Chienne de vie

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1. Chienne de vie - Evelyne Bruyère Chienne de vie, puisque tu me tiens Chienne de vie, puisque je te tiens Allons faire la fête ensemble Avant que mes deux mains ne tremblent Viens qu’on danse à pleine folie Tant que je te trouve jolie Que l’on trinque encore, et encore A la vie à la mort Que peut-on attendre de toi De l’amour que l’on a pour toi Tu n’es pas digne de foi A chacun tu promets tout mais Même s’ils se traînent à tes genoux Tu les laisses seuls au bord du trou Chienne de vie tu m’fais pas peur Avec tes sautes d’humeur Et ton vieux goût du malheur T’es quand même le bonheur Depuis le temps que je te traîne Dans ma tête, dans mes veines Je m’suis forgé, c’est sûr Un corps à ta mesure

Que puis-je attendre de toi Vraiment, je ne le sais pas Seras-tu digne de foi Tantôt grise, tantôt rose C’est toujours toi qui proposes Mais c’est encore moi qui dispose Chienne vie, quand tu nous tiens On peut dire que tu tiens bien Tes amants, ne te quittent pas C’est toi qui t’en vas Et le jour où tu partiras Me laissant seule ici-bas Je te dirais « au revoir » Et peut-être « à plus tard » Qu’aurais-je reçu de toi Que sera-t-il advenu de moi Vraiment, je ne le sais pas Mais qu’importe après tout Nous le jouerons jusqu’au bout Ce jeu d’amour, ce jeu de fou Chienne de vie, je t’aime bien Sans toi je m’amuserais moins Tes hasards et tes humeurs Me font battre le cœur


2. Ô toi ! Ce soir, nous avions rendez-vous Je nous ai annulé et je pense à vous Aux soupirs, aux baisers que je ne pourrai m’offrir Aux plaisirs délaissés par nos amours martyres Aux faux pas adultères où tu mens et respires le parfum enivrant de l’amant qui m’inspire Ô toi

3. Winta en Arabe Mon cœur se noue quand tu t’en vas Dis-moi quand me reviendras-tu Je ne pleure pas, je sais que tu détestes mes larmes J’attends que vienne le jour où tu me reviendras Je vis Mon existence est insipide Mon âme n’a pas trouvé tes yeux, elle veut pleurer La lumière apparaît lorsque tu me reviens J’attends que vienne le jour où tu me reviendras Dis-moi, est-ce que je te manque quand tu t’en vas ? Mon cœur est-il le seul à pleurer ? Dis-moi, quelle est ta vie quand tu me laisses ? J’attends que vienne le jour où tu me reviendras


4. La guerre On se fait la guerre La paix était trop belle On ouvre le feu Sur la lune de miel Partout dans le monde Coulent des rivières Sombrent des envies On devient amer Face à la guerre La guerre et les Hommes On n’est plus personne La guerre Celle qui mains nues Ô chacun nous désarme ! La guerre

Refrain : Entre les hommes et les femmes Comme ces territoires juste une question de pouvoir ! Et toi, peux-tu ou ne peux-tu pas ?

La guerre au quotidien Fait couler des larmes et fait serrer les poings Mots dans ton regard et désert de silences Lacèrent mon corps des sillons de l’absence

C’est le sang salé dans nos entrailles La guerre Le vent glacé au sommet des montagnes La guerre Tous deux surgissent dans le néant Gercent nos cœurs et blessent nos enfants Ô la guerre ! La guerre j’en veux plus Abolir ce silence Éteindre chaque nuit Toute la violence qui brise nos envies et fait nos vies errances, orphelines de guerre


5. Wajebni en Arabe et en Français Pourquoi toi, pourquoi moi ? Qu’est-ce qu’aujourd’hui ou demain ? Réponds-moi, dis-moi pourquoi

Pourquoi les religions, pourquoi les combats ? En quoi tu crois, en quelle existence ? Réponds-moi, en quoi tu crois ?

Pourquoi es-tu seul ? Croirais-tu ce qu’ils m’ont dit ? Réponds-moi, tu as cru ça

Qu’est-ce qu’être un homme, être une femme ? L’exile a déchiré la mémoire Réponds-moi, quelle est la voie ?

Ils m’ont dit, sois vigilante Tout le monde te regarde Ils m’ont dit méfies-toi Le mensonge apparaît et tu ne le vois pas

Ils m’ont dit, sois vigilante Tout le monde te regarde Ils m’ont dit méfies-toi Le mensonge apparaît, Ne crois-pas


6. Mais dites-moi Comment trouver l’équilibre entre efforts et plaisirs de vivre Comment nourrir un destin vous mes ancêtres n’en dites rien Comment cueillir un mari sans enfreindre l’interdit Comment bousculer la peur, les préjugés sur le malheur Comment bercer nos enfants en évitant de trahir tous nos tourments

Comment taire l’inconscience et les douleurs d’inconséquence Comment vivre l’harmonie dans le silence et dans l’oubli Comment finir le massacre des masses âcres d’humiliés Comment panser les béances d’une plaie d’Humanité Comment cacher l’innocence et comment la préserver contre l'errance

Mais dites-moi, Comment faites-vous Oui dites-moi, Comment tenir debout 7. Elégie En Arabe La patrie est blême Des astres, jaillissent des éclaires, Faisant trembler le ciel Etouffant les étoiles.

