L’Opus 3 de Vianney Halter pour Harry Winston. SP
DANS LA POUSSIĂˆRE DES CLOCHERS, L’ENFANCE D’UNE PASSION Vianney Halter possède une centaine de mouvements d’horloge anciens. ÂŤTout enfant, j’ai convaincu mes parents de me laisser grimper dans les clochers d’Êglise et de mairie pour voir derrière le cadran. Après avoir parcouru des coursives poussiĂŠreuses et enjambĂŠ des nids de pigeon, je tombais sur la machine. J’ai dĂŠveloppĂŠ une fascination pour les engrenages et le battement des balanciers.Âť Mais ne sont-ils pas toutes semblables? ÂŤNon. Certains possèdent des complications au niveau de l’Êchappement, des systèmes de sonnerie, du remontage. Tout ça ĂŠtait fait au marteau, sans tour, sans fraiseuse, et sans un truc qui clignotait de manière prĂŠcise Ă prendre comme rĂŠfĂŠrence. Pendant des siè-
avait foule, et plus personne ne rigolait. Un Italien m’a proposÊ d’en acheter trois. Que doit votre Deep Space, primÊe à Genève en 2013, à la sÊrie Star Trek: Deep Space Nine? En 2010, j’Êtais très fatiguÊ, j’avais moins envie de bosser. Je me suis replongÊ dans la science-fiction. J’avais dÊjà vu Star Trek au moins dix fois. Au Karloff (cÊlèbre vidÊothèque de Lausanne), on m’a conseillÊ Deep Space Nine, alors j’ai passÊ outre mes rÊticences à trahir la sÊrie originale. Je travaillais quatre heures par jour, et après je regardais des Êpisodes. J’ai fait les sept ans en six mois. J’en ai tellement regardÊ que, finalement, je rêvais des Êpisodes. J’ai rêvÊ de Deep Space comme un instrument de bord pour vaisseaux spatiaux. Certaines solutions me sont venues en dormant. Un processus totalement diffÊrent de celui de la crÊation d’Antiqua! J’avais eu envie d’une montre qui ressemble aux chronomètres de marine de Ferdinand Berthoud (1727-1807), alors je m’Êtais mis à l’Êtabli pour miniaturiser tout ce qui me plaisait dans ses instruments. Pour Deep Space, je rêvais de cet instru-
cles, ces machines ont permis de donner un rythme à des communautÊs en dÊcoupant le temps en fractions prÊcises. Les engrenages ne sont pas obsolètes, on les utilise toujours, même dans des dispositifs nanomÊtriques. Dans les annÊes 1950, on a beaucoup reprÊsentÊ la science-fiction avec des formes très fluides, des vaisseaux, des combinaisons. Depuis Forbidden Planet (film de 1956), on s’est souvenu que machines et robots bougeaient grâce aux engrenages. La tendance steampunk et sa fascination pour le 19e siècle projetÊ dans le futur ont renforcÊ cette tendance. Aujourd’hui, des engrenages on en voit jusque dans les pubs ultramodernes de Jean-Paul Gauthier.
ment indispensable à l’espèce humaine pour expliquer son monde, fait de trois dimensions physiques enveloppÊes par le temps, aux autres espèces rencontrÊes. C’est pour cette raison que ce tourbillon tourne sur trois axes, ce n’est pas une rÊfÊrence temporelle, mais dimensionnelle. La montre est vraiment basique: l’heure y est accessoire. }
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C’est le montant, en dollars, auquel a ÊtÊ adjugÊ une Opus 3, contribution de Vianney Halter à la sÊrie de montres d’exception de Harry Winston.
UN PEU DE HALTER DANS UNE SWATCH
La crÊation des horlogers indÊpendants n’est pas accessible à tout un chacun. Pourtant, les rapports entre les horlogers et l’industrie de grande consommation existent. Dans l’inspiration qui peut en dÊcouler chez les designers, mais aussi dans des aspects concrets. Ainsi explique l’horloger de Sainte-Croix, le mouvement mÊcanique de la Swatch system 51 utilise un rotor masse mystÊrieuse de son invention. Cette masse oscillante ne cache pas le mouvement sous la montre, parce qu’il est reliÊ à l’axe par une matière transparente. Une invention que Vianney Halter utilise dans plusieurs de ses montres.
LE MONDE DE L’HORLOGERIE
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