyn Balcaen, Christian Berteaux, David Bulens, Devid Camerlynck, Petra De Weser, Lavinia Wouters Lay-out: Caroline Chaidron, Véronique Maessen, Pablo Thys, Karolien Snyers Illustrations: Ruben Accou, Didier Casten, Emmanuelle Glibert, Benoit Goesaert Traductions: Carole De Knop & co (Desk Translation - Direction de la communication) Imprimerie: Goekint Graphics 059 51 43 43

Merci à toutes et tous

Editeur responsable: Géraldine Bomal - Avenue de la Couronne 145A - 1050 Bruxelles Fondateur: Eric Cobut

Relations publiques : Harry De Clerck, Laurence Slachmuylders, Avenue de la Couronne 145A - 1050 Bruxelles Tél. 02 554 41 31 - Fax 02 642 60 97 cgc@police.belgium.eu Dit magazine verschijnt ook in het Nederlands. https://poldms.police.be ISSN: 1780-7638

Chaque histoire a une fin, même les belles histoires … Dans vos mains, vous tenez la dernière édition de l’Inforevue. Depuis sa relance en 2002, l’Inforevue a voulu informer et impliquer, dans le but “d’apprendre à se connaître au sein de la Police Intégrée et de promouvoir une culture policière”. Ce dernier numéro de l’Inforevue ne marque pas la fin de cette finalité, au contraire, mais celle d’un format devenu hors temps, d’un mode de production avec un marché public devenu hors budget, d’une formule d’abonnement devenu hors scope …

Ce numéro est donc non seulement le dernier magazine de l’année mais aussi l’ultime exemplaire papier sous sa forme actuelle.

C’est à la fois avec une larme et un sourire que je prends mon clavier pour rédiger cet édito. Une larme, d’une part, parce que comme beaucoup d’entre vous, je compulsais l’Inforevue avec plaisir et fierté en découvrant le quotidien et les exploits de nos collègues. Contribuer en équipe à sa réalisation me procurait toujours une grande satisfaction. Ce plaisir se renforçait avec votre feedback – souvent positif, parfois critique tout en restant constructif – après la publication de chaque numéro. Merci du fond du cœur pour votre longue fidélité, vos encouragements ou votre contribution. Un sourire, d’autre part, parce que ce changement de cap nous permettra d’exploiter au maximum les outils digitaux. Grâce à ces moyens de communication, nous atteindrons rapidement un plus grand nombre de personnes et avec davantage d’interactivité. 2019 sera une année innovante et digitale pour la police en général, et pour la Direction de la communication de la Police Fédérale, en particulier. Je vous invite d’ores et déjà à venir à notre rencontre sur www.policefederale.be et sur notre page Facebook Belgian Federal Police. Ce ne sont que les premiers chapitres de l’époque digitale ; d’autres – dont le WiKiPol – verront le jour prochainement… Ne vous y trompez pas : d’abord digital (digital first) ne veut pas dire abandon complet du papier comme moyen de communication plus tangible et à la fois plus ‘personnel’.

Nous investirons davantage dans des communications événementielles pour créer des liens entre collègues – d’aujourd’hui, de demain mais aussi de hier – et/ou citoyens. La récente cérémonie de commémoration organisée, en collaboration avec la Police Locale, le 7 décembre dernier en mémoire de nos collègues décédés en service, en constitue un bel exemple. Vous découvrirez la plaque commémorative plus loin dans ces pages. 2019 sera une année où l’humain sera au centre de nos préoccupations. Meilleurs vœux, et bonne lecture …

Géraldine Bomal Directrice de la communication

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FACE TO FACE Engager des collaborateurs “proches de la retraite” ? Entre idées reçues et réelle nécessité …

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PARTENAIRE PARTICULIER Un partenariat sur de bons rails

LA FLANDRE ORIENTALE INNOVE L’enquêteur en mode digital

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BODY SCANNING 3D Valeur ajoutée dans les enquêtes d’homicides NÉGOCIATEURS À DSU Toute la force des mots

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LE GROUPE DE SÉCURISATION ET D’APPUI DE CHARLEROI Le sens du devoir à tout prix malgré les risques DIGITALISATION DE LA PROCÉDURE DE MOBILITÉ HR Mob, parce que la mobilité motive

rubriques Radar... 2

Les Experts...10

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EXERCICE CATASTROPHE MULTIDISCIPLINAIRE Intervention d’urgence dans le tunnel des chemins de fer

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INVITÉ Pierre Dillien : “Il faudrait davantage investir dans la formation”

Partenaire particulier...14 Un jour avec...28

Hommage aux collègues tombés en service

Casus...34

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Historia...35

Out of Office... 36

Success Story...38 SuperCop...39

Le Monde policier... 40 Ambassadeur... 42

Affaire en court... 43

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R ADAR QUOTE

W E BWAT C H

VOTRE ADRESSE MAIL A -T- E L L E É T É P I R A T É E  ?

Toute notre reconnaissance au Service recrutement et sélection qui nous a permis d'y parvenir Le commissaire divisionnaire Erik Van Parys, chef de corps de la zone de police de Bredene/De Haan a remercié le Service de recrutement de la Police Fédérale pour sa collaboration sans faille. Ce dernier a veillé à ce que la zone de police puisse recruter trois aspirants-inspecteurs rapidement et qu'ils puissent entamer leur formation au plus vite.

SUR LE VIF

Les développeurs du navigateur web Firefox mettent un nouvel outil à votre disposition : Monitor. Il vous permet de vérifier rapidement si votre adresse e-mail figure dans une base de données piratée. Ce nouvel outil est particulièrement utile car les développeurs ont mis au point un processus qui protège votre adresse électronique. Lorsque vous indiquez des informations dans le moteur de recherche, elles ne sont pas transmises à Firefox.

Si votre adresse électronique est piratée, vous recevrez des informations sur les données divulguées, telles que les mots de passe, informations personnelles … Vous recevrez également des astuces pour changer votre mot de passe, par exemple. Firefox propose aussi d'activer un avertissement automatique. Vous pourrez ainsi être tenu informé de toute attaque future de votre adresse e-mail. Dans ce cas, vous devrez évidemment transmettre votre adresse à Firefox mais vu les nombreuses attaques, il est nécessaire de réagir rapidement et de protéger vos données. https://monitor.firefox.com/

SERGE BAYOT & RONY JORDENS LES ANCIENS REÇOIVENT AUSSI LEUR CHANCE ! Les inspecteurs Serge Bayot et Rony Jordens (voir Face to Face, page 8-9) viennent d’être engagés à la zone de police de Nivelles-Genappe pour le premier et à la Police Judiciaire Fédérale (PJF) du Brabant wallon pour le second. Des engagements qui sortent de l’ordinaire de par l’âge des recrues. Les deux hommes affichent respectivement 58 et 61 ans. "Alors que je travaillais à la zone de police de Waterloo, j’ai été détaché à la PJF du Brabant wallon pour plusieurs affaires. Après 6 mois, mes nouveaux supérieurs ont insisté pour que je continue à y travailler", explique Rony Jordens, qui a démarré sa carrière en 1977 à la zone de police de Bruxelles-Capitale/Ixelles avant de rejoindre celle de Waterloo en 2006. L’esprit d’équipe et la solidarité de la PJF Brabant wallon lui ont donné l’envie de rempiler pour trois années de plus malgré la possibilité de partir à la pension. "Je travaille dans le secteur économico-financier et j’apprécie mon nouveau poste. Il permet de transmettre les acquis à des jeunes qui sont demandeurs de conseils et apprennent vite", ajoute le premier inspecteur, officier de police judiciaire.

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L’inspecteur Serge Bayot évolue quant à lui comme agent de quartier à NivellesGenappe. "Je suis entré à la police assez tard. J’avais 48 ans. J’étais auparavant photographe indépendant et j’ai souhaité réorienter ma carrière. Pendant 9 ans, j’ai effectué un travail de quartier à La Louvière, avant de postuler à la zone Nivelles-Genappe. J’aime beaucoup Nivelles. Les gens y sont authentiques et proches de leur terroir. Et j’ai été très bien accueilli par l’équipe !"


L' I N F O G R A P H I E Q U ' E S T- C E Q U I V O U S ÉNERVE LE PLUS CHEZ LES AUTRES USAGERS DE LA ROUTE?

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R ADAR

tweetwall @Policefederale

L'absence de clignotant semble être ce qui dérange le plus les conducteurs. Un verdict qui ressort du sondage mené sur Twitter le 9 novembre dernier par la Police Fédérale. La question était la suivante : "Qu'est-ce qui vous énerve le plus chez les autres usagers de la route?" Nous avons reçu pas moins de 1 049 réponses dont voici les résultats complets:

Pas de clignotant

@Policefederale

Les premiers commissaires divisionnaires Marc De Mesmaeker et Michel Goovaerts ont déposé une couronne de fleurs au nom de la Police Intégrée au Monument du Soldat inconnu. #11novembre #Armistice #devoirdemémoire

@Policefederale

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Vendredi 7 décembre 2018, la Police Intégrée a commémoré ses collègues tombés en service. Retour en images sur une cérémonie empreinte d'émotions.

Rappel : demain commence l’heure d’hiver. Les cambrioleurs auront une heure d’obscurité en plus ! #1joursans

@Policefederale

Vérifiez toujours qui sonne à votre porte avant d’ouvrir. En cas de doute, gardez votre porte fermée. #1joursans

@Policefederale

En visite de terrain ce jour à la Police Locale de Liège, notre commissaire général Marc De Mesmaeker a été accueilli par des collègues soudés et solidaires dans cette période difficile marquée par des faits de violence graves à l’encontre du monde policier. #UnitedWeStand

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@Policefederale

A partir de 06h00 demain matin jusqu’à jeudi 06h00, le 10ème marathon de contrôle de vitesse sera organisé par la Police Fédérale de la Route et la Police Locale.

@Policefederale

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GSM au volant

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33%

Conduite voie centrale

Pour les 80 ans de l’Escorte royale à cheval, ses membres accompagnés par le commissaire général de la Police Fédérale ont été reçus aujourd’hui par Sa Majesté le Roi au Palais Royal.

@Policefederale

Nous souhaitons un bon rétablissement à nos 2 collègues de la zone de Police Locale Vesdre blessés cette nuit lors d’une fusillade. Courage également à leurs collègues et à leurs proches. Nous sommes de tout cœur avec eux.

@Europol

#ATLASexercise Europol: ATLAS Communication and Coordination Centre at Europol is ready for the #ATLASexercise which starts now. Commanders of Special Intervention Units from 12 countries and Liaison Officers will be monitoring it LIVE from our headquarters.

@Policefederale

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Vitesse excessive

Le commissaire général de la Police Fédérale, Marc De Mesmaeker, a assisté un exercice antiterroriste à Lyon. Une cinquantaine de délégations étrangères étaient présentes. Plusieurs centaines de policiers et gendarmes français étaient mobilisés pour l'exercice.

@Policefederale

Meilleurs amis, partenaires loyaux et splendides collègues.

#journeemondialedesanimaux

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FLASHÉ

© Lavinia Wouters

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Au sein du CIC d'Anvers, les calltakers des Affaires intérieures travaillent en étroite collaboration avec les dispatchers de la police et des pompiers. Le MUG/SAMU est aussi représenté. Tous les partenaires sont au service du citoyen. Cette photo illustre le mois de février dans le calendrier 2019 de la Police Fédérale. Il a pour thème la coopération multidisciplinaire.


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R ADAR

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R ADAR

G P S

Des drones pour appuyer les zones de police En novembre dernier, des permanences drones DCA-CIK Bruxelles ont été officiellement lancées. Les appareils, acquis par la Région bruxelloise, sont mis à disposition des services de police. Ils sont gérés par la Direction de coordination et d’appui et le Corps d’intervention de la Police Fédérale. Leur objectif : appuyer les zones de police de l’arrondissement. Sur demande motivée, une dérogation peut néanmoins être envisagée pour couvrir des événements particuliers.

Un beau résultat grâce à la collaboration de tous

#vintagefriday

Instagram: policefederale

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A la fin du mois de septembre, la Police Judiciaire Fédérale (PJF) de Mons-Tournai a mené une opération d’envergure dans le cadre d’une enquête longue de deux ans. Celle-ci concernait des vols de cargaisons de camions stationnés le long de nos autoroutes. A l'issue de cette intervention, 22 personnes ont été interpellées et huit ont été inculpées. Sept véhicules ont été saisis ainsi que trois armes à feu, 7m3 de marchandises volées, de l'argent, des stupéfiants ou encore des téléphones. Cette belle prise est due à l’excellente collaboration entre les PJF MonsTournai et Charleroi, la Police de la Route, les Unités spéciales et la Direction de coordination et d’appui (DCA) du Hainaut.

Le mois de novembre s'est terminé, marquant la fin de la campagne Movember. Vous avez été nombreux à laisser pousser votre moustache pour la bonne cause. L’idée est de lutter contre les maladies masculines comme le cancer de la prostate en sensibilisant et en collectant des fonds. Et à la police, la moustache, ça nous connaît ! Depuis l’Empire napoléonien, son port était réservé aux unités d’élite. La moustache est donc naturellement imposée aux gendarmes belges dès 1831. Mais vu son succès, la mesure engendre des problèmes. Les gendarmes sont trop reconnaissables, ce qui peut impacter le succès d’opérations. Il est donc demandé de ne plus en porter mais la décision ne sera pas vraiment suivie d’effet… Ici, le capitaine Frémault arborant fièrement la moustache.


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R ADAR

Un visage connu sur le mur du commissariat Si vous êtes un lecteur attentif de l’Inforevue, cette illustration vous est sans doute famillière. Tirée d’un cliché pris par notre photographe Lavinia Wouters, elle a été réalisée sur le mur du commissariat de la zone de police CARMA (As / Bocholt / Bree / Genk / Houthalen-Helchteren / Kinrooi / MeeuwenGruitrode / Opglabbeek / Zutendaal) pour promouvoir la série Helden van hier diffusée sur VTM. Joli travail !

07/12 144 C’est le nombre de cambriolages commis chaque jour dans des habitations en Belgique. Le 26 octobre avait lieu la journée d’action "1 jour sans" qui vise à lutter contre ce fléau. L’occasion de bénéficier de conseils pour prévenir ce type de faits.

HOMMAGE AUX COLLÈGUES TOMBÉS EN SERVICE Le commissaire général de la Police Fédérale, Marc De Mesmaeker, et le président de la Commission permanente de la Police Locale, Nicholas Paelinck, ont inauguré ce 7 décembre 2018, au Polis Center, une plaque commémorative d’hommage et de respect aux membres de la Police Intégrée décédés en service. Cette inauguration coïncide avec le vingtième anniversaire de la loi sur la Police Intégrée qui date du 7 décembre 1998.

