S&D juin2015

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# 10 JUIN-AOUT 2015

sécuritésécurité & défen urité & sécurité défense & &

SD

►Toute l’information sécurité & défense

magazine

► Dossier spécial

Security:

a prerequisite to the ASEAN economic development ► Actualités Interschutz : France à l’honneur ou l’excellence française au cœur de la sécurité civile internationale ► F ocus Les réfugiés de birmanie/Myanmar en thaïlande dans le jeu diplomatique sous-régional : facteurs de déstabilisation, moyen de pression ou monnaie d’échange ?

► Chronique VIP Claude Revel - Déléguée interministérielle à l’intelligence économique - L’intelligence économique et stratégique, une gouvernance en marche

ISSN - 2266-2936 Prix au numéro - 9,25 € - France


L’offre capacitaire sécurité Soutien export du GICAT

www.gicat.com GROUPEMENT DES INDUSTRIES DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ TERRESTRES ET AÉROTERRESTRES


sécurité sécurité & sécurité défense sécurité & défense sécurité sécurité & sécurité Sommaire

ESPRIT COM’ 5 rue de l’église – 64230 DENGUIN 0033 (0)5.59.81.28.75

Directeur de la publication : Christian Crozat Rédacteur en chef : Mélanie Bénard-Crozat Responsable commercial : Pascal Podlaziewiez 0033 (0)6.70.68.82.53 Conception graphique : Esprit com’ Ont participé à ce numéro : Mélanie Bénard-Crozat, Hugo Cardinal, Franck Chevallier, Constance de Darnezont, Elisabeth de France, Arnaud Dupuis, Sarah Dutkiewiez, Eric Frécon, Jade H., Ivy Harper, Myriam Quéméner, Christian Sommade

Remerciements/Sources Judith Cahen, Bernard Refalo, Dorothée Bonneil, Julie Rose, Marie-Laure Thomas, Muriel Kafantaris, François Mattens, Fabien Val, Weng si Duverdier, Catherine Parrot, Claire Sabatier, Rozenn Jouannigot, Centre Asie-IFRI, Xavier Guilhou, Rapport d’information déposé par la commission des affaires étrangères en conclusion des travaux d’une mission d’information constituée le 11 décembre 2013, sur « les émergents d’asie du sud-est » et présenté par M.Gwenegan Bui et M. Jean-jacques Guillet, députés, Senia Febrica, PhD Researcher, Department of Politics, University of Glasgow, Thales, Business France, GICAT, DGSCGC, HCFDC, Ministère de l’intérieur, INTERPOL, FAO Les opinions émises dans la revue n’engagent que les auteurs. Les publicités et rédactionnels insérés le sont sous la responsabilité des annonceurs. L’éditeur se réserve le droit de refuser toute demande d’insertion sans avoir à motiver son refus. Reproduction intégrale ou partielle interdite. Abonnement 2015 Abonnement annuel – 4 numéros France métropolitaine : 37 € Europe – Switzerland : 55 € USA – Middle-East : 61 € Dépôt légal à parution ISSN 2266-2936

CHRONIQUE VIP

Propos recueillis par Mélanie Bénard-crozat

4► Claude Revel - Déléguée interministérielle à l’intelligence économique L’intelligence économique et stratégique, une gouvernance en marche

ACTUALITES

6► Opinion / Cybercriminalité : la délinquance économique du XXIe siècle -

Par Myriam Quéméner, magistrat 10► Tribune / La sécurité : défi majeur du 21e siècle 12► Interschutz : France à l’honneur ou l’excellence française au cœur de la sécurité civile internationale - Par Hugo Cardinal 16► Tribune / Gestion de crise et continuité d’activité : encore du chemin à parcourir

FOCUS

46► Les réfugiés de birmanie/Myanmar en thaïlande dans le jeu diplomatique sous-régional : facteurs de déstabilisation, moyen de pression ou monnaie d’échange ? Par Eric Frécon, enseignant-chercheur à l’Ecole navale et pilote de l’Observatoire Asie du Sud-est (Asia Centre)

sécurité & défense

S&D magazine est une publication de

# 10 JUIN-AOUT 2015

REPORTAGES

47► Centre de formation d’excellence à la plongée militaire – Par Franck Chevallier 49► Des hommes et de la technologie pour les grands événements –

Par Franck Chevallier

DOSSIER SPECIAL:

SECURITY: A PREREQUISITE TO THE ASEAN ECONOMIC DEVELOPMENT by Hugo Cardinal, Mélanie Bénard-Crozat, Elisabeth de France, Sarah Dutkiewiez, Jade H., Constance de Darnezont, Ivy Harper

20 ► Major Risks: Asia most affected between now and 2100 25 ► South-East Asia constitutes a major security challenge for France 27 ► A market in need of structure: between the expression of needs and the supply

of solutions 31 ► Remarkable economic growth: focus on a flourishing market 36► The fight against terrorism & border security 38 ► Maritime piracy at the forefront of the international security goals

S&D VERSION NUMERIQUE

De l’information en continue sur sd-magazine.com

sécurité & défense magazine

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CLAUDE REVEL

DÉLÉGUÉE INTERMINISTÉRIELLE À L’INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE

sécurité & défense

Chronique VIP

L’intelligence économique et stratégique, une gouvernance en marche © ©B. Granier/Matignon

Propos recueillis par Mélanie BENARD-CROZAT

valeur ajoutée par une exploitation professionnelle de l’information. Elle permet de protéger et de promouvoir les intérêts stratégiques, l’image et la comptétitivité internationale des acteurs économiques qui l’utilisent.

L’INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE : UNE PRIORITÉ STRATÉGIQUE AU CŒUR DE LA COMPÉTITION INTERNATIONALE

L

’actualité est à l’intelligence économique et à la sécurité. Avec son premier sommet dédié consacré en début de mois, le sujet prend de plus en plus d’ampleur en France.

4

L’intelligence économique (IE) se développe en France en tant que mode de gouvernance. Dans les entreprises comme au sein du secteur public, elle contribue à éclairer les décisions et à produire de la

sécurité & défense magazine

L’IE se compose de plusieurs volets. La veille stratégique constitue le premier d’entre eux. Indispensable à l’anticipation et à la sécurité économique, qui sont deux des autres piliers de l’IE, elle est vitale pour bien comprendre son environnement économique. Il est essentiel de prendre conscience que le traitement professionnel de l’information permet de prendre les meilleures décisions et d’anticiper l’évolution économique. Avoir une longueur d’avance est vital ! Le volet sécurité économique s’exprime à travers la prévention des risques, notamment immatériels (données, savoir-faire, image, propriété, réputation, …). L’IE revêt un axe nouveau dans la culture française, celui de l’influence. La formation est également un volet important. Elle s’adresse à tous


Chronique VIP

urité & défense

les niveaux. Dans la continuité de l’expérience pilote du « référentiel IE et nouveaux risques du XXIe siècle » qui vient de se terminer dans plusieurs établissements, nous souhaitons généraliser l’intégration de modules obligatoires dans l’enseignement supérieur pour sensibiliser les jeunes, qui sont de futurs décideurs… Par ailleurs, il existe des sessions de formation dispensées par la DCRI et la Gendarmerie. Les chambres de commerce et d’industrie disposent de ces informations et peuvent guider les entreprises.

MANQUE DE DOCTRINE ET DE BONNES PRATIQUES

Le besoin de « doctrine » et de clarification des concepts et pratiques est patent. La D2ie a ainsi produit des notions-clés d’intelligence économique, pour tous les acteurs, un référentiel de formation à la cybersécurité pour les PME, des principes directeurs et vade-mecum pour les chercheurs en mobilité internationale, des bonnes pratiques pour les pôles de compétitivité, et elle a organisé une vaste réflexion sur l’intelligence économique territoriale qui a débouché sur des propositions.

NORMALISATION & INFLUENCE

La normalisation est un allié dans la compétition. Cette arme stratégique peut ouvrir ou fermer des marchés extérieurs. C’est aussi une arme d’influence dans le cas des normes de gouvernance. La France doit donc être présente et participer à l’élaboration des règles. Il faut travailler en amont pour préparer les normes de demain.

Ainsi nous pourrons activer les leviers de l’influence. Il nous faut également être présents sur le travail de réflexion amont dans les normes industrielles car l’IE duplique les sources d’information. C’est un champ vierge international où la France doit se positionner. La délégation contribuera à développer la présence française dans les différentes enceintes européennes et internationales afin de promouvoir des règles et des normes internationales qui nous semblent utiles. La norme peut conditionner l’accès aux marchés, il ne faut pas l’occulter. Nous devons également promouvoir notre image, qui est l’une des bases de l’influence. La France compte aujourd’hui parmi les pays performants dans le domaine de l’intelligence économique mais le jeu de l’influence reste notre grande faiblesse. Nous avons les moyens et les compétences pour exceller. Nous devons travailler cet enjeu et renforcer l’influence de la France sur la scène internationale.

LES DÉFIS A VENIR L’ouverture du cyberespace, la généralisation du numérique et l’ère du big data constituent les grands défis de demain qui s’invitent au cœur de l’intelligence économique. Tout le monde s’accorde désormais sur le fait que préserver les intérêts français et sécuriser les informations stratégiques et économiques du pays est une impérieuse nécessité. Une vigilance accrue à ce domaine sera nécessaire. 22 fiches pratiques sont d’ores et déjà mises à disposition sur notre site Internet.

ÉCHANGE D’INFORMATIONS ET PARTENARIAT PUBLIC-PRIVÉ L’idée aujourd’hui est de développer une véritable culture de l’échange d’informations. L’information est devenue une matière première précieuse et abondante. Il faut donc savoir à la fois la protéger, la gérer et la partager. Il faut pour cela pouvoir s’appuyer sur un véritable réseau de compétences et d’excellence. Cela concerne l’échelon central comme celui des territoires et de nos représentations à l’étranger. Il en résulte un défi majeur que nous devons relever qui constitue aussi l’une des clefs pour réussir : le développement de partenariat public-privé. Il ne s’agit pas de financement, mais de soutenir les entreprises grâce à des échanges d’informations, à des mises en relations avec des contacts locaux, par le réseau des ambassades notamment. Une mise en réseau primordiale mais pour l’heure pas assez exploitée. La création du Comité de la filière des industries de sécurité par le Premier ministre, dont je suis membre du conseil, vise à mettre en pratique ce dialogue publicprivé au service de la sécurité du citoyen et de la compétitivité de l’industrie française. L’idée est que nos entreprises développent des solutions technologiques efficaces et mondialement compétitives sur ce marché. Nous devons saisir cette opportunité. En participant au Cofis, je peux donner mon avis et en tirer aussi des enseignements pour agir. Car l’intelligence économique n’est utile que si elle est appliquée.

sécurité & défense magazine

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Actualités OPINION

sécurité & défense sécurité & sécurité défense

CYBERCRIMINALITÉ : LA DÉLINQUANCE

ÉCONOMIQUE DU XXIE SIÈCLE Par Myriam Quéméner, magistrat

L

a criminalité économique et financière a pris désormais

une connotation « cyber » comme

toutes les activités illicites avec le développement d’Internet et des réseaux numériques. En effet , la

croissance rapide de la connectivité mondiale a pour conséquence une

montée en puissance de la criminalité informatique qui constitue l’une

des dix formes recensées de crimi-

nalité grave ayant une dimension transfrontalière1.

Ainsi, les cyberfraudes, les escroqueries

qui ont souvent des ramifications inter-

aux faux ordres de virement ciblent les

nationale. La police mais aussi la justice

données personnelles échangées et

sont à un tournant historique sans pré-

monnayées sur des marchés parallèles,

cédent et s’investissent en urgence dans

« les Darknets ». Ces nouveaux fonction-

ce domaine numérique pour préserver à

nements constituent des défis majeurs

la fois l’ordre public économique et les

pour le droit pénal et la procédure pénale

droits et libertés fondamentaux.

qui est désormais un droit en mouvement qui tente de s’adapter à la cyber mondialisation de cette délinquance. Si le droit pénal classique tant matériel que processuel répond partiellement à ces nouveau défis, le législateur est intervenu pour

COMMENT AGIT CETTE CYBERDÉLINQUANCE FINANCIÈRE, QUELLES SONT SES MODES OPÉRATOIRES ET COMMENT LA COMBATTRE ?

l’adapter et le moderniser en introdui-

Tel Janus, le numérique a aussi sa face

sant de nouvelles techniques d’enquête

Des réponses à ces questions sont néces-

plus sombre en offrant aussi des oppor-

comme l’infiltration et la captation de

saires et l’Etat3 a mis en place une véritable

tunités nouvelles pour les délinquants en

données qui sont par ailleurs soumises

stratégie de lutte contre ce phénomène qui

général et notamment dans le domaine

aux exigences du Conseil constitutionnel

vise à anticiper de manière efficace les

économique et financier.

et des cours européennes. Complexifiée

risques numériques. Les initiatives sont

Bitcoins, monnaies virtuelles, cloud com-

par cet écosystème numérique, la lutte

nombreuses pour mieux protéger les

puting, big data, autant de termes qui

contre la criminalité économique et

internautes et lutter contre ces fléaux.

surgissent dans cet écosystème numé-

financière nécessite aussi la création

On peut citer un rapport publié en juin

rique dans leurs dimensions juridique

d’instances spécialisées tant sur le plan

2014 aux ministres de l’Intérieur et de

et stratégique. La dématérialisation des

national avec par exemple le nouveau

l’Economie, à la Garde des Sceaux et à la

transactions permet aussi un accrois-

procureur de la République financier

secrétaire d’Etat chargé du Numérique4.

sement de l’anonymat des échanges,

qu’au niveau international avec Interpol

facilitant ainsi le passage à l’acte des

et Europol qui consacrent des moyens

cyberdélinquants .

supplémentaires à ces cyberinfractions

2

6

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1. Art. 83, paragraphe1 du TFUE. 2. M.Quéméner,Criminalité économique et financière à l’ère numérique, Economica, 2015 3. Guide de bonnes pratiques de l’informatique ; ANSSI 4. Min. Justice, communiqué, 30 juin 2014 5. A. Bauer, «La globalisation du crime», Pouvoirs 1/ 2010 (n° 132), p. 55.


Actualités technologies de l’information comme

sécurité & défense rité sécurité & défense

Le caractère souvent occulte de cette

UNE CRIMINALITÉ ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE COMPLEXIFIÉE PAR LE RECOURS AU NUMÉRIQUE

délinquance s’accorde parfaitement avec

Internet. Ces phénomènes ont contribué

la dématérialisation des transactions qui

à l’essor de la criminalité économique et

réduit souvent de façon significative les

financière désormais internationale et

possibilités d’identification des auteurs

sont donc complexes à juguler. L’Europe

d’infractions économiques et financières.

n’a pas pu éviter l’installation durable

Outre le fait que cette délinquance est

Ainsi, le cybercrime ne cesse de se déve-

sur son sol d’une criminalité économique

difficile à appréhender et à mesurer13,

lopper et de déjouer les parades mises

très performante .

elle s’est encore complexifiée en raison

en place par les entreprises 5. Les vols

On constate aussi de plus en plus de vols

du recours aux réseaux informatiques et

d’identité, les escroqueries, les fraudes

de données personnelles

notamment

aux technologies numériques qui sont

diverses, les cyberattaques visant à

bancaires, de multiples escroqueries

désormais utilisées pour commettre

anéantir les systèmes économiques ou

numériques, de piratages massifs, de

les infractions économiques et finan-

les destructions de données progressent

manipulations de cours de bourse, d’at-

cières. Ignorant les frontières, sa nature

fortement tous les ans malgré les nom-

taques informatiques dénommées cybe-

internationale rend difficile l’usage des

breux systèmes de protection constam-

rattaques, d’atteintes à l’e-réputation,

droits étatiques et conduit à l’établis-

ment créés.

d’espionnage industriel par les systèmes

sement d’un flou juridique à l’échelle

Par ailleurs, les vulnérabilités des réseaux

d’information. L’époque est non plus aux

internationale14 .

aggravées par le biais de cyberattaques

classiques braquages mais aux cambrio-

permettant la récupération de données

lages numériques, moins risqués et plus

Le développement de l’économie, des

bancaires et financières inquiètent les

lucratifs. En effet, l’économie moderne

échanges et des capitaux au-delà des

États qui mettent en place des stratégies

n’a pas échappé à l’informatisation et

frontières nationales de chaque État a

9

10

de cybersécurité . Ainsi par exemple

à la numérisation de la société qui est

créé les bases d’un marché mondial qui

en France, face à l’intensification pré-

aussi une source de profits. L’ensemble

ouvre de nouvelles opportunités pour

occupante des cybermenaces à travers

du champ juridique en subit désormais

l’action de structures criminelles. Ces

le monde, le gouvernement a décidé

l’influence. Tel est le cas en particulier

dernières sont capables d’exploiter les

d’accélérer le développement des capa-

du droit pénal quel que soit son champ

différentes

cités nationales de cyberdéfense et de

d’application qu’il s’agisse du droit pénal

sociales, politiques et juridiques des

cybersécurité.

général, du droit pénal spécial ou du

différents domaines territoriaux, pour

En février 2014, le Premier ministre a

droit pénal des affaires ou plus large-

consolider des investissements et des

qualifié « d’enjeu stratégique majeur » la

ment du droit économique et financier.

trafics illégaux facilités notamment grâce

sécurité des systèmes d’information des

Les délinquants utilisent l’informatique

à l’extension et à la modernisation des

infrastructures vitales du pays et a précisé

qui leur permet de faire des opérations

moyens de communication, disponibles

qu’au-delà des intérêts économiques

frauduleuses plus rapidement sans tenir

des États, c’est la vie elle-même des

compte de leur localisation, bafouant

citoyens qui peut désormais être mise

ainsi les règles traditionnelles de la com-

en danger du seul fait d’une attaque

pétence territoriale résultant du principe

contre

d’information7

de la souveraineté étatique. En effet, le

et causer des préjudices financiers.

droit pénal, droit régalien par essence,

6

les

systèmes

11

est devenu l’un des domaines les plus

La délinquance profite des réseaux

directement concernés par l’internatio-

numériques et contribue au dévelop-

nalisation du droit, notamment en raison

pement

illicites

du processus de la « globalisation éco-

en matière économique et financière8

de

comportements

nomique »12 et de la dématérialisation de

avec par exemple ce que l’on nomme

transactions.

désormais le cyberblanchiment qui est

étroitement lié au recours croissant aux

conditions

économiques,

6. Site de l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (ANSSI): http://www.ssi.gouv.fr 7. http://www.gouvernement.fr/gouvernement/bilande-12-mois-d-actions-pour-une-france-numerique 8. P. Broyer, «La lutte contre le blanchiment face au développement des nouvelles technologies de l'information et de la communication », - Rapport moral sur l'argent dans le monde, 1998, Association d'Économie financière, Montchrestien, 2000,p. 68-79. 9. H. Boullanger, La criminalité économique en Europe, PUF, coll. Criminalité internationale, 2002,p. 240. 10. Panorama du Clusif, 2014 11. A. Lepage, « Internet : un nouvel espace de délinquance », AJ Pénal juin 2005, p. 217 et s., spéc. p. 217. 12. M. Delmas-Marty, « Les processus d'internationalisation du droit pénal (criminalité économique et atteintes à la dignité de la personne) », Archives de politique criminelle 1/ 2001 (n° 23), p. 123-129. 13. J. Cartier-Bresson, C. Josselin, S. Manacorda, Les délinquances économiques et financières transnationales et globalisation : analyses et mesures du phénomène, IHESI, 2001.

sécurité sécurité & défense & défense magazine magazine

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sécurité & défense sécurité & défense sécurité Actualités

à des coûts toujours plus réduits, comme

notamment avec des opérations de

le montre de manière emblématique « la

blanchiment.

techniques pour lancer une « cyberat-

diffusion capillaire d’Internet »15.

Au sein d’un réseau international, la tech-

taque ». Le niveau d’expertise requis

nécessaire de disposer de compétences

nologie utilisée a pour fonction première

pour un projet cybercriminel n’a plus

En effet, les technologies numériques

d’optimiser tant la dissimulation que la

du sens du moment où il est possible

utilisées de surcroît souvent dans un

valorisation du capital suspect à l’échelle

aujourd’hui d’acheter librement en ligne

contexte international favorisent parfai-

du monde17. Ce type de blanchiment

les logiciels espions les plus élaborés

tement la dissimulation des infractions

organisé comprend non seulement des

ainsi que les données collectées par ces

qui vont alors être encore plus difficiles

équipements matériels et une variété

mêmes logiciels informations bancaires

à être connues des autorités policières

d’établissements (bancaires ou non) mais

et informations personnelles En outre, il

et judiciaires. Des réseaux criminels

intègre aussi les dernières innovations

est aussi faisable de commander un acte

se livrant au blanchiment par exemple

de l’ingénierie financière. Au départ, les

cybercriminel

utilisent des outils informatiques de

transferts de fonds illégaux ont comme

de prestataires spécialisés qui viennent

dernière génération et jonglent avec

vecteurs

puissants

chacun apporter leur savoir-faire, chaque

un nombre croissant d’intermédiaires

réseaux télématiques reliés à des places

maillon générant des bénéfices dont le

et d’opérateurs tels les fournisseurs

offshore : l’utilisation des réseaux infor-

montant répond uniquement aux lois de

d’accès, les opérateurs, les plate-formes

matiques pour le blanchiment de l’argent

l’offre et de la demande, la rareté d’une

d’échanges par exemple. Ces technolo-

sale est dans la norme des choses ; d’une

compétence augmentant les prix en

gies numériques permettent de déguiser

part, le blanchiment a nécessairement un

conséquence. Il en est par exemple du

les transferts en paiements commerciaux

caractère international, les lieux de pro-

botnet18 qui peut être loué pour faire des

dans le cadre de supermarchés fictifs ce

duction de la drogue étant très éloignés

opérations frauduleuses.

qui rend souvent impossible la traçabilité

des régions de consommation ; d’autre

des opérations pour remonter jusqu’aux

part, la multiplication des sites et la

La fragilité des infrastructures informa-

« têtes de réseaux ». Enfin les innovations

mise en place de cloisonnements et de

tiques et des systèmes d’information

juridiques permettant d’estomper la

barrières protégeant le secret des mouve-

des États et des entreprises n’est plus

provenance et la destination des capi-

ments de fonds sont relativement faibles ;

à démontrer et ce malgré l’importance

taux douteux ainsi que l’identité de leurs

enfin, la présence de nombreux opéra-

des mesures de sécurité mises en œuvre

propriétaires réels existent sous la forme

teurs interposés – fournisseurs d’accès,

et des moyens dont disposent les enti-

de procédures et de dispositifs divers

etc., et les possibilités de déguiser les

tés concernées. Selon Alain Bauer,

visant à faciliter la formation et le fonc-

transferts en paiements commerciaux

« Toute menace crédible d’atteinte à

tionnement en toute apparente légalité des

dans le cadre de supermarchés fictifs,

l’intégrité de ces réseaux confère un

réseaux de blanchiment. Car le droit mis

rendent difficile de remonter les filières.

poids et un impact criminels très fort à

d’opérations

de

ponctuellement

auprès

ses auteurs19. »

à la disposition de l’opacité organisée

participe lui aussi au travers de multiples

Par ailleurs avec la vulgarisation des modes

Aujourd’hui,

strates (écrans, comptes spéciaux, repré-

opératoires cybercriminels, il n’est pas

de sécurité existent et peuvent être

de

nombreuses

failles

sentations juridiques variées – trustees (fiducies), cabinets d’affaires –, domiciliation fiscale fictive) à la puissante pro-

tection des donneurs d’ordre et de leurs mandants. Ces habiles montages juridiques rendent complexes les investigations policières et judiciaires qui n’aboutissent que difficilement et souvent trop

lentement en raison d’une coopération

internationale souvent insuffisante entre les autorités concernées16.