Depuis que vous l’avez livrée à son ennemi de jadis, Depuis Vingt ans, les ténèbres l’engloutissent Pour que ses coupoles ne soient plus qu’espace, Où retentissent les complaintes des colombes en détresse.

Gardez dans vos cœurs alors, La souffrance de ceux qui sont morts Pour qu’éclate la clarté. Car, après le supplice, de leurs fronts jaillit la lumière. Et des vôtres, de l’humiliation tracée à non finir. Cela fait Vingt ans

Mais elle restera braises sous ses cendres, Vivante dans tout cœur épris d’amour Lui passant le bonjour Chaque fois qu’il s’en souvient, Et, grâce à elle, trouvant son chemin A travers la brume


8. Bulle Pensée Bulle de savon roule sur mon front Coule sur mes joues et rebondit légèrement Je souffle, elle s’envole Et c’est vers toi qu’elle va

Et c’est toi que je vois Mon corps attend dans ce silence Des sensations, et tout s’étire Même la distance de toi à moi

Pensée soufflée, mots prononcés Portés par un nuage Je me retourne, je me tais

Dedans s’étire et moi en boule Pour retrouver cette chaleur Moments égarés à tout à l’heure

9. Migration C’est avec ma douceur que je veux te parler Que je cherche les mots pour te rencontrer M’approcher de ta peau pour te murmurer Le message que mes yeux ne pourraient dévoiler C’est avec ma couleur, mes saveurs de là-bas De l’autre côté de la mer où l’amour n’est pas roi Où le secret des hommes et de femmes est tenu Sous la main d’une Fatma que je n’ai jamais vue C’est avec toutes mes peurs que je suis arrivée Dans le froid d’un pays dont on m’avait parlé

D’un beau prince musulman on m’avait raconté Que je serais l’épouse, le bijou cajolé C’est avec ces conteurs, cette magie pas d’ici Que j’ai vu mon enfance s’éloigner petit à petit Tous les mets, les odeurs, le safran et le miel S’envolaient en fumée pour monter jusqu’au ciel Entre ici et ailleurs, il y a la mémoire Des parents engourdis dans le passé du terroir Entre amis et amants, il y a une histoire Quelques pas un tournant, le plaisir qui égare


10. Avec le temps En Arabe et en Français Avec le temps, passent les saisons Le vent, les feuilles font des chansons Des saisons de nos vies, un refrain polisson Et l’automne qui sourit de nos joies, nos unissons Avec le temps, nos compagnons Comme des feuilles sur la route, tombent en tourbillon Ce temps que l’on redoute au creux de nos chaumières Tapie au fond du doute, au cœur de mes chimères Je les pleure sous la voûte d’un fond gris, pas si clair Sous le ciel de ce pays, ces parfums d’après la pluie.

Avec le temps, passent les saisons Le vent, les feuilles font des chansons Des saisons de nos vies, un refrain polisson Et l’automne qui sourit de nos joies, nos unissons Nous, nous sommes là, nous passons Comme le temps qui passe, ce qui passe trépasse Pourquoi cette existence est-elle si difficile ? Qui pourra nous expliquer cette vie ? Nous, nous sommes là, il nous faut nous réjouir Il nous faut partager ce qui est lourd et nous entraider pour le meilleur C’est pourquoi nous demandons toujours la joie, la santé et l’amour comme du miel dans la vie Et qui nous contera le paradis, mettra fin à l’obscurité ? Nous, nous sommes là, nous passons Comme le temps qui passe, ce qui passe trépasse


11. Tam-Tam Née sous un signe de feu Perdue dans les airs Histoire d’errer un peu

Prête à défier, l’insolence Sous les regards ahuris Elle rythme la cadence

L’âme comme une flamme danse Dans tous ses états Elle remue comme elle peut

Refrain : Et par-dessus la rivière Sans laisser de trace Le tam – tam chante la prière Qu’aussitôt le vent efface

12. Madame "La Société" Madame « La Société », je m’adresse à vous en toute humilité et je prie debout la félicité, la joie par-dessus tout Dites, quand viendra le jour où l’amour fera loi partout alentour ? (Le jour) où tous les quotidiens parleront de paix nous diront tout va bien ? Madame « La Société », je m’adresse à vous, je m’permets d’insister Et je prie en vous toute l’humanité qui pourra subsister

Et qu’au quotidien, chacun puisse œuvrer sans crainte du lendemain Madame « La Société », je m’adresse à vous, au nom des cœurs blessés, des sans voix, des humiliés, des âmes sans écho et des vies condamnées Pour que vienne le jour où le cœur ouvert, au-delà des détours au-delà des chiffres et des lois, le sens en premier, restaure la dignité Madame à l’amitié, au cœur, à l’Humanité

Pour que vienne le tour d’une égalité aux plus justes contours


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