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FACE TO FACE

Engager des collaborateurs “proches de la retraite” ? Entre idées reçues et réelle nécessité … Laurent Blondiau

COMMISSAIRE DIVISIONNAIRE DIRECTEUR JUDICIAIRE DE LA PJF BRABANT WALLON

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hez nous, la moyenne d’âge reste plus élevée qu’à la zone de police de Nivelles-Genappe. L’âge moyen des enquêteurs de la Police Judiciaire Fédérale du Brabant wallon dépasse la quarantaine, même si la tendance s’inverse doucement depuis deux ans.

Le risque pour la PJF est globalement une perte accélérée de connaissances et de compétences par des départs massifs à la retraite. Le rajeunissement de nos cadres est une plus-value s’il peut s’accompagner d’un réel coaching par des plus anciens. En plus du recrutement d’inspecteurs principaux spécialisés titulaires de diplômes supérieurs, mesure censée compenser la perte de connaissances professionnelles, l’accompagnement par les anciens est essentiel à l’acquisition et au maintien du savoir-faire et du savoir-être policier.

Ce qui caractérise un bon enquêteur, c’est un mélange de formation, de savoir-faire et de savoirêtre. Pour obtenir ce bagage, les enquêteurs en début de carrière doivent être accompagnés. C’est essentiel, notamment pour le secteur économico-financier, où nous venons d’engager l’inspecteur Rony Jordens (61 ans). Le domaine dans lequel il évolue réclame par exemple beaucoup de contacts avec les magistrats et des qualités pour interroger.

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Cette expérience détenue par les “anciens” offre aussi une certaine assurance à l’employeur. En effet, il n’est pas toujours facile de bien recruter, de juger quelqu’un sur une interview. A cela, s’ajoute la question budgétaire, surtout

lorsque l’on est une petite PJF comme nous. Nous ne pouvons pas nous permettre d’erreur d’engagement.

Nous nous sommes d’ailleurs mis d’accord avec Rony Jordens pour qu’il travaille au moins trois ans avec nous, vu sa possible pension. Et en peu de temps, il nous a déjà démontré toute son importance en remettant certains collègues sur les rails grâce à ses qualités de coach. Il travaille avec le sourire, amène de la convivialité. Selon moi, garantir une bonne ambiance au travail permet déjà de réussir la moitié du boulot. Je préfère donc une personne de qualité à du budget supplémentaire. De plus, en cas de souci, les membres du personnel savent que ma porte est toujours ouverte. Si un problème se pose, nous cherchons à comprendre et fournissons si nécessaire des accompagnements psychosociaux. Je demande aussi aux membres des équipes d’être attentifs les uns aux autres, qu’il règne entre nous une relation de confiance. Dans la mesure du possible, nous essayons aussi d’adapter le temps de travail des plus anciens. Cependant, pour ce qui est de la mobilité des emplois, il reste un cloisonnement par rapport aux statuts et aux avantages. Le pilier judiciaire offre certains avantages que le personnel souhaiterait conserver en cas de changement de poste. On gagnerait donc à faire preuve de plus de souplesse au sein de notre institution policière. Un débat sur la valorisation fonctionnelle devrait être mené pour garantir une bonne gestion des fins de carrières …


La zone de police de Nivelles-Genappe, qui compte de nombreux jeunes en ses rangs, vient d’engager une recrue de 58 ans. De son côté, la Police Judiciaire Fédérale du Brabant wallon a fait de même avec un inspecteur de 61 ans. Un cas moins exceptionnel parmi des visages plus âgés. Au fond, quels avantages à engager un ancien ?

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FACE TO FACE

Pascal Neyman

PREMIER COMMISSAIRE DIVISIONNAIRE CHEF DE CORPS DE LA ZONE NIVELLES-GENAPPE

L

’engagement de personnes plus âgées amène certaines critiques qui pour moi ne sont absolument pas fondées. Lorsque nous engageons du personnel, nous ne regardons ni l’âge ni le sexe du candidat mais bien sa motivation, ses valeurs, ses compétences et son potentiel. L’âge ne doit pas créer la discrimination.

Certains voient des inconvénients à l’engagement d’anciens mais ces derniers peuvent compter sur une plus grande maturité. L’inspecteur Serge Bayot (58 ans), que nous venons d’engager comme agent de quartier, possède toutes les caractéristiques d’un jeune, s’entretient physiquement, démontre une soif d’apprendre et apporte en même temps de la stabilité à l’équipe. Lorsqu’il débarque, les gens sont plus calmes. Il sait relativiser et possède une légitimité de par son expérience. On peut bien sûr avancer le fait qu’il risque de partir assez vite à la pension mais l’éventualité de nous quitter existe tout autant pour une jeune recrue. C’est un miroir aux alouettes de croire que le jeune va effectuer toute sa carrière au même poste.

De plus, le fait de pouvoir compter sur une personne plus âgée dans son équipe est indispensable pour épauler ceux qui débutent. Dans notre zone, beaucoup sortent de l’académie de police et doivent être encadrés. Nous aimerions d’ailleurs pouvoir compter sur davantage d’anciens. Au total, on dénombre 50 % de jeunes (de maximum 35 ans) et pour moi, l’équilibre idéal serait un tiers de jeunes, un tiers d’un âge moyen et un tiers d’anciens. Je crois en l’enrichissement mutuel que

peut nous apporter une diversité de profils. La “génération Y” possède d’autres atouts indispensables. Elle nous oblige notamment à bousculer nos habitudes. Pour ce qui est de l’argument de la santé, personne n’est à l’abri. Et lorsque des problèmes se posent, il est toujours possible d’adapter les horaires des membres du personnel, de ne pas les mettre en intervention, d’éviter les horaires en pauses … Au sein de la zone de NivellesGenappe, nous avons comme philosophie de placer l’être humain au centre de l’entreprise. Le temps de détente, le sport et le télétravail font partie des possibilités offertes au personnel. C’est essentiel pour permettre à nos membres d’être épanouis dans leur travail. Néanmoins, il faudrait davantage de passerelles entre la Police Locale et la Police Fédérale pour permettre de réaffecter le personnel plus âgé. Selon moi, certains emplois devraient être réservés spécifiquement aux anciens. De plus, la distinction entre membres du personnel civil (CALog) et policiers n’est pas positive. Certains CaLog gagnent moins que les opérationnels alors qu’ils exercent le même métier …

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LES EXPERTS

Comment dire ...

“Contrôle et maîtrise ne vont pas toujours de pair …” Le mot contrôle est dérivé de rôle, lui-même emprunté au latin rollus, qui désignait un morceau de parchemin roulé. Le premier sens de rôle est celui de “liste inscrite sur un rouleau de papier”. Pour vérifier que ce qui figurait sur cette première liste était exact, on en établissait une deuxième, appelée “contre rôle”, qui a ensuite donné, par contraction, contrôle. La langue évoluant, on constate aujourd’hui qu’outre son sens originel de “vérification”, contrôle peut également revêtir, sous l’influence de l’anglais control, le sens de “maîtrise, conduite ou commandement”. Idem pour contrôler, qui, en plus de “vérifier”, peut également signifier “se rendre maître de, avoir en son pouvoir”. Quelques exemples : un territoire sous le contrôle d’une puissance étrangère, perdre le contrôle de son véhicule, contrôler une société … La confusion entre ces deux sens peut toutefois être source

Olivier LOUYS d’ambiguïté. Ainsi, que veut dire, en bon français, “contrôler les dépenses”, sinon les vérifier, les examiner (après coup), alors que l’expression anglaise control expenditures signifie “maîtriser les dépenses” (un acte qui s’exerce non pas après coup, mais préalablement) ? Heureusement, le français recèle de nombreuses ressources pour traduire le mot control signifiant maîtriser, avoir autorité sur. Ainsi, on pourra dire “réprimer/combattre la criminalité” pour control crime ; “être maître de la région” pour control the region ; “commander des troupes” pour control troops ; “dominer le marché” pour control the market, etc.

Pour surfer tranquille

Trop beau pour être vrai ? Olivier BOGAERT

De nombreux collègues, travaillant en zone, se retrouvent régulièrement face à une personne ayant, de bonne foi, envoyé de l’argent à celle ou celui qu’elle croyait être un ami de confiance. Une arnaque qui joue sur les sentiments et qui fait de très nombreuses victimes. En 2018, le SPF Economie a reçu 382 signalements concernant ces fraudes à l’amitié. Dans plus de la moitié des cas, les victimes ont payé les fraudeurs, pour un total de près de 4 millions d’euros. Une victime a même perdu 500 000 euros ! Le SPF Economie a donc décidé de mener une campagne afin de sensibiliser les citoyens aux fraudes à l’amitié

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avec l’objectif de les rendre plus forts pour lutter contre ces escrocs en ligne et les empêcher de faire de nouvelles victimes. Sur le site tropbeaupouretrevrai.be, que je vous invite à visiter, vous trouverez des témoignages mais, également, les bons conseils qui vont vous permettre de faire passer ce message de prévention. Le but est aussi de pousser le citoyen à mettre en garde les personnes de son entourage qui, sur les réseaux sociaux, fournissent parfois trop d’informations. Ce qui permet de comprendre leur situation ou leur état d’esprit. Une véritable mine d’or pour les arnaqueurs. N’hésitez pas à faire la promotion du site lors de vos contacts au quotidien.


Usages protocolaires

“Je jure fidélité au Roi …” La pratique du serment remonte au Moyen Âge. On devait prêter serment pour rentrer dans une corporation, dans une confrérie ou pour exercer un métier. Le vassal prêtait serment de fidélité à son suzerain et ce dernier prêtait serment de le protéger. Tous les aspects de la vie sociale impliquaient à un moment ou un autre le fait de prêter serment. En Belgique, le Décret du 20 juillet 1831 prévoit que tous les fonctionnaires de l’ordre judiciaire et administratif – donc les fonctionnaires de la Police Intégrée - sont tenus, avant d’entrer en fonction, de prê-

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LES EXPERTS

ter le serment dans la teneur qui suit : “Je jure fidélité au Roi, obéissance à la Constitution et aux lois du Peuple belge.” Bien plus qu’une formalité administrative, le serment professionnel constitue l’engagement solennel de remplir fidèlement les devoirs de la fonction. Il y a donc lieu de conférer une certaine solennité à cet acte et de prévoir le drapeau national. Celui qui prête serment saisit le drapeau de la main gauche et lève la main droite, l’index et le majeur levés et joints, le pouce étant replié sur les deux autres doigts (annulaire et auriculaire), repliés également.

Renato GUION

Sur la route

BOB : l’alcool et ses idées reçues ! La fin de l’année est toujours marquée par la traditionnelle campagne BOB. En raison du nombre de festivités, c’est en effet le bon moment pour une campagne de prévention … et des contrôles alcool supplémentaires.

Néanmoins, beaucoup de conducteurs s’imaginent encore pouvoir passer au travers des mailles du filet ou éviter les accidents en appliquant des ‘trucs’ ou en raison de fausses croyances. Par exemple, boire du café vous donne peut-être la sensation temporaire d’un meilleur éveil, mais ne diminue pas le taux d’alcool. Boire de l’eau ? C’est bon pour vos reins et donc votre santé, mais cela ne changera rien non plus à votre taux d’alcoolémie. Faire une petite sieste avant de reprendre la route ? C’est bien pour lutter contre la fatigue au volant, mais une nuit entière de sommeil ne suffit pas toujours à faire disparaître une forte consommation d’alcool ! Un repas ne réduit pas non plus le temps pour évacuer l’alcool, et il peut même le rallonger ! Par contre, un repas modi-

Olivier QUISQUATER fie l’intensité du pic du taux d’alcoolémie, c’est là un tout petit avantage au fait de ne pas boire à jeun. Enfin, “je suis un homme et je tiens mieux l’alcool” ? Les hommes ont tort de penser qu’ils tiennent bien mieux l’alcool que les femmes, car la différence n’est en réalité pas très grande, mais dans les statistiques par contre, la majorité des accidents dus à l’alcool sont le fait de conducteurs masculins, et ça, c’est flagrant ! En conclusion, le meilleur truc, qui marche à tous les coups, sera toujours de ne pas mélanger boissons alcoolisées et conduite !

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OPÉR AT ION CONJOI N T E

De grands moyens déployés pour lutter contre les vols de câbles

Après un pic enregistré en 2012, puis une longue période d’accalmie, les vols de câbles ont repris de plus belle cet été. La Police des Chemins de Fer et Infrabel, le gestionnaire de l’infrastructure ferroviaire, ont donc décidé d’intensifier leurs opérations. L’utilisation de drones est même envisagée. Un test a eu lieu en novembre, sous l’égide d’Infrabel. TEXTE Thomas Wattier

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PHOTOGRAPHIE Christian Berteaux

C’est une véritable épidémie à laquelle ont dû faire face Infrabel et les services de police depuis cet été. En cause : les incessants vols de câbles opérés sur le rail. Les zones les plus touchées étant les régions de Liège, Charleroi et Namur. “Les voleurs choisissent des zones géographiques qui permettent une fuite rapide. Ils vont ensuite revendre le cuivre dans un pays où la législation est différente de la nôtre et permet sa revente en cash, donc sans trace”, indique l’inspecteur principal Laurent Levis, en charge des vols organisés à la direction centrale de la lutte contre la criminalité grave et organisée (DJSOC). Au total,

pas moins de 27 faits entraînant des retards de train ont été constatés en juin, 22 en juillet, 38 en août, 55 en septembre et 83 en octobre. “L’an passé, nous en étions à 104 vols… sur une année !”, précise Frédéric Sacré, le porte-parole d’Infrabel, gestionnaire de l’infrastructure ferroviaire. La hausse de la valeur du cuivre a fait grimper les vols. En septembre dernier, les voleurs ont emporté en une seule prise pas moins de 2,6 km de câbles ! “Les retards engendrés par les vols de câbles sur la période de juin à octobre 2018 ont représenté chaque jour plus de 4,5 heures en moyenne. En octobre 2018, on par-

lait de près de 10h en moyenne par jour …”, se désole le porte-parole.