Le crime organisé s’affranchit aujourd’hui

des contraintes géographiques et juri-

diques pour saisir des opportunités,

8

14. A. Bautzmann, «Lecture critique», Revue internationale et stratégique 2/ 2001 (n° 42), p. 171-175. 15. L. Picotti, « Section I - Droit pénal général », Revue internationale de droit pénal, 3/ 2006 (Vol. 77), p. 613-621. 16. C. Cutajar, «La description du processus de blanchiment», in Le blanchiment des profits illicites, Presses universitaires de Strasbourg, Collections de l'Université Robert Schuman, Centre de Droits des Affaires, 2000, 18-29. 17. B. Castelli, «Une autre mondialisation: les mutations du blanchiment contemporain », Mondes en développement 3/ 2005 (no 131), p. 111-130. URL : www.cairn.info/revuemondes-en-developpement-2005-3-page-111.htm. DOI : 10.3917/med.131.0111. 18. Le terme « bot » est le diminutif de robot. Les criminels distribuent des logiciels malveillants (également appelés programmes malveillants) capables de transformer un ordinateur en « bot » ou « zombie ». 19. A. Bauer, «Rapport au Président de la République et au Premier ministre ; Déceler, Étudier, Former : une voie nouvelle pour la recherche stratégique », Cahiers de la sécurité, 2008, Supplément au n° 4. 20. Site de la CNIL : http://www.cnil.fr/linstitution/actualite/article/ article/faille-de-securite-heartbleed-comment-reagir 21. http://www.cert.ssi.gouv.fr. 22. A. Fournier, « Heartbleed : les banques françaises tentent de rassurer », Le Monde, 14.04.2014 à 16 h 53, mis à jour le 14.04.2014 à 19 h 27.

sécurité & défense magazine


AU NIVEAU DE LA CO Actualités MONDIALE exploitées par les cybercriminels pour

notamment

récupérer l’argent et donc commettre

ligne de mire les

des actes de criminalité financière.

courriels, consti-

a

tue une difficulté

Récemment, une faille Heartbleed

20

en

été découverte dans plusieurs versions

plus

du logiciel Open SSL, sur lequel s’appuie

L’analyse

une grande partie de la sécurité du Web.

actes

Le protocole SSL chiffre les données

rence

utilisées lors d’un achat sur Internet

nus

par exemple, afin d’empêcher que des

nières

informations telles que vos données

montre

bancaires, vos identifiants ou vos mots

les

de passe ne puissent être récupérés

cherchent soit à entrer dans le serveur

peut être un facilitateur permettant la récu-

par des personnes qui ne devraient pas

des entreprises et des grands groupes

pération de données ensuite monnayables.

pouvoir y accéder. Concrètement la faille

industriels en utilisant des failles de

Appliqué au secteur de l’automobile, au

Heartbleed rend possible la récupération

protection, le plus souvent d’origine

domaine médical ou à des systèmes tech-

d’informations confidentielles sur un ser-

humaine, soit à capter de l’information

niques du quotidien, il a révolutionné les

veur . Les banques et certains sites ins-

en

équipements

modes de vie, en accentuant le recours à

titutionnels sensibles sont évidemment

nomades (ordinateur portable, clé USB,

la robotisation et à l’automatisation. On

en ligne de mire . La Réserve fédérale

smartphone, etc.) .

estime qu’en 2020, ce chiffre dépassera les

21

22

ancienne. des d’ingésurveces

der-

années que

attaquants

s’appropriant

des

23

américaine et l’autorité de supervision

50 milliards d’objets connectés Comme les

des institutions financières ont très vite

L’émergence du « cloud computing »

données déjà présentes sur Internet, ces

enjoint les banques du pays à appliquer

s’est aussi imposée comme un des

nouvelles techniques posent la question

les correctifs nécessaires pour préserver

enjeux majeurs pour les directions des

de la sécurisation de ces outils intelligents

les intérêts de leurs clients, et le fisc cana-

systèmes d’information (DSI), le stoc-

dien a même fermé son portail Internet

kage des informations et la disponibilité

mais aussi de leur contrôle, car-8,1 l’usurpation

le temps de vérifier que la sécurité des

des services constituant une probléma-

des prises de contrôle à distance peut être

données ne courait aucun risque : peine

tique phare pour les acteurs du secteur,

facilitée.

perdue pour environ 900 contribuables,

confrontés à des doutes récurrents sur

dont les données ont été dérobées par

la sécurité des solutions proposées. Cet

Il est nécessaire et urgent de mettre en

des pirates, a fait savoir le service des

item figure parmi les trois cibles privilé-

place une réelle cyberpolitique publique de

impôts canadien.

giées par les hackers ou les attaquants,

lutte contre la cybercriminalité27. Il convient

avec les informations sensibles à valeur

d’inciter tous les acteurs à se mettre en

Le déploiement dans le milieu pro-

commerciale et l’atteinte à l’image d’ins-

ordre de marche de façon plus cohérente et

fessionnel des terminaux mobiles tels

titutions ou de grands groupes, selon

constructive pour lutter contre ce fléau avec

les téléphones, les smartphones, les

le Club de la sécurité de l’information

le souci de répondre au besoin légitime de

tablettes amplifient les risques aux-

français. Cette technologie, sans cesse

protection des cybervictimes.

quels sont confrontées les entreprises.

davantage prisée pour des raisons de

La question de la confidentialité des

facilité et de coût par les entreprises et

informations est dès lors posée non

les consommateurs qui veulent héberger

seulement à travers le matériel dont

leurs données sensibles sur des serveurs

sont propriétaires les entreprises, mais

extérieurs, constitue aussi un nouveau

également les équipements personnels

défi, eu égard au risque d’intrusion qu’elle

des salariés, qui souhaitent de plus en

génère25.

24

plus utiliser leurs propres appareils sur leur lieu de travail. La consultation de

Parallèlement, le nouveau marché des

sites Internet sur un poste de travail, avec

objets connectés en pleine expansion26

$ ( $

de profils Internet susceptibles de favoriser

23. http://www.intelligence-economique.gouv. fr/dossiers-thematiques/securite-economique. 24. Informatique en nuage. 25. Toutefois, certains professionnels d’Internet (notamment OVH) ont conçu des clouds sécurisés, intégrant des solutions de cryptologies. 26. E. Freyssinet, https://www-cairn-info.biblionum.uparis2.fr/publications-de-Freyssinet-Eric--102088. htm, L’internet des objets : un nouveau champ d'action pour la cybercriminalité, https://www-cairninfo.biblionum.u-paris2.fr/publications-de-FreyssinetÉric--102088.htm, cairn-info.biblionum.u-paris2. fr/revue-realites-industrielles.htm, Annales des Mines - Réalités industrielles 2013/2 (mai 2013). 27. F.Chopin «Les politiques publiques de lutte contre la cybercriminalité, AJ Pénal Dalloz 2009, p. 101

sécurité&&défense défensemagazine magazine sécurité

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Actualités TRIBUNE

LA SÉCURITÉ : DÉFI MAJEUR DU 21E SIÈCLE «

Dans un nouvel espace mondial interdépendant, les notions de sûreté et les typologies de menaces évoluent très rapidement. Ces mutations font de la sécurité le défi majeur du 21e siècle. » souligne Rémi Thuau, Préfet et Président des salons Milipol. C’est dans cette optique que le salon incontournable et attendu de Milipol Paris 2015 ouvrira ses portes en novembre prochain à Paris.

En effet, cette année, pour sa 19e édition, Milipol Paris se tiendra dans un contexte particulier. Les derniers événements de janvier à Paris ont provoqué en France et ailleurs, une nouvelle prise de conscience. « Ils ont remis sur le devant de la scène le rôle indispensable du renseignement, les nombreux besoins en cyber sécurité ainsi que les actions de nos 3 forces : Police, Gendarmerie et Sécurité Civile, si peu souvent valorisées. » explique Muriel Kafantaris, directrice des salons Milipol.

ENTRE ÉVOLUTION ET ADAPTATION

des facteurs majeurs d’insécurité tant à

sont enfin présentes pour annoncer leurs

l’échelle locale que régionale.

produits et dévoiler leurs innovations. Nous sommes aujourd’hui une plateforme

Nous vivons une époque en perpétuelle

Dans ce contexte, les salons Milipol jouent

incontournable dédiée à l’échange et au

évolution depuis la fin de la guerre froide,

un rôle fondamental et en particulier

partenariat entre les acteurs majeurs de la

marquée par la diversification de la crimi-

Milipol Paris cette année. « Nous réunis-

sécurité et les porteurs d’expertises et de

nalité, l’extension du terrorisme, l’émer-

sons tous les acteurs clé du monde de la

solutions les plus efficaces et innovantes

gence des bouleversements climatiques.

sécurité : donneurs d’ordre, fournisseurs

du moment. » précise Rémi Thuau.

La communauté internationale et les États

et experts, pour échanger autour des

font de la protection des personnes et des

nouvelles problématiques de sécurité

biens, ainsi que du rétablissement et de la

et découvrir les nouvelles technologies.

sauvegarde de la paix leur priorité.

Les préoccupations des pouvoirs publics

La mondialisation, les nouvelles technolo-

sont abordées : lutte contre le terrorisme,

Quatre jours d’exposition, de rencontres,

gies, la circulation facilitée des données,

protection des citoyens, sûreté urbaine,

de découvertes et de débats autour

des biens et des personnes sont certes

sécurité de proximité et défense contre les

de la sécurité intérieure, publique et

des facteurs de progrès, mais au regard

risques majeurs seront au cœur du débat

industrielle. Eventail exhaustif des tech-

des nouveaux enjeux politiques, écono-

et des réponses à apporter. Les entre-

nologies et services capables d’antici-

miques et écologiques, elles sont aussi

prises les plus performantes du secteur

per, prévenir et gérer les menaces et

10

sécurité & défense magazine

RÉFLEXIONS, CONCERTATIONS ET INNOVATIONS POUR 2015


Actualités risques susceptibles de porter atteinte à

et présentes sur

la sécurité intérieure d’un État et de ses

Milipol Paris en

infrastructures critiques. Enfin promotion

tant qu’exposants

des innovations technologiques et straté-

ou visiteurs.

giques en réponse aux enjeux sécuritaires

Les ateliers expo-

et internationaux de demain : voilà ce que

sants,

nous réserve l’édition Milipol Paris 2015.

shows du HCFDC

Parmi les équipements présentés, les nou-

et les démonstra-

veaux systèmes d’information, d’observa-

tions dynamiques

tion et de surveillance, de prévention et

les

rythmeront

talk-

éga-

lement ces 4 jours.

d’alerte tiendront une place privilégiée au cours de cette 19e édition. Les acteurs de

« Pompier »» explique Muriel Kafantaris.

« Nous travaillons actuellement à l’élabora-

la sécurité publique, mais également les

Rendez-vous mondial de référence du sec-

tion des thématiques et des tables rondes

professionnels de la sécurité industrielle

teur de la sécurité intérieure des États, avec

qui seront choisies pour leur représentati-

et des sites sensibles seront réunis. Les

une approche résolument pro-active et

vité des tendances, de l’actualité internatio-

technologies, produits et services exposés

vecteur des évolutions du secteur, le salon

nale et des préoccupations sectorielles du

au salon couvriront tous les aspects de la

affiche près de 1000 exposants d’environ

moment. » ajoute Muriel Kafantaris.

protection des populations ainsi que de la

50 pays, 30 000 visiteurs et de nombreuses

sécurisation des infrastructures critiques.

délégations officielles.

La marque Milipol répondra donc aux

Compte tenu du tôle croissant qui est le

Après leur succès en 2011 et 2013, les ren-

nouvelles attentes et aux nouveaux enjeux

leur, les acteurs de la sécurité privée trou-

contres d’affaires organisées par Europe

mondiaux en matière de sécurité. Elle

veront aussi au salon Milipol beaucoup de

Enterprise Network, qui ont permis d’opti-

élargit par ailleurs son réseau et son mail-

réponses à leurs besoins.

miser les rencontres entres exposants et

lage mondial. Présents à Paris et Doha, les

donneurs d’ordre seront un autre des points

salons Milipol complètent désormais leur

L’édition 2015, qui se tiendra du 17 au 20

forts de l’édition 2015. Ces rencontres per-

offre, répondant ainsi à une demande forte

novembre à Paris Nord Villepinte, sera

mettront aux entreprises d’établir un pre-

des acteurs du secteur, en développant

marquée par la création :

mier contact décisif avec des entreprises

une édition « Asia Pacific » dès 2017 sur

• d’un comité d’experts internationaux

de leur secteur venues du monde entier,

Singapour.

qui apportera analyses et réflexions sur

ayant des profils d’acheteurs ou vendeurs

les problématiques actuelles de sécurité intérieure ainsi que sur les tendances, • d’un Start Up challenge qui récompensera l’innovation dans un domaine cible, d’un cycle d’ateliers et de tables ronde des acteurs institutionnels comme : le SAELSI, l’IHNESJ, l’IHEDN, la Douane… Les grands thèmes que nous retrouvons devraient donc être la cybersécurité, la lutte contre le terrorisme, les nouvelles technologies/nouvelles

menaces

avec,

entre autres, les drones ou encore les risques majeurs. « Notre objectif est d’enrichir l’espace « Risques Majeurs » dédié aux risques technologiques, industriels, naturels, sanitaires et aux menaces majeures, qui sera servi par des animations, en développant par ailleurs l’axe

Un salon conjoint pour la deuxième année consécutive Milipol Paris se tiendra cette année, comme en 2013, conjointement au salon CARTES SECURE CONNEXIONS qui change de nom et devient TRUSTECH : PAYER, CONNECTER, IDENTIFIER ET SÉCURISER, l’événement leader mondial des solutions sécurisées pour le paiement, l’identification et la mobilité. Avec près de 450 exposants et 140 conférences animées par des experts internationaux, l’événement attire près de 20 000 visiteurs venus découvrir les dernières tendances et nouveautés du secteur (paiement mobile, authentification, mobilité, NFC, biométrie, M2M...). Le secteur Identification & Data Protection, domaines communs aux deux salons, présentera sur TRUSTECH, les dernières innovations en termes de documents d’identité sécurisés et de solutions d’authentification, qui ont un fort potentiel d’applications. Des conférences seront dédiés aux enjeux de la protection de la vie privée, de la sécurité des données, et de la cybersécurité telles que la gestion des identités digitales, les technologies d’authentification et d’identification, la biométrie, etc. Le cloud computing, la mobilité ou encore la gestion simultanée d’un nombre croissant d’identifiants numériques mettent la cybersécurité au centre des préoccupations. Les attaques sont de plus en plus variées - et coûteuses - notamment quand elles se portent sur les appareils mobiles. C’est pourquoi ces sujets constitueront le cœur des débats en 2015.

sécurité & défense magazine

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Actualités

INTERSCHUTZ : FRANCE À L'HONNEUR

OU L'EXCELLENCE FRANÇAISE AU CŒUR DE LA SÉCURITÉ CIVILE INTERNATIONALE Par Hugo Cardinal

T

ous les cinq ans, le plus grand salon international de lutte contre l’incendie et du secours, réunit les services de secours, de sécurité civile et de prévention du feu et des catastrophes du monde entier. Cette année, c’est à Hanovre, en Allemagne, que plus de 1 300 exposants issus de près de 40 pays se sont retrouvés. L’événement, qui accueille en moyenne 125 000 visiteurs, a consacré en 2015 une journée « France à l’honneur ». Le ministre de l’Intérieur français, Bernard Cazeneuve, a fait le déplacement pour l’occasion.

LA FILIÈRE INDUSTRIELLE FRANÇAISE DE SÉCURITÉ CIVILE L’industrie française concourant au développement et à la production de produits

et 16 000 emplois sur le territoire national, pour un chiffre d’affaires de plus de 3 milliards d’euros. Cette filière en construction

©

rité civile regroupe près de 400 entreprises

Interschutz

et services destinés aux acteurs de la sécu-

sécurité sécurité & défense

n’a de cesse de s’adapter à l’évolution des risques et d’anticiper l’apparition de nou-

DÉBATS & PRÉOCCUPATIONS

velles menaces pour couvrir l’ensemble

plus perfectionnés capables d’interve-

des besoins relatifs aux thématiques de la

nir dans les situations où la sécurité des

sécurité civile, depuis les risques naturels

personnels est menacée... des tenues

Le ministre de l’Intérieur, qui sera resté un

ou industriels jusqu’aux risques sanitaires

adaptées aux nouveaux risques en fibres

peu plus de trois heures sur place, a ainsi

et pandémiques. Ainsi ce sont près de

textiles innovantes, à la fois résistantes

rencontré les entreprises françaises et les

70 entreprises françaises qui ont fait le

protectrices et confortables, des outils de

opérationnels présents sur le salon lors

déplacement pour présenter aux services

télécommunication et d’alerte élaborés en

d’une visite officielle. Après un passage

de sécurité civile du monde entier leurs

conformité avec la doctrine opérationnelle

sur les différents stands, essentiellement

innovations en matière de véhicules de

française ou encore de nouveaux capteurs

des PME-PMI, le ministre a souhaité s’en-

secours, de « serious games » de forma-

et solutions optroniques, permettant

tretenir durant près d’une heure avec les

tion et d’entraînement, de matériels de

aux intervenants de mieux percevoir leur

différents acteurs du domaine de la sécu-

protection ou de lutte contre les incendies,

environnement et de qualifier les menaces

rité civile et de la filière industrielle. Ainsi,

d’équipements et matériels médicaux

en préparant leurs missions », souligne

à huit clos, institutionnels, industriels et

d’urgence, de technologies de communi-

Jean-Michel DUMAZ, chargé de mission

groupements, opérationnels et représen-

cation. « Tous ont pu alors découvrir des

Risques industriels/Sécurité civile au sein

tants des différentes fédérations (FFMI,

logiciels de commandement et de gestion

du Pôle risques.

FACIM, FNSPF) ont échangé sur les enjeux

d’opérations complexes ; des robots les

12

sécurité & défense magazine

et grands thèmes de la valorisation de la


Actualités filière de la sécurité civile au sein du COFIS

une certaine naïveté française qu’il faut

le COGES, le GICAT s’emploie à promou-

(Conseil de la filière nationale de la sécu-

dépasser. La mutualisation a, elle, ramené

voir l’offre de la filière sécurité civile en

rité), de la normalisation, de la politique

le sujet d’une politique d’achat qui doit

s’appuyant sur la brochure capacitaire «

d’achat, du développement à l’internatio-

évoluer et dépasser les paradoxes qu’on

situations d’urgence ». Les choses avance

nal ou encore de la politique R&D.

lui connaît aujourd’hui.

mais il reste beaucoup à faire pour donner

Bien que de nombreuses questions aient

« Réorganiser et regrouper les politiques

la place qu’elle mérite à la filière Sécurité

leur centre de gravité à Bercy ou au Quai

des achats est essentiel pour permettre

Civile au sein de la filière sécurité natio-

d’Orsay, le ministre a répondu aux diffé-

de réaliser des économies et avoir des

nale.» ajoute Bernard Refalo.

rentes interrogations et sollicitations. Se

résultats probants... », a-t-on entendu. Il

Le GICAT plaide par ailleurs pour le ren-

voulant à la fois concret, direct et prag-

faut donc sortir des spécificités de chaque

forcement de l’accompagnement institu-

matique, il s’est montré rassurant avec

besoin/produit et accepter qu’il faut en

tionnel par la présence d’officiers sapeurs-

une vision très claire de la situation et

passer désormais par une standardisation

pompiers et d’experts sécurité civile

particulièrement en phase avec les pré-

des achats... « Le SAELSI sera mobilisé »,

sur les salons. Les actions comme celles

occupations de ses interlocuteurs du jour,

mais ne sera pas le seul. « L’UGAP a

menées sur Interschutz sont des éléments

précisant notamment que « la promotion

aussi son rôle à jouer », a ainsi rappelé le

clefs, mais doivent être renforcées par une

des industriels français était au cœur de

ministre de l’Intérieur.

représentativité des experts opérationnels

leurs préoccupations ».

français aux côtés des industriels dans les

Au cours des discussions, il est notam-

INTERNATIONAL : LEVIER UNIQUE ET VITAL POUR LA CROISSANCE

ment revenu sur la mutualisation :

La question de l’export et du développe-

auprès des acteurs opérationnels, ce qui

« Les moyens d’hier ne sont pas ceux

ment de la filière à l’international a été sou-

leur permet d’anticiper sur les besoins

d’aujourd’hui, ni de demain. Aujourd’hui,

levée par Bernard Refalo, délégué général

futurs et de développer des solutions

un euro dépensé doit être un euro utile.

adjoint – Sécurité du GICAT. Véritable et

adaptées à la demande », explique-t-on

Nous sommes tous concernés par les

unique levier pour relancer et améliorer la

par ailleurs chez Business France.

efforts budgétaires à fournir », la montée

croissance des entreprises françaises qui

De même, le partage d’informations au

en puissance des experts techniques

disposent d’un savoir-faire reconnu dans le

sujet des projets de coopération est un

internationaux, l’importance du dévelop-

monde entier, le développement à l’inter-

atout pour les industriels qu’il faudrait

pement de nos entreprises à l’export, et

national doit être soutenu et accompagné.

