Esprit Métis #15 / Le Canada... terre d'aventure

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►►Illustration de Julie Brault

CANADA Esprit Métis #15 - Canada


►►Photo : Cie Auguste-Bienvenue

SOMMAIRE ÉDITO / Page 3 UN JOUR J'IRAIS / Page 4 LES BRÈVES / Page 5 MUSIQUE / Page 6 COUP DE COEUR DVD / Page 6 LITTÉRATURE ÉXOTIQUE / Page 7 CLICHÉS MIS À MAL / Page 8 UN ESPRIT PLUS OUVERT / Page 9 PEUPLE MÉTIS / Page 10 MÉTIS CÉLÈBRE / Page 11 SOCIÉTÉ / Page 12

LE DOSSIER Canada, terre d'aventure / Page 14 Le Québec / Page 16 Témoignages / Page 16-19 Le métis du printemps / Page 20 Mode et beauté / Page 21 Cuisine métisse / Page 22 Poésie / Page 23 Entretient avec / Page 24 Récit de voyage / Page 26


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ÉDI T t me parle du n°15, Depuis le temps que l'on j'ai entendu les plus t te voilà enfin. Toi don étonnants récits... est le plus grand et Ce nouveau magazine pas par sa taille, mais le plus important, non lective fournie par par la perseverance col iation, Esprit Métis, soc les membres de l'as i. déf ce vé pour avoir rele tons ce magazine Ainsi nous vous présen voyager dans les fera s vou e, qui, je l'espèr s canadiennes. extraordinaires contrée

magazine gratuit édité par Le magazine Esprit Métis est un et tiré à 2000 exemplaires. l’association loi 1901 Esprit Métis /13 | Dépôt légal à parution | Publication du numéro 14 le 08/03 cpublication : Thomas Dubourg | Réda de eur Direct | 2332 :1960 | ISSN cJean et Siti-Anrafa Said Ali | Réda trices en chef : Anaïs Lassalle Saintzzo taire de rédaction : Isabelle Marcu trices invitées : Aurélie Gruel | Secré Galylle Marcuzzo & Marie-Christine | Correctrices : Marion Roset, Isabe Kellie e et fondatrice d’Esprit Métis : Aché | Directrice artistique-Créatric qui | Bravo à toute l'équipe d'Esprit Métis Brault Julie rture : Couve | is Dubo Clanet, numéro | La team métis : Achta a réussi le pari fou de réaliser ce ny Rojo, Anaïs Lassalle Saint-Jean, Antho Alexis Fernandez, Amine Mehidi, Cédric Benjamin Lagard, Cécilia Doury, Anoudara Vongvilay, Badara Sarr, Elodie c, Lupia otte Charrier, Claire Charl taine, Laqui t Bonne Jault, Céline ry ProDubourg, Gaétan Ruffault, Grégo Emilie , Joffre ne Emeli ay, Ancen Brault, e Morin, Isabelle Marcuzzo, Julie venzano, Habib Hamada, Hélèn rd, Penhouet, Laure Moullé, Lola Goula Karen Toris, Kellie Dubois, Kevin Mariet, nick Merly, Marie Cécile Plumo Maëva Roy, Manon Adoue, Maria Milo y, Debra m, Marion Roset, Martin Christine Galy-Aché, Marion Eyque Quam ne Fate, Patricia Grange-Boué, et Levi, Noufal Bensaoud, Océa tien a Richer, Sébastien Gouriou, Sébas Kuakuvi, Rémi Lachaume, Sabrin urg, Ali, Sylvain Lacombe, Thomas Dubo Lamigou Gratiaa, Siti-Anrafa Said t, Marso e med, Yasmina Gamiette, Marin Véronique Magniant, Warda Moha Biscarat. Elodie et t Fable im Joach , ineau Amine Pouss


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LES BRÈVES

LES

BRÈVES ILS SE SONT BOUGÉS

SKATE-PARK INDOOR L’association la Brigade, actuelle gestionnaire du hangar Darwin, va pouvoir donner une nouvelle dimension à ce lieu et ainsi accueillir un large public et des compétitions de sport de glisse grâce à l’accord du conseil municipal. Cet espace insolite où de nombreuses associations cohabitent permet l’émergence des cultures urbaines comme le skate ou le Bicycle Motocross ou Bicross (BMX). ■ 87 Quai des Queyries, 33100 Bordeaux ►►Roxane Lassalle Saint-Jean BUZZ DU NET

COMMENT REPRÉSENTER L' HISTOIRE DE L'HOMME AVEC UN GRAND H ? C'est ce qu'a souhaité présenter Steve Cutts dans son court-métrage MAN. Une vision assez fataliste de la relation de l'homme avec la nature, le tout avec l'humour tranchant du réalisateur. À découvrir dans ces 3 minutes 37 d'animation à ne surtout pas rater ! ■ Youtube : Man Steve Cutts ►►Anthony Rojo

MADE IN JAPAN

LE CINÉMA Au Japon, le cinéma est un luxe et l’offre est assez réduite : grandes productions américaines et films nippons à l’eau de rose… à 1800 yens (15 €) en moyenne. Heureusement, de nombreuses petites salles sont spécialisées dans un genre, avec des réductions. Mais à Tokyo, il faut les trouver car elles sont bien cachées ! Alors aujourd’hui, les bons films japonais et peu chers de l’Utopia me manquent ! ■ ►►Tséline

ZOOM SUR

MAGYD CHERFI Pour s’évader sans quitter son fauteuil, prenez Magyd Cherfi Airline. Leader du groupe toulousain Zebda, Magyd Cherfi a réalisé deux albums solo. Il nous fait voyager dans un univers musical doux et mélancolique où il mélange des sonorités latines et orientales. Ce parolier engagé nous propose, au fil de ses textes, sa vision de la diversité. ■ ►►Amine Mehidi

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MUSIQUE

ÉVASION CÉLESTE ET POUDRE D’ARC-EN-CIEL

Partons pour un voyage interstellaire avec « La Princesse des ténèbres » (dixit Les Inrocks). Grimes, petite sorcière arc-en-ciel du pays des caribous, nous enchante avec son dernier album «Visions». Passionnée du métissage culturel et musical, elle se nourrit de sons traditionnels africains et asiatiques mais aussi de J-Rock, de Pop, de R'n'B des 90's, de Punk, de Noise, d'Électro.

