# 10 JUIN-AOUT 2015
sécuritésécurité & défen urité & sécurité défense & &
SD
►Toute l’information sécurité & défense
magazine
► Dossier spécial
Security:
a prerequisite to the ASEAN economic development ► Actualités Interschutz : France à l’honneur ou l’excellence française au cœur de la sécurité civile internationale ► F ocus Les réfugiés de birmanie/Myanmar en thaïlande dans le jeu diplomatique sous-régional : facteurs de déstabilisation, moyen de pression ou monnaie d’échange ?
► Chronique VIP Claude Revel - Déléguée interministérielle à l’intelligence économique - L’intelligence économique et stratégique, une gouvernance en marche
ISSN - 2266-2936 Prix au numéro - 9,25 € - France
L’offre capacitaire sécurité Soutien export du GICAT
www.gicat.com GROUPEMENT DES INDUSTRIES DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ TERRESTRES ET AÉROTERRESTRES
sécurité sécurité & sécurité défense sécurité & défense sécurité sécurité & sécurité Sommaire
ESPRIT COM’ 5 rue de l’église – 64230 DENGUIN 0033 (0)5.59.81.28.75
Directeur de la publication : Christian Crozat Rédacteur en chef : Mélanie Bénard-Crozat Responsable commercial : Pascal Podlaziewiez 0033 (0)6.70.68.82.53 Conception graphique : Esprit com’ Ont participé à ce numéro : Mélanie Bénard-Crozat, Hugo Cardinal, Franck Chevallier, Constance de Darnezont, Elisabeth de France, Arnaud Dupuis, Sarah Dutkiewiez, Eric Frécon, Jade H., Ivy Harper, Myriam Quéméner, Christian Sommade
Remerciements/Sources Judith Cahen, Bernard Refalo, Dorothée Bonneil, Julie Rose, Marie-Laure Thomas, Muriel Kafantaris, François Mattens, Fabien Val, Weng si Duverdier, Catherine Parrot, Claire Sabatier, Rozenn Jouannigot, Centre Asie-IFRI, Xavier Guilhou, Rapport d’information déposé par la commission des affaires étrangères en conclusion des travaux d’une mission d’information constituée le 11 décembre 2013, sur « les émergents d’asie du sud-est » et présenté par M.Gwenegan Bui et M. Jean-jacques Guillet, députés, Senia Febrica, PhD Researcher, Department of Politics, University of Glasgow, Thales, Business France, GICAT, DGSCGC, HCFDC, Ministère de l’intérieur, INTERPOL, FAO Les opinions émises dans la revue n’engagent que les auteurs. Les publicités et rédactionnels insérés le sont sous la responsabilité des annonceurs. L’éditeur se réserve le droit de refuser toute demande d’insertion sans avoir à motiver son refus. Reproduction intégrale ou partielle interdite. Abonnement 2015 Abonnement annuel – 4 numéros France métropolitaine : 37 € Europe – Switzerland : 55 € USA – Middle-East : 61 € Dépôt légal à parution ISSN 2266-2936
CHRONIQUE VIP
Propos recueillis par Mélanie Bénard-crozat
4► Claude Revel - Déléguée interministérielle à l’intelligence économique L’intelligence économique et stratégique, une gouvernance en marche
ACTUALITES
6► Opinion / Cybercriminalité : la délinquance économique du XXIe siècle -
Par Myriam Quéméner, magistrat 10► Tribune / La sécurité : défi majeur du 21e siècle 12► Interschutz : France à l’honneur ou l’excellence française au cœur de la sécurité civile internationale - Par Hugo Cardinal 16► Tribune / Gestion de crise et continuité d’activité : encore du chemin à parcourir
FOCUS
46► Les réfugiés de birmanie/Myanmar en thaïlande dans le jeu diplomatique sous-régional : facteurs de déstabilisation, moyen de pression ou monnaie d’échange ? Par Eric Frécon, enseignant-chercheur à l’Ecole navale et pilote de l’Observatoire Asie du Sud-est (Asia Centre)
sécurité & défense
S&D magazine est une publication de
# 10 JUIN-AOUT 2015
REPORTAGES
47► Centre de formation d’excellence à la plongée militaire – Par Franck Chevallier 49► Des hommes et de la technologie pour les grands événements –
Par Franck Chevallier
DOSSIER SPECIAL:
SECURITY: A PREREQUISITE TO THE ASEAN ECONOMIC DEVELOPMENT by Hugo Cardinal, Mélanie Bénard-Crozat, Elisabeth de France, Sarah Dutkiewiez, Jade H., Constance de Darnezont, Ivy Harper
20 ► Major Risks: Asia most affected between now and 2100 25 ► South-East Asia constitutes a major security challenge for France 27 ► A market in need of structure: between the expression of needs and the supply
of solutions 31 ► Remarkable economic growth: focus on a flourishing market 36► The fight against terrorism & border security 38 ► Maritime piracy at the forefront of the international security goals
S&D VERSION NUMERIQUE
De l’information en continue sur sd-magazine.com
sécurité & défense magazine
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CLAUDE REVEL
DÉLÉGUÉE INTERMINISTÉRIELLE À L’INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE
sécurité & défense
Chronique VIP
L’intelligence économique et stratégique, une gouvernance en marche © ©B. Granier/Matignon
Propos recueillis par Mélanie BENARD-CROZAT
valeur ajoutée par une exploitation professionnelle de l’information. Elle permet de protéger et de promouvoir les intérêts stratégiques, l’image et la comptétitivité internationale des acteurs économiques qui l’utilisent.
L’INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE : UNE PRIORITÉ STRATÉGIQUE AU CŒUR DE LA COMPÉTITION INTERNATIONALE
L
’actualité est à l’intelligence économique et à la sécurité. Avec son premier sommet dédié consacré en début de mois, le sujet prend de plus en plus d’ampleur en France.
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L’intelligence économique (IE) se développe en France en tant que mode de gouvernance. Dans les entreprises comme au sein du secteur public, elle contribue à éclairer les décisions et à produire de la
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L’IE se compose de plusieurs volets. La veille stratégique constitue le premier d’entre eux. Indispensable à l’anticipation et à la sécurité économique, qui sont deux des autres piliers de l’IE, elle est vitale pour bien comprendre son environnement économique. Il est essentiel de prendre conscience que le traitement professionnel de l’information permet de prendre les meilleures décisions et d’anticiper l’évolution économique. Avoir une longueur d’avance est vital ! Le volet sécurité économique s’exprime à travers la prévention des risques, notamment immatériels (données, savoir-faire, image, propriété, réputation, …). L’IE revêt un axe nouveau dans la culture française, celui de l’influence. La formation est également un volet important. Elle s’adresse à tous
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les niveaux. Dans la continuité de l’expérience pilote du « référentiel IE et nouveaux risques du XXIe siècle » qui vient de se terminer dans plusieurs établissements, nous souhaitons généraliser l’intégration de modules obligatoires dans l’enseignement supérieur pour sensibiliser les jeunes, qui sont de futurs décideurs… Par ailleurs, il existe des sessions de formation dispensées par la DCRI et la Gendarmerie. Les chambres de commerce et d’industrie disposent de ces informations et peuvent guider les entreprises.
MANQUE DE DOCTRINE ET DE BONNES PRATIQUES
Le besoin de « doctrine » et de clarification des concepts et pratiques est patent. La D2ie a ainsi produit des notions-clés d’intelligence économique, pour tous les acteurs, un référentiel de formation à la cybersécurité pour les PME, des principes directeurs et vade-mecum pour les chercheurs en mobilité internationale, des bonnes pratiques pour les pôles de compétitivité, et elle a organisé une vaste réflexion sur l’intelligence économique territoriale qui a débouché sur des propositions.
NORMALISATION & INFLUENCE
La normalisation est un allié dans la compétition. Cette arme stratégique peut ouvrir ou fermer des marchés extérieurs. C’est aussi une arme d’influence dans le cas des normes de gouvernance. La France doit donc être présente et participer à l’élaboration des règles. Il faut travailler en amont pour préparer les normes de demain.
Ainsi nous pourrons activer les leviers de l’influence. Il nous faut également être présents sur le travail de réflexion amont dans les normes industrielles car l’IE duplique les sources d’information. C’est un champ vierge international où la France doit se positionner. La délégation contribuera à développer la présence française dans les différentes enceintes européennes et internationales afin de promouvoir des règles et des normes internationales qui nous semblent utiles. La norme peut conditionner l’accès aux marchés, il ne faut pas l’occulter. Nous devons également promouvoir notre image, qui est l’une des bases de l’influence. La France compte aujourd’hui parmi les pays performants dans le domaine de l’intelligence économique mais le jeu de l’influence reste notre grande faiblesse. Nous avons les moyens et les compétences pour exceller. Nous devons travailler cet enjeu et renforcer l’influence de la France sur la scène internationale.
LES DÉFIS A VENIR L’ouverture du cyberespace, la généralisation du numérique et l’ère du big data constituent les grands défis de demain qui s’invitent au cœur de l’intelligence économique. Tout le monde s’accorde désormais sur le fait que préserver les intérêts français et sécuriser les informations stratégiques et économiques du pays est une impérieuse nécessité. Une vigilance accrue à ce domaine sera nécessaire. 22 fiches pratiques sont d’ores et déjà mises à disposition sur notre site Internet.
ÉCHANGE D’INFORMATIONS ET PARTENARIAT PUBLIC-PRIVÉ L’idée aujourd’hui est de développer une véritable culture de l’échange d’informations. L’information est devenue une matière première précieuse et abondante. Il faut donc savoir à la fois la protéger, la gérer et la partager. Il faut pour cela pouvoir s’appuyer sur un véritable réseau de compétences et d’excellence. Cela concerne l’échelon central comme celui des territoires et de nos représentations à l’étranger. Il en résulte un défi majeur que nous devons relever qui constitue aussi l’une des clefs pour réussir : le développement de partenariat public-privé. Il ne s’agit pas de financement, mais de soutenir les entreprises grâce à des échanges d’informations, à des mises en relations avec des contacts locaux, par le réseau des ambassades notamment. Une mise en réseau primordiale mais pour l’heure pas assez exploitée. La création du Comité de la filière des industries de sécurité par le Premier ministre, dont je suis membre du conseil, vise à mettre en pratique ce dialogue publicprivé au service de la sécurité du citoyen et de la compétitivité de l’industrie française. L’idée est que nos entreprises développent des solutions technologiques efficaces et mondialement compétitives sur ce marché. Nous devons saisir cette opportunité. En participant au Cofis, je peux donner mon avis et en tirer aussi des enseignements pour agir. Car l’intelligence économique n’est utile que si elle est appliquée.
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Actualités OPINION
sécurité & défense sécurité & sécurité défense
CYBERCRIMINALITÉ : LA DÉLINQUANCE
ÉCONOMIQUE DU XXIE SIÈCLE Par Myriam Quéméner, magistrat
L
a criminalité économique et financière a pris désormais
une connotation « cyber » comme
toutes les activités illicites avec le développement d’Internet et des réseaux numériques. En effet , la
croissance rapide de la connectivité mondiale a pour conséquence une
montée en puissance de la criminalité informatique qui constitue l’une
des dix formes recensées de crimi-
nalité grave ayant une dimension transfrontalière1.
Ainsi, les cyberfraudes, les escroqueries
qui ont souvent des ramifications inter-
aux faux ordres de virement ciblent les
nationale. La police mais aussi la justice
données personnelles échangées et
sont à un tournant historique sans pré-
monnayées sur des marchés parallèles,
cédent et s’investissent en urgence dans
« les Darknets ». Ces nouveaux fonction-
ce domaine numérique pour préserver à
nements constituent des défis majeurs
la fois l’ordre public économique et les
pour le droit pénal et la procédure pénale
droits et libertés fondamentaux.
qui est désormais un droit en mouvement qui tente de s’adapter à la cyber mondialisation de cette délinquance. Si le droit pénal classique tant matériel que processuel répond partiellement à ces nouveau défis, le législateur est intervenu pour
COMMENT AGIT CETTE CYBERDÉLINQUANCE FINANCIÈRE, QUELLES SONT SES MODES OPÉRATOIRES ET COMMENT LA COMBATTRE ?
l’adapter et le moderniser en introdui-
Tel Janus, le numérique a aussi sa face
sant de nouvelles techniques d’enquête
Des réponses à ces questions sont néces-
plus sombre en offrant aussi des oppor-
comme l’infiltration et la captation de
saires et l’Etat3 a mis en place une véritable
tunités nouvelles pour les délinquants en
données qui sont par ailleurs soumises
stratégie de lutte contre ce phénomène qui
général et notamment dans le domaine
aux exigences du Conseil constitutionnel
vise à anticiper de manière efficace les
économique et financier.
et des cours européennes. Complexifiée
risques numériques. Les initiatives sont
Bitcoins, monnaies virtuelles, cloud com-
par cet écosystème numérique, la lutte
nombreuses pour mieux protéger les
puting, big data, autant de termes qui
contre la criminalité économique et
internautes et lutter contre ces fléaux.
surgissent dans cet écosystème numé-
financière nécessite aussi la création
On peut citer un rapport publié en juin
rique dans leurs dimensions juridique
d’instances spécialisées tant sur le plan
2014 aux ministres de l’Intérieur et de
et stratégique. La dématérialisation des
national avec par exemple le nouveau
l’Economie, à la Garde des Sceaux et à la
transactions permet aussi un accrois-
procureur de la République financier
secrétaire d’Etat chargé du Numérique4.
sement de l’anonymat des échanges,
qu’au niveau international avec Interpol
facilitant ainsi le passage à l’acte des
et Europol qui consacrent des moyens
cyberdélinquants .
supplémentaires à ces cyberinfractions
2
6
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1. Art. 83, paragraphe1 du TFUE. 2. M.Quéméner,Criminalité économique et financière à l’ère numérique, Economica, 2015 3. Guide de bonnes pratiques de l’informatique ; ANSSI 4. Min. Justice, communiqué, 30 juin 2014 5. A. Bauer, «La globalisation du crime», Pouvoirs 1/ 2010 (n° 132), p. 55.
Actualités technologies de l’information comme
sécurité & défense rité sécurité & défense
Le caractère souvent occulte de cette
UNE CRIMINALITÉ ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE COMPLEXIFIÉE PAR LE RECOURS AU NUMÉRIQUE
délinquance s’accorde parfaitement avec
Internet. Ces phénomènes ont contribué
la dématérialisation des transactions qui
à l’essor de la criminalité économique et
réduit souvent de façon significative les
financière désormais internationale et
possibilités d’identification des auteurs
sont donc complexes à juguler. L’Europe
d’infractions économiques et financières.
n’a pas pu éviter l’installation durable
Outre le fait que cette délinquance est
Ainsi, le cybercrime ne cesse de se déve-
sur son sol d’une criminalité économique
difficile à appréhender et à mesurer13,
lopper et de déjouer les parades mises
très performante .
elle s’est encore complexifiée en raison
en place par les entreprises 5. Les vols
On constate aussi de plus en plus de vols
du recours aux réseaux informatiques et
d’identité, les escroqueries, les fraudes
de données personnelles
notamment
aux technologies numériques qui sont
diverses, les cyberattaques visant à
bancaires, de multiples escroqueries
désormais utilisées pour commettre
anéantir les systèmes économiques ou
numériques, de piratages massifs, de
les infractions économiques et finan-
les destructions de données progressent
manipulations de cours de bourse, d’at-
cières. Ignorant les frontières, sa nature
fortement tous les ans malgré les nom-
taques informatiques dénommées cybe-
internationale rend difficile l’usage des
breux systèmes de protection constam-
rattaques, d’atteintes à l’e-réputation,
droits étatiques et conduit à l’établis-
ment créés.
d’espionnage industriel par les systèmes
sement d’un flou juridique à l’échelle
Par ailleurs, les vulnérabilités des réseaux
d’information. L’époque est non plus aux
internationale14 .
aggravées par le biais de cyberattaques
classiques braquages mais aux cambrio-
permettant la récupération de données
lages numériques, moins risqués et plus
Le développement de l’économie, des
bancaires et financières inquiètent les
lucratifs. En effet, l’économie moderne
échanges et des capitaux au-delà des
États qui mettent en place des stratégies
n’a pas échappé à l’informatisation et
frontières nationales de chaque État a
9
10
de cybersécurité . Ainsi par exemple
à la numérisation de la société qui est
créé les bases d’un marché mondial qui
en France, face à l’intensification pré-
aussi une source de profits. L’ensemble
ouvre de nouvelles opportunités pour
occupante des cybermenaces à travers
du champ juridique en subit désormais
l’action de structures criminelles. Ces
le monde, le gouvernement a décidé
l’influence. Tel est le cas en particulier
dernières sont capables d’exploiter les
d’accélérer le développement des capa-
du droit pénal quel que soit son champ
différentes
cités nationales de cyberdéfense et de
d’application qu’il s’agisse du droit pénal
sociales, politiques et juridiques des
cybersécurité.
général, du droit pénal spécial ou du
différents domaines territoriaux, pour
En février 2014, le Premier ministre a
droit pénal des affaires ou plus large-
consolider des investissements et des
qualifié « d’enjeu stratégique majeur » la
ment du droit économique et financier.
trafics illégaux facilités notamment grâce
sécurité des systèmes d’information des
Les délinquants utilisent l’informatique
à l’extension et à la modernisation des
infrastructures vitales du pays et a précisé
qui leur permet de faire des opérations
moyens de communication, disponibles
qu’au-delà des intérêts économiques
frauduleuses plus rapidement sans tenir
des États, c’est la vie elle-même des
compte de leur localisation, bafouant
citoyens qui peut désormais être mise
ainsi les règles traditionnelles de la com-
en danger du seul fait d’une attaque
pétence territoriale résultant du principe
contre
d’information7
de la souveraineté étatique. En effet, le
et causer des préjudices financiers.
droit pénal, droit régalien par essence,
6
les
systèmes
11
est devenu l’un des domaines les plus
La délinquance profite des réseaux
directement concernés par l’internatio-
numériques et contribue au dévelop-
nalisation du droit, notamment en raison
pement
illicites
du processus de la « globalisation éco-
en matière économique et financière8
de
comportements
nomique »12 et de la dématérialisation de
avec par exemple ce que l’on nomme
transactions.
désormais le cyberblanchiment qui est
étroitement lié au recours croissant aux
conditions
économiques,
6. Site de l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (ANSSI): http://www.ssi.gouv.fr 7. http://www.gouvernement.fr/gouvernement/bilande-12-mois-d-actions-pour-une-france-numerique 8. P. Broyer, «La lutte contre le blanchiment face au développement des nouvelles technologies de l'information et de la communication », - Rapport moral sur l'argent dans le monde, 1998, Association d'Économie financière, Montchrestien, 2000,p. 68-79. 9. H. Boullanger, La criminalité économique en Europe, PUF, coll. Criminalité internationale, 2002,p. 240. 10. Panorama du Clusif, 2014 11. A. Lepage, « Internet : un nouvel espace de délinquance », AJ Pénal juin 2005, p. 217 et s., spéc. p. 217. 12. M. Delmas-Marty, « Les processus d'internationalisation du droit pénal (criminalité économique et atteintes à la dignité de la personne) », Archives de politique criminelle 1/ 2001 (n° 23), p. 123-129. 13. J. Cartier-Bresson, C. Josselin, S. Manacorda, Les délinquances économiques et financières transnationales et globalisation : analyses et mesures du phénomène, IHESI, 2001.
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sécurité & défense sécurité & défense sécurité Actualités
à des coûts toujours plus réduits, comme
notamment avec des opérations de
le montre de manière emblématique « la
blanchiment.
techniques pour lancer une « cyberat-
diffusion capillaire d’Internet »15.
Au sein d’un réseau international, la tech-
taque ». Le niveau d’expertise requis
nécessaire de disposer de compétences
nologie utilisée a pour fonction première
pour un projet cybercriminel n’a plus
En effet, les technologies numériques
d’optimiser tant la dissimulation que la
du sens du moment où il est possible
utilisées de surcroît souvent dans un
valorisation du capital suspect à l’échelle
aujourd’hui d’acheter librement en ligne
contexte international favorisent parfai-
du monde17. Ce type de blanchiment
les logiciels espions les plus élaborés
tement la dissimulation des infractions
organisé comprend non seulement des
ainsi que les données collectées par ces
qui vont alors être encore plus difficiles
équipements matériels et une variété
mêmes logiciels informations bancaires
à être connues des autorités policières
d’établissements (bancaires ou non) mais
et informations personnelles En outre, il
et judiciaires. Des réseaux criminels
intègre aussi les dernières innovations
est aussi faisable de commander un acte
se livrant au blanchiment par exemple
de l’ingénierie financière. Au départ, les
cybercriminel
utilisent des outils informatiques de
transferts de fonds illégaux ont comme
de prestataires spécialisés qui viennent
dernière génération et jonglent avec
vecteurs
puissants
chacun apporter leur savoir-faire, chaque
un nombre croissant d’intermédiaires
réseaux télématiques reliés à des places
maillon générant des bénéfices dont le
et d’opérateurs tels les fournisseurs
offshore : l’utilisation des réseaux infor-
montant répond uniquement aux lois de
d’accès, les opérateurs, les plate-formes
matiques pour le blanchiment de l’argent
l’offre et de la demande, la rareté d’une
d’échanges par exemple. Ces technolo-
sale est dans la norme des choses ; d’une
compétence augmentant les prix en
gies numériques permettent de déguiser
part, le blanchiment a nécessairement un
conséquence. Il en est par exemple du
les transferts en paiements commerciaux
caractère international, les lieux de pro-
botnet18 qui peut être loué pour faire des
dans le cadre de supermarchés fictifs ce
duction de la drogue étant très éloignés
opérations frauduleuses.
qui rend souvent impossible la traçabilité
des régions de consommation ; d’autre
des opérations pour remonter jusqu’aux
part, la multiplication des sites et la
La fragilité des infrastructures informa-
« têtes de réseaux ». Enfin les innovations
mise en place de cloisonnements et de
tiques et des systèmes d’information
juridiques permettant d’estomper la
barrières protégeant le secret des mouve-
des États et des entreprises n’est plus
provenance et la destination des capi-
ments de fonds sont relativement faibles ;
à démontrer et ce malgré l’importance
taux douteux ainsi que l’identité de leurs
enfin, la présence de nombreux opéra-
des mesures de sécurité mises en œuvre
propriétaires réels existent sous la forme
teurs interposés – fournisseurs d’accès,
et des moyens dont disposent les enti-
de procédures et de dispositifs divers
etc., et les possibilités de déguiser les
tés concernées. Selon Alain Bauer,
visant à faciliter la formation et le fonc-
transferts en paiements commerciaux
« Toute menace crédible d’atteinte à
tionnement en toute apparente légalité des
dans le cadre de supermarchés fictifs,
l’intégrité de ces réseaux confère un
réseaux de blanchiment. Car le droit mis
rendent difficile de remonter les filières.
poids et un impact criminels très fort à
d’opérations
de
ponctuellement
auprès
ses auteurs19. »
à la disposition de l’opacité organisée
participe lui aussi au travers de multiples
Par ailleurs avec la vulgarisation des modes
Aujourd’hui,
strates (écrans, comptes spéciaux, repré-
opératoires cybercriminels, il n’est pas
de sécurité existent et peuvent être
de
nombreuses
failles
sentations juridiques variées – trustees (fiducies), cabinets d’affaires –, domiciliation fiscale fictive) à la puissante pro-
tection des donneurs d’ordre et de leurs mandants. Ces habiles montages juridiques rendent complexes les investigations policières et judiciaires qui n’aboutissent que difficilement et souvent trop
lentement en raison d’une coopération
internationale souvent insuffisante entre les autorités concernées16.
