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DES ESPÈCES FASCINANTES AU BIODÔME

PAR FANNY ROHRBACHER ET DANIEL SAUVAGEAU

LA FALAISE AUX MACAREUX

Sur les sommets herbeux des falaises côtières du Labrador, le macareux moine niche au fond d’un terrier. Comme les pentes rocheuses sont difficiles d’accès pour les prédateurs, c’est un milieu privilégié pour y élever ses oisillons. Au Biodôme, les scientifiques ont imité un tel site pour stimuler la reproduction de ces oiseaux au bec coloré. On installe des boîtes en bois de forme allongée en guise de terriers dans de petites falaises représentant une formation de schiste argileux. Dans les coulisses, l’équipe de l’horticulture fait pousser des graminées et les offre aux oiseaux pendant la saison estivale. Les macareux prennent alors les brindilles pour tapisser l’intérieur de leurs nids, comme dans leur habitat naturel. Grâce à cette petite attention de nos spécialistes, les macareux conservent leur comportement naturel. Depuis 1992, plus d’une centaine d’oisillons ont éclos au Biodôme.

Shutterstock/AndreAnita

LA MÉDUSE ET LE PAPILLON, UNE HISTOIRE DE CYCLE DE VIE

Sous leur forme immature, la méduse et le papillon sont bien différents de l'apparence qu'on leur connaît. La méduse émane d’un polype, un minuscule tube couronné de tentacules ancré au fond de l’océan. Alors que la chenille se métamorphose en papillon, le polype bourgeonne en une panoplie de petites méduses semblables à des flocons de neige. Ces rejetons, appelés éphyrules, se détachent pour grandir et se reproduire. Les mots «méduse» et «papillon» désignent donc aussi bien l’espèce que la forme mature de l’animal prêt à engendrer une nouvelle génération. La méduse devrait donc représenter son stade de vie terminal. Toutefois, il existe une espèce caribéenne, Turritopsis nutricula, qui est capable de rajeunir! Elle peut revenir au stade de polype lorsqu’elle fait face à un stress. De quoi être médusé!

Alexander Semenov

LES ARAS, DES GRUGEURS INVÉTÉRÉS !

Dans leur milieu naturel d’Amérique tropicale, les aras forment de grands rassemblements sur les falaises argileuses. Là, ils grignotent la terre, ce qui leur permettrait de neutraliser les toxines contenues dans certaines noix dont ils se nourrissent. Au Biodôme, les artistes du décor ont recréé des falaises : ils ont construit une structure d’acier recouverte de béton et lui ont donné l’apparence de l’argile. Mais les aras ne sont pas seulement des « mangeurs d’argile ». Ce sont des grugeurs qui ont besoin de ronger du bois pour aiguiser leur bec qui pousse constamment. On a ainsi installé des troncs artificiels auxquels sont fixées des branches naturelles de pommier. Les aras explorent les troncs et émiettent en copeaux ces branches, qui sont remplacées régulièrement.

Claude Lafond

LES DENDROBATES, DES BEAUTÉS (PAS TOUJOURS) FATALES !

Les dendrobates, de petites grenouilles colorées et venimeuses, vivent bien cachés sur le sol des forêts tropicales humides d’Amérique du Sud. Leurs couleurs flamboyantes repoussent les prédateurs en les avertissant de leur toxicité : attention, danger ! Le mucus qui recouvre leur peau contient des toxines provenant des fourmis et des coléoptères qu’ils avalent. Ces insectes contiennent des composantes toxiques que le dendrobate va utiliser pour synthétiser ses propres substances toxiques. Ces alcaloïdes s'accumulent dans la peau du batracien et le protègent des prédateurs. Or, au Biodôme, les dendrobates sont inoffensifs. Le personnel en soins animaliers leur donne à manger une variété d’insectes qui ne contiennent pas de toxines. On peut ainsi manipuler ces petites grenouilles sans danger.

Claude Lafond

LE CASTOR, VÉRITABLE ARCHITECTE DE SON HABITAT

Dans son milieu naturel, le castor s'abrite dans une hutte formée de branches qu’il a coupées. Grâce à ses longues incisives orangées, le mammifère ronge et abat des arbres en petits tronçons. Son espèce préférée ? Le peuplier faux-tremble, un feuillu tendre. Au Biodôme, on a fait appel à des artistes de cinéma pour créer un lieu, sur le parcours du visiteur, qui reproduit l’habitat de ces grands rongeurs. Un an et demi avant sa fermeture, les technicien.ne.s en soins animaliers ont commencé à ramasser les restants de bois que les castors taillaient. Puis, les artistes de décor ont créé une structure en résine dans laquelle ils ont intégré les morceaux de bois. C’est comme si c’était les castors qui avaient construit la hutte d’où vous pouvez les observer !

Shutterstock/Frank Fichtmueller

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