« encourager », a souligné le délégué

l’impérieuse nécessité de porter l’innova-

« Le GICAT a particulièrement apprécié

général adjoint – Sécurité du GICAT...

tion technologique.

l’organisation et la mobilisation excep-

La montée en puissance des experts tech-

« Nous devons apporter toute notre aide

tionnelle tant institutionnelle (Ministre,

niques internationaux est actuellement

et notre attention au développement des

DMIS, DGSCGC, SAELSI, Business France)

à l’étude par le préfet de la DGSCGC,

clusters et des pôles de compétitivité,

qu’industrielle (exposants, groupements

Laurent Prévost, qui devrait remettre pro-

mutualiser les centres de R&D et accom-

professionnels -FFMI, FACIM, GICAT -

chainement son rapport et ses recomman-

pagner nos entreprises sur les marchés à

Pôle Risques).

dations au ministre, qui souhaite s’appuyer

l’international via notre réseau diploma-

Les industriels et leurs représentants ont

davantage sur le réseau diplomatique et

tique. J’y tiens absolument », a-t-il ajouté.

pu exprimer leurs attentes et leurs pré-

les attachés de sécurité intérieure pour

occupations lors de la table ronde avec

aider et accompagner les entreprises

le Ministre. En synergie avec les actions

françaises sur le chemin de l’export. La

export qu’il a engagé en lien avec sa filiale

conférence des Ambassadeurs 2015, qui

Cheval de bataille de Régis Cousin, président de la FFMI, le thème de la

Interschutz

RATIONALISATION

du secteur renforcent leurs coopérations

©

NORMALISATION & POLITIQUE D’ACHAT : ORGANISATION, MOBILISATION,

pays démarchés. « Les industriels français

normalisation a ouvert les échanges. Les inquiétudes autour du jeu d’équilibriste auxquels se vouent les professionnels du domaine et du choc de simplification ont rappelé que la bataille sur les normes est le début de la bataille commerciale, non sans omettre qu’il y a, sur ce sujet,

sécurité & défense magazine

13


Actualités réunit chaque année fin août, l’ensemble Interschutz

des Ambassadeurs de France, sera l’occasion d’un événement inédit le 25 août après-midi : le premier « speed dating »

©

entre Entrepreneurs et Ambassadeurs de France. Promouvoir, accompagner et faciliter le développement à l’étranger des entreprises françaises, en particulier les ETI et PME de croissance, est un élément clef de compétitivité. S’investir pleinement dans la diplomatie économique, avec notamment cette opportunité de

schéma « le plus abouti dans les pôles de

est essentiel. Ces rencontres sont basées

ments de dernière génération : combi-

compétitivité », explique le ministre.

sur des entretiens individuels entre les

naisons de protection contre les risques

Trois autres thèmes fédérateurs ont égale-

chefs d’entreprise et les Ambassadeurs

NRBC pendant 24 h, combinaison polyva-

ment porté le thème de l’innovation : les

de France au centre de conférences du

lente et filtrante NRBC, sous-vêtements,

feux de forêts ; la sécurité bâtimentaire

Ministère à Paris.

masques, lotions, système de communica-

et le commandement des opérations de

Rappelons par ailleurs que les entreprises

tions et formations...

secours. Une notion qui s’applique à tout

présentes sur Interschutz réalisent déjà

Autre société remarquée, IMS, jeune

le spectre de la sécurité globale. La lutte

une part importante de leur chiffre d’af-

pousse de 3 ans, développe des solutions

contre le terrorisme ne se fait pas sans

faires à l’export. En tête de liste, la société

intégrées de mesure, de détection, de

innovation technologique, de même que

Paul Boyé Technologies, spécialiste des

localisation et d’identification des radio-

la préparation et la gestion des grandes

équipements de protection individuels

nucléides en environnements naturels

catastrophes ou encore la lutte contre la

pour les forces armées et de police, la

et industriels. Dans le cadre des risques

criminalité organisée.

sécurité civile et l’industrie, qui réalise un

NRBC-E, les détecteurs NR conçus et

Le ministère de l’Intérieur entend ainsi

chiffre d’affaires à l’export conséquent en

fabriqués par IMS sont des micro-sondes

devenir le ministère de l’innovation et de

raison de l’utilisation de sa tenue d’inter-

Gamma à base de Geiger-Müller et des

l’avance technologique...

vention en ambiance contaminée NRBC

spectromètres à base de cristaux Nal(TI),

par la France. Une « labellisation » qui

BGO et CdZnTe (CZT). Les enjeux sont

L’excellence française était donc au

apporte de la crédibilité et une légitimité

associés aux problématiques de la sécu-

rendez-vous avec une impulsion forte

sécurité

NRBC-E, Ouvry a présenté ses équipe-

défense

dialogue direct avec les Ambassadeurs

rité intérieure (projet SECUR-ED destiné

donnée à une filière en construction qui

à améliorer la sécurité des transports

n’a pas manqué de se positionner, plus

urbains), de la sûreté nucléaire dans le

que jamais, au cœur de l’actualité et des

cadre du cycle électronucléaire, de la

débats de fond. Nouant de nouveaux par-

protection

expo-

tenariats et développant son poids sur la

Les risques et menaces NRBC-E consti-

sés (équipes médicales, chercheurs) au

scène internationale, la sécurité civile sera

tuent l’un des thèmes phares de l’innova-

traitement des déchets nucléaires et au

encore au cœur des discussions qui se

tion technologique qui se trouve à la croi-

démantèlement.

poursuivront dans les prochains mois avec

sée des chemins. « L’innovation pour un

IMS propose des solutions qui intègrent

de nombreux rendez-vous internationaux

monde plus sûr » était notamment le thème

des détecteurs miniaturisés, des inter-

au second semestre 2015. Mais avant cela,

de la journée « France à l’honneur » du 11

faces électroniques, et des protocoles de

les grandes questions du moment seront

juin dernier sur Interschutz. Essentielles et

communication garantissant la pérennité

débattues début juillet lors de la pro-

vitales, les technologies de rupture per-

fonctionnelle de la solution métier du

chaine réunion du COFIS dont beaucoup

mettent aux entreprises françaises de se

client sans remettre en cause les dévelop-

attendent des réponses et des actes, puis

positionner sur un axe de différenciation

pements logiciels existants.

lors d’une réunion qui rassemblera notam-

à la société sur les marchés extérieurs.

L’INNOVATION TECHNOLOGIQUE AU CENTRE DES PRÉOCCUPATIONS

des

professionnels

qui leur permettra de faire face à cette

ment le ministre de l’Intérieur et Emmanuel

concurrence démultipliée qui sévit sur le

La recherche fondamentale, le transfert

Macron, ministre de l’Économie. Le pro-

marché international.

de technologie et les compétences indus-

chain salon Interschutz se tiendra en 2020

Parmi les sociétés françaises représentées

trielles constituent donc le triptyque du

du 15 au 20 Juin.

et porteuses d’innovation en matière de

continuum technologique qui trouve son

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sécurité & défense magazine


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Actualités TRIBUNE

GESTION DE CRISE ET CONTINUITÉ D'ACTIVITÉ : ENCORE DU CHEMIN À PARCOURIR

Constat unanime, les risques majeurs sont désormais pris en considération dans quasi tous les domaines : environnementaux, climatiques/sismiques, industriels, NRBC... Aux quatre coins du monde, l’enjeu est identifié, le défi à relever colossal. Une prise de conscience s’est opérée mais pour autant un long chemin reste à parcourir.

curité & défense

© HCFDC

Rencontre avec Christian Sommade, délégué général du Haut comité français pour la défense civile (HCFDC)

D

es nouvelles technologies qui ont un

populations, des entreprises et une rési-

L’une des problématiques majeures

lience renforcée de la nation face aux

DES EXERCICES GRANDEUR NATURE

réside aujourd’hui dans l’anticipation et

risques et menaces majeurs.

la préparation « que peut-on faire pour

Le HCFDC, en partenariat avec les

Le Haut comité organise également

éviter ces catastrophes ? » mais égale-

acteurs institutionnels et privés concer-

toute la gamme des exercices : de

ment dans la réaction et la continuité

nés, a su développer depuis sa création

l’exercice de table à celui de terrain, en

« comment réagir face à la catastrophe et

en 1982, par Pierre Billotte et Maurice

passant par tous les types d’exercices de

assurer une continuité de l’activité ? » Ce

Schumann, une expertise unique en

simulation. Il assiste notamment l’État

sont des questions auxquelles, au travers

France en termes d’analyse et de suivi

pour la réalisation de la pression média-

de ses différents actions, le HCFDC tente

des risques et menaces majeurs, et de

tique simulée des exercices nationaux, il

d’apporter des éléments de réponses.

préparation de la nation aux risques et

organise au profit des opérateurs et des

menaces de natures exceptionnelles. Le

entreprises, des exercices de simulation

Association loi 1901, le HCFDC est un

HCFDC satisfait donc à un besoin crois-

dit de « place » c’est à dire en mode col-

acteur de la société civile, qui participe

sant des opérateurs d’infrastructures,

laboratif, dédié à la crue centennale en

à la réflexion sur la doctrine, l’organi-

des entreprises, des collectivités locales,

Île-de-France ou encore lors d’exercices

sation et les techniques de notre pays

de débat et de partage d’informations

dédiés à une crise terroriste, un black

en matière de sécurité sociétale. Ses

réciproques avec les différents services

out... Ces exercices ont pour objectif

activités visent notamment à être une

de l’État, les grandes institutions sur les

de tester la résilience des organisations

plate-forme d’échanges entre l’État, les

questions de sécurité sociétale et de

face à une crise grâce à une immersion

assemblées, les collectivités, les entre-

préparation aux situations d’urgence

totale au cœur d’un scénario dès plus

prises et les experts sur les questions

et de risques. Il étend désormais son

réaliste alliant outils de simulation, car-

touchant à la sécurité nationale, aux fins

expertise à la scène internationale.

tographie, tableaux de bord, pression

d’apporter une meilleure protection des

16

sécurité & défense magazine

médiatique...


Actualités Les participants testent leurs procé-

globale, des risques terroristes dans le

• Quels impacts provoquent les médias

dures et stratégie de continuité d’acti-

monde aux risques sanitaires, en pas-

temps réel (Chaine d’info continue,

vité depuis le siège de leur organisation

sant par les risques sociétaux ou encore

médias sociaux, diffusion multi-canaux)

respective et sont accompagnés d’ob-

technologiques ou naturels... Cette

dans le process de gestion de crise ?

servateurs pour les aider dans la gestion

plate-forme connaitra une extension

• Comment planifier sa gestion de

de la crise. Ces exercices bénéficient

internationale cette année. En effet,

crise lorsque l’on dépend des autres ?

désormais des nouvelles installations

à compter de juin, nous disposerons

La résilience face aux grands réseaux

du HCFDC et notamment d’une salle de

d’une nouvelle plate-forme implantée à

d’infrastructures

gestion de crise et d’un studio vidéo en

Singapour et en Septembre, une autre

plein cœur de Paris. Sans oublier l’exer-

aux Etats-Unis. Une internationalisa-

Ces 2 jours de rencontres et de débats

cice Corse 2015, qui, en mai dernier a

tion de nos activités nécessaires pour

réuniront près de 800 participants,

rassemblé les auditeurs de la session

répondre aux besoins des acteurs de la

autour de nombreux temps forts dont la

nationale sur un exercice de 36 heures

sécurité globale.

5e édition des Trophées de la résilience sociétale et la 6 e édition de la remise

en partenariat avec le SDIS 2B et avec le e

soutien du GIGN, du RAID et du 2 REP.

DES FORMATIONS SUR MESURE

AU CŒUR DES GRANDS ÉVÈNEMENTS

annuelle des Pavillons Orange. Un événement qui sera également l’occasion de présenter un nouvel outil : un SAS

Le HCFDC animera par ailleurs une

en temps réel permettant une ges-

conférence inaugurale sur la résilience

tion simultanée de crises multiples et

Le HCFDC réalise également des forma-

urbaine lors du salon APHS qui se tien-

différentes.

tions dédiées aux problématiques de

dra à Singapour en octobre prochain.

sécurité globale et de gestion de crise privilégiant

l’échange

Au cœur de cette approche globale de

d’expériences

Enfin, le HCFDC organisera en sep-

la gestion des risques majeurs et des

entre les acteurs de l’État, les entre-

tembre, les 17 et 18, la deuxième édition

crises, il faut impérativement se déta-

prises et opérateurs, et les services

de l’évènement Expocrise, le seul évè-

cher de cette fâcheuse tendance cultu-

opérationnels ; ainsi que des cycles

nement en France dédié à la gestion de

relle à la fatalité. Le risque d’être exposé

de formations continues dédiées aux

crise et la continuité d’activité. Pendant

est bien entendu réel, mais si nous

thèmes de “la résilience et la sécurité

deux journées de présentations et de

sommes bien préparés, nous avons les

sociétales”, et “pilotage et gestion de

débats, la conférence «Crise et conti-

moyens de réagir vite et efficacement.

crise”. Autant d’activités qui permettent

nuité : des concepts aux outils», à des-

Bien qu’aujourd’hui la problématique de

d’anticiper et d’aider les organisations

tination des collectivités territoriales

la préparation et de la gestion de crise

dans la gestion d’une crise ou d’une

et locale, des services publics et des

soit entendue, elle fait face à un manque

situation d’exception. Un positionne-

entreprises, établira un état des lieux

de moyens évidents. Les dispositifs

ment qui vise notamment à répondre

des dispositifs techniques, des savoir-

actuels sont sous tension car les risques

aux besoins de valorisation, vitaux, de

faire et des technologies utiles pour la

et les menaces augmentent. Mais para-

l’aspect humain et d’aguerrir les organi-

planification et la conduite opération-

doxalement, les dépenses stagnent

sations à la gestion de crises.

nelle en matière de gestion de crise et

ou pire, diminuent. C’est donc à nous

de continuité d’activité.

aujourd’hui d’innover pour accompa-

DES OUTILS DE VEILLE INTERNATIONAUX

gner cette prise en compte et faire évo4 tables rondes sont également pro-

luer les mentalités. Nous innovons donc

grammées avec pour thèmes :

à la fois dans nos outils et nos services

Le HCFDC opère par ailleurs une veille

mais aussi dans nos modèles de gestion

stratégique grâce à une plate-forme

• Outils d’analyse de risques, de veille

des coûts. Ces derniers doivent bais-

active 7 jours sur 7. À la disposition des

et d’alerte

ser. Cela passe inévitablement par le

directeurs de sécurité et de sûreté, elle

• Organisation de la gestion de crise : La

concept de mutualisation des informa-

procure ainsi une analyse pertinente,

révolution numérique des outils, l’impact

tions, des exercices et des outils. Mais là

en temps réelle et à 360° qui couvre

des réseaux sociaux, quelle nouvelle

encore, c’est un cap difficile à passer...

l’ensemble du spectre de la sécurité

organisation possible ?

sécurité & défense magazine

17


Dossier SPÉCIAL

SECURITY: A PREREQUISITE TO THE ASEAN ECONOMIC DEVELOPMENT

by Hugo Cardinal, Mélanie Bénard-Crozat, Elisabeth deElisabeth France, Sarah by Hugo Cardinal, Mélanie Bénard-Crozat, de France, Sarah Dutkiewiez, Dutkiewiez, Jade H., Constance Darnezont, Harper Ivy Harper Jade H., de Constance de Ivy Darnezont,

18

sécurité & défense magazine


Gathering around 630 M of inhabitants, ASEAN region has become the third biggest consumer market in the world (behind China and India). Economic forecasts are really optimistic in the region, with a current average annual growth rate of 6%. Security questions were a key point during the latest ASEAN summit. During this session, focusing on the creation of a single space among ASEAN countries, every participant agreed of the fact that security is a prerequisite to the regional economic development. Natural disasters, piracy in the Malacca Strait, terrorist risks, industrial and infrastructural development and technology dependence are many challenges that local authorities have henceforth to tackle to elevate ASEAN at world leading union level.

sĂŠcuritĂŠ & dĂŠfense magazine

19


Dossier SPÉCIAL MAJOR RISKS:

© Somjin Klong-ugkara - Nepal 2015

ASIA MOST AFFECTED BETWEEN NOW AND 2100

N

obody today can claim to be invulnerable... There is a multipli-

city of risk in both number and type. Financial crisis, corruption, trafficking of drugs, medicines and people, cyber attacks, terrorism or natural and technological disasters, etc. the risks are huge and the planet a playing field without boundaries. The victims are large vitally important operators, critical infrastructure and States. Major risks, whether technological or industrial, natural or of well-being, or of significant threats are numerous and affect every part of the globe. A natural disaster instantly costs hundreds of billions of dollars, implying

dead, 55,000 missing and more than 2.4

rising levels of greenhouse gases emitted

10 to 20 years of reconstruction for the

million affected, and Typhoon Haiyan (or

by human activity and the growing violence

communities affected. The magnitude 7

Yolanda) in the Philippines in 2013 which

of tropical storms. The area, bordered by

earthquake that hit Haiti in March 2011, for

left more than 7,000 dead and damage

seas and oceans, faces substantial climate

example, in which 230,000 were left dead,

amounting to € 10 billion, due to the lack of

risk due to the contribution of global war-

300,000 injured and 1.2 million homeless

methods of protection (dykes, permanent

ming. A study of the region by the Asian

cost in the order of $ 14 billion, according to

refuges and civil security). The Philippines

Development Bank1 considers that the

a study by the Inter-American Development

was also hit by Typhoon Hagupit (or Ruby)

impact of this phenomenon, taking into

Bank. Katrina cost nearly $ 150 billion and

in December 2014.

consideration the risk of disasters occurring,

the latest estimates from the Japanese

Recently, it was Nepal that was struck by a

would be 6.7% of GDP annually between

government on the consequences of the

powerful earthquake of magnitude 7.9, fol-

now and 2100. This would signify a much

magnitude 9 earthquake that struck the

lowed by several aftershocks.

greater impact in the region than in the rest of the world where it would amount to 2.2%.

area of Sendai in March 2011 in north-eastern Japan are in the order of $ 350 billion.

Far from being spared, therefore, the Asia-

According to the OECD, the «total cost» of

Pacific region seems to be ever more vulne-

the earthquake, the tsunami and resulting

rable to natural and weather-related disas-

accident at the Fukushima nuclear plant “is

ters; in addition to industrial disasters. In

not yet known, but the first official esti-

the decade 2003 - 2013, about 200 million

While being highly vulnerable to natural

mates put the losses in physical capital at

people per year were affected by natural

hazards, coastal areas attract a large popu-

between 3.3% and 5.2% of annual GDP“.

disasters in this region (tsunami, cyclones,

lation due to the resources they provide.

This is equivalent to 5 times the cost of the

floods, typhoons...).

Most large municipalities which form the

RAPID URBANISATION: ONE OF THE MAIN CAUSES

economic heart of the area and include the

7.2 magnitude earthquake that hit the city of Kobe in January 1995... South-East Asia

According to the 2013 report of the

major infrastructure are located in this part

has experienced other major disasters in

Intergovernmental Climate Change Panel

of the territory. In the Philippines, ten of

recent years, including Cyclone Nargis in

(IPCC), convincing scientific links have been

the country’s most important cities would

Myanmar in 2008, which left at least 77,000

established between 1. The Economics of Climate Change in Southeast Asia: a Regional Review, Banque Asiatique de Développement, octobre 2009

20

sécurité & défense magazine


Dossier SPÉCIAL be under threat by rising sea levels and the risk of natural disasters (earthquakes, tsunamis, typhoons, floods, volcanic eruptions). In total, 60% of Philippine cities are at risk. These risks may result in disruption of transportation networks and generally paralyse business activities. These collective risks are indeed “the inevitable result of the interdependence of our very urban social models and above all the exceptional population growth that has marked the last two centuries. Furthermore, 70% of the world’s population seeks sustenance, work and prosperity on coastlines, deltas and the surrounding areas. Yet the majority of these coastlines that provide us with our livelihoods are exposed to major risks: earthquakes, typhoons, cyclones, tsunamis, monsoons ... and inevitably produce events with regularity of the severity of Fukushima, Katrina or Port au Prince. What is almost surprising is that we do not have them more often when we simply superimpose the seismic and climate risk mappings over the areas of human settlement. Risks to which man is totally helpless, and to which he will one day admit the deadliest in history - which generated

Some of the member countries hardest

able to forecast them, but it will be hard

a tsunami twenty minutes later of around

hit by the Indian Ocean tsunami are now

to control them“ explains Xavier Guilhou,

30 metres high affecting Indonesia, the

better prepared, both to prevent disasters

CEO of XAG Conseil (firm specialising in

coasts of Sri Lanka and southern India,

and to deal with them once they have

risk prevention and crisis management)

as well as the west of Thailand - the worst

occurred. However, much remains to be

and also (reserve) Navy Captain.

tsunami on record - the countries of the

done to further improve disaster resilience

Taking into account that human beings

region seem better equipped to deal

“by prioritising the improvement in data

will number 9 billion people by 2050, with

with these tragedies. “However, their pre-

distribution on the sectors and livelihoods

the rate of urbanisation rising from 40% to

paration can be improved further,“ said

affected, the risk assessments and monito-

60%, this problem will not go away...

the United Nations Food and Agriculture

ring.“ the FAO declared.

sécurité

so with a little more humility. He may be

A REGION NOW BETTER PREPARED THAN 10 YEARS AGO

Organization (FAO). Mr. Hiroyuki Konuma, Assistant Director General of the FAO and Regional Representative for Asia and

MANY LESSONS LEARNED AND ACTED ON

the Pacific stated “What we have learned

Ten years after the December 2004 earth-

through our Member Countries, and what

Before the tsunami, countries took mea-

quake in the Indian Ocean that occurred

has been implemented is impressive, is

sures to respond to crises rather than to

off the Indonesian island of Sumatra with a

that we can and we must do moreto fore-

prevent them, primarily to save lives rather

magnitude of between 9.1 and 9.3 - one of

cast disasters and mitigate their effects.“

than safeguard them. Since then, there

sécurité & défense magazine

21


Dossier SPÉCIAL has been a paradigm shift and preventive

as well as mitigating their effects and

Cambodia,

protective

dykes

against

measures to reduce the various risks asso-

protecting their food and agricultural sys-

flooding were built, and an early warning

ciated with natural disasters are now as

tems,“ said Mr. Konuma. “The example of

system in case of flooding is in place

important as the mitigation of their effects.

