Catalogue Artistes Orléanais 2011

Page 11

Elle parle de ce qui casse ou se révèle incompatible, de la bagarre qui prélude à l’harmonie. Les choses s’organisent bien si tu les écoutes. Les formes arlequines qui s’imposent finalement sont parfois mobiles, souvent articulées. Radieux, chacun des modules qui les composent puise une part de son énergie dans la manière dont il est relié aux autres, en un point de contact usiné jusqu’à ce qu’il paraisse naturel et qui constitue une allégorie de la rencontre providentielle. Avant, Hélène Lhote était peintre. Elle brouillait l’espace en traçant des trames, ou en isolant et répétant un même motif simple. Ainsi mis en scène, lui aussi induisait un rythme alternatif ; un clignotement. Déjà, il ne s’agissait pas de représenter la tangibilité du monde mais d’en révéler la relativité. Je vis dans un monde d’illusions. Je suis toujours dans le doute de ce qui est. Toujours, cela se traduit en beauté. Diffractées et illuminées, les présences incarnées apparaissent merveilleusement insaisissables. Enchantée, la réalité n’écrase plus. Elle danse.

Hélène Lhote Chemins de traverse par F ran ç oise M onnin

Envie de traverser et de rebondir. Besoin de plus loin, désir d’au-delà. La surface des choses, l’apparence des présences, l’évidence des énoncés ? Hélène Lhote leur préfère l’énigme des profondeurs et le mystère des auras. Depuis 1997, elle expérimente sans cesse, à partir d’objets trouvés ou fabriqués, des techniques d’assemblage. À la maîtrise je préfère l’exploration et prolonger mes découvertes. Chacune permet d’accentuer des percées et de sublimer des reflets.

Percevoir, c’est se souvenir. L’enfance nomade qui a mené l’artiste d’Algérie jusqu’en Iran lui a donné pour toujours le goût oriental des voiles, des moucharabiehs, des facettes ; du secret. Du vertige aussi : expérimentés lors de l’escalade de tours du silence - au sommet desquels les morts étaient offerts en pâture aux oiseaux - ou en contemplant des derviches tourneurs, il est des frissons indélébiles. D’où surgit l’amour de tout ce qui nimbe ou qui bruisse, vibre ou se déroule ; celui des tamis et des enchaînements. Trouver des matières qui donnent l’impression que l’on peut passer au travers… Grilles, résilles ou dentelles, toutes les claires-voies sont mises à contribution afin que le souffle circule librement. Métal, miroir, émail, verre, et plus récemment électricité : tout ce qui diffracte et diffuse la lumière est aussi mis en jeu. Une invitation au bonheur de voir et au questionnement du regard : voilà l’objectif. Et aussi, jouer avec le spectateur. C’est peut-être ma façon de dialoguer. L’élément simple utilisé comme point de départ constitue un ancrage et un tremplin. Métamorphosé en labyrinthe, il propose aux regards et aux esprits des aventures inédites légères, des cheminements poétiques souples. Spirales et arabesques génèrent, de concert, des sensations et des effets de tourbillons, d’ascensions. Il ne s’agit pas de mystique mais d’élan, donné à l’existence.

Juin 2011 ; les propos de l’artiste ont été recueillis dans son atelier à Paris. 104e SALON DES ARTISTES ORLÉANAIS - 10

MEP_AO2011.indd 10

31/08/11 13:41


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.