Quand la droite populiste s’essaie à la critique de la mondialisation

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PUBLIC EYE – LE MAGAZINE  N° 6  Juin 2017

Quand la droite populiste s’essaie à la critique de la mondialisation La critique des dérives de la mondialisation a longtemps été l’apanage de la société civile de gauche. Depuis l’élection de Donald Trump, la mondialisation est désormais critiquée à l’aile droite de l’échiquier politique – et pas seulement aux États-Unis. En Europe aussi, une large majorité de l’électorat de la droite populiste se sent menacée par la mondialisation. Assiste-t-on à l’avènement d’une alliance contre nature, où « les extrêmes se touchent » ?

Alors que la Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), en décembre 1999 à Seattle, se soldait par un échec, les manifestations de masse contre les dérives de la mondialisation défrayaient la chronique. Les médias du monde entier ouvraient enfin les yeux sur ce vaste mouvement de contestation, qui avait vu le jour au début des années 1980. Face aux politiques d’austérité que le Fonds monétaire international (FMI) tentait d’imposer pour résoudre la crise de la dette latino-américaine au détriment des classes les plus pauvres, une résistance mondiale s’était organisée. En 1997, les négociations secrètes de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) autour d’un accord extrêmement favorable aux investisseurs rencontraient une forte opposition. Cette même année, des banques d’investissement et des fonds spéculatifs (hedge funds) agressifs provoquaient une forte dévaluation du bath thaïlandais, qui allait « contaminer » d’autres pays asiatiques, déclenchant, en Indonésie et en Corée du Sud,

la pire crise économique de leur histoire. Le mouvement de critique de la mondialisation avait alors revendiqué des mesures de contrôle des marchés financiers. Face à l’arrogance des multinationales Dans les années 1990, le cœur de ce mouvement battait en réaction au « consensus de Washington », un vaste programme de dérégulation et de libéralisation concocté par la Banque mondiale, le FMI et le Département du Trésor des États-Unis, à Washington, et par l’OMC, à Genève. Ce cocktail de mesures reposait sur trois dogmes : le libreéchange débridé, la libéralisation des marchés financiers et la privatisation des services publics. Principales bénéficiaires de ce vaste programme, les multinationales en étaient également les principales instigatrices. C’est pourquoi la critique de la mondialisation portait aussi sur leur pouvoir économique croissant, leur influence sur les décisions politiques et leur impunité. Dans la définition qu’il en donne en 2000,

© Carlos Barria/Reuters

24  LE LIBRE-ÉCHANGE, TRUMP & C IE


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