Le crime organisé s’affranchit aujourd’hui
des contraintes géographiques et juri-
diques pour saisir des opportunités,
8
14. A. Bautzmann, «Lecture critique», Revue internationale et stratégique 2/ 2001 (n° 42), p. 171-175. 15. L. Picotti, « Section I - Droit pénal général », Revue internationale de droit pénal, 3/ 2006 (Vol. 77), p. 613-621. 16. C. Cutajar, «La description du processus de blanchiment», in Le blanchiment des profits illicites, Presses universitaires de Strasbourg, Collections de l'Université Robert Schuman, Centre de Droits des Affaires, 2000, 18-29. 17. B. Castelli, «Une autre mondialisation: les mutations du blanchiment contemporain », Mondes en développement 3/ 2005 (no 131), p. 111-130. URL : www.cairn.info/revuemondes-en-developpement-2005-3-page-111.htm. DOI : 10.3917/med.131.0111. 18. Le terme « bot » est le diminutif de robot. Les criminels distribuent des logiciels malveillants (également appelés programmes malveillants) capables de transformer un ordinateur en « bot » ou « zombie ». 19. A. Bauer, «Rapport au Président de la République et au Premier ministre ; Déceler, Étudier, Former : une voie nouvelle pour la recherche stratégique », Cahiers de la sécurité, 2008, Supplément au n° 4. 20. Site de la CNIL : http://www.cnil.fr/linstitution/actualite/article/ article/faille-de-securite-heartbleed-comment-reagir 21. http://www.cert.ssi.gouv.fr. 22. A. Fournier, « Heartbleed : les banques françaises tentent de rassurer », Le Monde, 14.04.2014 à 16 h 53, mis à jour le 14.04.2014 à 19 h 27.
sécurité & défense magazine
AU NIVEAU DE LA CO Actualités MONDIALE exploitées par les cybercriminels pour
notamment
récupérer l’argent et donc commettre
ligne de mire les
des actes de criminalité financière.
courriels, consti-
a
tue une difficulté
Récemment, une faille Heartbleed
20
en
été découverte dans plusieurs versions
plus
du logiciel Open SSL, sur lequel s’appuie
L’analyse
une grande partie de la sécurité du Web.
actes
Le protocole SSL chiffre les données
rence
utilisées lors d’un achat sur Internet
nus
par exemple, afin d’empêcher que des
nières
informations telles que vos données
montre
bancaires, vos identifiants ou vos mots
les
de passe ne puissent être récupérés
cherchent soit à entrer dans le serveur
peut être un facilitateur permettant la récu-
par des personnes qui ne devraient pas
des entreprises et des grands groupes
pération de données ensuite monnayables.
pouvoir y accéder. Concrètement la faille
industriels en utilisant des failles de
Appliqué au secteur de l’automobile, au
Heartbleed rend possible la récupération
protection, le plus souvent d’origine
domaine médical ou à des systèmes tech-
d’informations confidentielles sur un ser-
humaine, soit à capter de l’information
niques du quotidien, il a révolutionné les
veur . Les banques et certains sites ins-
en
équipements
modes de vie, en accentuant le recours à
titutionnels sensibles sont évidemment
nomades (ordinateur portable, clé USB,
la robotisation et à l’automatisation. On
en ligne de mire . La Réserve fédérale
smartphone, etc.) .
estime qu’en 2020, ce chiffre dépassera les
21
22
ancienne. des d’ingésurveces
der-
années que
attaquants
s’appropriant
des
23
américaine et l’autorité de supervision
50 milliards d’objets connectés Comme les
des institutions financières ont très vite
L’émergence du « cloud computing »
données déjà présentes sur Internet, ces
enjoint les banques du pays à appliquer
s’est aussi imposée comme un des
nouvelles techniques posent la question
les correctifs nécessaires pour préserver
enjeux majeurs pour les directions des
de la sécurisation de ces outils intelligents
les intérêts de leurs clients, et le fisc cana-
systèmes d’information (DSI), le stoc-
dien a même fermé son portail Internet
kage des informations et la disponibilité
mais aussi de leur contrôle, car-8,1 l’usurpation
le temps de vérifier que la sécurité des
des services constituant une probléma-
des prises de contrôle à distance peut être
données ne courait aucun risque : peine
tique phare pour les acteurs du secteur,
facilitée.
perdue pour environ 900 contribuables,
confrontés à des doutes récurrents sur
dont les données ont été dérobées par
la sécurité des solutions proposées. Cet
Il est nécessaire et urgent de mettre en
des pirates, a fait savoir le service des
item figure parmi les trois cibles privilé-
place une réelle cyberpolitique publique de
impôts canadien.
giées par les hackers ou les attaquants,
lutte contre la cybercriminalité27. Il convient
avec les informations sensibles à valeur
d’inciter tous les acteurs à se mettre en
Le déploiement dans le milieu pro-
commerciale et l’atteinte à l’image d’ins-
ordre de marche de façon plus cohérente et
fessionnel des terminaux mobiles tels
titutions ou de grands groupes, selon
constructive pour lutter contre ce fléau avec
les téléphones, les smartphones, les
le Club de la sécurité de l’information
le souci de répondre au besoin légitime de
tablettes amplifient les risques aux-
français. Cette technologie, sans cesse
protection des cybervictimes.
quels sont confrontées les entreprises.
davantage prisée pour des raisons de
La question de la confidentialité des
facilité et de coût par les entreprises et
informations est dès lors posée non
les consommateurs qui veulent héberger
seulement à travers le matériel dont
leurs données sensibles sur des serveurs
sont propriétaires les entreprises, mais
extérieurs, constitue aussi un nouveau
également les équipements personnels
défi, eu égard au risque d’intrusion qu’elle
des salariés, qui souhaitent de plus en
génère25.
24
plus utiliser leurs propres appareils sur leur lieu de travail. La consultation de
Parallèlement, le nouveau marché des
sites Internet sur un poste de travail, avec
objets connectés en pleine expansion26
$ ( $
de profils Internet susceptibles de favoriser
23. http://www.intelligence-economique.gouv. fr/dossiers-thematiques/securite-economique. 24. Informatique en nuage. 25. Toutefois, certains professionnels d’Internet (notamment OVH) ont conçu des clouds sécurisés, intégrant des solutions de cryptologies. 26. E. Freyssinet, https://www-cairn-info.biblionum.uparis2.fr/publications-de-Freyssinet-Eric--102088. htm, L’internet des objets : un nouveau champ d'action pour la cybercriminalité, https://www-cairninfo.biblionum.u-paris2.fr/publications-de-FreyssinetÉric--102088.htm, cairn-info.biblionum.u-paris2. fr/revue-realites-industrielles.htm, Annales des Mines - Réalités industrielles 2013/2 (mai 2013). 27. F.Chopin «Les politiques publiques de lutte contre la cybercriminalité, AJ Pénal Dalloz 2009, p. 101
sécurité&&défense défensemagazine magazine sécurité
9
Actualités TRIBUNE
LA SÉCURITÉ : DÉFI MAJEUR DU 21E SIÈCLE «
Dans un nouvel espace mondial interdépendant, les notions de sûreté et les typologies de menaces évoluent très rapidement. Ces mutations font de la sécurité le défi majeur du 21e siècle. » souligne Rémi Thuau, Préfet et Président des salons Milipol. C’est dans cette optique que le salon incontournable et attendu de Milipol Paris 2015 ouvrira ses portes en novembre prochain à Paris.
En effet, cette année, pour sa 19e édition, Milipol Paris se tiendra dans un contexte particulier. Les derniers événements de janvier à Paris ont provoqué en France et ailleurs, une nouvelle prise de conscience. « Ils ont remis sur le devant de la scène le rôle indispensable du renseignement, les nombreux besoins en cyber sécurité ainsi que les actions de nos 3 forces : Police, Gendarmerie et Sécurité Civile, si peu souvent valorisées. » explique Muriel Kafantaris, directrice des salons Milipol.
ENTRE ÉVOLUTION ET ADAPTATION
des facteurs majeurs d’insécurité tant à
sont enfin présentes pour annoncer leurs
l’échelle locale que régionale.
produits et dévoiler leurs innovations. Nous sommes aujourd’hui une plateforme
Nous vivons une époque en perpétuelle
Dans ce contexte, les salons Milipol jouent
incontournable dédiée à l’échange et au
évolution depuis la fin de la guerre froide,
un rôle fondamental et en particulier
partenariat entre les acteurs majeurs de la
marquée par la diversification de la crimi-
Milipol Paris cette année. « Nous réunis-
sécurité et les porteurs d’expertises et de
nalité, l’extension du terrorisme, l’émer-
sons tous les acteurs clé du monde de la
solutions les plus efficaces et innovantes
gence des bouleversements climatiques.
sécurité : donneurs d’ordre, fournisseurs
du moment. » précise Rémi Thuau.
La communauté internationale et les États
et experts, pour échanger autour des
font de la protection des personnes et des
nouvelles problématiques de sécurité
biens, ainsi que du rétablissement et de la
et découvrir les nouvelles technologies.
sauvegarde de la paix leur priorité.
Les préoccupations des pouvoirs publics
La mondialisation, les nouvelles technolo-
sont abordées : lutte contre le terrorisme,
Quatre jours d’exposition, de rencontres,
gies, la circulation facilitée des données,
protection des citoyens, sûreté urbaine,
de découvertes et de débats autour
des biens et des personnes sont certes
sécurité de proximité et défense contre les
de la sécurité intérieure, publique et
des facteurs de progrès, mais au regard
risques majeurs seront au cœur du débat
industrielle. Eventail exhaustif des tech-
des nouveaux enjeux politiques, écono-
et des réponses à apporter. Les entre-
nologies et services capables d’antici-
miques et écologiques, elles sont aussi
prises les plus performantes du secteur
per, prévenir et gérer les menaces et
10
sécurité & défense magazine
RÉFLEXIONS, CONCERTATIONS ET INNOVATIONS POUR 2015
Actualités risques susceptibles de porter atteinte à
et présentes sur
la sécurité intérieure d’un État et de ses
Milipol Paris en
infrastructures critiques. Enfin promotion
tant qu’exposants
des innovations technologiques et straté-
ou visiteurs.
giques en réponse aux enjeux sécuritaires
Les ateliers expo-
et internationaux de demain : voilà ce que
sants,
nous réserve l’édition Milipol Paris 2015.
shows du HCFDC
Parmi les équipements présentés, les nou-
et les démonstra-
veaux systèmes d’information, d’observa-
tions dynamiques
tion et de surveillance, de prévention et
les
rythmeront
talk-
éga-
lement ces 4 jours.
d’alerte tiendront une place privilégiée au cours de cette 19e édition. Les acteurs de
« Pompier »» explique Muriel Kafantaris.
« Nous travaillons actuellement à l’élabora-
la sécurité publique, mais également les
Rendez-vous mondial de référence du sec-
tion des thématiques et des tables rondes
professionnels de la sécurité industrielle
teur de la sécurité intérieure des États, avec
qui seront choisies pour leur représentati-
et des sites sensibles seront réunis. Les
une approche résolument pro-active et
vité des tendances, de l’actualité internatio-
technologies, produits et services exposés
vecteur des évolutions du secteur, le salon
nale et des préoccupations sectorielles du
au salon couvriront tous les aspects de la
affiche près de 1000 exposants d’environ
moment. » ajoute Muriel Kafantaris.
protection des populations ainsi que de la
50 pays, 30 000 visiteurs et de nombreuses
sécurisation des infrastructures critiques.
délégations officielles.
La marque Milipol répondra donc aux
Compte tenu du tôle croissant qui est le
Après leur succès en 2011 et 2013, les ren-
nouvelles attentes et aux nouveaux enjeux
leur, les acteurs de la sécurité privée trou-
contres d’affaires organisées par Europe
mondiaux en matière de sécurité. Elle
veront aussi au salon Milipol beaucoup de
Enterprise Network, qui ont permis d’opti-
élargit par ailleurs son réseau et son mail-
réponses à leurs besoins.
miser les rencontres entres exposants et
lage mondial. Présents à Paris et Doha, les
donneurs d’ordre seront un autre des points
salons Milipol complètent désormais leur
L’édition 2015, qui se tiendra du 17 au 20
forts de l’édition 2015. Ces rencontres per-
offre, répondant ainsi à une demande forte
novembre à Paris Nord Villepinte, sera
mettront aux entreprises d’établir un pre-
des acteurs du secteur, en développant
marquée par la création :
mier contact décisif avec des entreprises
une édition « Asia Pacific » dès 2017 sur
• d’un comité d’experts internationaux
de leur secteur venues du monde entier,
Singapour.
qui apportera analyses et réflexions sur
ayant des profils d’acheteurs ou vendeurs
les problématiques actuelles de sécurité intérieure ainsi que sur les tendances, • d’un Start Up challenge qui récompensera l’innovation dans un domaine cible, d’un cycle d’ateliers et de tables ronde des acteurs institutionnels comme : le SAELSI, l’IHNESJ, l’IHEDN, la Douane… Les grands thèmes que nous retrouvons devraient donc être la cybersécurité, la lutte contre le terrorisme, les nouvelles technologies/nouvelles
menaces
avec,
entre autres, les drones ou encore les risques majeurs. « Notre objectif est d’enrichir l’espace « Risques Majeurs » dédié aux risques technologiques, industriels, naturels, sanitaires et aux menaces majeures, qui sera servi par des animations, en développant par ailleurs l’axe
Un salon conjoint pour la deuxième année consécutive Milipol Paris se tiendra cette année, comme en 2013, conjointement au salon CARTES SECURE CONNEXIONS qui change de nom et devient TRUSTECH : PAYER, CONNECTER, IDENTIFIER ET SÉCURISER, l’événement leader mondial des solutions sécurisées pour le paiement, l’identification et la mobilité. Avec près de 450 exposants et 140 conférences animées par des experts internationaux, l’événement attire près de 20 000 visiteurs venus découvrir les dernières tendances et nouveautés du secteur (paiement mobile, authentification, mobilité, NFC, biométrie, M2M...). Le secteur Identification & Data Protection, domaines communs aux deux salons, présentera sur TRUSTECH, les dernières innovations en termes de documents d’identité sécurisés et de solutions d’authentification, qui ont un fort potentiel d’applications. Des conférences seront dédiés aux enjeux de la protection de la vie privée, de la sécurité des données, et de la cybersécurité telles que la gestion des identités digitales, les technologies d’authentification et d’identification, la biométrie, etc. Le cloud computing, la mobilité ou encore la gestion simultanée d’un nombre croissant d’identifiants numériques mettent la cybersécurité au centre des préoccupations. Les attaques sont de plus en plus variées - et coûteuses - notamment quand elles se portent sur les appareils mobiles. C’est pourquoi ces sujets constitueront le cœur des débats en 2015.
sécurité & défense magazine
11
Actualités
INTERSCHUTZ : FRANCE À L'HONNEUR
OU L'EXCELLENCE FRANÇAISE AU CŒUR DE LA SÉCURITÉ CIVILE INTERNATIONALE Par Hugo Cardinal
T
ous les cinq ans, le plus grand salon international de lutte contre l’incendie et du secours, réunit les services de secours, de sécurité civile et de prévention du feu et des catastrophes du monde entier. Cette année, c’est à Hanovre, en Allemagne, que plus de 1 300 exposants issus de près de 40 pays se sont retrouvés. L’événement, qui accueille en moyenne 125 000 visiteurs, a consacré en 2015 une journée « France à l’honneur ». Le ministre de l’Intérieur français, Bernard Cazeneuve, a fait le déplacement pour l’occasion.
LA FILIÈRE INDUSTRIELLE FRANÇAISE DE SÉCURITÉ CIVILE L’industrie française concourant au développement et à la production de produits
et 16 000 emplois sur le territoire national, pour un chiffre d’affaires de plus de 3 milliards d’euros. Cette filière en construction
©
rité civile regroupe près de 400 entreprises
Interschutz
et services destinés aux acteurs de la sécu-
sécurité sécurité & défense
n’a de cesse de s’adapter à l’évolution des risques et d’anticiper l’apparition de nou-
DÉBATS & PRÉOCCUPATIONS
velles menaces pour couvrir l’ensemble
plus perfectionnés capables d’interve-
des besoins relatifs aux thématiques de la
nir dans les situations où la sécurité des
sécurité civile, depuis les risques naturels
personnels est menacée... des tenues
Le ministre de l’Intérieur, qui sera resté un
ou industriels jusqu’aux risques sanitaires
adaptées aux nouveaux risques en fibres
peu plus de trois heures sur place, a ainsi
et pandémiques. Ainsi ce sont près de
textiles innovantes, à la fois résistantes
rencontré les entreprises françaises et les
70 entreprises françaises qui ont fait le
protectrices et confortables, des outils de
opérationnels présents sur le salon lors
déplacement pour présenter aux services
télécommunication et d’alerte élaborés en
d’une visite officielle. Après un passage
de sécurité civile du monde entier leurs
conformité avec la doctrine opérationnelle
sur les différents stands, essentiellement
innovations en matière de véhicules de
française ou encore de nouveaux capteurs
des PME-PMI, le ministre a souhaité s’en-
secours, de « serious games » de forma-
et solutions optroniques, permettant
tretenir durant près d’une heure avec les
tion et d’entraînement, de matériels de
aux intervenants de mieux percevoir leur
différents acteurs du domaine de la sécu-
protection ou de lutte contre les incendies,
environnement et de qualifier les menaces
rité civile et de la filière industrielle. Ainsi,
d’équipements et matériels médicaux
en préparant leurs missions », souligne
à huit clos, institutionnels, industriels et
d’urgence, de technologies de communi-
Jean-Michel DUMAZ, chargé de mission
groupements, opérationnels et représen-
cation. « Tous ont pu alors découvrir des
Risques industriels/Sécurité civile au sein
tants des différentes fédérations (FFMI,
logiciels de commandement et de gestion
du Pôle risques.
FACIM, FNSPF) ont échangé sur les enjeux
d’opérations complexes ; des robots les
12
sécurité & défense magazine
et grands thèmes de la valorisation de la
Actualités filière de la sécurité civile au sein du COFIS
une certaine naïveté française qu’il faut
le COGES, le GICAT s’emploie à promou-
(Conseil de la filière nationale de la sécu-
dépasser. La mutualisation a, elle, ramené
voir l’offre de la filière sécurité civile en
rité), de la normalisation, de la politique
le sujet d’une politique d’achat qui doit
s’appuyant sur la brochure capacitaire «
d’achat, du développement à l’internatio-
évoluer et dépasser les paradoxes qu’on
situations d’urgence ». Les choses avance
nal ou encore de la politique R&D.
lui connaît aujourd’hui.
mais il reste beaucoup à faire pour donner
Bien que de nombreuses questions aient
« Réorganiser et regrouper les politiques
la place qu’elle mérite à la filière Sécurité
leur centre de gravité à Bercy ou au Quai
des achats est essentiel pour permettre
Civile au sein de la filière sécurité natio-
d’Orsay, le ministre a répondu aux diffé-
de réaliser des économies et avoir des
nale.» ajoute Bernard Refalo.
rentes interrogations et sollicitations. Se
résultats probants... », a-t-on entendu. Il
Le GICAT plaide par ailleurs pour le ren-
voulant à la fois concret, direct et prag-
faut donc sortir des spécificités de chaque
forcement de l’accompagnement institu-
matique, il s’est montré rassurant avec
besoin/produit et accepter qu’il faut en
tionnel par la présence d’officiers sapeurs-
une vision très claire de la situation et
passer désormais par une standardisation
pompiers et d’experts sécurité civile
particulièrement en phase avec les pré-
des achats... « Le SAELSI sera mobilisé »,
sur les salons. Les actions comme celles
occupations de ses interlocuteurs du jour,
mais ne sera pas le seul. « L’UGAP a
menées sur Interschutz sont des éléments
précisant notamment que « la promotion
aussi son rôle à jouer », a ainsi rappelé le
clefs, mais doivent être renforcées par une
des industriels français était au cœur de
ministre de l’Intérieur.
représentativité des experts opérationnels
leurs préoccupations ».
français aux côtés des industriels dans les
Au cours des discussions, il est notam-
INTERNATIONAL : LEVIER UNIQUE ET VITAL POUR LA CROISSANCE
ment revenu sur la mutualisation :
La question de l’export et du développe-
auprès des acteurs opérationnels, ce qui
« Les moyens d’hier ne sont pas ceux
ment de la filière à l’international a été sou-
leur permet d’anticiper sur les besoins
d’aujourd’hui, ni de demain. Aujourd’hui,
levée par Bernard Refalo, délégué général
futurs et de développer des solutions
un euro dépensé doit être un euro utile.
adjoint – Sécurité du GICAT. Véritable et
adaptées à la demande », explique-t-on
Nous sommes tous concernés par les
unique levier pour relancer et améliorer la
par ailleurs chez Business France.
efforts budgétaires à fournir », la montée
croissance des entreprises françaises qui
De même, le partage d’informations au
en puissance des experts techniques
disposent d’un savoir-faire reconnu dans le
sujet des projets de coopération est un
internationaux, l’importance du dévelop-
monde entier, le développement à l’inter-
atout pour les industriels qu’il faudrait
pement de nos entreprises à l’export, et
national doit être soutenu et accompagné.
