villes sont sensiblement différentes chez nous”, ajoute encore la géographe. Pour Marc Simon, l’objectif de ces recherches est de développer une méthode de travail validée scientifiquement et sur le terrain. “Nous souhaiterions que le profilage géographique devienne un outil mis à disposition des analystes criminels qui seraient formés au préalable à cette matière”, expose-t-il. La méthode a déjà été mise à l’épreuve dans le cadre de plusieurs dossiers réels et notamment dans un cas de disparition et dans une affaire de meurtre.
Dans un dossier de viols en série, le travail de l’unité de géomatique a permis de délimiter des zones probables dans lesquelles pourrait se trouver l’auteur des faits. “Dans le cadre de notre travail, nous émettons toujours plusieurs hypothèses ; l’une d’entre elles coïncidait. Dans cette affaire, nous disposions d’informations temporelles et nous connaissions les lieux des différentes agressions. Ce qui nous intéresse, c’est ce qui sort de l’ordinaire dans les données. Dans le cas présent, ce qui avait essentiellement attiré notre attention, c’est que l’un des faits présentait une localisation particulière. Les viols avaient eu lieu dans le centre de deux villes à proximité de lieux attractifs (cafés, discothèques) alors qu’un autre fait de la série s’était produit dans un village. Nous avons alors cherché à savoir pourquoi ce fait était décalé spatialement. Et c’est là que la chronologie des faits est également très importante car elle peut fournir des informations essentielles”, explique Marie Trotta. Grâce au travail de l’unité de géomatique, des zones de recherche ont pu être déterminées et plusieurs tests ADN ont été réalisés, notamment sur l’auteur de ces agressions sexuelles.
“Ce projet relatif au profilage géographique s’inscrit dans la nécessité, dans ce monde en constante évolution, de développer des collaborations avec le monde académique et cela, afin d’aider la police à mieux combattre la criminalité”, conclut Marc Simon. f
marc simon et marie trotta
inforevue 032013
a n a ly s e c r i m i n e l l e
Le ProFiLAGe GÉoGrAPHique à LA cArte ? Le profilage géographique n’est pas LA solution en soi mais bien un outil complémentaire à intégrer dans la gestion de l’enquête. “Par ailleurs, nous dépendons de l’hypothèse de départ qui nous est donnée”, précise Marie Trotta. Plus les informations fournies seront précises, plus les chances d’aboutir à des résultats seront grandes. Mais de quels éléments faut-il disposer pour faire appel aux méthodes de profilage géographique ? “Il faut nous renseigner une positon relativement exacte des faits. Parfois, on nous communique un nom de rue sans autre précision mais si celle-ci fait deux kilomètres, les résultats peuvent changer. L’idéal est de repérer un point, une position sur une carte. Toute information spatiale est intéressante. Il est également important de connaître les contraintes temporelles, d’indiquer le moment des faits. Enfin, le mode de transport de l’agresseur est également un facteur déterminant. Les contraintes de distance ne sont pas les mêmes si l’on est à pied ou à bord d’un véhicule, par exemple. Enfin, nous demandons à recevoir des données dépersonnalisées”, explique la doctorante. “Nous pourrions très bien imaginer la création d’un formulaire avec différents champs reprenant les informations nécessaires”, suggère à son tour Marc Simon. Dans ce cadre, il serait aussi intéressant de sensibiliser les policiers de terrain en les invitant à décrire avec davantage de précisions les lieux des délits ou des crimes qu’ils seraient amenés à constater.
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