Inforevue 2/2016 Fr

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PROTÉGER NOTRE LIBERTÉ

L’Inforevue est une publication de la Direction de la communication de la police fédérale

Rédacteur en chef: Benoît Dupuis Rédaction: Stefan Debroux, Céline Delande, Astrid Kaisin, Nicolas Mangon, Gwenaëlle Maziers, Karolien Remels, Laziza Sadik, Saskia Van Puyvelde et Wendy Van Zeebroeck Lay-out et photographie: Ruben Accou, Jocelyn Balcaen, Christian Berteaux, Caroline Chaidron, Emmanuelle Glibert, Régis Kalut, Karolien Snyers et Lavinia Wouters Dessins: Didier Castenholz, Emmanuelle Glibert, Benoit Goesaert Traductions: Service de traduction Direction de la communication Imprimerie: Goekint Graphics 059 51 43 43 Editeur responsable: Géraldine Bomal - Avenue de la Couronne 145A - 1050 Bruxelles Relations publiques et abonnement: Laurence Slachmuylders, Avenue de la Couronne 145A - 1050 Bruxelles Tél. 02 642 65 32 - Fax 02 642 60 97 Tarif d’abonnement: Belgique et autres pays: 10 euros Facture justificative: 1,25 euro pour frais d’administration et d’envoi. Un abonnement à Inforevue, le magazine de la police intégrée, donne droit à quatre numéros et est automatiquement prolongé sauf résiliation deux mois avant son échéance. Tous droits réservés. Dit magazine verschijnt ook in het Nederlands. E-mail: Gestion Abonnements: cgc@police.belgium.eu

Rédaction: cgc.product@police.belgium.eu ISSN: 1780-7638

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Il y a quelques jours, j’avais été invité à témoigner devant la Commission d’enquête parlementaire sur les attentats du 22 mars dernier. Au cœur de ce témoignage se trouvaient les victimes, décédées ou blessées, dans leur chair ou dans leur âme, ainsi que leurs proches. Il y avait aussi les services de secours, dont de nombreux policiers, qui ont eu à intervenir dans des conditions extrêmement traumatisantes à Zaventem ou à Maelbeek. Ce témoignage au Parlement a donc été pour moi l’occasion de me remémorer avec quels courage et professionnalisme tous ont agi lors de ces événements dramatiques. Je pense à ceux qui ont été blessés à l’aéroport et à leurs collègues de la police aéronautique. Je pense également à ces deux femmes des SPC, une francophone et une néerlandophone, que j’ai rencontrées à Maelbeek, et qui, ce jour-là, se sont d’abord rendues à Zaventem avant d’être rappelées au métro. Je pense à tant de courageux qui sont descendus sur les scènes de crime pour faire les constatations indispensables dans des conditions apocalyptiques. Il y en a tant d’autres que j’aimerais croiser, avec qui j’aimerais discuter et échanger un jour, spécialement ceux qui se sont occupés de l’accueil des victimes.

En reprenant la voiture après mon passage devant la commission, la radio passait une chanson française posant sur un air de blues une question lancinante : “Il est où le bonheur ? Il est où ?” 1 Après tout cela, beaucoup d’entre nous se sont posé cette question. Car c’est bien à notre bonheur, à notre qualité de vie qu’ont voulu s’attaquer les auteurs des attentats de Paris et de Bruxelles. Faut-il changer notre vie ? Oui ! Sans doute ! Car il y a quelque chose qui ne va pas chez nous. Ce même “chez nous” qui représente le paradis pour des dizaines de milliers de réfugiés qui cherchent justement le bonheur pour ceux qui viendront après eux. Or, au fil des enquêtes, nous avons été forcés de reconnaître que nous n’étions pas confrontés à une plaie qui vient d’ailleurs : il s’agit pour la plupart de gens d’ici ! Depuis l’avènement de Sharia for Belgium, cette question hante notre pays : comment se fait-il qu’au sein de notre société tant de gens, surtout des jeunes, hommes et femmes, ont pu si rapidement embrasser de tels idéaux destructeurs ? Ils font partie de la génération qui aime raconter sa vie sur la toile. Celle du selfie où le Moi avec un grand “M” est au centre et le reste du monde à l’arrière-plan. Une génération où les clefs de la recherche de soi, propre à chaque être humain, ne sont plus nécessairement données par l’entourage, mais souvent via la globalisation virtuelle, cette quatrième dimension où l’information passe plus par le smartphone que par le vieux journal en papier. Autant de métamorphoses que la propagande salafiste de Daesh a bien comprises et qu’elle exploite à merveille en se cachant derrière les barrières que nous avons mises en place pour protéger notre liberté. Or, notre mission à tous, magistrats et policiers, est justement de tout mettre en œuvre pour préserver cette liberté. Car notre bonheur, nous le trouvons justement en protégeant celui des autres. Cette tribune qui m’est offerte est pour moi l’occasion rêvée d’exprimer ma sincère admiration pour tous ceux que j’ai vu travailler sans limites au cours de ces derniers mois pour essayer d’éviter que le pire ne se produise. Il y a peut-être de l’incompréhension, des reproches, du bashing … Il faudra expliquer et s’expliquer, encore et encore … C’est légitime. Mais il ne faut pas oublier non plus tout ce qui a été accompli ! Plusieurs jours après les attentats, en pleine opération, un policier de la DR3 de la PJF de Bruxelles me racontait que sa fille avait demandé à son épouse si papa n’était pas mort dans les attentats. “Oui” - expliquait la petite fille - “je ne l’ai plus vu depuis lors !” Derrière ces mots d’enfants, il y a tous les sacrifices que tant d’entre vous ont fait ces derniers mois, ces dernières semaines … Pour cela, je n’ai qu’un mot par lequel j’aurais d’ailleurs dû commencer : Merci !

Frédéric Van Leeuw Procureur fédéral 1

Christophe Maé, Il est où le bonheur, Warner Music, France.


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