Mémoire / Dépaysement Dans l'Architecture : À travers l'analyse d'œuvres de René Magritte

Mémoire de n d'études Décembre 2021

DÉPAYSEMENT DANS L'ARCHITECTURE :

à travers l'analyse d'œuvres de René Magritte

Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles - École supérieure des Arts Master en Architecture d'intérieur

Euna Kim

DÉPAYSEMENT DANS L'ARCHITECTURE :

à travers l'analyse d'œuvres de René Magritte

EUNA KIM

Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles - École supérieure des Arts Mémoire en vue de l'obtention du master en arts plastiques, visuels et de l'espace - nalité spécialisée

Architecture d'intérieur

Année académique 2020/2022

Promotrice : Lydia Bollen

Lecteur interne : John-John Vande Walle

Lecteur externe : Benjamin Stoz

Je tiens à remercier ma promotrice Lydia Bollen, pour son aide et conseil lors de la rédaction de ce mémoire. J'adresse mes sincères remerciements à tous les professeurs de l'atelier Architecture d'intérieur et les autres professeurs de l'ARBA. Je désire aussi remercier tous mes proches qui ont contribué au succès de mon mémoire et qui m’ont encouragé.

Enfin, Je remercie ma famille en Corée qui manque toujours, pour leur soutien in ni et leurs encouragements.

PROLOGUE

Séoul en Corée du Sud où j'ai vécu, elle était une ville à la fois belle et bizarre. Elle garde l'apparence où le passé et le présent se mélangent de manière dynamique. La ville contient à cru le processus de démocratisation que la Corée a traversé, et des fragments du résultat d'une expansion économique rapide y sont mélangés avec des traces du passé en peu partout, et cela en arrive à créer des paysages uniques.

Une fois, quand je suis montée les escaliers dans un bâtiment régulier et moderne en béton et regardé par la fenêtre sur le côté, un paysage qui était inattendu et surréaliste a apparu (ill. 1) Les bâtiments tout à fait différents de type traditionnel et moderne existaient en même temps. Le paysage que le toit de tuile ancien et pâli se mêle aux bruits de voiture et aux lumières de la ville, m'a fait sentir l'écart entre les deux autres époques, et cela était paradoxale et libre. C'est un ensemble unique que les deux produits du temps disparates forment un point de contact fortuit.

Je m’intéressais toujours aux "choses étranges et belles", comme la figure de Séoul qui est contradictoire La combinaison des hétérogènes donne au spectateur un sentiment de dépaysement ou de malaise, mais en même temps une curiosité et une nouvelle stimulation. Cette réaction ambivalente vient de l'inattendu. Le caractère insolite crée une fissure dans le contexte existant et évoque la recognition. J'ai ainsi remarqué le phénomène dans lequel on se sent familier mais aussi insolite dans un espace.

Voici des photos qui montre bien ce caractère insolite. La scène où le canapé abandonné au bord de la rue au soleil est surréaliste. Le canapé, qui est généralement placé à l'espace intérieur et privé tel qu'un salon, se mêle aux mouvements des passants juste à côté de la route (ill. 2). Et le champ d'herbe et le mur en papier peint avec un cadre sont chacun très familiers, mais leur combinaison inattendue crée une scène jamais vu auparavant (ill. 3). Une curiosité surgit comme s'il doit y avoir une histoire cachée. Il paraît que tels paysages inconnus stimulent les cellules comme si on utilise des muscles inutilisés. Alors, qu'est-ce qui les rend attrayants ?

On peut voir un point commun entre les trois photos précédentes. C'est la combinaison d'éléments contradictoire tels que passé/moderne (ill. 1), publique/privé (ill. 2), et intérieur/extérieur (ill. 3) Et cela montre telles que l'incohérence, l'ambiguïté, et l'imprévisibilité.

En contemplant ce phénomène, je pouvais se sentir une insolite similaire dans les œuvres de René Magritte. Magritte montre son propre monde artistique avec des images familières et inconnues en évoquant la curiosité et des émotions étranges J'ai donc décidé de trouver une clé à travers les œuvres de Magritte pour répondre à ma curiosité, et cela m'a motivé pour découvrir le principe de ce phénomène dans le présent mémoire

02 Canapé trottoir suite, Franck, 2010

03 Ghost town, Kyle Thompson, 2017

INTRODUCTION

Pendant que l'ensemble des activités dans notre vie sont transmise de hors ligne à en ligne en raison de la distanciation sociale pendant un an en 2020, cela m'a donné à réfléchir au sens de l'espace physique. Quel est le rôle qui ne peut pas être remplacé par en ligne de l'espace physique ?

Dans un espace physiquement présent, une expérience multidimensionnelle au-delà de la vue se produit Dans un endroit, nous connectons avec l'espace en nous mélangeant avec ce que nous percevons en tout notre corps, tels qu’une odeur, une température de l'air, un toucher du sol, des bruits de fond et même les expériences et souvenirs personnels. À cette fin, les recherches sur l'aspect émotionnel de l'humain tels que l'émotion, la cognition, la psychologie et l'ambiance est devenue un sujet brûlant en arrivant aux temps modernes, non seulement dans le domaine d'architecture mais aussi tout au long du discours esthétique global, de sorte que apparaît l'expansion des domaines académiques plus subdivisées telles que le design affectif, la psychologie architecturale et la neuroarchitecture et etc

Yi-Fu Tuan, dans son livre "Topophilia", déclare que les humains communiquent émotionnellement avec l'espace à travers l'expérience. Il présente le concept de "topophilia" en combinant les mots grecs "topos", qui signifie lieu ou terre, et "philia", qui signifie amitié ou amour. Quant à la façon d'expérience spatiale, il insiste que, plutôt que de plaisir esthétique à travers l'appréciation du paysage, lors que les souvenirs liés aux personnes s'y fondent, l'expérience de là devient un souvenir, et de ce fait, cela conduit à des vibrations durables 1 Considérant que l'architecture d'intérieur est un domaine traitant

1 Yi-Fu Tuan, Topophilia (Séoul : Ecolivres, 2011), p.149-150 - Traduction personnelle

des espaces avec lesquels on entre réellement en contact, elle a un rôle significatif dans l'architecture d'un point de vue d'élévation de la vie humaine, car la façon de l'expérimenter est plus tactile et plus profonde.

Cependant, nous vivons à l'ère des images. Nous établissons des liens à travers des images dans un monde de spectacle médiatisé par la technologie. L'espace, lui aussi, il a tendance à être rapidement consommé en image et à se limiter à une expérience superficielle. Les réseaux sociaux facilitent la subordination de l'architecture comme moyen de marketing. La séquence spatiale délicatement conçue et la profondeur de l'espace qu'on peut savourer dans le propre contexte unique disparaissent, et elles se volatilisent comme un combustible pour postuler au feed d'Instagram qui ne prend que quelques minutes. Cette quête de photogénicité risque de faire de nous des spectateurs simples face aux images plutôt que des sujets d'expérience spatiale.

L'architecte et théoricien Juhani Pallasmaa critique la tendance actuelle d'utiliser subtilement les images visuelles, en disant : "le monde partout semble devenir Kitsch" Il souligne que pour surmonter cela, nous avons besoin d'une expérience renforcée sur nous-mêmes.2 Le champ de l'expérience sensorielle sur lequel il met l'accent est un champ essentiel de l'expérience spatiale qui fait non seulement référence aux sens simples du corps, mais qui clarifie également la pensée émotionnelle à travers les expériences comportementales, émotions, souvenirs et rêves incarnés dans le corps.

Enfin, comme Tuan et Pallasmaa l'ont dit précédemment, l'espace moderne à l'ère de l'image, consommé superficiellement, nécessite l'expérience émotionnellement renforcées par des souvenirs liés à nous-mêmes. Donc, on peut chercher le rôle de l'espace physique en valorisant l'aspect artistique, à travers l'espace qui nous fait réfléchir et jete un nouveau point de vue.

