Santorin

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Partie II : L’éruption minoenne L’éruption minoenne s’est déclenchée vers 1645 av. J-C, à la fin de l’âge de Bronze. Ce fût l’une des plus importantes éruptions pliniennes des temps modernes. Trente à quarante kilomètres cubes de magma dacitique ont été éjectés (Simkin and others, 1981). L’éruption a été suivie par l’effondrement de la chambre magmatique qui engendra la création de la caldeira actuelle. La colonne plinienne a atteint une altitude de presque 40km (Pyle, 1990). Ses cendres ont été dispersées dans toute la Méditerranée orientale et ont dû avoir un impact sur le climat de l’ensemble de la planète. Sur l’île de Santorin, les dépôts relatifs à cette éruption ont, par endroits, une épaisseur supérieure à 75 m. Ils sont constitués de ponces blanches et de cendres. Ainsi, l’éruption s’est produite sur une île occupée par une civilisation hautement développée. Depuis 1969, les fouilles proches d’Akrotiri ont amené un éclairage important sur la civilisation de Santorin à l’âge de Bronze.

Morphologie de l’île de Stronghyle avant l’éruption minoenne Les îles formant l’archipel de Santorin sont les restes d’une île bien plus grande qui s’appelait Stronghyle (« La Ronde ») en raison de sa forme. La grande éruption minoenne a été précédée par une longue période d’inactivité volcanique qui a duré au moins 15 000 ans. Durant cette période, Stronghyle atteignait une altitude de près de 600m en son centre. A cet endroit, se trouvait vraisemblablement un cratère formant une vaste dépression plate couverte de végétation. Comme Stronghyle était le résultat de la réunion d’une dizaine de centres éruptifs, elle ne présentait pas une forme de cône idéal. Des études de terrain ont pu reconstituer au moins partiellement la morphologie de cette île. Une baie existait au Sud-Ouest de l’île au niveau actuel d’Apronisi. Cette baie avait environ 2km de large et devait servir de port aux Minoens. Un second port, plus petit et mieux protégé existait à l’Ouest de la ville d’Akrotiri. Stronghyle était moins étendue que l’actuel archipel. La falaise de Monólithos n’était alors qu’un îlot.

Séismes précurseurs La plupart des preuves mettant en évidence l’existence de séismes ayant précédé l’éruption sont situées dans l’ancienne ville d’Akrotiri. Ainsi, les archéologues pensent qu’il y a eu au moins 2 séismes majeurs. Le premier séisme a eu de sérieux effets sur la ville et a engendré un grand programme de reconstruction. Le second évènement majeur est, en fait, une suite de séismes moins importants qui ont engendré de petits changements dans la ville. Les habitants ont vraisemblablement abandonné la ville après cet évènement. Au vu de l’importance de ces tremblements de terre, certains auteurs pensent qu’ils ont pour origine des mouvements tectoniques et non l’activité volcanique. Toutefois, dans le début des années 1970, les chercheurs ont avancé l’hypothèse que ces mouvements tectoniques et le déclenchement de l’éruption étaient liés.

L’éruption Les premières chutes de tephra (unité BO0) Certains auteurs décrivent, dans le Sud de Thera, jusqu’à 4 niveaux de fines cendres de couleur jaune, orange-brun et/ou gris clair. Dans ces strates, les cendres sont accompagnées de fragments lithiques et de ponces de la taille des lapilli. L’épaisseur de ces couches varie de 1 à 4 cm. Les volcanologues interprètent ces niveaux comme des retombées de cendres émises par un évent proche de l’actuelle Nea Kameni. Ils ont été engendrés par une activité phréatique et phréatomagmatique qui a précédé de quelques mois l’éruption principale. Cette activité a pu servir d’avertissement à la population.

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