sité culturelle et linguistique L’utilisation de la chanson en classe de FLE constitue ici un véritable atout et offre une bonne chance de transformer l’apprentissage en plaisir bioses musicales obtenues que dans les noms qui les désignent : French R’n’B, raï, Raï’n’B, zouk, groove, rap, hip-hop, French reggae, etc. Le zouk illustre la joie de vivre sous le soleil des Antilles françaises. Jocelyne Labylle, Kassav et Dis l’Heure 2 Zouk ont suivi les pas de la Compagnie Créole… Aujourd’hui, certaines chansons marient la langue de Voltaire à l’arabe, à l’afrikaans, au créole, etc. Quelques exemples : Dans sa chanson « L’Orphelin », Willy Denzey chante : « Ma ktoubch chi mara ti khalik tsoufri / Mes frères, gardons l’espoir et la force d’y croire / Ma ktoubch chi mara ti khalik tsoufri / Pour la paix dans le monde l’amour
que l’on sème ». Faudel, dans la chanson « Dis-moi », place côte à côte l’arabe et le français : « Dis-moi, quel espoir a-t-on dans cette vie / Dismoi, qui mêhédir pour comprendre tout ça / Dis-moi, qui mêhédir elfim koulchi / Si tu n’as pas compris que la vie est un défi / Pour nous les jours se ressemblent / La souffrance nous fait survivre ensemble ». Yannick Noah, quant à lui, chante : « Ose (okisé séki now, now, now, now....) / Ose (okisé séki now, now, now, now....) / Redonne à ta vie / Sa vraie valeur ». Enfin, la chanson de Magic System & Mohamed Lamine, « Un Gaou à Oran » mêle le français, l’arabe, une langue africaine et l’anglais. Époustouflant ! Cette réflexion serait incomplète si elle ne tenait pas compte de tous les apports des langages des jeunes, issus des banlieues (verlan, veul, emprunts à des langues étrangères) et que l’on retrouve si souvent dans les chansons de rap ou de hip-hop. Diam’s, la rappeuse lauréate aux Victoires de la Musique, chante : « Laisse-moi kiffer la vibe avec mon
Le français dans le monde // n° 394 // juillet-août 2014
mec. » Sniper, lui, dénonce les problèmes sociaux dans 35 Heures de cette façon : « Taffer, pour ma sécu faut qu’j’cotise / Taffer, pour ta société ou ton biz / Taffer, a chaque fin de mois c’est la crise ». Kool Shen, l’ancien de NTM, critique ainsi les médias : « Parce que d’toute façon maint’nant l’info ils t’la font tous façon fashion / Ouais façon kainri « time for some action » / Ça parle de gang ou bien d’traffic dès qu’entre quatre jeunes / Y a une embrouille / T’as catché l’vice fils ? / Ouais pour qu’leur biz glisse ». Curieux mélange que celui qui fait naître une variété linguistique inattendue qui parfois peut dérouter. Pensons à nous, enseignants de français, éparpillés sur tous les continents, qui bien souvent nous heurtons à cette barrière lexicale. Rassurez-vous, le site www.freelang.com propose un service gratuit d’aide à la traduction, avec des traducteurs bénévoles pour toutes les langues. Visite obligatoire, donc, quand un couplet est dans une langue que nous ne comprenons pas.
La chanson « Paris », interprétée par Marc Lavoine et Souad Massi, jeune chanteuse algérienne, mérite d’être écoutée avec attention. Les premiers accords de ce qui nous semble être une mandoline nous laissent penser qu’il va s’agir d’une mélodie italienne. Puis arrive un tam-tam et nous imaginons alors une chanson arabe. Quelle surprise quand nous écoutons les premières paroles ! Il s’agit, en fait d’une chanson sur Paris qui présente tous les clichés de la capitale (cafés, monuments, Seine, références littéraires, etc.). L’ensemble montre combien la Ville Lumière est devenue le lieu d’un profond métissage culturel où les références européennes côtoient les influences orientales, africaines et tant d’autres. À Michel Boiron, qui défend depuis toujours l’utilisation de la chanson en classe, le mot de la fin : « La chanson est support d’expression écrite et orale, déclencheur d’activités et point de départ d’une ouverture sur le monde… Le plaisir de l’écoute reste une priorité. » n
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