Cette artiste libre et spécialiste du « Do it yourself » rêve qu'Aphex Twin fasse un duo avec Mariah Carey ! «Visions» est une ascension sur un nuage empreint de « douceur électrisante ». Écoutez. Laissez-vous porter ! ■ Source : LesInrocks.com / Etonweb.be / ►►Roxane Lassalle Saint-Jean

COUP DE COEUR DVD

«LES BÊTES DU SUD SAUVAGE» La petite Hushpuppy vit dans le Bayou, en Louisiane, avec son père, le souvenir de sa mère disparue et tous les animaux dont elle aime écouter les battements de cœur. Mais la montée des eaux menace de submerger sa petite ville et surtout de libérer des aurochs préhistoriques… Plus qu’un conte rempli d’aventures en tous genres, Benh Zeitlin nous offre une ode à la vie et à l’amour. Amour de la terre, même dévastée, d’où l’on vient et où l’on vit, et amour de la liberté, le tout servi par une mise en scène fougueuse et spontanée. À l’image d’Hushpuppy. ■ ►►Marion Roset

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LITTÉRATURE EXOTIQUE

ELLE VA NUE,

LA LIBERTÉ Maram Al-Masri - Editions Bruno Doucey, 2013

Les mots sont parfois bien plus forts que des images. Comme ceux de Maram Al-Masri, poète syrienne, dans ce recueil où elle nous jette à la face des scènes atroces de la guerre dans son pays. Sous « perfusion d’images » incessante de la Syrie, nous avons fini par être anesthésiés en quelque sorte. Cet ouvrage remet, avec pudeur et délicatesse, avec un immense amour, l’horreur en place. Au nom de la liberté. Mot qui rime ici avec martyrs, douleur et victimes. Mot-bombe éclatant à chaque page, il rime aussi avec force et espoir. ■ ►►Patricia Grange-Boué

NOS ÉTOILES

CONTRAIRES de John Green

Hazel et Augustus ont dix-sept ans. Au premier regard, un lien les unit, une force irrésistible les attire l’un à l’autre. Une histoire d’amour pour ados comme les autres ? Si ce n’est que ces deux-là se rencontrent à un groupe de soutien pour jeunes cancéreux. Hazel est condamnée, ses poumons malades manquent de se noyer à chaque effort. Augustus est en rémission mais n’a qu’une jambe, l’autre ayant succombé à une tumeur osseuse. Aucuns pathos, aucun apitoiement. Une histoire d’amour comme les autres, teintée de l’urgence de vivre, de l’urgence de respirer à pleins poumons. De l’urgence de s’autoriser à tomber amoureux, même s’il n’y a pas d’espoir. ■ ►►Véronique Magniant

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CLICHÉS MIS À MAL

SUÉDOIS,

FROIDS

CHALEUREUSEMENT

UN JOURNALISTE ANGLAIS A DIT UNE FOIS QUE LE DÉBUT D'UNE AMITIÉ AVEC UN SUÉDOIS C’EST COMME VIDER UNE BOUTEILLE DE KETCHUP. AU DÉBUT RIEN NE SE PASSE, ET TOUT D’UN COUP – BAM ! LE CONTENU SE VIDE DE PARTOUT ! MYTHE OU RÉALITÉ ? LES GENS DU NORD SONT FROIDS. Un lieu de vie meublé tout Ikea, un mug de café à la main, un vélo pas loin… Ah ! Les Suédois ! Il semblerait aussi qu’ils ont une approche prudente quand il s'agit de nouvelles personnes. Les Suédois préfèrent acheter une cigarette à un collègue plutôt que d'en demander une. Malgré tout, ils ont un cœur gros comme ça. C’est une forme de discrétion hors du commun mais qui cache quelqu’un de très humain.

GRAND, BLOND AUX YEUX BLEUS ? Près d'un cinquième des 9,5 millions de Suédois ont des racines dans d'autres pays. En conséquence - et malgré le défi de la ségrégation - le nombre croissant d'immigrants fait de la Suède une société ouverte, internationale et multiculturelle. Le nouveau repas traditionnel suédois du vendredi - le diner familial sacré - est aujourd'hui : le tacos ! Donc vous trouverez encore bien entendu des grands blonds aux yeux bleus en Suède mais surtout dans les contes de princesses

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ECOLO PONCTUEL DANS L’ÂME ? Non, les Suédois ne produisent pas de montres – ça, c'est les Suisses – mais ils ont plutôt la réputation d'être très ponctuels. Ils ne l’étaient pas forcément concernant la lutte contre le changement climatique. La Suède organisa la première conférence des Nations unies sur l'environnement et fut le premier pays européen à établir une réserve naturelle. Les Suédois chérissent la nature. Dans le cadre du « droit d'accès commun », un élément précieux de la culture suédoise, les promenades à travers les forêts et les champs, la cueillette des baies et des champignons, sont ouvertes à tous sans la permission du propriétaire. Forcément, les Suédois sont Verts ! C'est vrai, les Suédois ne vont pas vous saluer dans la rue, ou s'asseoir à côté de vous spontanément ; mais quand ils sortent de leur bouteille de ketchup, alors là gare à vous ! ■ ►►Texte de David


UN ESPRIT PLUS OUVERT

LES "GENS DU NORD" ONT LE CŒUR CHAUD

ET L’ESPRIT OUVERT !

Avant de rencontrer Cédric côté amour c’était beaucoup « sois belle et tais-toi », un peu « hum, tu es formidable ! Qu’est-ce que ce poulet est bon ! ». Pour mettre à mal des clichés il semble inévitable de le confronter à d’autres. Oui, j’étais avec un gars du sud : un Basque ! Je suis moi-même née au Pays basque où ma maman vit avec un homme du cru et mon demi-frère, un vrai basque s’il en est - sa première phrase de la journée : « sois mignonne, fais moi un café et des tartines ! ». On en rit beaucoup avec ma maman qui se demande comment en étant la fille d’une féministe de la première heure elle se retrouve tous les matins, toutes affaires cessantes, à faire les tartines de mon petit frère. C’est pourtant bien elle qui m’a toujours conseillé « Claire prend un homme au-dessus de la Loire ! ». Aujourd’hui j’ai compris, j’ai rencontré un homme du Sud mais avec une ascendance du Nord, des parents hollandais expatriés dans les années 70 la tête remplie d’idées libertaires ! Résultat un homme en or, un blond aux yeux bleus avec une grande carcasse à la peau blanche (parfois rougie) et rempli de vertus ! À commencer par l’empathie, la qualité, je crois, dont découle toutes les autres… il questionne, vit et comprend mes émotions. Il n’en est que plus respectueux. Avant de rencontrer Cédric et toute sa famille, l’image que j’avais du Hollandais c’était le vacancier cramoisi des plages du Sud. Un être chauvin ne faisant pas mine de s’intéresser à l’autochtone. « C’est parce que vous ne parlez pas un mot d’anglais » s’offusque ma belle famille, « au contraire nous sommes très curieux de l’autre, plus que les Français, on vous trouve très indifférents cachés derrière votre discrétion ». Force est de constater que tous les Néerlandais que j’ai croisés parlent

parfaitement l’anglais. Concernant l’ouverture à l’autre et l’ouverture d’esprit, c’est incontestable ; en témoigne la modernité de leur politique : pour exemple l’euthanasie et le mariage gay sont autorisés en Hollande depuis douze ans ! Le jour où j’ai passé la porte de cette famille très chaleureuse je me suis tout de suite sentie bien, j’y suis comme dans ma propre famille, je me sens « importante ». Un être unique, qu’on ne juge pas mais qu’on interroge. Je suis surprise et me surprend moi-même à rougir aux questions. Je n’ai pas l’habitude de parler de moi de manière totalement ouverte, on finit par en rire ! Oui, on rit beaucoup et souvent, on peut rire de tout mais rarement aux dépens de quelqu’un, on ne se moque pas ! Tolérance et empathie comme ligne de conduite ! ■ ►►Texte de Claire Marquebieille ►►Illustration de Julie Brault

