

Rapport d’activités 2024
Bureau cantonal pour l’intégration des étrangers et la prévention du racisme (BCI)

Table des matières
Message de la déléguée

Exercice périlleux que celui de rédiger un « mot » pour résumer une année. Voire impossible. Aucune année ne ressemble à une autre, et les réalisations sont tellement nombreuses qu’il s’avère toujours difficile d’en choisir une plutôt qu’une autre. Par conséquent, ce « mot » n’a en aucun cas l’ambition de donner un aperçu exhaustif de ce qu’a été l’année 2024 pour le BCI. Le rapport d’activité que ce message introduit livrera des moments qualitatifs représentatifs des temps forts de l’année, ainsi que des données quantitatives illustrant une partie des activités du BCI.
Puisqu’il faut pourtant choisir, j’ai souhaité mettre en lumière un fil conducteur : l’attention particulière portée aux publics vulnérables. Cette attention, véritable valeur pour le BCI et pour les actrices et acteurs de l’intégration en général, se traduit sur le terrain par des mesures concrètes et variées. Plus spécifiquement, dans le cadre du troisième Programme d’intégration cantonal (PIC 3), le BCI a choisi de renforcer davantage les mesures en faveur des femmes migrantes.
En 2024, une attention particulière a été portée au renforcement des mesures d’intégration professionnelle destinées à ce public. Les financements alloués à ces dispositifs ont été augmentés, permettant de consolider certaines prestations déjà existantes et d’en développer de nouvelles, indépendamment du niveau de qualification de ces femmes.
Des actions spécifiques ont également été menées en ce qui concerne les violences liées au genre. Le BCI a notamment intensifié la visibilité du dispositif cantonal de lutte contre les mariages forcés. Validé par le Conseil d’État en 2023, ce dispositif confie au BCI la présidence d’une table ronde biannuelle réunissant les partenaires étatiques et associatifs concernés, ainsi que la gestion d’une permanence destinée aux professionnel·le·s et aux victimes, afin de garantir une prise en charge efficace des situations. Grâce à une sensibilisation active menée auprès des services de l’État et d’autres institutions, un plus grand nombre de cas ont pu être identifiés et traités. La prochaine étape, en collaboration avec la Confédération, consistera à proposer à des ambassades « pilotes » un dépliant d’information destiné aux personnes en procédure de regroupement familial, ainsi qu’un matériel de sensibilisation à l’intention du personnel des ambassades.
En parallèle, et en collaboration avec le Bureau cantonal de l’égalité entre les femmes et les hommes (BEFH), le BCI a contribué à une étude sur la situation des mutilations génitales féminines dans le canton, en vue d’élaborer un plan d’action pour sensibiliser les professionnel·le·s et le public concerné.
Enfin, je suis heureuse de souligner la participation du BCI au PeaceTech Hackathon, organisé par l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) en 2024. À cette occasion, le BCI a collaboré à un projet novateur visant à améliorer l’accès à l’information pour les femmes migrantes isolées. Ce projet est présenté plus en détail à la page 11.
L’année 2024 a mis en lumière l’importance d’une prise en compte réelle des vulnérabilités. En plaçant l’inclusivité au cœur de ses actions, le BCI remplit sa mission en veillant à ce que chaque personne, quelles que soient ses fragilités, trouve sa place dans la société vaudoise.
Pour prolonger cette réflexion, une revue consacrée aux femmes en situation de migration, réalisée par le BCI, sera publiée prochainement.