Typhoon Hagupit that hit the Philippines

throughout the country. In 2010, the Prime

There are clearly defined early warning

shows that the authorities quickly alerted

Minister of the Lao People’s Democratic

systems and evacuation routes in case

the population to take preventive mea-

Republic issued a decree on the national

of a tsunami in certain countries such as

sures, and the damages caused by the

strategy on climate change. Vietnam has

Thailand, which after the tsunami esta-

typhoon were much less severe than those

passed a law on the prevention and miti-

blished a national Department of Disaster

of Typhoon Haiyan that devastated the

gation of natural disasters and in 2007

Prevention and Mitigation. “It is clear that

centre of the country a little earlier.“

produced a national strategy for disaster

many countries in the region are now

Other ASEAN countries have taken mea-

prevention and mitigation of the effects.

better equipped to reduce the risk of natu-

sures to reduce risks of disaster and to

ral disasters of tsunamis and typhoons,

mitigate their effects. In Phnom Penh,

J

apan, susceptible to major natural and technological hazards, has developed an ambitious prevention policy in the wake of the Tohoku disaster of 2011, in which the explosion in the Fukushima nuclear plant came as a consequence of the earthquake

and subsequent tsunami.

The Tohoku disaster was both deadly and costly. In effect it left more than 19,000 dead and missing and has cost Japan $ 210 billion, or 4% of its GDP. However, this disaster was not so “deadly” when compared to other similar disasters that occurred in poorer countries causing over 100,000 deaths, as was the case in Haiti in 2010. However, it is one of the most expensive disasters in history. On the one hand, a developed country can implement risk prevention systems that limit the vulnerability of its population and which saves lives. On the other hand however, natural disasters are economically costly as they destroy great quantities of material goods and disrupt economic activity. Japan has established “a sophisticated prevention and early-warning system“, including especially a system to warn the population in case of tsunami risk and the construction of earthquake-resistant buildings: there are 2,000 buildings of this type in Japan “versus less than 400 in the rest of the world“. The Japanese population is taught from kindergarten what to do in the case of a natural disaster. The risk prevention system implemented in Japan therefore covers both the education of the population as well as protective measures to prevent the collapse of buildings during earthquakes thanks to the use of anti-seismic standards, measures that allow the organisation of relief in the case of disaster (aid to the injured, search for the missing, relief to those affected, etc.) and finally educational methods that encourage people to buy into the “risk culture“. Policies which must be readjusted after each disaster. “Many examples in Northern Europe, Canada and Asia demonstrate that it is possible to connect with an audience and empower the public. This initially proved useful to the Japanese whose whole disaster response system is based on education and a capacity to inform and mobilise the entire population. Their exemplary attitude when faced with the Sendai tsunami and the explosions of the Fukushima reactors should make us think seriously about our own abilities and aptitudes.“ explains Xavier Guilhou. Of course risk prevention, crisis management and business continuity are policies that represent economic expenses and significant investment for poor countries such as Haiti and Nepal, which cannot afford anti-seismic buildings, warning systems and effective aid. Japan, the world’s third largest economy, is able to implement preventive measures that increase its disaster resilience. This topic will be one of the main themes addressed and discussed during the first Asian event dedicated to Homeland and Civil Security to be held in Singapore in October.

Ikata Nuclear Power Plant

22

sécurité & défense magazine


défens

Dossier SPÉCIAL

The solutions in the management of major

which is now the costliest we have seen in

risks are therefore to be found through the

terms of claims (excluding World Wars), is

great aspirations of resistance, resilience,

in this respect full of lessons to be learned.

governance, accountability of coexistence,

Everything depends on, and will depend

new risk philosophy, and a restoration of

on more and more, a collective sense of

confidence. “The best positions are those

a return to trust.” thus concludes Xavier

which have managed to master the events

Guilhou.

and reconstruct destroyed systems with a

A key point that is sure to be addressed

measured sense of empathy and responsi-

by the ensemble of international players

bility at all levels to ‘restore confidence’

scheduled to meet in Singapore in the

of the population. The construction of

latter half of the year.

the responses to the Japanese disaster,

CAE BRUNEI MULTI-PURPOSE TRAINING CENTRE (MPTC)

is safe and cost-effective for procedural, familiarization and emergency training. The CAE Brunei MPTC offers comprehensive classroom and simulator instruction for these platforms.

sécurité & écurité

The CAE Brunei Multi-Purpose Training Centre in Brunei Darussalam was established in 2012 as a joint venture between

In addition, the CAE Brunei MPTC has established an Emergency

CAE and the Government of Brunei. The development of the

and Crisis Management Centre of Excellence that will provide rele-

integrated training facility for the CAE Brunei MPTC was comple-

vant local authorities such as Brunei’s Ministry of Home Affairs and

ted in 2014 and the facility officially started training in September

National Disaster Management Centre (NDMC) with comprehen-

2014. The CAE Brunei MPTC, located in Rimba, Brunei, near the

sive training designed to better plan and prepare for emergencies.

Brunei International Airport, is a world-class training facility that

Using simulation-based training, the CAE Brunei MPTC is offering

is staffed and operated by Bruneians. The CAE Brunei MPTC

emergency and crisis management training programs that will

plays a key role in further developing the defence, aviation and

help improve coordination, response and operational decision-

emergency/crisis management market segments in Brunei.

making during a range of emergency scenarios. The CAE Brunei

The CAE Brunei MPTC is one of the region’s largest helicopter

MPTC will also be offering emergency and crisis management training to the Association of Southeast Asia Nations (ASEAN).

simulator training facilities. CAE has designed and manufactured one CAE 3000 Series helicopter mission simulators represen-

The CAE Brunei MPTC plans to offer additional simulation-

ting the Sikorsky S-92 helicopter. The Sikorsky S-92 helicopter,

based training programs in the future based on market demand

which is used extensively by offshore oil and gas operators, is

and requirements, including training solutions specifically for

currently in operation at the facility. A second CAE 3000 Series

the energy, aerospace, and healthcare market segments as

helicopter mission simulator representing the S-70i Black Hawk

well as other segments of defence such as land and naval trai-

helicopter will be delivered to the facility by late 2015. The

ning solutions. The CAE Brunei MPTC will serve customers

CAE Brunei MPTC also offers training for the Pilatus PC-7 trai-

in Brunei and the surrounding Southeast Asia region while

ner aircraft. The PC-7 flight training device (FTD) complements

helping to grow high-technology, knowledge-based industry

PC-7 pilot training programs by providing a flight simulator that

in Brunei and provide high-quality jobs for the local economy.

sécurité & défense magazine

23



sécurité défense

Dossier SPÉCIAL

SOUTH-EAST ASIA CONSTITUTES

A MAJOR SECURITY CHALLENGE FOR FRANCE

T

he French stance towards what is one of today’s most promising markets leads us to question its position in this area. Is it taking advantage of a confirmed legitimacy, does it have credibility with the nations? Does it already

have a well established local network? “France has proposed that its liaison officer be present in the new HADR (High Availability Disaster Recovery) centre in the fight against natural disasters to see if the centre works and if a full-time

person is needed. France can make a useful contribution in the management of natural disasters, given its expertise and its advanced technology in satellite imaging, useful for prevention, as well as reaction. It is credible in this role. CNES

(Centre National d’Études Spatiales) already provides maps of disaster areas produced from French satellite images in

order to help organise relief. The space agencies which signed the “International Charter on Space and Major Disasters” in 2000, of which CNES is co-founder alongside the ESA (European Space Agency), have in fact pledged to provide

satellite data free of charge and on a voluntary basis, to security officials of civil authorities in areas affected by all

kinds of natural disasters - mainly meteorological, seismic or volcanic - or human - such as massive pollution - in order to most effectively

organise relief to the victims and manage the crisis.” argue

MPs Gwenegan BUI and Jean-Jacques GUILLET in their paper on “Les

émergents d’Asie du Sud-Est” (The

emerging market of South-East Asia).

CAPITALISING ON A NOTABLE HISTORICAL PRESENCE

supplies and two thirds of its total container traffic crosses the China Sea. If this movement across the China Sea is disturbed or blocked, the consequences would be massive. “Finally, France may be targe-

France has interests in the region as a permanent Security Council

ted by threats such as terrorism (the control of products exported to

member, but is also directly concerned with the security of the

Iran and Syria from Asian ports is still insufficient), smuggling, drug

region, as a naval power and a traditional US ally contributing to the

and human trafficking. A few hundred Australian fighters are in Syria

stability of the region and a potential victim of threats. The French

(200,000 Syrian-Lebanese live in Australia) and the way we structure

community has probably more than 60,000 people in the area, and

our intelligence services is essential” added the two MPs recalling

another 1.2 million French citizens visit South-East Asia each year

that “within the strategic plan, France has a historically strong pres-

for business or tourism.

ence that it can capitalise on. It is the only European country to have

The 2013 French White Paper on defence and national security

forces throughout the Indo-Pacific region, something that should

notes that Asia’s geopolitical balance, nationalist rivalries, prospe-

be better exploited.”

rity and growth directly concern us and that a major crisis in Asia would have very serious consequences for Europe. As an integral part of world trade, France is particularly dependent on its marine

sécurité & défense magazine

25


sécurité & défense sécurité & défense sécurité

Dossier SPÉCIAL A DIPLOMATIC-MILITARY NETWORK TO BE MAINTAINED

INTEGRATION INTO REGIONAL ORGANISATIONS

Asia a “pivot”. The presidency of François Hollande has in fact revived its attention in Asia. “An area of priority in the realm of

France maintains a diplomatic-military

Furthermore, it is necessary to be part

economic diplomacy, it also represents a

network in South-East Asia of five resident

of regional organisations. Membership

strategic challenge for France in the global

defence attachés (Indonesia, Malaysia,

of

Cooperation

geopolitical positioning of the country.

Singapore, Thailand and Vietnam), a civil

Agreement on Combating Piracy and

French policy towards the countries of

protection expert with a regional focus in

Armed Robbery against Ships in Asia) is a

the region has been revitalised through

Singapore and 4 internal security attachés

short-term goal. Participation in this orga-

ongoing visits to expand the links between

(Indonesia, Singapore, Thailand and Laos)

nisation will have practical consequences

France and all Asian countries” explains

and a French official is also present within

such as the sale of radars, surveillance

Hadrienne Terres in his IFRI publication

the cited IFC (Information Fusion Centre).

equipment, as well as cooperation acti-

entitled ‘Le « pivot » français en Asie’. But

France has a General Navy Officer com-

vities involving training and participation

France is not the only European nation

manding the maritime area of the Pacific

in exercises. “Integration in ReCAAP is

to have engaged in this process. The

and the maritime forces of the Pacific

important because it would strengthen

UK is also following this path. Some see

Ocean: ALPACI. It has jurisdiction over

our strategic influence by reinforcing our

it as “the platform of a future European

the maritime area of ​​the Pacific Ocean,

alliance with Japan and Singapore who

policy”1. The possibility for France to

stretching from the Indonesian straits, to

lead the initiative. It is also an interstate

exert real Asian policy therefore lies in

the Australian coast and the meridian of

organisation

member

the European framework... According

the southern cape of Tasmania in the west,

states under a formal framework including

to Laurent Fabius, France must “register

to the US coast in the east, and reports

a dialogue on maritime safety in the south

[its] diplomatic ambition in the European

directly to the Chief of Staff of the Armed

of Palawan between defence attachés.

context. Only Europe is big enough; only

Forces as well as the commander of naval

Participation in these regular thematic

the EU can allow us to talk as equals with

forces. It is also very active in defence

working groups would integrate France

the United States and Russia today, China

diplomacy with all countries in the region,

into the strategic plan” note MPs BUI and

and India tomorrow. 2”

and continually seeks to build and develop

GUILLET.

military cooperation with them. “France is

Other contributions reinforce the credi-

“The European Union now has a mono-

presented as an Indo-Pacific country with

bility of France in security matters. All

poly on important trade negotiations in

a projection of strategic capability” argue

cooperation initiatives that add to the

the region, and from this perspective plays

the two deputies.

stability of the area allow France, through

a unique role. However, the European

being involved, to access information,

Union today is currently unable to for-

ReCAAP

(Regional

comprising

18

France can contribute to regional secu-

accumulate knowledge, extend links with

mulate an effective foreign policy, due to

rity. On the defence front, France must

these countries and enhance its expertise

many divergent national voices within it.

demonstrate that it brings knowledge and

and positive contribution. “Do not unde-

While some Asian diplomats want Europe

experience of managing world affairs, as

restimate the importance of French parti-

to play a greater role in Asian security, the

a permanent Security Council member, it

cipation in the Information Fusion Centre

European Union does not seem able to

has experience of crisis management and

(IFC) which contributes to the exchange of

answer that call... and in addition, spea-

also an autonomous intelligence capabi-

information on maritime security in South

king of a ‘pivot’ to Asia when budgetary

lity. It is important that France is seen as

Asia” the two minsters declared in their

constraints limit French projection capa-

a partner throughout the region. “Other

paper presented in February.

bilities may seem inadequate. Despite

countries such as Germany are trying to

proactive discourse with ambitious goals,

position themselves. France has the advan-

tage of being a permanent member of the

AND WHERE DOES EUROPE FIT INTO THIS?

Security Council and has an observation satellite industry that offers independence

To stave off economic decline and the loss

from US information sources. It must play

of political influence,

that card” they continue.

like the United States, France has also made

26

sécurité & défense magazine

the future of French foreign policy in Asia finally appears very uncertain” concludes Hadrienne Terres.

1. Anna di Mattia and Julia Macdonald, 2014, op. cit. 2. Laurent Fabius, « Diplomatie française : passer de la posture à la stratégie » (French Diplomacy: moving from the posture to the strategy"), Revue internationale et stratégique, no 1/2004.


Dossier SPÉCIAL A MARKET IN NEED OF STRUCTURE:

BETWEEN THE EXPRESSION OF NEEDS AND THE SUPPLY OF SOLUTIONS Thales in South East Asia

T

he

problems

are

recognised.

The axes of work and effort are

known. To better prepare, more conscious of the challenges they face

with respect to security and major risks, South-East Asia is searching for

technical and operational solutions in

many sectors to anticipate and pre© Thales

vent, but also to process and react.

This translates into command posts, means of transmission, metrological and seismic systems, power resources, pump systems, NRBC equipment, fire fighting equipment,

years. Furthermore there has been in 2014

is to bring security, safety, growth and

property and life saving devices, drones,

a double digit increase in order intakes for

development for States, economies and

land robots, vehicles, field hospitals, sani-

Thales in South-East-Asia compared to

people in the region; this includes mee-

tary means for treating the wounded and

2013. The civil domain (Aerospace, secu-

ting the needs of State sovereignty. To this

dead, helicopters, means for democratic

rity and transportation) represents half of

end, Thales is present in the Homeland/

control of crowds, means of protection...

the revenue.

National Security market and has operational command & control centres in

The list is endless...

Singapore for the Police and the Civil

for Thales in South-east Asia, the Group

Defence Forces.

established locally and regularly enter new

already has strong references in this

markets. However, preparation and orga-

domain: modernisation of Changi airport

nisation is required to address the Asian

(Airport

market.

radars offer for geopolitical situation and

sécurité & défense

Even if the security market is quite new Some French companies are already well

security),

Thales

surveillance

piracy (Malacca strait, Indonesian archipe-

MEETING WITH MARIE LAURE BOURGEOIS, HEAD OF THALES IN SOUTH AND SOUTH-EAST ASIA.

lago, South China Sea). In addition, with the rapid urbanisation of South-East-Asia, we are exploring new opportunities in securing cities, including

“Thales’s presence in the South-East-Asia

critical infrastructure (airport and oil &

region has been established since the

gas infrastructures), cyber networks and

1970s and now covers widely the region.

maritime borders. With reference to the

We have industrial facilities in Singapore

securing cities, the region is building up

and Malaysia. We also have sales and

its infrastructure and networks, espe-

business development team in Indonesia,

cially in urban areas, Thales is addres-

Thailand and Vietnam.

sing these upcoming opportunities and

The South-East-Asia zone is important to

leveraging on our leading technologies

Thales as the region represents around

and innovations in smart cities (Security

500M€ and is constantly growing: we

and Transportation). By leveraging tech-

expect around 50% growth in the next 5

nologies and innovations, Thales’s vision

sécurité & défense magazine

27


Dossier SPÉCIAL Furthermore Thales participates in the

One of our strategies, in increasing our

currently available on the international

fast, safe, secure and sustainable econo-

industrial footprint is to develop key local

market.

mic development of critical infrastructures

partnership. This addresses a general

such as, Airports. Thales had an integral

request from the authorities of the regio-

role in the modernization of the Changi

nal countries to develop their local indus-

Aiport in Singapore. Moreover, as part of

trial capabilities in order to gain more

Thales’s growth strategy, we want to pro-

autonomy and sovereignty.

vide convenience, attractiveness and well-

As

THALES

COGES, a subsidiary of the GICAT (French

being for the inhabitants of the region, this

Electronics Sdn Bhd (STE) is a private

land defence and security industry asso-

is demonstrated in the metro contracts in

limited company registered in Malaysia.

ciation), is pursuing its expansion by see-

Singapore and Malaysia.

Established in 1996, STE is a joint venture

king to provide industrial manufacturers

an

example,

SAPURA

THE APHS CONCEPT: THE ASIAN EVENT DEDICATED TO HOMELAND AND CIVIL SECURITY

with effective means to develop business.

Malaysian conglomerate and Thales. The

This year, they have chosen South-East

Innovation Hub in Singapore, a multidis-

Joint venture operates in the communica-

Asia and Latin America because they are

ciplinary establishment inspired by Asian

tions sectors.

both among the most dynamic regions in

concepts, Asian Innovation and Asian

Today, the region employs around 800

the world. They also have well-identified

Thinking. The hub will engage customers

workforces. By attracting new talents and

needs in Defence and Security.

and use new concepts and practices, such

especially new local talents, Thales focuses

as Design Thinking to identify needs and

on the development of the skills locally in

jointly develop solutions. The innovation

order to support future successes. This

team for the hub benefits from govern-

approach is key in better understanding

ment supports and partnerships with

the local market.“

Singapore’s institutions, as well as a global network of Thales innovation teams. Innovation is at the heart of Thales’s strategy. Innovation is the key to our future and

PREPARATION AND ORGANISATION TO ADDRESS THE ASIAN MARKET

curité & défense

company between Sapura Holdings, a In October 2014, Thales inaugurated the

MEETING WITH PATRICK COLAS DES FRANCS, COGES-EUROSATORY CEO ; AND JIMMY LAU, COGES ASIA CHAIRMAN

What groundwork did you do for these new exhibitions and what assets did you rely on to organise them overseas?

underpins the three pillars of our strategic

One of the useful vectors in this structure

vision: growth, performance and people.

is international events that aim to bring

Research is a crucial source of innovation

together all the relevant stakeholders:

In both cases, we relied on local resources.

for Thales. It allows us to anticipate the

governments, institutions, local authori-

APHS is organised by a company based

requirements of our customers and work

ties, public and private companies that

in Singapore working with a local team.

with them as partners in order to build

play a predominant role and need exper-

The company’s CEO is Singaporean and

innovative solutions that customers need

tise and major innovation in this evolving

is a former executive of Reed Asia and

and want. This dedication to «co-innova-

field, integrating all the major risks related

of the Singapore Air Show. In Bogota

tion» is one of the main enablers of Thales

to prevention, protection, surveillance,

too, a Colombian company is managing

sustainable growth and performance.

detection, identification, analysis and res-

EXPODEFENSA. COGES provides its

ponse activities.

know-how, its international network and

The South-East Asia region could be

All of them will be looking for new ideas

its databases for both of the exhibitions,

considered as a business hub itself. As the

on how to better prepare themselves to

which are each backed by the local

security market is quite new for Thales,

face major risks, or how to act when faced

government authorities.

the expected growth is significant in the

with a disaster, or even to discuss recent

civil domain especially in smart cities.

phenomena and draw the first conclusions

Singapore has a very clear focus on security

Thales has been present in the region for

during the first ever APHS exhibition, (sup-

and emergency preparedness. Eurosatory,

a long time with numerous transportation

ported by the organisers of Eurosatory)

which was initially very Defence-oriented,

contracts. Adding the focus on infrastruc-

to be held in Singapore in October. This

has also since expanded into security.

tures protection and citizen protection,

meeting is also expected to address the

Would you describe this move as a strate-

smart cities is now at the heart of our work.

problems linked to the fight against terro-

gic change of course?

Thales works on different projects but I

rism, border security and maritime areas,

can’t give you details.

as well as the solutions and innovations

28

sécurité & défense magazine

Although the two areas differ in context,


Dossier SPÉCIAL Jimmy Lau, COGES ASIA Chairman

particularly on a legal level, in recent years

The number of defence and security events

we have seen the technologies converge

is growing worldwide. How do you make a

towards what is commonly known today

difference?

as the «Defence and Security technology continuum». The great majority of compa-

It’s the quality of our services that makes the difference: a high number of pro-

areas. So it’s not a change of course; our

fessional visitors, carefully chosen and

exhibitions, like those of our competitors,

well-managed official delegations, good

are today «defence and security» events.

quality business tools, etc. Exhibitors

sécurité

nies indeed supply solutions for the two

and visitors will attend these events

These two international exhibitions repre-

because they will find what has made

sent a new challenge for COGES in them-

EUROSATORY the world leader in its

selves. But what are the specific challenges

category. There are numerous defense

of each one?

and/or security shows, and the goal will be to leverage on the key elements res-

– Eurosatory, and GICAT. The latter is

Together with our partners in Singapore

ponsible for our past successes and adapt

a French association of the land and air-

and Bogota, the challenge for us lies in

it to APHS, to differentiate ourselves with

land defence and security industry, and

organising the APHS and EXPODEFENSA

superior quality and authentic opportuni-

Eurosatory, it’s flagship biennial event

exhibitions so that they offer exhibitors

ties for all participants.

organise via COGES. The team that helped

and visitors the same quality of service

The inaugural event will expect about 250

Eurosatory succeed [over 175,000 square

and the same return on investment as

exhibitors, 7,000 to 10,000 visitors, and

meters of exhibition space in 2014] is fully

EUROSATORY. To do so, we apply the

400 conference attendees.

invested in bringing success to APHS. With

same methods on which we have built our

Asia Pacific Homeland Security is the

an association as a parent organisation,

success, while adapting them to the local

leading disaster management and civil

the objective to create sustainable busi-

context. Our ability to produce exhibitions

security event, enabling greater prepare-

ness and networking opportunities has

that really stand out thus hinges on our

dness and resilience through collaborative

been evidently successful, with Eurosatory

know-how and our perception of these

solutions.

being in its 25th edition in 2016.

local realities.