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DIGNES FILS DE

TOUSSAINT

On prononce « Haïti » et immédiatement on convoque des images sombres : régime sanglant des Duvalier et de leurs Tontons macoutes, pays le plus pauvre du continent américain, sous-alimentation, insécurité, corruption, cyclones, séisme dévastateur suivi d’une forte épidémie de choléra en 2010… Pourtant, Ayiti est riche. De par son histoire et de par son peuple dont la diaspora rayonne aux quatre coins du monde, porteuse d’espoir… Voisine de la République dominicaine avec laquelle elle formait autrefois l’île Hispaniola, Haïti est la terre de l’emblématique Toussaint Louverture, ancien esclave affranchi qui a joué un rôle primordial dans le combat contre le colonialisme, l’esclavage et pour l’émancipation des Noirs. C’est le premier pays au monde né d’une révolte d’esclaves et en cela, il a été une forte source d’inspiration. « En me renversant, on n'a abattu à Saint-Domingue que le tronc de l'arbre de la liberté, mais il repoussera car ses racines sont profondes et nombreuses » aurait prononcé Toussaint Louverture juste avant d’être déporté en France. Il peut être fier de là où il est car, malgré toutes les calamités d’origine naturelle ou humaine auxquelles ses descendants ont dû et doivent faire face, les Haïtiens forment un peuple talentueux et libre ! L’histoire de la « perle des Antilles » n’a pas été un long fleuve tranquille. La période tumultueuse des dictatures de Papa Doc et Baby Doc (Duvalier père et fils) a ainsi contraint de nombreux Haïtiens à s’exiler. Mais cet exil a donné naissance à une diaspora (2e génération actuellement) qui contribue à 25% du produit intérieur brut du pays. 10 Canada - Esprit Métis #15


PEUPLE MÉTIS

Les communautés haïtiennes sont présentes en République dominicaine (pays voisin), aux États-Unis, au Canada (notamment au Québec, et à Montréal en particulier), en France (notamment dans les DOM-TOM et en région parisienne), en Belgique et en Suisse. Ces « racines profondes et nombreuses » font rayonner Haïti, en particulier dans les domaines culturels. La communauté haïtienne la plus active est très certainement celle du Québec où le gouvernement a favorisé l’installation des Haïtiens, où se sont créées de nombreuses associations (La perle à Montréal) et où une place haïtienne, La place de l’Unité, a été aménagée. Parmi les personnalités d’origine haïtienne du Québec, on peut citer : Michaëlle Jean, journaliste et gouverneure générale du Canada de 2005 à 2010 ; Léonel Jules, peintre ; Anthony Kavanagh, (voir ci-contre) ; Dany Laferrière, écrivain et prix Médicis 2009 ; Stanley Pean, écrivain, et le très regretté Georges Anglade, écrivain décédé pendant le séisme de 2010. Mais au niveau mondial, la liste des personnalités haïtiennes ou d’origine haïtienne s’allonge : René Depestre, Gary Victor et Jean-Robert Léonidas, écrivains ; Lyonel Trouillot et Thélyson Orélien, poètes ; Sydney Poitier, acteur et réalisateur ; Luck Mervil, acteur et chanteur ; Kery James, Wyclef Jean, 50 Cent et Jay-Z, rappeurs ; la regrettée Teri Moïse, chanteuse soul etc. Le festival Étonnants Voyageurs de Saint-Malo ne s’y est d’ailleurs pas trompé. Il s’est délocalisé pour une première édition haïtienne en décembre 2007. A cette fin, une association Étonnants VoyageursHaïti a été mise en place avec Dany Laferrière et Lyonel Trouillot pour présidents. Une 2e édition devait y avoir lieu en janvier 2010 mais a été annulée en raison du séisme. Elle a finalement eu lieu en février 2012. Mais en Haïti, le talent ne se limite pas aux célébrités connues dans le monde entier. L’énergie créatrice des peintres et des poètes anonymes est partout dans les rues, elle bouscule les ruines, les camps de fortunes et les oiseaux de mauvais augure. Ignorant cyclones et séismes, elle s’affirme en toute liberté, force et avenir de ce peuple. ■ ►►Texte de Patricia Grange-Boué ►►Illustration de Mikhaël Martin

ANTHONY KAVANAGH

Humoriste, acteur, auteur, animateur, danseur, chanteur ! Québécois de nationalité et de naissance, Haïtien d’origine et Français d’adoption. Sources d’inspiration : Michael Jackson et Eddie Murphy ! Impossible d’enfermer Anthony Kavanagh dans une case ! Depuis sa première scène à 14 ans, rien ne semble devoir résister à ses talents. Il mène sa carrière en anglais et en français, à cheval entre deux continents, entre France et Québec. Anthony Kavanagh ne craint ni l’aventure ni les paris mais c’est aussi un homme engagé contre le racisme et les préjugés. On le ressent dans ses spectacles et ses choix artistiques, notamment avec sa participation aux films Agathe Cléry ou Les amants de l’ombre. ■

MÉTIS CÉLÈBRE

►►Patricia Grange-Boué Esprit Métis #15 - Canada 11


SOCIÉTÉ

LA MARCHE

COMME DÉMARCHE LIBÉRATRICE DEPUIS QUELQUES ANNÉES, LES SÉJOURS DE RUPTURE SE DÉVELOPPENT FORTEMENT ET APPARAISSENT COMME LA SOLUTION ÉDUCATIVE POUR CERTAINS JEUNES EN GRANDE DIFFICULTÉ. LE PRINCIPE : MARCHER LONGTEMPS, LOIN, AVEC UN ÉDUCATEUR ET SE CONFRONTER À L’INCONNU POUR MIEUX SE DÉCOUVRIR DANS LES DEUX SENS DU TERME : SE CONNAÎTRE ET SE DÉVÊTIR DE CE QUI PÈSE TROP LOURD. PARTIR LOIN POUR MIEUX REVENIR Séjour de rupture, voilà une appellation qui interpelle : généralement quand on parle de « séjour » on pense « vacances », « détente », « tourisme » ; tandis que quand on parle de rupture, on pense plutôt à une séparation brutale. Cela fait donc l’effet d’une chose agréable associée à une autre qui l’est beaucoup moins. Pour autant, en y réfléchissant, ce n’est pas contradictoire. Après tout, lorsque l’on part, pour un périple de 2000 km à pied, loin de nos repères habituels, à la découverte de l’inconnu, il s’agit bien d’un séjour qui s’apparente à une vraie rupture avec tout ce que cela peut contenir de douloureux mais de salutaire. Ces séjours sont généralement destinés à des jeunes en grande difficulté. Accompagné d’un éducateur, le jeune part pour une durée qui varie de trois à dix-huit mois, souvent à l’étranger, dans des pays du sud, où la réalité est autre et fait réfléchir. L’objectif est que le jeune se dépasse, lâche prise et se libère à travers la marche. Un temps d’effort, qui permet aussi de prendre du recul et qui est donc particulièrement propice à la réflexion.