DES DRONES À L’ESSAI

Face à cette situation préoccupante, l’utilisation d’outils modernes comme les drones est perçue comme un véritable atout. “Faire voler l’hélicoptère de la Police Fédérale coûte cher et celui-ci n’est pas toujours disponible. Son utilisation doit être partagée entre les différentes priorités de la police, donc nous envisageons comme alternative l’utilisation de drones pendant la nuit dans la lutte contre les vols de câbles. Cependant, pour l’instant, la législation ne permet pas


SÉRIEUX IMPACTS

Ces vols de câbles impactent les voyageurs avec 18 130 minutes de retard accumulées pour les usagers du rail durant le seul mois d’octobre ! Mais qui dit vols de câbles dit surtout dégradations et donc réparations réclamées au personnel d’Infrabel. “Il faut parfois compter entre 20 et 25 personnes au total pour remplacer tous les éléments abîmés. Il arrive même que les caniveaux en béton qui renferment les câbles soient arrachés aussi”, précise Frédéric Sacré. “Du retard s’accumule donc pour l’entretien planifié des voies car la priorité est alors mise sur la réparation…”, ajoute Valérie Vanderkelen. Le préjudice subi par Infrabel cette année

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à Infrabel leur utilisation nocturne “hors vue” car le drone doit absolument rester visible du pilote. La loi “caméras” ne nous autorise pas non plus la surveillance aérienne des voies ferrées à l’aide de caméras mobiles”, explique Valérie Vanderkelen, Team leader du Corporate Security Office d’Infrabel. En attendant que le cadre légal évolue favorablement, une dérogation a été obtenue pour un test grandeur nature le 13 novembre dernier et des discussions sont en cours. “Si la législation évolue dans ce sens, Infrabel sera en mesure, en quelques mois seulement, de trouver un partenaire à même de déployer ces moyens de surveillances inédits en Belgique.” L’idée séduit en tout cas la Police des Chemins de Fer. “Les drones permettent avant tout de prévenir les vols de câbles, de montrer que la zone est surveillée par des passages réguliers”, affirme le commissaire Jean-Pierre Pistral, directeur des opérations à la Police des Chemins de Fer. Une première évolution de la législation (suite au pic de vols de câbles en 2012, NdlR), interdisant notamment le commerce de cuivre en cash ainsi que la prise de mesures du parquet pour requalifier ces faits de vols en “entraves méchantes à la circulation”, a déjà permis de décourager les petits voleurs. “Il reste cependant les bandes organisées. Ces hommes sont spécialisés et disposent d’équipements lourds”, souligne Laurent Levis.

En novembre dernier, un exercice a été mené par Infrabel, en partenariat avec les différents services de police. Son objectif ? Tester l’utilisation d’un drone pour lutter contre les vols de câbles. La législation devra néanmoins encore être adaptée avant de voir se concrétiser ce système inédit en Belgique.

pour ce qui est des vols de câbles dépasse les 4 millions d’euros de frais.

D’IMPORTANTES OPÉRATIONS

Face à cette situation, de vastes opérations ont déjà été mises sur pied par la police et ont permis l’arrestation en quelques semaines de 20 puis de 7 individus. “Nous avons mis les bouchées triples ! La dernière opération a mobilisé 35 policiers dont 7 équipes en civil, deux membres du personnel d’Infrabel, 7 véhicules, l’hélicoptère de la Police Fédérale et requis une bonne semaine de préparation”, détaille Jean-Pierre Pistral. Le soutien de la Direction de l’appui aérien, des corps d’intervention de la Police Fédérale, de la Police de la Route ou encore de la Police Locale ont été nécessaires. “Les patrouilles de nuit vont se poursuivre et d’autres actions auront encore lieu cette année. Nous invitons également tous les policiers à rester vigilants lorsqu’ils passent à proximité des voies ferrées. Ils ne doivent pas hésiter à établir un rapport d’informations (RIR) reprenant

les comportements étranges ou les situations suspectes.” En effet, toute information ou observation – même minime – peut constituer une piste. “La donne est la même au niveau international. Les pays voisins sont aussi touchés par ce type de criminalités, les bandes opèrent au-delà des frontières. Dès lors, nous ne pouvons que recommander aux enquêteurs de partager leurs informations avec leurs collègues étrangers. Chaque élément récolté est utile pour compléter le puzzle”, précise la commissaire An Vankeirsbilck, en charge des vols organisés pour la direction centrale de la lutte contre la criminalité grave et organisée. Le service vols organisés de DJSOC rappelle d’ailleurs que les enquêteurs peuvent solliciter un soutien financier et logistique pour les enquêtes internationales qui concernent la criminalité contre la propriété. Ce soutien est fourni grâce à des initiatives et des projets européens auxquels DJSOC participe en tant que représentant et point de contact pour la Belgique.

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© Lavinia Wouters

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securail

Vous connaissez sûrement ces agents en uniforme rouge qui arpentent les gares et les trains. En tout, ils (et elles) sont près de 600 à se partager le territoire national pour le compte de Securail. Ils nouent un partenariat avec la Police des Chemins de Fer (SPC) de la Police Fédérale en vue d’assurer au mieux leur mission : la sécurité sur le rail. Héritières de l’ancienne Police des Chemins de Fer, Securail et la SPC exercent des missions très proches. “Au départ, les agents de Securail possédaient des compétences limitées mais depuis 2004, suite à l’adaptation de la loi sur la sécurité privée et particulière, un chapitre entier définit l’extension de leurs compétences en tant qu’agents de sécurité dans les transports en commun”, détaille Gaëtan Carlens, chef de la division Opérations pour Securail. Les agents peuvent ainsi pratiquer rétentions, identifications et fouilles de sécurité et sont équipés de menottes et de sprays. “Ils possèdent notamment la qualité d’agents de police à compétence limitée. Ils peuvent constater certaines infractions comme la circulation illégale, la dégradation de matériel, les signaux d’alarme tirés sans nécessité, toutes les infractions commerciales et dresser des procès-verbaux transmis ensuite au parquet.” La réforme de la loi en 2004 a permis de clarifier les différents rôles. “Auparavant, nous étions au milieu d’une sorte de zone grise. A présent, nous collaborons au niveau des directions pour se répartir, avec la police, le domaine ferroviaire. Néanmoins, nous n’avons pas la prétention de faire leur travail.

Nous exerçons nos missions en fonction du rôle qui nous est confié, en tentant d’occuper proactivement le terrain au maximum.” Kevin Delvaux fait partie de la brigade bruxelloise de Securail depuis deux ans. “La variété des missions me plaît beaucoup. Que ce soit le contrôle des bagages, des personnes ou encore les patrouilles mobiles. Notre travail nécessite évidemment une bonne entente avec les services de police”, explique le jeune homme de 28 ans.

UNE COLLABORATION LARGE ET VARIÉE

La collaboration avec la Police des Chemins de Fer se traduit à plusieurs niveaux. “Une de nos principales missions conjointes se centre sur la circulation illégale, le trespassing (consiste à traverser à pied des voies de chemin de fer alors que ce n’est pas autorisé, NdlR), via un plan d’actions et du personnel présent le long des voies. Des procès-verbaux peuvent par exemple être rédigés. Cependant, en agissant préventivement, nous souhaitons aussi apporter des solutions pour le bien des navetteurs et du personnel”, souligne Gaëtan Carlens. La SPC et Securail travaillent aussi de concert à l’intérieur des trains. “Nous sommes associés pour escorter les trains. Les agents de Securail et de la SPC travaillent parfois directement ensemble ou alors, la SPC se retrouve dans un train et Securail dans l’autre. Tout dépend des lignes…” Un travail conjoint s’avère également indispensable pour lutter contre le vol de câbles (voir p. 12-13).


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PA R T E N A I R E PA R T IC U L I E R

Un partenariat sur de bons rails Assurer la sécurité sur le rail réclame la coordination d’une pléiade d’acteurs. Parmi eux, on retrouve la Police des Chemins de Fer (SPC) et Securail. Tom Coryn (chef du service Corporate Security) et Gaëtan Carlens (Chef de la division Opérations) supervisent les équipes au sein du service de sécurité de la Société nationale des chemins de fer belges. Ils évoquent avec nous les missions et le partenariat noué entre Securail et les corps de police. Le trafic international est aussi au cœur de leur collaboration. “Chacun se voit attribuer un rôle pour le contrôle des personnes et des bagages. Enfin, un dispatching pour la sûreté ferroviaire, le Security Operations Center (SOC), constitue l’interlocuteur privilégié des Centres d’Information et de Communication (CIC). Toutes nos images des caméras, centralisées au SOC, peuvent d’ailleurs être mises à disposition des parquets et des services de police qui en font la demande”, explique Tom Coryn, chef du service Corporate Security. Un partenariat est aussi mené avec la Direction des opérations de police administrative (DAO) dans le cadre de la lutte contre la menace terroriste. Les communes et les zones de Police Locale font aussi l’objet de partenariats avec Securail. “Nous essayons de conclure des conventions de collaboration avec les villes et les communes”, ajoute Gaëtan Carlens. Si les deux hommes se montrent globalement satisfaits du partenariat avec la police, ils souhaitent néanmoins communiquer encore davantage sur le rôle des agents de Securail. “Certains policiers ne connaissent pas encore tous nos compétences. Il est donc parfois nécessaire de les sensibiliser, ce à quoi nous travaillons déjà …”

Thomas Wattier

Des centaines de candidats chaque année Gaëtan Carlens et Tom Coryn travaillent respectivement depuis 2001 et 2009 pour Securail. Les deux hommes ont confiance en leur personnel et n’hésitent pas à le responsabiliser. “J’essaye de me rendre régulièrement sur le terrain, je suis à l’écoute mais sans être envahissant”, sourit Tom Coryn.

En tout cas, on ne peut pas dire que les candidats au poste d’agent pour Securail manquent à l’appel. “Quinze minutes après la publication d’une offre d’emploi, nous comptons déjà des centaines de candidatures.” Après avoir passé un premier test écrit éliminatoire, les candidats devront suivre un cursus de 6 mois. “Il est nécessaire d’obtenir une attestation de compétences décernée par le SPF Intérieur pour exercer les fonctions d’agent de gardiennage et d’agent de sécurité. Et une formation à l’utilisation des ‘armes’ (sprays incapacitants et menottes) est dispensée par une école de police.”

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L A FL A NDR E OR IEN TA LE INNOV E

L’enquêteur en mode digital Un vent nouveau, le vent de la technologie, souffle sur la Police Judiciaire Fédérale (PJF). La PJF de Flandre orientale fait partie des précurseurs. La récente ouverture de laboratoires d’ICT forensique dans les trois sites de Gand, Termonde et Audenarde permet aux enquêteurs d’extraire eux-mêmes les données présentes, par exemple, sur des smartphones. Le commissaire divisionnaire Patrice De Mets et le commissaire Wim Van der Biest nous expliquent de quoi il retourne. TEXTE Wim Van der Biest & Saskia Van Puyvelde

PHOTOGRAPHIE Ruben Accou

Darkweb

Augmented Reality

VR

Mixed Reality

Blockchain

WiFi-sniffing

Bitcoins Descente digitale

Imaginez : un enquêteur appartenant à une zone de police effectue une perquisition dans le cadre d’une affaire de mœurs et tombe sur un PC contenant probablement des éléments de preuve. Il s’adresse à la PJF et demande à la Regional Computer Crime Unit (RCCU) d’exploiter ce

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RCCU

PC. La RCCU va-t-elle donc cesser ce type d’activités à l’avenir ? Wim : “Dans le laboratoire, l’enquêteur peut travailler de manière autonome ; son case sera prêt. À l’aide de logiciels spécifiques, il pourra lui-même exploiter des données ; la RCCU l’accompagnera au besoin. L’enquêteur va donc prendre le relais

de la RCCU pour visionner les vidéos et les photos, analyser la communication internet, ... ce qui libérera une capacité importante.”

Patrice : “Les enquêteurs doivent changer leur façon de voir les choses. Pour lutter contre les phénomènes actuels, nous avons besoin d’enquê-


Tous les dossiers peuvent-ils être concernés ? Wim : “Tout dossier ne requiert évidemment pas un traitement au sein d’un laboratoire d’ICT forensique. La RCCU reste à la manœuvre pour des analyses complexes et/ou des dossiers sensibles. Un exemple : la ‘diffusion’ d’images pédopornographiques a un poids plus important que leur simple ‘détention’. Cette différence est parfois

POUR LUTTER CONTRE LES PHÉNOMÈNES ACTUELS, NOUS AVONS BESOIN D’ENQUÊTEURS EN MODE DIGITAL difficile à établir pour un enquêteur. Pour chaque nouveau dossier, nous vérifions s’il se prête effectivement à un traitement au laboratoire. La RCCU va également aider l’enquêteur à lire les supports de données et analyser les informations découvertes. Après coup, un débriefing est systématiquement organisé et nous demandons à l’enquêteur s’il a trouvé ce qu’il recherchait.” Quels sont les avantages du labo d’ICT forensique ? Patrice : “Le gain de temps. Un enquêteur pourra disposer plus rapidement des données d’enquête que lorsque la RCCU assure elle-même

Wim Van der Biest et Patrice De Mets dans les laboratoires d’ICT forensique.

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teurs en mode digital. Ces laboratoires les orientent dans la bonne direction : il convient de se tenir au courant des nouveaux développements. Le travail d’enquête comme il se pratiquait encore il y a dix ans est bel et bien révolu. Aujourd’hui, toutes les enquêtes ont d’une manière ou d’une autre un aspect digital. Prenons l’exemple d’un dossier financier : il est très probable qu’il y soit question de monnaies virtuelles, de bitcoins.”

l’exploitation. La connaissance du dossier de l’enquêteur peut également améliorer la qualité du résultat, car personne n’est mieux placé que lui pour identifier les données pertinentes.”

Quelles formes prend l’innovation ? Wim : “En 2017, nous avons créé, au sein de notre PJF, six groupes d’innovation dans des domaines particulièrement d’actualité et offrant des perspectives de mise en œuvre sur le terrain. Par exemple le WiFi-sniffing : un ‘sniffer’ peut capter des signaux WiFi, ce qui permet aux enquêteurs de déterminer si un suspect est ou non présent dans un endroit donné. Il s’agit également des enquêtes sur le darkweb, de l’open source intelligence, de l’utilisation du réseau de caméras en Belgique, des enquêtes sur les flux criminels de cryptomonnaies via les blockchains… Nous examinons aussi comment la descente digitale peut aider la police. Pour ce faire, nous étudions, avec plusieurs partenaires, comme la PJF Limbourg1, les possibilités de virtual reality (VR), d’augmented reality (AR) et de mixed reality (MR).” “Une descente avec un crayon et du papier, et il y en a près de 140 par an, prend beaucoup de temps, a fortiori dans des dossiers complexes”, conclut Patrice. “Quand on sait qu’un scanner 3D peut scanner le lieu d’un délit en une dizaine de minutes, il va de soi que ce matériel doit, à l’avenir, faire partie de l’équipement de base. Quoi qu’il en soit, ces groupes et projets d’innovation doivent susciter une dynamique, afin que les enquêteurs soient préparés aux évolutions qui feront bientôt partie des techniques d’enquête standard.” 1

Lire également Virtualisation de la scène de crime dans l’Inforevue 01/2018, p. 8-9.

