Magazine L'Eperon Juin - Juillet - Août 2020

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L’EPERON leperon.fr

Covid-19 L’obstacle de trop ?

REPORTAGE ÉLEVAGE

RIVERLAND, UN AFFIXE ENCORE JEUNE MAIS DÉJÀ INCONTOURNABLE

CULTURE

BARTABAS : « LES CHEVAUX SONT MES YEUX POUR REGARDER LE MONDE »

N° 385 l Juin - Juillet - Août 2020

PORTRAIT CHEVAL

DOMINATOR 2000 Z, UN PERFORMER HORS NORMES


COLLECTION

PRINTEMPS / ÉTÉ


L’EDITO de Sylvia Flahaut

ERIC KNOLL

leperon.fr

Résilience

N

ous l’avons d’abord regardé de loin, peu convaincus qu’il parviendrait jusqu’à nous. Et puis, jour après jour, le doute s’est quand même installé... Il s’est faufilé, incidieusement. Eberlués, nous avons observé nos voisins italiens commencer à compter leurs disparus. Et puis, finalement, ça a été notre tour. Il a réussi à impacter nos quotidiens, a modifié nos habitudes, a mis en danger nos activités. Il n'a épargné personne, n'a fait aucune distinction et a démonté quelques-unes de nos certitudes. Il a parfois modifié les rapports à nos proches, nous a fait reconsidérer nos choix professionnels et a remis en question des décisions. Il a montré l’essentiel et a relégué les futilités, qui avaient parfois pris un peu trop d’importance, en bas du tableau. Il a donné du temps, coûté de l’argent. Il a contraint des millions de personnes à faire autrement, à penser différemment, à trouver des solutions. Il a véhiculé la souffrance, la tristesse, occasionné des séparations, mais aussi des rapprochements. Il a permis à beaucoup de changer d’axe de vue, de prendre du recul, de remettre les choses en perspective. Il a parfois été un déclencheur, le point de départ d’une autre route, vers un ailleurs jamais envisagé... Au sein de la filière cheval, c’est peu dire que l’épidémie est arrivée comme un cheveu sur la soupe : les pertes financières sont colossales, les activités de beaucoup sont menacées et il est évident que certaines branches de la filière vont mettre du temps à se redresser, si elles ne cassent pas dans les semaines ou les mois à venir. Cette crise a révélé certaines de nos

faiblesses, dont la fragilité de beaucoup de structures équestres. Elle doit nous permettre de construire différemment l’avenir : sans faire de l’équitation une pratique encore plus élitiste qu’elle ne l’est déjà considérée, repensons les systèmes pour permettre à ses acteurs de vivre décemment de leur passion. Ne nous refermons pas sur nous-mêmes, au contraire, démocratisons notre sport, expliquons les rouages de la filière pour qu’elle soit comprise du grand public et des décideurs, interlocuteurs incontournables, on le voit aujourd’hui. Et puis, permettonsnous davantage de perméabilité entre nos différentes branches : la crise met en lumière l’utile solidarité des courses envers le reste de la filière. Gardons-le en mémoire... Le sport aussi doit évoluer, reprendre sa place et profiter de cette période pour dire qu’il est notre locomotive, et non pas au service des billets que certains sont capables d’aligner pour jouer dans la cour des grands : tournons la page, revenons à l’essentiel, au mérite, au dépassement de soi et à la performance physique. Laissons les apparats de côté et repensons certains systèmes de qualification, pour permettre aux plus méritants de grimper sur le ring. Les instances ont un rôle à jouer dans ces perspectives et doivent être forces de proposition. Si, bien évidemment, la crise sanitaire que nous traversons apparaît comme insurmontable pour nombre d’entre nous, faisons en sorte qu’elle nous permette à l’avenir d’accéder à plus de justesse, de stabilité, de sérénité. Seule la résilience nous permettra de mettre à crédit cette rude épreuve, et de lui donner du sens. n

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•3


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SOMMAIRE Juin Juillet Août 2020

3 ÉDITO

8 TRIBUNE

9 IMAGES D'ACTU Toute l'actualité des trois derniers mois en images 22 L'ACTU DES JEUNES 27 L'ACTU DES PONEYS 31 L'ACTU DES AMATEURS DOSSIER COVID-19 36 La filière désarçonnée 49 Les professionnels témoignent 59 Sport : le Covid-19, comme un chien dans un jeu de quilles 63 Réactions et avis des cavaliers

36 - DOSSIER Covid-19, la filière désarçonnée Une situation inédite, extraordinaire, qui met plus d'un professionnel de notre filière dans la tourmente : comment les gérants de centres équestres, les entraîneurs et les acteurs du monde du cheval réagissent-ils à la crise ? Quels impacts aura-t- elle sur notre économie et sur le sport ?

71 PORTRAIT CHEVAL Dominator 2000 Z, le diamant noir de Zangersheide

LAURENT CHAPELLIER

76 REPORTAGE ÉLEVAGE Riverland, l'élevage du XXIe siècle

71 - PORTRAIT CHEVAL Dominator 2000 Z

En couverture : Humeur équine de Pierre Milon Hold Up Riverland : Ph. Les Garennes Bartabas : Ph. Christophe Bricot Dominator Z : Ph. Laurent Chapellier

Le puissant étalon noir ne laisse pas indifférent : depuis deux ans, Dominator 2000 Z, sous la selle allemande de Christian Ahlmann, expose son aisance à l'obstacle et impose son style sur les plus belles pistes du monde. Nombre d'éleveurs ont déjà parié sur ce reproducteur hors-normes.

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SOMMAIRE Juin Juillet Août 2020

113 - TECHNIQUE Les conseils des pros

93 LIGNÉE MATERNELLE Vertigo du Désert 101 ÉCONOMIE-POLITIQUE

ERIC KNOLL

106 LIVRES Bartabas, à fleur de cheval 13 TECHNIQUE 1 Les conseils des pros

La saison de concours a été lourdement impactée par l'épidémie de Covid - 19 et les cavaliers professionnels en ont profité pour peaufiner leur technique. Pour ne pas perdre la motivation et continuer à progresser avant la reprise de la compétition, découvrez les conseils et les exercices favoris de six d'entre eux.

126 DÉCOUVERTE Le polo argentin 132 SHOPPING TOUR DES RÉGIONS 137 Sud-ouest 141 Sud-est 147 Nord-ouest 151 Nord-est 155 Île-de-France 160 ANNONCES CLASSÉES 162 INFOS PRATIQUES

PASCAL RENAULDON

126 - DÉCOUVERTE Polo argentin

En Argentine, le polo est une véritable institution et représente un marché économique conséquent. L'élevage de chevaux de polo s'y est développé et le clonage est devenu monnaie courante. Reportage sur les différentes facettes d'un sport ultra-populaire.

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La tribune ⇩ Emmanuel Feltesse Emmanuel Feltesse, président du Comité régional d’Île-de-France et représentant des comités régionaux d’équitation, livre un premier bilan de la crise et ce qu’on peut déjà en retenir.

« Les limites de la passion »

L

a fermeture brutale des présidente, Valérie Pécresse, que centres équestres, le 16 mars, je tiens à remercier, a débloqué a été soudaine. Elle a généré une première aide d’urgence de une avalanche de questions 150 000 euros. Cela nous a permis et une forme d’angoisse. Nos de venir en aide à une soixantaine dirigeants, certes passionnés, ne de structures. Nous avions sont pas armés pour régler une demandé initialement un fonds telle situation. Non seulement de un million d’euros au regard du ils sont sur tous les fronts mais, nombre d’établissements, j’espère avec un prix moyen de l’heure que cette enveloppe pourra être de quinze euros à poney et complétée. De plus, le 17 avril était v i n g t e u ro s à c h eva l , l e u r annoncé un fonds de soutien aux marge est insuffisante pour se zoos, cirques et refuges, étendu structurer comme une entreprise aux centres équestres (20 millions traditionnelle où les experts d’euros, soit 3 000 euros par prennent les choses en main. La établissement), qui n’a pas été première mission des organes versé, et a produit un effet pervers déconcentrés de la Fédération sur les élus, souvent éloignés de française d’équitation a été de les nos spécificités. aider à décrypter les dispositifs Cette crise doit nous faire prendre d’aides gouvernementales. conscience de nos faiblesses En parallèle, il a fallu gérer la dans nos rapports avec les cavalerie. La spéculation sur les collectivités. Espérons qu’elle herbages a mis en lumière un nous permette de tisser des liens, ERIC KNOLL manque de solidarité de et d’être respecté comme la filière agricole au sens la troisième fédération « La spéculation sur les herbages large. Ensuite, nous avons sportive. L’équitation dû faire face à une véritable de son image a mis en lumière un manque de solidarité souffre incompréhension des élitiste et d’être confinée collectivités territoriales dans son propre univers. de la filière agricole au sens large » sur la spécificité de notre Au-delà de la réouverture, sport, qui ne vit pas, l’objectif actuel est la contrairement à bien d’autres, de subventions, et finance relance, grâce à des opérations de communication et de son fonctionnement grâce aux usagers. promotion sur le sport, l’équitation scolaire ou le sport à Les élus n’avaient pas conscience de la double peine que destination des personnes porteuses d’un handicap. J’incite subit notre activité – la seule dans ce cas –, l’absence de les présidents de Régions à soutenir les établissements pour recettes cumulée au maintien des charges et du personnel. réussir la période d’été et la rentrée. J’en appelle aussi à la Alors que les autres sports se souciaient de conserver leurs solidarité des cavaliers. C’est le moment pour les dirigeants subventions pour mettre en place leurs programmes sportifs, d’être inventifs, audacieux et courageux pour passer le cap. notre inquiétude portait sur la fermeture définitive de certains Certains ont pris conscience des limites de leur passion au clubs. Malgré le précieux soutien de Martine Leguille-Balloy et regard de la réalité économique de leur structure. Il nous Jean-Pierre Vogel, respectivement présidents des groupes appartient aussi de soutenir nos jeunes personnels, parfois Cheval à l’Assemblée nationale et au Sénat, nous n’avons pas plus fragiles qu’on ne le pense. La situation est aujourd’hui été aidés comme nous aurions dû l’être. très tendue, il faut éviter qu’elle ne devienne catastrophique. Pour soutenir les quatre-cent-soixante-dix-huit clubs et Ensemble, on est plus fort que tout seul, c’est le moment les deux-cent-cinquante associations sportives franciliens, de le montrer. Je suis aussi déterminé et pugnace qu’au seule la Région Ile-de-France, représentée par sa premier jour.

Retrouvez toute l’actualité de l’élevage et des sports équestres sur

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•8

leperon.fr


IMAGES D’ACTUALITÉ

CocoriCovid ! Interdiction de rassemblements, interdiction de déplacements, fermeture des établissements recevant du public... Comme de nombreux secteurs, la filière équestre s’est réveillée confinée le mardi 17 mars. Durant près de deux mois, centres équestres, écuries de propriétaires, éleveurs, cavaliers ont dû composer avec les conséquences économiques inhérentes à l’arrêt de nombreuses activités et les enjeux du bien-être animal. Cette crise inédite a révélé les limites de certains systèmes et amené à de saines réflexions sur les conditions d’hébergement des équidés et sur le système ultra-mondialisé du sport de haut niveau, entre autres. Cette situation a également mis en exergue la complexité de la filière française qui mêle professionnels et amateurs, courses et élevage pour la consommation de viande, sport et loisir. Autant de secteurs et de professionnels qui ont été touchés par le confinement de manière différente, et qui attendent, de fait, des réponses et des solutions adaptées à leur situation. Difficile pour les institutions qui défendent la filière de peindre un tableau précis auprès des pouvoirs publics, qui méconnaissent souvent les particularités liées aux activités équestres. La communication ubuesque dont ont usé le gouvernement et la Fédération française d’équitation à la fin du confinement n’ont pas permis de rassurer les craintes les plus vives, mettant ainsi en évidence la défiance de nombreux professionnels et amateurs vis-à-vis des autorités qui les gèrent. Une défiance sous-jacente depuis de nombreuses années, qui risque de compliquer la sortie de crise, qui ne pourra être que facilitée par des échanges constructifs. D’autant que tous les acteurs s’accordent à le dire : la reprise de certaines activités est une première étape, mais cet arrêt forcé aura des répercussions à très long terme. L’ombre du Covid-19 n’a pas fini de planer sur la filière et sur nos vies... n M.R.

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•9


IMAGES l D’ACTUALITÉ

Pour de nombreux clubs urbains, l’absence de terrain pour mettre les chevaux d’instruction au vert durant l’arrêt des activités d’enseignement a été un véritable casse-tête. Les gérants ont dû se démener, demander aux communes, aux agriculteurs, et même aux particuliers, des pâtures pour pouvoir placer leurs protégés. Une angoisse que les équidés n’ont pas partagée, heureux pour la plupart de profiter de vacances au pré et de pouvoir savourer l’herbe de printemps. Cette même herbe qui, a contrario, a été particulièrement chouchoutée durant cette période d’arrêt forcé sur le site du Grand Parquet. Quant au Petit Parquet, refait en sable cet hiver, il attend toujours les premiers partants... n M.R.

BÉATRICE FLETCHER

Le bonheur est dans le pré

10 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020


IMAGES l D’ACTUALITÉ

L’écho vide... résonne

CRÉDIT

BÉATRICE FLETCHER

Le bruit des sabots sur les pavés n’aura jamais autant résonné que dans les rues vides de Paris. Largement mis à contribution pour faire respecter les mesures de restriction de déplacements, chevaux et cavaliers de la Garde Républicaine ont cependant pu profiter du calme de la ville désertée et des vues imprenables qu’offre la capitale française. Dans l’Oise aussi, le « médiateur cheval » a aidé au respect des consignes sanitaires. Élève de l’école des gardes équestres de Buire-Hirson, Nathacha Dubœuf s’est proposée pour faire le tour de Pont-l’Évêque en selle sur Orlando, afin de rassurer les habitants, proposer une aide si nécessaire, et faciliter le respect du confinement : « Les gens qui entendent le sabot du cheval ouvrent leur porte pour discuter un peu et à ce moment-là, ils osent demander un service », a-t-elle constaté. Un joli moyen de créer des liens ! n M.R.

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•11


IMAGES l D’ACTUALITÉ

La course... à la relance économique !