DÉSTABILISER POUR TROUVER UN ÉQUILIBRE Pour un jeune en difficulté, ancré dans une spirale d’échecs, de déceptions, en perte d’espoir, partir loin pendant quelques temps peut s’avérer être une porte de sortie vers un avenir meilleur. Après tout, il est plus difficile de reproduire les mêmes réflexes dans un contexte totalement différent. La promesse des séjours de rupture est donc de pouvoir transformer un cercle vicieux en cercle vertueux et redonner au jeune, estime de lui-même et goût de la réussite. Mais cela ne se fait pas du jour au lendemain et sans accompagnement. Le séjour se prépare en amont, car pour partir il faut être prêt ; il nécessite un suivi quotidien et une évaluation à son terme pour préparer le retour. Des étapes aussi importantes les unes que les autres.

L’EXEMPLE DU SEUIL Si l’on prend l’exemple du Seuil, association proposant des séjours de rupture, la première étape pour le jeune et son accompagnant consiste à faire un stage de préparation : cinq à sept jours dans un gîte, animés par le responsable de marche. C’est le temps de la rencontre avec l’accompagnant ; 12 Canada - Esprit Métis #15


SOCIÉTÉ

mais aussi le temps de l’exercice physique qui donne un avant-goût de l’effort ; et enfin le temps de la découverte du cadre de la marche : le budget quotidien, l’équipement, le matériel, et l’itinéraire. A l’issue du stage, vient le moment de définir des objectifs et de s’engager : le jeune élabore son contrat d’engagement qui sera signé et validé lors de la fête de départ. Ensuite, le périple peut commencer. Et pas des moindres car il s’agit de 25 km de marche par jour en moyenne pendant quinze semaines dans un pays limitrophe de la France. Équipé d’un téléphone mobile, l’accompagnant est en contact régulier avec l’association et lui envoie chaque semaine, un rapport complété et validé par le jeune. Ainsi, partir loin, ne veut pas dire s’isoler ; au contraire les rencontres et le suivi du responsable de marche, de la psychologue, du parrain du jeune et de co-marcheurs, sont autant d’éléments structurants qui font partie intégrante du dispositif. Enfin, à l’issue du séjour, vient le temps de la fête d’arrivée pour féliciter le jeune qui part ensuite en stage d’après marche afin de faire le point et se projeter dans la construction de son avenir. Comme le dit l’association : « La marche Seuil ouvre des horizons, change le statut du jeune, il devient actif de sa propre émancipation, et ce, par sa seule énergie, sa seule volonté ».

DES RÉSULTATS POSITIFS, À CERTAINES CONDITIONS Les résultats obtenus grâce aux séjours de rupture semblent globalement positifs : selon un rapport interministériel, il y aurait deux tiers de jeunes non réitérant à l’issue de leur séjour. Pour autant, certaines dérives ont été constatées : prix exorbitants proposés par des associations, accompagnants non formés au métier d’éducateur, actes de prosélytisme, confrontation trop brutale à une autre culture. Pour éviter cela, une des préconisations de la mission interministérielle est d’intégrer le séjour de rupture dans le parcours éducatif du jeune, à travers une vraie préparation du départ et du retour, et un accompagnement pendant le séjour. A ces conditions, le séjour de rupture pourra pleinement remplir son rôle. Pour conclure, les séjours de rupture m’évoquent la réflexion suivante : La marche c’est le mouvement, le déplacement… Quand on marche, on avance, on observe une dynamique de progression, et lorsqu’on la maintient durant plusieurs mois, « avancer dans la vie » devient un réflexe, une réussite, en cela réside l’enjeu des séjours de rupture. ■ Sources : 1. http://www.lien-social.com/spip. php?article2453&id_groupe=4 2. www.assoseuil.org/ ►►Texte de Karen Toris

Esprit Métis #15 - Canada 13



LE DOSSIER

i un rêve

a auss us qu’il y

canadien

qui

urez-vo t bien fig cain ? E ri é m ns de a e nnes. s le rêv r 10 millio ale, un 00 perso issez tou ’étend su a 0 s n i 0 une capit n u 5 ont o q n 2 c t u e c n s d a a h s é c g Vou rè t n p n chesse d u o e t i é est une ri nada es oires qu que ann a it é a it C rr h les rs c te t le e n e , is iv ir e ta o d tt a utre é du mond s et de tr re. Cette l’une et l’a province ste pays tité prop is a n a ix v e ç d s n id e a lu r d fr p u e ou en e et le stituée Deuxièm ur histoir n anglais n est con flètent le riment e fédératio p re x i a u L ’e q s plus ². i s u m le q k mbo es et les bitants et des sy plus rich ions d’ha s ill le lques m , e s 5 u drapeau é 3 q p s dévelop our avoir issent le s P ill lu e p ? u s s rg e le . s o s s’en el romes s pays s du pay tes ses p partie de urélie Gru officielle ays. ►►A iment tou nada fait p a langues ra u v C d il le e , c th lt ien tien e provin monwea do canad lus grand du Com bec, la p is l’Eldora é a Membre u M Q . u e a d n tour du mon faisons u attractifs ponses, ré e d ts n éléme


LE CANADA

LE QUÉBEC ,SA DEVISE:

«JE ME SOUVIENS» Sa langue officielle étant celle de Molière, la province attire naturellement beaucoup de francophones. Des visiteurs qui peuvent profiter de séjours urbains, du calme de la villégiature, de la richesse du patrimoine ou encore de l’observation d’une nature riche et diversifiée. De quoi vous émerveiller et vous faire vivre des expériences inoubliables. Désormais, lorsque l’on vous dira « Québec », vous répondrez : « Je me souviens ». ■ ►►Aurélie Gruel

. . . E G A N G I O M É T

i : Australie, pendant 2 ans et dem pour découvrir le monde tté qui je repart tou que à j’ai déj ans À 26 en France, je savais e… Quand je suis rentré Asi pour les e, as and vis Zél des llesi uve aus No ait dire que le Canada fais u end ent ais ébec. j'av Qu et tirai à l'étranger valises destination : le faisais à nouveau mes je ès, apr i dem et an pvtistes. Un lais prolonger tant que pvtiste. Je vou J’y suis resté un an en ne Professionnel eur avec un visa Jeu mon statut de travaill é. mais ca n'a pas march

