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En Belgique, une maison qui réinvente la construction en briques

Derrière un rideau de briques

Cette maison en verre dissimulée derrière un rideau de briques est en rupture totale avec le modèle traditionnel flamand environnant.

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Texteet photos: Jan Verlinde / Living Inside Traduction: Catherine Gachies-Stäuble

Trois espaces de vie en enfilade se succèdent sur le sol en béton ciré. En point d’orgue, la cheminée suspendue Focus.

Dans la cuisine, l’îlot XXL est en bois et travertin. Robinetterie Vola.

Les différentes essences de bois apportent une note de chaleur. Sur le long buffet, des planches à découper et des céramiques d’Alex Gabriels.

Les sols en béton, les murs chaulés et les lames de bois brut génèrent un aspect à la fois primitif et délicat.

Dans son atelier baigné de lumière, Alex Gabriels s’adonne à sa passion pour la céramique.

Les prototypes sont conçus à la main. Sorties du four, les pièces dévoilent un côté brut et une finition parfaite.

Les matières brutes cohabitent avec la douceur du lin et du velours.

Le lit est logé dans une sorte d’alcôve revêtue de chêne brûlé.

Un impressionnant travail de maçonnerie a permis d’empiler ces briques une à une. L’escalier extérieur conduit directement à l’atelier de céramique.

Alex Gabriels et Philippe De Ceuster dans leur salle à manger.

Lors d’un voyage en Inde, les architectes Bart Lens et Thijs Prinsen (Lens°ass Architects) ont été fascinés par l’architecture locale en briques. Les maîtres des lieux – Alex gabriels et Philippe De Ceuster, tous deux actifs dans le secteur de la publicité – ont voyagé à peu près en même temps au Maroc et ont également été inspirés par les différents édifices construits dans ce matériau millénaire. Lorsqu’ils ont rassemblé toutes les photos de leurs voyages, des idées particulières en sont sorties et ont peu à peu donné naissance à cette nouvelle maison à Kampenhout, près de Bruxelles.

La conception de cette maison tranche résolument avec le traitement de la brique flamande typique de la région, mais s’intègre parfaitement dans son environnement.

Les architectes voulaient travailler avec la brique, mais pas à la manière traditionnelle flamande. En raison de ces influences du Maroc et d’Inde, ils avaient en tête des motifs en diamant et un escalier extérieur. Après de nombreux croquis, est apparue l’idée d’une façade en briques inédite qui tombe comme un rideau oriental devant l’enveloppe intérieure en verre, les motifs en diamant créant un jeu d’ombres vivant. Enfin, dans un geste fort et un parti pris pour la lumière naturelle, Bart Lens et Thijs Prinsen coupent le bâtiment en deux: un bandeau de lumière naturelle s’étend ainsi du rez-de-chaussée au toit.

Thijs Prinsen s’est plongé dans la construction en briques: «Nous voulions vraiment de la brique mais pas de façade en plaquettes collées; elle a donc été construite de manière traditionnelle, brique par brique. Tout a été aligné avec précision, permettant aux couches de la façade de se prolonger au-delà de l’escalier extérieur. Il s’agit d’un haut niveau d’artisanat et il faut un excellent maçon pour le réaliser! Les briques sont également très artisanales, elles ne sont pas toujours droites et présentent de belles nuances qui s’intègrent parfaitement dans cet environnement naturel.»

Un néo-brUtalisme bien maîtrisé

Si l’aspect monumental se dégage déjà de la conception, il est encore accentué par le fait que la maison a été construite un peu plus haut que le niveau du sol qui est partiellement submergé en hiver. On fait également l’expérience de la monumentalité lorsqu’on traverse l’édifice, car on remarque alors les points de vue qui permettent de regarder en diagonale de différentes perspectives. Les sols en béton et les murs chaulés créent un aspect à la fois brut et délicat.

Derrière ce mur de briques se dévoile un intérieur spacieux et lumineux dominé par des tonalités naturelles, qui font régner une atmosphère aussi apaisante que contemporaine. L’espace de la salle à manger est simplement matérialisé par un grand tapis au ton sable jeté sur le béton ciré, sur lequel est posée une table en bois ovale entourée de chaises d’une essence différente. La cheminée suspendue fait la jonction avec le grand salon baigné de lumière duquel se déploie une vue impressionnante sur le jardin à travers les immenses baies vitrées. Sur un mur est accrochée une bibliothèque modulaire des années 1960 de Poul Cadovius. Le bois, le métal, le béton et autres matières brutes cohabitent avec la douceur du lin et du velours. Les gros coussins empilés habillés d’étoffes orientales apportent une note de couleur et des textures chaudes sur le béton.

La cuisine ne fait pas exception à l’aspect monumental. Elle est composée d’une enfilade et d’un îlot massif en bois, avec plan de travail en travertin. La robinetterie et les poignées des meubles sont en laiton et faites sur mesure. Les propriétaires aiment les matériaux qui vieillissent de manière naturelle, comme ces robinets de l’emblématique collection danoise Vola.

Les architectes ont également créé une solution spéciale pour l’étage supérieur, où la chambre principale et la salle de bain font partie du couloir, mais peuvent être fermées au moyen de portes coulissantes. Le lit est donc une sorte d’alcôve en chêne brûlé. La salle de bain est en partie habillée du même revêtement en chêne noirci, qui contraste avec la blancheur des vasques et de la baignoire.

Plus loin, au niveau de l’étage supérieur, on pénètre dans l’univers d’Alex Gabriels et de son atelier de céramique. Volontairement situé à une extrémité de la maison sans «rideau de briques», il est baigné de lumière et semble immergé dans la végétation. C’est là qu’Alex crée et réalise ses collections de céramique à base d’argile rouge et aux finitions brutes qui s’accordent parfaitement avec l’architecture et la texture de

la maison. alexgabriels.com / lensass.be