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Cuadernos ETT Nº 2

seillers éditoriaux. Ils ont souligné aussi le coût élevé de la traduction. Quand on fait ce qu’on appelle d’un mot assez barbare «la moulinette», c’est-à-dire quand on additionne tous les coûts, y compris les frais généraux, on arrive à des sommes considérables. Selon Chodkievitch et Bernard, il fallait pour équilibrer ces coûts vendre 6.000 exemplaires (ce qui est bien sûr exagéré). De toute façon, le marché algérien a permis à Pierre Bernard de poursuivre son travail pionnier. Au contraire, les éditions du Seuil, après Zayni Barakat, publié en 1985, ont attendu huit ans pour publier un autre livre de Ghitany. Ce qui, sur le plan éditorial, est absolument injustifiable. De son côté, Denoël a réservé les droits de Mahfouz dont les livres se vendent à 8.000/9.000 exemplaires, mais cela ne les a pas amenés à publier régulièrement des auteurs plus jeunes ; chez Denoël a paru un livre de Yahya Haqqî, un autre de Sulaymân Fayyâd, et ce fut le seul de la génération des années soixante auxquels nous nous intéressons tous. Gallimard s’est contenté de Habibi et de Sahar Khalifa, Arléa d’Elias Khoury. C’est dire que l’édition française, par paresse ou découragement, est restée, dans ce domaine, en-deçà des Espagnols ou des Italiens. Entre octobre 1995 et octobre 1998, ont été édités cinquante livres sous le label Actes Sud, dont vingttrois de littérature contemporaine, quatorze dans la collection Sindbad, sept dans la collection «Mondes arabes», et

La réception en France de la littérature arabe

Actes Sud a sans doute donné plus de visibilité –comme on dit aujourd’hui– à la littérature arabe contemporaine, car il s’agit d’une maison d’édition en pleine expansion, distribuée par Flammarion dans un important réseau de librairies. Cela permet une présence physique du livre dans les librairies, en vitrine, sur les étalages. Le fait, par ailleurs, de passer un certain nombre de livres dans la collection de poche «Babel» leur assure une diffusion constante, à un prix très raisonnable. Qu’en est-il maintenant de la réception de la littérature arabe contemporaine en France? Quand on parle de réception, on pense d’abord au lecteur, mais il y a des médiateurs, des intermédiaires, et c’est là que les choses se décident. Commençons par les éditeurs eux-mêmes. Je me rappelle qu’en 1988, il y a dix ans, un colloque a été organisé à l’Institut du monde arabe, auquel a participé Pierre Bernard, suivi d’un autre colloque, au Caire, auquel a participé Michel Chodkievitch qui était le directeur du Seuil. Tous les deux se sont plaints d’un certain nombre de défaillances dans l’édition arabe, en mettant l’accent sur l’absence de véritables éditeurs dans le monde arabe, qui travaillent pour leurs auteurs, qui tentent de les faire connaître, qui sont en contact avec les éditeurs étrangers, etc. Ils ont noté aussi que la plupart des auteurs arabes n’ont pas d’agents littéraires. Et que les maisons d’édition françaises n’ont pas assez de moyens pour employer des arabisants comme con-

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