Key themes are Urban Resilience, Disaster

The Asia-Pacific region also experiences

Relief, Crisis Management, Defence and

70% of the world’s natural disasters, often

Patrick Colas des Francs, COGES-EUROSATORY CEO

Security Leadership.

at a scale that requires both civil and military intervention, and benefit from cross-

What are today the major chal-

border collaborations. The growth also

lenges in Asia and how APHS

means denser cities with more lives at risk,

intends to give some answers?

and greater economic loss in a crisis. As such, private sector development in conti-

Asia presents one of the few key

nuity planning is also key to preparedness

growth regions among the global

efforts. All these present a complexity that

economies, while the distinct cultu-

the scope and theme of APHS, and the

ral identity of each country neces-

team behind it, may offer a timely platform

sitates a personalized approach for

for sustainable solutions. Homeland secu-

each market. However, shared eco-

rity spending will center on equipment

nomic goals, and ASEAN being

and technologies that could avert and pro-

among the most successful grou-

vide resilience against the threat of cross

ping, reflects the potential effec-

border terrorism, cyber fraud and cyber-

tiveness of a business-oriented

crime, CBRN threats, piracy, drug trade,

strategy.

human trafficking and internal dissent.

Among

large-scale

exhibitions

Nowadays, Asia-Pacific is a major area

and conferences, APHS has a

of tourism development with a strong

unique heritage of two elements

increase in infrastructures such as hotels,

sécurité & défense magazine

29


Dossier SPÉCIAL

OFFICIAL AND PRIVATE DELEGATIONS

entertainment parks, equipped historical

by almost 15 times since 1970 while the

APHS will also offer a range of dedica-

sites, casinos, etc. These facilities require

region’s GDP only grew five times, sug-

ted services and outstanding features

devices and systems allowing the authori-

gesting that building resilience to disas-

to achieve success: one-to-one business

to the security of its critical infrastructure,

trillion was lost.

conference program. A conference day

as with other similarly sensitive infrastruc-

It will be interesting to look at the deve-

Thanks Singapore Government support, APHS15 toand welcome up contact ters is likely a necessary condition for expects ties to prevent threatsto andthe problems. meetings exhibitors-visitors protecting the region’s growth prospects. Moreover, to investments in oil andPrivate gas service. To give a global overview of this 70 Official and Delegations (more than 200 people) and high profile Just basedentities on natural disasters within this infrastructure have increased, and to the following Asia Pacific Homeland guests belonging from more than domain, 30 countries (Non Security same timeframe and region, over US$1.15 industry is facing rapidly evolving threats will join an international exhibition to a Exhaustive list):

on the subject of “Security: Urban resiCountries & international Entities Positions lopments toward urban resilience, which lience facing major threats and hazards” is tures around the region. organizations* involves private and public sectors. Major international APEC companies are based Ministry ofboth Defence Minister already scheduled on October 27th. This As with any new markets, it may be a better conference will bring together leading in this region and need security solu- Home ASEAN Ministry Under-Secretary tions to protect their personnel and their Ministry strategy recognize each Asian market experts from the distant corners of the Australia of to Transport Permanent Secretary Bangladesh Ministry of Tourism Army Chief of Staff sensitive infrastructures. They also need as very distinct, and be ready to not just globe to address the matter of resilience Brunei their Darussalam Technology of Staffall the angles, figures, analysis, devices to monitor complex systems Defence adapt and the strategy, but even to buildJoint one Chief covering Chief Executive Officer and facilitiesCambodia (for example: pipe-lines, oil Agencies up from scratch. Studies of cultural dimendiscussion, feedback... with 2 subsequent Canada Ports Authorities Director General sions, such as those by Geert Hofstede, and gas platforms, mining sites, nuclear workshops. The first one will be devoted Fidji Railways Companies Security Managers may be of help. plants, hotels, transportation, leisure and to Lessons Learned from large disasters India Airports Authorities Safety – Security Officer entertainment parks, etc.). These needs and Tsunami and Fukushima: What lesIndonesia Resorts and Mall Administration Chief Operating Officer Which challenges will COGES be taking up Engineer sons to learn to improve resilience? are all the Iran new exhibition will aim to Metropolitan Authorities Chief in future? A new answer. Japan National Center forexhibition Disaster in a different Chief Researcher country? The Defence second workshop will address the Kiribati Reduction Head of Civil Department Asia is the Eldorado theme Chain of KEYManagement EVENTS MANAGEMENT Malaysiafor French companies Firefighting and Rescue Corps Head of Supply Fighting The Companies priority is the success of APHS Head and FireFrom operating onMicronesia the spectrum of global secu- Power SARSDepartment to Global pandemic prepareMongolia Red Cross Director General Police dness andofEuro 2016 Security Planning. rity. How to approach this market for a EXPODEFENSA. But for the future, Myanmar UNISDR General Manager successful opening export and sustain its COGES will complete its exhibition portNepal National Police ChairmanThe event will be held in the Marina Bay folio with ShieldAfrica, an African security commercial presence there? New-Zealand Customs Administration Civil Defence Officer and defence exhibition which has been Sands Expo and Convention Center – Pakistan Borders Control Adm. Director Logistics A good approach to consider would be to held 3 times. Next ShieldAfrica will be Singapore, on October 28th to 30th, 2015. Palau Disaster Prevention and Director Operations leverage onPapua Singapore a jumping point Preparedness organized byCenter COGES in Abidjan in theEtc. first NewasGuinea to the rest ofPeople Asia. It Republic has a significant preshalf 2017. of China Stadium and Arenas ence of MNCs that serves as regional hea- Etc. Philippines (Non Exhaustive List) dquarters, and good of diplomatic Republic Korea relationSamoa ships with most. With the establishment of (Non Exhaustive List) Singapore the Changi Regional HADR Coordination Solomon Centre [RHCC], upon invitation by the Sri Lanka affected country, Singapore takes the Taipei lead in relief efforts, and inter-governThailand ment military coordination. The RHCC is Timor-Leste a good highlight Tongaof Singapore’s reputation for capability Tuvaludevelopment, and also enhances itsUnited diplomatic relationships. States In Asia Pacific, economic losses increased Vanuatu Vietnam The Asian Event Dedicated to Homeland and Civil Security Etc. *Alphabetic order 30 sécurité & défense magazine

Join COGES-EUROSATORY Events and increase your business opportunit

27


Dossier SPÉCIAL REMARKABLE ECONOMIC GROWTH: FOCUS ON A FLOURISHING MARKET By Business France – Arnaud Dupuis

FOUR COUNTRIES IN ASEAN FACING DIFFERENT CHALLENGES, WITH NEEDS IN EVERY SECURITY FIELD

France market share in ASEAN is about 1.5%, far below expectations. A 2014 report from the French Senate, “Regaining a foothold in South-east

INDONESIA – HUGE MARKETS, MULTIPLE NEEDS

Asia”, aims to define a global strategy to reinforce relationships between France

also an important threat for the archipe-

and ASEAN. Despite some difficulties

LOCAL CONTEXT AND COUNTRY

lago. Therefore, Government of Indonesia

(France is not directly a dialogue partner

NEEDS

allocated 4.2 Bn EUR to the Indonesian National Police in 2013, which will be

to ASEAN; on the contrary European Union is), the Senate’s commission settled

With the fourth largest population in the

used to buy equipment such as vehicles,

a strategic road map to rebuild France’s

world, Indonesia represents huge poten-

patrol boats, communication equipment,

position in the region. The first step of this

tials in every economic sector, including

forensic laboratory equipment, detection

road map was to identify and to evaluate

security.

and identification equipment and antiriot

local needs, in order for the commercial

Due to its geographical position, the

equipment. Other agencies have also

policy to be oriented. Security is one the

country suffers from natural disasters (tsu-

seen their budget reinforced to increase

main pillar of this strategy: with issues like

nami in 2004, multiple volcano’s eruptions

their capabilities (Directorate General of

natural disasters, civil defense, industrial

and earthquakes). In terms of security, this

Immigration, Directorate General of Tax

safety, border and maritime surveillance,

means multiple needs in various fields:

and Duty, Ministry of Justice, etc.).

ASEAN represents a huge potential for

civil defense to assist local population

Strategic economic industries, like oil and

French companies involved in this field.

(materials, training), crowd management

gas or mines, located in difficult-to-access

To address this large region, four pivotal

solutions, prevention and communication

areas (offshore platforms, rain forest)

states have been chosen, according to

tools.

concentrate important needs in terms of

their strategic and economic potential:

Even if Bali’s terrorist attacks happened

industrial security services and equipment,

Indonesia,

and

ten years ago, terrorist threats are still pre-

as well as protection from external threats.

Vietnam. These four countries concentrate

sent. Indonesian authorities are still loo-

Supported by the Government, major

therefore the strategic and commercial

king for materials and trainings to protect

infrastructural projects around the country

efforts of Business France in the region.

the 17 500 islands of the country. Piracy is

(airports, power plants, ports, railways,

Malaysia,

Singapore

sécurité & défense magazine

31


Dossier SPÉCIAL MALAYSIA – ON THE WAY TO MATURITY MRT, water supply, etc.), offer also lots of opportunities in the security and safety field. With the fourth population in the world, and an Internet network always expanding, cyber security will be a huge challenge for Indonesia in the coming years. Social network, e-commerce, needs

LOCAL CONTEXT AND COUNTRY NEEDS

will be high in terms of private life protection or secured transactions.

Malaysia is France second commer-

HOW TO ADDRESS THE LOCAL MARKET

cial partner in ASEAN, and a country approaches by many other powerful states (United States, Japan, United

Due to the low local production level,

Kingdom, etc.), due to its political

security products and services are mainly

stability and clear development plan.

imported from other Asian countries like

France benefits from a very good image

Japan, South Korea, Taiwan or China.

in Malaysia, and historically, relations

To

security

between the two countries have been

market, at least during the first stages, it is

address

the

Indonesian

good, if we do not mention palm oil

generally recommend using the service of

industry. Actually, just elected in 2009,

an agent or a distributor.

Prime Minister Najib Tun Razak chose

Key success factors in purchasing decision

France as first foreign country visited.

Private sector: regarding the private

on the market are the price, the ability to

In 2013, Malaysian budget for national

consumption, demands are concerning

finance projects, the technical skills of your

security was estimated at 1.2 Bn EUR,

mostly cybersecurity (smartphone secu-

products and/or staff and the after sale

while the safety and security sector global

rity, safe online transactions, etc.) and

service. Companies targeting the market

market is estimated at 1.8 Bn EUR (and

sites protection, whether industrial or

should be prepared to massively invest in

rising).

residential.

the development of local manpower skills.

Malaysia faces several security challenges. At the Thai border, regular terrorist attacks on the both sides, due to difficult mino-

HOW TO ADDRESS THE LOCAL MARKET

rities’ cohabitation weaken the stability of the region. Even if the country is not

Main competitors for French companies

directly threatened, international terro-

in Malaysia are foreign entities, coming

rist cells are supposed to be based in

mostly from the United States, Germany,

Malaysia (Jemaah Islamiah or the Islamic

China and Taiwan. Price is certainly an

State). Parliament is currently debating the

important factor in the customer decision

need of a new anti-terrorism legislation,

process; however, a recent trend gives

involving new needs in terms of materials

more opportunities to high quality solu-

and services.

tions, independently to prices. To address public markets (Government,

Basically, needs of the Malaysian market

national energy companies, airports, ports

are divided as follow:

railway, etc.), it is imperative to have a local representative, in charge of opportunity

32

Public sector: equipment for internal

detection and follow-up, contact identifi-

security, cybersecurity, video surveillance

cation and contract building. Private mar-

systems, coast surveillance systems, patrol

kets are easier to penetrate, an agent or a

boats,

reseller is generally sufficient.

sécurité & défense magazine


Dossier SPÉCIAL SINGAPORE – A MATURE MARKET NEEDING HIGH VALUABLE SOLUTIONS

sécurité & sécurité défense

LOCAL CONTEXT AND COUNTRY NEEDS

Security is one the three pillars on which the city is based, as well as efficiency and connectivity: Singapore is ranked second at the Economist Intelligence Unit Safe City Index 2015 (only Tokyo is ahead of the city-state) and safest city in the world. To reach this objective,

Panorama of Keppel Container Terminal, Port of Singapore, the world’s busiest transshipment

Singapore gives 7.5 Bn EUR each year

port

on its annual budget to security and defense programs (approx. 4% of its GDP).

HOW TO ADDRESS THE LOCAL MARKET

Regional headquarters of banks, trading

market is going to rise from 43 Bn EUR in

companies or leading multinationals,

2011 to 80 Bn in 2017 in Singapore.

Singapore could be highly exposed to

Apart from cyber security, Singapore aims

cyber criminality. Therefore, local autho-

to keep its position as a world leader in

Singapore is an open market and almost

rities develop programs to become a

the security field. The market is moving

every major player in the security business

regional hub in terms of cyber security

towards smart security solutions. High

is present there. Finding a representative

expertise. According to Mr Gian, direc-

end biometric security systems, premium

in the country is not difficult, and business

tor of the “Safety & Security Industry

police equipment and Intelligent CCTV

climate is considered as the best in the

Programme Office” (SSIPO, Ministry of

monitoring systems are actively sought by

world according to the “Doing Business”

Trade and Industry), the cyber security

local Government and companies.

ranking from the World Bank (in 2015).

VIETNAM – CONCENTRATING EFFORTS ON EMERGENCY SITUATION AND CIVIL DEFENSE LOCAL CONTEXT AND COUNTRY NEEDS The two main high potential sectors in Vietnam are the civil defense and emergency situation. Vietnam faces regularly typhoons and floods and has urgent needs in terms of materials to face these situations, as well as training to its different services. Moreover, the fast growing industrial complex is willing to benefit from expertise in industrial safety.

HOW TO ADDRESS THE LOCAL MARKET Most of security equipment is currently imported in Vietnam, due to a lack of local production. Origin countries of this equipment are China, Taiwan, Singapore, Malaysia, South Korea or Israel. One of the key to address Vietnamese markets in general, and specifically security markets, is to find the relevant representative to detect opportunities, evaluate specific needs and ensure relations with local administration.

sécurité & défense magazine

33


Titre / Vietnam – Concentrating efforts on emergency situation and civil defense

Dossier SPÉCIAL

Local context and country needs The two main high potential sectors in Vietnam are the civil defense and emergency Vietnam faces regularly typhoons and floods and has urgent needs in terms of materia these situations, as well as training to its different services. Moreover, the fast growing complex is willing to benefit from expertise in industrial safety.

How to address the local market PHILIPPINES AND THAILAND, ONimported TWOin Vietnam, due to a lack of local pr MostQUICK of security OVERVIEW equipment is currently Origin countries of this equipment are China, Taiwan, Singapore, Malaysia, South Korea o POTENTIAL TARGET MARKETS

One of the key to address Vietnamese markets in general, and specifically security mark find the relevant representative to detect opportunities, evaluate specific needs and ensure with local administration.

LOCAL CONTEXT AND COUNTRY NEEDS Regularly

facing

natural

disasters,

Philippines are also looking to solutions to face emergency situations. Some terrorist’s activities in the South of the country force local authorities to keep on the alert and to modernize police equipment. Finally, infrastructure quick development creates needs to protect them. The Thai defense expenditure is expected

Titre / Philippines and Thailand, quick overview on two potential target markets Regularly facing natural disasters, Philippines are also looking to solutions to face em situations. Some terrorist’s activities in the South of the country force local authorities to the alert and to modernize police equipment. Finally, infrastructure quick developmen needs to protect them. The Thai defense expenditure is expected to increase as a percentage of GDP from 1.5% i 1.8% in 2016. The above plans are for ensuring Thailand’s ability in coping with nationa threats, including maintaining internal security, fighting terrorist and separatist groups, border area disputes, and disaster recovery, all of which have become more prevalent years. Every field of the security industry is considered as highly attractive in ASEAN. Due to g position and various maturity levels, some countries can be identified as more relev particular industry than another, as shown in the table below.

to increase as a percentage of GDP from 1.5% in 2011 to 1.8% in 2016. The above plans are for ensuring Thailand’s ability in coping with national security threats, including maintaining internal security, fighting

Cybersecurity Crowd management Sites protection

terrorist and separatist groups, resolving

Emergency situation

border area disputes, and disaster reco-

Interior/Maritime security and surveillance

very, all of which have become more prevalent in recent years. Every field of the security industry is considered as highly attractive in ASEAN. Due to geographic position and various maturity levels, some countries can be identified as more relevant for a particular industry than another, as shown in the table below.

Indonesia Malaysia Singapore                                   

  

 

Vietnam            

As the French Minister of Foreign Affairs Mr Laurent Fabius said, speaking at A headquarter in August 2013: "France, too, has undertaken a "pivot". Not to blindly fo crowd, but because France wants to have a presence where tomorrow's world is being b Asia-Pacific region will clearly be central to TO the FRENCH 21st century." And to be central, secur BUSINESS FRANCE – COMMITTED SECURITY have to be tackled. COMPANIES Encadré / Business France – Committed to French security companies

Aware of commercial challenges of security markets, Business France, the

government agency supporting the international development of the French Number of security economy, accompanies several French SMEs in this sector every year. Either

As the French Minister of Foreign Affairs

through French Pavilion on trade shows, gathering several companies, or indi-

Mr Laurent Fabius said, speaking at

vidually in a specific country, around 50 companies in the security field benefit

ASEAN’s headquarter in August 2013:

every year from Business France services.

“France, too, has undertaken a “pivot“.

The CoFIS (Comité de la Filière Industrielle de Sécurité) aims to bring all the

Not to blindly follow the crowd, but

stakeholders of the security industry together with a double objective: provide

because France wants to have a presence

the security agencies and operators of essential infrastructure with reliable, value

where tomorrow’s world is being built. The

for money and tailor-made technologies and consolidate the French security

Asia-Pacific region will clearly be central to

technological base and enhance French security industries competiveness. Key

the 21st century.“ And to be central, secu-

point of the Comity roadmap is to promote overseas French expertise and tech-

rity issues have to be tackled.

nologies. Fully integrated to the Comity, Business France suggests international policy guidelines, proposes and implements concrete international operations for French SMEs. Moreover, Business France cooperates closely with the French security associations, such as GICAT (French Land and Defense Security Industry Association), GICAN (French Marine Industry Group), GIFAS (French Aerospace Industries Association) and clusters (EDEN, etc.).

34

sécurité & défense magazine


situation. als to face industrial

Business France est l’agence nationale au service de l’internationalisation de l’économie française.

roduction. or Israel. kets, is to e relations

Elle promeut l’attractivité et l’image économique de la France, de ses entreprises et de ses territoires. Créée le 1er janvier 2015, Business France est issue de la fusion d’UBIFRANCE et de l’AFII et dispose de 1 500 collaborateurs situés en France et dans 70 pays.

mergency o keep on nt creates

in 2011 to al security resolving in recent

geographic vant for a

Entreprises de la sécurité, nous accompagnons votre développement international sur :

Allemagne Düsseldorf

27-30/10/2015

Pavillon France sur A+A

ASEAN’s ollow the built. The rity issues

Inde-New Delhi 21-24/09/2015

Algérie-Alger 4-5/11/2015

Mexique-Mexico 21-23/09/2015

Colloque sécurité industrielle

Rencontres sécurité

Ethiopie Addis-Abeba 21-24/09/2015

Rencontres acheteurs Cameroun-Yaoundé Côte d’Ivoire-Abidjan

Rencontres acheteurs sur SmartCards Expo Indonésie, Malaisie, Philippines, Vietnam 30/11- 04/12/2015

Rencontres acheteurs MRO et Cies aériennes

23-27/11/2015

Colloque des nouvelles technologies de l’information

Pour plus d’informations, retrouvez-nous sur Contact : industrie@businessfrance.fr

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Dossier SPÉCIAL THE FIGHT AGAINST TERRORISM & BORDER SECURITY

D

espite the diversity of economic, political, religious and cultural backgrounds in the countries of South East Asia, the security issues are identical. Terrorism, cybercrime, human trafficking, pharmaceutical

crime, counterfeiting of security documents and money, and smuggling are all on the list of threats to be combated. These were all included in the programme of the 22nd INTERPOL Asian Regional Conference, held last April in Singapore in parallel with the inauguration of the INTERPOL Global Complex for

Innovation, a gathering of more than 160 senior Asia and South Pacific police officials that ended with the adoption of a series of measures to strengthen regional action against transnational crime.