SCOOPDYGA

SCOOPDYGA

À Chantilly, comme sur de nombreux autres centres d’entraînement, l’activité des chevaux de courses n’a pas été arrêtée durant le confinement. Les salariés des écuries ont continué de soigner et entraîner les chevaux, mais l’accès aux pistes restées ouvertes était réservé aux seuls professionnels. L’idée des entraîneurs ? Être en mesure d’avoir les chevaux en forme dès la réouverture des hippodromes. Grâce à de nombreuses discussions dès le début du confinement, France Galop et Le Trot ont obtenu le feu vert des autorités pour une reprise le 11 mai, dans le cadre d’un huis clos strict. Une contrainte à laquelle officiels, entraîneurs, lads et jockeys étaient habitués : c’est dans ce cadre que s’étaient courues les dernières courses avant leur arrêt total, mi-mars. Cette reprise ne s’est pas faite sans concession, les allocations étant largement revues à la baisse (-20 % au galop et -7,9 % au trot en moyenne). Toutes ces allocations, comme les sommes versées au Fonds Éperon à destination de la filière sport, sont issues d’un prélèvement sur les enjeux des paris sportifs du PMU. L’opérateur a été au point mort durant deux mois et les pertes enregistrées sont immenses. La relance économique de la filière course sera par ailleurs indissociable de la reprise des paris... qui s’annonce timide tant que les bars n’auront pas rouverts ! n M.R.

12 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020



IMAGES l D’ACTUALITÉ

Comme si de rien n’était...

Tous les chevaux de sport n’ont pas eu le loisir de se prélasser au pré. Au Pôle international du cheval de Deauville, soixante-quatre chevaux de propriétaires sont restés en pension durant les deux mois de confinement. L’équipe du Pôle s’est occupée des soins et du travail. Longe, carrière, piste de galop : activités variées pour ces équidés qui n’ont pas eu le temps de s’ennuyer durant ces huit semaines ! n M.R.

CRÉDIT

La crise liée au Covid-19 a eu cette particularité de faire émerger de jolis projets de solidarité et certains autres innovants. Le NAF Virtual Eventing a allié les deux du 7 au 10 mai ! L’événement a opposé des cavaliers du monde entier dans une compétition de concours complet virtuelle pour lever des fonds destinés aux systèmes hospitaliers des pays luttant contre le coronavirus. Chacun chez soi, les cavaliers en lice ont redoublé d’ingéniosité, pour les déguisements enfilés pour le trot-up, et d’investissement pour la préparation des montures (aussi belles et brillantes qu’à Badminton sur le carré de dressage) et des parcours. Sécurité oblige, les deux derniers tests se sont faits sans chevaux et ont mis la condition sportive des cavaliers à rude épreuve. Le cross et ses divers ateliers façon parcours du combattant ont donné du fil à retordre aux concurrents, tout comme le parcours de barres au sol à dérouler à vélo. Plus de 173 000 euros ont été récoltés dont 6 000 euros pour la Fondation de France. Merci aux participants tricolores, Sébastien Cavaillon (photo), Arthur Chabert et Thomas Carlile, pour cette bouffée d’air frais durant le confinement ! n M.R.

COLL. SEBASTIEN CAVAILLON

Compétition virtuelle, solidarité bien réelle

14 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020


IMAGES l D’ACTUALITÉ

Seul en piste

Au printemps, les Grandes Écuries de Chantilly fourmillent de monde. Petits et grands viennent visiter l’incroyable site historique et ne manquent pas de s’extasier devant les spectacles proposés par l’équipe de Sophie Bienaimé. Confinement oblige, pas de représentation depuis mi-mars (et ce pour une durée encore indéterminée à l’heure où nous écrivons ces lignes) sur la piste ronde cantilienne. Qu’à cela ne tienne ! Les artistes, humains et équins, ont continué à peaufiner leurs numéros, sous l’œil aussi bienveillant qu’imposant des immenses statues du site. Chacun a hâte de présenter le fruit de son travail au public... n M.R.

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•15

PASCAL RENAULDON


ERIC KNOLL

IMAGES l D’ACTUALITÉ

Terminé le sport pour Casallo Z

Bye Bye Bayro

Fin mars, Tim Lips a annoncé la perte de son crack Bayro (Casantos). Le hongre de quatorze ans n’a pas survécu à une opération de coliques. Bayro manquera sans aucun doute à l’équipe des Pays-Bas avec laquelle il a participé aux J.O. de Rio et dont il a été le meilleur représentant aux championnats d’Europe l’été dernier, mais il manquera encore plus à son cavalier avec lequel il évoluait depuis dix ans et pour lequel il était « le cheval d’une vie »... n C.M.

À seize ans, Casallo Z a quitté son cavalier, l’Italien Piergiorgio Bucci, pour rallier la Belgique et les écuries de Tal Milstein afin de se consacrer à la reproduction. Le bel alezan ne s’est jamais complètement remis d’une blessure survenue il y a quelques années, son entourage a ainsi décidé de mettre un terme à sa carrière sportive. Il restera tout de même dans les mémoires comme l’un des meilleurs chevaux de l’équipe italienne. Le fils de Casall avait remporté le Grand Prix du LGTC de Cascais et défendu les couleurs de la Squadra Azzurra aux championnats d’Europe de Herning en 2013 ainsi que dans de nombreuses Coupes des Nations à Aix-la-Chapelle, Rotterdam et Rome. n C.M.

16 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020


L’Australien s’est envolé...

COLL. R.-L. T.

Surnommé le « cavalier volant » pour son style atypique, l’Australien Kevin Bacon est décédé le 11 mars 2020, à l’âge de quatre-vingt-huit ans. Né dans un milieu agricole en 1932, Kevin Bacon a toujours entretenu avec les chevaux une relation « naturelle », issue principalement des traditions du travail du bétail. Souvent taxée de « déterminée » plus que de « styliste », la monte de l’Australien, qui décollait littéralement de son cheval au moment du saut, a pu faire sourire le public américain et européen lors de ses premières apparitions sur la scène internationale, mais la réussite que lui apportait sa méthode a vite eu raison des railleries. Son style était par ailleurs au moins aussi commenté que la relation qu’il entretenait avec son cheval Chichester, qui le rejoignait au milieu de la piste sur un simple sifflement lors des remises des prix. Récompense d’une si singulière relation que le cavalier entrenait, le couple reste l’un des plus performants pour l’Australie en matière de résultats ! n M.R.

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•17


IMAGES l D’ACTUALITÉ

D. CAREMANS

Au revoir, Margit Margit Otto-Crépin, figure emblématique du dressage tricolore, est décédée le 19 avril à l’âge de soixante-quinze ans. Née en Allemagne, Margit a épousé Daniel Crépin en 1970 et pris à cette occasion la nationalité française. Elle s’est ensuite forgée le plus beau palmarès du dressage tricolore. Ses montures ? Parliment, Caprici, Lucky Lord mais surtout Corlandus. C’est avec ce grand cheval de 1,80 mètre qu’elle a connu ses plus beaux succès : une victoire dans la finale de la Coupe du monde de Göteborg en 1989, la médaille d’or aux championnats d’Europe de Goodwood en 1987 (la première et la seule que la France ait jamais obtenue !), l’argent aux J.O. de Séoul en 1988... En récompense, elle fut nommée Chevalier de l’Ordre national du mérite par François Mitterrand et écuyer d’honneur du Cadre Noir. Souriante, passionnée et curieuse, elle a consacré, à l’issue de sa carrière, du temps à l’équipe colombienne et aux cavaliers français pendant trois ans. Elle a également occupé plusieurs postes au sein de la FEI et présidé pendant plus de dix ans l’International Dressage Riders Club (IDRC). n C.M. 18 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020


N

O COLLECTI

French Touch


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Poneys / Jeunes / Amateurs

Cavalière brillante, notamment avec son partenaire Simba de Kerduff (Galway de la Dive), Joséphine Héteau, dix-neuf ans, avait connu une fin de carrière Poney prématurée. La Bretonne a rebondi en devenant vice-championne de France en 2017. Une performance qui lui a permis de rester sur le circuit et de faire partie des rares Tricolores à intégrer le Pôle France.

JOSÉPHINE HÉTEAU, L’AUTODIDACTE DU PÔLE FRANCE Fille de gérants d’un centre équestre située à Questembert (56), il était difficile pour toi de ne pas monter à cheval…

Depuis toute petite je suis dedans, j’ai commencé à monter à cheval dès mon plus jeune âge. J’ai essayé d’autres sports comme le basket parce que ma maman voulait que j’essaie quelque chose de différent. Au final, ça n’a pas marché et je suis restée dans le cheval. J’ai commencé les concours à l’âge de quatre ans et ça ne s’est jamais arrêté. Quelles ont été les raisons qui t’ont poussée à faire du concours complet ?

Aux écuries, le complet est une institution. Mon papa en faisait jusqu’au niveau Pro 1, ma maman jusqu’en Amateur Élite. J’ai voulu essayer pour faire comme eux. Comme la plupart, j’ai débuté par le saut d’obstacles. Mais un jour, on a mis le poney dans le camion pour un complet et l’histoire a débuté. Qualifiée pour les championnats d’Europe en 2017 avec Simba, tu as dû faire face à une blessure de ton poney qui mettait un terme à sa carrière. N’y a-t-il pas un goût d’inachevé ?

Légèrement, oui. J’étais triste que ça se termine ainsi parce que Simba, c’était tout pour moi. C’est bien de faire les championnats d’Europe mais si j’aime ce sport, c’est avant tout pour le côté animal. J’ai donc préféré qu’il rentre à la maison au pré. C’est sûr que ce n’est pas arrivé au meilleur moment, mais je suis quand même super contente du parcours réalisé avec lui. C’est une belle réussite parce qu’au début, ce n’était pas gagné. D’ailleurs ce qui m’a marqué le plus, c’est sa progression : lorsqu’on l’a acheté, ce n’était pas pour faire de grosses épreuves et finalement j’ai participé à des internationaux, comme Marbach (All). Pourtant, quelques semaines plus tard tu devenais vice-championne Amateur 1 Jeunes de France à cheval. La déception a été vite oubliée !

Je suis vite passée à autre chose et j’ai dit à ma maman qu’il fallait trouver un cheval. Comme on n’avait pas les moyens d’en acheter un, j’ai pris une jument, Taiga du Landier (Nathan de la Tour), qui était au club. D’après maman, c’était la seule qui pouvait répondre à mes attentes. La transition poney-cheval a été difficile, mais j’ai réussi à la qualifier assez rapidement pour les championnats. On a décidé d’y aller, sans grandes ambitions, mais finalement nous terminons deuxièmes. Ce résultat m’a permis de me rassurer sur le fait que je suis capable de réussir avec un autre que Simba. Au début, je n’y croyais pas du tout. Après le

premier concours avec elle, j’ai voulu arrêter, je la trouvais trop folle mais en apprenant à la connaître, ça l’a fait. D’ailleurs, grâce à elle, à l’issue de ce championnat, j’ai reçu un mail pour faire les stages de sélections Juniors. Cela m’a permis de rester dans le circuit même avec une jument pas facile et que je n’avais pas choisie. Comment es-tu arrivée au Pôle France ?

Je suis arrivé au Pôle un peu par hasard : lors du premier stage avec l’équipe de France, j’ai échangé avec la professeure d’anglais. Je lui ai dit que j’envisageais d’intégrer le Pôle France. À la suite de cette discussion, ça s’est fait et j’ai rejoint Saumur lors de mon année de terminale. 22 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020

Que penses-tu qu’une telle structure peut t’apporter ?

Saumur m’a apporté énormément de choses. À poney, je travaillais seule, avec le soutien de mon père qui devait s’occuper du centre équestre. Donc ce n’était pas facile tous les jours. Être ici m’apporte un cadre. Ces quelques mois m’ont permis de bien progresser. Et puis, j’ai récupéré de nouveaux chevaux, comme Saga du Manaou (For Ever IV) (précédemment sous la selle d’Héloïse Le Guern, ndlr). Même si elle n’est pas facile et qu’elle a eu quelques problèmes de santé, c’est une super jument, excellente sur le dressage et à l’hippique mais qui peut avoir quelques problèmes sur le cross. Finalement, ça s’est très bien passé, notamment


d’y aller, mais je ne savais pas du tout comment ça allait se passer. Dans l’ensemble, même s’il n’y a pas de classement, j’ai réussi à avoir mes qualifications pour faire un long. Les deux chevaux se sont bien comportés et j’ai encore des choses à découvrir avec chacun d’entre eux. Le haut niveau a récemment été touché par de nombreux accidents, quelle est ta vision sur le risque présent dans ce sport ?

Quels sont tes plans de carrière ?

Pour pouvoir compter sur sa propre monture, Joséphine a acheté l’année dernière Vif d’Or Lili (page de gauche). Ph. Irish Eventing Times Pas séduite au départ par Taiga du Landier, Joséphine a vécu de belles émotions avec la grise (ci-dessus). Ph. Coll L’expérimentée Saga du Manaou (ci-contre) sur sa discipline de prédilection. Ph. Coll.

en fin de saison, avant qu’elle ne se blesse. Je dois avoir la poisse (rires). Tous les jours, on travaille nos chevaux dans de belles installations et toujours sous l’œil de notre entraîneur. C’est vraiment bénéfique. On a aussi beaucoup d’autres avantages, comme le côté financier. En effet, beaucoup de choses sont prises en charge. N’ayant pas énormément de moyens, je n’aurais pas pu payer de tels services, faire de si beaux concours. C’est vraiment un plus dans la carrière d’un jeune. Je ne sais pas si j’y resterais cinq ans, mais depuis que je suis arrivée il y a deux ans, je vois une énorme différence. Les chevaux que tu montes appartiennentils tous à l’Institut français du cheval et de l'équitation (IFCE) ?

Cette année j’ai un cheval d’école que montait

Héloïse Le Guern, Vidoc de Loume (Jarnac), qui appartient à l’École nationale d’équitation (ENE). J’ai aussi toujours ma jument, Taiga. Et j’ ai acheté cette année V if d ’O r L ili (Castronom Z), onze ans, pour avoir quand même ma propre monture quand je sortirai de l’ENE. En parallèle, j’ai Class’ic de Buissy (Orient du Py), un cheval de huit ans avec lequel je cours en Pro 4 parce qu’il n’a jamais fait de complet. Il m’est confié par Églantine Odoux. Tu as participé à ton premier 3* il y a un mois, comment as-tu vécu cette expérience ?