Amina
Benkais-Benbrahim Déléguée à l’intégration et cheffe du BCI
Faits & chiffres
61 projets financés
651'296.-
Total des montants versés en CHF
69 porteuses et porteurs de projets et/ou de conventions
44 conventions de subventionnement pour un montant de 5'572'646.–. Les conventions du domaine « Langues et formation » représentent près de 45,5% du montant total des conventions.
Permanences Info-Conseil Migration du Centre social protestant (CSP-Vaud)
6
lieux de consultation sur le canton de Vaud (hors Lausanne)* *les permanences mobiles ont fermé en 2024
1'925 consultations collectives organisées sur ces sites
596 suivis personnalisés
contre les discriminations
enfance
Projets subventionnés par domaine d'intégration en 2024
Conventions de subventionnement par domaine d'intégration en 2024* (hors MINIPIC)
*Une convention peut toucher plusieurs domaines d’intégration
1'506 bénéficiaires Au 31 décembre 2024, la population résidente permanente du canton de Vaud compte 855'700 habitant·e·s (+9’400 personnes ; +1,1% par rapport à 2023). Source : StatVD
Prestations
Plus de 50’000 personnes touchées (suisses et immigrées) par 764 activités d’intégration et de prévention du racisme.
Langue & formation
442 cours de français
35'480 heures
Coût : CHF 2'697'413.(projets et conventions)
Prestations par type d'activités
Services de l’Administration cantonale vaudoise
4 % Commissions communales
Suisses-étrangers
Porteuses et porteurs de projets et/ou de conventions en 2024
26 %
Administrations communales
Bon à savoir
Dans le canton de Vaud, la proportion de personnes étrangères équivaut à 34% de la population totale, soit 291'200 personnes (31.12.2024).
Source : StatVD
80
nombre de nouveaux cas recensés lors des consultations en racisme par le BCI
Cours de français
43 publications disponibles
15
collaboratrices et collaborateurs 10.3 équivalents plein temps (EPT)
Le BCI au-delà du canton
Par l’intermédiaire de la déléguée à l’intégration, copréside
• la Conférence latine des délégués à l’intégration
Et est membre :
• Du comité de la Conférence des délégués à l’intégration
• Du groupe national d’accompagnement PIC/AIS
• De la commission consultative du Centre Suisse Islam et Société (CSIS)
• De la table ronde pour la lutte contre les mutilations génitales féminines 52
Organisation
Le Bureau cantonal pour l’intégration des étrangers et la prévention du racisme (BCI) du canton de Vaud a été fondé en 2009. La Loi sur l’intégration des étrangers et sur la prévention du racisme (LIEPR) du 23 janvier 2007 constitue la base légale de son activité.
Le BCI déploie son activité dans différents domaines de l’intégration et de la prévention du racisme, en coordonnant son action avec la politique d’intégration fédérale.
Dirigé par la Déléguée à l’intégration, le BCI est le répondant cantonal pour toutes les questions liées à l’intégration des personnes étrangères et de la prévention du racisme dans le canton de Vaud. Sa mission consiste à piloter la politique d’intégration et de prévention du racisme, ainsi qu’à mettre en œuvre des mesures concrètes visant à favoriser la coexistence des populations suisse et étrangère. Pour y répondre, le BCI offre trois types de prestations : conseils et sensibilisation, soutien aux projets, mise en réseau.
Pour soutenir les associations et les communes, trois antennes régionales représentent un maillon essentiel au fonctionnement du BCI. Cet ancrage local vise à faciliter le développement du réseau et à accompagner l’implantation de projets locaux.

Une équipe engagée
Rattaché au Service de la population (SPOP) du Canton de Vaud, le BCI travaille sous la responsabilité de la Déléguée cantonale à l’intégration. L’équipe se compose de chargé·e·s de projets thématiques, de responsables d’antennes régionales et d’un secrétariat.
Nom Prénom
Abu El Hassan-Jorge Aurélie Chargée de projet Information & Conseil
Amaudruz Tatiana Adjointe à la Déléguée à l’intégration
Benkais-Benbrahim Amina Déléguée à l’intégration, cheffe du BCI
Brown Ella Secrétaire
Dessonnaz Prisca Secrétaire de direction
Exquis Céline Chargée de projet Langue
Giacometti Katel Cheffe de projet Asile et Finances
Guermann Philippe Chef de projet Agenda Intégration Suisse et Chargé de projets Petite enfance & Femmes et migrations
Guerraoui Sarah Chargée de projets Femmes et migrations
Kajtazi Migjen Responsable antennes Nyon, Morges, Ouest lausannois et responsable des consultations pour les victimes de discriminations raciales
Laroche-Neji Sarah Responsable antennes Chablais, Riviera, Pays d'En-Haut et répondante pour la Chambre cantonale consultative des immigrés (CCCI)
Rosset Leïla Chargée de projet Vivre ensemble & Diversité et Protection contre la discrimination
Sottas Marie Responsable antennes Jura-Nord vaudois, Gros-de-Vaud, Broye-Vully, Lavaux
Stevanato Tania Chargée de projet Formation
Tames Julia Chargée de projet Communication et Employabilité
En outre, le BCI a encadré en 2024 deux stagiaires universitaires.
Moments forts en 2024
Cette rubrique offre un tour d’horizon de quelques activités représentatives de l’année écoulée qui illustrent l’expertise du BCI en matière de politique d’intégration et de prévention contre les discriminations.