Several recommendations also called

part of the Malacca Strait, a key transit

for support for the efforts of INTERPOL

for world maritime trade, Indonesia is

member countries in Asia in the fight

of particular importance in the issue

against cybercrime, the strengthening

of transnational terrorism. With the

of police cooperation and action against

establishment of American coope-

foreign terrorist fighters, and an increase

ration some improvement can be

in the use of tools and global INTERPOL

observed. The common interest in the

services in Asia, including its fingerprint,

fight against terrorism is manifested in

DNA profiles and firearms databases.

particular through American aid in the

TERRORISM: A THREAT FAR FROM UNDER CONTROL

establishment of anti-terrorism forces, and the reinforcement of intelligence capabilities or the organisation of CTX (CounterTerrorism Exercise) conducted within the

with especially strong links to the Middle

The problem of terrorism linked to armed

ADMM+ framework. Furthermore, the

East. In a region with porous borders and

separatist groups concerns the entire

Jemaah Islamiyah (JI) terrorist organisa-

busy shipping lanes, it is necessary to

region. These groups, such as the Islamist

tion, responsible for the Bali bombings,

consider that the progress made by each

Front in Indonesia, are characterised by

was partially dismantled following the

country in terms of security has a positive

their use of terrorist guerrilla methods. “It

arrest or elimination of the organisation’s

impact for all countries in the region and

is clear that despite the progress made,

principal leaders. Its spiritual leader, Abu

even on global stability. According to

terrorism is clearly not a ‘controlled threat’

Bakr Bashir, was arrested in August 2010

Senia Febrica, significant mutual benefits

in South-East Asia. The anti-terrorism

and sentenced to 15 years in prison in

could also be derived from better coope-

measures suffer persistent intelligence

June 2011. There is nevertheless a latent

ration between Singapore and Indonesia

failures and difficulties in adapting to

terrorist threat, as shown by the arrest of

or Malaysia, going beyond occasional

the constant evolution of the operational

former members of an organisation called

collaboration after an attack. “Indonesia

modes of these groups. In addition, today

“Hasmi” on the island of Java late October

should look to the model and techniques

and since the Mumbai attacks in 2009,

2012. A new anti-terrorism coordinating

employed by Singapore, above all with

there has been a clear change of terro-

agency was created in June 2010. The shift

respect to surveillance of information on

rist organisations in the area” says Senia

from a political Islam towards a combatant

the internet, monitoring prisoners and

Febrica, PhD Researcher, Department of

Islam is a subject of real regional concern,

taking decisive action against individuals.”

Politics, University of Glasgow. Located in

particularly to Singapore and Australia,

36

sécurité & défense magazine


Dossier SPÉCIAL IMPROVE AND INCREASE EXCHANGES

In 2014, the INTERPOL Counter-terrorism

during the course included the latest

Investigative

developments

“History and experience clearly show that

were held in Cebu in the Philippines

global police communications system and

the exchange of information is essential in

(26 - 31 October), and Bali, Indonesia

encouraging its increased use for sear-

combating all forms of crime, but we are

(1 – 6 December) with training participants

ching, adding and integrating information

still far from the domain of anti-terrorism,

from nine countries: Brunei, Cambodia,

into INTERPOL’s nominal databases, to

and this must change”, warned Jean-

Indonesia,

assist frontline officers at border check-

Michel Louboutin, Executive Director of

Philippines, Thailand and Vietnam. It has

points and general investigations.

INTERPOL's Police Services, who went on

been held in Asia to support law enfor-

The training also incorporated a two-day

to say “Countries must ensure that their

cement in their counter-terrorism efforts

meeting for high-level delegates, inclu-

front-line officers, particularly at the bor-

across the region. the training provided

ding heads of NCBs and immigration, to

ders where the criminals are at their most

an overview of INTERPOL’s forensic tools

discuss future projects on strengthening

vulnerable, have access to INTERPOL tools

and services available to support coun-

border management and strategies to

and databases, which contain critical and

ter-terrorism initiatives, including Notices,

boost international cooperation in comba-

potentially decisive police information for

Facial Recognition and the Automatic

ting terrorism.

the identification of fugitives and terrorists

Fingerprint Identification System.

There are also many concrete initiatives

seeking to evade the authorities” while

During the Cebu-based course, partici-

that contribute directly to the strengthe-

talking about the operations and trai-

pants also had a practical demonstration

ning of cooperation for enhanced regional

ning coordinated by INTERPOL to assist

on the effectiveness of different types of

security.

countries in the establishment of sustai-

explosives being used by terrorists, inclu-

Recently,

nable strategies to protect their borders

ding commercial, military and handmade.

Secretary General, said that countries must

against terrorism and transnational crime.

Input was provided by experts from

“share even more information, and share it

“INTERPOL assists the world community

the INTERPOL National Central Bureau

even better. Increased pressure to restrict

of law enforcement services responsible

in Manila, the Philippine Bureau of

foreign

for dismantling criminal and terrorist

Immigration, the US Federal Bureau of

already producing changes in tactics”

networks through the use of its operatio-

Investigation (FBI), the Royal Canadian

said Secretary General Stock, adding

nal support, its global databases, its cri-

Mounted Police (RCMP), as well as from

that INTERPOL projects ‘broken travel’

minal intelligence resources, and through

a number of specialized INTERPOL

– where individuals move between seve-

training and technical expertise” stated

units including Chemical and Explosives

ral countries in non-consecutive legs

INTERPOL's Vice President for Asia, Mr.

Terrorism Prevention, Forensics and the

before reaching their final destination – to

Nobuyuki Kawai.

Border Management Task Force.

become a more frequent feature, with

The second session in Bali focused on best

autonomous movements being gradually

practice in intelligence-gathering, with

abandoned in favour of routing channels.

participants sharing information about

“The ease, speed and reach of the foreign

REGIONAL COOPERATION EXERCISES

Skills

Laos,

Training

Malaysia,

courses

Myanmar,

to

INTERPOL’s

Jürgen

terrorist

Stock,

fighter

secure

INTERPOL

mobility

is

their countries’ responses to emerging ter-

terrorist fighters converging onto Syria

In 2014, during the Hawk and Dove ope-

rorism threats and trends, in particular on

and Iraq showed the threat was unpre-

rations attended by police, immigration,

the movement of suspected foreign figh-

cedented almost from the outset” Mr.

customs and border protection officials,

ters from Southeast Asia. The INTERPOL

Stock declared. “Withholding information

over 400,000 checks were made in the

Chemical Anti–Smuggling Enforcement

within any region simply puts the rest of

INTERPOL databases on wanted persons,

(CHASE) Programme targeting Indonesia,

the world at risk. Intelligence is crossing

stolen and lost travel documents and

Malaysia and the Philippines with support

borders, but at a much slower pace than

stolen vehicles.

from Australia was also held in Bali (1 – 5

foreign terrorist fighters,” added the

Operation Hawk, conducted throughout

December) in parallel with the counter-ter-

Secretary General. The Security Council

South-East Asia, also resulted in the sei-

rorism training. Since its launch in August

also called on the international community

zure of over 70 kg of sodium chlorate, a

2014, more than 100 officers have been

to strengthen INTERPOL’s capabilities and

chemical precursor used in the manufac-

trained as part of INTERPOL’s Capacity

to develop capacity building assistance to

ture of home-made bombs.

Building

facilitate broader use of its secure commu-

Several other exercises promote the conti-

Counter-Terrorism

and

nications network and increased reporting

nuation, expansion and improvement of

International Collaboration in ASEAN

to the Stolen and Lost Travel Documents

this regional cooperation.

member countries. Key areas covered

database.

Programme

on

Improving

Investigation

sécurité sécurité&&défense défensemagazine magazine

37


Dossier SPÉCIAL MARITIME PIRACY AT THE FOREFRONT

OF

THE INTERNATIONAL SECURITY GOALS MARITIME SECURITY: A CRUCIAL ISSUE

I

ndonesia promotes both national and international maritime security by organising joint operations,

numerous bilateral and multilateral exercises,

holding seminars in Jakarta on the subject of maritime security, and by calling for more active collaboration in this area and a peaceful settlement of

disputes. In line with the Indonesian foreign policy, the Indonesian Navy plays a mediating role in the

South China Sea disputes. It is also used to enhance cooperation between the navies of the ASEAN

member countries and with the Chinese navy, which is receptive to contributing to the peace efforts in

the South China Sea. The largest naval exercise after

RIMPAC and KOMODO which took place in early 2014, organised by Indonesia, assembled the navies of

the ASEAN countries (Riau Archipelago area), as well as observers, including an officer of the French navy, an IFC (Information Fusion Centre) liaison officer from Singapore. The training objective was the common management of natural disasters, including evacuation of population. Indonesia proposed the concept of civil-military cooperation, which was approved by ASEAN.

Member of the “Tri-border initiative,” Indonesia is also involved in surveillance activities and maritime operations in the Makassar Strait to fight against piracy.

THE UNDERSIDE OF SEA PIRACY

pirates, in particular in the Gulf of Aden,

of Southeast Asia have become a new

Somali Basin, the Indian Ocean and Asia.

hotspot, according to the International

Modern maritime piracy targets not only

Vast areas of waters are affected making

Maritime Office (IMO), especially in the

commercial and fishing vessels but also

it a challenge to prevent maritime piracy

region of the Malacca Straits, the strategic

pleasure craft. It generally involves violent

incidents. Millions of dollars in ransom pay-

corridor between Indonesia, Malaysia and

acts led by pirates who do not hesitate to

ments are paid to pirates. It is believed that

Singapore. One third of the world’s trade

use assault rifles or lance-rockets and exert

these payments are divided between the

transits through this corridor. “The global

pressure on the ship’s crew to get what they

pirates, their leaders and those who finance

increase in hijacking is due to the increase

want. Though this is far from being a new

them. For example, intelligence indicates

in attacks against oil tankers navigating

phenomenon, it now calls for new forms

that part of the “african” maritime piracy

offshore in Southeast Asia,” said Imo direc-

of response in order to strengthen the

money is reinvested abroad through Somali

tor Pottengal MUKUDAN. The incidents

efficiency of the current methods. Through

emigrants. Tracing the financial flows of

reported in the South China Sea are falling

international cooperation and innovative

ransom money is one of the main chal-

in numbers but are nevertheless becoming

thinking, solutions are now being brought

lenges faced by law enforcement agencies.

of greater concern. The terrorist group

to the fore.

Abbu Sayyaf operates in the Sulu, Jolo and

Piracy is not a new phenomenon. In recent

ASIA IS THE OBJECT OF GREAT ENVY

years, there has been a significant increase

Maritime piracy has waned throughout the

seas, on the south coasts of Palawans and

in the number of attacks on vessels by

world over the last few years, but the seas

in the west of Mindanao to the coasts of

38

sécurité & défense magazine

Tawi-Tawi archpelagos as well out of Basilan Island, and is active in the Sulu and Celebes


Dossier SPÉCIAL Sabah in Malaysia. The regions islands have

sécurité &

been the scene of kidnappings on the part of Filipino terrorist groups or Malaysian criminal groups that may associate with them.

Asia is also an Eldorado for French indus-

trialists. Jean-Marie Carnet, general delegate for the GICAN, explained last year

at a trade fair in Malaysia that “where the seas are concerned, the most important consideration of the maritime issue by the States has a significant leverage effect for

the countries that export specific equip-

ment. This market is especially active in the ASEAN zone where the nations involved are obtaining more and more equipment to be able to exercise their sovereign rights on

their EEZ. This Asian dynamism causes the entire shipping industry to grow, thus the importance for our French industrialists to

be present in Malaysia, at the heart of this dynamic market.”

INTERPOL BASIC TRAINING ON MARITIME SECURITY HELD IN MALAYSIA The first in a series of INTERPOL training programmes to assist member countries build capacity in maritime piracy and armed robbery investigations has been held in Malaysia. The INTERPOL Basic Training on Maritime Security course held at the AMSAS (Akademi Maritim Sultan Ahmad Shah) Training Academy in Kuantan, brought together officers from the Malaysian Maritime Enforcement Agency, Marine Operations Force, Royal Malaysian Police, the National Central Bureau in Kuala Lumpur, Royal Malaysian Navy, Marine and Immigration departments. During the five-day (26 – 30 January) course, INTERPOL officials and experts from national prosecution offices, the Royal Canadian Mounted Police and the Regional Cooperation Agreement on Combatting Piracy and Armed Robbery against ships in Asia (ReCAAP) provided training on a range of maritime security issues including legal frameworks, border management and INTERPOL’s tools and services. The training is part of the INTERPOL Capacity Building Programme to Foster Maritime Security in Malaysia funded by the Department of Foreign Affairs Trade and Development (DFATD) Canada. Jointly coordinated by the INTERPOL Capacity Building and Training and Counter-Terrorism, Public Safety and Maritime Security units, one of the programme’s aims is to increase investigative resources, specialized forensic capabilities and information-sharing amongst national law enforcement agencies. cooperation with extra-regional states.

more challenges are to come, along with

However, the direct involvement of an exter-

the trend of ever increasing transnational

nal actor in establishing cooperation is not

crime. Structural, normative, and economic

desired, but the idea of closer cooperation

changes to the regional system facilitate

Indonesia faces many problems in maintai-

and the components needed to create such

greater maritime security cooperation.

ning and providing security in its sea terri-

cooperation on a security issue are there to

Given the strengthening of regional coope-

tory. Indonesia seeks for international assis-

be adopted and implemented. Indonesia

ration norms, higher priority is to be given to

tance in the provision of aid, equipment

and Southeast Asia welcomes external

maritime security, and the need to press for

and trainings, or in organising and coor-

assistance, particularly in the framework of

enhanced maritime security cooperation.

dinating cooperative efforts and linkages

financial and technical assistance, as long

Strengthening regional maritime security

with other interested parties. The states in

as such assistance is neutral, limited, and

cooperation, both bilateral and multilateral,

the region, including Indonesia, appreciate

non-military. But challenges remain. In fact,

should remain in the agenda.

FOCUS - INDONESIA’S MARITIME SECURITY: ONGOING PROBLEMS AND STRATEGIC IMPLICATIONS

sécurité & défense magazine sécurité & défense magazine

39


Dossier SPÉCIAL INDONESIA TAKES AN ENLIGHTENED APPROACH TO MARITIME SECURITY

wealth contained in and derived from the maritime sector.” Gerry Northwood

The Maritime Security Market is esti-

OBE, Chief Operating Officer at MAST,

mated to grow from $13.94 Billion in

said “We now have a situation where

2014 to $20.87 Billion in 2019. This

More countries around the world should

the most far sighted countries are inves-

represents a Compound Annual Growth

strengthen their approach to mari-

ting in maritime security as a means to

Rate (CAGR) of 8.4% from 2014 to 2019.

time security and follow in the steps

underpin national wealth and economic

MarketsandMarkets

of Indonesia, who in last December

development. The challenge they are

the maritime security market by type of

launched a new coastguard service

facing is that maritime infrastructure is

technologies and systems: screening

says leading maritime security company

expensive and there is a relatively long

and scanning, access control, detectors,

MAST.

has

segmented

lead time to put in place resources. Early

Geographic Information System (GIS),

Joko

upfront investment is required and this is

surveillance and tracking, weather moni-

Widodo have rightly recognized that

what the Indonesians are doing through

toring, smart containers, Supervisory

maritime crime, including piracy and

creating a more capable maritime police

Control and Data Acquisition (SCADA),

smuggling, can be hugely disruptive

force. Sailors are not like soldiers. They

communication, and others; by type of

of commerce and wealth generation”

cannot be trained in a heartbeat. Sailors

services:training, risk assessment and

said Phil Cable, Chief Executive Officer

and maritime police have to become

investigation, maintenance and support,

at MAST (Maritime Asset Security and

competent in the marine environment

consulting, and others; by categories:port

Training Ltd).The development of the

before they can actually start to provide

and critical infrastructure security, vessel

coastguard is part of President Widodo’s

value as law enforcement officers. The

security, and coastal surveillance; and by

push to reassure investors that Indonesia

same principle applies to personnel

regions: North America (NA), Asia Pacific

is taking maritime security seriously.

involved in environmental protection.

(APAC), Europe (EU), Middle East and

Before he was elected, he stressed

We must also not forget that maritime

Africa (MEA) and Latin America (LA). The

Indonesia’s strategic position on the

operations are very often served by air

major forces driving this market are aware-

world’s maritime axis and her potential

operations. The ability to coordinate and

ness of maritime security, maritime threats,

as a regional maritime hub. A statement

link the two, means that vast swathes of

regulations and standards, and internatio-

he made recognised Indonesia as the

ocean and littoral can be more efficiently

nal trade by sea. The significance of the

world’s largest archipelago and linked the

monitored.” Northwood added “The

maritime security has increased, due to

country’s future development and pros-

fact that the Indonesians are taking this

globalization. Also, the increase in mari-

perity with making sure that the surroun-

seriously means that they have reco-

time threat in some regions of the world

ding shipping lanes are secure. He has

gnized the importance of their ‘Maritime

has been noted as one of the major factors

followed this up with the announcement

Flank’ -in their case, it is actually all round

affecting international trade. The compa-

of the new coastguard service. Cable

them-, and the realities of their geogra-

nies in this industry must take advantage

said “Responsible governments, like the

phy, to the future wealth of their nation

of the growing awareness of maritime

Indonesians, are taking their responsibili-

and the well being of their people. To

security in markets such as Middle East and

ties under UNCLOS (The United Nations

secure and exploit this, whether it is

Africa (MEA) as well as Asia-Pacific (APAC).

Convention on the Law of the sea) increa-

port security, port operations, lights and

The surveillance and tracking systems and

singly seriously because they recognise

buoyage, fishery protection, offshore

solutions, smart container systems as well

that national wealth is intrinsically linked

protection, routine policing, it is all about

as scanning and screening systems have a

to good management of their Territorial

sustainable training programmes.”

high growth rate in the market.

“Indonesia

and

its

President

Waters (TTW) and Economic Zones. It is becoming increasingly apparent to all governmental actors that meeting UNCLOS obligations and being able to protect and develop TTW and Economic Zones is a complex and expensive business. It is one thing to declare ownership of TTW and an Economic Zone. It is quite another to be able to exploit and protect the economic resources and

40

sécurité & défense magazine


19

th

worldwide exhibition of internal State security

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Focus TRIBUNE

LES RÉFUGIÉS DE BIRMANIE/MYANMAR EN THAÏLANDE DANS LE JEU DIPLOMATIQUE SOUSRÉGIONAL : FACTEURS DE DÉSTABILISATION, MOYEN

DE PRESSION OU MONNAIE D’ÉCHANGE ?1 Par Eric Frécon, enseignantchercheur à l’Ecole navale et pilote de l’Observatoire Asie du Sud-est (Asia Centre).

L

a question des réfugiés, personnes déplacées et apatrides illustre les dynamiques

des relations internationales post-Guerre froide – ou « post- internationale ». Elle

reflète aussi bien la montée en puissance de l’individu dans l’agenda sécuritaire, au cœur

de la question démographique, que les « turbulences » issues des logiques compétitives entre un monde étatique et un monde multicentrique qui s’influencent sans se réconcilier. Si certains voyaient ainsi se dessiner the Coming anarchy à l’échelle mondiale, qu’en est-il à l’échelle de l’Asie du Sud-est ?2

Les mouvements de populations contraints y sont nombreux, comme dans le cas du trafic humain, notamment dans le cadre des travailleurs clandestins.

Il sera ici essentiellement question des

réfugiés

de

Birmanie/Myanmar

n’entretenant plus aucun lien avec leurs

soucieuse des « individus » et de « sécurité

pays d’origine, ils sont souvent considé-

humaine » – la question pourrait se poser

en Thaïlande. Ils sont principalement

rés comme apatrides en Thaïlande ;

avec d’autant plus d’acuité. Une fois

d’origine ethnique kayin et kayah, voire

• d’autre part, le groupe d’apatrides

soulignés les facteurs pesant sur la des-

bamar/birman, shan et mon. Leur statut

constitué de Rohingyas qui ont fui les

tinée de ces réfugiés, il faudra établir les

est l’un des plus anciens au monde

violences dans l’état de Rakhine et qui

options qui s’offrent à eux avant d’insis-

puisqu’il date de 1984, date des pre-

bénéficient de la protection temporaire

ter sur les incontournables dynamiques

3

miers abris entre Thaïlande et Birmanie/

de la Thaïlande depuis janvier 2013 .

Myanmar. Pour Jacques Ivanoff, ces

Au fil des années, de nouvelles généra-

« camps ne sont que l’aboutissement

tions sont apparues, nées dans les camps

d’une expatriation ratée ». Car il existe

de Thaïlande ; les étudiants birmans

entre deux feux

d’autres immigrés dont nous ne traite-

qui avaient fui les persécutions ont été

En parlant d’« optimisme prudent », le

rons pas de façon détaillée :

employés par les ONG. Les conditions

Haut-commissariat aux réfugiés (HCR)

• d’une part les immigrés et demandeurs

de vie ont souvent été éclipsées par les

des Nations unies osait croire en un

d’asile dans les champs à la frontière,

événements ayant cours sur l’autre rive

possible retour des quelque 120 000

dans les usines ou en milieu urbain, sur-

de la rivière Salween. Mais aujourd’hui,

réfugiés (juillet 2014) vers la Birmanie/

tout à Bangkok et issus de plus de trente

du fait des événements aussi bien en

Myanmar, gageant même que cette

nationalités différentes ; ils sont bien plus

Thaïlande, en Birmanie/Myanmar que

population ne serait que d’une quinzaine

nombreux que les réfugiés des camps et,

sur la scène internationale – toujours plus

de milliers en décembre 2015. Toutefois,

42

sécurité & défense magazine

birmanes et thaïlandaises sous-jacentes. Constat : une population de réfugiés


Focus 1. Parmi les principales sources, citons en premier lieu les recherches de Dr Su-Ann Oh, de l’ISEAS (Institute of Southeast Asian Studies) à Singapour, avec qui il a été possible de correspondre par courriers électroniques en août-septembre 2014 ; son dernier article sur le sujet : Su-Ann Oh, “Burmese Refugees in Thailand – Should They Stay or Should They Go?”, ISEAS Perspective, n°218, 24 March 2014, 9 p. Dr Jacques Ivanoff (CNRSIRASEC) a également – et très aimablement – accepté de répondre à nos questions par courriers électroniques en septembre 20014. Enfin, un dernier entretien a pu être mené ce même mois, toujours par courrier électronique, avec Dr Wilfried A. Herrmann, en charge de l’Human Development Forum Fondation à Bangkok. S’agissant des informations complémentaires, elles proviennent soit de l’ONG Infos-Birmanie, soit du HCR, 2014 UNHCR Country Operations Profile – Thailand: http://www.unhcr.org/pages/49e489646.html (consulté en septembre 2014), soit de Leticia Isasi, “The Tide is turning for Burmese in Thailand, But which way ?”, Refugees International, 29 August 2014: http:// refugeesinternational.org/ blog/tide-turning-burmesethailand-which-way (consulté en septembre 2014). Précisons en dernier lieu que les recherches ont débuté dans le cadre d’un visiting fellowship à la RSIS (Rajaratnam School of International Studies) en juillet-août 2014. 2. James N. Rosenau, Turbulence in World Politics: A Theory of Change and Continuity, Princeton, Princeton University Press, 1990, xviii-480 p.; Robert Kaplan, “The Coming Anarchy”, Atlantic Monthly, February 1994, 273: 2, p. 44-76. 3. Panorama du Clusif, 2014 3. Voir entre autres : Eric Frécon, « Sittwe : point de (dés)équilibre social et diplomatique au cœur d’une Birmanie en mutation ? », étude quadrimestrielle n°3, cycle 2012-2013, Observatoire Asie du Sud-est, Septembre 2013, p. 6-8.

a pourtant visité le pays en personne en

Il en va de même pour le HCR. Le budget

décembre 2012, a décidé en mai 2014

2013 avait augmenté par rapport à celui

de prolonger les sanctions économiques

de 2012 mais en priorité pour soutenir

contre le régime birman .

davantage de réfugiés urbains ainsi que

5

pour financer les préparations provisoires Facteurs externes : un nécessaire

du rapatriement librement consenti en

départ des camps

Birmanie/Myanmar. Pour les mêmes

Si les conditions en Birmanie/Myanmar ne

raisons, le budget a augmenté de 5,3

poussent pas autant que prévu au retour,

millions de dollars en 2014 par rapport

d’autres éléments militent en parallèle

à 2013. Au total : 26,3 millions de dollars

pour un départ des camps. À croire que

sont prévus pour les activités de protec-

les réfugiés se trouvent ainsi pris au piège

tion et les retours volontaires de réfugiés

: non désirés ici et guère accueillis là-bas.

originaires en Birmanie/Myanmar ; 5,8 millions de dollars pour les réfugiés et

Baisse de l’aide humanitaire envers les

les demandeurs d’asile dans les zones urbaines ; 700 000 dollars pour les apa-

La vie dans les camps présente – présen-

trides en Thaïlande. En conséquence,

tait ? – des avantages évidents : 99 % de

dans les camps, The Border Consortium

la population des camps bénéficie de

(TBC) – qui fournit nourriture et autres

l’aide alimentaire. La ration satisfait au

produits de première nécessité – a dû

minimum nécessaire : seuls 2 % ont été

baisser ses rations de 15 kg par adulte

identifiés comme particulièrement mal-

et par mois à 12 en 2012. De plus, une

nourris dans les camps contre 5% dans

nouvelle classification des réfugiés a

les événements ne s’annoncent pas aussi

l’ensemble de la Thaïlande et 11 % en

été opérée ; elle distingue en particulier

simples.