J’ai fait le déplacement avec Vidoc et Vif d’Or, que je ne monte que depuis septembre. Ils n’avaient jamais fait ce niveau. J’étais contente Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•23

Je me vois travailler avec les chevaux. Mes parents ont un centre équestre et nous avons comme projet d’agrandir l’écurie. J’aurai ma propre partie afin de faire du commerce, de la valorisation et du concours. Cette année, je passe mon diplôme d’entraîneur pour enseigner. Ensuite, je voudrais faire un BTS dans le cheval, dans le management pour pouvoir être autonome. Est-il facile de progresser et d’atteindre le haut niveau en restant en Bretagne ?

J’ai toujours habité en Bretagne, je suis très attachée à cette région. Dans nos écuries, nous avons beaucoup d’installations. Gireg Le Coz n’était pas loin de chez nous. Il n’avait pas de cross, donc il venait à la maison pour s'entraîner. Depuis, il a quitté la région pour le Maine-etLoire. À Questembert, pour l'entraînement des chevaux, j’ai tout à disposition. Il n’y a pas de compétitions en Bretagne, mais nous avons accès facilement aux grandes autoroutes. Je ne me vois pas aller autre part. De plus, qui dit aller autre part dit tout recommencer à zéro et il faut aussi penser au côté financier. Comment vous êtes-vous organisés à Saumur avec l’épidémie de Covid-19 ?

Quand ils ont annoncé la fermeture des écoles, on ne savait pas si ça allait nous concerner. Mais à partir du moment où Philippe Mull, notre entraîneur, nous a dit qu’on allait être confinés, nous avons décidé de rentrer chez nous. Maman est venue chercher mes chevaux et je suis rentrée à Questembert. Durant cette période, j’avais mes chevaux à travailler et les journées étaient bien remplies. En revanche, les chevaux de l’école sont restés à Saumur et montés par Philippe. C’est une saison un peu floue. Nous risquons de faire cinq concours dans l’année à tout casser, ça va être rapide. n Propos recueillis par Alan Cararic

Poneys / Jeunes / Amateurs

Je me dis que les accidents à cheval peuvent arriver n’importe comment, en balade, en rentrant à l’écurie… Quand je pars sur un cross, j’ai une appréhension, mais pas par rapport à ces accidents. Je fais en sorte de bien monter pour réduire le risque, mais nous dépendons d’un animal, on ne sait jamais comment il peut réagir. Je me dis qu’il faut monter le plus possible avec sa tête, et non pour le classement. Je préfère faire sans faute avec de bons sauts et prendre du temps dépassé, plutôt que d’y aller comme une dingue pour risquer des mauvais sauts. Parfois, le cavalier n’y peut rien, le cheval peut laisser une jambe. Mais si tu as peur de cela, tu ne fais pas ce sport. Si on regarde les parcours d’avant, les obstacles étaient bien plus dangereux et ce n’est pas pour autant qu’ils généraient plus d’accidents. Pour ma part, je ne pense pas qu’il faille modifier le profil des obstacles mais plutôt réduire la vitesse de galop, que les gens fassent plus attention.


Poneys / Jeunes / Amateurs

Camille Couesnon a frappé fort pour sa rentrée sportive : en mars, elle remportait la première étape As Jeunes Élite de Saumur en complet. Avec Qui Dit Mieux Dupalet, ce couple pourrait représenter les espoirs tricolores européens.

CAMILLE COUESNON, DE MIEUX EN MIEUX

À

dix-sept ans, Camille Couesnon mène de front ses vies scolaire et sportive : championne de France Minimes en 2017, elle remportait le titre Cadet puis Amateur 1 Jeunes l’année suivante ! Avec Qui Dit Mieux Dupalet (Airborne Montecillo), elle forme un couple de plus en plus solide : « Nous l’avons acheté en fin d’année 2016, j’étais devenue trop grande pour mon poney et nous avons cherché un jeune cheval, pour finalement tomber sur Qui Dit Mieux … qui avait douze ans ! » Déjà champion de France Amateur Élite avec Thibault Fournier, Qui Dit Mieux a appris peu à peu à connaître sa nouvelle cavalière. « Nous avons rencontré quelques difficultés sur le cross au début. Mais nous avons finalement trouvé la confiance et il m’apprend beaucoup. Il est très brillant et a beaucoup de prestance en dressage, il est très franc au cross et appliqué à l’obstacle : c’est un cheval très généreux. »

d’apprendre et de monter d’autres chevaux. Mais c’est déjà une femme de cheval, très attentive au bien-être de son partenaire. » Camille prépare d’ailleurs la

relève avec un jeune cheval de six ans, champion de France l’année dernière en Hunter, fils de Up To You : « Nous avons acheté Edzio de l’Aubrée sur les

conseils de Cyril. J’espère l’emmener en finale du cycle libre à Pompadour cette année », reprend la cavalière. « Il a une très bonne qualité de saut et de jolies allures, ce sera un super cheval pour l’avenir. » Travailleuse, Camille n’en est pas moins une gagneuse : « Elle est toujours sans faute et dans le temps, et veut bien faire jusqu’au bout », affirme son entraîneur. « Elle ne subit pas trop le stress et sait se mettre dans sa bulle en concours. » La cavalière suit parallèlement

sa scolarité en classe de première scientifique, en vue d’intégrer une école de kinésithérapie. « Je

Entrainée depuis plus d’un an par Cyril Gavrilovic aux Écuries des Pins à La Brède, près de Bordeaux, elle remportait en 2019 sa première sortie en As Jeunes Élite à Lamotte-Beuvron, et se classait deuxième de l’étape de Saumur en juin, avant d’être réserviste pour les championnats d’Europe. Camille a finalement fait partie du voyage en Belgique à Waregem pour le CCIO2*-S Juniors, avec une belle troisième place individuelle et une deuxième place par équipe : « Ce fut une belle expérience. J’ai découvert une ambiance différente on travaille pour tous, il y a un véritable soutien et une osmose collective », explique

Camille qui compte sur Qui Dit M ieux pour ses deux années Juniors à venir – Camille s’était surclassée l’année dernière –, avant de penser à sa retraite. Camille s’appuie sur l’expérience de Cyril, ancien cavalier de William FoxPitt, qui a participé à deux championnats d’Europe Juniors et Jeunes cavaliers : « Lorsque le couple est arrivé en avril 2019, il fonctionnait déjà très bien », admet le coach. « Il y a un lien particulier entre Camille et Qui Dit Mieux, beaucoup de confiance. Nous travaillons donc à gommer les défauts d’habitude en valorisant les qualités de chacun. Il s’agit essentiellement d’apporter de la souplesse et plus d’anticipation dans les enchaînements, en dressage comme à l’obstacle. »

travaille souvent dans la voiture quand je vais aux écuries. C’est difficile mais cela m’apporte beaucoup en maturité et organisation. » Camille partage sa

« DÉJÀ UNE FEMME DE CHEVAL »

au paddock, je travaille surtout les assouplissements et préserve son mental avec beaucoup de trotting et de galop en forêt. » En concours, la routine de

En selle tous les jours de la semaine, la jeune fille acquiert de la maturité. « J’essaye de la responsabiliser dans ses analyses, lui apprendre à écouter son cheval, mieux comprendre ses sensations », ajoute le cavalier franco-belge. « Camille a encore besoin

passion en famille : sa maman, Vanessa, institutrice, est elle aussi cavalière, et c’est son père, Patrick, qui l’emmène en concours, accompagnée de son petit frère. Au quotidien, la cavalière veille à diversifier le travail de son complice : « Qui Dit Mieux n’a plus grand-chose à apprendre : il va souvent

préparation se termine toujours par un “check” avec son entraîneur avant de rentrer en piste ! n Lucie Mercier 24 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020

Avec Qui Dit Mieux Dupalet, ancienne monture de Thibault Fournier, Camille Couesnon espère collectionner les bons résultats sur ses deux années Juniors à venir. Ph. Axel Gris


Championne d’Europe en titre, l’équipe nationale de Belgique est forte et soudée. Les solides piliers qui la composent peuvent impressionner les nouveaux cavaliers arrivant sur le circuit et désireux de s’y faire une place. Mais Gilles Thomas, vingt-deux ans, s'en approche étape par étape.

GILLES THOMAS, LA RELÈVE D’OUTRE-QUIÉVRAIN

E

péennes. De ces grands événements, il repart avec six médailles dont deux en or en 2016 avec sa partenaire Indiana Vh Kapelhof (Chatman). « J’ai toujours eu de bons résultats en championnats », indique le cavalier. « J’ai eu d’excellents chevaux, donc c’était plus facile. J’aime ces formats de compétition, plus que les Grands Prix. Pour les autres cavaliers, c’est souvent plus de stress alors que, sur moi, ça a l’effet inverse. Je suis plus concentré, je fais moins de fautes dans mon équitation. » La cohésion d’équipe

est également très forte entre les jeunes Belges. Un réel atout en championnats : « Nous sommes

tous d’excellents amis. Avec Zoé Conter, nous sommes particulièrement proches. Nous étions dans la même école depuis la maternelle et maintenant nous portons la veste rouge ensemble. »

Pour l'oncle de Gilles, Marc Van Dijck, ex-cavalier de haut niveau, son neveu fait preuve d'un sang-froid remarquable en piste.

Le Belge Gilles Thomas (ci-dessous), ici en selle sur son bon Konak, est l'un des plus jeunes cavaliers évoluant sur le circuit du Global Champions Tour. Photos Scoopdyga

MARC VAN DIJCK, UNE RÉFÉRENCE DE TAILLE

Aujourd’hui à la tête d’un piquet de quinze chevaux, Gilles Thomas peut compter sur différents propriétaires. Cependant, beaucoup d’entre eux appartiennent à son oncle Marc van Dijck, dirigeant des écuries Nieuwenhof. Ancien cavalier de haut niveau, Marc participe aux championnats d’Europe en 2001 et à deux finales Coupe du monde accompagné de Verelst Goliath (Capitol I). Fort de son expérience, il transmet maintenant avec brio son savoir à plusieurs cavaliers chinois et surtout à son neveu. « Depuis septembre 2019 et la fin de mes études de kinésithérapie, je travaille pour Marc. Ça me permet de me concentrer pleinement sur les chevaux. Avant, je ne pouvais monter qu’après ma journée de cours »,

précise le pilote belge. La présence de cavaliers chinois dans les boxes voisins offre de nouvelles opportunités à Gilles qui s’est vu confier quelques chevaux comme La Luna Hidalgo J&F (Cabrio Van de Heffinck), avec laquelle il a remporté début mars une épreuve 1,50 mètre au CSI3* de Dortmund. « Gilles est le futur de mes écuries, c’est quelqu’un de calme mais très fort en piste. Seul le temps nous dira jusqu’où il ira, mais il est promis à un avenir brillant », com-

mente Marc. Dans le top 20 du classement FEI des cavaliers de moins de vingt-cinq ans, le Belge suscite les convoitises des équipes de la Global Champions League. En début d’année, il rejoint les vestes vertes des Miami Celtics et fait ses débuts sur le circuit lors du CSI 5* de Doha, où il réalise d’entrée deux parcours sans faute pour l’équipe avec Calleryama (Casall). « J’espère apprendre beaucoup aux côtés de mes coéquipiers. Abdel Saïd prend le rôle de chef d’équipe en mettant en place les stratégies. Pour le reste, Marc est toujours à mes côtés, c’est lui qui continue à m’entraîner. » Maintenant

que la confiance est installée après cette première étape, Gilles espère pouvoir prendre part à d’autres manches et aux Coupes des Nations : « J’ai au moins trois chevaux avec Calleryama, Konak (Nabab de Reve) et Edison van Schuttershof (Darco) qui peuvent faire ce niveau d’épreuve. Si c’est possible, je pense faire des demandes de participation pour des Coupes des Nations de seconde division. J’ai participé à celle de Lisbonne il y a deux ans. J’en suis capable et mes chevaux aussi. » n Alan Cararic Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•25

Poneys / Jeunes / Amateurs

ntre une maman cavalière et un oncle membre de l’équipe belge, Gilles Thomas a vu l’équitation s’imposer à lui comme une évidence. À sept ans, le cavalier, originaire de Meise, une commune située au nord de Bruxelles, débute la compétition. Il commence à poney et poursuit à cheval à douze ans. Suite à une progression rapide, il intègre l’équipe belge pour son premier championnat d’Europe en 2011. Comme un certain Martin Fuchs, champion d’Europe, Gilles Thomas prend part à huit échéances euro-


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L’équipe organisatrice du Bonneau International Poney a dû prendre la décision, le cœur serré, d’annuler sa compétition alors qu’elle s’apprêtait à fêter un anniversaire de taille : les vingt ans de l’événement. Cette annulation liée à la pandémie de Covid-19 précède des moments de doute et de remise en question sur l’avenir du BIP.