« encourager », a souligné le délégué
l’impérieuse nécessité de porter l’innova-
« Le GICAT a particulièrement apprécié
général adjoint – Sécurité du GICAT...
tion technologique.
l’organisation et la mobilisation excep-
La montée en puissance des experts tech-
« Nous devons apporter toute notre aide
tionnelle tant institutionnelle (Ministre,
niques internationaux est actuellement
et notre attention au développement des
DMIS, DGSCGC, SAELSI, Business France)
à l’étude par le préfet de la DGSCGC,
clusters et des pôles de compétitivité,
qu’industrielle (exposants, groupements
Laurent Prévost, qui devrait remettre pro-
mutualiser les centres de R&D et accom-
professionnels -FFMI, FACIM, GICAT -
chainement son rapport et ses recomman-
pagner nos entreprises sur les marchés à
Pôle Risques).
dations au ministre, qui souhaite s’appuyer
l’international via notre réseau diploma-
Les industriels et leurs représentants ont
davantage sur le réseau diplomatique et
tique. J’y tiens absolument », a-t-il ajouté.
pu exprimer leurs attentes et leurs pré-
les attachés de sécurité intérieure pour
occupations lors de la table ronde avec
aider et accompagner les entreprises
le Ministre. En synergie avec les actions
françaises sur le chemin de l’export. La
export qu’il a engagé en lien avec sa filiale
conférence des Ambassadeurs 2015, qui
Cheval de bataille de Régis Cousin, président de la FFMI, le thème de la
Interschutz
RATIONALISATION
du secteur renforcent leurs coopérations
©
NORMALISATION & POLITIQUE D’ACHAT : ORGANISATION, MOBILISATION,
pays démarchés. « Les industriels français
normalisation a ouvert les échanges. Les inquiétudes autour du jeu d’équilibriste auxquels se vouent les professionnels du domaine et du choc de simplification ont rappelé que la bataille sur les normes est le début de la bataille commerciale, non sans omettre qu’il y a, sur ce sujet,
sécurité & défense magazine
13
Actualités réunit chaque année fin août, l’ensemble Interschutz
des Ambassadeurs de France, sera l’occasion d’un événement inédit le 25 août après-midi : le premier « speed dating »
©
entre Entrepreneurs et Ambassadeurs de France. Promouvoir, accompagner et faciliter le développement à l’étranger des entreprises françaises, en particulier les ETI et PME de croissance, est un élément clef de compétitivité. S’investir pleinement dans la diplomatie économique, avec notamment cette opportunité de
schéma « le plus abouti dans les pôles de
est essentiel. Ces rencontres sont basées
ments de dernière génération : combi-
compétitivité », explique le ministre.
sur des entretiens individuels entre les
naisons de protection contre les risques
Trois autres thèmes fédérateurs ont égale-
chefs d’entreprise et les Ambassadeurs
NRBC pendant 24 h, combinaison polyva-
ment porté le thème de l’innovation : les
de France au centre de conférences du
lente et filtrante NRBC, sous-vêtements,
feux de forêts ; la sécurité bâtimentaire
Ministère à Paris.
masques, lotions, système de communica-
et le commandement des opérations de
Rappelons par ailleurs que les entreprises
tions et formations...
secours. Une notion qui s’applique à tout
présentes sur Interschutz réalisent déjà
Autre société remarquée, IMS, jeune
le spectre de la sécurité globale. La lutte
une part importante de leur chiffre d’af-
pousse de 3 ans, développe des solutions
contre le terrorisme ne se fait pas sans
faires à l’export. En tête de liste, la société
intégrées de mesure, de détection, de
innovation technologique, de même que
Paul Boyé Technologies, spécialiste des
localisation et d’identification des radio-
la préparation et la gestion des grandes
équipements de protection individuels
nucléides en environnements naturels
catastrophes ou encore la lutte contre la
pour les forces armées et de police, la
et industriels. Dans le cadre des risques
criminalité organisée.
sécurité civile et l’industrie, qui réalise un
NRBC-E, les détecteurs NR conçus et
Le ministère de l’Intérieur entend ainsi
chiffre d’affaires à l’export conséquent en
fabriqués par IMS sont des micro-sondes
devenir le ministère de l’innovation et de
raison de l’utilisation de sa tenue d’inter-
Gamma à base de Geiger-Müller et des
l’avance technologique...
vention en ambiance contaminée NRBC
spectromètres à base de cristaux Nal(TI),
par la France. Une « labellisation » qui
BGO et CdZnTe (CZT). Les enjeux sont
L’excellence française était donc au
apporte de la crédibilité et une légitimité
associés aux problématiques de la sécu-
rendez-vous avec une impulsion forte
sécurité
NRBC-E, Ouvry a présenté ses équipe-
défense
dialogue direct avec les Ambassadeurs
rité intérieure (projet SECUR-ED destiné
donnée à une filière en construction qui
à améliorer la sécurité des transports
n’a pas manqué de se positionner, plus
urbains), de la sûreté nucléaire dans le
que jamais, au cœur de l’actualité et des
cadre du cycle électronucléaire, de la
débats de fond. Nouant de nouveaux par-
protection
expo-
tenariats et développant son poids sur la
Les risques et menaces NRBC-E consti-
sés (équipes médicales, chercheurs) au
scène internationale, la sécurité civile sera
tuent l’un des thèmes phares de l’innova-
traitement des déchets nucléaires et au
encore au cœur des discussions qui se
tion technologique qui se trouve à la croi-
démantèlement.
poursuivront dans les prochains mois avec
sée des chemins. « L’innovation pour un
IMS propose des solutions qui intègrent
de nombreux rendez-vous internationaux
monde plus sûr » était notamment le thème
des détecteurs miniaturisés, des inter-
au second semestre 2015. Mais avant cela,
de la journée « France à l’honneur » du 11
faces électroniques, et des protocoles de
les grandes questions du moment seront
juin dernier sur Interschutz. Essentielles et
communication garantissant la pérennité
débattues début juillet lors de la pro-
vitales, les technologies de rupture per-
fonctionnelle de la solution métier du
chaine réunion du COFIS dont beaucoup
mettent aux entreprises françaises de se
client sans remettre en cause les dévelop-
attendent des réponses et des actes, puis
positionner sur un axe de différenciation
pements logiciels existants.
lors d’une réunion qui rassemblera notam-
à la société sur les marchés extérieurs.
L’INNOVATION TECHNOLOGIQUE AU CENTRE DES PRÉOCCUPATIONS
des
professionnels
qui leur permettra de faire face à cette
ment le ministre de l’Intérieur et Emmanuel
concurrence démultipliée qui sévit sur le
La recherche fondamentale, le transfert
Macron, ministre de l’Économie. Le pro-
marché international.
de technologie et les compétences indus-
chain salon Interschutz se tiendra en 2020
Parmi les sociétés françaises représentées
trielles constituent donc le triptyque du
du 15 au 20 Juin.
et porteuses d’innovation en matière de
continuum technologique qui trouve son
14
sécurité & défense magazine
Sécurité des PERSONNES et des BIENS A N N U E L
D E
R É F É R E N C E
3 380 120 9 000
JOURS
EXPOSANTS
CONFÉRENCES
VISITEURS
PRÉVENTICA INTERNATIONAL
MARS 2016
Sous le Haut-Patronage du Ministère de l’Intérieur
EXPOSER +33 (0)5 57 54 12 65
DEVENIR PARTENAIRE +33 (0)5 57 54 38 26
preventica.com Code YM135C
Crédits photos : © Carlo Zaglia/SOLDATSDUFEU.fr
L ’ É V É N E M E N T
Actualités TRIBUNE
GESTION DE CRISE ET CONTINUITÉ D'ACTIVITÉ : ENCORE DU CHEMIN À PARCOURIR
Constat unanime, les risques majeurs sont désormais pris en considération dans quasi tous les domaines : environnementaux, climatiques/sismiques, industriels, NRBC... Aux quatre coins du monde, l’enjeu est identifié, le défi à relever colossal. Une prise de conscience s’est opérée mais pour autant un long chemin reste à parcourir.
curité & défense
© HCFDC
Rencontre avec Christian Sommade, délégué général du Haut comité français pour la défense civile (HCFDC)
D
es nouvelles technologies qui ont un
populations, des entreprises et une rési-
L’une des problématiques majeures
lience renforcée de la nation face aux
DES EXERCICES GRANDEUR NATURE
réside aujourd’hui dans l’anticipation et
risques et menaces majeurs.
la préparation « que peut-on faire pour
Le HCFDC, en partenariat avec les
Le Haut comité organise également
éviter ces catastrophes ? » mais égale-
acteurs institutionnels et privés concer-
toute la gamme des exercices : de
ment dans la réaction et la continuité
nés, a su développer depuis sa création
l’exercice de table à celui de terrain, en
« comment réagir face à la catastrophe et
en 1982, par Pierre Billotte et Maurice
passant par tous les types d’exercices de
assurer une continuité de l’activité ? » Ce
Schumann, une expertise unique en
simulation. Il assiste notamment l’État
sont des questions auxquelles, au travers
France en termes d’analyse et de suivi
pour la réalisation de la pression média-
de ses différents actions, le HCFDC tente
des risques et menaces majeurs, et de
tique simulée des exercices nationaux, il
d’apporter des éléments de réponses.
préparation de la nation aux risques et
organise au profit des opérateurs et des
menaces de natures exceptionnelles. Le
entreprises, des exercices de simulation
Association loi 1901, le HCFDC est un
HCFDC satisfait donc à un besoin crois-
dit de « place » c’est à dire en mode col-
acteur de la société civile, qui participe
sant des opérateurs d’infrastructures,
laboratif, dédié à la crue centennale en
à la réflexion sur la doctrine, l’organi-
des entreprises, des collectivités locales,
Île-de-France ou encore lors d’exercices
sation et les techniques de notre pays
de débat et de partage d’informations
dédiés à une crise terroriste, un black
en matière de sécurité sociétale. Ses
réciproques avec les différents services
out... Ces exercices ont pour objectif
activités visent notamment à être une
de l’État, les grandes institutions sur les
de tester la résilience des organisations
plate-forme d’échanges entre l’État, les
questions de sécurité sociétale et de
face à une crise grâce à une immersion
assemblées, les collectivités, les entre-
préparation aux situations d’urgence
totale au cœur d’un scénario dès plus
prises et les experts sur les questions
et de risques. Il étend désormais son
réaliste alliant outils de simulation, car-
touchant à la sécurité nationale, aux fins
expertise à la scène internationale.
tographie, tableaux de bord, pression
d’apporter une meilleure protection des
16
sécurité & défense magazine
médiatique...
Actualités Les participants testent leurs procé-
globale, des risques terroristes dans le
• Quels impacts provoquent les médias
dures et stratégie de continuité d’acti-
monde aux risques sanitaires, en pas-
temps réel (Chaine d’info continue,
vité depuis le siège de leur organisation
sant par les risques sociétaux ou encore
médias sociaux, diffusion multi-canaux)
respective et sont accompagnés d’ob-
technologiques ou naturels... Cette
dans le process de gestion de crise ?
servateurs pour les aider dans la gestion
plate-forme connaitra une extension
• Comment planifier sa gestion de
de la crise. Ces exercices bénéficient
internationale cette année. En effet,
crise lorsque l’on dépend des autres ?
désormais des nouvelles installations
à compter de juin, nous disposerons
La résilience face aux grands réseaux
du HCFDC et notamment d’une salle de
d’une nouvelle plate-forme implantée à
d’infrastructures
gestion de crise et d’un studio vidéo en
Singapour et en Septembre, une autre
plein cœur de Paris. Sans oublier l’exer-
aux Etats-Unis. Une internationalisa-
Ces 2 jours de rencontres et de débats
cice Corse 2015, qui, en mai dernier a
tion de nos activités nécessaires pour
réuniront près de 800 participants,
rassemblé les auditeurs de la session
répondre aux besoins des acteurs de la
autour de nombreux temps forts dont la
nationale sur un exercice de 36 heures
sécurité globale.
5e édition des Trophées de la résilience sociétale et la 6 e édition de la remise
en partenariat avec le SDIS 2B et avec le e
soutien du GIGN, du RAID et du 2 REP.
DES FORMATIONS SUR MESURE
AU CŒUR DES GRANDS ÉVÈNEMENTS
annuelle des Pavillons Orange. Un événement qui sera également l’occasion de présenter un nouvel outil : un SAS
Le HCFDC animera par ailleurs une
en temps réel permettant une ges-
conférence inaugurale sur la résilience
tion simultanée de crises multiples et
Le HCFDC réalise également des forma-
urbaine lors du salon APHS qui se tien-
différentes.
tions dédiées aux problématiques de
dra à Singapour en octobre prochain.
sécurité globale et de gestion de crise privilégiant
l’échange
Au cœur de cette approche globale de
d’expériences
Enfin, le HCFDC organisera en sep-
la gestion des risques majeurs et des
entre les acteurs de l’État, les entre-
tembre, les 17 et 18, la deuxième édition
crises, il faut impérativement se déta-
prises et opérateurs, et les services
de l’évènement Expocrise, le seul évè-
cher de cette fâcheuse tendance cultu-
opérationnels ; ainsi que des cycles
nement en France dédié à la gestion de
relle à la fatalité. Le risque d’être exposé
de formations continues dédiées aux
crise et la continuité d’activité. Pendant
est bien entendu réel, mais si nous
thèmes de “la résilience et la sécurité
deux journées de présentations et de
sommes bien préparés, nous avons les
sociétales”, et “pilotage et gestion de
débats, la conférence «Crise et conti-
moyens de réagir vite et efficacement.
crise”. Autant d’activités qui permettent
nuité : des concepts aux outils», à des-
Bien qu’aujourd’hui la problématique de
d’anticiper et d’aider les organisations
tination des collectivités territoriales
la préparation et de la gestion de crise
dans la gestion d’une crise ou d’une
et locale, des services publics et des
soit entendue, elle fait face à un manque
situation d’exception. Un positionne-
entreprises, établira un état des lieux
de moyens évidents. Les dispositifs
ment qui vise notamment à répondre
des dispositifs techniques, des savoir-
actuels sont sous tension car les risques
aux besoins de valorisation, vitaux, de
faire et des technologies utiles pour la
et les menaces augmentent. Mais para-
l’aspect humain et d’aguerrir les organi-
planification et la conduite opération-
doxalement, les dépenses stagnent
sations à la gestion de crises.
nelle en matière de gestion de crise et
ou pire, diminuent. C’est donc à nous
de continuité d’activité.
aujourd’hui d’innover pour accompa-
DES OUTILS DE VEILLE INTERNATIONAUX
gner cette prise en compte et faire évo4 tables rondes sont également pro-
luer les mentalités. Nous innovons donc
grammées avec pour thèmes :
à la fois dans nos outils et nos services
Le HCFDC opère par ailleurs une veille
mais aussi dans nos modèles de gestion
stratégique grâce à une plate-forme
• Outils d’analyse de risques, de veille
des coûts. Ces derniers doivent bais-
active 7 jours sur 7. À la disposition des
et d’alerte
ser. Cela passe inévitablement par le
directeurs de sécurité et de sûreté, elle
• Organisation de la gestion de crise : La
concept de mutualisation des informa-
procure ainsi une analyse pertinente,
révolution numérique des outils, l’impact
tions, des exercices et des outils. Mais là
en temps réelle et à 360° qui couvre
des réseaux sociaux, quelle nouvelle
encore, c’est un cap difficile à passer...
l’ensemble du spectre de la sécurité
organisation possible ?
sécurité & défense magazine
17
Dossier SPÉCIAL
SECURITY: A PREREQUISITE TO THE ASEAN ECONOMIC DEVELOPMENT
by Hugo Cardinal, Mélanie Bénard-Crozat, Elisabeth deElisabeth France, Sarah by Hugo Cardinal, Mélanie Bénard-Crozat, de France, Sarah Dutkiewiez, Dutkiewiez, Jade H., Constance Darnezont, Harper Ivy Harper Jade H., de Constance de Ivy Darnezont,
18
sécurité & défense magazine
Gathering around 630 M of inhabitants, ASEAN region has become the third biggest consumer market in the world (behind China and India). Economic forecasts are really optimistic in the region, with a current average annual growth rate of 6%. Security questions were a key point during the latest ASEAN summit. During this session, focusing on the creation of a single space among ASEAN countries, every participant agreed of the fact that security is a prerequisite to the regional economic development. Natural disasters, piracy in the Malacca Strait, terrorist risks, industrial and infrastructural development and technology dependence are many challenges that local authorities have henceforth to tackle to elevate ASEAN at world leading union level.
sĂŠcuritĂŠ & dĂŠfense magazine
19
Dossier SPÉCIAL MAJOR RISKS:
© Somjin Klong-ugkara - Nepal 2015
ASIA MOST AFFECTED BETWEEN NOW AND 2100
N
obody today can claim to be invulnerable... There is a multipli-
city of risk in both number and type. Financial crisis, corruption, trafficking of drugs, medicines and people, cyber attacks, terrorism or natural and technological disasters, etc. the risks are huge and the planet a playing field without boundaries. The victims are large vitally important operators, critical infrastructure and States. Major risks, whether technological or industrial, natural or of well-being, or of significant threats are numerous and affect every part of the globe. A natural disaster instantly costs hundreds of billions of dollars, implying
dead, 55,000 missing and more than 2.4
rising levels of greenhouse gases emitted
10 to 20 years of reconstruction for the
million affected, and Typhoon Haiyan (or
by human activity and the growing violence
communities affected. The magnitude 7
Yolanda) in the Philippines in 2013 which
of tropical storms. The area, bordered by
earthquake that hit Haiti in March 2011, for
left more than 7,000 dead and damage
seas and oceans, faces substantial climate
example, in which 230,000 were left dead,
amounting to € 10 billion, due to the lack of
risk due to the contribution of global war-
300,000 injured and 1.2 million homeless
methods of protection (dykes, permanent
ming. A study of the region by the Asian
cost in the order of $ 14 billion, according to
refuges and civil security). The Philippines
Development Bank1 considers that the
a study by the Inter-American Development
was also hit by Typhoon Hagupit (or Ruby)
impact of this phenomenon, taking into
Bank. Katrina cost nearly $ 150 billion and
in December 2014.
consideration the risk of disasters occurring,
the latest estimates from the Japanese
Recently, it was Nepal that was struck by a
would be 6.7% of GDP annually between
government on the consequences of the
powerful earthquake of magnitude 7.9, fol-
now and 2100. This would signify a much
magnitude 9 earthquake that struck the
lowed by several aftershocks.
greater impact in the region than in the rest of the world where it would amount to 2.2%.
area of Sendai in March 2011 in north-eastern Japan are in the order of $ 350 billion.
Far from being spared, therefore, the Asia-
According to the OECD, the «total cost» of
Pacific region seems to be ever more vulne-
the earthquake, the tsunami and resulting
rable to natural and weather-related disas-
accident at the Fukushima nuclear plant “is
ters; in addition to industrial disasters. In
not yet known, but the first official esti-
the decade 2003 - 2013, about 200 million
While being highly vulnerable to natural
mates put the losses in physical capital at
people per year were affected by natural
hazards, coastal areas attract a large popu-
between 3.3% and 5.2% of annual GDP“.
disasters in this region (tsunami, cyclones,
lation due to the resources they provide.
This is equivalent to 5 times the cost of the
floods, typhoons...).
Most large municipalities which form the
RAPID URBANISATION: ONE OF THE MAIN CAUSES
economic heart of the area and include the
7.2 magnitude earthquake that hit the city of Kobe in January 1995... South-East Asia
According to the 2013 report of the
major infrastructure are located in this part
has experienced other major disasters in
Intergovernmental Climate Change Panel
of the territory. In the Philippines, ten of
recent years, including Cyclone Nargis in
(IPCC), convincing scientific links have been
the country’s most important cities would
Myanmar in 2008, which left at least 77,000
established between 1. The Economics of Climate Change in Southeast Asia: a Regional Review, Banque Asiatique de Développement, octobre 2009
20
sécurité & défense magazine
Dossier SPÉCIAL be under threat by rising sea levels and the risk of natural disasters (earthquakes, tsunamis, typhoons, floods, volcanic eruptions). In total, 60% of Philippine cities are at risk. These risks may result in disruption of transportation networks and generally paralyse business activities. These collective risks are indeed “the inevitable result of the interdependence of our very urban social models and above all the exceptional population growth that has marked the last two centuries. Furthermore, 70% of the world’s population seeks sustenance, work and prosperity on coastlines, deltas and the surrounding areas. Yet the majority of these coastlines that provide us with our livelihoods are exposed to major risks: earthquakes, typhoons, cyclones, tsunamis, monsoons ... and inevitably produce events with regularity of the severity of Fukushima, Katrina or Port au Prince. What is almost surprising is that we do not have them more often when we simply superimpose the seismic and climate risk mappings over the areas of human settlement. Risks to which man is totally helpless, and to which he will one day admit the deadliest in history - which generated
Some of the member countries hardest
able to forecast them, but it will be hard
a tsunami twenty minutes later of around
hit by the Indian Ocean tsunami are now
to control them“ explains Xavier Guilhou,
30 metres high affecting Indonesia, the
better prepared, both to prevent disasters
CEO of XAG Conseil (firm specialising in
coasts of Sri Lanka and southern India,
and to deal with them once they have
risk prevention and crisis management)
as well as the west of Thailand - the worst
occurred. However, much remains to be
and also (reserve) Navy Captain.
tsunami on record - the countries of the
done to further improve disaster resilience
Taking into account that human beings
region seem better equipped to deal
“by prioritising the improvement in data
will number 9 billion people by 2050, with
with these tragedies. “However, their pre-
distribution on the sectors and livelihoods
the rate of urbanisation rising from 40% to
paration can be improved further,“ said
affected, the risk assessments and monito-
60%, this problem will not go away...
the United Nations Food and Agriculture
ring.“ the FAO declared.
sécurité
so with a little more humility. He may be
A REGION NOW BETTER PREPARED THAN 10 YEARS AGO
Organization (FAO). Mr. Hiroyuki Konuma, Assistant Director General of the FAO and Regional Representative for Asia and
MANY LESSONS LEARNED AND ACTED ON
the Pacific stated “What we have learned
Ten years after the December 2004 earth-
through our Member Countries, and what
Before the tsunami, countries took mea-
quake in the Indian Ocean that occurred
has been implemented is impressive, is
sures to respond to crises rather than to
off the Indonesian island of Sumatra with a
that we can and we must do moreto fore-
prevent them, primarily to save lives rather
magnitude of between 9.1 and 9.3 - one of
cast disasters and mitigate their effects.“
than safeguard them. Since then, there
sécurité & défense magazine
21
Dossier SPÉCIAL has been a paradigm shift and preventive
as well as mitigating their effects and
Cambodia,
protective
dykes
against
measures to reduce the various risks asso-
protecting their food and agricultural sys-
flooding were built, and an early warning
ciated with natural disasters are now as
tems,“ said Mr. Konuma. “The example of
system in case of flooding is in place
important as the mitigation of their effects.