Birmanie/Myanmar6 ;

ceux auto-suffisants, à qui plus de riz

sécurité urité & rité& défense ense

camps

Les réfugiés ont accès à l’eau, à des

n’est donné. De plus, la farine fortifiée

Facteur interne : l’illusion d’un essai

sanitaires, à des services médicaux et

n’est attribuée qu’aux enfants ; l’huile de

scolaires, qui sont souvent absent des vil-

cuisson a été réduite d’un tiers ; le sucre

Myanmar

lages de l’est de la Birmanie/Myanmar ;

et le chilli n’est plus fourni. Enfin, le ZOA

Certes, les signes d’ouverture politique

La vie y est sûre et apaisée, à l’abri des

Refugee Care a dû stopper ses activités

se sont multipliés ces dernières années

zones de combats.

scolaires cette année même si d’autres

en Birmanie/Myanmar (libération de pri-

Mais à cause de cet état des lieux glo-

vont essayer de reprendre le flambeau.

sonniers politiques, d’Aung San Suu Kyi,

balement rassurant pour la communauté

Ces restrictions budgétaires et d’activité

élections législatives, etc.). Néanmoins,

internationale, dans les camps comme a

ne vont pas aider à améliorer la commu-

les concrétisations tardent. Porte-parole

priori en Birmanie/Myanmar, il se dessine

nication entre les réfugiés et les ONG.

d’un sentiment général chez nombre

une possible baisse des financements.

Les travaux de l’ethnologue Victoria

d’ONG, l’activiste Zin Linn explique que

Ceux-ci pourraient être redirigés par

Jack reviennent sur les barrières même

« le régime a simplement changé ses

exemple vers le gouvernement central

informelles qui coupent les occupants

vêtements » mais le fond resterait

birman, qui se dit en transition politique.

des camps de l’accès aux sources d’infor-

identique. Cinq journalistes ont encore

L’Union

s’engage

mation. Or, en ces temps de question-

été emprisonnés en juillet dernier ; les

par exemple de plus en plus avec la

nement essentiels sur le choix de rester,

populations

(politique) transformé en Birmanie/

Rohingyas

sont

européenne

(UE)

encore

Birmanie/Myanmar ; bien qu’il n’ait pas

pourchassées ; l’armée contrôle toujours

été possible de connaître les engage-

le Parlement et les réformes attendues

ments pris en ce qui concerne l’aide

ne devraient pas voir le jour avant les

aux réfugiés7, les efforts sont notables

élections de 2015.

pour le développement du pays et de

Illustration de ces changements qui

ses zones rurales : à hauteur de 688

tardent en Birmanie/Myanmar, le nombre

millions d’euros pour 2014-2020. En

de réfugiés en provenance de ce pays n’a

contrepartie, l’aide apportée aux camps

jamais réellement baissé en Thaïlande

de réfugiés aurait été diminuée de moitié

depuis 20104 Même Barack Obama, qui

entre 2008 et 20127.

4. Gennie Gebhart, “Reacting to reforms in Burma, Donors leave refugees high and dry”, Seattle Globalist, 12 September 2014. 50 “Obama extends some sanctions against Myanmar despite reforms”, Reuters, 15 mai 2014. Voir aussi : Sébastian Strangio, “The end of the Myanmar fairytale?”, Southeast Asia Globe, 1 October 2014. 5. En revanche, le taux de malnutrition chronique est de 41 % dans les camps, comme en Birmanie/Myanmar, d’où la fragilité du dispositif réduit à sa portion congrue. 6. Apropos des discussions avec la Birmanie/Myanmar : « En juillet 2013, l’UE a rétabli l’accès du Myanmar (Birmanie) au système de préférences généralisées (SPG), qui permet aux produits du pays d’accéder au marché unique européen en franchise de droits et sans contingent. Le cadre global, qui définit la politique de l’UE et l’aide apportée aux réformes jusqu’en 2015, a été adopté par le Conseil des Affaires étrangères le 22 juillet 2013. La paix, la démocratie, le développement et le commerce, ainsi que l’engagement du Myanmar (Birmanie) envers la communauté internationale ont été identifiés comme les principaux domaines d’action. La task force commune UE-Myanmar, qui s’est réunie du 13 au 15 novembre 2013 à Yangon et Naypyitaw, est l’expression la plus visible du partenariat durable que l’UE et le Myanmar sont en train de construire » ; voire : http://eeas.europa.eu/ delegations/ myanmar/eu_myanmar/political_relations/index_en.htm (consulté en septembre 2014). Les questions adressées en septembre 2014 aux délégations de l’Union européenne à Rangoon et Bangkok sont restées sans réponses.

sécurité & défense magazine

43


Focus de rentrer ou de s’expatrier (cf. infra), ces

HCR a commencé à mener des enquêtes

migration. Déjà environ plus d’un million

données s’avèrent tout aussi vitales .

à propos des projets des réfugiés tandis

de Birmans travaillent dans l’industrie

que TBC ouvrait une antenne à Rangoon.

thaïlandaise ou comme pêcheur, agri-

Ces

8

« Pressions » progressives de la

annonciateurs

culteur et ouvrier du bâtiment ; au total,

Thaïlande ?

conduisent à s’interroger sur les acteurs

trois millions de travailleurs seraient

En parallèle à la réduction des aides

qui pourraient être impliqués dans cette

en situation irrégulière en Thaïlande et

accordées, la Thaïlande a décidé d’igno-

hypothétique opération de fermeture de

s’ajouteraient aux 2,2 millions de travail-

rer les problèmes en cours en Birmanie/

camps.

leurs étrangers.

premiers

signes

Thaïlande pour, semble-t-il (cf. infra), subtilement pousser et préparer les réfu-

Ce choix s’avère risqué : les conditions Mécanisme et acteurs potentiellement

demeurent difficiles11, en particulier sur

giés au retour. Parmi les mesures à noter,

impliqués

le plan administratif. Les harcèlements,

relevons les restrictions de mouvements,

D’après le HCR : L’opération pour les

détentions et déportations pour manque

qu’ils soient sans permission ou pour

réfugiés du Myanmar à la frontière est

de documents en règle sont en effet

s’approvisionner à l’extérieur en carbu-

coordonnée avec le ministère de l’Inté-

monnaie courante.

rant ou nourriture. Depuis juin 2014, les

rieur, les autorités aux niveaux provincial

habitants du camp seraient confinés chez

et des districts, et avec les ONG locales

Partir dans un pays tiers

eux de 18 heures à 6 heures sous peine

et internationales opérant sous l’égide du

Déjà entre 2005 et 2012, des réfugiés

de déportation.

Comité de coordination des services aux

ont fait le choix de l’émigration : 64 000,

Sur le terrain administratif et diploma-

personnes déplacées en Thaïlande. Les

soit 70 % d’entre eux, partirent pour

tique, le gouvernement s’organise : un

représentants des réfugiés, les donateurs

les états-Unis ; d’autres pour l’Australie

large recensement de la population refu-

et les ONG prendront part au groupe

et le Canada ; et seulement deux cen-

giée a été conduit cet été, en demandant

nouvellement créé de coordination du

taines vers la Finlande et la Norvège.

instamment à chacun de ne pas se dépla-

rapatriement librement consenti. Le HCR

Aujourd’hui, la Malaisie semble être la

cer durant cette période. De même, des

fera la liaison avec les Gouvernements de

nouvelle cible des réfugiés, surtout après

réunions ont réuni le commandement

la Thaïlande et du Myanmar, organisera

la fermeture du programme d’installation

opérationnel de la sécurité intérieure

la coordination transfrontalière et assu-

américain.

de l’armée thaïlandaise ainsi que des

rera des services communs de gestion

Peu d’arguments militent en faveur de

ONG pour envisager le rapatriement

des informations pour faciliter la prépa-

cette option : difficulté de la langue

des Birmans, sans qu’aucune décision

ration des réfugiés concernant le rapa-

étrangère à apprendre, manque d’infor-

officielle n’en ressorte. Toujours dans la

triement librement consenti et d’autres

mation et de préparation du fait de

même optique, une réunion a rassemblé

solutions durables. La coordination avec

l’interdiction d’Internet dans les camps,

er

les militaires birmans et thaïlandais du 1

le ministère des Affaires étrangères et le

inhabitude des grandes villes, abandon

au 3 août 2014. En juillet dernier, le plan

Bureau de l’immigration, ainsi que l’appui

des proches, impossibilité de choisir

prévu concernait 100 000 réfugiés sur

des institutions des Nations Unies et des

son pays de destination, obligation faite

des bases volontaires, dans des condi-

associations locales sont essentiels pour

d’être enregistré par le HCR jusqu’en

tions sûres et avec, en point de mire, la

satisfaire les besoins de protection dans

2005 – ensuite, la Thaïlande stoppa cette

fermeture des neuf camps frontaliers –

les zones urbaines et pour répondre à la

formule, de peur de voir toujours plus

rien n’était indiqué pour ceux incapables

situation spécifique des Rohingyas.

de Birmans traverser la frontière pour

de rentrer ou de migrer ailleurs9. Notons

espérer une réinstallation hors d’Asie.

qu’en dehors des camps, des mesures

Options diverses pour les réfugiés

D’un point de vue pratique, ces départs

avaient déjà été prises pour refouler les

En réponse à ces mouvements associa-

nuisent aussi à la vie des camps puisque

travailleurs birmans aux frontières en juin

tifs, gouvernementaux et diplomatiques,

ce sont souvent les plus éduqués qui s’en

dernier10.

poussé à rentrer du fait des soi-disant

vont, laissant les réfugiés sans ressources

Dès lors, les autres partenaires prennent

ouvertures politiques et aides au retour,

humaines pour les écoles ou autres ser-

le pas : la Birmanie/Myanmar a bâti trois

comment réagit le réfugié ? Quelles

vices. Quant aux moins favorisés, ils se

camps d’accueil à la frontière, dans le dis-

options s’offrent à lui ?

retrouvent la plupart du temps employés

trict de Myawaddy, au sud de l’état kayin, sans que davantage de détails ne soient

Rester comme migrants

donnés sur les personnes qui seront

Pour couper court aux tergiver-

accueillies, leur mode de rémunération

sations et parer au plus pressé, le

ou d’approvisionnement, etc. Même le

premier choix demeure celui de la

44

sécurité & défense magazine

7. Gennie Gebhart, Op. Cit. 8. Voir les travaux de Victoria Jack : “Communication as Aid: Giving a Voice to Refugees on the Thai-Burma Border”: https:// soundcloud.com/ refugeestudiescentre/refugees-from-burma (consulté en septembre 2014). 9. E “Thai junta’s pledge to send back Myanmar refugees sparks concern”, Reuters, 14 July 2014; Saw Yan Naing, “Thai and Burmese Officials to Begin Talks on Repatriation”, The Irrawaddy, 24July 2014; Naw Noreen, Dene-Hern Chen, “Thai Army spokesman says refugee return will be a ‘long process’”, DVB, 14 July 2014. 10. Dene-Hern Chen, “The Thai Junta Is Targeting Myanmar Migrants”, Mint Press News, 2 July 2014. 11. Kate Hodal, Chris Kelly, “Trafficked into slavery on Thai trawlers to catch food for prawns”, The Guardian, 10 June 2014.


Focus à l’étranger dans des tâches de seconde

Des craintes sérieuses pour un retour

zone. Néanmoins, les aides sociales

improbable...

peuvent assurer le minimum, selon les

Le HCR ne cachait pas ses inquiétudes

pays d’accueil, et suffire à ne pas faire

dans son dernier compte rendu : il crai-

regretter les camps.

gnait que le niveau d’aide ne puisse pas être maintenu dans les camps, dans le

12. « En juillet 2014, les Nations Unies recensaient 642 600 personnes déplacées dans le pays à cause des conflits armés et des violences interreligieuses. (...) 498 000 personnes ont été déplacées par les conflits qui opposent le gouvernement central aux groupes armés ethniques. Ces populations fuient les exactions commises par l’armée birmane qui n’hésite pas à se servir des civils comme de boucliers humains. (...) Et 145 000 Rohingyas vivent dans des conditions qui s’apparentent à celles de camps de concentration ». Voir le site d’Info-Birmanie : http://www.info- birmanie.org/campagne-quel-avenirpour-les-deplaces-et-refugies- birman/ (consulté en septembre 2014).

moyen terme, du fait des priorités accor-

Reste une troisième option : celle du

dées au sud-est de la Birmanie/Myanmar.

personnes à fuir. Depuis, dans le nord du

retour au pays natal, qui semble être

Il est vrai que les abris temporaires n’y

pays, un village y serait détruit tous les six

celle annoncée et préparée par la plupart

ont par exemple pas été changés depuis

jours, selon Info-Birmanie.

des acteurs officiels (cf. supra). Ce retour

plusieurs années. De plus, l’afflux des

peut se faire directement ou en plu-

demandeurs d’asile vers les villes nuit

De nombreux germes de combats

sieurs étapes, avec l’envoi d’un adulte en

maintenant au contrôle, à la supervision

De façon générale, la Birmanie/Myanmar

éclaireur pour préparer le terrain, quitte

et à l’aide du HCR. Surtout, ce dernier

porte encore en elle les germes de

à multiplier les allers-retours de part et

n’a que peu d’emprises sur deux phéno-

nombreux conflits : 135 groupes eth-

d’autres de la frontière. Certes, « les réfu-

mènes cruciaux.

niques sont officiellement recensés par

sécurité & défense urité & défense rité

Choisir la Birmanie/Myanmar

giés du Myanmar en Thaïlande craignent

le gouvernement, soit une centaine de

que les niveaux d’assistance dans les

Méfiance autour des cessez-le-feu

langues et de dialectes différents. Ces

camps frontaliers ne puissent pas être

La fermeture des neuf camps frontaliers

minorités représentent environ 40 %

maintenus à moyen terme et que le sou-

et le retour en Birmanie/Myanmar – bud-

des 60 millions d’habitants que compte

tien des donateurs et des institutions se

gétés par les ONG et en apparence pré-

le pays ; elles vivent en bordure de la

concentre de plus en plus sur le sud-est

parés par la Thaïlande – est conditionné

plaine centrale du pays, dans des zones

du Myanmar », selon le HCR.

en premier lieu par le respect des ces-

souvent riches en ressources naturelles,

Cependant, les réfugiés n’ont encore

sez-le-feu négociés. Ils comptent parmi

donc convoitées.

aucune certitude sur les droits dont ils

les principaux arguments d’ouverture

Selon Info Birmanie « Depuis la fin de la

disposeront à leur retour, sur les terres

du nouveau régime birman (cf. supra).

dictature et l’arrivée du président Thein

à cultiver, sur le statut qui sera le leur,

Or, ONG et chercheurs s’associent pour

Sein au pouvoir, au moins 250 000 per-

sur le système de soin dont ils pourront

alimenter le point de vue des sceptiques.

sonnes ont été déplacées par les conflits,

profiter et sur les infrastructures en place.

L’armée birmane a en effet augmenté

les violations des droits de l’homme et

L’augmentation des prix de l’immobilier,

ses effectifs dans les régions où vivent

les violences, portant le nombre total de

l’attitude de l’armée à leur égard, la

les minorités ethniques et les violations

personnes déplacées à 650 000 malgré

malaria et l’absence de signalisation en

des droits de l’homme perdurent ; les

des cessez-le-feu12. Avec 415 000 réfu-

ce qui concerne les champs de mines

discussions semblent s’éterniser ; elles

giés birmans dans le monde, la Birmanie

deviennent également des préoccupa-

achoppent sur des points de détails

figure à la 7e position du classement des

tions de taille. Au regard de ces diffé-

auprès des différentes parties ; aucun

pays d’origine des réfugiés. Malgré [la]

rentes interrogations, le HCR admettait

code de conduite n’est adopté ; les

situation humanitaire catastrophique, le

cet été que la Birmanie/Myanmar n’était

groupes armés attendent de voir si les

gouvernement impose des restrictions

pas prête pour un retour sûr, durable et

changements

vont

sur l’accès de l’aide humanitaire dans

organisé des réfugiés au pays natal.

pouvoir peser à leur avantage ou non ;

la plupart des régions. (...) Le pays est

Des études chiffrées confirment cette

ils guettent aussi la situation post-électo-

notamment

tendance. Un sondage réalisé auprès

rale en 2015.

avoir bloqué l’accès de l’aide humanitaire

de réfugiés au nord de la Thaïlande

Déjà en 2012, à l’heure de l’enthousiasme

après le passage du cyclone Nargis en

indiquait que les trois-quarts d’entre

général, des chercheurs comme Carine

2008 qui a fait plus de 100 000 morts

eux ne voyaient aucune amélioration en

Jacquet rappelaient la situation difficile

(Thein Sein était alors en charge de la

Birmanie/Myanmar depuis les élections

subie par la minorité kachin. En 2011,

situation pour le gouvernement). »

de 2010. Seuls 3 % jugeaient que la situa-

l’armée birmane a rompu un accord de

Sans

tion s’était considérablement améliorée.

cessez-le-feu conclu 17 ans plus tôt avec

Rohingyas, il existe en sus un volet mari-

Même si 83 % mentionnent le désir de

l’Armée pour l’indépendance kachin

time qui renvoie aux boat-people des

retourner dans leur pays, très peu jugent

(AIK). Des offensives violentes ont été

années 1970-1980. 86 000 ont fui par la

une telle décision sûre dans le court

lancées dans l’état Kachin et dans le nord

mer depuis 2012 ; 1 345 y sont morts et

terme.

de l’état Shan, forçant plus de 100 000

beaucoup d’autres ont été interpelés par

constitutionnels

tristement

revenir

sécurité & défense magazine

sur

45

la

célèbre

situation

pour

des


Focus des forces de l’ordre véreuses et corrom-

milieux urbains16.

pour nombre de minorités ethniques.

pues pour être revendues à des bateaux

Cependant, comme le souligne Jacques

Néanmoins, il pourrait ne s’agir que d’un

de pêche en tant que travailleur soumis13.

Ivanoff en ce qui concerne la Thaïlande,

objet de négociation entre Birmanie/

De ce portrait (d’ONG et médias), il en

ces camps demeurent un moyen de

Myanmar et Thaïlande. Dans ce contexte,

découle une vision plus sombre et moins

pression très utile pour Bangkok vis-à-

les réfugiés apparaissent tel un levier

attrayante de la Birmanie/Myanmar post-

vis d’une part de la Birmanie/Myanmar,

supplémentaire pour les gouvernements

junte. Le sort de ces réfugiés ou dépla-

via la menace de renvoyer tous les

dans

cés (1,2 % de la population birmane)

réfugiés simultanément en cas de blo-

sous-régional en cours.

pourrait être source de déstabilisation

cage dans des négociations, d’autre

Comme dans le cas de la piraterie, les

s’il continue à augmenter, de même que

part des arrivants, en délivrant le statut

états qui semblaient a priori contournés

la réaction des populations ethniques

de réfugié uniquement pour certains.

et défiés par ces acteurs transnationaux

minoritaires, d’autant plus excédées par

La Birmanie/Myanmar peut également

semblent au contraire maîtriser les évé-

le décalage entre les annonces et les

s’appuyer sur cette question pour peser

nements et agir à leur guise, animés par

faits. Toutefois, d’autres dynamiques

sur la Thaïlande : en accordant le droit au

leurs seuls intérêts. Loin d’être mena-

interfèrent

encore

retour à quelques Rohingyas, elle attend

cés, ils pourraient en ressortir presque

davantage cette question des réfugiés,

en contrepartie des concessions de

renforcés, notamment côté thaïlandais17.

notamment du côté thaïlandais.