I

LE BIP EN PLEIN DOUTE

du Nord ne viennent plus au BIP parce que le terrain est en herbe », indique André Bonneau. « C’est l’une des raisons de la baisse des engagés. Bien sûr, je suis pour transformer le Grand

Parquet en terrain sablé, c’est l’évolution logique des choses ! Les poneys ont une importante valeur marchande et leur entourage ne veut pas prendre le risque d’une blessure. Nous attendions donc avec impatience les engagements du CSIP car celui-ci devait se courir sur le Petit Parquet, récemment refait en sable. »

LA CONCURRENCE DES LABELS JEUNES

« Le terrain avec ses dénivelés est aujourd’hui craint pour les poneys et chevaux, il faut le remettre aux normes actuelles », confirme Olivier Bost,

sélectionneur de l’équipe de France, partageant l’avis d’André Bonneau. Le sélectionneur soulève également « un problème de calendrier avec le CSIOP d’Italie, programmé à la même date, et le CSIOP de Belgique, qui se tient quelques jours avant ». Les travaux de réaménagement du

André Bonneau, instigateur de l'événement, est inquiet pour le maintien de son label CSIOP. Tandis qu'une dizaine d'équipes étaient au départ de la Coupe des Nations il y a quelques années, l'épreuve n'en comptait plus que trois en 2019. Photos : E. Knoll

Grand Parquet permettraient d’insuffler un nouveau souffle au BIP, mais un autre phénomène pose problème : le circuit international s’est développé en vingt ans et la concurrence entre compétitions est rude, même pour le label Poney. Celui-ci est depuis quelques années adossé à l’ensemble des labels Jeunes, c’est-à-dire Children, Junior et Jeune Cavalier, sur les grands événements. Des programmes qui permettent aux chefs d’équipe nationaux et entraîneurs d’emmener tous les profils d’élèves en concours, et aux organisateurs de proposer un unique CSIO de grande envergure, aux retombées économiques intéressantes. L’obtention du label CSIOP de France pour le BIP, qui n’était jusqu’alors qu’une formalité, est aujourd’hui incertaine. L’organisateur ne le cache pas : « C’est l’une de mes craintes majeures. En 2020, j’ai appris que deux organisateurs l’avaient mis dans leur programme. Nous nous sommes battus pour le maintenir ici, pour les vingt ans du BIP ! La FEI pousserait les organisateurs français à ne choisir qu’une seule date, en réunissant tous les labels. » Il est aussi observé le

développement de la catégorie Children, réservée à la même catégorie d’âge de cavaliers. « Je crains que ce circuit prenne le dessus », poursuit André Bonneau. « En interrogeant des entraîneurs

étrangers, certains m’ont dit le privilégier. Le coût de la monture est moindre tout comme le niveau : sauter 1,30 mètre avec un poney ou avec un cheval n’a rien de comparable. » Économiquement, le

BIP s’appuie sur des épreuves internationales organisées sur le Grand Parquet, et nationales qui permettent de rentabiliser l'événement. « Le budget de 330 000 euros est à l’équilibre, mais nous ne nous rémunérons pas. Louer uniquement le Grand Parquet n’est pas rentable et l’ouverture d’épreuves nationales sur les autres pistes est une obligation. Pour nous, le concept de base a toujours été de proposer une belle fête du poney. C’est cela qui nous anime par-dessus tout », confie

l’homme de terrain. Face à ses doutes, André Bonneau espère trouver de nouvelles idées tout en ayant conscience que s’il devait perdre son label CSIOP, son BIP risquerait de perdre sa notoriété. n Pauline Bernuchon Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON• 27

Poneys / Jeunes / Amateurs

nitié en 2001 par André et Marie-Ange Bonneau avec un premier événement national, le Bonneau International Poney s’est étoffé dès l’année suivante d’un CSIP, puis trois ans plus tard d’un CSIOP. Son programme riche, son standing, la renommée à l’époque du Grand Parquet et la convivialité du rendez-vous sont des critères qui ont contribué à sa popularité. Mais, après les dernières éditions dont les chiffres font apparaître une baisse significative de fréquentation, l’annulation de la vingtième édition a sonné comme un coup de massue pour son instigateur André Bonneau et ses filles Mélanie et Christelle. Un de plus après une bataille pour maintenir son label CSIOP qui aurait pu lui échapper cette année. Fréquenté par le passé d’une dizaine d’équipes dans sa Coupe des Nations, le CSIOP de France n’en recensait plus que trois en 2019. Cet état de fait sur la baisse des engagés est lié au terrain en herbe du Grand Parquet, dont la qualité est aujourd’hui remise en cause par bon nombre d’acteurs. « Les cavaliers des pays


Poneys / Jeunes / Amateurs

Très réguliers depuis neuf mois, Carla Nahra et son poney allemand Nibelungenstern n’ont pas loupé grand-chose depuis leur rentrée sur le circuit As Élite de concours complet. S’ils avaient pu confirmer par la suite, sans doute auraient-ils brigué une place au sein de l’équipe de France dans la perspective des rendez-vous internationaux.

P

CARLA NAHRA : « LA CONFIANCE EST LA CLÉ DE LA RÉUSSITE »

our Emmanuel Quittet, sectionneur national de l’équipe de France Poney de concours complet, la saison 2020 devait être synonyme de reconstruction plus ou moins totale : la relève se prépare avec de jeunes couples mis en situation lors d’événements importants afin de les entraîner mentalement et techniquement. La saison passée, plusieurs tandems se sont fait remarquer dans la catégorie As Poney 1 et ont débuté en Grand Prix As Élite. Carla Nahra et son poney allemand Nibelungenstern (Nibelungenheld x Amigo Valeur, Wb) ont suivi ce cursus : leur deuxième et dernière année passée ensemble, du moins sur le circuit FEI, s’annonçait des plus prometteuses avant l’arrêt des compétitions. La cavalière de l’Essonne vient de fêter ses seize ans. Elle monte aux Écuries Grandjean et s'entraîne depuis trois ans et demi avec Jean-Philippe Lima, coach de trois couples de Grand Prix cette année. Pourquoi a-t-elle choisi le concours complet ? « Tout simplement car c’était l’unique discipline que pratiquait mon premier coach. J’ai tout de suite accroché et j’ai donc continué dans cette voie par la suite. Je fais du complet depuis maintenant sept ans »,

indique la cavalière. Championne de France Poney 3 B Poussin en 2014 avec la chevronnée Maéva du Boisdelanoue (Twist de Tyv), ancienne complice de Quentin Gonzalez avec qui il fut champion de France B Élite, Carla a ensuite fait ses gammes jusqu’en Grand Prix grâce à V anille de B riace (Garry). En novembre 2018, elle prend le départ de sa première compétition avec un certain Nibelungenstern, ex-Cartouche de la Mannschaft alignée aux championnats d’Europe de Bishop Burton.

DES DÉBUTS LABORIEUX

Acheter un poney de ce niveau à l’étranger est une démarche plutôt rare en France, surtout en complet, et tient pour Carla à une annonce transmise par une personne sur les réseaux sociaux. « Je suis tout de suite tombée sous le charme, c’était un coup de foudre ! Je suis partie l’essayer les jours suivants en Allemagne avec mes parents et nous y sommes retournés le mardi avec Jean-Philippe. Les essais se sont très bien passés »,

confie l’amazone. Pourtant, entre déconvenues ou éliminations, les débuts en compétition n’ont guère été simples et le couple a dû redoubler de travail et de rigueur afin de trouver, après cinq mois de doutes, une complicité forte en piste.

« J’ai vraiment dû changer ma façon de monter pour m’adapter à lui, il est totalement différent de tous les autres poneys que j’ai pu monter auparavant. J’ai fait un gros travail sur ma position à l’obstacle. Au dressage, j’ai travaillé la confiance

Si le couple a mis du temps à se mettre en route en compétition, ses dernières performances ne font pas de doute sur les étapes brillamment franchies. Photos : PSV pour obtenir sa concentration. Mais j’ai surtout dû en faire moins dans ma monte, ce qui était le plus difficile. Il fallait vraiment que je lui fasse confiance et que je le laisse aussi m’emmener pour avoir ce feeling sur le cross et sur les barres », explique-t-elle.

Tout a pris forme lors de l’As Poney 1 de Pompadour, fin mars 2019, où le couple décroche une très honorable sixième place, puis sur le Grand Prix de Jardy où il se classe cinquième. La suite est formidable : une Marseillaise sur le CCIP italien de Pallare, puis une médaille d’or lors des championnats de France As Poney 1 ! L’objectif a toujours été d’obtenir des sélections internationales et de représenter les couleurs de l’équipe de France. Depuis la rentrée de septembre, le tandem confirme sa bonne forme, étape après étape : il se classe cinquième du Grand Prix de Fontainebleau en novembre et s’impose en février à Saint-Mars-d’Outillé. « Cette régularité est due au travail fourni. Nous avons mis tous les moyens de notre côté pour y arriver : tester de nouvelles manières de travailler, prendre ce qui est bon et être patient. J’ai beaucoup travaillé notre relation : la confiance est vraiment la clé. Nibelungenstern est très guerrier et malin. Il est aussi très sensible à tout ce qui l’entoure et très dur à concentrer, mais une fois qu’il l’est, je peux tout lui demander ! » n Pauline Bernuchon 28 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020


Compétiteur toujours actif, Roudoudou d’Hurl’Vent fait parler de lui en tant que père. Si sa production reste encore restreinte, elle n’en demeure pas moins excellente. L’un de ses porte-flambeaux, Armene du Costilg, a d’ailleurs réalisé une formidable saison 2019, intégrant l’équipe de France pour les championnats d’Europe de saut d’obstacles l’été dernier.

ssu du stud-book Poney Français de Selle comme tous les poneys nés chez les éleveurs professionnels drômois MarieClaude et Jean Drexler, R oudoudou d ’H u r l ’V e n t , quinze ans, toisant 1,46 mètre, allie aujourd’hui trois critères de taille lui permettant légitimement d’être considéré comme un étalon d’avenir : pedigree, performance et qualité de production.

rière sportive semble malgré tout derrière lui. L’étalon a connu quelques passages en dents de scie, des hauts et des bas ayant entravé certaines saisons où l’étalon, au caractère affirmé, ne pardonnait plus les erreurs de ses jeunes pilotes. On retiendra néanmoins son titre de champion de France As Poney Élite en 2016 avec Lona, son IPO 163 et ses qualités intrinsèques de sauteur émaillées d’un fort respect,

LEADERSHIP, NAUGHTY, NABOR : UN CONCENTRÉ DE BON SANG

Antigone d’Hurl’Vent (IPO 149), tous deux engagés sur quelques Grands Prix As Élite, et bien sûr la championne des 6 ans Armene du Costilg (IPO 162), née chez Gérard Nicod, gagnante en 2019 de la Coupe des Nations de Opglabbeek (deuxième du Grand Prix), deuxième de celle de Fontainebleau et de Hagen (deuxième du Grand Prix) et médaillée de bronze par équipe aux championnats d’Europe

Lui-même excellent performer, Son père n’est autre que le Connemara le fils de Leadership semble L eadership , lui-même très bien né transmettre toutes ses qualités puisque fils du génial performer eurode sauteur à ses produits. Ph. P.B. péen et très bon père Naught y van Graaf Janshof SL et de la poulinière Vinca II, à l’origine d’une production qui a fait ses preuves (l’européen Bacchus, l’étalon D on J uan V…). Il n’a pas beaucoup produit, mais la moitié de sa production ayant l’âge de tourner en compétition, soit soixante-huit produits, est indicée à au moins 120 et une bonne dizaine de ses fils et filles sort en Grand Prix. Naborah d’Hurl’Vent, sa mère, allie de son côté le sang de l’exceptionnel allemand Nabor SL (Nantano SL) – lui aussi à la tête d’une toute petite production mais comptant plusieurs performers européens dont l’étalon Quabar des Monceaux –, associé à Talent Platière (Galant de la Cour x Grand Veneur) via Gamine de Carolles. Sa deuxième mère est en effet une petite Selle Français d’environ 1,60 mètre, arrivée chez les Drexler un peu par hasard : la jument avait une uvéite susceptible de l’écarter des terrains de compétition (elle n’est Naughty van Graaf Janshof, Co, 1980, IPO 146 en définitive jamais sortie), et Jean, qui Leadership, Co, 1999, IPO 142 V inca II Co, 1987 avait vendu une ponette à sa propriéRoudoudou d’Hurl’Vent, Pfs, 2005, IPO 163 taire, l’a ramenée à l’élevage. Pour essayer Nabor SL, Drpon, 1985 Naborah d’Hurl’Vent, 2001 d’avoir un poulain dans la taille poney, Gamine de Carolles, SF, 1994 il l’a confiée à Nabor, performer aux championnats d’Europe du haut de son 1,38 mètre, stationné durant cette période en d’un excellent passage de dos et d’un sens de la de Strzegom sous la selle de Jeanne Hirel. Parmi Belgique chez Joris de Brabander. Naborah est barre qu’il a volontiers légué à sa production. les jeunes en verve, Daenerys d’Hurl’Vent le fruit de ce mariage. Celle-ci a donné des com(IPO 146) aborde le niveau As Élite elle aussi, pétiteurs de bon calibre dont quatre performers DES PRODUITS DÉJÀ AU PLUS HAUT NIVEAU et s’est déjà classée troisième du Grand Prix du en Grand Prix : Roudoudou, son premier pro- Avant d’être exclusivement consacré au sport, CSIP de Chazey-sur-Ain. Lors des finales SHF duit, Vasco (IPO 152/19), Akira (IPO 148/17) Roudoudou a sailli un cheptel de juments du Sologn’Pony, Roudoudou pouvait compet Cogito, le propre frère de Roudoudou dont assez conséquent durant ses deux premières ter sur trois produits : Daenerys, Élite dans les débuts en As Élite sont prometteurs. années de monte avec trente-six et vingt-sept les 6 ans, et deux autres âgé de 5 ans, classés Performer en Grand Prix de saut d’obstacles, saillies enregistrées en 2009 et 2010. L’an passé, Excellent. Il ne reste plus de doses congelées Roudoudou a débuté en cycle classique puis sur sa soixantaine de poulains âgés d’au moins de Roudoudou. Peut-être se consacrera-t-il à a été vendu à Lona Giry, cavalière avec laquelle quatre ans, dix-sept pouvaient se targuer d’un sa carrière d’étalon dans un avenir proche ou il s’est imposé sur plusieurs Grands Prix. S’il est indice égal ou supérieur à 120 (28 %), dont six sera-t-il tout simplement prélevé ? Compte-tenu toujours sur le circuit à quinze ans, notamment à plus de 140. On note parmi eux Bel Canto de la qualité de ses produits, nul doute que la en As Poney 1 et As Élite avec sa nouvelle d’Hurl’Vent (troisième du championnat de nouvelle serait bien accueillie par les éleveurs. complice Lisa Dupuy, l’essentiel de sa car- France As Poney 2 D Minimes, IPO 151) et n Pauline Bernuchon Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON• 29

Poneys / Jeunes / Amateurs

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30•L’EPERON•Juin - Juillet - AoÝt 2020


La première étape de l’Amateur Gold Tour 2020, à Royan, a été remportée par Emma Hirel aux commandes de sa jument Burberry de Luz, une fille de Kannan âgée de neuf ans : le couple avait bien commencé la saison sportive, malheureusement avortée à cause du Covid-19.