Questions de migration dans ma région : retour sur la séance régionale à Yverdon-les-Bains
Le 7 mai 2024, la séance régionale « Questions de migration dans ma région » a réuni à Yverdon-les-Bains plus d’une centaine d’actrices et acteurs engagé·e·s dans l’intégration des personnes étrangères et la prévention du racisme. Cette séance s’adressait principalement aux partenaires actives et actifs dans les districts du Jura-Nord vaudois, du Grosde-Vaud et de la Broye-Vully. Conférence par Madame Cesla Amarelle, Professeure ordinaire de droit public et de droit des migrations à l’Université de Neuchâtel sur la thématique des discriminations, cinq ateliers thématiques, moments de réseautage et échanges informels ont rythmé cette demi-journée riche en partages.
Organisé par le BCI, cet événement visait à renforcer les liens entre professionnel·le·s d’une même région et à favoriser le dialogue autour des enjeux locaux liés à la migration.
La journée a permis aux participant·e·s d’approfondir leurs connaissances, de partager leurs pratiques et de découvrir les actions menées par d’autres partenaires régionaux. Ainsi, douze associations et institutions locales ont profité des temps de réseautage pour présenter leurs activités. La journée s’est conclue par un apéritif dînatoire, préparé par l’Établissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM), offrant une dernière occasion d’échanger dans une ambiance conviviale. Forte de son succès, cette séance régionale a pour but d’être reconduite chaque année dans des régions vaudoises différentes. En 2025, elle s’est déroulée à Morges.

Prévention et lutte contre les mariages forcés : nouvelle édition du manuel destiné aux professionnel·le·s Pilote du dispositif interdépartemental de prévention et de lutte contre les mariages forcés, le BCI est aussi l’éditeur de parutions visant à informer et sensibiliser autour de cette problématique. En 2021, un processus de réflexion a été lancé afin de mettre à jour les outils existants destinés à sensibiliser et accompagner les personnes concernées ainsi que les professionnel·le·s.
Cette démarche a d’abord abouti, en 2022, à la publication d’une nouvelle version du dépliant de sensibilisation « Mariage, si je veux »,
disponible en format imprimé et numérique. Parallèlement, les contenus du manuel destiné aux professionnel·le·s ont été actualisés, mais uniquement publiés en ligne à cette époque. Depuis octobre 2024, ce manuel est disponible dans une nouvelle édition, à la fois au format numérique et en version imprimée. Fruit d’un travail collaboratif mené par le BCI avec plusieurs partenaires spécialisés, ce document actualisé vise à renforcer les capacités d’action des professionnel·le·s en leur fournissant des repères clairs, des ressources concrètes et des stratégies d’intervention adaptées à la complexité de ces situations. Il offre notamment des éléments juridiques, des pistes pour l’accompagnement des victimes, ainsi que des contacts utiles pour l’orientation et le soutien.
Ce manuel s’adresse à tout·e professionnel·le pouvant être confronté·e, de près ou de loin, à des situations de mariage forcé : personnel éducatif, travailleurs sociaux, médiateurs, personnel de santé, police ou encore services juridiques.
Affiche « Non au racisme » : un nouvel outil de sensibilisation pour la prévention du racisme Répondant à un besoin exprimé par des partenaires du BCI, une nouvelle affiche est venue enrichir les supports dédiés à la sensibilisation et à la prévention du racisme.
Cette affiche, aux couleurs vives et attractives, se distingue par la présence du mot « racisme » traduit en 15 langues différentes. Conçue pour susciter les échanges sur la thématique du racisme, cette affiche vise à promouvoir la tolérance et le respect dans tous les espaces de vie — qu’il s’agisse des lieux de formation, des milieux professionnels ou des foyers.
Plus qu’un simple support visuel, cette affiche se veut un point de départ pour engager des discussions et renforcer les initiatives de prévention contre toute forme de discrimination raciale. Disponible au format A3, elle est proposée en plusieurs versions adaptées aux différents contextes. Deux variantes au design neutre complètent cette offre.

