Inforevue 2/2015 Fr

Page 13

inforevue 022015

DÉMANTÈLEMENT D’UN RÉSEAU DE TR AFIQUANTS DE DROGUE

Une collaboration payante contre le crime Début mars, la police judiciaire fédérale de Flandre orientale, en collaboration avec 13 zones de police locale et la police nationale néerlandaise, a démantelé un réseau de trafiquants de drogue belgo-néerlandais. La clé de ce succès ? L’enthousiasme et le zèle des enquêteurs. TEXTE Stefan Debroux

PHOTOGRAPHIE Jos Balcaen

TERMONDE – Les choses ont commencé à bouger en mars 2014. “Un nom – Piet1 – et un numéro de GSM ont alors fait surface. Ce nom apparaissait au demeurant dans plusieurs PV concernant des faits de drogue”, explique Fabrice Vandemalle, qui était en charge de ce dossier à la police judiciaire fédérale (PJF) de Flandre orientale. “Après quelques investigations, nous avons découvert que ce Piet était le pivot de l’affaire. Depuis Roosendaal (Pays-Bas), il approvisionnait en cannabis, à grande échelle et dans d’importantes quantités, des dizaines de clients en Belgique. Il recourait pour ce faire aux services d’un passeur belge. On ne peut pas dire qu’ils nous aient mis des bâtons dans les roues. Ils parlaient ouvertement de leur trafic au téléphone ; il nous suffisait d’écouter pour en prendre toute la mesure. Vu qu’ils étaient de l’autre côté de la frontière, il est probable qu’ils se sentaient intouchables.”

UN SAUF-CONDUIT POUR LES CRIMINELS ?

“Il serait vraiment regrettable que la frontière soit un sauf-conduit pour les criminels. Nous avons saisi à deux mains l’occasion qui nous a

été donnée par nos collègues belges. D’ailleurs, 80 à 90 pour cent du travail d’enquête avait déjà été fait ; nous n’avions plus qu’à en récolter les fruits !”, nous confie Mark Toonen, de l’unité néerlandaise Zeeland WestBrabant. Dans cette affaire, la police et la justice ont décidé de mener deux enquêtes parallèles : les Néerlandais se sont centrés sur Piet, le fournisseur. Les enquêteurs fédéraux belges se sont quant eux occupés du passeur. “Nous avons évité les demandes d’entraide judiciaire pour ne pas perdre de temps. Chacun a dirigé son enquête. Cette flexibilité, cette latitude pour planifier et cette disposition à collaborer, ce sont les beaux côtés de cette enquête.”

UN ENTHOUSIASME CONTAGIEUX

Et puis, il y avait aussi les clients, par ailleurs dealers. “Il aurait été dommage de ne s’intéresser qu’au fournisseur et au passeur, sans même inquiéter tous ces clients au niveau local”, explique Marc Van Coillie, responsable de la section drogue de la PJF Flandre orientale. ”Mais nous ne possédons pas suffisamment de personnel pour nous intéresser de si

près à la base d’un réseau pyramidal comme celui-là. C’est pourquoi nous nous sommes assis autour d’une table avec treize zones de police. Nous leur avons expliqué ce que nous savions déjà, quelles étaient nos attentes et ce qu’elles avaient à gagner. Tout le monde a pris le train en marche !” Et à quoi l’enquête a-t-elle abouti ? Patrick Willocx, coordinateur ‘ops’ de la PJF de Flandre orientale, nous en dit davantage : “Début mars 2015, nous avons organisé une action conjointe avec les services de police locale et la police néerlandaise. Nous avons arrêté une quarantaine de personnes, dont le fournisseur et le passeur ; 23 de ces personnes ont été placées sous mandat d’arrêt. Nous avons également saisi 16 kilos de cannabis, du speed, de l’ecstasy, une somme de 150 000 euros, une multitude de produits de luxe et six voitures. Bref, un beau coup de filet ! L’enquête se poursuit à présent avec l’audition des suspects et l’analyse du patrimoine illégal. Il appartiendra ensuite aux magistrats du parquet d’exploiter au mieux la procédure judiciaire.” f Piet est un nom d’emprunt.

1

>>>

11


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.