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BODY SC ANNING 3D

Valeur ajoutée dans les enquêtes d’homicide

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Le concept de descente de police virtuelle dans les dossiers d’homicide est développé depuis un certain temps déjà dans le cadre du projet “proeftuin FGP Limburg” (“terrain d’expérimentation” de la PJF du Limbourg). L’un des objectifs de ce projet est de parvenir à une virtualisation intégrale de la scène de crime1. Grâce à l’apport de divers partenaires issus du monde académique (KU Leuven, UZ Leuven et U-Hasselt), ainsi que d’éminents experts judiciaires, la PJF Limbourg est à présent en mesure de mettre en pratique ce concept théorique et de l’appliquer à l’ensemble des enquêtes judiciaires d’homicide. TEXTE Dimitri Kun et Saskia Van Puyvelde

© UZ Leuven

Cet homme a reçu une balle dans la tête, tirée par une arme à feu de gros calibre. Les lésions découlant du passage du projectile sont visibles sur le CT-scan. Il n’y a plus aucune balle ou trace de balle dans la tête de la victime.

LIMBOURG – L’un des domaines d’action du projet porte sur le “body scanning 3D”. Cette pratique consiste à ce que la victime d’un homicide soit emmenée à l’UZ Leuven dès que toutes les recherches de traces et constatations d’usage sur les lieux du crime ont été effectuées. Une fois sur place, un CT-scan (autopsie virtuelle) est réalisé avant toute autopsie interne. Ce scan livre des informations intéressantes pour le médecin légiste et joue ensuite un rôle essentiel dans l’optique de la virtualisation de l’événement sur les lieux du crime. Le body scanning 3D (un nuage de points) peut en effet être intégré

au nuage de points découlant du scanning au laser 3D du lieu du délit. Les articulations du squelette peuvent être modifiées, ce qui permet de faire adopter à la victime la position voulue. Le trajet d’une balle peut ensuite être reconstitué tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la victime.

De cette manière, différents scénarios d’événements ayant pu se produire sur une scène de crime peuvent être reconstitués et examinés en réalité virtuelle. Sur la base de cette méthode, il est également possible de déterminer la position supposée du tireur au moment des faits.

L’application de cette méthode aux faits de violence sans usage d’armes à feu (impacts d’objets contondants, blessures occasionnées à l’aide d’objets pointus, etc.) est actuellement à l’étude. Tout cela contribue à une meilleure compréhension des événements sur une scène de crime, tant pour les enquêteurs tactiques que pour les experts et les magistrats (traitement des dossiers au fond). 1

Lire également Virtualisation de la scène de crime dans l’Inforevue 01/2018, p. 8-9.

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NÉG OC I AT EU R S À DSU

Toute la force des mots

Un jeune homme tire sur sa petite amie et la laisse pour morte chez elle. Il se retranche et menace de se tirer une balle dans la tête. Une situation sans issue, que les négociateurs de la Direction des unités spéciales (DSU) tentent de résoudre. “En parlant avec cet homme et en écoutant son histoire, il se peut qu’il revienne à la raison.” Entretien avec deux négociateurs qui considèrent leur discipline comme le premier moyen d’intervention par excellence. TEXTE Saskia Van Puyvelde

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PHOTOGRAPHIE Lavinia Wouters

BRUXELLES – “Nous intervenons 20 à 30 fois par an”, déclare Michel1 (50 ans),”mais un grand nombre de policiers ne savent même pas que nous existons. Les demandes n’ont cessé de croître ces dernières années : tout d’abord parce que le lien éventuel avec le terrorisme rend les collègues plus réticents mais aussi parce que

nous dispensons les formations de first speaker et que nous sommes donc de plus en plus connus. Cette formation d’un jour est dispensée à tous les membres des SAU, les special assistance units de la Police Locale, qui ont été mises sur pied suite à la circulaire GPI 812.”

“TOUTE INTERVENTION DÉBUTE PAR LA COMMUNICATION”

“La formation vise à leur faire acquérir des techniques de communication telles que l’écoute active”, poursuit Sven (40 ans). Cela fait dix ans que Sven est négociateur. “Il est indispensable de faire preuve d’empathie : il


“DES FLICS PEU CLASSIQUES”

Michel et Sven font partie de l’unité d’observation de DSU, dont la négociation est l’une des spécialités. “Le policier qui souhaite devenir négociateur doit passer une batterie de tests”, explique Sven. “Viennent ensuite l’interview et la commission. Celui qui réussit débute alors une formation de deux semaines composée de différents modules. L’aspect communicationnel est bien entendu crucial. Un bon négociateur doit avoir des compétences linguistiques, être ouvert, faire

preuve d’une grande empathie, être résistant au stress et être dépourvu de préjugés. Il faut pouvoir mettre de côté ses propres émotions et garder à l’esprit que la situation à traiter n’est qu’un instantané : il se peut qu’après notre intervention, une personne voit à nouveau la vie en rose. Notre façon de voir les choses est différente de celle d’un flic classique.”

INTERVENIR OU PAS ?

‘Fort chabrol’3, tentative de suicide (avec un impact sur l’ordre public), prise d’otage, enlèvement et extorsion : les négociateurs sont confrontés à de nombreuses misères. “La plupart des personnes avec lesquelles nous négocions sont en marge de la société et n’ont pas appris à gérer les situations difficiles, et encore moins à trouver des solutions. Nous avons affaire à des psychopathes, des schizophrènes, des personnes en proie à une psychose, sous l’influence de médicaments, d’alcool et de drogues, ou de tout cela à la fois ! Heureusement, nous pouvons compter sur notre expérience et nos techniques, que nous continuons à entretenir, si bien qu’elles sont devenues un automatisme. Le simple fait d’écouter l’histoire de la victime permet d’envisager des solutions. Lorsque ses émotions s’apaisent, la victime revient à la raison, ce qui signifie que nous avons résolu la situation de crise.”

Indépendamment de la négociation, les équipes d’intervention se préparent à passer éventuellement à l’action, a fortiori si l’ordre public est compromis. “Chaque action doit toujours être bien soupesée”, conclut Michel. “La victime peut parfois réagir de manière surprenante si la police passe à l’action ou si elle est maîtrisée.” Sven se rappelle en effet d’un consommateur de drogues coincé avec sa voiture sur un terrain de golf : “il avait une grenade à main et un pistolet et menaçait de les utiliser pour se suicider. Après une longue négociation, nous avons fait intervenir le chien policier et au moment où le chien l’a mordu, il a tiré...”

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faut en effet faire abstraction de son propre cadre de référence et s’imprégner totalement de celui de son interlocuteur. En fait, tous les membres de la Police Locale devraient suivre cette formation. Ils sont en effet les first responders et arrivent les premiers sur place. On perd souvent beaucoup de temps : nous devrions déjà être en route dès le moment où la SAU commence à intervenir et non lorsque la zone de police demande notre intervention par la voie officielle.” Les négociateurs de DSU, au nombre de douze, dont deux femmes, se rendent toujours sur les lieux par groupe de quatre : deux néerlandophones et deux francophones. Un coordinateur complète l’équipe. “La règle veut que l’on négocie dans sa langue maternelle”, explique Michel, négociateur depuis 1995. “La moindre nuance peut avoir son importance.”

Les noms cités dans cet article sont fictifs. Cette circulaire impose aux équipes d’assistance spéciale (EAS) de la Police Locale des conditions plus strictes en termes de qualité et de formation. 3 Il s’agit d’une situation dans laquelle une ou plusieurs personnes détenant des armes se retranchent et refusent de se rendre à la police.

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INTERNATIONAL NEGOTIATORS WORK GROUP (INWG) Pour la 19e fois, des négociateurs de 27 pays se sont réunis à Anvers du 17 au 21 septembre 2018. Au programme : des conférences et des ateliers, mais aussi des exercices pratiques. Cette année, l’organisation était assurée par la Belgique et les Pays-Bas.

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L E G R O U P E D E S É C U R I S AT I O N E T D ’A P P U I D E C H A R L E R O I

Le sens du devoir à tout prix malgré les risques Disponibles 24h/24, les membres du Groupe de sécurisation et d’appui (GSA) sont amenés à intervenir en première ligne dans des situations extrêmes. Après un travail minutieux, ils passeront le relai aux unités spéciales. Une collaboration facilitée grâce à la circulaire ministérielle GPI 81. TEXTE Thomas Wattier

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PHOTOGRAPHIE Jos Balcaen

CHARLEROI – La concentration et le silence règnent en maître. Les hommes ont enfilé casques, protections et boucliers et sont prêts à fondre sur leur proie. Eux, ce sont les membres du groupe de sécurisation et d’appui (GSA) de Charleroi. Si aujourd’hui, l’opération consiste en un exercice,

elle est accomplie comme si des vies humaines en dépendaient. “Les membres des équipes d’intervention sont des personnes extraordinaires, très engagées, professionnelles et motivées. Parfois, il faut même les freiner”, avoue le commissaire divisionnaire Frédéric Delcourt, directeur

de l’Appui au sein de la zone de police de Charleroi.

A l’image de vingt autres grandes zones de police du pays comme Namur, Liège, ou encore Anvers, la police carolo peut elle aussi compter sur son Unité d’assistance spéciale, baptisée GSA. Celle-ci


La GPI 81, publiée en 2014 et mise en œuvre en 2016, permet de clarifier la mission de chaque équipe. “Elle fournit un cadre, on parle tous le même langage et nous savons ce qu’on peut faire ou ne pas faire. Notre mission reste l’appui de première ligne. Il n’y a pas de compétition et chacun connaît ses limites, ce qui permet le bon déroulement des opérations”, termine Didier Samain.

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PAS DE COMPÉTITION

UN MÉTIER QUI DEMANDE DES SACRIFICES est mobilisable 24h/24 pour intervenir sur des actions particulièrement risquées. “Au départ, l’unité est née pour combattre l’insécurité et les incivilités dans les quartiers. Elle s’est ensuite recentrée sur les interventions spéciales”, précise le commissaire Didier Samain, sous-directeur de l’Appui Spécialisé à la police de Charleroi.

Le GSA se compose de 28 inspecteurs et de 6 inspecteurs principaux, installés dans l’hôtel de police de Charleroi. “Nous travaillons en appui sur les interventions dangereuses signalées par le 101, sur les transferts de détenus dangereux, pour des perquisitions, des ordonnances de captures ou encore la protection des VIP”, résume Romain Lambot, inspecteur principal au sein du GSA de Charleroi. L’équipe est là aussi pour prendre les premières mesures en cas d’attaques terroristes, prises d’otage ou encore tueries de masse.

UN GAIN DE TEMPS QUI SAUVE DES VIES

Le GSA travaille de concert avec les unités spéciales de la Police Fédérale. Chacun voit sa tâche clairement définie et limitée, ce qui permet de garantir le bon déroulement des missions. “Les interventions se jouent à trois niveaux. La Police Locale est la première à agir et elle peut faire appel au GSA lorsque la complexité de l’opération réclame des techniques particulières d’intervention et du matériel spécifique. Ensuite, en cas de criminalité organisée, de terrorisme ou de prises d’otages, la mission finale revient aux unités spé-

ciales. La Direction des unités spéciales (DSU) de la Police Fédérale vient en renfort, soit avec le dispositif de permanence, soit via les dispositifs locaux des services Protection, Observation, Support, Arrestation (POSA)”, précise le commissaire divisionnaire Jean-Noël Lecomte, de la Direction des opérations à la Direction des unités spéciales. Le travail fourni par le GSA est indispensable pour la réussite des opérations. “Le temps que l’on arrive sur les lieux, tout un travail en amont a été effectué par le GSA qui peut nous fournir directement des informations importantes sur l’auteur, les lieux, ... On gagne ainsi de très précieuses minutes, ce qui peut sauver de nombreuses vies humaines.”

“Etre membre du Groupe de sécurisation et d’appui réclame beaucoup de concessions. Les horaires sont chamboulés tous les jours. Ce qui nous motive, c’est la fierté de pouvoir transmettre le relais en ayant réalisé la mission de la manière la plus optimale possible”, précise Romain Lambot, inspecteur principal et membre du GSA depuis cinq ans. Les recrues sont âgées entre 25 et 40 ans. “Nous sommes très soudés et chaque personne joue un rôle primordial. Si le premier dans la colonne d’assaut commet une erreur, les autres doivent en subir les conséquences. La cohésion est indispensable.” La volonté de servir est très présente au sein de l’équipe. Le taux d’absentéisme en témoigne : il s’élève à moins d’un pourcent.

UN TAUX DE RÉUSSITE INFÉRIEUR À 50 % Intégrer un Groupe de sécurisation et d’appui (GSA) est a priori accessible à un grand nombre de membres de la police. “Des Master Trainers de l’Académie nationale de police (ANPA) sont formés avec le soutien de la DSU et forment ensuite des entraîneurs. Ceux-ci délivrent alors des formations à leurs équipes. Elles se déroulent sur 160 heures et ensuite, le candidat reçoit ou non son brevet”, précise Frédéric Delcourt. Les modules de formation sont réalisés grâce à la synergie entre la DSU et les Unités d’assistance spéciale. Les tests soumis aux futurs membres du GSA s’avèrent pour le moins exigeants. “Pour prétendre à un poste au sein du GSA, il faut être fonctionnaire de police et compter au moins 3 années d’ancienneté mais surtout présenter de bonnes compétences physiques, mentales, tactiques et posséder un esprit de groupe. Il faut savoir que le taux de réussite des épreuves est inférieur à 50 % ...” Actuellement, aucune femme ne compose les effectifs. “Pouvoir compter sur une femme dans l’équipe offrirait une véritable plus-value, notamment lors du transfert de détenues et des observations. Néanmoins, les exigences physiques, même pour les hommes, sont souvent difficiles à atteindre”, précise Didier Samain. En outre, les candidates ne se bousculent pas. “Sur un total de 80 intéressés, nous comptions seulement 2 femmes …”

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DIGI TA L IS AT ION DE L A PROCÉDU R E DE MOBIL I T É

HR Mob, parce que la mobilité motive La mobilité constitue un facteur de motivation: pouvoir varier de temps à autre le contenu de sa fonction aide à entretenir la flamme. Les perspectives de mobilité sont l’un des piliers d’une politique de carrière durable. Raison pour laquelle la Police Fédérale investit dans la digitalisation de la procédure de mobilité. HR Mob rendra l’offre de mobilité accessible en permanence et partout. Le suivi rapide et transparent des dossiers de mobilité fait figure de leitmotiv. HR Mob sera disponible courant 2019 pour les employés de la Police Intégrée.