PeaceTech Hackathon : le projet du BCI récompensé par deux prix Les 9 et 10 mars 2024, le BCI a pris part au PeaceTech Hackathon, un événement innovant organisé par le Centre EssentialTech de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) en collaboration avec Open Geneva. Ce hackathon avait pour objectif de mobiliser la technologie et l’innovation au service de la paix et de la résolution des conflits. Rassemblant étudiant·e·s, professionnel·le·s et expert·e·s issus de divers horizons, cette rencontre intense de deux jours a permis à plusieurs équipes de collaborer sur des défis concrets proposés par des organisations engagées dans la promotion de la paix. Les thématiques couvertes incluaient notamment le désarmement, la cyberpaix, la prévention des conflits ainsi que la lutte contre la violence basée sur le genre. Le défi lancé par le BCI consistait à imaginer une solution technologique inclusive, facilitant l’accès à l’information pour les femmes migrantes isolées, un public particulièrement vulnérable. La solution s’est rapidement orientée sur une chaîne de transmission d’information via l’application de messagerie WhatsApp.
Parmi les nombreuses propositions, la solution développée a su se démarquer et a été doublement récompensée : elle a remporté à
la fois le prix de la « favorite du public » et celui de la « solution la plus réalisable ». Fort de ce succès, le BCI a ainsi décidé de mettre en œuvre ce projet. Il est aujourd’hui en cours de développement.

Consultations pour
victimes d’acte(s) raciste(s) : chiffres 2024
Membre du réseau national de consultations pour victimes d’acte(s) raciste(s), le BCI offre une prestation de conseil, d’orientation et de suivi individuel pour toutes les personnes qui résident dans le canton de Vaud et qui ont vécu ou ont été témoins d’actes de discrimination raciale. À noter que le BCI subventionne le Bureau lausannois pour les immigré·e·s (BLI) pour ses propres consultations, destinées uniquement aux habitant·e·s de Lausanne.
Pour les incidents qui ont eu lieu dans le canton de Vaud (hors région lausannoise), le BCI a été sollicité pour 80 nouveaux cas en 2024, portant à 89 le nombre total de cas traités en 2024. Ce nombre de signalements est presque équivalent à celui de l’année passée, avec une augmentation de deux cas supplémentaires par rapport à l’année 2023. Depuis plusieurs années, les chiffres sont en augmentation. Si les causes de cette évolution sont difficiles à établir et attribuables à une conjonction de plusieurs facteurs, on peut toutefois supposer que cette augmentation est notamment due à une meilleure visibilité des prestations de consultations. En 2024, les incidents signalés au BCI ont eu lieu dans divers domaines de la vie quotidienne : la majorité d’entre eux ont eu lieu dans le domaine de l’administration (14 cas) ; au travail (11 cas) et dans les médias ou sur les réseaux sociaux et média (11 cas) ou encore dans le domaine de l’école et de la formation (8 cas).
Le BCI adresse une dénonciation pénale pour discrimination raciale En automne 2024, le BCI a adressé une dénonciation pénale auprès du Ministère public pour discrimination raciale. En cause : un courriel contenant des propos rabaissants et discriminants visant un groupe de la population. Le BCI a dénoncé cette infraction sur la base de l’article 261bis du Code pénal autrement connu sous le nom de la norme pénale contre le racisme.
Le Ministère public a donné suite et a prononcé une condamnation pénale au printemps 2025. Cette décision marque une avancée importante dans la lutte contre le racisme au sein de la société vaudoise et sur le rôle et l’implication que peut occuper une administration publique lorsqu’elle rencontre de telles situations.
Introduction des formations en Français Facile à Lire et à Comprendre (FALC) en 2024 En 2024, le BCI a initié pour la première fois des formations en Français Facile à Lire et à Comprendre (FALC) auprès du personnel du Service de la population (SPOP). Cette initiative s’inscrit dans le cadre des mesures prévues par le Programme d’intégration cantonal (PIC 3), plus précisément celles visant à améliorer l’accessibilité de l’information aux personnes allophones.
Le FALC est une méthode qui vise à rendre les contenus écrits et oraux plus simples, clairs et accessibles à tous, notamment aux personnes en situation de handicap et aux personnes peu familières avec la langue française. En formant le personnel à cette approche, le BCI contribue à faciliter la communication entre l’administration et ses administré·e·s.