Typhoon Hagupit that hit the Philippines
throughout the country. In 2010, the Prime
There are clearly defined early warning
shows that the authorities quickly alerted
Minister of the Lao People’s Democratic
systems and evacuation routes in case
the population to take preventive mea-
Republic issued a decree on the national
of a tsunami in certain countries such as
sures, and the damages caused by the
strategy on climate change. Vietnam has
Thailand, which after the tsunami esta-
typhoon were much less severe than those
passed a law on the prevention and miti-
blished a national Department of Disaster
of Typhoon Haiyan that devastated the
gation of natural disasters and in 2007
Prevention and Mitigation. “It is clear that
centre of the country a little earlier.“
produced a national strategy for disaster
many countries in the region are now
Other ASEAN countries have taken mea-
prevention and mitigation of the effects.
better equipped to reduce the risk of natu-
sures to reduce risks of disaster and to
ral disasters of tsunamis and typhoons,
mitigate their effects. In Phnom Penh,
J
apan, susceptible to major natural and technological hazards, has developed an ambitious prevention policy in the wake of the Tohoku disaster of 2011, in which the explosion in the Fukushima nuclear plant came as a consequence of the earthquake
and subsequent tsunami.
The Tohoku disaster was both deadly and costly. In effect it left more than 19,000 dead and missing and has cost Japan $ 210 billion, or 4% of its GDP. However, this disaster was not so “deadly” when compared to other similar disasters that occurred in poorer countries causing over 100,000 deaths, as was the case in Haiti in 2010. However, it is one of the most expensive disasters in history. On the one hand, a developed country can implement risk prevention systems that limit the vulnerability of its population and which saves lives. On the other hand however, natural disasters are economically costly as they destroy great quantities of material goods and disrupt economic activity. Japan has established “a sophisticated prevention and early-warning system“, including especially a system to warn the population in case of tsunami risk and the construction of earthquake-resistant buildings: there are 2,000 buildings of this type in Japan “versus less than 400 in the rest of the world“. The Japanese population is taught from kindergarten what to do in the case of a natural disaster. The risk prevention system implemented in Japan therefore covers both the education of the population as well as protective measures to prevent the collapse of buildings during earthquakes thanks to the use of anti-seismic standards, measures that allow the organisation of relief in the case of disaster (aid to the injured, search for the missing, relief to those affected, etc.) and finally educational methods that encourage people to buy into the “risk culture“. Policies which must be readjusted after each disaster. “Many examples in Northern Europe, Canada and Asia demonstrate that it is possible to connect with an audience and empower the public. This initially proved useful to the Japanese whose whole disaster response system is based on education and a capacity to inform and mobilise the entire population. Their exemplary attitude when faced with the Sendai tsunami and the explosions of the Fukushima reactors should make us think seriously about our own abilities and aptitudes.“ explains Xavier Guilhou. Of course risk prevention, crisis management and business continuity are policies that represent economic expenses and significant investment for poor countries such as Haiti and Nepal, which cannot afford anti-seismic buildings, warning systems and effective aid. Japan, the world’s third largest economy, is able to implement preventive measures that increase its disaster resilience. This topic will be one of the main themes addressed and discussed during the first Asian event dedicated to Homeland and Civil Security to be held in Singapore in October.
Ikata Nuclear Power Plant
22
sécurité & défense magazine
défens
Dossier SPÉCIAL
The solutions in the management of major
which is now the costliest we have seen in
risks are therefore to be found through the
terms of claims (excluding World Wars), is
great aspirations of resistance, resilience,
in this respect full of lessons to be learned.
governance, accountability of coexistence,
Everything depends on, and will depend
new risk philosophy, and a restoration of
on more and more, a collective sense of
confidence. “The best positions are those
a return to trust.” thus concludes Xavier
which have managed to master the events
Guilhou.
and reconstruct destroyed systems with a
A key point that is sure to be addressed
measured sense of empathy and responsi-
by the ensemble of international players
bility at all levels to ‘restore confidence’
scheduled to meet in Singapore in the
of the population. The construction of
latter half of the year.
the responses to the Japanese disaster,
CAE BRUNEI MULTI-PURPOSE TRAINING CENTRE (MPTC)
is safe and cost-effective for procedural, familiarization and emergency training. The CAE Brunei MPTC offers comprehensive classroom and simulator instruction for these platforms.
sécurité & écurité
The CAE Brunei Multi-Purpose Training Centre in Brunei Darussalam was established in 2012 as a joint venture between
In addition, the CAE Brunei MPTC has established an Emergency
CAE and the Government of Brunei. The development of the
and Crisis Management Centre of Excellence that will provide rele-
integrated training facility for the CAE Brunei MPTC was comple-
vant local authorities such as Brunei’s Ministry of Home Affairs and
ted in 2014 and the facility officially started training in September
National Disaster Management Centre (NDMC) with comprehen-
2014. The CAE Brunei MPTC, located in Rimba, Brunei, near the
sive training designed to better plan and prepare for emergencies.
Brunei International Airport, is a world-class training facility that
Using simulation-based training, the CAE Brunei MPTC is offering
is staffed and operated by Bruneians. The CAE Brunei MPTC
emergency and crisis management training programs that will
plays a key role in further developing the defence, aviation and
help improve coordination, response and operational decision-
emergency/crisis management market segments in Brunei.
making during a range of emergency scenarios. The CAE Brunei
The CAE Brunei MPTC is one of the region’s largest helicopter
MPTC will also be offering emergency and crisis management training to the Association of Southeast Asia Nations (ASEAN).
simulator training facilities. CAE has designed and manufactured one CAE 3000 Series helicopter mission simulators represen-
The CAE Brunei MPTC plans to offer additional simulation-
ting the Sikorsky S-92 helicopter. The Sikorsky S-92 helicopter,
based training programs in the future based on market demand
which is used extensively by offshore oil and gas operators, is
and requirements, including training solutions specifically for
currently in operation at the facility. A second CAE 3000 Series
the energy, aerospace, and healthcare market segments as
helicopter mission simulator representing the S-70i Black Hawk
well as other segments of defence such as land and naval trai-
helicopter will be delivered to the facility by late 2015. The
ning solutions. The CAE Brunei MPTC will serve customers
CAE Brunei MPTC also offers training for the Pilatus PC-7 trai-
in Brunei and the surrounding Southeast Asia region while
ner aircraft. The PC-7 flight training device (FTD) complements
helping to grow high-technology, knowledge-based industry
PC-7 pilot training programs by providing a flight simulator that
in Brunei and provide high-quality jobs for the local economy.
sécurité & défense magazine
23
sécurité défense
Dossier SPÉCIAL
SOUTH-EAST ASIA CONSTITUTES
A MAJOR SECURITY CHALLENGE FOR FRANCE
T
he French stance towards what is one of today’s most promising markets leads us to question its position in this area. Is it taking advantage of a confirmed legitimacy, does it have credibility with the nations? Does it already
have a well established local network? “France has proposed that its liaison officer be present in the new HADR (High Availability Disaster Recovery) centre in the fight against natural disasters to see if the centre works and if a full-time
person is needed. France can make a useful contribution in the management of natural disasters, given its expertise and its advanced technology in satellite imaging, useful for prevention, as well as reaction. It is credible in this role. CNES
(Centre National d’Études Spatiales) already provides maps of disaster areas produced from French satellite images in
order to help organise relief. The space agencies which signed the “International Charter on Space and Major Disasters” in 2000, of which CNES is co-founder alongside the ESA (European Space Agency), have in fact pledged to provide
satellite data free of charge and on a voluntary basis, to security officials of civil authorities in areas affected by all
kinds of natural disasters - mainly meteorological, seismic or volcanic - or human - such as massive pollution - in order to most effectively
organise relief to the victims and manage the crisis.” argue
MPs Gwenegan BUI and Jean-Jacques GUILLET in their paper on “Les
émergents d’Asie du Sud-Est” (The
emerging market of South-East Asia).
CAPITALISING ON A NOTABLE HISTORICAL PRESENCE
supplies and two thirds of its total container traffic crosses the China Sea. If this movement across the China Sea is disturbed or blocked, the consequences would be massive. “Finally, France may be targe-
France has interests in the region as a permanent Security Council
ted by threats such as terrorism (the control of products exported to
member, but is also directly concerned with the security of the
Iran and Syria from Asian ports is still insufficient), smuggling, drug
region, as a naval power and a traditional US ally contributing to the
and human trafficking. A few hundred Australian fighters are in Syria
stability of the region and a potential victim of threats. The French
(200,000 Syrian-Lebanese live in Australia) and the way we structure
community has probably more than 60,000 people in the area, and
our intelligence services is essential” added the two MPs recalling
another 1.2 million French citizens visit South-East Asia each year
that “within the strategic plan, France has a historically strong pres-
for business or tourism.
ence that it can capitalise on. It is the only European country to have
The 2013 French White Paper on defence and national security
forces throughout the Indo-Pacific region, something that should
notes that Asia’s geopolitical balance, nationalist rivalries, prospe-
be better exploited.”
rity and growth directly concern us and that a major crisis in Asia would have very serious consequences for Europe. As an integral part of world trade, France is particularly dependent on its marine
sécurité & défense magazine
25
sécurité & défense sécurité & défense sécurité
Dossier SPÉCIAL A DIPLOMATIC-MILITARY NETWORK TO BE MAINTAINED
INTEGRATION INTO REGIONAL ORGANISATIONS
Asia a “pivot”. The presidency of François Hollande has in fact revived its attention in Asia. “An area of priority in the realm of
France maintains a diplomatic-military
Furthermore, it is necessary to be part
economic diplomacy, it also represents a
network in South-East Asia of five resident
of regional organisations. Membership
strategic challenge for France in the global
defence attachés (Indonesia, Malaysia,
of
Cooperation
geopolitical positioning of the country.
Singapore, Thailand and Vietnam), a civil
Agreement on Combating Piracy and
French policy towards the countries of
protection expert with a regional focus in
Armed Robbery against Ships in Asia) is a
the region has been revitalised through
Singapore and 4 internal security attachés
short-term goal. Participation in this orga-
ongoing visits to expand the links between
(Indonesia, Singapore, Thailand and Laos)
nisation will have practical consequences
France and all Asian countries” explains
and a French official is also present within
such as the sale of radars, surveillance
Hadrienne Terres in his IFRI publication
the cited IFC (Information Fusion Centre).
equipment, as well as cooperation acti-
entitled ‘Le « pivot » français en Asie’. But
France has a General Navy Officer com-
vities involving training and participation
France is not the only European nation
manding the maritime area of the Pacific
in exercises. “Integration in ReCAAP is
to have engaged in this process. The
and the maritime forces of the Pacific
important because it would strengthen
UK is also following this path. Some see
Ocean: ALPACI. It has jurisdiction over
our strategic influence by reinforcing our
it as “the platform of a future European
the maritime area of the Pacific Ocean,
alliance with Japan and Singapore who
policy”1. The possibility for France to
stretching from the Indonesian straits, to
lead the initiative. It is also an interstate
exert real Asian policy therefore lies in
the Australian coast and the meridian of
organisation
member
the European framework... According
the southern cape of Tasmania in the west,
states under a formal framework including
to Laurent Fabius, France must “register
to the US coast in the east, and reports
a dialogue on maritime safety in the south
[its] diplomatic ambition in the European
directly to the Chief of Staff of the Armed
of Palawan between defence attachés.
context. Only Europe is big enough; only
Forces as well as the commander of naval
Participation in these regular thematic
the EU can allow us to talk as equals with
forces. It is also very active in defence
working groups would integrate France
the United States and Russia today, China
diplomacy with all countries in the region,
into the strategic plan” note MPs BUI and
and India tomorrow. 2”
and continually seeks to build and develop
GUILLET.
military cooperation with them. “France is
Other contributions reinforce the credi-
“The European Union now has a mono-
presented as an Indo-Pacific country with
bility of France in security matters. All
poly on important trade negotiations in
a projection of strategic capability” argue
cooperation initiatives that add to the
the region, and from this perspective plays
the two deputies.
stability of the area allow France, through
a unique role. However, the European
being involved, to access information,
Union today is currently unable to for-
ReCAAP
(Regional
comprising
18
France can contribute to regional secu-
accumulate knowledge, extend links with
mulate an effective foreign policy, due to
rity. On the defence front, France must
these countries and enhance its expertise
many divergent national voices within it.
demonstrate that it brings knowledge and
and positive contribution. “Do not unde-
While some Asian diplomats want Europe
experience of managing world affairs, as
restimate the importance of French parti-
to play a greater role in Asian security, the
a permanent Security Council member, it
cipation in the Information Fusion Centre
European Union does not seem able to
has experience of crisis management and
(IFC) which contributes to the exchange of
answer that call... and in addition, spea-
also an autonomous intelligence capabi-
information on maritime security in South
king of a ‘pivot’ to Asia when budgetary
lity. It is important that France is seen as
Asia” the two minsters declared in their
constraints limit French projection capa-
a partner throughout the region. “Other
paper presented in February.
bilities may seem inadequate. Despite
countries such as Germany are trying to
proactive discourse with ambitious goals,
position themselves. France has the advan-
tage of being a permanent member of the
AND WHERE DOES EUROPE FIT INTO THIS?
Security Council and has an observation satellite industry that offers independence
To stave off economic decline and the loss
from US information sources. It must play
of political influence,
that card” they continue.
like the United States, France has also made
26
sécurité & défense magazine
the future of French foreign policy in Asia finally appears very uncertain” concludes Hadrienne Terres.
1. Anna di Mattia and Julia Macdonald, 2014, op. cit. 2. Laurent Fabius, « Diplomatie française : passer de la posture à la stratégie » (French Diplomacy: moving from the posture to the strategy"), Revue internationale et stratégique, no 1/2004.
Dossier SPÉCIAL A MARKET IN NEED OF STRUCTURE:
BETWEEN THE EXPRESSION OF NEEDS AND THE SUPPLY OF SOLUTIONS Thales in South East Asia
T
he
problems
are
recognised.
The axes of work and effort are
known. To better prepare, more conscious of the challenges they face
with respect to security and major risks, South-East Asia is searching for
technical and operational solutions in
many sectors to anticipate and pre© Thales
vent, but also to process and react.
This translates into command posts, means of transmission, metrological and seismic systems, power resources, pump systems, NRBC equipment, fire fighting equipment,
years. Furthermore there has been in 2014
is to bring security, safety, growth and
property and life saving devices, drones,
a double digit increase in order intakes for
development for States, economies and
land robots, vehicles, field hospitals, sani-
Thales in South-East-Asia compared to
people in the region; this includes mee-
tary means for treating the wounded and
2013. The civil domain (Aerospace, secu-
ting the needs of State sovereignty. To this
dead, helicopters, means for democratic
rity and transportation) represents half of
end, Thales is present in the Homeland/
control of crowds, means of protection...
the revenue.
National Security market and has operational command & control centres in
The list is endless...
Singapore for the Police and the Civil
for Thales in South-east Asia, the Group
Defence Forces.
established locally and regularly enter new
already has strong references in this
markets. However, preparation and orga-
domain: modernisation of Changi airport
nisation is required to address the Asian
(Airport
market.
radars offer for geopolitical situation and
sécurité & défense
Even if the security market is quite new Some French companies are already well
security),
Thales
surveillance
piracy (Malacca strait, Indonesian archipe-
MEETING WITH MARIE LAURE BOURGEOIS, HEAD OF THALES IN SOUTH AND SOUTH-EAST ASIA.
lago, South China Sea). In addition, with the rapid urbanisation of South-East-Asia, we are exploring new opportunities in securing cities, including
“Thales’s presence in the South-East-Asia
critical infrastructure (airport and oil &
region has been established since the
gas infrastructures), cyber networks and
1970s and now covers widely the region.
maritime borders. With reference to the
We have industrial facilities in Singapore
securing cities, the region is building up
and Malaysia. We also have sales and
its infrastructure and networks, espe-
business development team in Indonesia,
cially in urban areas, Thales is addres-
Thailand and Vietnam.
sing these upcoming opportunities and
The South-East-Asia zone is important to
leveraging on our leading technologies
Thales as the region represents around
and innovations in smart cities (Security
500M€ and is constantly growing: we
and Transportation). By leveraging tech-
expect around 50% growth in the next 5
nologies and innovations, Thales’s vision
sécurité & défense magazine
27
Dossier SPÉCIAL Furthermore Thales participates in the
One of our strategies, in increasing our
currently available on the international
fast, safe, secure and sustainable econo-
industrial footprint is to develop key local
market.
mic development of critical infrastructures
partnership. This addresses a general
such as, Airports. Thales had an integral
request from the authorities of the regio-
role in the modernization of the Changi
nal countries to develop their local indus-
Aiport in Singapore. Moreover, as part of
trial capabilities in order to gain more
Thales’s growth strategy, we want to pro-
autonomy and sovereignty.
vide convenience, attractiveness and well-
As
THALES
COGES, a subsidiary of the GICAT (French
being for the inhabitants of the region, this
Electronics Sdn Bhd (STE) is a private
land defence and security industry asso-
is demonstrated in the metro contracts in
limited company registered in Malaysia.
ciation), is pursuing its expansion by see-
Singapore and Malaysia.
Established in 1996, STE is a joint venture
king to provide industrial manufacturers
an
example,
SAPURA
THE APHS CONCEPT: THE ASIAN EVENT DEDICATED TO HOMELAND AND CIVIL SECURITY
with effective means to develop business.
Malaysian conglomerate and Thales. The
This year, they have chosen South-East
Innovation Hub in Singapore, a multidis-
Joint venture operates in the communica-
Asia and Latin America because they are
ciplinary establishment inspired by Asian
tions sectors.
both among the most dynamic regions in
concepts, Asian Innovation and Asian
Today, the region employs around 800
the world. They also have well-identified
Thinking. The hub will engage customers
workforces. By attracting new talents and
needs in Defence and Security.
and use new concepts and practices, such
especially new local talents, Thales focuses
as Design Thinking to identify needs and
on the development of the skills locally in
jointly develop solutions. The innovation
order to support future successes. This
team for the hub benefits from govern-
approach is key in better understanding
ment supports and partnerships with
the local market.“
Singapore’s institutions, as well as a global network of Thales innovation teams. Innovation is at the heart of Thales’s strategy. Innovation is the key to our future and
PREPARATION AND ORGANISATION TO ADDRESS THE ASIAN MARKET
curité & défense
company between Sapura Holdings, a In October 2014, Thales inaugurated the
MEETING WITH PATRICK COLAS DES FRANCS, COGES-EUROSATORY CEO ; AND JIMMY LAU, COGES ASIA CHAIRMAN
What groundwork did you do for these new exhibitions and what assets did you rely on to organise them overseas?
underpins the three pillars of our strategic
One of the useful vectors in this structure
vision: growth, performance and people.
is international events that aim to bring
Research is a crucial source of innovation
together all the relevant stakeholders:
In both cases, we relied on local resources.
for Thales. It allows us to anticipate the
governments, institutions, local authori-
APHS is organised by a company based
requirements of our customers and work
ties, public and private companies that
in Singapore working with a local team.
with them as partners in order to build
play a predominant role and need exper-
The company’s CEO is Singaporean and
innovative solutions that customers need
tise and major innovation in this evolving
is a former executive of Reed Asia and
and want. This dedication to «co-innova-
field, integrating all the major risks related
of the Singapore Air Show. In Bogota
tion» is one of the main enablers of Thales
to prevention, protection, surveillance,
too, a Colombian company is managing
sustainable growth and performance.
detection, identification, analysis and res-
EXPODEFENSA. COGES provides its
ponse activities.
know-how, its international network and
The South-East Asia region could be
All of them will be looking for new ideas
its databases for both of the exhibitions,
considered as a business hub itself. As the
on how to better prepare themselves to
which are each backed by the local
security market is quite new for Thales,
face major risks, or how to act when faced
government authorities.
the expected growth is significant in the
with a disaster, or even to discuss recent
civil domain especially in smart cities.
phenomena and draw the first conclusions
Singapore has a very clear focus on security
Thales has been present in the region for
during the first ever APHS exhibition, (sup-
and emergency preparedness. Eurosatory,
a long time with numerous transportation
ported by the organisers of Eurosatory)
which was initially very Defence-oriented,
contracts. Adding the focus on infrastruc-
to be held in Singapore in October. This
has also since expanded into security.
tures protection and citizen protection,
meeting is also expected to address the
Would you describe this move as a strate-
smart cities is now at the heart of our work.
problems linked to the fight against terro-
gic change of course?