Envie d'un nouveau defi?

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Comment et ou trouver l'offre d'emploi qui vous correspond?

en 2019, on informatise le processus avec HR Mob pour tout le personnel de la police Integree

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Consulter les offres de mobilite disponibles


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Grace aux filtres, vous pouvez trier les offres en fonction de ce qui vous correspond le mieux

La construction du dossier est simplifiee avec l’emploi des champs et modeles de documents

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Realiser votre dossier de mobilite

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Suivre a tout moment sa candidature

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Vous avez une vue sur toutes les ĂŠetapes du processus de mobilite - depuis la soumission de votre candidature - A la transmission de votre dossier a l'unite ou la zone de police pour laquelle vous avez postule

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E X E R C IC E C ATA S T R OPH E M U LT I DI S C I PL I N A I R E

Intervention d’urgence dans le tunnel des chemins de fer 26


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© Christian Berteaux

Dans l’obscurité de la nuit du 1er au 2 décembre, la Police Fédérale des Chemins de Fer a participé à un exercice simulant la collision entre deux trains sur l’axe Nord-Sud à Bruxelles. L’objectif était de former nos collègues en testant, en temps réel, les procédures définies pour la gestion de situations d’urgence et renforcer la coordination avec l’ensemble des acteurs de terrain, entre autres les pompiers, les ambulanciers, Infrabel et la SNCB.

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Thierry est prêt pour la première réunion de la journée, en compagnie des dix consultants. Deux consortiums sont actuellement en lice. Une séance de questions-réponses a été prévue lors des discussions.

"i-Police établira des liens entre des dossiers ouverts à Charleroi et à Gand, par exemple, mais l'utilisateur final sur le terrain doit pouvoir consulter toutes ces informations dans FOCUS."

"La mise en œuvre d'i-Police est prévue début 2020."

"50 % du succès d'i-Police dépendra de la solution choisie et 50 % dépendra de la manière dont la Police Intégrée adoptera cette nouvelle technologie."


Thierry Van Dyck PROFESSION:

IDENTITY KIT-

CHEF DE PROJET I-POLICE ET FOCUS

Une journée ordinaire pour Thierry, avec une succession de réunions. La première rassemblera les 10 consultants qui se regroupent autour de la table avec deux équipes d’observation/ analyse comptant chacune 25 membres. Chaque équipe est en dialogue avec un consortium, une collaboration temporaire qui réunit une dizaine de sociétés. Chacune d’entre elles apporte une solution spécifique, sa petite pierre à l'édifice technologique : sécurité, formation, réseau, etc. Un des membres du consortium prend la direction des opérations et rassemble les pièces. En février dernier, les consortiums ont reçu le document descriptif d’environ 700 pages. Il décrit ce que fait la police belge et comment elle envisage le système pour l’avenir. Les discussions sont à présent en cours. Au final, un seul consortium sera chargé de la mise en œuvre d'i-Police. Avant de se rendre auprès de la Commission permanente de la Police Locale (CPPL), Thierry nous explique quelque peu les objectifs d’i-Police : "i-Police doit avant tout comporter un Case Management System, une espèce de fonction de gestion des dossiers. Ensuite, un Record Management System pour la gestion d’entités, de véhicules, d’événements (par exemple : une infraction, une manifestation, un match de football …). De plus, i-Police dispose d’outils de renseignement et d’analyse de données. Ces outils permettent de rechercher des liens entre certaines informations. Un exemple : un inspecteur de la région ardennaise pourra immédiatement constater que la personne qu'il vient d'interpeller a commis un vol de voiture la veille à la côte. En tant qu'enquêteur, vous ne pouvez gérer cette masse d'informations. Un logiciel puissant doit prémâcher tout ce travail. Vous pouvez également vous servir de ces renseignements pour créer une alerte afin de diriger des patrouilles vers l'un ou l'autre quartier si des faits identiques y sont à chaque fois commis aux mêmes heures de la journée. Le quatrième objectif consiste à créer un environnement de travail mobile : sur le terrain, les policiers doivent de plus en plus pouvoir se servir de leur smartphone et de leur tablette. De plus, il doivent pouvoir davantage travailler en temps réel. Voilà précisément le cinquième objectif. Les infor-

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U N J O U R AV E C …

Thierry Van Dyck est au service de la police depuis 25 ans en tant que consultant externe. En 1991, il a contribué au développement du PIP, le Projet Informatique Policier, un réseau administratif pour la police communale. Après la réforme des polices, la Police Fédérale a rebaptisé le réseau PIP "ISLP", l'abréviation de Integrated System for Local Police. Plus tard, Thierry Van Dyck a participé à la création de la Banque de données nationale générale (BNG) judiciaire, à la BNG circulation et à la BNG administrative. Depuis l’automne 2016, il assure la fonction de chef de projet i-Police1.

mations enregistrées dans le système par un collègue doivent être immédiatement disponibles pour tout le monde et dans tout le pays. Le dernier objectif consiste à rendre la chaîne digitale end-to-end afin de pouvoir collaborer avec la Justice. Ainsi, une apostille du parquet ne serait plus envoyée sur papier à la police et celle-ci pourrait traiter immédiatement la demande sur PC." Thierry présente l'état des lieux d'i-Police et de FOCUS aux membres de la CPPL. Il explique le dialogue qui est en cours en ce moment avec les deux consortiums. Ce dialogue se déroule en une dizaine d'étapes. Il sera clôturé début décembre, au moment où les deux consortiums auront quasiment finalisé leur offre. En février 2019, deux équipes d'observation, qui sont également impliquées dans les discussions, examineront les offres. Chaque équipe d'observation compte 25 membres, issus tant de la Police Locale que de la Police Fédérale. Un comité d'évaluation décidera finalement quel consortium a remporté la palme. La mise en œuvre d'i-Police est prévue début 2020. Le consortium choisi devra veiller à ce que tous les services passent au nouveau système en l'espace de quatre ans. La CPPL se pose néanmoins quelques questions, par exemple au sujet du lien entre FOCUS et i-Police. Thierry : "FOCUS sera la plate-forme mobile dans i-Police, même si les candidats disposent d'un système similaire dans leur offre. Le cahier des charges est clair : le produit choisi DOIT être compatible avec FOCUS ; FOCUS est ‘incontournable’."

Thierry dirige une réunion technique sur l'intégration de FOCUS dans i-Police. La dernière réunion (technique) de la journée : une application spécifique de FOCUS est examinée en détail.

Saskia Van Puyvelde

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Lisez également l’article En route avec le policier du futur dans Inforevue 03/2018, pp. 24-25.

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L’ I N V I T É Dans cette rubrique, Inforevue invite un membre du personnel de la police à un entretien portant sur des thèmes liés tant à sa fonction qu’au monde policier au sens large.

“Il faudrait davantage investir dans la formation” A l’aube de ses 60 ans, le premier commissaire Pierre Dillien peut se targuer d’avoir connu une carrière riche et variée. Après des passages par les brigades de La Hulpe et Beauvechain, le Service du personnel, le Centre national des opérations, le commandement de la brigade d’Orp-Jauche, la zone de police de Jodoigne (SLR) ou encore le Centre d’information et de communication (CIC) du Brabant wallon, il officie depuis plusieurs années comme coordinateur national des CIC et des Carrefours d’information d’arrondissement (CIA). Avec toujours ce même désir qui l’anime : rendre service aux autres. TEXTE Thomas Wattier

PHOTOGRAPHIE Lavinia Wouters

BRUXELLES – Le premier commissaire Pierre Dillien n’est pas encore près de ranger l’uniforme au placard. “J’aurais pu partir à la pension depuis quatre ans mais j’estime que j’ai encore des choses à apprendre, des améliorations à apporter”, note le coordinateur national des CIC et des CIA. Entré à la gendarmerie en 1978, à l’âge de 19 ans, il est toujours resté fidèle à la grande famille de la police.

Rejoindre les rangs de la police vous faisait rêver durant votre enfance ? “Non, je n’avais pas spécialement d’attirance pour ce monde-là, mon père évoluant dans l’aéronautique internationale à l’étranger. Toutefois, vers 17 ans, j’ai été amené à côtoyer des personnes qui évoluaient au sein de la police et de la gendarmerie. L’idée de servir les autres, de les aider, me plaisait beaucoup et je me suis donc lancé à mon tour.”

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Quelles furent les premières étapes de votre aventure ? “J’ai été incorporé en 1978 à la gendarmerie, comme candidat sous-officier. Après un passage par le 5e Groupe Mobile, j’ai rejoint la brigade de La Hulpe. Par la suite, je suis retourné – pour deux années – à l’Ecole pour sous-officiers d’élite. J’ai été nommé maréchal des logischef et affecté à Beauvechain dès 1982. J’y

étais commandant de brigade en second. A la fin de l’année 1986, j’ai finalement quitté la ‘territoriale’ pour la Direction du personnel et ce, jusqu’en 1994.”

Quelle fonction occupiez-vous ? “J’y étais chargé des mutations du cadre nonofficier et des détachements à l’étranger. C’était un job où l’on pouvait, comme en brigade, être au service des autres ; cela me plaisait énormément. A l’issue du cours adjudant, j’ai été engagé au centre de commandement national des opérations (DOCC), au sein de la permanence opérationnelle. J’ai quitté cette fonction en 2000, pour prendre le commandement de la brigade d’Orp-Jauche, où j’ai également été nommé adjudant-chef.” En 2001, vous devenez chef du service d’enquête judiciaire à la zone de police de Jodoigne avant d’être détaché quelques années plus tard au CIC du Brabant wallon. Comment avez-vous vécu l’expérience là-bas ? “Je n’ai pas spécialement envie de commenter mon passage en zone de police. Au CIC, cela ressemblait à l’univers de DOCC, également proche d’une permanence de district. Je connaissais ces domaines et les appréciais. Etant directeur adjoint, mon rôle n’était pas plus difficile qu’un autre. Il existe cependant

une grande différence entre opérateur et gestionnaire de CIC, même si, selon moi, un chef doit être capable de réaliser le travail de ceux qu’il dirige. C’est ainsi que j’ai suivi les mêmes cours que les opérateurs. J’ai toujours fonctionné de la sorte, même si cela réclame un investissement personnel plus important.”

La gestion d’un CIC, ce n’est pas une mince affaire … “Il faut continuellement remettre l’ouvrage sur le métier. Rien n’est stable à la police et il a notamment fallu tout un travail d’harmonisation au niveau des zones de police pour garder une cohérence d’exécution : la politique d’intervention n’est pas la même à Tubize qu’à Jodoigne. La circulaire GPI 49 (relative au plan de services des centres d’information et de communication, NdlR) nous a beaucoup aidés à harmoniser les décisions et les processus, et à côté de cette règle, des conventions particulières pouvaient être prises. Il faut aussi maintenir le niveau de motivation des collaborateurs.” Après la gestion locale en CIC, vous avez été nommé coordinateur au niveau central ? “En 2008, j’ai été recruté pour coordonner les CIC de Wallonie et Bruxelles-Capitale, auxquels sont venus ensuite s’ajouter ceux de Flandre. A l’opti-


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L’INVITÉ

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L’ I N V I T É

OPUS CITATUM “Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas les faire. C’est parce que nous n’osons pas les faire qu’elles sont difficiles” – Sénèque “Il faut oser pour avancer. On se construit trop souvent des murs en imaginant qu’il faut les escalader alors qu’ils n’existent pas… C’est notre façon de voir qui nous limite !”

malisation, j’ai naturellement intégré la division opérationnelle de la Direction de l’information policière et des moyens ICT (DRI). J’y assure, avec ma nouvelle équipe, la coordination nationale des services d’information et de communication d’arrondissement (SICAD), qui regroupent les CIC et les CIA.”

On sait qu’être opérateur au sein d’un CIC reste humainement difficile. Est-il possible d’anticiper certaines choses au niveau de la direction pour mieux encadrer les collaborateurs ? “Avant tout, il faut reconnaître le travail accompli : c’est leur crédibilité. Ensuite, il faut veiller à ce qu’il y ait suffisamment de personnel et qu’il puisse compter sur des outils performants. Cependant, étant dans une structure d’Etat, le recrutement est long et difficile et les moyens peu évidents à obtenir : ASTRID fournit le matériel mais les marchés publics et les budgets compliquent la donne. Tout est toujours améliorable mais il faut rester réaliste et souvent apprendre à être très patient.”

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Il est déjà arrivé que le système de communication soit mis en cause lors d’une crise ou d’une intervention. Quel regard portez-vous là-dessus ? “Sans m’exprimer sur des cas concrets, je pense

cependant que si l’ensemble des acteurs connaissait suffisamment la manipulation de la radio et appliquait les processus prévus dans les différents cas de figure, le système de communication serait moins critiqué.”

Pour vous, il existe un manque de formation à l’utilisation des radios ? “Tout à fait. ‘Ma radio, c’est ma sécurité !’ devrait être notre credo. Avant toute chose, tout chef devrait s’assurer que chacun sache bien utiliser sa radio, qu’il connaisse et maîtrise les règles et les processus utiles. Avoir un opérateur dédié à l’assistance opérationnelle en radiocommunication serait idéal mais ceci n’est pas envisageable dans les conditions actuelles de déficit en personnel ...” Qu’est-ce qui pourrait encore être amélioré au niveau des communications pour mieux soutenir les services de police ? “Pour moi, le système de radiocommunication en luimême n’est pas complexe : il tient compte de la diversité du paysage policier et des missions à effectuer. S’il n’est pas complexe, cela ne veut pas dire pour autant qu’il est facile pour tous : son utilisation peut sembler ardue, c’est vrai.

A cet égard, le personnel manque manifestement de formations, de recyclages,… Ceux-ci rendraient plus évident, plus aisé, l’usage de la radio au quotidien. Mais il faudrait aussi s’assurer que chacun sache où accéder à l’information utile et se teste. Plus en amont, il est nécessaire aussi de vérifier que les étudiants issus des différentes écoles de base possèdent bien les mêmes (bonnes) connaissances.”