Afin de rechercher l'espace qui donne à penser dans une perspective globale, le présent mémoire enquête concrètement sur la technique du dépaysement chez Magritte et sa pertinence comme principe d'expression de l'espace. Le dépaysement, une des méthodes d'expression de la peinture surréaliste, c'est de créer une image peu familière en détachant les objets familiers de son premier usage, fonction, contexte dans la réalité, et d'après cela, de provoquer le changement de la perception. Il vise à renforcer le rôle de côté artistique de l'espace physique en stimulant une expérience intellectuelle, et finalement, à récupérer une relation profonde entre l'homme et l'espace

Le champ d'études s'adresse notamment à le dépaysement dans l'œuvre de René Magritte La raison en est que j'ai remarqué la quotidienneté qui sous-tend chez Magritte. Contrairement au groupe majoritaire de surréaliste qui traitait des rêves et de l'inconscient, Magritte a recherché le sens d'objets ordinaires et a créé son propre monde surréel original. Le quotidien contient les histoires dans notre vie et ont potentiel à évoquer de nombreux

2 Juhani Pallasmaa, EL Croquis : Steven Holl 1998-2002, n° 108, 2002, p.12

sentiments La quotidienneté est ainsi un facteur pertinent pour l'expérience essentielle spatiale avec l'émotion selon Pallasmaa.

Ce travail est réalisé à travers la réflexion théorique, l'analyse de cas et de considération multidimensionnelle. Le cadre théorique de dépaysement a été centré sur les peintures surréalistes, dans lesquelles son apparition et son développement étaient remarquables. Les caractéristiques de dépaysement ont été examinées centrées sur l'œuvre de René Magritte. Il s'agit d'analyser les caractéristiques du dépaysement dans l'espace moderne dans les années 2000, et d'en suggérer le principe architectural. De plus, il s'est développé avec la compréhension d'un point de vue psychologique sur la façon dont ces espaces affectent émotionnellement et forment des relations avec nous.

CONSIDÉRATIONS THÉORIQUES

DÉFINITION DE DÉPAYSEMENT

Nous revenons à mon expérience personnelle, dans le prologue, d'un "sentiment familier et étrange", mais comment peut-on définir ce phénomène ? Il peut s'adresser au mot "dépaysement" qui signifie un changement d'environnement ou d'habitudes, et ainsi que les bonnes ou mauvaises émotions par ce changement. Une série de paysages mentionnées dans le prologue est le paysage où est "offert du sensationnel sous la forme d'expériences étrangères à la vie quotidienne"3. Cependant, le principe du dépaysement est encore vague et abstrait, et il est difficile de clarifier le critère pour lequel le dépaysement se produit, car le paysage est compris à travers de nombreuses expériences subjectives et une appréciation différente de chacun Quels sont les prérequis pour que le dépaysement se produit ?

Les traces de l'exploration du dépaysement se montrent dans les peintures surréalistes. Les surréalistes ont tenté de libérer l'esprit du contrôle de la raison et d'explorer la pensée elle-même sans porter de jugements moraux et esthétiques. Tout d'abord, nous pouvons déduire le principe du dépaysement dans les œuvres qui ont influé sur le surréalisme avant de sa formation.

3 Jauss Hans Robert, Pour une esthétique de la réception, (Paris : Gallimard, 1990), p. 58.

"

[…] beau comme la rétractilité des serres des oiseaux rapaces ; ou encore, comme l'incertitude des mouvements musculaires dans les plaies des parties molles de la région cervicale postérieure ; [...] et surtout, comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie ! "

(LAUTRÉAMONT, 1869)4

Ce passage célèbre du poète français Isidore Ducasse (1846-1870), connu sous le nom de Comte de Lautréamont démontre symboliquement le concept de dépaysement. La scène où un objet habituel tel qu'une machine à coudre et un parapluie rencontre de manière inattendue sur une table de dissection, brouille notre perception habituelle. Nous pouvons comprendre par ce passage, que l'expérience du dépaysement s'établit à partir de la contradiction, de la manière inattendue, sur tout entre les objets familiers.

" Le propre de l'image forte est d'être issue du rapprochement spontané de deux réalités très distantes dont l'esprit seul a saisi les rapports. "

(REVERDY, 1926) 5

Le principe du dépaysement se retrouve également dans la phrase du poète surréaliste Pierre Reverdy (1889-1960). Selon Reverdy, plus les deux images s'éloignent dans la réalité, plus l'impact visuel est fort. Au moment où l'objet de la réalité se libère de sa fonction et de son sens pratiques, il acquiert un sens poétique. L'image poétique a un sens comme une "image profonde" 6 qui stimule la pensée au-delà de l'appréciation superficielle par la vue.

Ainsi, le dépaysement, établi à partir de la contradiction, il suscite un sentiment inhabituel et étrange en plaçant des objets dans un endroit incohérent ou en les combinant de manière inattendue

4 Lautréamont, Les chants de Maldoror (Paris : Genonceaux, 1890), p. 335 ; Bien qu'obscur au moment de sa première publication en 1869, plus tard au début du XXe siècle, il fut redécouvert par des artistes comme Andrée Breton au cœur du Paris Dada et eut une grande influence sur le surréalisme. En raison de cette influence, les parapluies apparaissent souvent comme le sujet des œuvres pour les peintres surréalistes.

5 Pierre Reverdy, Le Gant de Crin (Paris : Librairie Plon, 1926), p.34, cité dans Pierre Caminade, Image et Métaphore (Paris : Bordas, 1970), p.14.

6 Jong-Geon Lee, Image Profond (Séoul : Kungree, 2017) - Traduction personnelle ; L'auteur a utilisé le terme "Image profonde" qui ravive notre fond intérieur, stimule nos pensées et nous permets de voir le monde qui nous entoure sous un autre point de vue. Il dit notre époque dominée par les images et que son défi essentiel de l'art est de produire des images profondes.

L'illustration faisant référence au passage du "beau comme " dans Les Chants de Maldoror, Man Ray, 1933

SURRÉALISME ET DÉPAYSEMENT

Nous allons suivre le mouvement du surréalisme, dont le développement du dépaysement était remarquable pour l'approfondissement de son principe

L'affaiblissement du rationalisme européen avec la première Guerre mondiale en 1914, a affecté définitivement la naissance du dadaïsme. Les dadaïstes croyaient que la civilisation scientifique et les valeurs bourgeoises basée sur le rationalisme ont eu si terribles résultats, et s'exprimaient à travers des activités anti-raison et anti-art. L'esprit négatif de Dada a ébranlé les valeurs qui constituaient la vieille structure de la société, et insufflé la liberté dans la conscience des artistes Cela a sous-tendu l'émergence du surréalisme.

D'autre part, la psychanalyse freudienne a eu une grande influence sur les surréalistes. La réalisation du désir inconscient d'être humain dans le rêve par laquelle on suit la piste mentale constitue la base de la psychanalyse de Freud. Parallèlement à la volonté de réaliser la puissance du monde du rêve, les contradictions et les confrontations existaient dans la réalité. Le mouvement pour la proposition du nouveau monde est ainsi arrivé à montrer ses premiers signes

Réunis à Paris après la guerre, les dadaïstes forment un mouvement surréaliste pour surmonter le mouvement de destruction des formes artistiques de dadaïsme. Le surréalisme affermissait par les deux Manifeste du surréalisme en 1924 et 1929 et de nombreux mouvements artistiques. André Breton (1896-1966), initiateur du mouvement surréaliste, définit ainsi le surréalisme

" Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. "

(BRETON, 1988) 7

Chez eux, le surréalisme était un monde de pensée pure qui se révèle sans être dominé par la raison et la logique. Son intention était de transformer la vie et le monde pas seulement l'art par des moyens tels que l'humour et la découverte de merveille poétique caché dans la vie quotidienne, la dictée de la pensée, l'imitation de la folie, l'exposition d'objets accidentels et la comparaison de deux images distantes.