Thales works on different projects but I
rism, border security and maritime areas,
can’t give you details.
as well as the solutions and innovations
28
sécurité & défense magazine
Although the two areas differ in context,
Dossier SPÉCIAL Jimmy Lau, COGES ASIA Chairman
particularly on a legal level, in recent years
The number of defence and security events
we have seen the technologies converge
is growing worldwide. How do you make a
towards what is commonly known today
difference?
as the «Defence and Security technology continuum». The great majority of compa-
It’s the quality of our services that makes the difference: a high number of pro-
areas. So it’s not a change of course; our
fessional visitors, carefully chosen and
exhibitions, like those of our competitors,
well-managed official delegations, good
are today «defence and security» events.
quality business tools, etc. Exhibitors
sécurité
nies indeed supply solutions for the two
and visitors will attend these events
These two international exhibitions repre-
because they will find what has made
sent a new challenge for COGES in them-
EUROSATORY the world leader in its
selves. But what are the specific challenges
category. There are numerous defense
of each one?
and/or security shows, and the goal will be to leverage on the key elements res-
– Eurosatory, and GICAT. The latter is
Together with our partners in Singapore
ponsible for our past successes and adapt
a French association of the land and air-
and Bogota, the challenge for us lies in
it to APHS, to differentiate ourselves with
land defence and security industry, and
organising the APHS and EXPODEFENSA
superior quality and authentic opportuni-
Eurosatory, it’s flagship biennial event
exhibitions so that they offer exhibitors
ties for all participants.
organise via COGES. The team that helped
and visitors the same quality of service
The inaugural event will expect about 250
Eurosatory succeed [over 175,000 square
and the same return on investment as
exhibitors, 7,000 to 10,000 visitors, and
meters of exhibition space in 2014] is fully
EUROSATORY. To do so, we apply the
400 conference attendees.
invested in bringing success to APHS. With
same methods on which we have built our
Asia Pacific Homeland Security is the
an association as a parent organisation,
success, while adapting them to the local
leading disaster management and civil
the objective to create sustainable busi-
context. Our ability to produce exhibitions
security event, enabling greater prepare-
ness and networking opportunities has
that really stand out thus hinges on our
dness and resilience through collaborative
been evidently successful, with Eurosatory
know-how and our perception of these
solutions.
being in its 25th edition in 2016.
local realities.
Key themes are Urban Resilience, Disaster
The Asia-Pacific region also experiences
Relief, Crisis Management, Defence and
70% of the world’s natural disasters, often
Patrick Colas des Francs, COGES-EUROSATORY CEO
Security Leadership.
at a scale that requires both civil and military intervention, and benefit from cross-
What are today the major chal-
border collaborations. The growth also
lenges in Asia and how APHS
means denser cities with more lives at risk,
intends to give some answers?
and greater economic loss in a crisis. As such, private sector development in conti-
Asia presents one of the few key
nuity planning is also key to preparedness
growth regions among the global
efforts. All these present a complexity that
economies, while the distinct cultu-
the scope and theme of APHS, and the
ral identity of each country neces-
team behind it, may offer a timely platform
sitates a personalized approach for
for sustainable solutions. Homeland secu-
each market. However, shared eco-
rity spending will center on equipment
nomic goals, and ASEAN being
and technologies that could avert and pro-
among the most successful grou-
vide resilience against the threat of cross
ping, reflects the potential effec-
border terrorism, cyber fraud and cyber-
tiveness of a business-oriented
crime, CBRN threats, piracy, drug trade,
strategy.
human trafficking and internal dissent.
Among
large-scale
exhibitions
Nowadays, Asia-Pacific is a major area
and conferences, APHS has a
of tourism development with a strong
unique heritage of two elements
increase in infrastructures such as hotels,
sécurité & défense magazine
29
Dossier SPÉCIAL
OFFICIAL AND PRIVATE DELEGATIONS
entertainment parks, equipped historical
by almost 15 times since 1970 while the
APHS will also offer a range of dedica-
sites, casinos, etc. These facilities require
region’s GDP only grew five times, sug-
ted services and outstanding features
devices and systems allowing the authori-
gesting that building resilience to disas-
to achieve success: one-to-one business
to the security of its critical infrastructure,
trillion was lost.
conference program. A conference day
as with other similarly sensitive infrastruc-
It will be interesting to look at the deve-
Thanks Singapore Government support, APHS15 toand welcome up contact ters is likely a necessary condition for expects ties to prevent threatsto andthe problems. meetings exhibitors-visitors protecting the region’s growth prospects. Moreover, to investments in oil andPrivate gas service. To give a global overview of this 70 Official and Delegations (more than 200 people) and high profile Just basedentities on natural disasters within this infrastructure have increased, and to the following Asia Pacific Homeland guests belonging from more than domain, 30 countries (Non Security same timeframe and region, over US$1.15 industry is facing rapidly evolving threats will join an international exhibition to a Exhaustive list):
on the subject of “Security: Urban resiCountries & international Entities Positions lopments toward urban resilience, which lience facing major threats and hazards” is tures around the region. organizations* involves private and public sectors. Major international APEC companies are based Ministry ofboth Defence Minister already scheduled on October 27th. This As with any new markets, it may be a better conference will bring together leading in this region and need security solu- Home ASEAN Ministry Under-Secretary tions to protect their personnel and their Ministry strategy recognize each Asian market experts from the distant corners of the Australia of to Transport Permanent Secretary Bangladesh Ministry of Tourism Army Chief of Staff sensitive infrastructures. They also need as very distinct, and be ready to not just globe to address the matter of resilience Brunei their Darussalam Technology of Staffall the angles, figures, analysis, devices to monitor complex systems Defence adapt and the strategy, but even to buildJoint one Chief covering Chief Executive Officer and facilitiesCambodia (for example: pipe-lines, oil Agencies up from scratch. Studies of cultural dimendiscussion, feedback... with 2 subsequent Canada Ports Authorities Director General sions, such as those by Geert Hofstede, and gas platforms, mining sites, nuclear workshops. The first one will be devoted Fidji Railways Companies Security Managers may be of help. plants, hotels, transportation, leisure and to Lessons Learned from large disasters India Airports Authorities Safety – Security Officer entertainment parks, etc.). These needs and Tsunami and Fukushima: What lesIndonesia Resorts and Mall Administration Chief Operating Officer Which challenges will COGES be taking up Engineer sons to learn to improve resilience? are all the Iran new exhibition will aim to Metropolitan Authorities Chief in future? A new answer. Japan National Center forexhibition Disaster in a different Chief Researcher country? The Defence second workshop will address the Kiribati Reduction Head of Civil Department Asia is the Eldorado theme Chain of KEYManagement EVENTS MANAGEMENT Malaysiafor French companies Firefighting and Rescue Corps Head of Supply Fighting The Companies priority is the success of APHS Head and FireFrom operating onMicronesia the spectrum of global secu- Power SARSDepartment to Global pandemic prepareMongolia Red Cross Director General Police dness andofEuro 2016 Security Planning. rity. How to approach this market for a EXPODEFENSA. But for the future, Myanmar UNISDR General Manager successful opening export and sustain its COGES will complete its exhibition portNepal National Police ChairmanThe event will be held in the Marina Bay folio with ShieldAfrica, an African security commercial presence there? New-Zealand Customs Administration Civil Defence Officer and defence exhibition which has been Sands Expo and Convention Center – Pakistan Borders Control Adm. Director Logistics A good approach to consider would be to held 3 times. Next ShieldAfrica will be Singapore, on October 28th to 30th, 2015. Palau Disaster Prevention and Director Operations leverage onPapua Singapore a jumping point Preparedness organized byCenter COGES in Abidjan in theEtc. first NewasGuinea to the rest ofPeople Asia. It Republic has a significant preshalf 2017. of China Stadium and Arenas ence of MNCs that serves as regional hea- Etc. Philippines (Non Exhaustive List) dquarters, and good of diplomatic Republic Korea relationSamoa ships with most. With the establishment of (Non Exhaustive List) Singapore the Changi Regional HADR Coordination Solomon Centre [RHCC], upon invitation by the Sri Lanka affected country, Singapore takes the Taipei lead in relief efforts, and inter-governThailand ment military coordination. The RHCC is Timor-Leste a good highlight Tongaof Singapore’s reputation for capability Tuvaludevelopment, and also enhances itsUnited diplomatic relationships. States In Asia Pacific, economic losses increased Vanuatu Vietnam The Asian Event Dedicated to Homeland and Civil Security Etc. *Alphabetic order 30 sécurité & défense magazine
Join COGES-EUROSATORY Events and increase your business opportunit
27
Dossier SPÉCIAL REMARKABLE ECONOMIC GROWTH: FOCUS ON A FLOURISHING MARKET By Business France – Arnaud Dupuis
FOUR COUNTRIES IN ASEAN FACING DIFFERENT CHALLENGES, WITH NEEDS IN EVERY SECURITY FIELD
France market share in ASEAN is about 1.5%, far below expectations. A 2014 report from the French Senate, “Regaining a foothold in South-east
INDONESIA – HUGE MARKETS, MULTIPLE NEEDS
Asia”, aims to define a global strategy to reinforce relationships between France
also an important threat for the archipe-
and ASEAN. Despite some difficulties
LOCAL CONTEXT AND COUNTRY
lago. Therefore, Government of Indonesia
(France is not directly a dialogue partner
NEEDS
allocated 4.2 Bn EUR to the Indonesian National Police in 2013, which will be
to ASEAN; on the contrary European Union is), the Senate’s commission settled
With the fourth largest population in the
used to buy equipment such as vehicles,
a strategic road map to rebuild France’s
world, Indonesia represents huge poten-
patrol boats, communication equipment,
position in the region. The first step of this
tials in every economic sector, including
forensic laboratory equipment, detection
road map was to identify and to evaluate
security.
and identification equipment and antiriot
local needs, in order for the commercial
Due to its geographical position, the
equipment. Other agencies have also
policy to be oriented. Security is one the
country suffers from natural disasters (tsu-
seen their budget reinforced to increase
main pillar of this strategy: with issues like
nami in 2004, multiple volcano’s eruptions
their capabilities (Directorate General of
natural disasters, civil defense, industrial
and earthquakes). In terms of security, this
Immigration, Directorate General of Tax
safety, border and maritime surveillance,
means multiple needs in various fields:
and Duty, Ministry of Justice, etc.).
ASEAN represents a huge potential for
civil defense to assist local population
Strategic economic industries, like oil and
French companies involved in this field.
(materials, training), crowd management
gas or mines, located in difficult-to-access
To address this large region, four pivotal
solutions, prevention and communication
areas (offshore platforms, rain forest)
states have been chosen, according to
tools.
concentrate important needs in terms of
their strategic and economic potential:
Even if Bali’s terrorist attacks happened
industrial security services and equipment,
Indonesia,
and
ten years ago, terrorist threats are still pre-
as well as protection from external threats.
Vietnam. These four countries concentrate
sent. Indonesian authorities are still loo-
Supported by the Government, major
therefore the strategic and commercial
king for materials and trainings to protect
infrastructural projects around the country
efforts of Business France in the region.
the 17 500 islands of the country. Piracy is
(airports, power plants, ports, railways,
Malaysia,
Singapore
sécurité & défense magazine
31
Dossier SPÉCIAL MALAYSIA – ON THE WAY TO MATURITY MRT, water supply, etc.), offer also lots of opportunities in the security and safety field. With the fourth population in the world, and an Internet network always expanding, cyber security will be a huge challenge for Indonesia in the coming years. Social network, e-commerce, needs
LOCAL CONTEXT AND COUNTRY NEEDS
will be high in terms of private life protection or secured transactions.
Malaysia is France second commer-
HOW TO ADDRESS THE LOCAL MARKET
cial partner in ASEAN, and a country approaches by many other powerful states (United States, Japan, United
Due to the low local production level,
Kingdom, etc.), due to its political
security products and services are mainly
stability and clear development plan.
imported from other Asian countries like
France benefits from a very good image
Japan, South Korea, Taiwan or China.
in Malaysia, and historically, relations
To
security
between the two countries have been
market, at least during the first stages, it is
address
the
Indonesian
good, if we do not mention palm oil
generally recommend using the service of
industry. Actually, just elected in 2009,
an agent or a distributor.
Prime Minister Najib Tun Razak chose
Key success factors in purchasing decision
France as first foreign country visited.
Private sector: regarding the private
on the market are the price, the ability to
In 2013, Malaysian budget for national
consumption, demands are concerning
finance projects, the technical skills of your
security was estimated at 1.2 Bn EUR,
mostly cybersecurity (smartphone secu-
products and/or staff and the after sale
while the safety and security sector global
rity, safe online transactions, etc.) and
service. Companies targeting the market
market is estimated at 1.8 Bn EUR (and
sites protection, whether industrial or
should be prepared to massively invest in
rising).
residential.
the development of local manpower skills.
Malaysia faces several security challenges. At the Thai border, regular terrorist attacks on the both sides, due to difficult mino-
HOW TO ADDRESS THE LOCAL MARKET
rities’ cohabitation weaken the stability of the region. Even if the country is not
Main competitors for French companies
directly threatened, international terro-
in Malaysia are foreign entities, coming
rist cells are supposed to be based in
mostly from the United States, Germany,
Malaysia (Jemaah Islamiah or the Islamic
China and Taiwan. Price is certainly an
State). Parliament is currently debating the
important factor in the customer decision
need of a new anti-terrorism legislation,
process; however, a recent trend gives
involving new needs in terms of materials
more opportunities to high quality solu-
and services.
tions, independently to prices. To address public markets (Government,
Basically, needs of the Malaysian market
national energy companies, airports, ports
are divided as follow:
railway, etc.), it is imperative to have a local representative, in charge of opportunity
32
Public sector: equipment for internal
detection and follow-up, contact identifi-
security, cybersecurity, video surveillance
cation and contract building. Private mar-
systems, coast surveillance systems, patrol
kets are easier to penetrate, an agent or a
boats,
reseller is generally sufficient.
sécurité & défense magazine
Dossier SPÉCIAL SINGAPORE – A MATURE MARKET NEEDING HIGH VALUABLE SOLUTIONS
sécurité & sécurité défense
LOCAL CONTEXT AND COUNTRY NEEDS
Security is one the three pillars on which the city is based, as well as efficiency and connectivity: Singapore is ranked second at the Economist Intelligence Unit Safe City Index 2015 (only Tokyo is ahead of the city-state) and safest city in the world. To reach this objective,
Panorama of Keppel Container Terminal, Port of Singapore, the world’s busiest transshipment
Singapore gives 7.5 Bn EUR each year
port
on its annual budget to security and defense programs (approx. 4% of its GDP).
HOW TO ADDRESS THE LOCAL MARKET
Regional headquarters of banks, trading
market is going to rise from 43 Bn EUR in
companies or leading multinationals,
2011 to 80 Bn in 2017 in Singapore.
Singapore could be highly exposed to
Apart from cyber security, Singapore aims
cyber criminality. Therefore, local autho-
to keep its position as a world leader in
Singapore is an open market and almost
rities develop programs to become a
the security field. The market is moving
every major player in the security business
regional hub in terms of cyber security
towards smart security solutions. High
is present there. Finding a representative
expertise. According to Mr Gian, direc-
end biometric security systems, premium
in the country is not difficult, and business
tor of the “Safety & Security Industry
police equipment and Intelligent CCTV
climate is considered as the best in the
Programme Office” (SSIPO, Ministry of
monitoring systems are actively sought by
world according to the “Doing Business”
Trade and Industry), the cyber security
local Government and companies.
ranking from the World Bank (in 2015).
VIETNAM – CONCENTRATING EFFORTS ON EMERGENCY SITUATION AND CIVIL DEFENSE LOCAL CONTEXT AND COUNTRY NEEDS The two main high potential sectors in Vietnam are the civil defense and emergency situation. Vietnam faces regularly typhoons and floods and has urgent needs in terms of materials to face these situations, as well as training to its different services. Moreover, the fast growing industrial complex is willing to benefit from expertise in industrial safety.
HOW TO ADDRESS THE LOCAL MARKET Most of security equipment is currently imported in Vietnam, due to a lack of local production. Origin countries of this equipment are China, Taiwan, Singapore, Malaysia, South Korea or Israel. One of the key to address Vietnamese markets in general, and specifically security markets, is to find the relevant representative to detect opportunities, evaluate specific needs and ensure relations with local administration.
sécurité & défense magazine
33
Titre / Vietnam – Concentrating efforts on emergency situation and civil defense
Dossier SPÉCIAL
Local context and country needs The two main high potential sectors in Vietnam are the civil defense and emergency Vietnam faces regularly typhoons and floods and has urgent needs in terms of materia these situations, as well as training to its different services. Moreover, the fast growing complex is willing to benefit from expertise in industrial safety.
How to address the local market PHILIPPINES AND THAILAND, ONimported TWOin Vietnam, due to a lack of local pr MostQUICK of security OVERVIEW equipment is currently Origin countries of this equipment are China, Taiwan, Singapore, Malaysia, South Korea o POTENTIAL TARGET MARKETS
One of the key to address Vietnamese markets in general, and specifically security mark find the relevant representative to detect opportunities, evaluate specific needs and ensure with local administration.
LOCAL CONTEXT AND COUNTRY NEEDS Regularly
facing
natural
disasters,
Philippines are also looking to solutions to face emergency situations. Some terrorist’s activities in the South of the country force local authorities to keep on the alert and to modernize police equipment. Finally, infrastructure quick development creates needs to protect them. The Thai defense expenditure is expected
Titre / Philippines and Thailand, quick overview on two potential target markets Regularly facing natural disasters, Philippines are also looking to solutions to face em situations. Some terrorist’s activities in the South of the country force local authorities to the alert and to modernize police equipment. Finally, infrastructure quick developmen needs to protect them. The Thai defense expenditure is expected to increase as a percentage of GDP from 1.5% i 1.8% in 2016. The above plans are for ensuring Thailand’s ability in coping with nationa threats, including maintaining internal security, fighting terrorist and separatist groups, border area disputes, and disaster recovery, all of which have become more prevalent years. Every field of the security industry is considered as highly attractive in ASEAN. Due to g position and various maturity levels, some countries can be identified as more relev particular industry than another, as shown in the table below.
to increase as a percentage of GDP from 1.5% in 2011 to 1.8% in 2016. The above plans are for ensuring Thailand’s ability in coping with national security threats, including maintaining internal security, fighting
Cybersecurity Crowd management Sites protection
terrorist and separatist groups, resolving
Emergency situation
border area disputes, and disaster reco-
Interior/Maritime security and surveillance
very, all of which have become more prevalent in recent years. Every field of the security industry is considered as highly attractive in ASEAN. Due to geographic position and various maturity levels, some countries can be identified as more relevant for a particular industry than another, as shown in the table below.
Indonesia Malaysia Singapore
Vietnam
As the French Minister of Foreign Affairs Mr Laurent Fabius said, speaking at A headquarter in August 2013: "France, too, has undertaken a "pivot". Not to blindly fo crowd, but because France wants to have a presence where tomorrow's world is being b Asia-Pacific region will clearly be central to TO the FRENCH 21st century." And to be central, secur BUSINESS FRANCE – COMMITTED SECURITY have to be tackled. COMPANIES Encadré / Business France – Committed to French security companies
Aware of commercial challenges of security markets, Business France, the
government agency supporting the international development of the French Number of security economy, accompanies several French SMEs in this sector every year. Either
As the French Minister of Foreign Affairs
through French Pavilion on trade shows, gathering several companies, or indi-
Mr Laurent Fabius said, speaking at
vidually in a specific country, around 50 companies in the security field benefit
ASEAN’s headquarter in August 2013:
every year from Business France services.
“France, too, has undertaken a “pivot“.
The CoFIS (Comité de la Filière Industrielle de Sécurité) aims to bring all the
Not to blindly follow the crowd, but
stakeholders of the security industry together with a double objective: provide
because France wants to have a presence
the security agencies and operators of essential infrastructure with reliable, value
where tomorrow’s world is being built. The
for money and tailor-made technologies and consolidate the French security
Asia-Pacific region will clearly be central to
technological base and enhance French security industries competiveness. Key
the 21st century.“ And to be central, secu-
point of the Comity roadmap is to promote overseas French expertise and tech-
rity issues have to be tackled.
nologies. Fully integrated to the Comity, Business France suggests international policy guidelines, proposes and implements concrete international operations for French SMEs. Moreover, Business France cooperates closely with the French security associations, such as GICAT (French Land and Defense Security Industry Association), GICAN (French Marine Industry Group), GIFAS (French Aerospace Industries Association) and clusters (EDEN, etc.).
34
sécurité & défense magazine
situation. als to face industrial
Business France est l’agence nationale au service de l’internationalisation de l’économie française.
roduction. or Israel. kets, is to e relations
Elle promeut l’attractivité et l’image économique de la France, de ses entreprises et de ses territoires. Créée le 1er janvier 2015, Business France est issue de la fusion d’UBIFRANCE et de l’AFII et dispose de 1 500 collaborateurs situés en France et dans 70 pays.
mergency o keep on nt creates
in 2011 to al security resolving in recent
geographic vant for a
Entreprises de la sécurité, nous accompagnons votre développement international sur :
Allemagne Düsseldorf
27-30/10/2015
Pavillon France sur A+A
ASEAN’s ollow the built. The rity issues
Inde-New Delhi 21-24/09/2015
Algérie-Alger 4-5/11/2015
Mexique-Mexico 21-23/09/2015
Colloque sécurité industrielle
Rencontres sécurité
Ethiopie Addis-Abeba 21-24/09/2015
Rencontres acheteurs Cameroun-Yaoundé Côte d’Ivoire-Abidjan
Rencontres acheteurs sur SmartCards Expo Indonésie, Malaisie, Philippines, Vietnam 30/11- 04/12/2015
Rencontres acheteurs MRO et Cies aériennes
23-27/11/2015
Colloque des nouvelles technologies de l’information
Pour plus d’informations, retrouvez-nous sur Contact : industrie@businessfrance.fr
Accélérez votre export avec Business France POUR VOTRE RÉUSSITE À L’INTERNATIONAL
Dossier SPÉCIAL THE FIGHT AGAINST TERRORISM & BORDER SECURITY
D
espite the diversity of economic, political, religious and cultural backgrounds in the countries of South East Asia, the security issues are identical. Terrorism, cybercrime, human trafficking, pharmaceutical
crime, counterfeiting of security documents and money, and smuggling are all on the list of threats to be combated. These were all included in the programme of the 22nd INTERPOL Asian Regional Conference, held last April in Singapore in parallel with the inauguration of the INTERPOL Global Complex for
Innovation, a gathering of more than 160 senior Asia and South Pacific police officials that ended with the adoption of a series of measures to strengthen regional action against transnational crime.