A ce propos, vous travaillez vous-même depuis plusieurs années à un nouveau produit qui devrait aboutir en 2019. Vous pouvez nous en dire plus ? “Le projet s’appelle Tetrasim. Développé en partenariat avec ASTRID, il vise à s’auto-familiariser à l’utilisation et à évaluer la capacité à manipuler une radio. Six modèles de radio ont été choisis par le Conseil consultatif des utilisateurs (CCU). Le policier y fera de l’auto-apprentissage théorique et y sera ensuite soumis à un questionnaire, notamment avec manipulation d’une radio virtuelle. A l’issue du test, des résultats apparaîtront. Nous devrions pouvoir mettre cet outil à la disposition des responsables — pour créer des scripts personnalisés d’utilisation — et des membres de la Police Intégrée en début d’année prochaine. Tetrasim sera disponible via Portal.”


• Pour ou contre des caméras de surveillance et ANPR dans votre rue ? “Pour. Je n’ai rien à cacher et si cela peut aider à l’enquête ou disculper de présomptions, tant mieux !” • Pour ou contre les formations au bilinguisme pour tous à la Police Fédérale ? “Clairement pour. Il faut aussi revoir l’enseignement des langues à l’école. Pour ma part, je suis trilingue (français, néerlandais, anglais) mais je pratique aussi un peu d’italien, d’espagnol et d’autres langues dont j’estime utile de connaître les rudiments essentiels, notamment à la civilité.”

Avez-vous dû faire face à beaucoup de crises dans votre carrière ? Comment garde-t-on la tête froide ? “Je ne souhaite pas pointer un événement en particulier. Ce sont des moments remplis d’émotion que chacun vit de façon personnelle et il n’y a pas de

solution miracle. Mais en situation de crise ou de chaos, si on a la chance de ne pas être directement et physiquement confronté à l’événement, il faut pouvoir prendre du recul, se repositionner même si tous les repères ont disparu, afin de pouvoir aider et guider les

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• Pour ou contre un smartphone pour tous les policiers (avec des applications comme FOCUS) ? “Pour, mais uniquement avec un accès vers les applications professionnelles utiles. Quant à Focus, l’outil annoncé est magnifique mais sa réalisation concrète au sein de la Police Intégrée comporte une grande part d’inconnue…”

L’INVITÉ

POUR OU CONTRE

autres. Dans ces moments-là, le CIC a certaines décisions à prendre, ensuite, c’est à l’autorité de prendre ses responsabilités et de décider des orientations à prendre.”

VERRY IRRITATING QUESTION On parle beaucoup en ce moment de risque de black-out. Un délestage pourrait vous impacter... La police est-elle prête à pallier au problème ? “Ce risque est géré au niveau du Centre de crise fédéral mais les CIC sont protégés de différentes manières. Tous les systèmes CIC sont couverts par des UPS (onduleurs électriques) et des groupes électrogènes, et avec les évolutions technologiques, des datacenters hébergent maintenant les données de façon centralisée. Les CIC sont aussi prioritaires pour le rétablissement de l’électricité.”

PERSON OF INTEREST Qu’est-ce qui vous a permis de garder la passion durant toutes ces années, vous qui avez commencé très jeune ? “J’aime mon boulot et je fais ce pourquoi j’ai voulu rentrer à la gendarmerie : servir les autres ! Ma plus grande fierté est de n’y avoir jamais failli, quitte à me mettre en difficulté. Je preste beaucoup d’heures chaque semaine, alors que j’en suis payé 38 … Je fais tout ce que je peux pour répondre au plus vite aux sollicitations qui relèvent de mes compétences. Par ailleurs, j’ai eu la chance de servir des chefs exceptionnels comme le colonel Bliki, directeur DOCC. Un Monsieur  ! Il faisait confiance et encourageait ses collaborateurs. C’est motivant !”

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CASUS

SOURIEZ, VOUS ÊTES FILMÉS Lors de leurs interventions, les services de police sont de plus en plus confrontés à des particuliers qui prennent des images (photos et vidéos) lorsqu’ils font l’objet d’une intervention ou en sont témoins.

LES FAITS Tribunal de première instance de Flandre occidentale, section Bruges, 8 novembre 2016 Le prévenu avait filmé deux fonctionnaires de police lors d’une intervention dans le cadre d’une altercation entre un commerçant et un client. Malgré que l’un des fonctionnaires de police eût explicitement exprimé son refus d’être filmé, le prévenu avait été jusqu’à publier la vidéo sur Internet. Le juge a estimé que le seul fait de filmer des fonctionnaires de police ne constitue pas une infraction, mais aussi qu’un fonctionnaire de police n’est pas un personnage public. En première instance, le prévenu a été déclaré coupable, à la fois de traitement illicite de données à caractère personnel et de harcèlement. Il s’est vu condamné au paiement d’une amende de 50 euros avec sursis et d’une indemnisation d’un euro pour les dommages moraux.

Cour d’appel de Gand, 19 septembre 2018 La cour a toutefois estimé que la vidéo avait été réalisée dans un lieu public et que les policiers n’y étaient représentés qu’à titre accessoire. Le prévenu voulait uniquement dénoncer la discussion entre le client et le commerçant d’origine étrangère, envers lequel le client tenait des propos racistes, et n’avait donc pas l’intention de viser les fonctionnaires de police. Dans la mesure où les verbalisants n’ont été filmés qu’à titre accessoire et où d’autres personnes étaient visibles dans la vidéo, chaque individu perd le caractère personnel de son image et le consentement des intéressés n’était dès lors pas requis pour prendre la vidéo, pas plus que pour la diffuser. La cour a par ailleurs tenu le raisonnement que le fait de filmer doit répondre à un motif fondé (p. ex. : à des fins journalistiques ou pour mettre en évidence un intérêt sociétal) et qu’aucune personne ne peut être visée en particulier. La Cour d’appel de Gand a donc acquitté le prévenu sur toute la ligne.

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Le simple fait qu’un citoyen prenne des images de fonctionnaires de police dans l’exercice de leur fonction ne constitue pas une infraction. En vertu de la loi sur la protection des données, le consentement incontestable des fonctionnaires de police est bel et bien requis lorsque le fonctionnaire de police est identifiable sur les images, lorsque la personne qui a pris les images ne limite pas leur utilisation à des fins privées (p. ex. : lorsqu’elle les publie) et lorsque le fonctionnaire de police est le personnage central sur les images. Plusieurs procédures pénales et civiles s’offrent aux personnes dont l’image a fait l’objet d’une utilisation illicite. La qualité de fonctionnaire de police ne confère pas de droits supplémentaires à cet égard. Toutefois, lorsqu’un membre des services de police est convaincu que son droit à l’image ou à la vie privée a été violé et que cela lui a causé un dommage, il peut entreprendre des démarches devant les juridictions pénales et/ou civiles. L’issue de ces démarches dépend naturellement de l’appréciation concrète du juge et ne revêt dès lors aucun caractère certain.

Comme les méthodes possibles pour prendre des photos se multiplient et vu la curiosité croissante des citoyens vis-à-vis des interventions policières, il est plus que jamais nécessaire de réfléchir aux interventions de police sous la perspective de la protection du droit à l’image, en tenant évidemment compte de l’obligation légale d’identifier les services de police (article 41 LFP). Lorsque les circonstances le permettent, il peut être conseillé d’informer préalablement les personnes s’apprêtant à filmer/photographier l’intervention que les collègues présents ne consentent pas à ce que les images soient publiées.

DGR/JUR/AJO


Revivez les enquêtes du passé au musée du crime

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HISTORIA

Un musée du crime rempli de mystères, dont beaucoup ont finalement été élucidés. De nombreux objets saisis, des armes, des photos, des coupures de presse, des témoignages, … le tout criminellement bien agencé !

Comme tout bon enquêteur, partons des cinq questions essentielles à se poser pour élucider un crime : quoi, qui, pourquoi, où, quand ? Cinq questions qui perdurent à travers le temps …

QUOI ? Un cadavre retrouvé devant la porte du garde champêtre en 1961, une tentative d’empoisonnement à la mort aux rats d’un beau-fils en 1965 et la reconstitution avec l’auteur et la victime, un portrait-robot qui permet de retrouver un agresseur en 1973, des moulages en plâtre de dentitions qui seront comparés à des traces de dents dans une pomme retrouvée à proximité d’un cadavre en 1944, une des 150 000 bouteilles de vin saisies en 1978 suite à une large escroquerie, une lettre d’un meurtrier adressée à sa sœur pour s’excuser d’avoir tué leurs parents, une mallette utilisée pour la descente sur les lieux avec des outils pour collecter les éventuelles traces, des magazines considérés comme obscènes et donc interdits à l’époque ainsi que de nombreux autres objets prohibés et saisis, …

Le musée du crime de Gand fait revivre une multitude d’enquêtes du passé qui témoignent de l’évolution des techniques et de l’approche de faits criminels au sein de la société. Les différentes affaires évoquées mettent en évidence les moyens utilisés par les policiers mais aussi leurs limites et donc les améliorations apportées par la suite aux procédures.

POURQUOI ?

La collection a été constituée depuis 1930 par la Police Judicaire de Gand pour conserver des traces du passé mais elle avait surtout un objectif pédagogique. Elle était montrée aux futurs policiers en formation. Les objets collectés permettaient d’illustrer

l’apprentissage des techniques d’enquête et les préparaient à la réalité du terrain.

QUI ?

Le musée de la Ville de Gand et la Police Judiciaire Fédérale (PJF) de Gand en sont les auteurs. A l’origine de la collaboration qui a donné naissance à l’exposition, une buire (NdlR : une sorte de vase) du 16e siècle volée en 1990 dans le musée de la Bijloke à Gand. En 2015, des ‘intermédiaires’ contactent le musée pour proposer le rachat de cette buire volée. La proposition soulève néanmoins certaines questions … Le musée contacte alors la PJF de Gand qui l’aide à retrouver la buire, sans devoir la racheter ! Suite à ces contacts, la collection d’objets accumulée depuis les années 1930 est évoquée. L’idée d’exposition est née!

OÙ ?

Au STAM, musée de la Ville de Gand Bijlokesite, Godshuizenlaan 2, B-9000 Gent Info@stamgent.be www.stamgent.be

QUAND ?

Jusqu’au 30 avril 2019. Lundi, mardi, jeudi et vendredi : de 9.00 à 17.00 Samedi, dimanche, jours fériés et vacances scolaires : de 10.00 à 18.00

Françoise Forthomme

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36 © Lavinia Wouters


“If I were a painter”1 Le commissaire divisionnaire Jan Pultijn – alias Pultino – est conseiller à la politique au sein de la Direction générale de la police administrative (DGA). Sa carrière professionnelle prend fin cette année mais quelques-unes de ses peintures poursuivront leur petit bonhomme de chemin dans les bâtiments de DGA. Jan s’est lancé de nouveaux défis artistiques majeurs pour 2019.

E

nfant, il admirait les peintures de son grand-père accrochées au mur de sa maison. Sa mère peignait également. Rien d’étonnant donc à ce qu’il ait lui aussi attrapé le virus de la peinture et du dessin dès son plus jeune âge. Entre les scouts et la gymnastique, il n’eut toutefois pas le temps d’aller à l’académie. En 1977, à l’âge de 17 ans à peine et après avoir réalisé de nombreuses illustrations au crayon et à l’encre de chine, il commence à peindre des mammifères et des oiseaux à la gouache sur papier. Dans les années 90, dans le district de gendarmerie de Brasschaat, il entre en contact avec un homme qui restaure des peintures dans l’un des locaux de la Protection civile pour le patrimoine artistique de l’Intérieur. “Cet homme est devenu mon ami et m’a appris à restaurer des peintures à l’huile”, explique Jan. “Ça me fascinait tellement qu’en 1994, je suis devenu membre de l’atelier de peinture ‘Schilde(rs) hofke’ à Schilde afin d’apprendre moi-même à peindre. Je me suis retrouvé immédiatement dans la classe de peinture à l’huile où j’ai pu suivre les cours de différents professeurs d’académie. À partir de ce moment-là, je m’y suis rendu tous les jeudis soir afin de m’adonner à la peinture pendant deux heures. C’est là que j’ai grandi, que j’ai évolué. Pendant les vacances, je suivais régulièrement des cours particuliers. Cela fait donc déjà près de 25 ans que je peins avec ce groupe. Notre ‘prof’ actuelle n’a que 26 ans et nous apprend chaque semaine de nouvelles techniques et connaissances. Une fois par an, nous organisons une exposition de groupe dans l’orangerie du parc.”

IMPRESSIONNISME ET PORTRAITS

Pultino travaille aussi bien dans son atelier qu’en déplacement ou en plein air. La peinture à l’huile nécessite du matériel spécifique : huile de lin, couteau à palette, médium, diluant ... Jan peint sur du papier pour peinture à l’huile, qu’il attache sur

un support en bois, ou sur une toile en lin ou en coton tendue sur un châssis2. “La peinture, comme le jardinage, est source de détente. Elle active la zone créative du cerveau.” Il aime se rendre en Ardenne, en France et en Italie pour peindre des paysages. “Je peins à peu près tout ce qui me passionne (animaux, portraits, paysages...) mais je ne veux pas que les gens aient besoin d’un ‘manuel’ pour comprendre ce que je peins. On doit pouvoir reconnaître ce que l’on voit. En termes de style, ma préférence va à l’impressionnisme de Renoir, Monet, Degas, Manet... En 2004, j’ai eu la chance d’apprendre la technique du trompe l’œil . En guise de ‘travail personnel’, j’ai peint les murs et le plafond d’une chambre aménagée dans un grenier en représentant le pont supérieur d’un bateau de pirates du 18e siècle.”

Pour l’année prochaine, Jan se lance comme défi de réaliser plusieurs grandes peintures de décoration intérieure et de restaurer un vieux paravent afin de le peindre. Il rêve de pouvoir organiser sa propre exposition. Pultino a déjà réalisé plus de cent peintures. Certaines d’entre elles sont accrochées aux murs de sa maison, d’autres ont été vendues ou offertes. Afin d’avoir une vue d’ensemble de ses œuvres, Jan les a photographiées et en a fait un portfolio. Si vous êtes intéressé par son travail, n’hésitez pas à aller consulter sa page Facebook ou à lui envoyer un mail à l’adresse pultino@skynet.be.