7 André Breton, Œuvres complètes I (Paris : Gallimard, 1988), p. 328.

Pendant ce temps, la production industrielle s'est développée considérablement dans les années 1920 et les objets ont commencé à être standardisés et produits industriellement. Les artistes étaient confrontés à une crise de la représentation, considérée comme l'essence de la peinture depuis la Renaissance. Dans ce contexte, le ready-made, émergé par Marcel Duchamp du mouvement Dada, a bouleversé la limite de l’art et placé de manière provocante l’objet au centre du discours sur l’art contemporain. Plus tard, les surréalistes ont également tenté de récupérer la puissance réduite de l'objet.

André Breton, dans le texte "La Crise de l'Objet" 8 affirme une forme de "révolution totale de l'objet" à travers une approche surréaliste. Il écrit : "Il importe à tout prix de fortifier les moyens de défense qui peuvent être opposés à l'envahissement du monde sensible par les choses dont, plutôt par habitude que par nécessité se servent les hommes. Ici comme ailleurs traquer la bête folle de l'usage." "Contrairement aux fonctionnalistes qui considèrent que la signification d'un objet en est précisément la fonction, les surréalistes voient en l'objet une possibilité de rêve et d'accès à l'in conscient, l'objet n'est pas défini par sa fonction mais plutôt par son rapport au monde sensible et la façon dont il est expérimenté."9

Par exemple, Breton fait le récit d'une promenade à Paris en 1934 avec Alberto Giacometti (1901-1966) au marché aux puces de Saint-Ouen où il fréquentait. Là, Giacometti a acheté un mystérieux masque de fer, et Breton, lui, a choisi une cuiller de bois, le bizarre avec un petit soulier sculpté au bout du manche (ill. 5). Inspiré du masque, Giacometti achève la tête de la statue, son ouvrage resté inachevé. Breton, d'autre part, a rappelé les chaussures de Cendrillon de la cuillère et s'est émerveillé de sa forme.

"

À quelques boutiques de là, un choix presque aussi électif se porta pour moi sur une grande cuiller en bois, d'exécution paysanne, mais assez belle, me sembla-t-il, assez hardie de forme, dont le manche, lorsqu'elle reposait sur sa partie convexe, s'élevait de la hauteur d'un petit soulier faisant corps avec elle. [...]

Sous mes yeux il était clair qu'elle changeait. De profil, à une certaine hauteur, le petit soulier de bois issu de son manche - la courbure de ce dernier aidant - prenait figure de talon et le tout présentait la silhouette d'une pantoufle à la pointe relevée comme celle des danseuses. Cendrillon revenait bien du bal ! "

(BRETON, 1971)10

Man Ray, ajoute des clous à un fer à repasser (ill. 6) Il voulait offrir un fer à repasser à son ami Pendant il erre dans les rues avec le compositeur Erik Satie, Man Ray est entré

8 André Breton, « La crise de l'objet », dans Le Surréalisme et La Peinture (Paris : Gallimard, 1965), p.353-360.

9 Camille de Jerphanion, « La crise de l'objet », 2018, p.23

10 André Breton, « L'Amour Fou », dans Œuvres complètes II (Paris : Gallimard, 1992), p. 35, 36, 38

dans un magasin d'outils, et sur le coup, il a collé des clous au bas du fer Ainsi, l'objet perd sa fonction originelle et gagne des possibilités imaginaires infinies.

Cela fut en gros la manière dont les surréalistes ont pensé. Alors que les précédents peintres fauvistes ou cubistes trouvaient simplement 'l'inspiration' du marché aux puces, les dadas et les surréalistes en ont découvert 'l'œuvre' elle-même, et là-bas, ce leur était pareil à un trésor de nouvelles œuvres.

Autrement dit, l'objet et son usage défini évalué par les fonctionnalistes mouvement moderniste est refusé chez eux Les surréalistes ont poursuivi la beauté qui vient de la découverte des coïncidences inattendues enfouies dans la réalité en minimisant l'intervention de la conscience. Pour ce faire, ils ont utilisé des stratégies telles que le 'hasard objectif'11 , la juxtaposition des éléments contradictoires, le collage, le doublage et etc. Telle conversion des objets fait ses limites dépasser et transforme la réalité en merveilleux et le monde plein de possibilités

11 Une des activités de recherche de Breton sur l'inconscience, il s'agit d'une coïncidence troublante où le désir subjectif et latent de l'humain rencontre l'événement d'une réalité objective par hasard Le hasard objectif démontre en général par 'object trouvé' chez surréalistes et fut la notion centrale pour le surréalisme dès le début des années 1930.

Dans la peinture surréaliste il y a eu les deux courants principaux. Le premier courant utilise l'automatisme pour exprimer les pensées venantes rapidement sans contrôle conscient dans l'inconscience ou le demi-sommeil. Tel surréalisme abstrait est représenté par Juan Miro et André Masson. Plus tard, ceux qui pensaient que les artistes devaient être des agents de l'action créatrice sont devenus sceptiques quant à leur rôle de simples médiateurs de l'inconscient.

Puis un groupe ayant apparu a été inspiré par des images merveilleuses et inconnues. De même que le vers de Lautréamont "Rencontre fortuite d'une machine à coudre et d'un parapluie sur une table d'opération", ils aimaient ranger des objets du quotidien dans un endroit complètement étrange et pensaient que la beauté devait surprendre.

Une telle curiosité pour les objets réels a commencé à apparaître en premières peintures surréalistes par des œuvres de Giorgio de Chirico (1888-1987). Nous allons comparer "Soleils furieux (1925)" de Masson (ill. 7) avec le "Chant d'amour (1914)" de De Chirico (ill. 8). La poursuite du surréalisme était commune à deux et pourtant la méthode d'expression était nettement différente.

Les œuvres surréalistes abstraites telles que celle de Masson, influencé par la psychologie moderne, consistent en des images abstraites et des impulsions mêlées à des pensées au niveau non contraint ou presque inconscient. En revanche, dans "Chant d'amour", différents objets hétérogènes sont mis dans une proportion tout à fait irréelle. Il était un typique de ses œuvres métaphysiques qui montre la combinaison mystérieuse des objets réels.

"Il se concentrait moins sur ses propres pensées et sa psychologie que sur la révélation de l’étrangeté du monde. Dans des manuscrits de cette période, il décrivit l’expérience de voir le monde comme 'un immense musée de curiosité, plein de jouets étranges', de saisir l’énigme de choses apparemment insignifiantes."12

Ce nouveau cours hérité de De Chirico, a essayé ainsi d'exprimer le monde au-delà de la conscience en montrant une image illogique d'objets réels décrits en forme concrète et s'est imposés comme une autre ligne représentant le surréalisme. Le dépaysement était leur stratégie d'expression, concrétisé par des peintres tels que Paul Delvaux, Salvador Dalí et René Magritte.

12 Neil Collins, (s. d.), « Chant d’amour, Giorgio de Chirico: Analyse », site du Gallerix

07 Soleils furieux, André Masson, 1925

08 Chant d'amour, Giorgio de Chirico, 1914

DÉPAYSEMENT ET MAGRITTE

Magritte avait une idée différente du courant majoritaire basé sur Breton qui exprime l'inconscience et le rêve. Il a jugé l'état inconscient autoproclamé de l'automatisme non fiable, et le résultat final de ce processus mécanique et spirituel lui a semblé peu naturel Lui, impressionné à fond par De Chirico, a créé sa propre image originale qui part d'un dépaysement basé sur une reproduction détaillée. Le dépaysement fut le mécanisme principal pour libérer l'effet poétique dans le quotidien chez Magritte

MYSTÈRE

" Le mystère - sans lequel aucun monde ni aucune pensée ne seraient possibles - ne correspond à aucune doctrine et il n'est pas une possibilité. [...] Quel que soit son caractère manifeste, toute chose est mystérieuse : ce qui apparaît et ce qui est caché. La connaissance et l'ignorance, la vie et la mort, le jour et la nuit. "