Several recommendations also called
part of the Malacca Strait, a key transit
for support for the efforts of INTERPOL
for world maritime trade, Indonesia is
member countries in Asia in the fight
of particular importance in the issue
against cybercrime, the strengthening
of transnational terrorism. With the
of police cooperation and action against
establishment of American coope-
foreign terrorist fighters, and an increase
ration some improvement can be
in the use of tools and global INTERPOL
observed. The common interest in the
services in Asia, including its fingerprint,
fight against terrorism is manifested in
DNA profiles and firearms databases.
particular through American aid in the
TERRORISM: A THREAT FAR FROM UNDER CONTROL
establishment of anti-terrorism forces, and the reinforcement of intelligence capabilities or the organisation of CTX (CounterTerrorism Exercise) conducted within the
with especially strong links to the Middle
The problem of terrorism linked to armed
ADMM+ framework. Furthermore, the
East. In a region with porous borders and
separatist groups concerns the entire
Jemaah Islamiyah (JI) terrorist organisa-
busy shipping lanes, it is necessary to
region. These groups, such as the Islamist
tion, responsible for the Bali bombings,
consider that the progress made by each
Front in Indonesia, are characterised by
was partially dismantled following the
country in terms of security has a positive
their use of terrorist guerrilla methods. “It
arrest or elimination of the organisation’s
impact for all countries in the region and
is clear that despite the progress made,
principal leaders. Its spiritual leader, Abu
even on global stability. According to
terrorism is clearly not a ‘controlled threat’
Bakr Bashir, was arrested in August 2010
Senia Febrica, significant mutual benefits
in South-East Asia. The anti-terrorism
and sentenced to 15 years in prison in
could also be derived from better coope-
measures suffer persistent intelligence
June 2011. There is nevertheless a latent
ration between Singapore and Indonesia
failures and difficulties in adapting to
terrorist threat, as shown by the arrest of
or Malaysia, going beyond occasional
the constant evolution of the operational
former members of an organisation called
collaboration after an attack. “Indonesia
modes of these groups. In addition, today
“Hasmi” on the island of Java late October
should look to the model and techniques
and since the Mumbai attacks in 2009,
2012. A new anti-terrorism coordinating
employed by Singapore, above all with
there has been a clear change of terro-
agency was created in June 2010. The shift
respect to surveillance of information on
rist organisations in the area” says Senia
from a political Islam towards a combatant
the internet, monitoring prisoners and
Febrica, PhD Researcher, Department of
Islam is a subject of real regional concern,
taking decisive action against individuals.”
Politics, University of Glasgow. Located in
particularly to Singapore and Australia,
36
sécurité & défense magazine
Dossier SPÉCIAL IMPROVE AND INCREASE EXCHANGES
In 2014, the INTERPOL Counter-terrorism
during the course included the latest
Investigative
developments
“History and experience clearly show that
were held in Cebu in the Philippines
global police communications system and
the exchange of information is essential in
(26 - 31 October), and Bali, Indonesia
encouraging its increased use for sear-
combating all forms of crime, but we are
(1 – 6 December) with training participants
ching, adding and integrating information
still far from the domain of anti-terrorism,
from nine countries: Brunei, Cambodia,
into INTERPOL’s nominal databases, to
and this must change”, warned Jean-
Indonesia,
assist frontline officers at border check-
Michel Louboutin, Executive Director of
Philippines, Thailand and Vietnam. It has
points and general investigations.
INTERPOL's Police Services, who went on
been held in Asia to support law enfor-
The training also incorporated a two-day
to say “Countries must ensure that their
cement in their counter-terrorism efforts
meeting for high-level delegates, inclu-
front-line officers, particularly at the bor-
across the region. the training provided
ding heads of NCBs and immigration, to
ders where the criminals are at their most
an overview of INTERPOL’s forensic tools
discuss future projects on strengthening
vulnerable, have access to INTERPOL tools
and services available to support coun-
border management and strategies to
and databases, which contain critical and
ter-terrorism initiatives, including Notices,
boost international cooperation in comba-
potentially decisive police information for
Facial Recognition and the Automatic
ting terrorism.
the identification of fugitives and terrorists
Fingerprint Identification System.
There are also many concrete initiatives
seeking to evade the authorities” while
During the Cebu-based course, partici-
that contribute directly to the strengthe-
talking about the operations and trai-
pants also had a practical demonstration
ning of cooperation for enhanced regional
ning coordinated by INTERPOL to assist
on the effectiveness of different types of
security.
countries in the establishment of sustai-
explosives being used by terrorists, inclu-
Recently,
nable strategies to protect their borders
ding commercial, military and handmade.
Secretary General, said that countries must
against terrorism and transnational crime.
Input was provided by experts from
“share even more information, and share it
“INTERPOL assists the world community
the INTERPOL National Central Bureau
even better. Increased pressure to restrict
of law enforcement services responsible
in Manila, the Philippine Bureau of
foreign
for dismantling criminal and terrorist
Immigration, the US Federal Bureau of
already producing changes in tactics”
networks through the use of its operatio-
Investigation (FBI), the Royal Canadian
said Secretary General Stock, adding
nal support, its global databases, its cri-
Mounted Police (RCMP), as well as from
that INTERPOL projects ‘broken travel’
minal intelligence resources, and through
a number of specialized INTERPOL
– where individuals move between seve-
training and technical expertise” stated
units including Chemical and Explosives
ral countries in non-consecutive legs
INTERPOL's Vice President for Asia, Mr.
Terrorism Prevention, Forensics and the
before reaching their final destination – to
Nobuyuki Kawai.
Border Management Task Force.
become a more frequent feature, with
The second session in Bali focused on best
autonomous movements being gradually
practice in intelligence-gathering, with
abandoned in favour of routing channels.
participants sharing information about
“The ease, speed and reach of the foreign
REGIONAL COOPERATION EXERCISES
Skills
Laos,
Training
Malaysia,
courses
Myanmar,
to
INTERPOL’s
Jürgen
terrorist
Stock,
fighter
secure
INTERPOL
mobility
is
their countries’ responses to emerging ter-
terrorist fighters converging onto Syria
In 2014, during the Hawk and Dove ope-
rorism threats and trends, in particular on
and Iraq showed the threat was unpre-
rations attended by police, immigration,
the movement of suspected foreign figh-
cedented almost from the outset” Mr.
customs and border protection officials,
ters from Southeast Asia. The INTERPOL
Stock declared. “Withholding information
over 400,000 checks were made in the
Chemical Anti–Smuggling Enforcement
within any region simply puts the rest of
INTERPOL databases on wanted persons,
(CHASE) Programme targeting Indonesia,
the world at risk. Intelligence is crossing
stolen and lost travel documents and
Malaysia and the Philippines with support
borders, but at a much slower pace than
stolen vehicles.
from Australia was also held in Bali (1 – 5
foreign terrorist fighters,” added the
Operation Hawk, conducted throughout
December) in parallel with the counter-ter-
Secretary General. The Security Council
South-East Asia, also resulted in the sei-
rorism training. Since its launch in August
also called on the international community
zure of over 70 kg of sodium chlorate, a
2014, more than 100 officers have been
to strengthen INTERPOL’s capabilities and
chemical precursor used in the manufac-
trained as part of INTERPOL’s Capacity
to develop capacity building assistance to
ture of home-made bombs.
Building
facilitate broader use of its secure commu-
Several other exercises promote the conti-
Counter-Terrorism
and
nications network and increased reporting
nuation, expansion and improvement of
International Collaboration in ASEAN
to the Stolen and Lost Travel Documents
this regional cooperation.
member countries. Key areas covered
database.
Programme
on
Improving
Investigation
sécurité sécurité&&défense défensemagazine magazine
37
Dossier SPÉCIAL MARITIME PIRACY AT THE FOREFRONT
OF
THE INTERNATIONAL SECURITY GOALS MARITIME SECURITY: A CRUCIAL ISSUE
I
ndonesia promotes both national and international maritime security by organising joint operations,
numerous bilateral and multilateral exercises,
holding seminars in Jakarta on the subject of maritime security, and by calling for more active collaboration in this area and a peaceful settlement of
disputes. In line with the Indonesian foreign policy, the Indonesian Navy plays a mediating role in the
South China Sea disputes. It is also used to enhance cooperation between the navies of the ASEAN
member countries and with the Chinese navy, which is receptive to contributing to the peace efforts in
the South China Sea. The largest naval exercise after
RIMPAC and KOMODO which took place in early 2014, organised by Indonesia, assembled the navies of
the ASEAN countries (Riau Archipelago area), as well as observers, including an officer of the French navy, an IFC (Information Fusion Centre) liaison officer from Singapore. The training objective was the common management of natural disasters, including evacuation of population. Indonesia proposed the concept of civil-military cooperation, which was approved by ASEAN.
Member of the “Tri-border initiative,” Indonesia is also involved in surveillance activities and maritime operations in the Makassar Strait to fight against piracy.
THE UNDERSIDE OF SEA PIRACY
pirates, in particular in the Gulf of Aden,
of Southeast Asia have become a new
Somali Basin, the Indian Ocean and Asia.
hotspot, according to the International
Modern maritime piracy targets not only
Vast areas of waters are affected making
Maritime Office (IMO), especially in the
commercial and fishing vessels but also
it a challenge to prevent maritime piracy
region of the Malacca Straits, the strategic
pleasure craft. It generally involves violent
incidents. Millions of dollars in ransom pay-
corridor between Indonesia, Malaysia and
acts led by pirates who do not hesitate to
ments are paid to pirates. It is believed that
Singapore. One third of the world’s trade
use assault rifles or lance-rockets and exert
these payments are divided between the
transits through this corridor. “The global
pressure on the ship’s crew to get what they
pirates, their leaders and those who finance
increase in hijacking is due to the increase
want. Though this is far from being a new
them. For example, intelligence indicates
in attacks against oil tankers navigating
phenomenon, it now calls for new forms
that part of the “african” maritime piracy
offshore in Southeast Asia,” said Imo direc-
of response in order to strengthen the
money is reinvested abroad through Somali
tor Pottengal MUKUDAN. The incidents
efficiency of the current methods. Through
emigrants. Tracing the financial flows of
reported in the South China Sea are falling
international cooperation and innovative
ransom money is one of the main chal-
in numbers but are nevertheless becoming
thinking, solutions are now being brought
lenges faced by law enforcement agencies.
of greater concern. The terrorist group
to the fore.
Abbu Sayyaf operates in the Sulu, Jolo and
Piracy is not a new phenomenon. In recent
ASIA IS THE OBJECT OF GREAT ENVY
years, there has been a significant increase
Maritime piracy has waned throughout the
seas, on the south coasts of Palawans and
in the number of attacks on vessels by
world over the last few years, but the seas
in the west of Mindanao to the coasts of
38
sécurité & défense magazine
Tawi-Tawi archpelagos as well out of Basilan Island, and is active in the Sulu and Celebes
Dossier SPÉCIAL Sabah in Malaysia. The regions islands have
sécurité &
been the scene of kidnappings on the part of Filipino terrorist groups or Malaysian criminal groups that may associate with them.
Asia is also an Eldorado for French indus-
trialists. Jean-Marie Carnet, general delegate for the GICAN, explained last year
at a trade fair in Malaysia that “where the seas are concerned, the most important consideration of the maritime issue by the States has a significant leverage effect for
the countries that export specific equip-
ment. This market is especially active in the ASEAN zone where the nations involved are obtaining more and more equipment to be able to exercise their sovereign rights on
their EEZ. This Asian dynamism causes the entire shipping industry to grow, thus the importance for our French industrialists to
be present in Malaysia, at the heart of this dynamic market.”
INTERPOL BASIC TRAINING ON MARITIME SECURITY HELD IN MALAYSIA The first in a series of INTERPOL training programmes to assist member countries build capacity in maritime piracy and armed robbery investigations has been held in Malaysia. The INTERPOL Basic Training on Maritime Security course held at the AMSAS (Akademi Maritim Sultan Ahmad Shah) Training Academy in Kuantan, brought together officers from the Malaysian Maritime Enforcement Agency, Marine Operations Force, Royal Malaysian Police, the National Central Bureau in Kuala Lumpur, Royal Malaysian Navy, Marine and Immigration departments. During the five-day (26 – 30 January) course, INTERPOL officials and experts from national prosecution offices, the Royal Canadian Mounted Police and the Regional Cooperation Agreement on Combatting Piracy and Armed Robbery against ships in Asia (ReCAAP) provided training on a range of maritime security issues including legal frameworks, border management and INTERPOL’s tools and services. The training is part of the INTERPOL Capacity Building Programme to Foster Maritime Security in Malaysia funded by the Department of Foreign Affairs Trade and Development (DFATD) Canada. Jointly coordinated by the INTERPOL Capacity Building and Training and Counter-Terrorism, Public Safety and Maritime Security units, one of the programme’s aims is to increase investigative resources, specialized forensic capabilities and information-sharing amongst national law enforcement agencies. cooperation with extra-regional states.
more challenges are to come, along with
However, the direct involvement of an exter-
the trend of ever increasing transnational
nal actor in establishing cooperation is not
crime. Structural, normative, and economic
desired, but the idea of closer cooperation
changes to the regional system facilitate
Indonesia faces many problems in maintai-
and the components needed to create such
greater maritime security cooperation.
ning and providing security in its sea terri-
cooperation on a security issue are there to
Given the strengthening of regional coope-
tory. Indonesia seeks for international assis-
be adopted and implemented. Indonesia
ration norms, higher priority is to be given to
tance in the provision of aid, equipment
and Southeast Asia welcomes external
maritime security, and the need to press for
and trainings, or in organising and coor-
assistance, particularly in the framework of
enhanced maritime security cooperation.
dinating cooperative efforts and linkages
financial and technical assistance, as long
Strengthening regional maritime security
with other interested parties. The states in
as such assistance is neutral, limited, and
cooperation, both bilateral and multilateral,
the region, including Indonesia, appreciate
non-military. But challenges remain. In fact,
should remain in the agenda.
FOCUS - INDONESIA’S MARITIME SECURITY: ONGOING PROBLEMS AND STRATEGIC IMPLICATIONS
sécurité & défense magazine sécurité & défense magazine
39
Dossier SPÉCIAL INDONESIA TAKES AN ENLIGHTENED APPROACH TO MARITIME SECURITY
wealth contained in and derived from the maritime sector.” Gerry Northwood
The Maritime Security Market is esti-
OBE, Chief Operating Officer at MAST,
mated to grow from $13.94 Billion in
said “We now have a situation where
2014 to $20.87 Billion in 2019. This
More countries around the world should
the most far sighted countries are inves-
represents a Compound Annual Growth
strengthen their approach to mari-
ting in maritime security as a means to
Rate (CAGR) of 8.4% from 2014 to 2019.
time security and follow in the steps
underpin national wealth and economic
MarketsandMarkets
of Indonesia, who in last December
development. The challenge they are
the maritime security market by type of
launched a new coastguard service
facing is that maritime infrastructure is
technologies and systems: screening
says leading maritime security company
expensive and there is a relatively long
and scanning, access control, detectors,
MAST.
has
segmented
lead time to put in place resources. Early
Geographic Information System (GIS),
Joko
upfront investment is required and this is
surveillance and tracking, weather moni-
Widodo have rightly recognized that
what the Indonesians are doing through
toring, smart containers, Supervisory
maritime crime, including piracy and
creating a more capable maritime police
Control and Data Acquisition (SCADA),
smuggling, can be hugely disruptive
force. Sailors are not like soldiers. They
communication, and others; by type of
of commerce and wealth generation”
cannot be trained in a heartbeat. Sailors
services:training, risk assessment and
said Phil Cable, Chief Executive Officer
and maritime police have to become
investigation, maintenance and support,
at MAST (Maritime Asset Security and
competent in the marine environment
consulting, and others; by categories:port
Training Ltd).The development of the
before they can actually start to provide
and critical infrastructure security, vessel
coastguard is part of President Widodo’s
value as law enforcement officers. The
security, and coastal surveillance; and by
push to reassure investors that Indonesia
same principle applies to personnel
regions: North America (NA), Asia Pacific
is taking maritime security seriously.
involved in environmental protection.
(APAC), Europe (EU), Middle East and
Before he was elected, he stressed
We must also not forget that maritime
Africa (MEA) and Latin America (LA). The
Indonesia’s strategic position on the
operations are very often served by air
major forces driving this market are aware-
world’s maritime axis and her potential
operations. The ability to coordinate and
ness of maritime security, maritime threats,
as a regional maritime hub. A statement
link the two, means that vast swathes of
regulations and standards, and internatio-
he made recognised Indonesia as the
ocean and littoral can be more efficiently
nal trade by sea. The significance of the
world’s largest archipelago and linked the
monitored.” Northwood added “The
maritime security has increased, due to
country’s future development and pros-
fact that the Indonesians are taking this
globalization. Also, the increase in mari-
perity with making sure that the surroun-
seriously means that they have reco-
time threat in some regions of the world
ding shipping lanes are secure. He has
gnized the importance of their ‘Maritime
has been noted as one of the major factors
followed this up with the announcement
Flank’ -in their case, it is actually all round
affecting international trade. The compa-
of the new coastguard service. Cable
them-, and the realities of their geogra-
nies in this industry must take advantage
said “Responsible governments, like the
phy, to the future wealth of their nation
of the growing awareness of maritime
Indonesians, are taking their responsibili-
and the well being of their people. To
security in markets such as Middle East and
ties under UNCLOS (The United Nations
secure and exploit this, whether it is
Africa (MEA) as well as Asia-Pacific (APAC).
Convention on the Law of the sea) increa-
port security, port operations, lights and
The surveillance and tracking systems and
singly seriously because they recognise
buoyage, fishery protection, offshore
solutions, smart container systems as well
that national wealth is intrinsically linked
protection, routine policing, it is all about
as scanning and screening systems have a
to good management of their Territorial
sustainable training programmes.”
high growth rate in the market.
“Indonesia
and
its
President
Waters (TTW) and Economic Zones. It is becoming increasingly apparent to all governmental actors that meeting UNCLOS obligations and being able to protect and develop TTW and Economic Zones is a complex and expensive business. It is one thing to declare ownership of TTW and an Economic Zone. It is quite another to be able to exploit and protect the economic resources and
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sécurité & défense magazine
19
th
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Focus TRIBUNE
LES RÉFUGIÉS DE BIRMANIE/MYANMAR EN THAÏLANDE DANS LE JEU DIPLOMATIQUE SOUSRÉGIONAL : FACTEURS DE DÉSTABILISATION, MOYEN
DE PRESSION OU MONNAIE D’ÉCHANGE ?1 Par Eric Frécon, enseignantchercheur à l’Ecole navale et pilote de l’Observatoire Asie du Sud-est (Asia Centre).
L
a question des réfugiés, personnes déplacées et apatrides illustre les dynamiques
des relations internationales post-Guerre froide – ou « post- internationale ». Elle
reflète aussi bien la montée en puissance de l’individu dans l’agenda sécuritaire, au cœur
de la question démographique, que les « turbulences » issues des logiques compétitives entre un monde étatique et un monde multicentrique qui s’influencent sans se réconcilier. Si certains voyaient ainsi se dessiner the Coming anarchy à l’échelle mondiale, qu’en est-il à l’échelle de l’Asie du Sud-est ?2
Les mouvements de populations contraints y sont nombreux, comme dans le cas du trafic humain, notamment dans le cadre des travailleurs clandestins.
Il sera ici essentiellement question des
réfugiés
de
Birmanie/Myanmar
n’entretenant plus aucun lien avec leurs
soucieuse des « individus » et de « sécurité
pays d’origine, ils sont souvent considé-
humaine » – la question pourrait se poser
en Thaïlande. Ils sont principalement
rés comme apatrides en Thaïlande ;
avec d’autant plus d’acuité. Une fois
d’origine ethnique kayin et kayah, voire
• d’autre part, le groupe d’apatrides
soulignés les facteurs pesant sur la des-
bamar/birman, shan et mon. Leur statut
constitué de Rohingyas qui ont fui les
tinée de ces réfugiés, il faudra établir les
est l’un des plus anciens au monde
violences dans l’état de Rakhine et qui
options qui s’offrent à eux avant d’insis-
puisqu’il date de 1984, date des pre-
bénéficient de la protection temporaire
ter sur les incontournables dynamiques
3
miers abris entre Thaïlande et Birmanie/
de la Thaïlande depuis janvier 2013 .