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LE DOSSIER

t traAlors je suis passé touriste pendant 7 mois. J'ai dû malheureusemen visas des ure réouvert la t attendan en période vailler au noir pendant cette dernier. janvier en un obtenir en à réussi enfin J'ai Jeunes pro. permanente mais la Depuis, je fais les démarches pour pouvoir rester en résidence Le premier ministre longue. très surtout et nt rativeme administ lourde très est re procédu tion. Donc les l’immigra de Stephen Harper a décidé de fermer les portes au niveau l'abondance et Canada du re l’ouvertu sur Europe idées reçues qu’on a en France et en fausse. est ici faire d'argent qu’on peut se difficile de trouver du Personnellement je ne pensais vraiment pas que ce serait aussi technique, je pencv lourd un avec nte polyvale et manuelle e personn travail. Étant une poste mais non. bon un sais qu’en allant frapper aux portes des entreprises je trouverais ise, on me ferme Malgré mes équivalences de diplômes, un cv réalisé façon québéco assez spécifié pas et postes les portes en me disant que je suis trop border ligne sur les dans ''LA JOB'' comme on dit ici. Je suis parti en GasCes déconvenues ne m’ont pas empêché de voir un peu de pays. aménagé. C’est j'avais que 4x4 un avec s pésie la première année pendant 3 semaine côtés. certains par Bretagne la à penser fait m’a qui un endroit magnifique Acadiens avec Je suis aussi allé dans le New Brunswick à la rencontre des fameux en tant que l’Histoire dans illustrés sont se Ils (rires). couteau au leur accent à couper est franQuébec le défenseurs de la langue française et c’est un peu grâce à eux que cophone. nous sommes partis Il y a aussi beaucoup de parcs nationaux, et avec mes parents fjord du Saguenay... le ac, Tadouss à deux semaines pour voir les baleines à bosses Que du plaisir ! ■ Pour aller plus loin : pays tout en PVT : Le Programme Vacance Travail permet de voyager dans certains istes.net/ http://pvt Voir : . maximum an un dure qui ce expérien Une t. travaillan Témoignage recueilli en juin 2014

AYMERIC,

. X U A DE R BO DE E IR A IN IG R O S N A 33 Esprit Métis #15 - LE DOSSIER - Canada 17


LE CANADA

LES GAOUS À TORONTO

TROIS TICKETS POUR L’AVENTURE ! Je m'appelle Carole. Je suis une jeune maman togolaise. Je suis installée au Canada, à Toronto plus précisément depuis 2 mois et demi. Je suis arrivée avec ma fille de 4 ans, mon mari et 7 grosses valises. Nous ne connaissions personne, nous n'avions pas d'emploi sur place, pas de logement et aucune garantie que tout allait bien se passer. On pourrait aisément comparer notre départ à une mission suicide. Avant de débarquer la fleur au fusil en Ontario, nous vivions à Paris. Mon mari et moi avions chacun un emploi stable. Nous gagnions plutôt correctement notre vie. Vu de loin nous avions la petite vie parfaite. Nous avons malgré tout décidé de bousculer notre quotidien et de partir à l'aventure. Après nous être renseignés sur la viabilité de notre projet, nous avons décidé de nous lancer et de tenter notre chance. Nous avons fait une demande pour avoir un visa de résident permanent. La procédure a duré un peu moins de deux ans. Il nous a fallu beaucoup de patience, énormément de papiers et quelques milliers d'euros pour réaliser notre rêve un peu fou ! Le départ a été vraiment difficile. Les adieux aux amis et à la famille ont été particulièrement douloureux. D'ailleurs les premiers jours j'envisageais carrément un retour en arrière tellement le vide créé par l'absence des amis et de la famille était insupportable. Puis avec le temps, la douleur s'est apaisée. Nous ne sommes pas installés depuis assez longtemps pour faire un bilan objectif de notre immigration. Je pense qu'il faut un certain recul pour faire une telle analyse. Je peux cependant dire que tout est beaucoup plus simple ici. Nous avons trouvé un appartement en seulement 4 jours sachant que nous ne travaillions pas. Pas de paperasse interminable ou de garant. Nous avons eu aussi de la chance niveau travail. Nous avons tous les deux trouvé un emploi assez rapidement. Nous avons beaucoup moins de responsabilités que dans nos précédents postes en France mais nous n'avons pas perdu au niveau des salaires. Le marché de l'emploi semble beaucoup plus dynamique ici. Le Canada n’est pas un eldorado. La crise est passée par ici aussi. Nous sommes conscients d’avoir eu beaucoup de chance. Toronto est une ville magnifique. Contrairement à Montréal, son charme ne saute pas aux yeux tout de suite. Mais quand on regarde d'un peu plus près c'est vraiment une très belle ville.

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LE DOSSIER

Les immeubles géants côtoient des constructions à taille plus humaine. Je n'ai pas encore tout visité mais j'ai eu un gros coup de cœur pour Harbour Front. C'est un endroit en plein centre-ville qui donne sur les bords du lac Ontario. C'est tellement apaisant qu'on ne se croirait pas en plein cœur d'une grosse mégapole Nord-Américaine. Pour l'instant nous allons de découvertes en découvertes ! Nous nous sommes émerveillés devant la tour CN et nous sommes allés aux chutes du Niagara. C’est un endroit magnifique ! On se sent minuscule devant cette merveille de la nature. Toronto est une ville qui bouge beaucoup. Il y a pas mal de choses à faire. Depuis notre arrivée il y a eu de nombreux évènements ! Parmi lesquels : La nuit Blanche. Cet évènement est inspiré d'un autre du même nom né à Paris il y a quelques années. Toute la nuit, on peut se balader, découvrir des expositions, visiter des musées et voir la ville sous un autre jour. La marche des zombies. C’est un évènement bien Nord-Américain. Il s'agit d'une grande parade ! Les gens sont déguisés en monstres en tout genre et défilent dans la ville ! Cette parade précède la fête d'Halloween.

CANADA

Nous avons encore pleins de visites prévues. Les mille îles, la Bruce Peninsula pour l'Ontario mais aussi le reste du Canada, le Nouveau Brunswick, la Gaspésie, Vancouver, le Saskatchewan, les territoires du Nord-Ouest pour ne citer que ceux-là. Le Canada est un immense pays et nous comptons bien en profiter. ■ Blog : http://lesgaousatoronto.wordpress.com Témoignage recueilli en novembre 2013

Esprit Métis #15 - LE DOSSIER - Canada 19


ELISE, 17 ANS, ÉLÈVE DE TERMINALE FRANCO-CANADIENNE, S’APPRÊTE À ALLER À LA RECHERCHE DE SES ORIGINES. EN EFFET, ELLE FERA SA RENTRÉE EN SEPTEMBRE, À QUEEN'S UNIVERSITY À KINGSTON AU CANADA.