(MAGRITTE, 1962)13

13 René Magritte, « La voix du mystère », dans Écrits Complets (Paris : Flammarion, 1979), p. 548

Dans la conception artistique personnelle de Magritte, le mystère est un élément important, qui fut effectivement le but et la source de son activité artistique. Il dit que le but de toutes ses œuvres est de révéler et d'évoquer le mystère. Le mystère lui est la surréalité, c'est-à-dire la communication avec le monde véritable derrière la réalité conventionnelle et monotone

" Toute chose ne saurait exister sans son mystère. C'est d'ailleurs le propre de l'esprit que de savoir qu'il y a le mystère. [...] Une pomme, par exemple, fait poser des questions. [...] Dans un tableau récent, j'ai montré une pomme devant le visage d'un personnage. [...] Du moins, elle lui cache le visage en partie. Eh bien là, il y a donc le visage apparent, la pomme qui cache le visage caché, le visage du personnage. C'est une chose qui a lieu sans cesse. Chaque chose que nous voyons en cache une autre, nous désirons toujours voir ce qui est caché par ce que nous voyons. Il y a un intérêt pour ce qui est caché et que le visible ne nous montre pas. Cet intérêt peut prendre la forme d'un sentiment assez intense, une sorte de combat dirais-je, entre le visible caché et le visible apparent. "

(MAGRITTE, 1958)14

Nous pouvons connaître le mystère à travers "Le fils de l'homme (1964)". (ill. 9) Les yeux du personnage sont cachés par la pomme, stimulant la curiosité de les voir. Il existe toujours un mystère dans les cachées et invisibles, et des choses invisibles parfois nous permettent de voir plus beaucoup de choses. Le mystère est le monde de possibilités infinies qui existe toujours dans nos esprits invisiblement outre la théorie générale et le sens commun. L'œuvre de Magritte stimulant le mystère est surréelle en ce qu'elle traite le champ d'imagination au-delà de la toile de dimension plan. Par conséquent, la libre pensée ainsi que le mystère forment la racine de sa peinture.

Ce mystère est affaire de connaître et de ne pas connaître, soit de connaissance. Par exemple, le langage courant, il n'est pas mystérieux parce que tout est clair. D'autre part, le verbe poétique est allusif, métaphorique, implicite et incompréhensible instantanément. De ce fait il donne une sensation mystérieuse par la défamiliarisation15

Tel 'mystère' a un sens différent de 'avoir l'air bien'. Ce qui est beau appartient au jugement esthétique dans le champ sensitif. Par contre, la présence du mystère appartient au jugement cognitif, de la connaissance et de l'ignorance. En d'autres termes, un objet est plus mystérieux et plus profond quand on ne le connait pas grand chose. Inversement, quelque chose non remarquable particulière au niveau sensoriel ou perceptif manque de profondeur16

14 I bid., p. 471-474.

15 Viktor Shklovsky, le théoricien littéraire russe, a utilisé la première fois en 1917 le terme 'défamiliarisation'. Il signifie les caractéristiques du langage poétique distinct de celles de langage quotidien pour perturber le mode de perception habituelle

16 Jong-Geon Lee, ouvr. cité. - Traduction personnelle

Le mystère ainsi nous invite à rappeler à ce que le visible n'est pas le tout. Voir est un acte, au cours duquel il peut arriver qu'un sujet échappe à l'attention. Pour Magritte, une chose qui est présente peut être invisible, cachée par ce qu'elle montre. Magritte envahit la discontinuité de notre vision et la prédisposition à ne voir que ce qu'on veut voir. L'intelligence de l'exactitude n'empêche pas le plaisir de l'inexactitude 17

PARADOXE

Pour montrer le mystère, Magritte utilise le paradoxe. Sa conception de base est de mettre le paradoxe dans la relation entre les généraux et quotidiens par ce fait que les idées habituelles s'émergent en éléments étranges et qu'on fait l'expérience du processus de correction de la pensée

L'œuvre "La trahison des images (1929)" démontre l'essence de son paradoxe Contradictoirement, il place en même temps une image de pipe et la phrase "Ceci n'est pas une pipe". Cela pose la question sur le lien entre langage et signification18 , les démarches de pensée et la relation entre image et être réel

À ce moment, nous expérimentons la cognition à la fois visuelle et mentale. Selon E. H. Gombrich, on ne s'appuie pas uniquement sur nos yeux pour percevoir les objets. Lorsque l'humain qui pense conceptuellement perçoivent des choses, on applique le schéma de connaissance déjà acquis. La perception visuelle elle-même se déroule déjà en passant par le filtre de la pensée conceptuelle 19 La pensée conceptuelle ici désigne l'idée habituel ou la pensée conventionnelle. Autrement dit, la vision se succède par le processus de compréhension et de jugement, entre les deux les idées sont intervenues.

Quand on regarde l'œuvre de Magritte, on perçoit d'abord les objets du quotidien à travers la vue. Puis on reconnaît dans la tête les idées qu'il avait précédemment apprises de l'objet. À cet instant, des idées non liées se heurtent à cause du piège paradoxal de Magritte. En conséquence, nous ressentons l'émotion inconnue, en même temps, cela empêche le processus de cognition familière et de porter des jugements préconçus 20

Ainsi, Magritte détruit les stéréotypes par les paradoxes et nous fait saisir l'essence incomprise visuellement. En ce sens, ses peintures énigmatiques sont largement différentes

17 Suzi Gablik, « René magritte, » Artforum, vol. 4, n° 4, 1965, p.30

18 Magritte intéressait au sujet similaire de Ludwig Wittgenstien (1889-1951), le philosophe anglais, dont la philosophie du langage est que le langage n'a pas de sens fixé ni de frontières claires et qu'il s'agit d'une sorte du jeu qui varie selon la situation et le contexte et qui se révèle en l'usage et la pratique

19 Jung-Kwon Chin, Aesthetics Essay (Séoul : Cine21 books, 2013) - Traduction personnelle

20 Pour David Hume (1711-1776), les idées sont connectées de telle manière qu'elles évoquent d'autres idées par un certain lien d'union Il présente les " trois principes de connexion entre les idées, à savoir la relation de ressemblance, la relation de contiguïté dans le temps et dans l'espace et la relation de cause à effet". (David Hume, « De l'association des idées », dans Enquête sur l'entendement humain, 1748).

du surréalisme majoritaire, soit tout à fait intellectuelles. L'inspiration qu'il vise est également loin d'être belle, fantastique ou magique. Les éléments fantastiques de ses œuvres apparaissent à la façon contenue et modérée, en comportant une méthode de se faire une idée qui pioche les latents dans la réalité secrètement en même temps finement.

OBJET DÉPAYSANT

Pour Magritte, l'art de peinture est l'art d'exprimer des pensées. Sa particularité se distingue des intérêts esthétiques et tactiles des autres artistes. Magritte affirme qu'il ne peint pas Il dit qu'il place dans ses tableaux des objets que nous ne retrouverons jamais. Il était important pour lui de traiter des objets familiers et de changer l'ordre de leurs relations. Le mystère Magritte détaille les différents procédés de dépaysement comme suit

“ Il convenait que le choix des objets à dépayser fut porté sur des objets très familiers afin de donner au dépaysement son maximum d'efficacité. [...] La création d’objets nouveaux ; la transformation d’objets connus ; le changement de matière pour certains objets ; un ciel de bois, par exemple ; l’emploi de mots associés aux images ; la fausse dénomination d’une image ; la mise en œuvre d’idées données par des amis ; la représentation de certaines visions du demi- sommeil ; furent en gros les moyens d’obliger les objets à devenir enfin sensationnels et à établir un contact profond entre la conscience et le monde extérieur ”

(MAGRITTE, 1938)21

Il existe plusieurs analyses devancées sur le mode d'expression chez Magritte Suzi Gablik classe les situations de 'crise de l'objet' chez Magritte comme suit 22

21 René Magritte, « La Ligne de vie », ouvr. cité , p. 103-113.

22 Suzi Gablik, Magritte (London : Thames & Hudson, 1976), p.124-125

[Tableau 1] Classification des caractéristiques de dépaysement selon Suzi Gablik

(1) Isolement

Un objet, une fois situé hors du champ de son propre pouvoir et déplacé vers un champ paradoxalement énergétique, sera libéré de son rôle attendu.