Myanmar. Pour Jacques Ivanoff, ces
Au fil des années, de nouvelles généra-
« camps ne sont que l’aboutissement
tions sont apparues, nées dans les camps
d’une expatriation ratée ». Car il existe
de Thaïlande ; les étudiants birmans
entre deux feux
d’autres immigrés dont nous ne traite-
qui avaient fui les persécutions ont été
En parlant d’« optimisme prudent », le
rons pas de façon détaillée :
employés par les ONG. Les conditions
Haut-commissariat aux réfugiés (HCR)
• d’une part les immigrés et demandeurs
de vie ont souvent été éclipsées par les
des Nations unies osait croire en un
d’asile dans les champs à la frontière,
événements ayant cours sur l’autre rive
possible retour des quelque 120 000
dans les usines ou en milieu urbain, sur-
de la rivière Salween. Mais aujourd’hui,
réfugiés (juillet 2014) vers la Birmanie/
tout à Bangkok et issus de plus de trente
du fait des événements aussi bien en
Myanmar, gageant même que cette
nationalités différentes ; ils sont bien plus
Thaïlande, en Birmanie/Myanmar que
population ne serait que d’une quinzaine
nombreux que les réfugiés des camps et,
sur la scène internationale – toujours plus
de milliers en décembre 2015. Toutefois,
42
sécurité & défense magazine
birmanes et thaïlandaises sous-jacentes. Constat : une population de réfugiés
Focus 1. Parmi les principales sources, citons en premier lieu les recherches de Dr Su-Ann Oh, de l’ISEAS (Institute of Southeast Asian Studies) à Singapour, avec qui il a été possible de correspondre par courriers électroniques en août-septembre 2014 ; son dernier article sur le sujet : Su-Ann Oh, “Burmese Refugees in Thailand – Should They Stay or Should They Go?”, ISEAS Perspective, n°218, 24 March 2014, 9 p. Dr Jacques Ivanoff (CNRSIRASEC) a également – et très aimablement – accepté de répondre à nos questions par courriers électroniques en septembre 20014. Enfin, un dernier entretien a pu être mené ce même mois, toujours par courrier électronique, avec Dr Wilfried A. Herrmann, en charge de l’Human Development Forum Fondation à Bangkok. S’agissant des informations complémentaires, elles proviennent soit de l’ONG Infos-Birmanie, soit du HCR, 2014 UNHCR Country Operations Profile – Thailand: http://www.unhcr.org/pages/49e489646.html (consulté en septembre 2014), soit de Leticia Isasi, “The Tide is turning for Burmese in Thailand, But which way ?”, Refugees International, 29 August 2014: http:// refugeesinternational.org/ blog/tide-turning-burmesethailand-which-way (consulté en septembre 2014). Précisons en dernier lieu que les recherches ont débuté dans le cadre d’un visiting fellowship à la RSIS (Rajaratnam School of International Studies) en juillet-août 2014. 2. James N. Rosenau, Turbulence in World Politics: A Theory of Change and Continuity, Princeton, Princeton University Press, 1990, xviii-480 p.; Robert Kaplan, “The Coming Anarchy”, Atlantic Monthly, February 1994, 273: 2, p. 44-76. 3. Panorama du Clusif, 2014 3. Voir entre autres : Eric Frécon, « Sittwe : point de (dés)équilibre social et diplomatique au cœur d’une Birmanie en mutation ? », étude quadrimestrielle n°3, cycle 2012-2013, Observatoire Asie du Sud-est, Septembre 2013, p. 6-8.
a pourtant visité le pays en personne en
Il en va de même pour le HCR. Le budget
décembre 2012, a décidé en mai 2014
2013 avait augmenté par rapport à celui
de prolonger les sanctions économiques
de 2012 mais en priorité pour soutenir
contre le régime birman .
davantage de réfugiés urbains ainsi que
5
pour financer les préparations provisoires Facteurs externes : un nécessaire
du rapatriement librement consenti en
départ des camps
Birmanie/Myanmar. Pour les mêmes
Si les conditions en Birmanie/Myanmar ne
raisons, le budget a augmenté de 5,3
poussent pas autant que prévu au retour,
millions de dollars en 2014 par rapport
d’autres éléments militent en parallèle
à 2013. Au total : 26,3 millions de dollars
pour un départ des camps. À croire que
sont prévus pour les activités de protec-
les réfugiés se trouvent ainsi pris au piège
tion et les retours volontaires de réfugiés
: non désirés ici et guère accueillis là-bas.
originaires en Birmanie/Myanmar ; 5,8 millions de dollars pour les réfugiés et
Baisse de l’aide humanitaire envers les
les demandeurs d’asile dans les zones urbaines ; 700 000 dollars pour les apa-
La vie dans les camps présente – présen-
trides en Thaïlande. En conséquence,
tait ? – des avantages évidents : 99 % de
dans les camps, The Border Consortium
la population des camps bénéficie de
(TBC) – qui fournit nourriture et autres
l’aide alimentaire. La ration satisfait au
produits de première nécessité – a dû
minimum nécessaire : seuls 2 % ont été
baisser ses rations de 15 kg par adulte
identifiés comme particulièrement mal-
et par mois à 12 en 2012. De plus, une
nourris dans les camps contre 5% dans
nouvelle classification des réfugiés a
les événements ne s’annoncent pas aussi
l’ensemble de la Thaïlande et 11 % en
été opérée ; elle distingue en particulier
simples.
Birmanie/Myanmar6 ;
ceux auto-suffisants, à qui plus de riz
sécurité urité & rité& défense ense
camps
Les réfugiés ont accès à l’eau, à des
n’est donné. De plus, la farine fortifiée
Facteur interne : l’illusion d’un essai
sanitaires, à des services médicaux et
n’est attribuée qu’aux enfants ; l’huile de
scolaires, qui sont souvent absent des vil-
cuisson a été réduite d’un tiers ; le sucre
Myanmar
lages de l’est de la Birmanie/Myanmar ;
et le chilli n’est plus fourni. Enfin, le ZOA
Certes, les signes d’ouverture politique
La vie y est sûre et apaisée, à l’abri des
Refugee Care a dû stopper ses activités
se sont multipliés ces dernières années
zones de combats.
scolaires cette année même si d’autres
en Birmanie/Myanmar (libération de pri-
Mais à cause de cet état des lieux glo-
vont essayer de reprendre le flambeau.
sonniers politiques, d’Aung San Suu Kyi,
balement rassurant pour la communauté
Ces restrictions budgétaires et d’activité
élections législatives, etc.). Néanmoins,
internationale, dans les camps comme a
ne vont pas aider à améliorer la commu-
les concrétisations tardent. Porte-parole
priori en Birmanie/Myanmar, il se dessine
nication entre les réfugiés et les ONG.
d’un sentiment général chez nombre
une possible baisse des financements.
Les travaux de l’ethnologue Victoria
d’ONG, l’activiste Zin Linn explique que
Ceux-ci pourraient être redirigés par
Jack reviennent sur les barrières même
« le régime a simplement changé ses
exemple vers le gouvernement central
informelles qui coupent les occupants
vêtements » mais le fond resterait
birman, qui se dit en transition politique.
des camps de l’accès aux sources d’infor-
identique. Cinq journalistes ont encore
L’Union
s’engage
mation. Or, en ces temps de question-
été emprisonnés en juillet dernier ; les
par exemple de plus en plus avec la
nement essentiels sur le choix de rester,
populations
(politique) transformé en Birmanie/
Rohingyas
sont
européenne
(UE)
encore
Birmanie/Myanmar ; bien qu’il n’ait pas
pourchassées ; l’armée contrôle toujours
été possible de connaître les engage-
le Parlement et les réformes attendues
ments pris en ce qui concerne l’aide
ne devraient pas voir le jour avant les
aux réfugiés7, les efforts sont notables
élections de 2015.
pour le développement du pays et de
Illustration de ces changements qui
ses zones rurales : à hauteur de 688
tardent en Birmanie/Myanmar, le nombre
millions d’euros pour 2014-2020. En
de réfugiés en provenance de ce pays n’a
contrepartie, l’aide apportée aux camps
jamais réellement baissé en Thaïlande
de réfugiés aurait été diminuée de moitié
depuis 20104 Même Barack Obama, qui
entre 2008 et 20127.
4. Gennie Gebhart, “Reacting to reforms in Burma, Donors leave refugees high and dry”, Seattle Globalist, 12 September 2014. 50 “Obama extends some sanctions against Myanmar despite reforms”, Reuters, 15 mai 2014. Voir aussi : Sébastian Strangio, “The end of the Myanmar fairytale?”, Southeast Asia Globe, 1 October 2014. 5. En revanche, le taux de malnutrition chronique est de 41 % dans les camps, comme en Birmanie/Myanmar, d’où la fragilité du dispositif réduit à sa portion congrue. 6. Apropos des discussions avec la Birmanie/Myanmar : « En juillet 2013, l’UE a rétabli l’accès du Myanmar (Birmanie) au système de préférences généralisées (SPG), qui permet aux produits du pays d’accéder au marché unique européen en franchise de droits et sans contingent. Le cadre global, qui définit la politique de l’UE et l’aide apportée aux réformes jusqu’en 2015, a été adopté par le Conseil des Affaires étrangères le 22 juillet 2013. La paix, la démocratie, le développement et le commerce, ainsi que l’engagement du Myanmar (Birmanie) envers la communauté internationale ont été identifiés comme les principaux domaines d’action. La task force commune UE-Myanmar, qui s’est réunie du 13 au 15 novembre 2013 à Yangon et Naypyitaw, est l’expression la plus visible du partenariat durable que l’UE et le Myanmar sont en train de construire » ; voire : http://eeas.europa.eu/ delegations/ myanmar/eu_myanmar/political_relations/index_en.htm (consulté en septembre 2014). Les questions adressées en septembre 2014 aux délégations de l’Union européenne à Rangoon et Bangkok sont restées sans réponses.
sécurité & défense magazine
43
Focus de rentrer ou de s’expatrier (cf. infra), ces
HCR a commencé à mener des enquêtes
migration. Déjà environ plus d’un million
données s’avèrent tout aussi vitales .
à propos des projets des réfugiés tandis
de Birmans travaillent dans l’industrie
que TBC ouvrait une antenne à Rangoon.
thaïlandaise ou comme pêcheur, agri-
Ces
8
« Pressions » progressives de la
annonciateurs
culteur et ouvrier du bâtiment ; au total,
Thaïlande ?
conduisent à s’interroger sur les acteurs
trois millions de travailleurs seraient
En parallèle à la réduction des aides
qui pourraient être impliqués dans cette
en situation irrégulière en Thaïlande et
accordées, la Thaïlande a décidé d’igno-
hypothétique opération de fermeture de
s’ajouteraient aux 2,2 millions de travail-
rer les problèmes en cours en Birmanie/
camps.
leurs étrangers.
premiers
signes
Thaïlande pour, semble-t-il (cf. infra), subtilement pousser et préparer les réfu-
Ce choix s’avère risqué : les conditions Mécanisme et acteurs potentiellement
demeurent difficiles11, en particulier sur
giés au retour. Parmi les mesures à noter,
impliqués
le plan administratif. Les harcèlements,
relevons les restrictions de mouvements,
D’après le HCR : L’opération pour les
détentions et déportations pour manque
qu’ils soient sans permission ou pour
réfugiés du Myanmar à la frontière est
de documents en règle sont en effet
s’approvisionner à l’extérieur en carbu-
coordonnée avec le ministère de l’Inté-
monnaie courante.
rant ou nourriture. Depuis juin 2014, les
rieur, les autorités aux niveaux provincial
habitants du camp seraient confinés chez
et des districts, et avec les ONG locales
Partir dans un pays tiers
eux de 18 heures à 6 heures sous peine
et internationales opérant sous l’égide du
Déjà entre 2005 et 2012, des réfugiés
de déportation.
Comité de coordination des services aux
ont fait le choix de l’émigration : 64 000,
Sur le terrain administratif et diploma-
personnes déplacées en Thaïlande. Les
soit 70 % d’entre eux, partirent pour
tique, le gouvernement s’organise : un
représentants des réfugiés, les donateurs
les états-Unis ; d’autres pour l’Australie
large recensement de la population refu-
et les ONG prendront part au groupe
et le Canada ; et seulement deux cen-
giée a été conduit cet été, en demandant
nouvellement créé de coordination du
taines vers la Finlande et la Norvège.
instamment à chacun de ne pas se dépla-
rapatriement librement consenti. Le HCR
Aujourd’hui, la Malaisie semble être la
cer durant cette période. De même, des
fera la liaison avec les Gouvernements de
nouvelle cible des réfugiés, surtout après
réunions ont réuni le commandement
la Thaïlande et du Myanmar, organisera
la fermeture du programme d’installation
opérationnel de la sécurité intérieure
la coordination transfrontalière et assu-
américain.
de l’armée thaïlandaise ainsi que des
rera des services communs de gestion
Peu d’arguments militent en faveur de
ONG pour envisager le rapatriement
des informations pour faciliter la prépa-
cette option : difficulté de la langue
des Birmans, sans qu’aucune décision
ration des réfugiés concernant le rapa-
étrangère à apprendre, manque d’infor-
officielle n’en ressorte. Toujours dans la
triement librement consenti et d’autres
mation et de préparation du fait de
même optique, une réunion a rassemblé
solutions durables. La coordination avec
l’interdiction d’Internet dans les camps,
er
les militaires birmans et thaïlandais du 1
le ministère des Affaires étrangères et le
inhabitude des grandes villes, abandon
au 3 août 2014. En juillet dernier, le plan
Bureau de l’immigration, ainsi que l’appui
des proches, impossibilité de choisir
prévu concernait 100 000 réfugiés sur
des institutions des Nations Unies et des
son pays de destination, obligation faite
des bases volontaires, dans des condi-
associations locales sont essentiels pour
d’être enregistré par le HCR jusqu’en
tions sûres et avec, en point de mire, la
satisfaire les besoins de protection dans
2005 – ensuite, la Thaïlande stoppa cette
fermeture des neuf camps frontaliers –
les zones urbaines et pour répondre à la
formule, de peur de voir toujours plus
rien n’était indiqué pour ceux incapables
situation spécifique des Rohingyas.
de Birmans traverser la frontière pour
de rentrer ou de migrer ailleurs9. Notons
espérer une réinstallation hors d’Asie.
qu’en dehors des camps, des mesures
Options diverses pour les réfugiés
D’un point de vue pratique, ces départs
avaient déjà été prises pour refouler les
En réponse à ces mouvements associa-
nuisent aussi à la vie des camps puisque
travailleurs birmans aux frontières en juin
tifs, gouvernementaux et diplomatiques,
ce sont souvent les plus éduqués qui s’en
dernier10.
poussé à rentrer du fait des soi-disant
vont, laissant les réfugiés sans ressources
Dès lors, les autres partenaires prennent
ouvertures politiques et aides au retour,
humaines pour les écoles ou autres ser-
le pas : la Birmanie/Myanmar a bâti trois
comment réagit le réfugié ? Quelles
vices. Quant aux moins favorisés, ils se
camps d’accueil à la frontière, dans le dis-
options s’offrent à lui ?
retrouvent la plupart du temps employés
trict de Myawaddy, au sud de l’état kayin, sans que davantage de détails ne soient
Rester comme migrants
donnés sur les personnes qui seront
Pour couper court aux tergiver-
accueillies, leur mode de rémunération
sations et parer au plus pressé, le
ou d’approvisionnement, etc. Même le
premier choix demeure celui de la
44
sécurité & défense magazine
7. Gennie Gebhart, Op. Cit. 8. Voir les travaux de Victoria Jack : “Communication as Aid: Giving a Voice to Refugees on the Thai-Burma Border”: https:// soundcloud.com/ refugeestudiescentre/refugees-from-burma (consulté en septembre 2014). 9. E “Thai junta’s pledge to send back Myanmar refugees sparks concern”, Reuters, 14 July 2014; Saw Yan Naing, “Thai and Burmese Officials to Begin Talks on Repatriation”, The Irrawaddy, 24July 2014; Naw Noreen, Dene-Hern Chen, “Thai Army spokesman says refugee return will be a ‘long process’”, DVB, 14 July 2014. 10. Dene-Hern Chen, “The Thai Junta Is Targeting Myanmar Migrants”, Mint Press News, 2 July 2014. 11. Kate Hodal, Chris Kelly, “Trafficked into slavery on Thai trawlers to catch food for prawns”, The Guardian, 10 June 2014.
Focus à l’étranger dans des tâches de seconde
Des craintes sérieuses pour un retour
zone. Néanmoins, les aides sociales
improbable...
peuvent assurer le minimum, selon les
Le HCR ne cachait pas ses inquiétudes
pays d’accueil, et suffire à ne pas faire
dans son dernier compte rendu : il crai-
regretter les camps.
gnait que le niveau d’aide ne puisse pas être maintenu dans les camps, dans le
12. « En juillet 2014, les Nations Unies recensaient 642 600 personnes déplacées dans le pays à cause des conflits armés et des violences interreligieuses. (...) 498 000 personnes ont été déplacées par les conflits qui opposent le gouvernement central aux groupes armés ethniques. Ces populations fuient les exactions commises par l’armée birmane qui n’hésite pas à se servir des civils comme de boucliers humains. (...) Et 145 000 Rohingyas vivent dans des conditions qui s’apparentent à celles de camps de concentration ». Voir le site d’Info-Birmanie : http://www.info- birmanie.org/campagne-quel-avenirpour-les-deplaces-et-refugies- birman/ (consulté en septembre 2014).
moyen terme, du fait des priorités accor-
Reste une troisième option : celle du
dées au sud-est de la Birmanie/Myanmar.
personnes à fuir. Depuis, dans le nord du
retour au pays natal, qui semble être
Il est vrai que les abris temporaires n’y
pays, un village y serait détruit tous les six
celle annoncée et préparée par la plupart
ont par exemple pas été changés depuis
jours, selon Info-Birmanie.
des acteurs officiels (cf. supra). Ce retour
plusieurs années. De plus, l’afflux des
peut se faire directement ou en plu-
demandeurs d’asile vers les villes nuit
De nombreux germes de combats
sieurs étapes, avec l’envoi d’un adulte en
maintenant au contrôle, à la supervision
De façon générale, la Birmanie/Myanmar
éclaireur pour préparer le terrain, quitte
et à l’aide du HCR. Surtout, ce dernier
porte encore en elle les germes de
à multiplier les allers-retours de part et
n’a que peu d’emprises sur deux phéno-
nombreux conflits : 135 groupes eth-
d’autres de la frontière. Certes, « les réfu-
mènes cruciaux.
niques sont officiellement recensés par
sécurité & défense urité & défense rité
Choisir la Birmanie/Myanmar
giés du Myanmar en Thaïlande craignent
le gouvernement, soit une centaine de
que les niveaux d’assistance dans les
Méfiance autour des cessez-le-feu
langues et de dialectes différents. Ces
camps frontaliers ne puissent pas être
La fermeture des neuf camps frontaliers
minorités représentent environ 40 %
maintenus à moyen terme et que le sou-
et le retour en Birmanie/Myanmar – bud-
des 60 millions d’habitants que compte
tien des donateurs et des institutions se
gétés par les ONG et en apparence pré-
le pays ; elles vivent en bordure de la
concentre de plus en plus sur le sud-est
parés par la Thaïlande – est conditionné
plaine centrale du pays, dans des zones
du Myanmar », selon le HCR.
en premier lieu par le respect des ces-
souvent riches en ressources naturelles,
Cependant, les réfugiés n’ont encore
sez-le-feu négociés. Ils comptent parmi
donc convoitées.
aucune certitude sur les droits dont ils
les principaux arguments d’ouverture
Selon Info Birmanie « Depuis la fin de la
disposeront à leur retour, sur les terres
du nouveau régime birman (cf. supra).
dictature et l’arrivée du président Thein
à cultiver, sur le statut qui sera le leur,
Or, ONG et chercheurs s’associent pour
Sein au pouvoir, au moins 250 000 per-
sur le système de soin dont ils pourront
alimenter le point de vue des sceptiques.
sonnes ont été déplacées par les conflits,
profiter et sur les infrastructures en place.
L’armée birmane a en effet augmenté
les violations des droits de l’homme et
L’augmentation des prix de l’immobilier,
ses effectifs dans les régions où vivent
les violences, portant le nombre total de
l’attitude de l’armée à leur égard, la
les minorités ethniques et les violations
personnes déplacées à 650 000 malgré
malaria et l’absence de signalisation en
des droits de l’homme perdurent ; les
des cessez-le-feu12. Avec 415 000 réfu-
ce qui concerne les champs de mines
discussions semblent s’éterniser ; elles
giés birmans dans le monde, la Birmanie
deviennent également des préoccupa-
achoppent sur des points de détails
figure à la 7e position du classement des
tions de taille. Au regard de ces diffé-
auprès des différentes parties ; aucun
pays d’origine des réfugiés. Malgré [la]
rentes interrogations, le HCR admettait
code de conduite n’est adopté ; les
situation humanitaire catastrophique, le
cet été que la Birmanie/Myanmar n’était
groupes armés attendent de voir si les
gouvernement impose des restrictions
pas prête pour un retour sûr, durable et
changements
vont
sur l’accès de l’aide humanitaire dans
organisé des réfugiés au pays natal.
pouvoir peser à leur avantage ou non ;
la plupart des régions. (...) Le pays est
Des études chiffrées confirment cette
ils guettent aussi la situation post-électo-
notamment
tendance. Un sondage réalisé auprès
rale en 2015.
avoir bloqué l’accès de l’aide humanitaire
de réfugiés au nord de la Thaïlande
Déjà en 2012, à l’heure de l’enthousiasme
après le passage du cyclone Nargis en
indiquait que les trois-quarts d’entre
général, des chercheurs comme Carine
2008 qui a fait plus de 100 000 morts
eux ne voyaient aucune amélioration en
Jacquet rappelaient la situation difficile
(Thein Sein était alors en charge de la
Birmanie/Myanmar depuis les élections
subie par la minorité kachin. En 2011,
situation pour le gouvernement). »
de 2010. Seuls 3 % jugeaient que la situa-
l’armée birmane a rompu un accord de
Sans
tion s’était considérablement améliorée.
cessez-le-feu conclu 17 ans plus tôt avec
Rohingyas, il existe en sus un volet mari-
Même si 83 % mentionnent le désir de
l’Armée pour l’indépendance kachin
time qui renvoie aux boat-people des
retourner dans leur pays, très peu jugent
(AIK). Des offensives violentes ont été
années 1970-1980. 86 000 ont fui par la
une telle décision sûre dans le court
lancées dans l’état Kachin et dans le nord
mer depuis 2012 ; 1 345 y sont morts et
terme.
de l’état Shan, forçant plus de 100 000
beaucoup d’autres ont été interpelés par
constitutionnels
tristement
revenir
sécurité & défense magazine
sur
45
la
célèbre
situation
pour
des
Focus des forces de l’ordre véreuses et corrom-
milieux urbains16.
pour nombre de minorités ethniques.
pues pour être revendues à des bateaux
Cependant, comme le souligne Jacques
Néanmoins, il pourrait ne s’agir que d’un
de pêche en tant que travailleur soumis13.
Ivanoff en ce qui concerne la Thaïlande,
objet de négociation entre Birmanie/
De ce portrait (d’ONG et médias), il en
ces camps demeurent un moyen de
Myanmar et Thaïlande. Dans ce contexte,
découle une vision plus sombre et moins
pression très utile pour Bangkok vis-à-
les réfugiés apparaissent tel un levier
attrayante de la Birmanie/Myanmar post-
vis d’une part de la Birmanie/Myanmar,
supplémentaire pour les gouvernements
junte. Le sort de ces réfugiés ou dépla-
via la menace de renvoyer tous les
dans
cés (1,2 % de la population birmane)
réfugiés simultanément en cas de blo-
sous-régional en cours.
pourrait être source de déstabilisation
cage dans des négociations, d’autre
Comme dans le cas de la piraterie, les
s’il continue à augmenter, de même que
part des arrivants, en délivrant le statut
états qui semblaient a priori contournés
la réaction des populations ethniques
de réfugié uniquement pour certains.
et défiés par ces acteurs transnationaux
minoritaires, d’autant plus excédées par
La Birmanie/Myanmar peut également
semblent au contraire maîtriser les évé-
le décalage entre les annonces et les
s’appuyer sur cette question pour peser
nements et agir à leur guise, animés par
faits. Toutefois, d’autres dynamiques
sur la Thaïlande : en accordant le droit au
leurs seuls intérêts. Loin d’être mena-
interfèrent
encore
retour à quelques Rohingyas, elle attend
cés, ils pourraient en ressortir presque
davantage cette question des réfugiés,
en contrepartie des concessions de
renforcés, notamment côté thaïlandais17.
notamment du côté thaïlandais.