EMMA HIREL, LA BELLE ENTAME DE L’AMATEUR GOLD TOUR

douze ans, en 2012, et nous l’avons acheté au bout de deux ans. Il était jeune et compliqué, mais ça a été le coup de cœur », confie Emma, qui réside

non loin de Melun (77), à quinze minutes de Fontainebleau. En 2016, la cavalière, soutenue par ses parents Coralie Chemineau et David Hirel, décide de s’installer dans les écuries de Antonio Condé Ferreira, à Jouarre (77), qui l’amène jusqu’à plusieurs victoires en As Poney 2 avec Shaïd. Aujourd’hui trop âgée pour courir les épreuves Poney, Emma continue de travailler Shaïd à la maison et le couple sort de temps à autre en derbies ou pour des épreuves à 1 ou 1,05 mètre. Fin 2018, c’est Burberry, anciennement sous la selle de Camille Condé Ferreira, qui fait son arrivée au sein de la famille Hirel. « Elle a été élevée au biberon, du coup c’est un vrai pot de colle », décrit sa cavalière. « Elle a beaucoup de force et est très généreuse. Quand je l’ai essayée, j’ai tout de suite adoré les sensations sur le plat et à l’obstacle. Nous avons commencé par des épreuves à 1,10 mètre, puis nous avons rapidement sauté plus haut. Mais je n’étais pas prête donc nous sommes descendues de niveau pour aller à mon rythme. » Les efforts

ont payé, la confiance est revenue, le couple s’est désormais formé et le duo a commencé la saison de la meilleure des manières, avec une victoire dans le Grand Prix Amateur Élite à Royan début mars. « Une victoire d’équipe », comme aime le souligner Emma. Une équipe, c’est ce

À gauche, Emma et sa jument Burberry de Luz, victorieuses dans le Grand Prix Amateur Gold Tour du CSI de Royan, au mois de mars. Ph. Coll Emma sort encore Shaïd du Clos du Gué (à droite), son complice depuis 2012, sur de petites épreuves. Ph. Les Garennes

qu’elle forme avec la famille Condé Ferreira. Aux écuries, c’est principalement Tony qui fait travailler Emma et en concours c’est Camille qui est aux commandes. Selon Emma, « en plus d’être une super cavalière, c’est une super coach, elle m’apporte son expérience, sa connaissance de Burberry et surtout son esprit de compétition. Elle est directe, attentive à nos parcours et nous fait toujours des débriefings objectifs ». Bien entendu,

père et fille travaillent main dans la main pour que le coaching soit le plus efficace possible à l'entraînement et en compétition.

OBJECTIF PLAISIR

Pour Emma, les semaines sont chargées, entre cheval et faculté de droit. « Mes chevaux sont à une heure de route de chez moi, j’y vais donc le weekend et le mardi après-midi après les cours pour travailler ». S’il y a concours le week-end, c’est travail

LE MOT DE LA COACH ---

« La victoire d’Emma dans l’Amateur Gold Tour est amplement méritée car c‘est une bonne élève qui essaie toujours de bien faire », estime Camille Condé Ferreira. « Burberry est une de mes anciennes juments (ensemble, Burberry et Camille ont tourné sur des épreuves Pro2, ndlr) , je la connais très bien et c’est la partenaire idéale pour Emma. Elle a un grand cœur et donne le meilleur à chaque parcours. Emma a fait beaucoup de progrès cet hiver et cette victoire est une belle récompense pour ses efforts ». n

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•31

à l’obstacle, sinon le couple travaille sur le plat. Les week-ends sans concours, la jeune cavalière prend beaucoup de plaisir à passer du temps avec ses chevaux en les amenant en trotting ou en les observant au paddock. Quant à ses objectifs à cheval, ils devront être atteints dans le plaisir : « L’équitation est pour moi une passion. Mes chevaux sont mon équilibre. Ce qui est le plus important pour moi est d’avoir cette complicité avec eux. Je souhaite progresser avec Burberry, afin de pouvoir monter dans les épreuves et concourir sur de beaux terrains. Mais avant tout, je veux y prendre du plaisir et m’amuser. » Si Emma n’avait pas pour objectif

de suivre le circuit Amateur dans sa globalité, sa victoire à Royan et les points engrangés l’ont cependant encouragée à courir quelques étapes pour obtenir sa qualification en finale, à Lyon. Mais l’épidémie de Coronavirus est venue bouleverser la saison de la jeune fille, comme celles de tous les sportifs… n Marine Villalta

Poneys / Jeunes / Amateurs

A

vingt ans, comme beaucoup de cavalières de son âge, Emma Hirel cumule études et pratique sportive. Elle étudie le droit à Paris et aspire à devenir huissier de justice. En parallèle, elle s’occupe de Burberry et de son poney, Shaïd du Clos au Gué (Aziz El Maklouf). « Shaïd m’a été confié quand j’avais


Poneys / Jeunes / Amateurs

En octobre dernier, le cavalier alsacien Daniel Loos et son hongre hanovrien de quinze ans, Fabrisco (Fabriano), ont été sacrés champions de France Amateur 1 Seniors à Fontainebleau. Un titre qui vient récompenser une sacrée dose d’investissements et beaucoup de patience !

DANIEL LOOS, L’HISTOIRE D’UNE PASSION POUR LES CHEVAUX ET LE COMPLET

L

e couple est troisième à l’issue du dressage. Le cross est difficile, vingtquatre efforts, dans un temps imparti serré, sur un tracé que Daniel décrit comme technique, avec principalement de la conduite et des combinaisons situées sur des dénivelés. Fabrisco, comme à son habitude, a de l’énergie à revendre mais se laisse contenir. Daniel et lui sont sans faute dans le temps et remontent à la première place du classement provisoire. Le couple est à nouveau sans faute lors de l’épreuve de saut d’obstacles : la plus haute marche du podium lui est acquise ! Il obtient également la meilleure moyenne générale sur l’ensemble des concurrents, toutes catégories confondues. Une performance marquante pour Daniel. Pourtant, au départ, le projet du cavalier n’était pas forcément de se qualifier pour le championnat même si, indéniablement, les résultats de son année ont été plus que satisfaisants : « Les compétitions, l’une après l’autre, permettent d’avancer les pions sur un échiquier. Le championnat, c’est le moment d’évaluer son travail, c’est rencontrer les meilleurs Français du moment dans sa catégorie », analyse Daniel. « Être sur le podium, c’est pour moi l’association au bon moment du “TTC” : le travail, le talent et la chance. » Ce titre

L'équipier de l'Alsacien Daniel Loos, le Hanovrien Fabrisco, était destiné à briller sur les carrés de dressage. Finalement, c'est en concours complet qu'il est devenu champion ! Photos PSV

n’est pas le premier sacre national de Daniel et de Fabrisco. En 2016, ils sont champions de France Amateur 1 Seniors, à Tartas cette fois. La même année, le duo est vice-champion de France des propriétaires à Lamotte-Beuvron. En 2014, il avait obtenu l’argent à Pompadour, dans la catégorie Amateur 2 Seniors.

UN CHEVAL DE DRESSAGE DEVENU CHAMPION DE COMPLET

La rencontre de Daniel et de F abrisco remonte à l’année 2010 et n’augurait pas un tel parcours. Certes, Daniel est un cavalier de concours complet convaincu et aguerri mais Fabrisco, acquis aux ventes de Verden en Allemagne, était au départ destiné au dressage. Fabrisco a dû apprendre de nouvelles choses, et Daniel, montrer de la patience. « Les premières années, nous avons panaché deux fois sur des oxers faciles, à la maison… » Le cavalier, convaincu de ses

qualités et toujours impressionné par la générosité sans faille de sa monture, a ainsi attendu. C’est en 2014, que le cavalier situe le véritable déclic de Fabrisco, même si le couple avait déjà récolté de bons résultats auparavant, tant en saut d'obstacles qu’en concours complet ou en dressage. À Jardy, cette même année, lors des championnats de France par équipe Amateur 2, « quelque chose

s’est déclenché », se souvient Daniel. « C’est sur ce concours que Fabrisco est devenu un vrai cheval de concours complet ».

En 1998, Daniel essuie un licenciement économique. À l’aube de son trentième anniversaire, il décide de devenir moniteur d’équitation. Il effectue son apprentissage d’abord au club hippique du Waldhof à La Wantzenau, village situé à une dizaine de kilomètres de Strasbourg, et le termine à Cernay (68), avec Chantal Notter. Depuis 2003, il est le gérant des Écuries du Giessen à Ebersheim (67), où environ deux-centcinquante cavaliers sont licenciés. Il crée alors un petit élevage de croisés fjords-arabes. En 32 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020

2008, le cavalier, adepte des championnats, est sacré vice-champion de France Amateur 2 avec So Fine (Sapros), une monture envers laquelle Daniel a également fait preuve de beaucoup de patience : « J’avais acheté S o Fine alors que personne n’en voulait, il était réputé rétif, dangereux, mais j’y croyais. Je l’ai emmené faire des randonnées, il s’est apaisé et est devenu un cheval formidable ». En 2009,

la disparition brutale de So Fine scelle l’arrêt de la compétition pour Daniel, qui n’a plus cœur de monter. Quelques années plus tard, heureusement, la rencontre avec Fabrisco est l’occasion d’un nouveau départ. n Frédérique Merck


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Covid-19 La filière désarçonnée

I

Comme de nombreux secteurs d’activités, l'ensemble de la filière cheval a été touché par les conséquences de la pandémie de Covid-19. Enseignement, courses, élevage, commerce… Aucune branche n’a été épargnée et les mesures sanitaires imposées ont donné lieu à différents types de situations, moins enviables les unes que les autres.

l arrive que l’on soit plus préoccupé par un fait divers qui se déroule au coin de notre rue, que par un drame survenant à des milliers de kilomètres. Le coronavirus a d’abord été jaugé de loin, lorsqu’il a pris possession de la ville de Wuhan, en fin d’année dernière. Ce n’est que quelques semaines plus tard que la population française a véritablement saisi la gravité de la situation, notamment lorsque les premières mesures, visant à fermer les écoles puis les établissements recevant du public, ont été mises en place par le gouvernement. Une situation complètement inédite, inattendue, mettant quasiment à l’arrêt de nombreux secteurs d’activité. Du côté de la filière cheval, ce sont d’abord les compétitions, dans le cadre de l’interdiction de se rassembler, qui ont été stoppées net. Une mesure annoncée par le gouvernement le vendredi 13 mars, une date que Pierre Mazy, gérant de l’Étrier du Cambrésis (59), n’est pas prêt d’oublier. « À cette date, nous organisions un national sur trois jours. On pensait vraiment aller au bout. Mais quand on a entendu Édouard Philippe parler en début d’après-midi le vendredi et annoncer l’interdiction de rassembler plus de cent personnes, on a su que c’était terminé. Rien que ce week-end là, le manque à gagner a été de 20 000 euros. Par la suite, j’ai annulé toutes les autres compétitions. Sur le début de saison, je perds 450 000 euros d’engagements, 150 000 euros sur la buvette. Des chiffres qui

peuvent donner une idée de l’impact de l’épidémie. » Le manque

à gagner. Un terme qui arrive rapidement dans la bouche de quasiment chaque chef d’entreprise, une amputation de revenus financiers qui met plus d’un acteur dans la panade. Car, dans le même temps, ce sont les centres équestres qui sont privés de dispenser leurs cours et ainsi des revenus liés à toute la partie enseignement. Après les interdictions de se réunir, vient le temps du confinement, annoncé par Emmanuel Macron le 16 mars. Le lendemain, la Fédération française d’équitation exprime une certaine tolérance vis-à-vis de la pratique sportive individuelle et donc des propriétaires, et se ravise finalement, indiquant que chaque gérant doit décider de fermer totalement sa structure. « Nous avons plaidé la cause des propriétaires auprès du gouvernement. Ses représentants nous ont rétorqué que quand les personnes n’étaient pas autorisées à aller voir leurs aînés en EHPAD, les propriétaires pouvaient consentir l’effort de se couper quelque temps de leur animal », précise Frédéric Bouix,

délégué général de la Fédération française d’équitation. Dans la foulée, le 18 mars, l’Institut du droit équin publie un communiqué sans équivoque, mentionnant que « toutes les activités (enseignement, randonnées, compétitions, stages, accueil de groupes, des propriétaires de chevaux en pension, etc.) sont suspendues ». Sur les réseaux, c’est parfois l’emportement.

L’agacement de certains propriétaires, privés de déplacement

36 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020

Les propriétaires ayant la chance d’avoir leurs montures à domicile ont sans doute pu profiter du confinement pour peaufiner leur technique... À la maison, on est souvent champion, comme le laisse entendre le dessinateur Pierre Milon. Nombre de centres équestres ont fait le choix de mettre leurs poneys et chevaux au pré durant la période de confinement. Encore fallait-il avoir des pâtures à proximité ! PH. V. H.


DOSSIER

Le Covid-19 jour par jour • Décembre 2019 : Une épidémie inconnue émerge en Chine, à Wuhan. • 9 janvier 2020 : Le Covid-19 (Coronavirus disease) est officiellement identifié par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) • 22-23 février : Multiplication des foyers en Asie, premiers foyers en Europe • 10 mars : Toute l’Europe est touchée, annulation des premières compétitions • 11 mars : L’OMS annonce une pandémie • 12 mars : Fermeture des établissements scolaires • 13 mars : Rassemblements limités à cent personnes, annulations de compétitions en cascade. Roxana Maracineanu autorise les centres équestres à poursuivre leurs activités par groupes de dix personnes, encadrement compris • 14 mars : L’épidémie passe au stade 3. Fermeture des lieux de regroupements non indispensables • 15 mars : Un arrêté contraint les établissements recevant du public (ERP) à fermer leurs portes jusqu’au 15 avril. Seuls les dirigeants et le personnel sont autorisés au sein des installations • 16 mars : Le président de la République annonce la mise en place du confinement du 17 au 31 mars Attestation de déplacement dérogatoire mise en place • 21 avril : Les ministères annoncent un accompagnement financier spécifique des établissements équestres • 23 avril : Communiqué de presse de Didier Guillaume, ministre de l’agriculture et de l’alimentation, concernant la possibilité pour les propriétaires de chevaux d’accéder sous certaines conditions à leurs équidés • 28 avril : Présentation de la stratégie nationale de déconfinement. À partir du 11 mai, il sera possible de pratiquer une activité sportive individuelle en plein air dans certaines conditions. Interdiction des manifestations sportives de 5 000 participants jusqu’en septembre • 7 mai : Ouverture par la SHF et la SFET des concours d’élevage 0-3 ans à huis clos • 11 mai : Déconfinement officiel. La majorité des écuries de propriétaires ouvrent leurs portes, les centres équestres attendent des précisions du gouvernement • 11 mai : Premières réunions de courses notamment à Longchamp, Marcq-en-Barœul et Vichy • 12 mai : Les centres équestres sont autorisés à dispenser des cours collectifs en plein air, comprenant un maximum de dix personnes. n B.F.

pour aller voir leurs chevaux, va jusqu’à se concrétiser par une pétition sur le web (voir encadré P. 39). Du côté des courses, l’activité est au point mort et les paris suspendus. Économiquement, les retombées sont nulles, les chevaux perdent de la valeur et le commerce est quasiment à l’arrêt. Le mécanisme, fixant l’aide du secteur des courses vis-à-vis de l’autre versant de la filière cheval, est complètement grippé. Se pose également la question du Fonds Éperon, nourri par les paris et pilier des secteurs sport et valorisation. Avec l’arrêt des compétitions, c’est aussi tout l’aspect valorisation qui est rendu impossible : les cycles classiques n’ont pas commencé, le système de qualifications n’est pas mis en marche et la question des grandes finales de l’élevage se pose rapidement, au grand dam de la Société hippique française et de son président Yves Chauvin. Impossible pour les éleveurs et propriétaires de faire évoluer leurs produits sur les circuits, toute transaction est rendue quasi impossible. De part et d’autre, des conséquences immédiates se font ressentir, tandis que d’autres problèmes se profilent à moyen et long terme.