PEUX-TU ME PARLER DE TON MÉTISSAGE ?

J'ai eu la chance de naître et de grandir dans une famille où le métissage règne, ma mère est française, mon père est canadien ; il vient du Nouveau-Brunswick, province bilingue du Canada. J'ai été par conséquent élevée et bercée au son, de l’anglais et du français.

TA DOUBLE CULTURE EST-ELLE UN ATOUT ? COMMENT LA VIS-TU ?

J'ai toujours vécu ma double-culture comme une grande chance ! Cela m'a permis de naître bilingue ce qui est un atout de nos jours. De plus, baigner dans deux cultures très différentes m’a permis de réaliser dès mon enfance que le monde était peuplé de personnes différentes les unes des autres, tant par leur mode de vie que par leur culture. Grâce à mon métissage, j’ai développé un esprit plus ouvert sur le monde. Je ne pense pas que ça aurait été le cas si j'avais grandi dans une famille 100% française. Être à la fois Française et Canadienne, me donne l'impression d'avoir plein d'options dans la vie. Je suis fière de mon métissage !

TROUVES-TU QU’IL Y A DES DIFFÉRENCES ENTRE LE CANADA ET LA FRANCE ?

Le Canada et ses provinces sont tout aussi différentes les unes des autres qu'elles le sont de la France. Le Canada pays d'Amérique du Nord, présente toutes ses caractéristiques, par son architecture et sa culture. Toronto par exemple, est un petit New-York, avec ses gratte-ciel et son China Town. Alors que Montréal est plus calme, ce qui n'empêche qu’il y ait des Starbucks à tous les coins de rue ! Tout est plus grand et plus gros au Canada. Que ça soit pour les portions des fast foods, les voitures, ou les maisons, rien à voir avec la France. Les gens y sont aussi très différents. Ils sont plus cools, plus aptes à aller vers l’autre, plus décomplexés qu'en France. Lorsque je vais dans ma famille, bien qu'ils me connaissent à peine, ils m'accueillent les bras ouverts, à coups de « Oh My God it's so great to see you ». Ils ont cette façon de tout amplifier mais une forte solidarité que je ne retrouve pas en France.

AIMERAIS-TU VIVRE UN JOUR AU CANADA ?

Depuis toute petite, je rêve d’aller vivre au Canada. Pour concrétiser ce projet j'ai passé des tests pour intégrer une section Option Internationale du Baccalauréat et j'ai été admise à Queen's University à Kingston ! Cela grâce à mon métissage, car qui dit double culture, dit double nationalité. Je suis impatiente de pouvoir m'imprégner encore plus de ma double culture, découvrir mon second pays, revenir à mes origines. ■ ►►Propos recueillis par Noémie Fernandez


Indémodable chemise à carreaux

CHAQUE SAISON, LA CHEMISE À CARREAUX FAIT SON GRAND RETOUR. GRAND RETOUR ? EN VÉRITÉ, ELLE N'EST JAMAIS VRAIMENT PARTIE ET NI VRAIMENT REVENUE. La chemise à carreaux a toujours

été présente.

à la peau Dans l'inconscient collectif, elle colle forêts les dans ise hem des bûcherons en surc et boys cowles avec pe galo du Canada, elle et de Folk de s icien mus les gne mpa elle acco cto chez les Country. Elle se rebelle sous un perfe autour noue se ou hirt T-s punks, s'ouvre sur un de la eurs rapp les et ges grun les de la taille chez se, Ecos En 90. West Coast dans les années 80ine l'orig ime expr elle se fait tartan et son motif Vichy, elle se clanique de celui qui la porte. En de bonnes fils « les chez ète fait sage et discr i se montrer auss it sava elle jadis mais lles » fami la croisette. sur coquine avec BB et ses copines en Inde et ras mad en ent On la croise très souv bes des e-ro gard les dans ue jusq elle s'exporte ent accomsouv plus le ers skat des et ters hyps pays du pagnée d'un slim ou d'un chino. Au de la mode, te poin la à Soleil-Levant pour être gnés. Les dési ultra y Vich fs moti elle exhibe des hirt imprimé T-s un sur rte ouve ent l'aim filles et des bottes avec un mini short ou un jean serré ll. 'n'ro Rock cloutées pour un look du monde, La chemise à carreaux fait le tour x, elle icau mus ants elle traverse les cour de pas n'a et âges les tous se porte à e. genr de e renc préfé ances, Comme un pied de nez aux tend i elle a fini par se faire une place parm nos basics. ■ Sources : Slate.fr n

t-Jea ►►Texte de Roxane Lassalle Sain


Poutine métisse au fromage qui pue

DES BONNES FRITES, DU CHEDDAR EN GRAINS QUI FAIT « COUICH COUICH » SOUS LA DENT ET DE LA GRAVY, UNE SAUCE BRUNE ÉPAISSE. POUR MÉTISSER UN PEU TOUT ÇA FAÇON FRENCHY, J’AI CHOISI UNE SAUCE FROMAGE AU CHAOURCE ET UNE SAUCE BRUNE AU FOND DE VEAU ET AU THYM. ON MET LES DOIGTS, ON N’HÉSITE PAS !

Faire revenir les échalotes émincées dans une belle noix de beurre.

Ingrédients pour 4 personnes : • 8 grosses pommes de terre spéciales frites Sauce fromage : • 1 Chaource • 20 cl de lait écrémé Sauce brune : • 2 échalotes • 1 cuillère à soupe de farine • 25 cl de fond de veau • 2 cuillères à soupe de sauce worcestershire • 1 trait de sauce soja • 1 brin de thym.

Lorsqu'elles sont dorées, ajouter la farine, et laisser dorer légèrement également (sans laisser brûler). Ajouter le fond de veau, bien mélanger. Assaisonner avec la worcestershire, pour donner un léger goût "sauce barbecue", et de soja, qui salera à point la sauce et lui donnera une couleur brune plus intense. Ajouter le brin de thym, mélanger et éteindre le feu. Laisser le thym infuser tranquillement dans la sauce. Ôter la croûte du Chaource (ce sera bien assez corsé comme cela !) Couper le fromage en gros morceaux, mettre dans une petite casserole avec le lait écrémé. Faire fondre à feu doux. On obtient une sauce à la fois assez liquide mais qui nappe bien le palais ! Faire frire les frites (en deux bains si vous les voulez bien croustillantes : les frire une première fois jusqu’à ce qu’elles soient bien molles, retirer de l’huile, puis frire une deuxième fois pour les avoir bien croustillantes). Servir en nappant bien les frites avec la sauce au fromage et la sauce brune. Ne pas hésiter à dire « Tabernac’, l’osti d’poutine, qu’c’est bon !!! ». Et se resservir ! ►►Véronique Magniant Plus de recettes, rendez-vous sur