(3)

Deux objets familiers sont combinés pour en produire un troisième, "déconcertant".

(2) Modification

Certains aspects de l'objet sont altérés. Une propriété qui n'est normalement pas associée à un objet particulier est introduite ou, à l'inverse, une propriété normalement associée à un objet est retirée.

(4) Changement d'échelle, de position ou de substance qui crée une discordance

(5)

(6)

(7)

L'utilisation

(8)

L'utilisation d'images s'interpénétrant où deux situations sont observées d'un même point de vue, modifie l'expérience spatio-temporelle.

10 Un peu de l'âme des bandits, 1960

11 Découverte, 1927

12 L'explication, 1952

Hybridation

13 La chambre d'écoute, 1958

14 La bataille de l'argonne, 1959

Provocation de rencontres accidentelles

15 Le domaine d'Arnheim, 1938

Double image comme forme de jeu de mots visuel

16 Les vacances de Hegel, 1958

Paradoxe

d'antithèses intellectuelles.

17 Le plagiat, 1960

Bipolarité conceptuelle

Sarane Alexandrian, il s'est fondé sur les principes suivants 23

[Tableau 2] Classification des caractéristiques de dépaysement selon Sarane Alexandrian

Caractéristique Contenu

Agrandissement d'un détail Une immense pomme ou rose remplissant tout l'espace d'une pièce

Association des complémentaires Un oiseau-feuille ou un arbre-feuille, un aigle des montagnes, etc.

Animation de l'inanimé Une chaussure avec des orteils, une robe avec des seins

Ouverture mystérieuse Une porte qui s'ouvre sur une vue inattendue

Transformation matérielle des créatures Une personne en papier découpé ou un oiseau de pierre volant au-dessus des rochers du bord de mer

Surprise anatomique Une main dont le poignet est un visage de femme

Selon l'analyse des savants qui ont étudié Magritte, on peut résumer que la combinaison d'objets est provoquée par une contradiction, et le paradoxe exprimé ici constitue le message. Cependant, cela ne peut pas être considéré comme un principe absolu et doit être compris comme une analyse de la façon de composer une image.

23 Sarane Alexandrian, Surrealist Art (New York : Thames & Hudson, 1985), p.120

ÉTUDE DE CAS

ANALYSE DE CAS

Quand on développe le principe du dépaysement dans l'espace, comment peut-il s'exprimer ? Préalablement à l'analyse de cas architectural du dépaysement, on essaie de regrouper des caractéristiques du dépaysement en faisant référence à la classification de Suzi Gablik pour appliquer adéquatement à l'espace

[Figure 1] Regroupement de caractéristique du dépaysement

Les caractéristiques du dépaysement chez Magritte peuvent être regroupées en trois catégories. Ce sont les cas de la transformation d'un seul élément, et de la combinaison de deux ou plusieurs éléments, et de jouer de sens de l'objet sans aucun changement particulier dans sa forme extérieure. En conséquence, les caractéristiques du dépaysement susceptible d'apparaître en architecture sont comme le tableau suivant. Il cible des éléments architecturaux (murs, sols, plafonds, etc.) ou des objets qui composent un espace.

[Tableau 3] Caractéristiques de dépaysement en espace.

Dépaysement

Transformation de forme

Transformation

Transformation de matériau

Combinaison des hétérogènes

Combinaison

Superposition

Contradiction conceptuelle

Contexte isolé

Application à l'espace

Le changement d'échelle ou de forme, il donne un impact visuel et produit un nouveau sens à partir du sens original.

L'utilisation de matériaux non typiques procure une sensation inhabituelle et fantastique.

En juxtaposant des éléments distants les uns par rapport aux autres, une ambiance unique se forme par contraste, et les deux éléments s'accentuent mutuellement.

La superposition des espaces ou des images crée une frontière ambiguë ou une illusion visuelle Dans l'espace d'entre-deux, la continuité et les actions complexes se produisent.

En tant que changement d'éléments immatériels, cela montre le renversement d'une manière d'expérimenter ou le contexte isolé qui donnent une impression unique.

Sur la base de cette critère déduite, nous essayons d'analyser le cas de l'espace moderne. Le dépaysement est un concept abstrait, et il n'y a pas de mesure précise ou de système clair, il vise donc à aider à une compréhension plus spécifique grâce à l'analyse de cas. De plus, à travers l'analyse, nous pourrons en tirer des effets architecturaux. Quant au périmètre de la cible d'analyse, des travaux qui montrent bien les caractéristiques du dépaysement dans l'espace moderne après les années 2000 ont été sélectionnés. Par la suite, la réflexion sur les caractéristiques du dépaysement en espace s'est réalisée.

Description

Dépaysement

• Installation temporaire pour un événement royal privé.

• Les éléments de cathédrale classique italienne telles qu'un dôme, une arche, une colonnade, forme une immerse place à l'intérieur.

• Exprimation du lien entre l'architecture évolutive et la nature en introduisant des éléments naturels.

• Remplacement de la pierre massive d'une cathédrale classique en un treillis métallique qui laisse traverser le regard.

• Maximisation d'illusion visuelle par l'utilisation de matériau ayant une nature distante de celui d'origine de cathédrale.

• Il crée une nouvelle répercussion sur la manière de se lier à un espace classique.

• Mot-clé : Renversement, Illusion, Contraste

[Tableau 4] Archetipo, Edoardo Tresoldi, Abu Dhabi, 2017 Aperçu Renversement de matériau

Photo

[Tableau 5] Prada Transformer, OMA, Séoul, 2009 Aperçu Transformation de forme

Description

• Installation temporaire pour les expositions et les événements sur le thème de la culture générale de Prada.

• Espace tétraédrique composé d'une membrane blanche tendue sur les cadres en acier de quatre formes.

• La forme du tétraèdre se change en tournant au fur et à mesure du déroulement de l'événement selon les quatre événements di érents ; exposition de mode, exposition d'art, projection, évenement spécial.

Dépaysement

• Expérience d'un nouvel espace grâce à la transformation tels qu'un sol devient un mur ou qu'un mur devient un plafond.

• Reconstruction des perceptions en démolisant la frontière d'une forme dans l'architecture.

• Mot-clé : Mobilité, Complexité, Irrégularité

Photo

[Tableau 6] Brugge Diptych, PARA Project, Bruges, 2021 Aperçu Transformation de forme

Description

• Pavillon temporaire conçu comme un espace de rassemblement pour l'événement de la Triennale de Bruges.

• Son silhouette avec la structure entrelacé qui se divise en deux montre une inquiètude urbaine ; une destination idéale pour les voyageurs, mais simultanément pauvreté caché derriére.

• Le pavillon jouxte le bloc abandonné de XVe siècle. La brève proximité avec la maison du canal fait ressortir sa situation d'éloignement.

• La forme étrange du pavillon o re une vue symbolique et une expérience insolite.

Dépaysement

• L'imitation de la forme des maisons voisines qui composent la ville fait penser à l'histoire de la ville.

• Mot-clé : Déformation, Symbolique, Réappréciation

Photo

[Tableau 7] Collage House, S+PS Architects, Bombay, 2015

Aperçu Combinaison des objets familiers

Description

Dépaysement

• La façade en fenêtre et porte recyclées de maisons démolies de la ville.

• Des pièces abandonnées en pierre et des colonnes centenaires de maisons démolies sont utilisées.

• Le recyclage et le collage de diverses manières des choses physiques tel que le matériau et des choses immatérielles tels que l'histoire et les souvenirs.

• Les objets du quotidien interviennent activement dans le matériau spatial.

• Stimulation a ective : Les objets historiques déchaînent des souvenirs et des émotions.

• Le contraste entre l'ancien et le nouveau, le traditionnel et le moderne, le brut et le ni crée l'ambiance unique.