LES CENTRES ÉQUESTRES, LE TROT ET LE GALOP LOURDEMENT IMPACTÉS

À la fin du mois d’avril, la communication du Ministère de l’agriculture en faveur d’une certaine tolérance des propriétaires, susceptibles de pouvoir regagner leurs écuries au cas où les gérants et salariés ne pourraient pas assurer les soins

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•37


Pendant près de deux mois, beaucoup de structures ont été vidées de leurs occupants (en haut). Ph. Thierry Le Borgne Pour Pierre-Yves Pose, ci-contre, président de la Fédération nationale des conseils des chevaux, cette crise sanitaire aura des conséquences à très long terme. Ph. Jean-Léo Dugast Guillaume Blanc, page de droite, directeur de l’accompagnement de la filière à l’IFCE, indique que les effets de la crise seront ressentis à plusieurs niveaux. Ph. C. Marquenet

nécessaires aux équidés, créé un nouveau flou autour de leurs droits. Il est finalement demandé aux gérants d’écurie de prendre leurs responsabilités vis-à-vis de la situation et d’être les décideurs de l’accès ou non à leurs structures. Une annonce qui vient ajouter encore un peu plus de tension à un contexte qui commence à lasser les acteurs de la filière. « En termes de communication, cette crise a été gérée de façon catastrophique, et pas uniquement en ce qui concerne notre filière »,

pointe Pierre-Yves Pose, président de la Fédération nationale des conseils des chevaux (FCC). De nombreux propriétaires font alors le choix de déménager leurs chevaux vers d’autres structures, proposant des pâtures et des pensions à moindre coût. Certains gérants, contraints de s’occuper de toute la cavalerie de leur centre, chevaux d’enseignement et de propriétaires, augmentent la cadence et les heures. Pour beaucoup, comme le certifie Guillaume Blanc, directeur de l’accompagnement de la filière à l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE), c’est la double peine : les rentrées d’argent, sans les heures d’enseignement et avec moins de pensions, sont moindres, tandis que les charges se maintiennent et qu’il faut bien sûr prendre soin de tous les chevaux. La charge de travail s’en trouve majorée. Certains décident de mettre les équidés à l’herbe, toujours dans l’optique de faire baisser les dépenses et la quantité de travail. Encore faut-il avoir accès à des près à proximité. Une démarche qui pose parfois des problèmes, comme en Île-de-France, où Emmanuel Feltesse, président du Comité régional d’Île-de-France (CREIF), reconnait manquer d’espace. « Dans cette région, nous n’avons pas d’herbage,

pas de prés. Il faut garder du personnel et acheter du foin à prix d’or. Nous avons lancé des appels aux autres régions pour mettre certains de nos équidés au vert. »

Dans une étude rendue publique à la fin du mois d’avril, la FCC dresse un premier constat de l’impact du Covid-19 sur l’ensemble de la filière cheval pour le mois de mars*. Le président, Pierre-Yves Pose, y annonce d’emblée la couleur : « Il nous faut préparer la sortie de crise qui ne manquera pas d’avoir des répercussions à très long terme. » Du côté des centres

*Approche de l’impact de la crise de Covid-19 sur la filière équine, Fédération nationale des Conseils des chevaux, données de mars 2020

équestres, sur le mois de mars – lors duquel ont été stoppés les cours collectifs et le confinement mis en place –, on note des diminutions des chiffres d’affaires de 53 % concernant l’enseignement, de 73 % du côté du tourisme, de 7 % pour les pensions, de 71 % pour le coaching et de 94 % pour la vente de chevaux. Ces chiffres mensuels sont à considérer alors que les deux premières semaines du mois n’étaient pas encore soumises aux conditions du confinement et que les

cours collectifs ont été stoppés en date du 8 mars, avant que les structures ne soient complètement fermées, le 17 mars. Certains chiffres sont extrêmement révélateurs : du côté de l’élevage, par exemple, le chiffres d’affaires du mois de mars 2020, comparé à celui de mars 2019, est de - 94 % en ce qui concerne la vente d’équidés. Dans cette étude, il est notifié que les principales préoccupations des éleveurs concernent le maintien des ventes (Arqana, Fences, Nash…), le manque de trésorerie, l’accessibilité du marché pour les éleveurs étrangers et les prix de vente des chevaux dans l’impossibilité d’être valorisés cette saison. Si une grande partie des éleveurs de chevaux de course de galop ont laissé leurs chevaux à l’entraînement, certains éleveurs de chevaux de sport ont récupéré leurs protégés pour les remettre à l’herbe et baisser ainsi leurs charges. Dans les établissements équestres, les recettes liées à l’enseignement sont en baisse de 53 %, et le coaching de 71 %. Du côté des courses, la tendance est la même avec des

38 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020


COVID-19 l LA FILIÈRE DÉSARÇONNÉE çait le représentant des comités régionaux d’équitation de l’Hexagone, Emmanuel Feltesse, en plein cœur de l’épidémie. « Le chômage partiel, oui, mais il fallait quand même aux centres équestres garder du personnel pour s’occuper des chevaux. Négocier avec les banques n’est pas toujours une chose aisée. Et les 1 500 euros pour les petites entreprises ne paient ni le camion de foin, ni le camion de paille, ni les granulés… Sans une véritable aide, nous sommes foutus. » Un constat partagé par Jean-Pierre Vogel,

sénateur de la Sarthe, président du groupe Cheval et expertcomptable. « Les 1 500 euros émanant du fonds de solidarité de l’État ne représentent pas grand-chose et le chômage partiel est inadapté à un secteur d’activité qui doit continuer à prendre soin de ses chevaux », avance le sénateur. « En comparaison, le gérant d’un magasin de chaussures peut tout à fait baisser le rideau et mettre ses quatre employés au chômage partiel. Du côté des centres équestres, on se rend bien compte que ce n’est pas possible : certains dirigeants, qui travaillaient déjà douze heures par jour, se sont mis à faire des journées de seize heures pendant le confinement pour continuer à assurer le bien-être de leurs animaux. Quant aux PGE, les prêts garantis par l’État, ils pourront peut-être convenir à de grosses structures avec de la rentabilité, qui seront en capacité d’absorber un nouvel emprunt dans les années à venir, mais pour les entreprises les plus fragiles, ce sera reculer pour mieux sauter, et donc pas adapté non plus. » Car ce qui inquiète Jean-Pierre Vogel,

Structures fermées : les propriétaires s’enflamment

S

uite à l’arrêté du 15 mars, les centres équestres sont contraints de fermer leurs portes au public. Pendant deux jours, suite à une communication erronée qui qualifie le cheval d’animal de compagnie, et non de rente, les propriétaires se succèdent par groupes dans les installations en respectant un protocole mis en place par le dirigeant. Le 17 mars, la Fédération française d’équitation et l’Institut du droit équin contraignent les dirigeants à fermer leurs portes, sauf au personnel, faute de quoi ils s’exposent à un an de prison et 15 000 euros d’amende. La majorité d’entre eux se soumet de bonne grâce aux consignes, et se contente des vidéos et photos de leurs protégés envoyées par les dirigeants. Frustrés, 73 424 propriétaires signent une pétition adressée (par erreur) au président de la FFE puis au ministre pour tenter d’infléchir cette décision. Les réseaux sociaux s’enflamment, certains propriétaires font fi des décisions gouvernementales, les dirigeants deviennent des boucs émissaires. Les cas des chevaux au pré, en demi-pension, ou des propriétaires qui louent un box nu, génèrent débats et polémiques, de même que la surfacturation des prestations de travail. Certains cavaliers indépendants s’improvisent professionnels et continuent de forcer l’accès aux installations. Le 23 avril, Didier Guillaume, ministre de l’agriculture, publie un communiqué de presse autorisant les propriétaires à se rendre dès le lendemain dans les établissements qui les accueillent, dans certaines conditions. La fragilité juridique du procédé génère des polémiques, la fédération elle-même, qui en questionne le bien fondé, est mise en porte-à-faux, de même que les établissements qui conservent leurs portes closes. Suite à l’annonce de la date officielle de déconfinement, fixée au 11 mai, la majorité des écuries décident finalement de laisser les propriétaires accéder à leurs installations, à condition de se plier à des créneaux horaires et de respecter les consignes sanitaires. n B.F. pertes de 24 % sur les pensions, 56 % sur les gains et 100 % de ventes d’équidés pour le trot, 29 % pour les pensions, 39 % pour les gains et 86 % sur les ventes pour le galop. « Il ne faut pas oublier que les gains des courses représentent 48 % des revenus d’un entraîneur de trot et 13 % d’un entraîneur de galop », indique Pierre-Yves Pose. « Après les centres équestres, qui ont été les structures les plus impactées par la crise, ce sont les entraîneurs de trot et de galop qui ont le plus souffert suite à l’arrêt des courses. L’entraîneur qui n’a pas pu embaucher un cavalier et qui a dû dégraisser une partie de son effectif équin subira des conséquences sur le long terme : le cheval qui ne courra pas ne lui rapportera pas les prix de courses, et ne générera pas de recettes. »

DES AIDES PEU APPROPRIÉES

Dans ce contexte où chacun fait ses comptes, quels moyens pour ne pas voir de multiples structures équestres sombrer ? « Les solutions ne sont malheureusement pas nombreuses », lan-

ce sont toutes ces petites structures qui maillent le territoire, en particulier en milieu rural. « Certains centres équestres ont

parfois très peu de rentabilité, moins de 10 000 euros par mois, et les gérants vivent essentiellement de leur passion et n’ont pas de trésorerie. Je crains de voir ces structures à la faible rentabilité disparaître et ce serait une catastrophe pour notre territoire : ces petites entreprises, ce sont un peu comme les derniers commerces dans les villages, elles pratiquent des tarifs attractifs et ont permis de démocratiser l’équitation. Comme les petites écuries qui ne touchent plus d’allocations à cause de l’arrêt des courses, ce serait dramatique de voir disparaître ces structures. Elles participent au maillage territorial, spécifiquement en milieu rural. » De l’avis

du sénateur, l’abandon plutôt que le report des charges sera un premier pas nécessaire dans le sauvetage des structures. « Oui, c’est vrai, ça coûtera de l’argent à l’État, mais ce sera une concession à faire dans un plan plus global de sauvegarde de ces établissements. »

IMPACT IMMÉDIAT…

Les différents acteurs interrogés s’accordent pour dire que l’impact du Covid-19 se situe à deux niveaux : « Le premier est quantifiable, il concerne le manque à gagner des entreprises dont les activités ont été stoppées net, à l’instar de l’enseignement pour les centres équestres », indique Guillaume Blanc. « On peut dire que c’est un manque relativement facile à identifier pour les structures », poursuit Jean-Pierre Vogel. Pour pallier ce premier

et douloureux impact, des demandes d’aides d’urgence ont été formulées. Le 15 avril dernier, le président de la filière Cheval, Loïc Malivet, en accord avec les sociétés mères, a sollicité une aide globale de 74 millions d’euros (voir encadré). Une démarche qui a permis d’engager les discussions avec le Ministère de l’agriculture. Quasiment dans le même temps, fin avril, dans le cadre de la loi de finances rectificative, JeanPierre Vogel a présenté au Sénat un amendement sollicitant une aide de 70 millions d’euros. Une demande devant laquelle Gérald Darmanin, ministre des Finances, a déclaré : « Il y aura tous les fonds nécessaires pour que tous les centres équestres de tous les territoires français puissent vivre, je m’y engage. On mettra les fonds nécessaires. » Pour Jean-Pierre Vogel, qui n’appartient

pourtant pas à la majorité présidentielle, il faut faire confiance au gouvernement et aux décideurs politiques : « Ils ne laisseront

pas tomber la filière, mais il faut le temps d’aligner les budgets car nos problématiques sont complexes et concernent trois ministères : l’agriculture, le sport et les finances. Il faut mettre tout le monde d’accord pour savoir qui paie quoi. En sachant que le budget de l’État est directement impacté par l’arrêt des courses : celles-ci représentaient une manne de 832 millions d’euros reversés en

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•39


COVID-19 l LA FILIÈRE DÉSARÇONNÉE

LES GARENNES

« Les petits centres équestres, ce sont un peu comme les derniers commerces dans les villages. Ce serait dramatique de les voir disparaître » Jean-Pierre Vogel «Il faut faire confiance au gouvernement pour aider la filière cheval», estime le sénateur Jean-Pierre Vogel, président du groupe Cheval. Ph. B.Fletcher

2019. » Pour Jean-Pierre Vogel, il est donc bien évidemment

nécessaire de débloquer une aide d’urgence, notamment pour pallier le manque à gagner des établissements recevant du public. « Il faut cependant que les conditions pour en bénéficier soient claires, lisibles et adaptées. Il n’y a parfois rien de pire que la machine administrative française, qui exige de cocher de multiples cases et qui révèle en fin de compte que l’aide est inaccessible. »

Une aide d’urgence dont la somme était en cours d’arbitrage, au moment de la rédaction de cet article : « Tout cela prend du temps », reprend Frédéric Bouix. « Nous savons bien que les

centres équestres sont encore en grande souffrance. On craint bien évidemment de voir des structures baisser le rideau à cause de cet arrêt de deux mois. Il faut une aide d’urgence significative et accompagner également la reprise à plus long terme… »

… ET SUR LE LONG TERME

L’autre impact de la crise sanitaire que nous traversons se situe à plus long terme. Et elle est pour l’instant impossible à quantifier. « La période estivale est généralement la saison des championnats, des rendez-vous de Lamotte-Beuvron pour les échéances nationales Club et Poney, des stages… », évoque JeanPierre Vogel. « Que va-t-il se passer cette année ? Où en sera-t-on dans un mois ? Dans deux mois ? Comment les clients vont-ils se comporter ? Est-ce qu’ils seront tout aussi nombreux, à la rentrée de septembre, à reprendre la route des centres équestres ? Est-ce que les cavaliers, ou leurs parents, n’auront pas été touchés par la crise économique ? Nous sommes aujourd’hui incapables de répondre à ces questions. »

Si la crise a frappé la filière cheval, elle a également impacté le monde économique dans son ensemble. Le pouvoir d’achat des clients et des consommateurs sera-t-il le même dans les semaines et les mois à venir ? « Quand le pouvoir d’achat

est moindre, ce sont généralement les loisirs qui en prennent un 40 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020


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COVID-19 l LA FILIÈRE DÉSARÇONNÉE

coup », ajoute Guillaume Blanc. Une inquiétude partagée

par bon nombre de dirigeants de structures, dont Bruno Leleu, responsable de l’École d’équitation du Boulonnais, à La Capelle-lès-Boulogne (62). « Il est légitime de s’inquiéter pour notre activité dans les mois à venir », avance le président. « L’équitation n’est pas un sport à petit budget et si nos licenciés ont des problèmes de pouvoir d’achat, je crains évidemment qu’ils ne reviennent pas. Pour en convaincre un maximum, nous avons fait en sorte que les forfaits de leçons n’aient pas de limite dans le temps. Il faudra aussi que nous mettions en place une bonne communication, notamment sur les réseaux. À la rentrée de septembre, nous avions pour habitude de participer au Vital Sports, une manifestation locale mise en place par Decathlon et destinée à promouvoir les clubs sportifs du territoire. Nous savons

faute de pouvoir embaucher un cavalier, ne pourront pas compter sur elle pour récupérer des prix de course dans les mois et les années à venir », avance Jean-Yves Pose. « Ces conséquences se feront sentir sur le long terme. Et quand on voit aujourd’hui que les maquignons densifient leur activité et que le prix de la viande du cheval de trait a chuté de 20 % face à une nouvelle concurrence, il faut légitimement se poser des questions. Certains entraîneurs n’ont pas eu d’autres choix que de dégraisser une partie de leur écurie. »

ET L’ÉLEVAGE ?