http://www.cuisinemetisse.com/


LE DOSSIER

DESTINATION CANADA Le tramway passe et le même rêve me revient. Je continue mon chemin et je m’assois finalement Près du miroir d’eau, face à la Place de la Bourse. Vais-je enfin trouver un sens à ce rêve inexplicable ? Canada ! Ce pays de mon étrange imagination. Désormais le nom ne sort plus de mon esprit. Est-il possible qu’une autre vie m’y attend ? Et pourquoi donc cette destination dont j’ignore tout Que rien ne m’évoque si ce n’est l’accent québécois ? Canada ! Ce pays de mon étrange imagination ! Est-ce peut-être le côté vaste de cet endroit inconnu Qui m’appelle et qui m’attire vers l’aventure ? Bien sûr Que j’aime le risque et je ne voudrais pas manquer Une occasion de m’évader, avoir la liberté de connaitre Canada, ce pays de mon étrange imagination ! Miroir, cher Miroir d’eau, éclaire mon esprit, Je voudrais m’asseoir sur le siège de mes pensées Voyager à travers cette destination bien floue et Contempler le milieu de « ce village de cabane », Canada, ce pays de mon étrange imagination !

Voilà encore un rêve déterminé à me faire agir Qui me pousse à voir de l’autre côté du rideau, Rencontrer cette fameuse partie de mon destin, Que je me ferai un tel plaisir d’y découvrir car Le Canada ! C’est le pays de mon imagination.

►►Texte de Océanne_fate ►►Illustration de Mariannick

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ENTRETIEN AVEC

AUGUSTE-BIENVENUE : UNE RENCONTRE AU CLAIR DE LUNE

BIEN PLUS QU’UNE SIMPLE COMPAGNIE DE DANSE, AUGUSTE-BIENVENUE EST UN VÉRITABLE LABORATOIRE DE RECHERCHE ARTISTIQUE OÙ DIFFÉRENTES DISCIPLINES SE CÔTOIENT. Dernière création en date, « Zouhan » met en scène cinq personnages : un conteur, une chanteuse, un musicien et deux danseurs qui transportent le public dans une soirée de pleine lune au cœur d’un village africain. Rencontre avec les initiateurs du projet : Bienvenue Bazié et Auguste Ouédraogo.

ESPRIT MÉTIS : COMMENT EST NÉE LA COMPAGNIE AUGUSTE-BIENVENUE ? Au départ, tous les deux, on vient d’une troupe qui s appelle « Le Bourgeon du Burkina ». C’était un lieu - qui existe toujours – où l’on accueillait des adolescents pour les initier à la danse, à la musique, au chant, à différentes activités artistiques. Et c’est comme ça qu’on s’est rencontré. Après cette expérience on a voulu créer notre propre compagnie.

EM : QUELLE EST LA PARTICULARITÉ DE VOTRE COMPAGNIE ? Ce qu’on veut, c’est amener une nouvelle façon de faire au niveau de la création de la danse. On mène un travail de recherche pour aborder le mouvement différemment, aborder la scène différemment et apporter un plus à cette création contemporaine. Toutes les autres disciplines nous inspirent pour l’écriture de nos spectacles. On s’intéresse également à la formation des jeunes. Après avoir constaté qu’il y avait un manque de danseuses dans le milieu professionnel, on a ouvert un cadre de formation qui s’appelle « Engagement féminin » : ce projet que nous avons mis en place depuis 2008 propose une période de formation pour les danseuses intéressées et leur permet d’avoir les outils nécessaires pour vraiment se professionnaliser.

EM : PARLEZ-NOUS DE VOTRE DERNIÈRE CRÉATION, « ZOUHAN » On y trouve de la parole, des contes etc. On vient d’une société d’oralité où la transmission des valeurs se fait beaucoup à travers les contes, les devinettes les proverbes… On a voulu intégrer cette dimension à notre spectacle parce qu’on avait envie d’une certaine façon d’amener le public à être partie intégrante de ce spectacle, à participer, à se retrouver au cœur d’un voyage physique et imaginaire à travers les histoires. Partant de cette inspiration, de cette volonté, on s’est dit qu’il fallait écrire une histoire où on allait intégrer des devinettes, des contes, pour vraiment poser ce cadre participatif.

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LE DOSSIER

EM : VOUS TRANSPORTEZ LE PUBLIC DANS UNE SOIRÉE DE PLEINE LUNE AFRICAINE. RACONTEZ-NOUS L’AMBIANCE DE CES SOIRÉES ? On s’est inspiré de cette manifestation du clair de lune qu’il y a en général en Afrique et qui est organisée autour de la place du village. C’est un moment où on pose des devinettes, où il y a une interaction avec le public. Pour cela, on a voulu que ces éléments fassent partie du spectacle, pour qu’on puisse véritablement créer le lien avec le public.

EM : COMMENT S’EST DÉROULÉE L’ÉCRITURE DE CE SPECTACLE ? Il y a eu une résidence d’écriture du texte avec KPG [le conteur, NDLR] avec des moments de rencontres avec des personnes âgées dans un village reculé à 60 km de Ouagadougou, pour échanger autour de la parole et de toutes ces valeurs qu’on essaie de mettre en avant. Cela nous a également servi pour les moments de lutte : vous verrez que toute la danse, la chorégraphie, les mouvements sont inspirés de la lutte africaine. C’était important d’échanger, de comprendre un certain nombre de choses pour avoir plus d’éléments pour cette pièce. L’écriture est contemporaine puisqu’on s’est inspiré de tout cet environnement traditionnel, de toutes ces valeurs pour faire une création. On s’est fait notre propre soirée de clair de lune, une soirée où on déambule.

EM : LORSQUE VOUS JOUEZ EN PLEIN AIR, LE PUBLIC SUIT LES TRACES DU CONTEUR ET SE DÉPLACE AU FUR ET À MESURE DE L’HISTOIRE. COMMENT ARRIVEZVOUS À RECRÉER CETTE DÉAMBULATION EN INTÉRIEUR ? C’est un spectacle qui s’adapte aux différents lieux. On essaie d’exploiter les lieux tels qu’ils se présentent. La façon d’amener le public diffère selon les âges mais aussi selon l’espace. C’est un spectacle qui s’adapte, mais c’est surtout l’univers de la création qui donne un cadre. On est tout de suite transporté par l’histoire, on ne se rend pas compte de l’environnement dans lequel on se trouve. Il y a un univers qui est installé à travers la musique, la danse et aussi la parole. La pièce s’adapte à tous les lieux. Il faut préciser qu’elle a été créée sous deux formes : extérieure et intérieure. Dans la forme intérieure que nous présentons en salle il y a toute une création de lumière, tout un travail scénographique : la chorégraphie est retravaillée et le décor aussi change.