• Mot-clé : Combinaison, Quotidienneté, Défamiliarisation

Photo

[Tableau 8] The Relic Shelter | Fuzhou Tea House, Neri&Hu, Fuzhou, 2021 Aperçu Superposition de la tradition et la moderne

Description

Dépaysement

• L'inspiration par un photo ancien liée au temple de la région sur lequel ancienne structure se pose sereinement sur le rocher, a réalisé en élèvation de la maison du thé au-dessus du sol en béton.

• L'espace moderne entoure la patrimoine, une résidence traditionnelle de la dynastie Qing, en suivant la ligne de toit.

• La superposition de structure ancienne et l'espace moderne connecte plus étroitement l'utilisateur à l'espace en partageant l'histoire, avec une stimulation émotionnelle.

• Juxtapostion des éléments conotraires entre des clairs et sombres, légers et lourds, grossiers et ra nés.

• Mot-clé : Superposition, Contextuel, Contraste

Photo

Aperçu Juxtaposition de l'intérieur et l'exérieur

Description

Dépaysement

• Utilisation d'un bâtiment centenaire d'un conservatoire de musique comme hôtel.

• Un atrium en verre de 20 mètres de haut a été construit sur l'ancien patio.

• L'atrium recouvert de verre transparent obscurcit une perception de la frontière entre l'intérieur et l'extérieur.

• Espace neutre qui donne une sensation d'ouverture et continuité.

• Mot-clé : Ambiguïté, Juxtaposition, Continuité

[Tableau 9] Conservatorium Hotel, Lissoni & Partners, MVSA Architects, Amsterdam, 2012

Photo

[Tableau 10] Lavomatic, Vgroupe, Paris, 2015

Aperçu Contexte isolé entre les endroits hétérogènes

Description

• Un bar caché au-dessus d'une vraie laverie de rez-de-chaussée.

• Une des machines à laver est en fait une porte d'entrée du bar. Après ouvrir la porte, qui est une machine à laver en apparence, on nit par entrer au bar confortable à travers un escalier.

Dépaysement

• La combinaison de lieu hétérogène empêche de prévoir l'existence du bar.

• Le retournement imprévu dans un espace familier permets de nous faire l'expérience fantastique en entrant dans le bar.

• La perception d'un endroit caché o re une expérience plus impressionnante.

• Mot-clé : Imprévisibilité, Amusement, Participation

Photo

[Tableau 11] L'hôpital Adamant, Seine design, Paris, 2015 Aperçu Renversement de style typique du programme

Description

Dépaysement

• Un hôpital psychiatrique sur la Seine.

• Loin de la position général d'établissement de traitement, il ressemble plus à l'atelier d'artiste qu'à l'hôpital en o rant l'espace ouvert.

• Déviation de la forme architecturale générale d'un hôpital.

• Dans une approche plus spatiale, il montre le changement du concept sur le programme.

• Mot-clé : Renversement, Imprévisibilité, Réappréciation

Photo

FANTASME

Le fantasme est ambiguë à définir clairement. On exprime en général comme 'fantastique' lorsqu'un besoin que l'on ne s'attend pas à être réalisé à la réalité est satisfait, et lorsqu'un plaisir se produit grâce à cette satisfaction. La fantasme en espace peut s'exprimer à travers le changement de frontières. C'est comme si les composants d'espace tels que sol, mur, plafond, s'écartent de la règle existante et sont remplacés par d'autres nature des matériaux, ou deviennent mouvant. La frontière déformée redéfinit un espace

"L'Archetipo (2017)" (Tab. 4) donne une représentation de la cathédrale classique en structure translucide, et la réinterprétation des frontières produit le fantasme En transformant l'invisible en visible, cela reflète l'architecture évoluant avec la nature

Le "Prada transformer (2009)" (tab 5) pratique directement le déplacement des composants d'espace avec le temps. Cela crée une confusion dans la perception d'une dimension qui a été apprise naturellement selon la gravité, et donne une expérience inhabituelle avec l'illusion.

Le "Brugge diptych (2021)" (tab 6) attire l'attention en tordant le stéréotype avec tact, et pique la curiosité sur l'intention de l'architecte. L'expérience inhabituelle dans la maison divisée en deux amène de la sympathie sur les problèmes urbains.

D'un autre côté, le changement de forme est également tenté dans le déconstructivisme. Le déconstructivisme nie l'architecture existante et ses concepts du fonctionnalisme, l'harmonie, l'uniformité. Cependant, si le but du déconstructiviste était de détruire le concept d'architecture existante et de "créer" quelque chose de nouveau à partir de zéro, on peut dire que la différence est que le dépaysement n'est pas de nier la chose existante, mais de "découvrir" le sens caché et le révéler au-dessus. C'est comme le fait que les dadaïstes ont fait des activités antiartistiques, tandis que les surréalistes ont essayé d'explorer le nouveau monde au lieu de détruire l'existant

Ainsi, le dépaysement précède la réinterprétation d'un objet existant, puis motive la découverte d'un sens caché ou nouveau, et le changement de frontières nous permet d'expérimenter du fantasme irréaliste

Cathédrale en treillis métallique translucides

Composants spatiaux mouvants

Déformation de la forme typique des maisons

[Tableau 12] Fantasme de l'espace dépaysement

Magritte

en espace

DÉFAMILIARISATION

Le dépaysement, qui implique la quotidienneté, est plus proche de la dissonance naturelle que de l'harmonie artificielle. Ce qui est totalement irréaliste est tout à fait fantastique, mais c'est superficiel parce qu'il ne communie pas dans notre vie. Cependant, comme les choses du quotidien sont liées aux expériences de vie et aux souvenirs de chacun, elles ont le potentiel de nous connecter plus profondément et durablement. Celles-ci ne sont pas remarqués lorsqu'elles existent séparément, mais lorsqu'ils sont combinés de manière inattendue, une certaine partie étrangère et décalée stimule la nouvelle conscience et la créativité, et émeut.

Le "Collage house (2015)" (Tab 7) combine des fenêtres et des portes recyclées comme façade unique, en détachant de leur fonction première. Les objets du quotidien nous font imaginer chaque histoire.

Le "Fuzhou tea house (2021)" (tab 8) montre la superposition de maison traditionnelle et magasin moderne. La rencontre de deux espaces contrastés s'accentue mutuellement.

L'atrium du "Conservatorium hotel (2012)" (tab 9) ayant la distinction ambiguë entre l'intérieur et l'extérieur, offre une sensation spatiale inhabituelle et agréable Contrairement aux beaux-arts, l'architecture est conçue pour l'utilisateur en pensant à l'utilité, de sorte que le rôle du design est nécessaire On peut estimer le dépaysement comme une bonne stratégie pour garder l'équilibre entre l'art et le design, puisqu’il traite des mystères dans la réalité. Sans être excessivement séparé de la réalité, il nous jette une pensée avec stimulation agréable en bouleversant la logique générale. Cela autorise une expression artistique dans le cadre de l'architecture.

En conclusion, le dépaysement conduit à une expérience plus profonde en combinant des choses du quotidien qui évoquent des expériences de vie et des souvenirs d'une manière inhabituelle.

Combinaison des hétérogènes

Collage des fenêtres et des portes en façade Superposition de la maison ancienne et le magasin moderne Ambiguïté de l'intérieur et l'extérieur

[Tableau 13] Défamiliarisation de l'espace dépaysement

CONTEXTE ISOLÉ

Pour comprendre un espace, le contexte est un facteur très important. Le contexte en architecture englobe l'environnement, les facteurs culturels, l'esprit, l'histoire, etc. Autrement dit, c'est un ensemble de circonstances qui influencent un endroit Dans ce sens, on peut définir l'espace comme un produit par nos expériences et vies dans divers contextes. Par conséquent, en plus de l'application de facteurs de forme externes, en tant qu'approche plus spatiale, le dépaysement peut être appliqué au contexte

Le "Lavomatic (2015)" (Tab 10) est un bar caché au-dessus de la laverie. L'utilisateur vit une expérience extraordinaire en entrant à travers la porte en apparence de machine à laver. Il donne du plaisir en organisant arbitrairement des programmes hors contexte des installations environnantes.