Cette première session de formation a permis de sensibiliser à l’importance de produire et d’adapter des documents en FALC, afin de mieux répondre aux besoins spécifiques de certains publics et de réduire les barrières à l’accès aux droits, aux prestations et à l’information.
Le BCI souhaite encourager d’autres services de l’État de Vaud à adopter le FALC, ou tout du moins à les sensibiliser à son utilisation et à ses enjeux, afin de garantir une information plus accessible et compréhensible pour toutes et tous. Le BCI éditera en 2025 également sa brochure Bienvenue en FALC.

Focus sur la politique cantonale
d’intégration professionnelle des personnes détentrices du permis
S
Depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022, le conflit s’est installé dans la durée, prolongeant l’exil de nombreuses personnes réfugiées. Bien que conçu comme un statut provisoire, les titulaires de permis S sont désormais dans une perspective de séjour prolongé. Face à cette situation, la Confédération a mis en place diverses mesures, notamment dans les domaines de l’apprentissage de la langue et de l’intégration professionnelle.
Elle a également fixé aux cantons un objectif clair : atteindre un taux d’emploi de 40% chez les titulaires du permis S d’ici à fin 2024. Pour permettre aux cantons d’atteindre ces objectifs, la Confédération, via le Service d’État à la migration (SEM), a octroyé des moyens financiers et un cadre de travail « Programme S » aux cantons.
Pour répondre à cet objectif ambitieux, le BCI a continué à piloter la politique cantonale d’intégration pour les titulaires de permis S, dans un cadre de gouvernance interinstitutionnelle solide, sous l’égide de la Cheffe du Département de l'économie, de l'innovation, de l'emploi et du patrimoine (DEIEP) et en collaboration étroite avec l’Établissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) et la Direction générale de l’emploi et du marché du travail (DGEM).
L’action du BCI s’est inscrite dans le respect des recommandations émises par le SEM et le Contrôle fédéral des finances (CDF), visant à intensifier l’accompagnement des personnes bénéficiant de la protection provisoire. Un accent particulier a été mis sur la systématisation du case management pour les personnes en provenance d’Ukraine. À cet égard, l’EVAM a
renforcé le suivi social des bénéficiaires afin d’identifier celles et ceux nécessitant un soutien spécifique.
Cette approche individualisée a été renforcée par une orientation systématique des personnes proches du marché de l’emploi vers les Offices régionaux de placement (ORP), afin de maximiser les chances d’insertion professionnelle. La transition entre l’EVAM et les ORP a constitué un axe de travail central en 2024, avec pour objectif d’orienter les personnes au moment le plus opportun et de valoriser les expertises respectives de l’EVAM et de la DGEM. Par ailleurs, l’année 2024 a été marquée par une attention particulière portée au décalage entre, d’une part, les attentes d’une population ukrainienne souvent qualifiée et aspirant à des emplois à haut niveau de compétence, et, d’autre part, les réalités du marché du travail vaudois, notamment les exigences en matière de maîtrise du français. Dans ce contexte, les objectifs ambitieux d’emploi fixés par la Confédération pour les titulaires du permis S ont guidé la stratégie cantonale vers une logique de placement rapide. Cette orientation a été portée de manière coordonnée par le BCI, l’EVAM et la DGEM. Sous l’impulsion de la Cheffe du DEIEP, le BCI a intensifié ses efforts pour mobiliser les actrices et acteurs économiques du canton. En collaboration avec le Délégué à l’intégration professionnelle du Département fédéral de justice et police (DFJP), plusieurs partenariats ont été noués avec le secteur privé. Parmi les actions phares, un événement de recrutement destiné aux personnes issues de l’asile – tous permis confondus – a été coorganisé avec La Poste et Manpower en novembre 2024. D’autres actions ont été menées avec Nestlé, le Centre Patronal, la Fédération vaudoise des entrepreneurs (FVE) ou encore la Direction générale des ressources humaines du Canton, afin de mieux faire connaître le potentiel de main-d’œuvre représenté par les
personnes issues de l’asile. En parallèle, un travail de sensibilisation et de communication a été mené auprès des employeurs : un support d’information (de type FAQ) a été rédigé en collaboration avec la DGEM et l’EVAM et a notamment servi de support à un webinaire sur le potentiel de la main-d’œuvre issue de l’asile. Enfin, conscient de l’importance de travailler étroitement avec la communauté ukrainienne, le BCI a renforcé ses liens avec les associations issues de la diaspora ukrainienne. L’organisation d’une première Plateforme des associations ukrainiennes à l’automne a permis d’informer les représentant·e·s associatifs, tout en s’appuyant sur leurs réseaux pour mieux atteindre les publics concernés. Cette initiative a donné lieu à plusieurs collaborations concrètes, appelées à se poursuivre.