EM : VOUS JOUEZ CE SPECTACLE EN FRANCE ET AU BURKINA FASO ? LE PUBLIC L’A-T-IL ACCUEILLI DE LA MÊME MANIÈRE DANS LES DEUX PAYS ? On remarque que le contact se fait très vite avec le conteur dès le début et ça fonctionne de la même manière. On a la même réaction du public des deux côtés. Ce qui était intéressant à Ouagadougou où on a passé deux mois pour la création du spectacle. C’est qu’il y en a beaucoup qui redécouvraient tout cet univers qui leur était familier, remodelé à notre façon. ■ ►►Texte de Siti-Anrafa Said Ali

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RÉCIT DE VOYAGE

Anecdotes de voyage DE RETOUR APRÈS UN PÉRIPLE DE SIX MOIS À LA DÉCOUVERTE DE L’INDE DU NORD, DU NÉPAL, DE LA THAÏLANDE, DU LAOS ET DU VIETNAM, ON M’A TRÈS SOUVENT DEMANDÉ DE RACONTER MON VOYAGE. « RACONTER UN VOYAGE » EST UN EXERCICE DIFFICILE VOIRE IMPOSSIBLE POUR DE NOMBREUSES RAISONS. CEPENDANT, AU DÉTOUR D’UNE CONVERSATION, QUELQUES ANECDOTES REFONT SURFACE…

LES « FRENCH TOASTS » DE FATEHPUR SIKRI Lors de mon voyage, il m’est fréquemment arrivé de découvrir des spécialités culinaires françaises étrangement interprétées par les cuisiniers locaux. Par exemple, lors de mon séjour dans une petite pension familiale de Fatehpur Sikri (Rajasthan, Inde), quelle ne fut pas ma surprise lorsque l’on m’apporta mon petit déjeuner ! J’avais demandé à l’excellent chef cuisinier, Adil, âgé de douze ans (!!!), une assiette de « pain perdu » et j’avais eu en retour du pain à l’omelette (ou de l’omelette au pain... au choix). Ce n’était pas mauvais, loin de là, mais assez distant de la saveur tant dé-

sirée après un mois à manger des plats plus épicés les uns que les autres. Le lendemain matin, je lui ai proposé de lui apprendre à réaliser de vrais « French toasts ». En vérifiant les ingrédients dont il disposait, je me suis rendu compte qu’il n’avait pas de cannelle. Malheureusement, malgré une course effrénée dans les ruelles minuscules et encombrées de la ville sur la moto conduite par son grand frère, nous n’avons pas pu trouver la précieuse épice. De retour à la pension, nous sommes passés en cuisine pour la leçon théorique et pratique. Notre vocabulaire anglais technique ayant de très nombreuses lacunes, nous nous sommes compris avec quelques mots, beaucoup de gestes et les éclats de rires furent nombreux. Le résultat fut à la hauteur de nos espérances et tout le monde se régala !

LA PAGODE JAPONAISE Darjeeling, ses champs de thé à perte de vue, ses rues escarpées encombrées de 4x4 crachant une fumée épaisse, ses nombreux touristes indiens, son point de vue extraordinaire sur quelques hauts sommets de l’Himalaya et

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LE DOSSIER

sa pagode japonaise… Karlijn, ma compagne de voyage du moment, et moi avions vu sur notre guide qu’il y avait une pagode à visiter non loin de la ville. Il y était également indiqué les horaires : 18h-20h. A la nuit tombée, c'est-à-dire vers 17h30, nous avons fait une petite marche pour nous y rendre. Arrivés au temple bouddhiste, nous nous sommes fait happer dans une salle de prière. Là, une quinzaine de fidèles agenouillés était en train de taper sur un tambourin, de la forme d’une poêle à crêpes, à l’aide d’une petite branche tordue dont l’écorce avait été retirée, tout en chantant ou marmonnant sans cesse un même mantra. Un moine nous a accueillis en nous indiquant où nous installer. Gênés à l’idée de refuser et mal à l’aise de déranger les personnes présentes, nous sommes allés tambouriner et chanter dans un coin de la salle une quinzaine de minutes avant de nous échapper discrètement. Petite note pour plus tard : ne plus jamais se faire piéger dans une salle de prière !

UN TRAJET CONFORTABLEMENT INSTALLÉ... SUR DEUX SACS DE RIZ ! Après avoir fui la Thaïlande, trop touristique à mon goût, j’ai débarqué dans une gare routière de Paksé, au Laos, avec pour objectif de me réfugier sur l’une des 4000 îles situées au sud du pays, sur le Mékong. De là, des taxis collectifs partent régulièrement pour les villes environnantes. Ce sont généralement de vieux pickups bâchés équipés de trois rangées d’étroits bancs de bois sur lesquels s’entassent les passagers et aussi, très souvent, les ba-

gages et colis lorsque la galerie du véhicule est saturée. Quelques touristes au visage fermé se sont jetés sur les quelques places encore libres à l’arrière du pickup pensant que celui-ci allait partir rapidement, mais ils ont rapidement déchanté car le véhicule n’était pas assez rempli au goût du conducteur. Après avoir chargé sept ou huit personnes de plus et le double de bagages malgré les protestations parfois virulentes des touristes déjà à bord, nous étions sur le départ et c’est sous les yeux interloqués des passagers, étrangers comme locaux, que je me suis confortablement installé sur les deux sacs de riz accrochés sur le marchepied à l’arrière du véhicule. Lunettes de soleil, lecteur MP3 et foulard pour me protéger un peu de la poussière et des gaz d’échappement, j’étais paré ! J’étais le seul passager à avoir de la place pour mes jambes, de l’air et à pouvoir marcher un peu lors des cours arrêts que nous avons faits pour déposer des personnes dans les villages traversés. Ce fut l’un de mes trajets préférés !

RENCONTRE D’UNE BELGE FAN DU BLOG CUISINE MÉTIS... AU LAOS ! Sur la fin de mon premier séjour au Laos, j’ai rencontré un couple belgo-suisse avec qui j’ai passé quelques jours avant de partir pour le Vietnam. Comme nous nous étions très bien entendus, nous avions prévu de nous rejoindre quelques jours plus tard à Ninh Bình. Alors que je lui dictais mon mail (fred.espritmetis@...), elle s’exclama : « Ah ! Mais je connais ça ! Esprit Métis ! Je suis absolument fan du blog Cuisine Métisse !!!! ». Bref, si vous doutiez qu’Esprit Métis soit connu aux quatre coins du monde, en voici une preuve ! ■ ►►Texte de Fred

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BIG UP SITI / Pour avoir coordonné la rédaction AURÉLIE / Pour avoir écrit le dossier KELLIE / Pour la direction artistique JULIE / Pour tes illustrations qui nous font voyager Au reste de la team ANAÏS / AMINE M / AMINE P / CHARLOTTE / HABIB JOACHIM / MARINE / PATRICIA / SABRINA / THOMAS


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