"L'hôpital Adamant (2015)" (Tab. 11) est un hôpital décoré comme un atelier d'artiste sur la rivière d'une manière différente de la forme typique d'un hôpital. De cette façon, les actions, sensations et expériences des utilisateurs agissent d'une manière nouvelle.

La perception de l'espace se constitue par l'action complexe entre la stimulation sensorielle, la mémoire immanente des expériences passées et le contexte de l'endroit, ainsi que des actes là-bas. Comme les cas ci-dessus, même s'il s'agit d'un acte usuel, s'il est accompli dans un contexte isolé, il passe par une dissonance avec l'expérience passée dans le processus cognitif, et une nouvelle action psychologique, puis conduit à une expérience émotionnelle. En d'autres termes, pendant que l'acte est effectué dans un contexte isolé, action psychologique se produit avec une nouvelle expérience émotionnelle. Il peut s'agir d'une approche axée sur le procédé de "l'expérience" plutôt que sur "l'image" stimulante qui répond à la méthode du design affectif requis dans l'espace d'aujourd'hui, disons que les commerces particulièrement

De cette manière, le dépaysement ouvre la porte à une nouvelle expérience en rendant le contexte d'espace peu familier. Il apparaît à travers le placement du programme dans un contexte isolé ou le renversement de la forme typique de l'espace

Contradictoire conceptuelle Contexte isolé

Juxtaposition de la laverie et le bar, Entrée cachée

Hôpital de style d'un atelier artistique sur la Seine

[Tableau 14] Contexte isolé de l'espace dépaysement

SYNTHÈSE D'ANALYSE

[Tableau 15] Synthèse d'analyse

No. Dépaysement en espace Cas Mode d'expression Mot-clé Caractéristiques

1 Fantasme

Archetipo Cathédrale en treillis métallique translucides

2 Prada transformer Composants spatiaux mouvants

3 Brugge diptych Déformation de la forme typique des maisons

Renversement Illusion

Contraste

Mobilité

Complexité

Irrégularité

Déformation

Symbolique

Réappréciation

Combinaison

4 Défamiliarisation

Collage house Collage des fenêtres et des portes en façade

5 Fuzhou tea house Superposition de la maison ancienne et le magasin moderne

6 Conservatorium hotel Ambiguïté de l'intérieur et l'extérieur

7 Contexte isolé

Lavomatic Juxtaposition de la laverie et le bar, Entrée cachée

Hôpital Adamant Hôpital de style d'un atelier artistique sur la Seine

Quotidienneté

Défamiliarisation

Superposition

Contextuel

Contraste

Ambiguïté

Juxtaposition

Continuité

Imprévisibilité

Amusement

Participation

Renversement

Réappréciation

Illusion sur la frontière par transformation des matériaux

Expérience multidimensionnelle par la frontière mobile

Incitation de perception par la forme irrégulière

Stimulation émotionnelle par combinaison inhabituelle des objets familiers

Séquence spatiale en superposition des espaces contrastés

Perception complexe par l'ambiguïté de frontière

Incitation d'un acte insolite dans le contexte isolé

Sortie de style général du programme

CONSIDÉRATIONS PSYCHOLOGIQUES

À la suite de la compréhension de dépaysement, voyons donc pourquoi une telle scène nous attire et comment il nous affecte du point de vue psychologique. Le dépaysement consiste essentiellement à suggérer un changement de perspective par une image inattendue, et cela entraîne un sentiment étrange. En d'autres termes, la raison pour laquelle le dépaysement attire notre attention peut être liée à quelque chose qui donnent des émotions inconnues. Comment le sentiment 'étrange' nous affecte-t-il émotionnellement ?

L'être humain est placé dans un environnement totalement inconnu dès sa naissance, et on vit en s'adaptant. Le contraire de l'étrange est le connu, le familier, en général le mien. Les choses inconnues sont toujours d'autres choses qui contredisent mon essence, me mettent mal à l'aise et menacent ma sécurité. Pour les enfants, les étrangers sont inconnus et dangereux. Hermann Hesse, dans Damien, a dépeint de manière impressionnante le pouvoir effrayant d'un étranger infiltrant l'espace familier et rassuré d'enfant sous une forme démoniaque qui fait trembler. 24 Ainsi, l'étrange est un concept qui s'oppose instinctivement au 'familier' et provoque des émotions telles que la peur, la tension et l'anxiété.

D'un autre côté, l'étrange toujours nous attire. On part étudier à l'étranger pour apprendre de nouvelles connaissances ou est attirés par d'autre personne ayant des aspects que nous n'avons pas ou voyage dans des contrées inconnues pour élargir l'horizon. La raison de voyager pourrait prédire pourquoi nous sommes attirés par les étrangers.

24 Otto Friedrich Bollnow, Homme et Espace (Séoul : Ecolivres, 2014) - Traduction personnelle

“ Le point de vue, quand on voyage, finalement se change. Lorsqu'une ruelle tourne très soudainement, de manière complètement inattendue, et résolument avec aucune excuse, ou se change en pente abrupte, alors nous voyons tout ce que nous n'avons vu nulle part ailleurs. ”

(BALDWIN, 1953)25

Le voyage enseigne quelque chose et parfois nous fait subir des changements de fond du cœur en nouvelles stimulations. Selon une recherche en psychologie analytique sur le voyage, l'inconscient humain, selon les étapes du "monde réel - le déplacement à la destination de voyage - apparence d'autrui- rencontre de soi - soi-réalisation", il fait l'expérience d'une expansion émotionnelle, cognitive et sociale et passe par le processus de la prise en conscience 26 Les souvenirs de voyage, remplis des stimulations étranges, sont liés aux sens, aux relations et aux expériences dans la vie quotidienne en conduisant à plus de tolérance, d'empathie et de créativité.

Lorsque l'on est exposé à l'environnement nouveaux et complexe, que le cerveau humain crée de nouveaux circuits neuronaux pour répondre à des stimulations inhabituelles. Le résultat de l'examen du cerveau des chauffeurs de taxi londoniens publiés en 2000 dans les Comptes rendus de l'Académie nationale des sciences des États-Unis d'Amérique est une étude célèbre. Les chauffeurs de taxi londoniens doivent mémoriser des dizaines de milliers de rues, plus de 25 000, dans même le seul centre-ville, et il faut quatre ans pour obtenir un permis. À l'époque, les scientifiques ont découvert que dans le cerveau de ces chauffeurs de taxi, l'hippocampe qui est responsable de la perception spatiale s'agrandissait pour accueillir davantage de réseaux neuronaux. Les chauffeurs de taxi ont changé de cerveau alors qu'ils parcouraient Londres.27

Lorsque l'on essaie un acte étrange jamais fait auparavant ou lance un nouveau défi, surviennent des troubles psychologiques telles qu’une raideur et une hésitation. Pour rendre le cerveau flexible, il faut de la patience et un défi pour changer les circuits cérébraux précédemment formés. Et les efforts pour surmonter ces processus changent le cerveau. Un affrontement productif surgit entre ce qui est familier et ce qui est appris dans un endroit étrange. Au sens large, la culture humaine s'est développée à travers le processus d'acceptation et d'acquisition des étranges.

Une stimulation saine en des étranges est particulièrement nécessaire pour l'homme moderne vivant à l'ère numérique. Selon le brain coach réputé américain Jim

25 James baldwin, Go Tell It On The Mountain (New york : Dell, 1953) - Traduire personnelle

26 In-Jeong Park et Young-Kwan Lee, « Travel Therapy and Self-actualization », 2016, p.21.

27 David Hoffeld, The Science of Selling : Proven Strategies to Make Your Pitch, Influence Decisions, and Close the Deal (New York : TarcherPerigee, 2016).