En 2025, le BCI entend pérenniser et intensifier les efforts engagés. Les priorités porteront sur le renforcement de la collaboration avec les ORP, le déploiement d’un dispositif de jobcoaching systématique pour les titulaires de permis S proches du marché du travail, ainsi que le développement de partenariats avec des agences de placement temporaire. Ces actions visent à consolider l’intégration professionnelle des titulaires du permis S, en s’appuyant sur des approches individualisées, des synergies institutionnelles et un dialogue renforcé avec les acteurs économiques.
Perspectives
Des dossiers qui font grandir le BCI. Voici les perspectives pour les années à venir. Parmi les nombreuses thématiques de la politique d'intégration et de la prévention du racisme, certaines occupent le BCI depuis de nombreuses années, mais n'en restent pas moins prioritaires. D'autres ont émergé et pris une acuité particulière suite à certains événements, par exemple la crise ukrainienne.
La lutte contre le racisme : En Suisse, les débuts ont été timides et la visibilité politique moindre. En l'absence d’une politique nationale cohérente et proactive, ce sont les cantons et les communes qui ont souvent pris les devants. C’est en 1995, soit il y a 30 ans, que le racisme a été érigé en infraction pénale avec l'entrée en vigueur de l’art. 261bis CP (norme pénale contre la discrimination et l’incitation à la haine).
Depuis 2014, les Programmes d’intégration cantonaux (PIC), déployés dans les 26 cantons, incluent un volet dédié à la lutte contre les discriminations, bien que le terme « racisme » soit encore rarement utilisé. Cette prudence lexicale traduit une volonté d’éviter les tensions politiques et sociales, tout en promouvant des actions concrètes : structures de soutien aux victimes, campagnes de sensibilisation, formations pour le personnel de l’administration publique et semaines d’action contre le racisme (SACR). Ces actions conjointes ont, au fil des années, fait évoluer le contexte, même modestement. En 2024, 1’211 cas de discrimination raciale ont été recensés en Suisse, soit une hausse de 38% par rapport à l’année précédente. Ce chiffre peut être interprété comme une meilleure reconnaissance du problème et une confiance accrue dans les mécanismes de protection.
Dans le canton de Vaud, plusieurs axes ont été progressivement développés. Un accent particulier ces dernières années a été porté sur le racisme structurel avec des plans d’action à
déployer dans les services publics et sur l’élargissement d’une offre de prise en charge toujours plus étendue pour les victimes. Ainsi, une troisième permanence mandatée au CSP a été ouverte à Yverdon-les-Bains en janvier 2025, après celle tenue par le BLI pour Lausanne et celle assurée par le BCI pour le reste du canton. Le travail est clairement à inscrire sur de nombreuses années et, on peut le dire, ne doit jamais cesser.
Autre dossier qui élargit le champ d’action du BCI : les suites de la crise ukrainienne. Le BCI a été chargé de présider le groupe de travail chargé de l’insertion professionnelle des personnes venant d’Ukraine, titulaires d’un permis S. Cette mission s’est révélée délicate, dans la mesure où il fallait agir dans un cadre politique encore incertain, avec un statut de séjour activé pour la première fois et des étapes à un horizon moyen/court terme dépendant de l’évolution géopolitique. Ainsi, l'injonction est faite d’accélérer la mise sur le marché de l’emploi de personnes titulaires d’un permis dont la durée n’est pas arrêtée de manière définitive. Un immense effort a été consenti par différentes institutions œuvrant sur le terrain. Le BCI, pour sa part, après un rôle de coordination, a pris, en mai 2025, une place plus opérationnelle. Avec la collaboration des partenaires concernés, un dispositif de job coaching, piloté par le BCI, a été mis en place. Il consiste à orienter vers les ORP les titulaires de permis S répondant aux critères d’employabilité. Ces derniers sont ensuite affectés à une mesure de job coaching dans le but de les aider à accéder plus rapidement au marché du travail. 400 places sont prévues pour 2025. La mise en place de ce dispositif est une première pour le BCI, qui étend ainsi son champ d’intervention et d’expertise. Ces deux exemples montrent que l’intégration et la prévention du racisme sont des matières dynamiques et mouvantes, et qu’il est du devoir des actrices et acteurs étatiques et associatifs de les maintenir vivantes en étant continuellement audacieux et innovants.
Liste des organismes soutenus en 2024

