Le monde de l'horlogerie L'Express - novembre 2016

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QUE LA FORCE CONSTANTE SOIT AVEC LUI!

Les nouvelles voies du silicium

Echappement Constant, Girard-Perregaux (2016). DR

______ LUC-OLIVIER ERARD ●

Présenté comme une révolution propre à remiser l’ancre suisse dans les musées, l’échappement constant de GirardPerregaux a de quoi surprendre. Ce n’est pas seulement dans sa forme qu’il est différent de tout ce qui s’est fait jusqu’alors dans le domaine des échappements. Mais dans son principe même, ainsi décrit par la marque comme «un phénomène que chacun peut observer, tenant entre le pouce et l’index un billet de chemin de fer, verticalement, en lui donnant la forme d’un C ou d’une parenthèse ouverte. Si vous exercez alors une pression latérale, vous sentirez une résistance jusqu’au moment où… clac! La carte bascule brusquement de l’autre côté, position symétri-

que, parenthèse refermée.» Sur cet Echappement constant, le rôle du ticket de chemin de fer est joué par la lame de silicium qui partage la pièce, lui donnant l’aspect d’une bouche fermée. Le précieux claquement transmet l’impulsion au balancier spiral. Cette impulsion n’est donc pas uniquement tributaire de la force reçue du barillet (où se trouve le ressort moteur), mais il s’y ajoute la force du claquement. Un tel échappement est dit «à force constante», car ses impulsions ne varient pas en intensité en fonction du ressort moteur. Celui-ci a longtemps souffert d’une caractéristique fâcheuse: tendu, sa puissance est trop forte, tandis qu’à la fin de sa course, elle est trop faible. «Un défaut

dont l’importance a cependant beaucoup diminué ces dernières années en raison des progrès intervenus dans la conception des ressorts», explique Sylvian Aubry. Complexe, cher et de taille importante, l’objet n’est pas sans quelque inconvénient. Mais il doit au silicium d’avoir pris vie. Inventé à la fin des années 1990 par Nicolas Déhon, le procédé n’avait pas fonctionné avec d’autres matériaux. Sylvian Aubry explique que le silicium est utilisé désormais dans les mouvements de montre en raison notamment du fait qu’il est très dur et donc peu sujet à l’usure. En outre, il possède un coefficient de frottement très faible et ne nécessite qu’une lubrification très limitée. }

GEORGES-AUGUSTE LESCHOT (1800 - 1884) En 1830, Georges-Auguste Leschot, fils de Jean-Frédéric Leschot, et pionnier de la standardisation et de l’interchangeabilité, perfectionne un échappement à ancre. Un autre horloger, Antoine Lechaud, l’utilisera en série dès 1842. Massivement utilisé dans l’horlogerie suisse, cet échappement est appelé aujourd’hui «Echappement à ancre suisse». De nombreux horlogers avaient contribué à l’amélioration de ce mécanisme, notamment Abraham-Louis Breguet (1747-1823), bien que celui-ci

soit avant tout connu pour l’invention du tourbillon, du spiral Breguet, de la montre bracelet ou de l’usage des rubis. Georges-Auguste Leschot, lui, est aussi connu pour être l’inventeur d’une perforatrice ayant permis de creuser de nombreux tunnels, mines et galeries. Celles qui ont percé le Simplon sont directement inspirées de la sienne, qui lui valut d’être primé à Genève, ville où il est né (et décédé), et qui compte une rue à son nom.

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