Chanson de Norah Jones, d’une grande importance pour Pultino. 2 Cadre en bois qui, une fois la toile installée, peut être ‘coincé’ aux encoignures afin que la toile soit bien tendue. 3 Technique permettant de représenter en deux dimensions, à taille presque réelle, des objets ou paysages en trois dimensions et de créer pour ainsi dire une illusion d’optique. 1

Saskia Van Puyvelde

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OUT OF OFFICE


SUCCESS STORY

Affaire résolue grâce à un nouvel éclairage médiatique La nouvelle nous parvient alors que nous rédigeons ces lignes : l' ex-belle-mère de Sara reste également sous les verrous. Sara, une jeune maman de deux enfants, a été retrouvée assassinée l'an dernier, dans son appartement. Un an après les faits, les auteurs ont finalement été identifiés. GEEL – Sara Laeremans (21 ans) est divorcée et mère de deux jeunes enfants. Le vendredi 20 octobre 2017, elle se rend avec ses filles à Izegem, commune de Flandre occidentale où réside son ex-mari. Le lendemain, elle reprend seule le train pour rentrer chez elle. Elle apparaît sur les images de vidéosurveillance de la gare de Geel vers 16 heures, en compagnie de deux chiens (l'un tenu en laisse, l'autre dans un sac de transport). En début de soirée, de retour dans son appartement, elle commande un repas qui lui sera livré entre 17h30 et 17h45. Elle est ensuite assassinée dans la nuit du 21 au 22 octobre 2017. En visite dans son appartement de la Brigandshof à Geel, sa mère et son frère font la macabre découverte. Selon l'enquête, la victime a dû faire face à son (ses) meurtrier(s) entre 18h00 et 2h00 du matin. De l'argent a ensuite été retiré avec sa carte de banque dans un distributeur de l'agence Argenta d'Herentals (à 2h14 et à 2h40).

COUP DE PRESSION

Les recherches intensives des enquêteurs n'ayant pas permis d'identifier le ou les auteur(s), il a été décidé de porter à nouveau l'affaire dans les médias. Avec la collaboration de la famille de Sara, la reconstitution de ses dernières heures

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a été largement développée dans l'émission FAROEK du mois de septembre, dans l'espoir d'apporter davantage de clarté au dossier. L'affaire a alors connu un coup d'accélérateur. La pression s'est vraisemblablement accentuée sur les auteurs, à moins que les langues de leur "entourage" n'aient fini par se délier ... Toujours est-il que grâce à l'approfondissement de l'enquête policière et la collaboration entre différents partenaires policiers, l'affaire a pu être résolue et trois personnes se trouvent désormais sous les verrous. Il s'agit des ex-beaux-parents et de l'ex-mari de Sara, le père de ses deux enfants. On ne sait pas encore avec certitude si c'est ce dernier ou l'ex-beau-père de Sara qui a commis l'assassinat, ou s'ils ont agi de concert. À suivre … avisderecherche@police.belgium.eu

DJO/OAR/Avis de recherche-Médias et S.V.P.


22/03/2016

8h

Zaventem

Daniel, Rémy, Alain et Thierry C

Courageux Les quatre hommes ont vécu à leur manière l’après 22 mars mais chacun en est ressorti différent. Cauchemars, stress et angoisses ont fait et font encore partie de leur quotidien. "Certains ont préféré retravailler directement, s’estimant moins victimes que les victimes directes, d’autres ont dû être accompagnés psychologiquement et plusieurs en souffrent encore aujourd’hui. Mais à présent, on relativise beaucoup de choses", avoue Thierry Vanderschrick.

F

Fiers de servir Même après avoir vécu un événement dramatique comme celui-ci, aucun d’eux n’a envisagé une réorientation professionnelle."Nous aimons notre boulot. Des attentats et des risques, il y en aura toujours donc autant pouvoir être utiles et faire un boulot que l’on aime", affirme Daniel Nolard.

M

Marqués pour toujours Les quatre hommes doivent apprendre à vivre avec leurs souvenirs. Rémy Orquevaux se rappellera toute sa vie de la fillette qu’il a secourue. "Elle était la seule survivante d’une famille de cinq et portait une étiquette avec son nom. Elle l’a perdue et j’ai couru après l’ambulance pour la lui remettre. Elle m’a remercié d’un large sourire alors que rien ne s’y prêtait. Je m’en souviendrai toujours..."

S

Sang-froid Alain Zachary est resté aux côtés de l’hôtesse de l’air indienne Nidhi Chaphekar, jusqu’à l’arrivée des secours. "Elle se trouvait sur une civière et appelait à l’aide. Je me suis agenouillé et lui ai caressé visage et les cheveux. Je lui ai posé des questions sur son mari, ses enfants et j’ai essayé de la rassurer." Encore aujourd’hui, ils se revoient régulièrement. "Elle est devenue une véritable amie. Elle m’appelle "son petit frère du bout du monde"." Le directeur de la DAS, Benoît Van Houtte, a d’ailleurs mis à l’honneur Nidhi Chaphekar en mars 2017, vantant son courage et sa force. Après une cérémonie en présence de la cavalerie, Nidhi a été désignée marraine de l’unité.

S

Solidaires Encore aujourd’hui, les liens entre les collègues étant intervenus sur les attentats sont restés particuliers. "Vivre cela ensemble a soudé notre relation. Nous resterons marqués à vie", avoue Alain Zachary.

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SUPERCOP

Le 22 mars 2016 a marqué la Belgique entière. Pour ceux qui se trouvaient à Zaventem et Maelbeek, les images sont à jamais gravées dans les mémoires. Les inspecteurs Daniel Nolard, Rémy Orquevaux, Alain Zachary et le premier inspecteur principal Thierry Vanderschrick étaient parmi les membres en fonction pour la Réserve fédérale (Feres) de la Direction de la sécurité publique (DAS). Avec une section du Corps d'intervention de la Police Fédérale de Bruxelles (CIK), dirigée par l'inspecteur principal Michaël Wafflard, ils ont été parmi les premiers appelés sur place. "Une heure après le début de notre service, la première bombe explosait à Zaventem. Nous avons démarré directement. Nous n’avions à ce moment-là aucune information", expliquent-ils. "Nous sommes arrivés en 20 minutes et avons immédiatement été confrontés à la mort", se rappelle Thierry Vanderschrick. Une fois sur place, le choc est terrible. Devant leurs yeux : des vitres explosées, des corps sur le sol et du sang, énormément de sang. Pas le temps de cogiter, les quatre hommes prêtent immédiatement main forte aux équipes. "Nous avons participé à l’évacuation des blessés, sur des chariots, des chaises, … et nous les avons amenés au poste médical avancé." Plus de deux ans après le terrible événement, ils attendent encore des réponses à leurs questions et se demandent comment se portent les victimes. Alain Zachary a quant à lui pu retrouver Nidhi Chaphekar, l’hôtesse de l’air à qui il a porté secours.

Thomas Wattier

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MONDE POLICIER

Un beau cadeau arrivé par la poste

Cette histoire en rappellera sans doute d’autres aux membres de services d’urgence. Il y a peu, un jeune Canadien de 12 ans a en effet saisi son téléphone et composé le numéro 911 à deux reprises pour réclamer l’intervention de la police montée. En cause ? La qualité de sa salade… Excédée par ce coup de fil, la gendarmerie royale d’Halifax, en Nouvelle-Écosse, a décidé d’intervenir pour sermonner le jeune garçon. Et le caporal Dal Hutchinson de rappeler que “le mauvais usage des numéros d’urgence téléphonique est un problème qui touche toutes les générations, qui mobilise des moyens importants et empêche les secours de s’occuper en priorité des urgences réelles”.

CANADA

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Europe

Amerique du Nord

Il appelle la police car… son repas ne lui plaît pas

Cet été, les policiers de la Marne ont eu droit à un geste très touchant. Timothée, 5 ans, a voulu les remercier en envoyant une carte postale au commissariat de Reims. “Merci de nous protéger des voleurs et de nous permettre de nous sentir en sécurité”, a écrit le jeune garçon. Si la carte est arrivée à bon port, elle ne l’a pas été en un seul morceau. Impossible donc pour les forces de l’ordre de connaître l’adresse de l’expéditeur. Les policiers ont donc lancé un appel sur Twitter, largement relayé. Et la magie des réseaux sociaux a fait le reste. Le 19 septembre, la police et le papa de Timothée ont pu entrer en contact. Ce dernier a souligné que la carte postale était “une initiative 100 % personnelle” de son fils. Chapeau !

FRANCE


Oceanie

Asie

OL

ICE

CHINE

L’agent Pursell a hérité du titre de “policier le plus seul d’Australie”. A sa charge : un territoire de 240 000 kilomètres carrés. Soit huit fois la taille de la Belgique. Stephan Pursell, 53 ans, gère un petit commissariat situé dans la localité de Birdsville, un village d’une centaine d’habitants. Un bar y fait office d’hôtel et un commerce permet aux habitants de se ravitailler. “La criminalité n’est pas un problème”, avoue l’homme à l’Agence France-Presse. L’agent est avant tout appelé pour des interventions de secours sur un territoire qui réclame… quatre jours pour être traversé en voiture !

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Un policier bien seul

Un conseil qui fait le buzz Plusieurs dizaines de millions de vues, c’est ce que totalise actuellement la vidéo réalisée en mai dernier par la police de Longyang, une ville de la province chinoise du Yunnan. Elle présente les conseils à suivre pour échapper à une attaque au couteau. Sur les images, on découvre un policier attaqué par son collègue interprétant l’agresseur. La scène a beaucoup fait rire les internautes par la réaction étonnante de la personne agressée. Au lieu d’affronter l’homme, la victime… se met à courir et appelle à l’aide. La sécurité est en effet la mission principale de la police !

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MONDE POLICIER

AUSTRALIE

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AMBASSADEUR

Après une carrière de plusieurs années dans le secteur public, Laurent Bounameau l’a quitté pour le privé avant d'y revenir avec plaisir deux ans plus tard.

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Le commissaire Laurent Bounameau entame sa carrière à la police au sein de la Federal Computer Crime Unit. Quelques années plus tard, il est désigné Information security & privacy officer au sein du Commissariat général. "Je m’occupais, de la stratégie en matière de sécurité de l'information. Celle-ci a trait à la gestion des risques et à la protection des données à caractère personnel des collaborateurs et des citoyens". À ce poste, Laurent et son savoir-faire suscitent la convoitise de nombreuses institutions. Il reçoit une offre de l’autorité de contrôle des marchés financiers en Belgique, un organisme semi-public. "J'ai tout d'abord refusé. J'étais bien en place à la police, où j'occupais une fonction intéressante. Je menais une vie stable, avec un bon salaire. J'ai tout de même été invité à un entretien et j’ai décidé de comparer les options qui s'offraient à moi." Laurent décroche les scores les plus élevés d’un assessment et se voit immédiatement offrir le job. C'est alors qu'il choisit de quitter sa zone de confort. Après avoir demandé une interruption de carrière de deux ans, il franchit le cap. "Après avoir travaillé 28 années dans le secteur public, je débarquais dans une instance semi-publique. J’y étais responsable de la cybersécurité et de la gestion des risques. Travailler dans un nouveau secteur en rapide évolution était très plaisant." Après encore une nouvelle offre du département cybersécurité de Proximus et une petite année passée, les deux ans d'interruption étaient écoulés et Laurent a dû faire un choix : rester dans le privé ou retourner à la police. "J'ai pesé le pour et le contre et finalement opté pour mon ancien job. Bien sûr, travailler dans le secteur privé comporte des avantages, comme un salaire plus élevé et une voiture de fonction. Mais, à partir d'un certain moment, cela joue également contre vous. Il fallait toujours atteindre des objectifs financiers, au détriment d’une certaine objectivité et de ma philosophie de base, celle pour laquelle je fais de la cybersécurité. Je travaille dans un secteur en plein boom, déterminant pour le futur et qui ne cessera de prendre de l'importance. Les autorités publiques doivent y investir, sur le plan financier, mais aussi dans les bonnes personnes et leurs compétences. C'est la raison pour laquelle nous ne sommes pas nécessairement à la recherche des personnes les plus diplômées, mais bien de personnes motivées disposant de connaissances très spécialisées et désireuses d’apprendre. C'est aussi ici que l'avenir se construit."

Laurent Bounameau

“Nous sommes à la recherche de personnes motivées disposant de connaissances très spécialisées”

“Dans le privé, il fallait atteindre des objectifs financiers, au détriment d’une certaine objectivité et de ma philosophie de base”

- Commissaire - Expert en cybersécurité à la Police Fédérale


Affaires en court Plusieurs projets de proximité mis à l'honneur

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COUP DE PROJECTEUR Les daguerréotypes, stars des caméras de la RTBF

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SPORT Un homme à la mer

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SPORT

La grande traversée

Un homme à la mer L’été dernier, Dimitri Vandepoele a réussi à rejoindre Ramsgate (Royaume-Uni) depuis Nieuport à bord d’un kayak de mer, affrontant les éléments en solitaire deux jours durant.

SEUL FACE AUX ÉLÉMENTS

Dimitri s’engage à présent sur la deuxième partie de la route maritime internationale et arrive au bateau-phare suivant, le Goodwin Sands, à environ 15 km des côtes britanniques. Ce navire signale lui aussi la présence de bancs de sable, dont la surface affleure à marée basse. “C’est ici que j’ai pris contact avec les garde-côtes de Douvres : je leur ai commu-

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© Dimitri Vandepoele

NIEUPORT – Le 1er août 2018, à 1 heure du matin, l’inspecteur Dimitri Vandepoele, membre du service d’intervention de la zone de police Westkust, se tient prêt sur le slip-way du port de Nieuport. Dimitri va tenter la traversée avec Eddie et Jens, un binôme allemand avec qui il a été en contact précédemment, bien que ceux-ci aient décidé qu’ils navigueraient chacun à leur propre rythme. Le moment est venu de se lancer. Porté par l’appel du large, Dimitri prend la mer. Son épouse, quant à elle, va rester en contact étroit avec les garde-côtes belges et britanniques. Armé d’un GPS, d’une carte et d’une boussole, notre collègue accomplit la première partie de son périple d’une traite, en six heures, affrontant un fort courant de marée dans une nuit d’encre. La première bouée qu’il rencontre est la Trapegeer, à 3 km des côtes. Peu après le lever du soleil, Dimitri atteint la bouée DY1. Dopé par l’effort, il poursuit son voyage jusqu’à la route maritime internationale, en passant par les bouées Ruytingen SE et Ruytingen NE. Les courants latéraux l’emmènent malgré lui jusqu’au bateau-phare Sandettie, au milieu de la route maritime. Il est alors près de midi. “Le spectacle était de toute beauté”, explique Dimitri. “Lors de ma traversée précédente, en 2015, je n’étais pas passé par ce bateau sans équipage. Il signale la présence du banc de sable Sandettie, sur lequel il est amarré, afin de réduire les risques encourus par les bateaux naviguant à proximité. Au loin, je pouvais déjà apercevoir les falaises blanches de Douvres.”

niqué mon état et ma position pour qu’ils les transmettent à leur tour à mon équipe d’assistance à terre. Fatigué, mais toujours en état de poursuivre la traversée, j’ai alors entamé la dernière ligne droite. Le vent et les courants ne m’ont pas aidé, mais lorsque je suis arrivé au port le soir et que j’ai vu ma femme et mes enfants, je me suis senti heureux, soulagé, fier et épuisé en même temps. Selon le GPS, ma traversée de 107 km avait duré pas moins de 17 heures et 48 minutes !” Ainsi prit fin la deuxième traversée en solitaire – sans bateau d’escorte ou d’assistance – de Dimitri. “Pour entreprendre un tel voyage, il faut être doté de compétences maritimes et de navigation, ainsi que d’un solide bon sens. Il faut ainsi avoir l’intelligence de s’écarter de son itinéraire lorsque c’est nécessaire”, conclut Dimitri. Une fois encore, sa traversée a été reconnue et répertoriée sur le site Sea Kayak Performance. Vous pouvez visionner le voyage de Dimitri sur la chaîne YouTube de Northseakayak, l’équipe qu’il a lui-même créée.