Les appels aux projets du BCI ont pour vocation de soutenir différentes initiatives visant à favoriser la cohésion sociale, l’intégration des personnes étrangères et la prévention du racisme.
En 2024, 79 organismes ont été soutenus par le BCI.
• ALMEGA Formations
• Appartenances
• Association ABRAL
• Association Alteritas
• Association AMIS
• Association ARC-Echange
• Association asile.ch
• Association Bains de livres
• Association Belles Pages
• Association BienVenue
• Association Chantons, dansons le français
• Association de Quartier Bellevaux-Entrebois
• Association Découvrir
• Association des Z'amis de St-Cergue
• Association du SemoNord
• Association Ebene Suisse
• Association Entrelaçar
• Association Français en Jeu
• Association Globlivres
Association La Bourse à Travail
• Association la Ribambelle
• Association Le lieu-dit
• Association Lire et Écrire
• Association Nela
• Association Nouvelles Perspectives
• Association Ostara
• Association PanMilar
• Association PasserElle
• Association Pouvoir d'Agir
• Association Rainbow Spot
• Association reCYCLO
• Association Sainte Agnès
• Association WhatSport
• Assotiation Palabres
• Caritas Vaud
• Centre d'information sur les croyances (CIC)
• Centre social d’intégration des réfugiés (CSIR)
• Centre Social Protestant Vaud (CSP-Vaud)
• Centre socioculturel Pôle Sud
• Commission d'intégration Villeneuve (CIV)
• Commission intercommunale d'intégration Suisses-étrangers et de prévention du racisme Orbe-Chavornay (CISEROC)
• Commune de Bex
• Commune de Château-d'Œx
• Commune de Chavannes-près-Renens
• Commune de Cossonay
• Commune de Montreux
• Commune de Payerne
• Commune de Rolle
• Commune de Vallorbe
• Commune d'Epalinges
• Conseil & Accompagnement professionnel (CAP)
• Corref
• Département de la santé et de l'action sociale (DSAS)
• ECAP Vaud
• Entraide Protestante Suisse (EPER)
• Établissement primaire de Vevey
• Établissement vaudois d'accueil des migrants (EVAM)
• Fédération vaudoise de coopération (FEDEVACO)
• Festival Visions du Réel
• Fondation Pacte
• Globlivres
• Horizon Parrhésia
• Institut suisse Jeunesse et Médias (ISJM)
• Le Relais — Centre de formation continue (CEFIL)
• ODAE romand
— Observatoire romand du droit d'asile et des étrangers
• PEP-VD — Partenaire Enfance & Pédagogie
• Pro Enfance
• Sésame — Centre socioculturel de l’arrondissement scolaire de Rolle
• Solidarité Afrique Farafina
• Ukraine reborn
• UNIL — Université de Lausanne, Bureau de l'égalité
• Ville de Gland
• Ville de Lausanne
• Ville de Morges
• Ville de Nyon
• Ville de Prilly
DÉPARTEMENT DE L’ÉCONOMIE, DE L’INNOVATION, DE L’EMPLOI ET DU PATRIMOINE
Bureau cantonal pour l’intégration des étrangers et la prévention du racisme Avenue de Sévelin 46, 1014 Lausanne I T 021 316 49 59 info.integration@vd.ch I www.vd.ch/integration
© 11e édition, août 2025