Difficile de prédire encore le véritable impact de la crise sanitaire sur le monde de l’élevage : il y aura sans doute deux poids deux mesures entre le sport et les courses en la matière...

Ces doutes concernent l’activité économique des centres équestres, mais également toute la partie élevage : « Quelques jours après la mise en place du confinement, un protocole de poursuite d’activité pour les éleveurs professionnels a été mis en

« Nos problématiques sont complexes et concernent trois ministères : l’agriculture, le sport et les finances. Il faut mettre tout le monde d’accord pour savoir qui paie quoi » Jean-Pierre Vogel d’ores et déjà qu’elle n’aura pas lieu. Il va falloir qu’on se bouge si on veut récupérer nos clients. On prévoit d’avancer la journée du cheval, qui a lieu le troisième week-end de septembre, à fin août et d’organiser plusieurs journées portes ouvertes. Et puis, bien sûr, on va repousser les investissements prévus, notamment l’achat d’un nouveau camion. » Si la reprise du 11 mai a permis de

remettre en place des cours collectifs, l’activité de certains secteurs demeure entravée aujourd’hui : « Le tourisme équestre a été beaucoup touché », indique Frédéric Bouix. « Qu’en sera-t-il à la période estivale ? »

Même inquiétude en ce qui concerne le monde des courses : « Les entraîneurs qui ont dû se séparer d’une partie de leur effectif,

place », indique Guillaume Blanc. « Même si nous avons d’ores et déjà quelques tendances, nous observerons les effets de la crise dans quelques mois. En ce qui concerne le nombre de saillies, nous aurons des chiffres plus précis en juillet et en août. » Début

mai, ce dernier pouvait donner quelques chiffres en matière de mise à la saillie, notamment côté courses. « On observe une diminution de 6 % chez les trotteurs et 4 % chez les Pur-sang. Des chiffres légèrement en baisse, qui ne révèlent pas de tendances nettes. » L’incertitude pèse davantage sur les amateurs, qui

ont été autorisés pour leur part à mettre leurs juments à la saillie dès le 6 mai. « Ils sont représentatifs », poursuit Guillaume Blanc. « 80 % de nos quelque 30 000 éleveurs sur le territoire ne

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COVID-19 l LA FILIÈRE DÉSARÇONNÉE

L

74 millions demandés par la filière

e 15 avril dernier, Loïc Malivet, président de la filière Cheval, regroupant la Fédération française d’équitation, Le Trot, France Galop, la Société française des équidés de travail et la Société hippique française, a envoyé un courrier au Ministère de l’action et des comptes publics, sollicitant une aide mensuelle d’urgence de près de 74 millions d’euros à compter du 15 mars. Le président indique que l’entretien des équidés engendrent des coûts stables et que, sans recette, l’ensemble de la filière est fragilisée. « Il est indispensable d’accorder une aide d’urgence pour entretenir les animaux [...] Chacune de nos familles a identifié et mesuré les coûts correspondant aux besoins mensuels indispensables au maintien en vie de nos animaux, ainsi que les effectifs des équidés présents chez les professionnels actuellement sans ressources [...] En conséquence, nous sollicitons de votre part une aide d’urgence d’un montant mensuel de 73 millions d’euros, à compter du 15 mars, pour répondre aux stricts besoins physiologiques des animaux. Les modalités de cette aide seront à définir par vos services. L’IFCE, institut technique au service de la filière équine, jouera pleinement son rôle dans la mise en place, le déploiement et le contrôle d’une telle mesure d’urgence. » Guillaume Blanc, directeur de l’accompagnement de la filière à l’IFCE, décrypte cette demande : « Concernant cette demande d’aide, tout n’a pas été obtenu. Nous sommes aujourd’hui dans une logique de discussion. Et l’État envisage d’octroyer une aide uniquement pour les chevaux exclusivement à la charge des structures, c’est-à-dire hors équidés en pension – pour lesquels les structures perçoivent un revenu de la part des propriétaires – et d’élevage. Cette aide d’urgence concernerait ainsi uniquement les chevaux d’enseignement et d’encadrement. » À l’heure où nous imprimons ce numéro, les discussions sont toujours en cours. n S.F. Le redémarrage des courses a été effectif le 11 mai dernier : un soulagement pour grand nombre de professionnels. Ph. Scoopdyga

possèdent qu’une à deux juments. L’impact de la pandémie sur leur activité professionnelle pourra-t-il leur permettre de financer une saillie cette année ? Encore des effets qui se verront à plus long terme. » Selon Audrey Marchand, vétérinaire et responsable

du Haras de la Bouloye à Wirwignes (62), il y a eu deux poids deux mesures : « J’ai eu une nette diminution des mises à la saillie côté courses. En revanche, j’ai eu davantage de demandes côté sport, notamment via les transferts d’embryons. Beaucoup de cavaliers m’ont amené leurs juments de compétition pour les faire saillir et mettre à profit l’interruption des concours. »

Sur les mises à saillie, Pascal Cadiou, président du stud-book Selle Français, est relativement confiant : « Les gens sont prudents, mais ont conduit leurs juments à la saillie. Grâce au protocole du 24 mars, autorisant la mise à la reproduction, les éleveurs professionnels ont pu s’organiser rapidement. Fin avril, le GFE affichait une hausse de ses contrats et France Étalons semblait bien travailler aussi. » L’enjeu, pour le stud-book Selle Français,

était surtout de faire redémarrer ses circuits de valorisation

0-3 ans, de manière à permettre aux éleveurs de vendre leur production sur les événements. « Concrètement, on espère que les qualifications des foals, qui démarrent fin juin pour le championnat en août au Normandy Horse Show (NHS), et que celles des étalons, des femelles et des 3 ans sport, démarrant à la fin de la période estivale, pourront se tenir. Nos inquiétudes se portent davantage sur la fin de l’année 2020, notamment entre septembre et décembre, période lors de laquelle les ventes ont lieu. C’est de ces transactions que les éleveurs ont besoin pour renflouer leur trésorerie : c’est ce qui leur permet d’aborder l’année suivante dans de bonnes conditions. Suite à l’épidémie, on ne sait pas encore de quelle façon le marché réagira et si les clients auront le même pouvoir d’achat…C’est là que porte surtout notre incertitude et celles des éleveurs. » Pascal Cadiou espère néanmoins en premier lieu

que la participation au championnat des foals ne sera pas trop impactée : « Les gens de la région Grand Est seront peut-être

plus prudents, étant donné que cette zone a été davantage touchée par le virus. De l’autre côté, j’espère que les résidents des régions ouest, à l’instar de la Normandie ou de la Bretagne, seront au rendez-vous. Quoi qu’il en soit, on en saura plus sur cette saison de monte à la fin du mois de juillet, quand les chiffres seront plus précis. » Pour Pierre-Yves Pose, « l’éleveur qui décide de ne pas mettre sa jument à la saillie aujourd’hui engendre uniquement une perte immédiate pour l’étalonnier. Mais c’est dans quelques mois, quand l’éleveur n’aura pas de poulains à vendre, quand il n’aura pas pu commercialiser ses produits grâce aux circuits de valorisation, ou quand il n’aura pas pu faire prendre de la valeur à ses produits grâce aux circuits de formation, que l’impact sera mesurable. Sur le secteur de l’élevage, on est davantage dans des conséquences à moyen et long termes ».

DE LA NÉCESSITÉ DE LA REPRISE DES COURSES

L’une des priorités, selon Pierre-Yves Pose, était assurément la

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COVID-19 l LA FILIÈRE DÉSARÇONNÉE reprise des courses : « Cette crise aura peut-être eu le bénéfice de faire comprendre à tous les acteurs de la filière cheval que les courses en sont le poumon économique ! Pour un grand nombre d’acteurs du sport, l’argent reversé par les courses, à l’État ou à la filière par le biais du Fonds Éperon ou des appels à projets de l’IFCE, est un dû. Alors que c’est un réel système de solidarité, qui marque bel et bien l’interdépendance des différentes branches de notre filière. Il faut le garder à l’esprit. » Les courses sont en souf-

france aujourd’hui, et c’est l’ensemble de la filière cheval qui sera impactée demain, de la concrétisation de certains projets au bon fonctionnement des circuits de formation et de valorisation. Bien conscients de cette interdépendance, les Ministères de l’agriculture et de l’économie ne manquaient pas de le stipuler dans leur communiqué en date du 27 avril, annonçant une reprise des courses à huis clos quelques jours plus tard : « La

solidarité sera au cœur de cette reprise, de l’État vis-à-vis de l’institution des courses, du PMU vis-à-vis des points de vente en fragilité, des sociétés mères vis-à-vis des socioprofessionnels en fragilité et du secteur des courses hippiques à l’attention des autres secteurs de la filière cheval, notamment au travers de la poursuite du fonds Éperon ». Didier Guillaume

et Gérald Darmanin, ministres de l’agriculture et des finances, y assuraient par ailleurs la survie du Fonds Éperon qui, outre la création de nombreux projets équestres chaque année, est également l’une des seules ressources de la Société hippique française (SHF).

DES REDÉMARRAGES À PLUSIEURS VITESSES

Pour les centres équestres, en amont du déconfinement, les modalités de réouverture ont posé question et n’ont pas manqué de faire débat ! Des incertitudes déjà pointées le 5 mai, soit une semaine avant le déconfinement, par le Groupement hippique national (GHN) dans un communiqué intitulé : Les centres équestres sont-ils les oubliés du plan de déconfinement ?

Dans ce communiqué, le GHN fait part de son incompréhension face à l’incertitude qui plane sur la date et les modalités de réouverture des établissements équestres. Et met en avant les conditions d’accueil des centres équestres, bien souvent idéales dans le cadre de la lutte contre l’épidémie : « Les centres équestres sont des établissements de plein air avec des bâtiments particulièrement bien ventilés de par leurs dimensions et leur configuration, l’équitation n’est pas un sport de contact. »

Rappelant une nouvelle fois les difficultés financières des structures équestres, le GHN conclut son communiqué en appelant au « bon sens et à la responsabilité du gouvernement afin que des précisions sur la date de réouverture au public ainsi que sur le protocole sanitaire soient apportées dans les plus brefs délais afin que les centres équestres puissent mettre en œuvre les actions nécessaires à la reprise de leurs activités. » Le 7 mai, La

Fédération française d’équitation indique que des éclaircissements seront apportés dans les jours suivants : « La ministre des

sports s’est adressée ce jour aux présidents de fédérations sportives pour leur faire part du plan de déconfinement progressif du sport. À cette occasion, il a été indiqué qu’un texte officiel à paraître dimanche ou lundi préciserait la réouverture des établissements recevant du public (ERP) ; ce texte concernera notamment les établissements équestres. » Pourtant, c’est encore l’incertitude

qui règne le week-end précédant le déconfinement, fixé au lundi 11 mai, à minuit. Et le jour J, les structures ne savent toujours pas à quoi s’en tenir ! Finalement, c’est en fin de

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COVID-19 l LA FILIÈRE DÉSARÇONNÉE