Bangkok. Enfin, note le chercheur : « les
En revanche, à quelques mois de la mise
camps permettent de « peupler » donc
en place des ASEAN Communities, la
de protéger la frontière dans un terri-
silencieuse Association parait bien inca-
sort des réfugiés
toire qui est autant karen, thaï et birman.
pable de reprendre la main pour dépas-
L’attitude de la Thaïlande vis-à-vis des
Les camps sont incontournables dans les
ser ces enjeux inter-étatiques et recen-
réfugiés hébergés ou des travailleurs tolé-
négociations entre voisins. »
trer le débat sur le sort des populations
rés – entre deux et quatre millions – doit
Dès lors, le retour des Birmans en géné-
déplacées et des réfugiées.
être suivie de près. A l’échelle interne, il
ral n’est sans doute pas prévu dans
en va de son image, déjà dégradée par
l’immédiat. Jacques Ivanoff argumente :
des affaires d’esclavage moderne auprès
« les Thaïlandais ont absolument besoin
de travailleurs étrangers. La Thaïlande a
de la main-d’œuvre birmane, légale
d’ailleurs été déclassée au niveau trois
et illégale, pour être compétitive. La
du classement américain sur l’esclavage,
menace de rapatriement des Birmans est
aux côtés de l’Iran, de la Corée du Nord
une idée de communication du nouveau
et de l’Arabie Saoudite – soit le plus bas
gouvernement pour apparaître comme
niveau14.
légale, transparent et respectueux ; en
À l’échelle sous-régionale, l’expulsion
fait, il s’agit simplement de poudre aux
de sans-papiers cambodgiens en juin
yeux pour les agences internationales
dernier, avant de se raviser, a agité le lan-
et les Birmans. » Ceux-ci font partis des
derneau politique ; de même, l’expulsion
rares à soutenir le gouvernement issu du
des Hmongs vers le Laos en décembre
coup d’état à Bangkok ; ils doivent donc
2009 avait inquiété les observateurs
être ménagés car des projets de déve-
et « consterné » le HCR du fait du pro-
loppement économique conjoints sont
fond ressentiment du pouvoir central à
en jeu, laisse sous-entendre, pour sa
Vientiane vis-à-vis de cette minorité15.
part, Wilfried A. Herrmann de l’Human
Des équilibres régionaux pourraient ainsi
Development Forum Fondation.
et
complexifient
Le double-jeu thaïlandais, au-delà du
être fragilisés du fait de ces manœuvres. À suivre, d’ailleurs, en plus des réfu-
Le silence de l’ASEAN
giés en Thaïlande et des Rohingyas,
Il existe en résumé une inquiétude
le sort des quelque 100 000 Chins qui
fondée à propos des réfugiés birmans
cherchent refuge dans l’état du Mizoram
dans les camps thaïlandais. Un retour
en Inde. Ils sont souvent sans statut, sans
était anticipé et des baisses de l’aide
ressources, sans protection du HCR et
internationale étaient annoncées. Un tel
désœuvrés, voire marginalisés dans des
retour serait difficile, voire dramatique,
46
sécurité & défense magazine
le
Etude
jeu
diplomatico-stratégique
quadrimestrielle
n°3,
cycle
2013/2014, Observatoire Asie du Sud-est
Septembre 2014 - « Turbulences » sud-est asiatiques
-
http://www.centreasia.eu/
sites/default/files/publications_pdf/etude_ etude_quadrimestrielle_n_3_sept2014.pdf
13.U.S. Department of State, Trafficking in Persons Report 2014, Washington, Public Communication Division, 2014, p. 372-375; HCR, « Myanmar : Ils fuient par milliers et subissent les abus de passeurs sans scrupule », 10 juin 2014 : http://www.unhcr. fr/53971429c. html (consulté en septembre 2014) ; HCR, « Le HCR est inquiet de la hausse des abus contre les personnes fuyant le Myanmar via le golfe de Bengale », 10 juin 2014 : http://www. unhcr.fr/539715d1c.html (consulté en septembre 2014) ; HCR, « Plus de 20 000 personnes ont risqué leur vie dans l’océan Indien pendant la première moitié de 2014 », 22 août 2014 : http://www. unhcr. fr/53fc3d34c.html (consulté en septembre 2014). 14.Kate Hodal, Annie Kelly, Dan Roberts, “US demotes Thailand and Qatar for abysmal human trafficking records”, The Guardian, 20 June 2014; U.S. Department of State, Op. Cit.; d’après ce même rapport et du fait du travail contraint autant que du trafic d’êtres humains, on compte un demi-million d’esclaves en Asie du Sud-est. 15. HCR, « Le HCR consterné après l’expulsion de Lao Hmong par la Thaïlande », Centre d’actualités de l’ONU, 28 décembre 2009. 16. Sur les réfugiés Chin, voir ce site : http://chinseekingrefuge. com/report (consulté en septembre 2014). 17. Sur ce thème très général, lire : Samy Cohen, La résistance des États : les démocraties face aux défis de la mondialisation, Paris, Seuil, 2003, p. 236. 64 The Border Consortium, July 2014 : http://www. theborderconsortium.org/camps/ populations.htm (consulté en septembre 2014).
Reportages
CENTRE DE FORMATION D'EXCELLENCE À LA PLONGÉE MILITAIRE Par Franck CHEVALLIER
D
ans son Centre international de formation à la plongée militaire, DCI
forme des plongeurs-démineurs des marines amies. Des stages intensifs
pour préparer les sous-officiers à intervenir partout dans le monde.
preuves et acquérir leurs premières années d’expérience avant de revenir à l’école, deux à trois ans plus tard, pour
L’école de plongée militaire de DCI vient
place une école de plongée et un centre
préparer le Brevet supérieur (BS) d’une
de prendre possession d’une nouvelle
de formation de démineur.
durée d’un an.
infrastructure en ouvrant son Centre
L’idée va germer et, une dizaine d’années
Pour Gilles Quesney, chef de service et
international de formation à la plongée
ans plus tard, en 2003, une équipe est
chef d’établissement opérationnel de
militaire (CIFPM) à Saint-Mandrier (83),
mise en place et travaille pour mettre au
DCI, « il n’est pas possible de calquer ce
sur le site de l’école de plongée de la
point les cours des futurs stagiaires, en
mode de fonctionnement pour nos sta-
Marine nationale.
se basant sur les dossiers pédagogiques
giaires qui viennent de l’étranger. Nous
L’amiral Bruno Nielly, directeur de DCI-
de la renommée école de plongée de
avons alors découpé le BAT et une partie
NAVFCO, se dit «... heureux de la créa-
la Marine ; la mise en place de l’école
du BS pour en faire des modules plus
tion de ce nouveau centre qui confirme la
de DCI se faisant dès le départ sous la
adaptés à leur disponibilité. Nous avons
proximité de DCI avec l’école de plongée
tutelle de la Marine nationale.
ainsi des marins koweïtiens qui sont déjà
de la Marine nationale. Cela renforce 11
Plongée, travaux sous-marins, démi-
venus 6 fois ici pour suivre l’intégralité du
années de fructueuse coopération et
nage... les premiers stagiaires de jan-
cursus. »
laisse présager une mutualisation des
vier 2004, des Koweïtiens, vont tout
moyens et des hommes au service des
apprendre.
marines amies. »
Dans la Marine nationale, pour devenir
UNE ÉCOLE RECONNUE
plongeur de bord – présents sur tous les navires – la formation dure 5 semaines. À l’issue, les meilleurs candidats peuvent
C’est dans les années 90, pendant la
prétendre à la formation de démineur.
première guerre du Golfe, que des
Le Brevet d’aptitude technique (BAT)
anciens plongeurs-démineurs, qui sont
dure alors 9 mois, les plongeurs opèrent
en mission de dépollution pour NAVCO,
de 0 à 80 m de profondeur. De retour
lancent, à leur retour, l’idée de mettre en
dans leurs unités, ils devront faire leurs
sécurité sécurité & défense & défense magazine magazine 47
►
Reportages Enfin, pour acquérir la certi-
à l’eau et au travail plus vite. À la diffé-
fication de plongeur-démi-
rence des Allemands et des Anglais, qui
neur, les stagiaires passent
sont, eux, toujours reliés à la surface,
13 semaines à étudier le
chez nous, les plongeurs sont auto-
démantèlement et la neutra-
nomes, mais ils plongent toujours par
lisation des engins explosifs
deux. » Ces appareils présentent aussi
conventionnels. Sachant que
l’avantage indispensable d’être discret,
si les munitions sont inertes,
amagnétique et non acoustique face aux
les explosifs sont, eux, bien
mines.
réels. 10 plongées seront
L’école peut recevoir 30 plongeurs par
effectuées
an sur 4 stages. Elle dispose de 3 embar-
pendant
cette
cations semi-rigides de 7,40 m avec des
formation. plongeur-
moteurs de 250 Ch et une capacité de
démineur, c’est « chercher,
18 plongeurs équipés. À la fin de l’année,
identifier,
détruire,
des
elle sera dotée d’un nouveau bateau en
munitions
Le
métier
de
conventionnelles
aluminium de 10 m pour augmenter sa
que l’on trouve sous l’eau »,
capacité lors des travaux sous-marins. À
précise Gilles Quesney, et
son bord, sont prévus compresseur, sur-
de poursuivre : « En cours,
presseur et narguilé pour le travail avec
pour les interventions sur
le casque.
les munitions explosives, on ne peut pas les démonter sous l’eau, les
Le Qatar, la Slovénie, le Koweït et la
contraintes sont trop nombreuses. En
Malaisie ont déjà envoyé au total près
général, une mine sous l’eau peut être
de 350 sous-officiers de marine suivre
acoustique, dépressionnaire ou magné-
cette formation d’excellence qui permet
Concrètement, pour passer l’équiva-
tique. On va alors mettre une petite
aux armées amies de disposer de chefs
lent du BAT, qui s’appelle ici le OED
charge explosive à une certaine distance
d’équipe capables de diriger et réaliser
Level One, les stagiaires sont formés de
et lui donner une impulsion pour noyer sa
des travaux sous-marins et reconnaître,
manière intensive pendant 21 semaines
partie électronique. On la laisse ensuite
identifier, neutraliser et détruire des
avec 80 plongées au programme. « Ils
reposer et 4 à 5 jours, après, on va la
munitions explosives.
doivent se familiariser avec le matériel et
sortir de l’eau. Passé ce délai, on peut
être totalement à l’aise lors des manipu-
alors intervenir et la démonter », précise
lations dans l’eau. » Ensuite, ils peuvent
Gilles Quesney.
CHERCHER, IDENTIFIER, DÉTRUIRE
réaliser une formation de manager pour diriger une équipe de plongée en tant
La force reconnue de la doctrine des
que directeur de plongée et chef de
plongeurs français est leur
mission. Ils sont alors prêts à partir n’im-
autonomie et faculté d’adap-
porte où dans le monde avec une équipe
tation.
constituée.
comparativement à d’autres
La formation en génie de travaux sous-
unités, opérationnels plus
marins, elle, s’étale sur 10 semaines.
rapidement. Nos matériels,
Au programme, travaux de soudure,
des DC 55 et des CRABE
découpage, meulage... « Tout ce que
d’Aqua Lung, sont très per-
l’on peut faire sur terre, nos stagiaires
formants. Les plongeurs de
apprennent à le faire dans l’eau... jusqu’à
la Marine les connaissent
50 m de profondeur. » Une progression
parfaitement bien. Ils sont
est nécessaire, validée par trois niveaux
sans électronique, ce qui
de compétences.
nous permet de nous mettre
48
« Nous
sécurité & défense magazine
sommes,
Reportages
sécurité & défense urité & défense rité
DES HOMMES ET DE LA TECHNOLOGIE POUR LES GRANDS ÉVÉNEMENTS Par Franck CHEVALLIER
F
ace aux nouvelles menaces, la sécurité sur les sites, les infrastructures sensibles et les grands événements, se doit, plus qu’auparavant,
de concilier les moyens humains tout en faisant appel à de nouvelles technologies.
Dans le monde de la sécurité, les Jeux
janvier avec toutes les contraintes que
olympiques de Londres de 2012 font
nous connaissons1.
figure d’exemple à ne pas suivre. Le prin-
Lors de grands événements, sportifs
cipal prestataire, G4S, devait fournir pour
ou autres, c’est en effet un nombre
les JO quelque 10 400 personnes, pour
vertigineux de visiteurs attendus qui
un contrat de 360 millions d’euros. Le
s’ajoutent à la multiplicité des lieux à
nombre total d’agents nécessaire étant de
surveiller. La surveillance doit en effet
23 500. À trois semaines de la cérémonie
porter sur le trafic aérien, portuaire,
d’ouverture, dans l’urgence, le ministère de
ferroviaire, mais aussi sur toutes les infras-
le hooliganisme que certaines des équipes
l’Intérieur a déployé 3 500 soldats supplé-
tructures liées directement ou indirecte-
vont drainer. On a également la menace
mentaires en plus des 13 500 déjà prévus...
ment aux événements : les stades, mais
terroriste, qui s’impose à nous dans ce
aussi les fans zones, où des matches seront
contexte. » Pour lui, c’est certain, le monde
diffusés en plein air, les camps de base des
de la sécurité privée a un rôle à jouer dans
DES ÉCHÉANCES IMPORTANTES
équipes, leurs hôtels... et la liste est encore
l’événement sportif attendu pour l’an
En décembre, Paris accueillera la confé-
longue. Autant de sites répartis sur 10 villes
prochain : « Nous avons des besoins très
rence sur le climat (COP21) avec la par-
partout en France. Afin de faire face aux
importants. Il faut de manière concomi-
ticipation de 40 000 personnes et 196
besoins de sécurité attendus, des agents
tante gérer la sécurité de nombreux sites
délégations.
privés devront être recrutés en grand
annexes, dispersés, en plus de la sécurité
L’an prochain, l’Euro 2016 va se tenir du
nombre. Les mouvements de foule et les
du quotidien. Avec les aéroports, les fans
10 juin au 10 juillet avec 24 équipes jouant
intrusions doivent être surveillés, mais aussi
zones dans des villes... il faudra des moyens
dans 10 stades sur le tout le territoire. En
les menaces plus sophistiquées et organi-
imposants en sécurité privée. Pour ce qui
2017, le CIO élira la ville devant organiser
sées, comme les attaques terroristes.
concerne les nouvelles technologies, notre
les Jeux olympiques d’été de 2024 pour lesquels Paris est candidate, tout comme pour l’organisation de l’Exposition univer-
LE CHALLENGE DE L’EURO 2016
préoccupation porte sur les drones malveillants contre lesquels des technologies de défense vont apparaître rapidement. Le
selle de 2025.
Antoine Mordacq, le responsable sûreté
gouvernement travaille également sur ce
Tous ces événements, et bien d’autres à
et sécurité de l’Euro 2016, connaît bien
sujet. »
venir, vont mettre à rude épreuve les orga-
le dossier. « Nous attendons 24 équipes
nisateurs en charge de la sécurité. D’autant
nationales, sur 10 stades, 51 matches,
plus qu’après les attentats en janvier der-
2,5 millions de spectateurs, plus le public
LES TECHNOLOGIES AU CŒUR DE L’ÉVÈNEMENT
nier et la cyberattaque de TV5 Monde en
autour de l’événement. C’est énorme.
Pour Christian Sommade, délégué général
avril, le plan Vigipirate alerte attentat – son
Nous devons trouver l’équilibre entre les
du Haut comité français pour la défense
niveau le plus élevé pour l’Île-de-France –
mesures de contrôle, particulièrement
civile (HCFDC), l’enjeu est important. «
est activé sur l’ensemble du territoire. Une
celles d’accès dans les sites sensibles que
Il faut créer des bulles de sécurité autour
vigilance accrue qui occasionne la mobili-
sont les stades, et la dimension festive et
des grands sites, tout en prenant compte
sation massive des policiers, gendarmes
sportive de l’événement. On doit donc
des menaces exotiques de type NRBC,
et forces armées... sachant que, d’ores et
anticiper les risques et menaces propres à
drone... La participation est collégiale. Il
déjà, 10 500 soldats ont été déployés en
un événement de cette ampleur, comme
est indispensable de bien coordonner
sécurité & défense magazine
49
Reportages et identifier le rôle de chacun. La techno-
où des mesures particulières doivent être
par exemple. Pour autant, cela reste des pas-
logie peut être un vrai apport avec une
prises, avec des contrôles à l’entrée pour pro-
sagers aériens à contrôler. Il nous faut donc
vidéoprotection intelligente, la détection
téger le navire. La préfecture, par un arrêté
trouver le bon équilibre pour adapter nos
de personnes dans la foule, d’explosifs, de
préfectoral, fixe aussi un taux minimum de
circuits à l’événement. » Le site d’ITER, dans
détection d’incident NRBC... Il faudra savoir
contrôle, que ce soit pour les piétons, les
les Bouches-du-Rhône, est en construction,
l’inclure et l’utiliser à bon escient. » Propos
voitures ou les camions. On utilise alors des
mais entre la centaine d’ouvriers qui y tra-
partagés par Dominique Legrand, président
détecteurs de particules pour les explosifs
vaillent chaque jour et les 15 à 20 000 visiteurs
de l’Association nationale de vidéoprotec-
et des fouilles classiques. Les agents privés
annuels, la sécurité est d’ores et déjà un sujet
tion (AN2V), pour qui la technologie jouera
réalisent les opérations et dans les zones
du quotidien. Christophe Ramu, le chef de la
un rôle important : « Les technologies
internationales, ce sont les douaniers et
division santé et sécurité, explique : « Le site
explosent complètement, les caméras sont
les agents de la PAF. Actuellement, le taux
regroupe sept pays partenaires. Nous n’avons
bien plus performantes, les logiciels d’ana-
minimum de contrôle est de 5 %, mais dans
pas toujours les mêmes références en matière
lyse d’anormalité également, la mobilité
les faits, nous effectuons de 30 à 50 % de
de sécurité. Les procédures peuvent être
est aussi un enjeu important, les caméras
contrôle. »
différentes... Ce n’est pas simple mais nous
sont embarquées à l’épaule, en voiture et
Les aéroports sont bien entendu eux
travaillons tous de concert pour élaborer un
sur des drones, bien sûr. Il faut être là où
aussi dans les starting-blocks. Pour Patrick
référentiel commun qui doit être compris et
sont les publics. Dans moins d’un an, les
Thouverez, président du SESA (Syndicat
validé par tous. » Le marché de la protection
constructeurs vont apporter des solutions
des entreprises de sûreté aéroportuaire), le
des infrastructures sensibles est en pleine
très novatrices. Mais il faut aussi que la légis-
travail des agents de sécurité est primordial,
croissance. On sait que le risque d’une cybe-
lation ne soit pas un frein à cette évolution et
« aujourd’hui, 100 % des passagers passent
rattaque pouvant occasionner d’énormes
l’accompagne. »
dans un portique et 100 % des bagages
dégâts est très présent. Il est certainement
passent sous les rayons. De plus, on réalise des
plus diffus que les risques classiques d’agres-
palpations légères sur 10 à 30 % des passagers
sions et de terrorisme, mais l’ampleur des
LES MOYENS DE TRANSPORTS EN LIGNE DE MIRE
selon les périodes. Depuis quelques mois,
attaques contre les administrations et les
Jacques Colliard de l’Union internationale
nous avons aussi renforcé les équipes de détec-
industries stratégiques montre leur com-
des chemins de fer est formel : « Nous tra-
tion des explosifs. » L’efficacité en matière
plexité. Les enjeux sont importants, les
vaillons avec la SNCF et beaucoup d’autres
de sécurité passe par le travail des agents.
attaques peuvent entamer la confiance des
compagnies pour partager des retours d’ex-
L’homme est indispensable dans le proces-
citoyens, mais aussi affaiblir l’économie. Les
périence, étudier ce qui fonctionne, com-
sus : « Il y a sept ans, un agent était formé
cibles sont par ailleurs extrêmement variées.
prendre ce qui ne fonctionne pas. Pour les
en une semaine seulement, aujourd’hui, sa
Cela concerne des PME qui travaillent dans
grands événements, on identifie les groupes
formation dure un mois. Nous voulons valo-
des domaines de pointe, des médias, des
et les trains à risques. De cette façon, nous
riser leur travail, leur donner de la respecta-
réseaux informatiques, les installations de traite-
pouvons mettre en place un accompagne-
bilité. Ils sont formés sur des simulateurs, ils
ment des eaux...
ment à bord en appui des forces de police. »
repassent leur certification tous les trois ans.
La stratégie doit donc être rigoureuse et adap-
Les ports sont à la fois des points de transit
Le métier est très contrôlé. »
tée à chaque problématique. D’où un travail
lors de grands événements, mais aussi des
Pour l’Euro 2016, Stéphane Garguilo, chef du
nécessaire de préparation et d’anticipation
sites sensibles, la gestion de leur sécu-
service sûreté Aéroport Marseille Provence,
orchestré par des spécialistes et coordonné
rité est capitale. « Un port, c’est toujours
travaille avec les équipes de l’Euro 2016
d’une main de maître pour que la sécurité de
un immense espace avec des nombreux
ainsi qu’avec les services de l’État. « Pour
l’événement devienne un ensemble cohérent
prestataires, des entreprises, et souvent
des raisons de sécurité publique, nous ne
et donc efficace. Quelques mois restent
des passagers, des voitures, des camions,
pouvons pas faire stationner les équipes
encore aux équipes mobilisées pour parfaire
mais aussi du fluvial, des trains... », explique
de joueurs trop longtemps dans l’aérogare,
leurs scenarii. En attendant de connaître les
Amaury de Maupeou, commandant du Port
résultats de l’Euro 2016, ils
Euroméditerranéen de Marseille Fos, et de
auront joué un rôle central
poursuivre : « Chaque exploitant doit mettre
dont peu de personnes auront
en place un plan de sûreté. Ce plan va être
connaissance. Mais rester dans
préparé en amont avec une évaluation de
l’ombre est un gage d’effica-
sûreté mise en place par la préfecture. Pour
cité, et c’est aussi cela l’univers
cela, la gendarmerie maritime, la PAF, la
de la sécurité.
douane, le port et d’autres administrations vont définir la menace précise pour le lieu. Pour les passagers, la préfecture met en place des ZAR, zones d’accès restreintes,
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sécurité & défense magazine
1. lire l’article sur notre site internet sd-magazine.com : « Opération sentinelle : reconnaissance de la nation et moyens alloués à l’ordre du jour » par Laurent Lagneau de début juin.
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