Bangkok. Enfin, note le chercheur : « les

En revanche, à quelques mois de la mise

camps permettent de « peupler » donc

en place des ASEAN Communities, la

de protéger la frontière dans un terri-

silencieuse Association parait bien inca-

sort des réfugiés

toire qui est autant karen, thaï et birman.

pable de reprendre la main pour dépas-

L’attitude de la Thaïlande vis-à-vis des

Les camps sont incontournables dans les

ser ces enjeux inter-étatiques et recen-

réfugiés hébergés ou des travailleurs tolé-

négociations entre voisins. »

trer le débat sur le sort des populations

rés – entre deux et quatre millions – doit

Dès lors, le retour des Birmans en géné-

déplacées et des réfugiées.

être suivie de près. A l’échelle interne, il

ral n’est sans doute pas prévu dans

en va de son image, déjà dégradée par

l’immédiat. Jacques Ivanoff argumente :

des affaires d’esclavage moderne auprès

« les Thaïlandais ont absolument besoin

de travailleurs étrangers. La Thaïlande a

de la main-d’œuvre birmane, légale

d’ailleurs été déclassée au niveau trois

et illégale, pour être compétitive. La

du classement américain sur l’esclavage,

menace de rapatriement des Birmans est

aux côtés de l’Iran, de la Corée du Nord

une idée de communication du nouveau

et de l’Arabie Saoudite – soit le plus bas

gouvernement pour apparaître comme

niveau14.

légale, transparent et respectueux ; en

À l’échelle sous-régionale, l’expulsion

fait, il s’agit simplement de poudre aux

de sans-papiers cambodgiens en juin

yeux pour les agences internationales

dernier, avant de se raviser, a agité le lan-

et les Birmans. » Ceux-ci font partis des

derneau politique ; de même, l’expulsion

rares à soutenir le gouvernement issu du

des Hmongs vers le Laos en décembre

coup d’état à Bangkok ; ils doivent donc

2009 avait inquiété les observateurs

être ménagés car des projets de déve-

et « consterné » le HCR du fait du pro-

loppement économique conjoints sont

fond ressentiment du pouvoir central à

en jeu, laisse sous-entendre, pour sa

Vientiane vis-à-vis de cette minorité15.

part, Wilfried A. Herrmann de l’Human

Des équilibres régionaux pourraient ainsi

Development Forum Fondation.

et

complexifient

Le double-jeu thaïlandais, au-delà du

être fragilisés du fait de ces manœuvres. À suivre, d’ailleurs, en plus des réfu-

Le silence de l’ASEAN

giés en Thaïlande et des Rohingyas,

Il existe en résumé une inquiétude

le sort des quelque 100 000 Chins qui

fondée à propos des réfugiés birmans

cherchent refuge dans l’état du Mizoram

dans les camps thaïlandais. Un retour

en Inde. Ils sont souvent sans statut, sans

était anticipé et des baisses de l’aide

ressources, sans protection du HCR et

internationale étaient annoncées. Un tel

désœuvrés, voire marginalisés dans des

retour serait difficile, voire dramatique,

46

sécurité & défense magazine

le

Etude

jeu

diplomatico-stratégique

quadrimestrielle

n°3,

cycle

2013/2014, Observatoire Asie du Sud-est

Septembre 2014 - « Turbulences » sud-est asiatiques

-

http://www.centreasia.eu/

sites/default/files/publications_pdf/etude_ etude_quadrimestrielle_n_3_sept2014.pdf

13.U.S. Department of State, Trafficking in Persons Report 2014, Washington, Public Communication Division, 2014, p. 372-375; HCR, « Myanmar : Ils fuient par milliers et subissent les abus de passeurs sans scrupule », 10 juin 2014 : http://www.unhcr. fr/53971429c. html (consulté en septembre 2014) ; HCR, « Le HCR est inquiet de la hausse des abus contre les personnes fuyant le Myanmar via le golfe de Bengale », 10 juin 2014 : http://www. unhcr.fr/539715d1c.html (consulté en septembre 2014) ; HCR, « Plus de 20 000 personnes ont risqué leur vie dans l’océan Indien pendant la première moitié de 2014 », 22 août 2014 : http://www. unhcr. fr/53fc3d34c.html (consulté en septembre 2014). 14.Kate Hodal, Annie Kelly, Dan Roberts, “US demotes Thailand and Qatar for abysmal human trafficking records”, The Guardian, 20 June 2014; U.S. Department of State, Op. Cit.; d’après ce même rapport et du fait du travail contraint autant que du trafic d’êtres humains, on compte un demi-million d’esclaves en Asie du Sud-est. 15. HCR, « Le HCR consterné après l’expulsion de Lao Hmong par la Thaïlande », Centre d’actualités de l’ONU, 28 décembre 2009. 16. Sur les réfugiés Chin, voir ce site : http://chinseekingrefuge. com/report (consulté en septembre 2014). 17. Sur ce thème très général, lire : Samy Cohen, La résistance des États : les démocraties face aux défis de la mondialisation, Paris, Seuil, 2003, p. 236. 64 The Border Consortium, July 2014 : http://www. theborderconsortium.org/camps/ populations.htm (consulté en septembre 2014).


Reportages

CENTRE DE FORMATION D'EXCELLENCE À LA PLONGÉE MILITAIRE Par Franck CHEVALLIER

D

ans son Centre international de formation à la plongée militaire, DCI

forme des plongeurs-démineurs des marines amies. Des stages intensifs

pour préparer les sous-officiers à intervenir partout dans le monde.

preuves et acquérir leurs premières années d’expérience avant de revenir à l’école, deux à trois ans plus tard, pour

L’école de plongée militaire de DCI vient

place une école de plongée et un centre

préparer le Brevet supérieur (BS) d’une

de prendre possession d’une nouvelle

de formation de démineur.

durée d’un an.

infrastructure en ouvrant son Centre

L’idée va germer et, une dizaine d’années

Pour Gilles Quesney, chef de service et

international de formation à la plongée

ans plus tard, en 2003, une équipe est

chef d’établissement opérationnel de

militaire (CIFPM) à Saint-Mandrier (83),

mise en place et travaille pour mettre au

DCI, « il n’est pas possible de calquer ce

sur le site de l’école de plongée de la

point les cours des futurs stagiaires, en

mode de fonctionnement pour nos sta-

Marine nationale.

se basant sur les dossiers pédagogiques

giaires qui viennent de l’étranger. Nous

L’amiral Bruno Nielly, directeur de DCI-

de la renommée école de plongée de

avons alors découpé le BAT et une partie

NAVFCO, se dit «... heureux de la créa-

la Marine ; la mise en place de l’école

du BS pour en faire des modules plus

tion de ce nouveau centre qui confirme la

de DCI se faisant dès le départ sous la

adaptés à leur disponibilité. Nous avons

proximité de DCI avec l’école de plongée

tutelle de la Marine nationale.

ainsi des marins koweïtiens qui sont déjà

de la Marine nationale. Cela renforce 11

Plongée, travaux sous-marins, démi-

venus 6 fois ici pour suivre l’intégralité du

années de fructueuse coopération et

nage... les premiers stagiaires de jan-

cursus. »

laisse présager une mutualisation des

vier 2004, des Koweïtiens, vont tout

moyens et des hommes au service des

apprendre.

marines amies. »

Dans la Marine nationale, pour devenir

UNE ÉCOLE RECONNUE

plongeur de bord – présents sur tous les navires – la formation dure 5 semaines. À l’issue, les meilleurs candidats peuvent

C’est dans les années 90, pendant la

prétendre à la formation de démineur.

première guerre du Golfe, que des

Le Brevet d’aptitude technique (BAT)

anciens plongeurs-démineurs, qui sont

dure alors 9 mois, les plongeurs opèrent

en mission de dépollution pour NAVCO,

de 0 à 80 m de profondeur. De retour

lancent, à leur retour, l’idée de mettre en

dans leurs unités, ils devront faire leurs

sécurité sécurité & défense & défense magazine magazine 47


Reportages Enfin, pour acquérir la certi-

à l’eau et au travail plus vite. À la diffé-

fication de plongeur-démi-

rence des Allemands et des Anglais, qui

neur, les stagiaires passent

sont, eux, toujours reliés à la surface,

13 semaines à étudier le

chez nous, les plongeurs sont auto-

démantèlement et la neutra-

nomes, mais ils plongent toujours par

lisation des engins explosifs

deux. » Ces appareils présentent aussi

conventionnels. Sachant que

l’avantage indispensable d’être discret,

si les munitions sont inertes,

amagnétique et non acoustique face aux

les explosifs sont, eux, bien

mines.

réels. 10 plongées seront

L’école peut recevoir 30 plongeurs par

effectuées

an sur 4 stages. Elle dispose de 3 embar-

pendant

cette

cations semi-rigides de 7,40 m avec des

formation. plongeur-

moteurs de 250 Ch et une capacité de

démineur, c’est « chercher,

18 plongeurs équipés. À la fin de l’année,

identifier,

détruire,

des

elle sera dotée d’un nouveau bateau en

munitions

Le

métier

de

conventionnelles

aluminium de 10 m pour augmenter sa

que l’on trouve sous l’eau »,

capacité lors des travaux sous-marins. À

précise Gilles Quesney, et

son bord, sont prévus compresseur, sur-

de poursuivre : « En cours,

presseur et narguilé pour le travail avec

pour les interventions sur

le casque.

les munitions explosives, on ne peut pas les démonter sous l’eau, les

Le Qatar, la Slovénie, le Koweït et la

contraintes sont trop nombreuses. En

Malaisie ont déjà envoyé au total près

général, une mine sous l’eau peut être

de 350 sous-officiers de marine suivre

acoustique, dépressionnaire ou magné-

cette formation d’excellence qui permet

Concrètement, pour passer l’équiva-

tique. On va alors mettre une petite

aux armées amies de disposer de chefs

lent du BAT, qui s’appelle ici le OED

charge explosive à une certaine distance

d’équipe capables de diriger et réaliser

Level One, les stagiaires sont formés de

et lui donner une impulsion pour noyer sa

des travaux sous-marins et reconnaître,

manière intensive pendant 21 semaines

partie électronique. On la laisse ensuite

identifier, neutraliser et détruire des

avec 80 plongées au programme. « Ils

reposer et 4 à 5 jours, après, on va la

munitions explosives.

doivent se familiariser avec le matériel et

sortir de l’eau. Passé ce délai, on peut

être totalement à l’aise lors des manipu-

alors intervenir et la démonter », précise

lations dans l’eau. » Ensuite, ils peuvent

Gilles Quesney.

CHERCHER, IDENTIFIER, DÉTRUIRE

réaliser une formation de manager pour diriger une équipe de plongée en tant

La force reconnue de la doctrine des

que directeur de plongée et chef de

plongeurs français est leur

mission. Ils sont alors prêts à partir n’im-

autonomie et faculté d’adap-

porte où dans le monde avec une équipe

tation.

constituée.

comparativement à d’autres

La formation en génie de travaux sous-

unités, opérationnels plus

marins, elle, s’étale sur 10 semaines.

rapidement. Nos matériels,

Au programme, travaux de soudure,

des DC 55 et des CRABE

découpage, meulage... « Tout ce que

d’Aqua Lung, sont très per-

l’on peut faire sur terre, nos stagiaires

formants. Les plongeurs de

apprennent à le faire dans l’eau... jusqu’à

la Marine les connaissent

50 m de profondeur. » Une progression

parfaitement bien. Ils sont

est nécessaire, validée par trois niveaux

sans électronique, ce qui

de compétences.

nous permet de nous mettre

48

« Nous

sécurité & défense magazine

sommes,


Reportages

sécurité & défense urité & défense rité

DES HOMMES ET DE LA TECHNOLOGIE POUR LES GRANDS ÉVÉNEMENTS Par Franck CHEVALLIER

F

ace aux nouvelles menaces, la sécurité sur les sites, les infrastructures sensibles et les grands événements, se doit, plus qu’auparavant,

de concilier les moyens humains tout en faisant appel à de nouvelles technologies.

Dans le monde de la sécurité, les Jeux

janvier avec toutes les contraintes que

olympiques de Londres de 2012 font

nous connaissons1.

figure d’exemple à ne pas suivre. Le prin-

Lors de grands événements, sportifs

cipal prestataire, G4S, devait fournir pour

ou autres, c’est en effet un nombre

les JO quelque 10 400 personnes, pour

vertigineux de visiteurs attendus qui

un contrat de 360 millions d’euros. Le

s’ajoutent à la multiplicité des lieux à

nombre total d’agents nécessaire étant de

surveiller. La surveillance doit en effet

23 500. À trois semaines de la cérémonie

porter sur le trafic aérien, portuaire,

d’ouverture, dans l’urgence, le ministère de

ferroviaire, mais aussi sur toutes les infras-

le hooliganisme que certaines des équipes

l’Intérieur a déployé 3 500 soldats supplé-

tructures liées directement ou indirecte-

vont drainer. On a également la menace

mentaires en plus des 13 500 déjà prévus...

ment aux événements : les stades, mais

terroriste, qui s’impose à nous dans ce

aussi les fans zones, où des matches seront

contexte. » Pour lui, c’est certain, le monde

diffusés en plein air, les camps de base des

de la sécurité privée a un rôle à jouer dans

DES ÉCHÉANCES IMPORTANTES

équipes, leurs hôtels... et la liste est encore

l’événement sportif attendu pour l’an

En décembre, Paris accueillera la confé-

longue. Autant de sites répartis sur 10 villes

prochain : « Nous avons des besoins très

rence sur le climat (COP21) avec la par-

partout en France. Afin de faire face aux

importants. Il faut de manière concomi-

ticipation de 40 000 personnes et 196

besoins de sécurité attendus, des agents

tante gérer la sécurité de nombreux sites

délégations.

privés devront être recrutés en grand

annexes, dispersés, en plus de la sécurité

L’an prochain, l’Euro 2016 va se tenir du

nombre. Les mouvements de foule et les

du quotidien. Avec les aéroports, les fans

10 juin au 10 juillet avec 24 équipes jouant

intrusions doivent être surveillés, mais aussi

zones dans des villes... il faudra des moyens

dans 10 stades sur le tout le territoire. En

les menaces plus sophistiquées et organi-

imposants en sécurité privée. Pour ce qui

2017, le CIO élira la ville devant organiser

sées, comme les attaques terroristes.

concerne les nouvelles technologies, notre

les Jeux olympiques d’été de 2024 pour lesquels Paris est candidate, tout comme pour l’organisation de l’Exposition univer-

LE CHALLENGE DE L’EURO 2016

préoccupation porte sur les drones malveillants contre lesquels des technologies de défense vont apparaître rapidement. Le

selle de 2025.

Antoine Mordacq, le responsable sûreté

gouvernement travaille également sur ce

Tous ces événements, et bien d’autres à

et sécurité de l’Euro 2016, connaît bien

sujet. »

venir, vont mettre à rude épreuve les orga-

le dossier. « Nous attendons 24 équipes

nisateurs en charge de la sécurité. D’autant

nationales, sur 10 stades, 51 matches,

plus qu’après les attentats en janvier der-

2,5 millions de spectateurs, plus le public

LES TECHNOLOGIES AU CŒUR DE L’ÉVÈNEMENT

nier et la cyberattaque de TV5 Monde en

autour de l’événement. C’est énorme.

Pour Christian Sommade, délégué général

avril, le plan Vigipirate alerte attentat – son

Nous devons trouver l’équilibre entre les

du Haut comité français pour la défense

niveau le plus élevé pour l’Île-de-France –

mesures de contrôle, particulièrement

civile (HCFDC), l’enjeu est important. «

est activé sur l’ensemble du territoire. Une

celles d’accès dans les sites sensibles que

Il faut créer des bulles de sécurité autour

vigilance accrue qui occasionne la mobili-

sont les stades, et la dimension festive et

des grands sites, tout en prenant compte

sation massive des policiers, gendarmes

sportive de l’événement. On doit donc

des menaces exotiques de type NRBC,

et forces armées... sachant que, d’ores et

anticiper les risques et menaces propres à

drone... La participation est collégiale. Il

déjà, 10 500 soldats ont été déployés en

un événement de cette ampleur, comme

est indispensable de bien coordonner

sécurité & défense magazine

49


Reportages et identifier le rôle de chacun. La techno-

où des mesures particulières doivent être

par exemple. Pour autant, cela reste des pas-

logie peut être un vrai apport avec une

prises, avec des contrôles à l’entrée pour pro-

sagers aériens à contrôler. Il nous faut donc

vidéoprotection intelligente, la détection

téger le navire. La préfecture, par un arrêté

trouver le bon équilibre pour adapter nos

de personnes dans la foule, d’explosifs, de

préfectoral, fixe aussi un taux minimum de

circuits à l’événement. » Le site d’ITER, dans

détection d’incident NRBC... Il faudra savoir

contrôle, que ce soit pour les piétons, les

les Bouches-du-Rhône, est en construction,

l’inclure et l’utiliser à bon escient. » Propos

voitures ou les camions. On utilise alors des

mais entre la centaine d’ouvriers qui y tra-

partagés par Dominique Legrand, président

détecteurs de particules pour les explosifs

vaillent chaque jour et les 15 à 20 000 visiteurs

de l’Association nationale de vidéoprotec-

et des fouilles classiques. Les agents privés

annuels, la sécurité est d’ores et déjà un sujet

tion (AN2V), pour qui la technologie jouera

réalisent les opérations et dans les zones

du quotidien. Christophe Ramu, le chef de la

un rôle important : « Les technologies

internationales, ce sont les douaniers et

division santé et sécurité, explique : « Le site

explosent complètement, les caméras sont

les agents de la PAF. Actuellement, le taux

regroupe sept pays partenaires. Nous n’avons

bien plus performantes, les logiciels d’ana-

minimum de contrôle est de 5 %, mais dans

pas toujours les mêmes références en matière

lyse d’anormalité également, la mobilité

les faits, nous effectuons de 30 à 50 % de

de sécurité. Les procédures peuvent être

est aussi un enjeu important, les caméras

contrôle. »

différentes... Ce n’est pas simple mais nous

sont embarquées à l’épaule, en voiture et

Les aéroports sont bien entendu eux

travaillons tous de concert pour élaborer un

sur des drones, bien sûr. Il faut être là où

aussi dans les starting-blocks. Pour Patrick

référentiel commun qui doit être compris et

sont les publics. Dans moins d’un an, les

Thouverez, président du SESA (Syndicat

validé par tous. » Le marché de la protection

constructeurs vont apporter des solutions

des entreprises de sûreté aéroportuaire), le

des infrastructures sensibles est en pleine

très novatrices. Mais il faut aussi que la légis-

travail des agents de sécurité est primordial,

croissance. On sait que le risque d’une cybe-

lation ne soit pas un frein à cette évolution et

« aujourd’hui, 100 % des passagers passent

rattaque pouvant occasionner d’énormes

l’accompagne. »

dans un portique et 100 % des bagages

dégâts est très présent. Il est certainement

passent sous les rayons. De plus, on réalise des

plus diffus que les risques classiques d’agres-

palpations légères sur 10 à 30 % des passagers

sions et de terrorisme, mais l’ampleur des

LES MOYENS DE TRANSPORTS EN LIGNE DE MIRE

selon les périodes. Depuis quelques mois,

attaques contre les administrations et les

Jacques Colliard de l’Union internationale

nous avons aussi renforcé les équipes de détec-

industries stratégiques montre leur com-

des chemins de fer est formel : « Nous tra-

tion des explosifs. » L’efficacité en matière

plexité. Les enjeux sont importants, les

vaillons avec la SNCF et beaucoup d’autres

de sécurité passe par le travail des agents.

attaques peuvent entamer la confiance des

compagnies pour partager des retours d’ex-

L’homme est indispensable dans le proces-

citoyens, mais aussi affaiblir l’économie. Les

périence, étudier ce qui fonctionne, com-

sus : « Il y a sept ans, un agent était formé

cibles sont par ailleurs extrêmement variées.

prendre ce qui ne fonctionne pas. Pour les

en une semaine seulement, aujourd’hui, sa

Cela concerne des PME qui travaillent dans

grands événements, on identifie les groupes

formation dure un mois. Nous voulons valo-

des domaines de pointe, des médias, des

et les trains à risques. De cette façon, nous

riser leur travail, leur donner de la respecta-

réseaux informatiques, les installations de traite-

pouvons mettre en place un accompagne-

bilité. Ils sont formés sur des simulateurs, ils

ment des eaux...

ment à bord en appui des forces de police. »

repassent leur certification tous les trois ans.

La stratégie doit donc être rigoureuse et adap-

Les ports sont à la fois des points de transit

Le métier est très contrôlé. »

tée à chaque problématique. D’où un travail

lors de grands événements, mais aussi des

Pour l’Euro 2016, Stéphane Garguilo, chef du

nécessaire de préparation et d’anticipation

sites sensibles, la gestion de leur sécu-

service sûreté Aéroport Marseille Provence,

orchestré par des spécialistes et coordonné

rité est capitale. « Un port, c’est toujours

travaille avec les équipes de l’Euro 2016

d’une main de maître pour que la sécurité de

un immense espace avec des nombreux

ainsi qu’avec les services de l’État. « Pour

l’événement devienne un ensemble cohérent

prestataires, des entreprises, et souvent

des raisons de sécurité publique, nous ne

et donc efficace. Quelques mois restent

des passagers, des voitures, des camions,

pouvons pas faire stationner les équipes

encore aux équipes mobilisées pour parfaire

mais aussi du fluvial, des trains... », explique

de joueurs trop longtemps dans l’aérogare,

leurs scenarii. En attendant de connaître les

Amaury de Maupeou, commandant du Port

résultats de l’Euro 2016, ils

Euroméditerranéen de Marseille Fos, et de

auront joué un rôle central

poursuivre : « Chaque exploitant doit mettre

dont peu de personnes auront

en place un plan de sûreté. Ce plan va être

connaissance. Mais rester dans

préparé en amont avec une évaluation de

l’ombre est un gage d’effica-

sûreté mise en place par la préfecture. Pour

cité, et c’est aussi cela l’univers

cela, la gendarmerie maritime, la PAF, la

de la sécurité.

douane, le port et d’autres administrations vont définir la menace précise pour le lieu. Pour les passagers, la préfecture met en place des ZAR, zones d’accès restreintes,

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sécurité & défense magazine

1. lire l’article sur notre site internet sd-magazine.com : « Opération sentinelle : reconnaissance de la nation et moyens alloués à l’ordre du jour » par Laurent Lagneau de début juin.


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