Dimitri Vandepoele et Saskia Van Puyvelde


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AFFAIRES EN COURT

Plusieurs projets de proximité mis à l’honneur NAMUR – Le 22 novembre dernier, Namur accueillait le 1er séminaire annuel du Réseau Intersection. Né en 2017 sur base du modèle québécois, ce réseau vise à renforcer la communication et les échanges de bonnes pratiques au sein de la Police Intégrée. “Le Réseau offre une réponse à un vide constaté depuis longtemps au sein de la Police Intégrée, à savoir un besoin d’échanges de bonnes pratiques et de valorisation des acteurs de terrain”, a indiqué Benoît Blanpain, le président du Réseau Intersection. Plusieurs intervenants ont pu s’exprimer sur l’importance d’une police proche du citoyen. Parmi eux, le premier commissaire divisionnaire André Desenfants. “La police de proximité est présente partout au sein de la Police Intégrée, tant au niveau local que fédéral. Elle est un moyen de renforcer le fonctionnement intégré et inversement”, a précisé le directeur général de la Direction générale de la police administrative. Cette journée a également été l’occasion de récompenser des projets ayant contribué au développement de la police orientée vers la communauté. Le Trophée de l’originalité a ainsi été remis à la zone de police Montgomery pour son initiative de récolte et de distribution de peluches. “L’idée est de les récolter auprès de la population,

de les nettoyer et ensuite de les redistribuer aux enfants lors de nos interventions, qu’ils soient victimes ou témoins de violences, d’accidents de la route, … L’objectif est de réconforter l’enfant, tout en donnant une deuxième vie à une peluche”, ont expliqué les inspecteurs Patrick Gilis et Michael Ledoux. Le Trophée du Québec est revenu à la zone de police de Gand pour son initiative préventive baptisée First Offenders qui vise à améliorer le suivi de jeunes auteurs qui ont commis un premier acte de délinquance. Le Trophée du jury a quant à lui été attribué à la zone de police Bruxelles-Nord pour le réaménagement de la place Liedts. Et enfin, le public a décidé de récompenser un autre projet de la zone de Bruxelles-Nord : le chien de soutien émotionnel aux victimes. Celui-ci les accompagne, les prépare à l’audition et libère leur parole.

La journée s’est achevée par divers ateliers traitant notamment du rôle de la Police Locale dans le suivi du radicalisme, de la fonction de police orientée vers la communauté au travers des différentes fonctionnalités, des Partenariats Locaux de Prévention ou encore de la polyvalence nuancée. Bravo à tous et à l’année prochaine !

T.W.

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AFFAIRES EN COURT

Coup de projecteur

Les daguerréotypes,

stars des caméras de la RTBF Le mardi 19 juin, le Centre historique et de connaissance de la Police Fédérale belge a eu le privilège de recevoir les caméras de la RTBF. Dans le cadre des séquences baptisées “L’envers du trésor” diffusées le week-end dans le JT, Julie Morelle était de passage avec son équipe. “Il y a deux ans, le Conseil Bruxellois des Musées a épinglé cent chefs d’œuvres. Cela a constitué notre point de départ”, souligne la présentatrice du journal télévisé.

La police a évidemment vu un intérêt particulier à utiliser ce procédé photographique, comme on peut le découvrir dans la séquence. “Le premier daguerréotype date de 1839. On retrouve parmi notre collection quatre illustrations de criminels emprisonnés. On recense par exemple une personne condamnée à quatre mois de prison pour avoir falsifié des documents. En sortant, elle a été photographiée pour éviter la récidive”, détaille Astrid Vierendeels, guide au Centre historique et de connaissance de la Police Fédérale belge. Le daguerréotype constituait un véritable bouleversement des pratiques, même s’il présentait encore quelques inconvénients. “Le temps d’exposition à l’époque était important, entre 20 et 30 minutes. Donc si le criminel n’était pas de bonne composition, c’était compliqué ... De plus, ce n’était pas reproductible”, précise Valère De Cloet, ancien directeur de la Police Technique et Scientifique.

C’est avec le Bertillonnage (ou anthropométrie judiciaire), à la fin du 19e siècle, que la Police Technique et Scientifique a réellement connu un tournant. La méthode consistait en une analyse biométrique (basée sur des mesures) accompagnée de photos de face et de profil. La Police Technique et Scientifique avait ainsi toutes les cartes en main pour identifier avec certitude les criminels.

Le Centre historique héberge en effet de superbes pièces, parmi lesquelles se cachent des daguerréotypes. Ancêtres de la photographie, ces derniers ont ainsi pu sortir de l’ombre grâce au reportage de la RTBF. Le nom de 'daguerréotype' vient de son inventeur, Louis Daguerre, qui est parvenu en 1835 à fixer une image sur une plaque de cuivre enduite d’argent en l’exposant aux vapeurs d’iode. Il a ainsi obtenu une reproduction précise de la réalité. Une révolution !

La photographie judiciaire n’a cessé d’évoluer avec les progrès techniques pour se tourner à présent vers le digital et la reconnaissance faciale. Une autre révolution ! Si vous souhaitez découvrir le reportage, rendez-vous sur la plateforme Auvio de la RTBF. T.W.

Commémoration de la Seconde Guerre mondiale

Un pavé en mémoire du policier Jan De Ridder

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DEURNE – Un ‘pavé de la mémoire’ a été posé en souvenir du policier Jan De Ridder devant son domicile, situé Gallifortlei à Deurne. Les ‘pavés de la mémoire’ symbolisent le souvenir des victimes de la Seconde Guerre mondiale. Jan De Ridder faisait partie de la Résistance et a rejoint les Brigades blanches en 1942. Durant la guerre, l'occupant allemand avait ordonné à la police de Deurne d'arrêter des Juifs. Quelques agents qui n'étaient pas en service, dont Jan De Ridder, se mêlèrent à la foule et aidèrent douze Juifs à s'échapper.

Dans la nuit du 14 au 15 janvier 1944, 42 agents du corps de Deurne furent arrêtés. Après la Libération, seuls huit revinrent en Belgique. Jan De Ridder décéda le 9 mars 1945 dans la caserne Boelcke à Nordhausen, qui dépendait du camp de concentration de Dora-Mittelbau. Vous désirez en savoir plus sur cette période ? Visitez www.kazernedossin.eu.

S.D. (Source : HLN)


AFSIN

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AFFAIRES EN COURT

23 novembre 18

Journée d’étude

Enquêtes incendies Journée thématique Partager des criminels : réflexions autour DJSOC/Terro de l’investigation une collaboration BRUXELLES – Pour la quatrième année réussie numérique JURBISE – Le 8 octobre dernier, l’Association francophone des spécialistes de l’investigation numérique (AFSIN) s’est réunie à l’Académie de police du Hainaut, à Jurbise. Ce rassemblement a donné l’occasion aux participants d’échanger sur la question dans ses aspects scientifiques, techniques, méthodologiques ou encore juridiques. Parmi les membres de l’AFSIN, on retrouve notamment la Computer Crime Unit de la Police Fédérale, la Gendarmerie nationale et la Police nationale française, la Police luxembourgeoise, le Laboratoire sécurité de la Haute Ecole Valaisanne et la Police cantonale du Valais (Suisse), le Laboratoire de recherches et d’analyses techniques et scientifiques du Maroc ou encore le Bureau de coordination de la lutte contre la criminalité du Québec. Lors de l’événement, étaient également présentes la Regional Computer Crime Unit (RCCU) et la Police Judiciaire Fédérale de Mons/Tournai. Rendez-vous l’an prochain pour partager d’autres bonnes pratiques !

T.W. (source : Widad Asri)

consécutive, le service central Terrorisme DGJ/DJSOC/Terro a organisé sa journée thématique annuelle, prévue par le PNS. L’idée de cette journée est de permettre aux participants de se tenir au courant des dernières évolutions, tendances et menaces en matière de radicalisme, d’extrémisme et de terrorisme.

BRUXELLES – Le mardi 20 novembre et le jeudi 22 novembre 2018, la Direction centrale de la police technique et scientifique (DJT) et l’Institut national de criminalistique et de criminologie (INCC) ont organisé ensemble une journée d’étude 'Incendies criminels'. Les possibilités et les limites des enquêtes dans le contexte des incendies criminels ont été expliquées dans une approche plus pratique. Les pompiers, la police, le parquet, les enquêteurs et les différents experts forensiques ont expliqué comment assembler les diverses pièces du puzzle de la manière la plus efficace possible.

Plus de 300 personnes intéressées venant des quatre coins du pays se sont réunies pour suivre les présentations fascinantes des différents intervenants. La journée d'étude a été reconnue comme une formation continue pour les magistrats et les policiers, mais les partenaires externes ont aussi trouvé leur chemin vers le 'Polis Center'. Suite au succès rencontré lors de cette journée d’étude, la DJT et l’INCC vous donnent rendez-vous fin 2019 où ils organiseront une journée d’étude 'Armes et balistique' !

Virginie Devisscher

Quelque 400 participants, principalement des membres des 14 PJF, des dizaines d’Information Officers issus des zones de police et des collaborateurs de plusieurs services partenaires internes et externes ont assisté à ce qui a été, de l’avis de certains participants, une journée de référence en la matière. Le premier commissaire divisionnaire Johan Geentjens, chef de service de DJSOC/ Terro, s’est félicité des exposés présentés par plusieurs services partenaires tels que l’OCAM, le SGRS, le Parquet fédéral, la DG EPI, Interpol et Europol. Le ministre de la Sécurité et de l’Intérieur Jan Jambon a souligné à juste titre le rôle extrêmement important de l’Information Officer dans les différentes plate-formes (TFL/CSIL) ainsi qu’au sein des zones de police.

La dimension internationale de la lutte contre ce phénomène et la nécessité de l’échange international via Europol et Interpol ont une nouvelle fois été mises en exergue de façon détaillée par nos représentants belges au sein de ces organisations.

Luc Vander Talen

Johan Geentjens, chef de service de DJSOC/Terro

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FEEDBACK

La police néerlandaise juge désormais l'usage du taser trop risqué L'utilisation du pistolet à impulsion électrique “risque considérablement d'entraîner des conséquences graves, surtout chez les personnes vulnérables”. Cet avertissement figure dans une note de la police néerlandaise envoyée à quatre équipes qui, depuis 2017, participent à un projet pilote d'utilisation du pistolet à impulsion électrique (taser). Il convient surtout d'éviter de placer le taser à même le corps, en mode “stun” (étourdissement), en

tout cas certainement pas plus de 15 secondes et seulement en cas de risque pour la vie humaine. En Belgique également, le taser suscite la controverse (voir notamment l’Inforevue 01/2012). Certes, des projets pilotes existent, mais les détracteurs du taser pointent les risques accrus de son utilisation sur des personnes cardiaques, par exemple. De Standaard Online, 23-11-2018

Visite du commissaire général à DRI

“La transformation digitale se prépare”

© Lavinia Wouters

Les 11 octobre et 8 novembre derniers, le commissaire général Marc De Mesmaeker a rendu visite à la Direction de l’information policière et des moyens ICT (DRI). Le but de ces visites était de mieux comprendre le travail des collaborateurs de DRI, les projets qui les occupent, les défis qu’ils ont à relever et les dangers qui les menacent. Le commissaire général témoigne : “Durant six séances d’une heure, j’ai écouté avec attention les responsables de DRI : son directeur, ses dix business units managers et ses sept general division managers. Je leur ai consacré tout ce temps pour plusieurs raisons. L’une d’entre elles est le fait que l’ICT et l’inno-

Envie de réagir à un article ou de donner votre avis ? Envoyez nous un courriel à cgc@police.belgium.eu

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vation sont des composantes essentielles de la police du futur et méritent dès lors une attention particulière. Une autre raison est que DRI doit parfois lutter contre vents et marées ; mon souhait était de voir où en est exactement la situation aujourd’hui. C’est pourquoi j’ai demandé à la direction, en dépit de sa charge de travail déjà colossale, de consacrer un peu de temps à son ‘image building’. Plus simplement, j’ai demandé que ses responsables m’expliquent et me montrent ce qu’ils font, pour qui, avec quelle capacité, quels moyens et dans quels délais. Combien de projets sont en cours à DRI ? Quels sont ses clients ? Quelles sont ses capacités de consultance internes et externes ? Quel est l’état d’avancement des différents projets ? Comment la direction envisage-t-elle l’avenir ? Pour quand les produits finis sont-ils attendus ? Toutes ces données sont ensuite transmises à la Commission permanente de la Police Locale, aux collègues de la Police Fédérale et aux deux ministres de tutelle et à leurs cabinets. L’objectif est que chacun puisse ainsi mieux évaluer l’impact sur l’ensemble des projets en cours. Quid si l’on décide d’ajouter encore un projet ou de changer l’ordre des priorités ? Je suis convaincu que ces connaissances et cette compréhension de la situation contribuent au bien-être au travail …”

L’Inforevue est également disponible sur Yammer


TROUVEZ LE VOLEUR DE CÂBLES

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Un voleur de câbles a sévi sur le rail. La Police des Chemins de Fer et le personnel de la SNCB et d'Infrabel unissent leurs efforts pour tenter de mettre la main sur lui. Pourrez-vous les aider à découvrir la case exacte où se cache le voleur ?

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Pour les abonnés Envoyez votre réponse avant le 25 février 2019 par mail à cgc@police.belgium.eu ou par courrier postal à la Police Fédérale CGC Inforevue Avenue de la Couronne, 145 A 1050 Bruxelles.

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