De plus en plus de zones de police et d’entités de la police fédérale installent des défibrillateurs dans les véhicules d’intervention. Les inspecteurs chargés des interventions se voient-ils dès lors confier une nouvelle casquette, celle de secouriste ? Ou cela coule-t-il de source ?
FACE TO FACE
Roland THIÉBAULT ZONE DE POLICE DE BRUXELLES-NORD, DÉTACHÉ À L’ACADÉMIE NATIONALE DE POLICE
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L
a zone de police de BruxellesNord a lancé le projet défibrillateurs en 2011. Nous avons alors reçu 21 appareils, offerts par une asbl partenaire. Ces défibrillateurs analysent eux-mêmes la nécessité de délivrer ou non un choc électrique et le personnel suit les instructions qu’ils délivrent. Nous les avons répartis dans les véhicules d’intervention et les commissariats de notre zone.
A la demande du chef de corps de l’époque, le regretté David Yansenne, les membres du personnel des services d’intervention et d’accueil, soit environ 500 personnes, ont été formés à l’utilisation du défibrillateur, ce qui nous a également permis une remise à niveau en matière de réanimation cardio-respiratoire. Cette initiative a sauvé des vies, en moyenne dans 50 % des cas. Et lorsque cela n’a pas suffi à ramener
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la victime à la vie, il nous est arrivé de recevoir les remerciements de proches, convaincus que nous avions tout tenté lors de notre intervention. A l’initiative du professeur Pierre Mols, chef du service des urgences de l’hôpital Saint-Pierre, nous sommes rapidement passés à une seconde phase, celle de la géolocalisation des véhicules d’intervention équipés d’un défibrillateur, comme cela existe dans d’autres pays européens. Dès l’appel d’urgence arrivé au centre 100, l’opérateur, s’il soupçonne un problème d’origine cardiaque, informe notre dispatching qui peut libérer la voiture la plus proche du lieu des faits et l’envoyer sur place. Ainsi, le temps d’intervention moyen est de deux minutes alors qu’il est de huit minutes pour une ambulance en milieu urbain. Lorsqu’on sait qu’une minute qui passe représente 10 % de chances de survie en moins…
Une question éthique s’est toutefois posée et a interrompu le projet durant trois ans. L’intervention policière ne met-elle pas en danger le secret médical ? Des consultations avec nos différents partenaires, l’Ordre des médecins, le SPF Santé publique ont eu lieu. Le problème a été tranché : dans ce type d’intervention, nos policiers ne font qu’accomplir un geste de secourisme, comme tout citoyen qui pourrait être amené à en poser un face à une personne victime d’un malaise cardiaque. Le projet va donc reprendre et j’en suis heureux. C’est un véritable service à la population. En outre, cela valorise le personnel de la police. Au sein de la zone Bruxelles-Nord, les policiers intervenus ont été faits ‘Chevaliers du cœur’ par notre asbl partenaire et ils sont mis à l’honneur à la réception de nouvel an. Pour eux, croyez-moi, cette forme de reconnaissance est motivante.” f
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