Kwik28, la durée moyenne de concentration humaine est de 8 secondes, ce qui est inférieur à celui d'un poisson rouge de 9 secondes. Il dit que : Les trois supers-coquins numériques peuvent être la cause. Un, la surcharge numérique ; d'être exposé à trop d'informations en bref moment, deux, la démence numérique ; nous devenons idiots en laissant nos appareils intelligents faire le travail à notre place, trois, c'est la distractivité numérique ; la majorité est déjà accro à la situation où le cerveau est distrait en rencontrant habituellement beaucoup de choses intéressantes sur notre smartphone. Pour l'homme moderne vivant dans un environnement surchargé d'informations et d'images tous les jours quelle que soit leur volonté, la stimulation cognitive en dépaysement spatial peut être très sain.

Alors, comment se déroule la stimulation cognitive à travers l'espace ? La cognition de l'espace concerne la connaissance, l'impression, l'information, l'image, la conviction, etc., et on réagit et agit en fonction des composants de l'espace. La détection d’une stimulation se fait en le connectant à des informations sur un stimulation similaire. En d'autres termes, la cognition spatiale est un processus dans lequel la perception et la cognition sont fusionnées. Le processus de cognition, il joue un rôle de définir la sensation globale de l'espace.29 Dans ce cas, comment l'espace où le dépaysement est appliqué peut-il agir sur nous ?

Selon Tae-Rin Noh30, une dessinatrice coréenne de neuroarchitecture, quand on regarde les peintures surréalistes de Dalí ou Magritte qui révèlent de nombreuses incohérences et contradictions, notre flexibilité cognitive augmente et l’éventualité d'un comportement altruiste augmente. La flexibilité cognitive est la pensée ouverte et flexible. Accrocher des tableaux dans une salle de réunion augmente l’éventualité que les participants à la réunion soient plus compréhensifs envers les opinions des autres, tolérantes à l'égard des fautes et prêtes aux main-forte et coopération.

Par conséquent, en espace dépaysement, nous percevons des stimulations inconnues, passons par le processus cognitif avec les souvenirs d'expérience passée, et puis le processus de rappel et de modification d'idées, et nous avons le sentiment de nouveauté dans l'espace. C'est pourquoi nous sommes attirés par une scène étrange.

Cependant, il faut se garder d'excéder l'étrange. Parfois, ce qui est accepté nouvellement peut conduire à une surabondance qui étouffe notre vie. Un espace qui ne correspond pas trop au contexte environnant ou qui donne trop de stimulation provoque un dégoût. C'est une question prudente en tant que qui traite l'espace. Le niveau de

28 Jim Kwik, « I will teach you skills that you'll have for the rest of your life », vidéo Youtube, (https://www.youtube.com/watch?v=kt7wh7HS8uc).

29 Yeong-Min Song, « Analyse de l'image spatiale évaluative par des éléments cognitivo-émotionnels », 2011, p. 72-73

30 Tae-Rin Noh, « La Raison pour laquelle les réunions marchent mieux lorsqu'il y a un tableau dans la pièce », audio Podcast, 2019, (https://audioclip.naver.com/channels/1531).

stimulation étrange varie chacun, il est donc important d'assurer la quotidienneté ayant une large gamme d'empathie.

Il y a eu une découverte intéressante en neurobiologie sur le lieu et la mémoire. C'est que la mémorisation d'événements autobiographiques et de navigation dans l'espace se fonctionnent par les 'cellules de lieu' produites par l'hippocampe. L'activité des cellules de lieu est fortement corrélée aux signaux sensoriels et ces circuits fournissent le contexte spatial des souvenirs et des expériences passées. Ils se réajustent constamment et reconfigurent leurs connexions en fonction de l'emplacement actuel et de l'expérience du cerveau. Lescellulesdelieufontpartied'uncircuitcomplexequipermetd’avoirconscience dulieuprésentetdeslieuxmémorisés.31 En d'autres termes, la cognition du lieu se produit en relation étroite avec la mémoire. C'est comme faire attention à ne pas se perdre dans un endroit inconnu, mais au fur et à mesure qu'on s'y habitue, une mémoire spatiale se forme et on ne se perd pas même si on ne fait pas attention aux indicateurs environnants.

La mémoire quotidienne est durable et gardée de tout le monde. L'espace de dépaysement ayant la quotidienneté qui évoque des mémoires familiers est donc sustainable en termes de l'expérience spatiale. De plus, les expériences passées quotidiennes de chacun sont toutes différentes. Même si nous voyons la même chose, des sens variables se crée à travers des souvenirs différents, et cela peut devenir plus riche à mesure que notre vie quotidienne continue à se changer. De cette façon, on peut limiter le sens de la sensation étrange par le dépaysement à l'étrange 'agréable'.

31 « Cellue de lieu », Wikipédia, Dernière modification le 30 novembre, 2020, (https://fr.wikipedia.org/wiki/Cellule_de_lieu).

CONCLUSION

Ce mémoire avait pour ambition d'enquêter la pertinence et la valeur du dépaysement en tant que mode d'expression de l'espace qui offre une stimulation intellectuelle et une expérience émotionnelle

Il a fallu tout d'abord définir la notion du dépaysement avec le processus de sa formation dans le mouvement du surréalisme. Au moyen des écrits de René Magritte et des études précédentes telle que celle de Suzi Gablik, il a été possible d'explorer profondément la philosophie du dépaysement ainsi que ses caractéristiques d'expression chez Magritte.

L'idée que le dépaysement fait du sens comme un mode d'expression de l'espace qui donne à penser, mérite d'être examinée. Comme l'a dit Magritte, le dépaysement implique les principes du "mystère" qui fait voir des significations cachées entre le visible caché et le visible apparent, et du "paradoxe" qui nous conduit à une activité intellectuelle au-delà de l'appréciation esthétique. Une reconnaissance d'une démarche de la pensée habituelle produit une connexion profonde au-delà de l'expérience superficielle. Cela a permis à l'architecture de satisfaire au rôle du côté artistique, car elle révèle les sens invisibles que l'on laisse passer dans la vie quotidienne, en nous faisant d'un spectateur de paysage un sujet d'expérience.

Le dépaysement suscite la curiosité avec des images qui ne suivent pas la logique et la raison existantes Sur la base du principe regroupé pour appliquer adéquatement à l'espace, les résultats d'une étude de cas sont comme les suivants. Premièrement, le changement de frontières dans l'espace par la transformation de matériaux ou de formes nous permet de vivre des illusions irréalistes en donnant un impact visuel. Deuxièmement, la combinaison des choses familières et hétérogènes d'une manière inhabituelle incite une

empathie abondante en évoquant nos expériences et souvenirs dans la vie. Troisièmement, il offre une nouvelle expérience par le contexte isolé ou la libération d'un style typique.

Afin de trouver une réponse à la raison pour laquelle l'image auquel le dépaysement s'applique nous attire, on pouvait réfléchir dans un point de vue psychologique le sentiment "étrange" que le dépaysement accompagne. Les choses étranges fournissent aux circuits nerveux du cerveau une stimulation saine et un processus productif. Cela nous permet de déchaîner plus de tolérance, d'empathie et de créativité. Par ailleurs, la reconnaissance d'un lieu s'effectue en étant étroitement lié à la mémoire Comme le dépaysement part de la quotidienneté, il peut donner une signification différente de chacun et une stimulation au niveau non excessif.

L'étude du domaine émotionnel pour renforcer la relation entre l'homme et l'espace est subjective de chacun, il conviendrait de mener une étude transdisciplinaire en lien avec des domaines telle que la psychologie avec davantage de cas et des diverses perspectives.

De cette façon, nous nous sommes rendus compte que le dépaysement se montre dans l'architecture comme un principe d'expression qui conduit à l'expérience émotionnelle avec l'impact visuel et la stimulation intellectuelle en même temps. On espère que cette étude servira de tremplin pour le principe spatiale systématique dans l'espace moderne à l'avenir Le dépaysement s'adresse non seulement aux expériences de l'espace, mais aussi aux expériences de voir le monde, comme saisir une énigme cachée étrange

On lance une pierre dans I'eau. Un tourbillon de sable s'élève puis s'apaise de nouveau. L'agitation a été nécessaire. La pierre a trouvé sa place. Mais I'étang n'est plus le même qu'auparavant.

(ZUMTHOR, 2008)