Une vague d’actions solidaires

L

’injonction de fermeture qui a frappé les centres équestres le 16 mars a déclenché de nombreuses initiatives de soutien. Le 17 avril, la Fédération française d’équitation lance la campagne, Cavalier solidaire, via une plateforme de dons en ligne, pour venir en aide aux 6 500 établissements touchés de plein fouet par la crise sanitaire. Chaque donateur (particulier ou société) est invité à faire un don ouvrant droit à une réduction fiscale à une structure équestre spécifique. Les dons collectés viennent en outre abonder un fonds d’urgence consacré aux établissements le plus en difficulté identifiés par les Comités départementaux d’équitation. Côté cavaliers, le premier à se manifester est le champion olympique Philippe Rozier, immédiatement rejoint par Roger-Yves Bost. Tous deux expriment leur volonté d’organiser des stages de solidarité – à raison de cent euros minimum par couple y participant – dont les bénéfices seront utilisés pour fournir paille, foin et granulé aux centres équestres franciliens. Alors que RTL donne 10 000 euros à cette cause, rapidement, de nombreux cavaliers de haut niveau se joignent au projet, tandis que Sophie Dubourg, directrice technique nationale, déclare vouloir généraliser cette opération à tout le territoire. De son côté, Marc Dilasser se mobilise en organisant la vente d’une œuvre d’art au profit des clubs de l’Orne, tandis que Pénélope Leprevost fait don aux structures équestres en difficulté de cinquante tonnes de foin, et que la Laiterie de Montaigu débloque l’équivalent de deux-cent-vingt tonnes de fourrage. Alors que les sportifs français décident dès le 26 mars de mettre aux enchères leurs maillots, crampons et autres raquettes au profit du personnel soignant, Alexandre Bekka, agent de cavaliers, soutenu par Arqana en partenariat avec Christophe Ameeuw, créateur des Longines Masters, programme une vente aux enchères baptisée Trésors de champions, le 8 mai. Au catalogue, pour les cinq-cent-soixante enchérisseurs : stages, séances de coachings et objets souvenirs ayant appartenu à vingt-et-un champions. Top price de cette vente : une saillie de l’étalon Rahotep de Toscane, adjugée 8 500 euros. La couverture du Grand Prix du Saut Hermès 2019 remportée par Simon Delestre et Hermès Ryan, est acquise pour 4 009 euros, tandis que la selle Hermès d’Astier Nicolas, double champion olympique 2016, est adjugée pour 2 580 euros. Les 36 238 euros récoltés viendront abonder le fonds Cavalier solidaire de la FFE. Parmi les initiatives à souligner, la cagnotte Leechie des Confinés solidaires, initiée par Cédric Longis le 6 mai, qui collectait en quelques jours près de 5 000 euros. Coup de chapeau à la région Île-de-France, qui a débloqué une aide exceptionnelle de 150 000 euros à destination des centres équestres, ainsi qu’aux cavaliers qui ont décidé de continuer à payer leurs cours, à la plateforme À Cheval Demain et à sa Cotis’covid, aux Selliers solidaires, à Hippocrat, Padd, Decathlon et aux nombreuses sociétés qui se sont impliquées dans ce vaste élan de soutien. n B.F.

journée que paraît le décret tant attendu. Il précise que « la pratique équestre en “plein air”, c’est à dire hors des équipements couverts, redevient autorisée, y compris sur les chemins ouverts au public, mais qu’elle ne peut donner lieu à des regroupements de plus de dix personnes. » Cependant, le décret ne limite pas

le nombre de groupes de dix personnes maximum pouvant être accueillis sur des zones différentes au sein d’une même structure. « En matière sanitaire, la distanciation physique imposée

est de cinq mètres pour une activité physique et sportive modérée et de dix mètres pour une activité physique et sportive intense ».

À l’heure où nous écrivons ces lignes, certains points restent en suspens, notamment sur la reprise des compétitions pros et amateurs. « Il est aujourd’hui très compliqué d’avancer une date », mentionne Frédéric Bouix. « On sait qu’il n’y aura pas

d’événement rassemblant plus de 5 000 personnes avant le 31 août. Vraisemblablement, ce sont les compétitions permettant aux cavaliers professionnels d’exercer leur activité qui seront les premières à redémarrer. Nous n’en savons pas plus pour le moment. » Le redémarrage des courses, acté la veille, est pour

sa part effectif le 11 mai à minuit. Mais après de multiples incertitudes également, malgré l’annonce du gouvernement du 27 avril : selon nos confrères de Jour de Galop, la reprise de l’activité s’est jouée le 9 mai, après de nombreux contacts entre Édouard de Rothschild, président de France Galop, François Bayrou, maire de Pau, et François Augier, maire de Deauville. Ces derniers, convaincus de la nécessité de redonner le coup d’envoi des courses, n’ont pas hésité à faire part de leurs inquiétudes au plus haut sommet de l’État, qui a finalement donné son feu vert pour un redémarrage des courses dès le 11 mai.

RÉINVENTER DES ÉVÉNEMENTS ET UNE FILIÈRE

Dans l’optique de reprendre leur activité, chaque maison mère a établi un protocole, visant à assurer des garanties sanitaires lors des événements. « Pour les circuits de valorisation

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Le regard de Pierre Milon sur les Grandes Semaines de l’élevage, dont les dates vont forcément être décalées... Pascal Cadiou, (à gauche), président du stud-book Selle Français, a observé les comportements des éleveurs et estime que ces derniers ont généralement joué le jeu et mis leurs juments à la saillie. Ph. B. Fletcher Pour le stud-book Selle Français, il est nécessaire que les foals puissent avoir leur finale à Saint-Lô, en août, et que les autres qualifications, à la fin de l’été, puissent se tenir. Une condition sine qua non à la bonne santé du commerce de fin d’année... Ph. Coll


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COVID-19 l LA FILIÈRE DÉSARÇONNÉE des chevaux de 4 à 6 ans, la SHF s’oriente vers des événements quasi à huis clos, avec un système de points pour penser ses qualifications », indique Guillaume Blanc. À huis clos, et a minima en matière de dotation. « Dans un premier temps, nous redémarrerons les épreuves de qualifications sur des sites permettant facilement de mettre en place un protocole sanitaire précis », indique Yves Chauvin, président de la SHF. « Nous avons mis toute notre énergie à penser des systèmes permettant aux professionnels de la filière de ressortir leurs chevaux pour les former. C’était impératif pour ne pas connaître une année blanche. Le protocole que nous avons soumis au Ministère de l’agriculture pour la tenue de nos compétitions est très précis, il limite par exemple le nombre de chevaux au paddock. Comme nous commençons plus tard, il y aura moins d’épreuves. Nous avons décidé de concentrer les concours sur certains sites et d’adapter le système de qualifications. Celui-là se fera dans un premier temps grâce à des points, qui seront par la suite convertis en euros. » À quelle date ? Il était difficile de le mentionner

pour le président, début mai, car de multiples questions se posaient encore sur le financement de ces circuits. « Nous

n’avons pas de visibilité sur les possibilités du Fonds Éperon et sur le montant de ses encouragements à venir », pointe Yves

Chauvin. L’an dernier, la SHF avait bénéficié de 3,2 millions d’euros de la part de ce fonds, permettant notamment de doter les circuits de formation, de 4 à 6 ans, dans toutes les disciplines. Une aide complétée par le Ministère de l’agriculture pour la partie organisation, qui s’élève à un peu moins de 5 millions d’euros. « Face à la réception de ces encouragements et à leurs montants, qui permettent aux professionnels de former et de valoriser leurs chevaux, nous sommes dans le flou », indique le président. « Nous avons eu et avons encore beaucoup d’incertitudes sur l’avenir. » Le 13 mai,

la SHF publiait en ce sens un communiqué mentionnant la reprise des concours dès le 25 mai. « Les mesures mises en place ne concernent, dans un premier temps, que les acteurs professionnels de la filière », mentionne le communiqué. « Le

LES GARENNES

Yves Chauvin, en haut, président de la SHF, estime qu’une année blanche en matière de formation des jeunes chevaux serait une catastrophe pour les éleveurs et propriétaires. Ph. Scoopdyga

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COVID-19 l LA FILIÈRE DÉSARÇONNÉE

« Cette crise aura peut-être eu le bénéfice de faire comprendre à tous les acteurs de la filière cheval que les courses en sont le poumon économique » Pierre-Yves Pose système d’engagements et dotations, sur le circuit régional exclusivement, a dû s’adapter à la situation économique des courses qui alimentent financièrement le Fonds Éperon. A ce jour, nous ne connaissons pas le montant qui sera alloué à la SHF. » La

société-mère précise que le nombre de personnes sur site ne pourra excéder cent. Du côté sport, le tarif unique de l’engagement est fixé à vingt euros et le communiqué confirme le système de points. Cinq compétitions sont annoncées pour la semaine de reprise : Saint-Lô (50), Deauville (14), Verquigneul (62), Barbaste (47), Cluny (71). « Faut-il repartir ou attendre d’avoir l’argent pour repartir ? », interroge Guillaume Blanc. « Pour organiser des événements à l’avenir, il faudra sans nul doute regarder à l’économie. De nombreuses pistes sont envisageables et il n’y a pas de solution universelle. Il faut surtout regarder les solutions qui sont les moins mauvaises et envisager de se réinventer dans plusieurs domaines. » Pour Pierre-Yves Pose, il faut « éviter de faire de la bobologie et repenser le fonctionnement économique de la filière dans son ensemble. Cette crise permet aussi de voir qu’il y avait un vrai problème de stratégie, notamment quand on constate le nombre de centres équestres ou d’écuries d’entraînement qui se trouvaient en difficulté avant la pandémie et qui ne s’en relèveront probablement pas. Le Covid-19 nous oblige à constater que de vrais problèmes se posent dans certains secteurs. » Si, peu

à peu, certaines réponses émanent des instances dirigeantes, nombreuses sont les interrogations qui restent en suspens dans le cadre de cette situation extraordinaire. Beaucoup

L

Quid du Fonds Éperon ?

es courses étant au point mort, l’approvisionnement du Fonds Éperon s’est arrêté. Depuis quinze ans, ce fonds d’encouragement aux projets équestres régionaux ou nationaux apporte sa contribution au monde du sport grâce aux revenus générés par les enjeux du PMU. Chaque année, il finance des projets à hauteur de 10 millions d’euros environ, des actions ayant toutes en commun d’insuffler du dynamisme à la filière cheval grâce à la solidarité du monde des courses. « En général, le Fonds Éperon finance pour moitié les circuits de valorisation et de compétition et pour moitié des projets d’infrastructures », pose Guillaume Blanc, directeur de l’accompagnement de la filière à l’IFCE. « Sans aucun doute, il faudra faire des concessions sur un certain nombre de financements, c’est certain. Car le redémarrage des courses à huis clos a permis les paris en ligne, mais cela représente une faible proportion en comparaison des enregistrements PMU. » Dans leur communiqué en date du 27 avril, Didier Guillaume, ministre de l’agriculture, et Gérald Darmanin, ministre de l’économie, annonçant les mesures de soutien consenties par l’État à l’égard de la filière équestre pour une reprise progressive et réussie des courses, ont néanmoins assuré la survie de ce fonds, soutien actif de la SHF. n S.F. d’éclaircissements arriveront dans les semaines et les mois à venir, tandis que les réelles conséquences de cette crise sanitaire ne seront mesurables que dans plusieurs mois, voire plusieurs années. n Sylvia Flahaut

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Le huis clos et un protocole sanitaire strict : telles sont les conditions de reprise de l’activité, et notamment pour le secteur des courses, remis en marche le 11 mai dernier. Ph. Scoopdyga


COVID-19, LA FILIÈRE DÉSARÇONNÉE l TÉMOIGNAGES

Daniel Desmeure Centre hippique des Alpes

Christine Chéhu Village équestre de Conches

Avec cinq-cent-quatre-vingt-cinq licenciés, le Centre hippique des Alpes à Saint-Ismier dans l’agglomération grenobloise est la plus importante structure de la région Auvergne-RhôneAlpes. Fin avril, son dirigeant Daniel Desmeure ne cachait pas que la situation du confinement mettait en péril l’avenir de son entreprise. « Nous faisons plus de 1 000 heures de cours en

Depuis 1967, le Village équestre de Conches (27) propose un centre équestre et poney club (deux-cent-cinquante cavaliers), un centre de formation au BPJeps (vingt candidats), et une section sport-étude (trente à trente-cinq élèves), le tout grâce à une vingtaine de salariés et cent-trente équidés. Comme l’explique la présidente Christine Chéhu, à la tête de la structure depuis 2004, « depuis le 8 mars, nous

club chaque mois, cela représente 70 % de notre chiffre d’affaires. Nous avons une quarantaine de chevaux de propriétaires, cela représente environ 20 % de notre activité et c’est tout ce que nous avions comme rentrée depuis mi-mars puisque l’activité concours est aussi arrêtée ! Nous avons utilisé tous les dispositifs d’aides de l’État, même si ce sont des dossiers lourds à faire. Je peux compter sur mon frère Guy qui s’occupe au niveau du club de l’administratif... Pour demander un prêt à taux zéro, nous avons calculé notre perte de C.A. jusqu’en juin, ça fait 245 000 euros. La banque nous a accordé 240 000 euros. C’est une somme qu’il faudra rembourser, donc c’était important de pouvoir vite reprendre l’activité, sans ça nous n’aurions pas pu tenir ! Nous sommes dix salariés en temps normal. Durant la période de confinement, nous n’étions plus que quatre à temps complet. Heureusement, j’ai une super équipe ! Nous avions tout réorganisé : de 7h à 9h, c’était le travail aux écuries, puis on montait la quarantaine de chevaux qui étaient restés et nous avions chaque jour une réunion pour faire le point. Nous avons pu mettre les cinquante poneys et

avons mis au pré trente-cinq shetlands, vingt-six double poneys et quarante chevaux. Trente autres sont restés au box, et ont été travaillés par vingt élèves de sport-étude, restés sur le site durant la période de confinement. »

Au vu des décrets qui tardaient à être promulgués et des consignes ministérielles pour le moins confuses, comme l’interdiction de reprendre la formation avant septembre, elle a pris la décision, le 10 mai, de ne pas rouvrir l’établissement avant le 3 juin. « Nous préparons

JEAN-LOUIS PERRIER ET COLL

les plans de circulation, les plannings, les distributeurs d’eau de Javel diluée, lingettes et masques en tissu fabriqués localement. Pour suivre les consignes du gouvernement, il faudrait une véritable armée de salariés.

chevaux de clubs au pré avec le soutien des agriculteurs locaux qui nous ont laissé des pâtures. Tous les chevaux de propriétaires ont été pris en charge par l’équipe salariée, quel que soit le type de pension car nous avons trois formules proposant plus ou moins de prestations. Tous les propriétaires ont parfaitement joué le jeu, je n’ai pas eu de pressions de leur part, mais quand le Ministère de l’agriculture a communiqué sur l’accès possible, j’ai décidé de l’autoriser en mettant en place un protocole sanitaire. J’ai été très étonné des réactions de notre milieu allant contre la décision du Ministère ! Je l’ai dit sur les réseaux sociaux, je ne pensais pas que ça allait déclencher de telles polémiques ! Si certains m’ont suivi, d’autres ont pensé que je faisais ça pour leur prendre des clients ! Mon objectif était tout simplement de soulager le travail de mon personnel pour revenir à une activité où, tour à tour, on puisse mettre en place des congés. Il faut que nous puissions tous travailler en août pour relancer notre économie. Nous avons aussi réfléchi aux adaptations. Nous avons la chance de disposer de plus de sept hectares d’installations, mais il y a des lieux comme la sellerie de club qu’il a fallu entièrement déménager et réorganiser pour qu’il n’y ait pas de contact entre les utilisateurs. » n J.A.

Seuls les cavaliers autonomes seront accueillis dans un premier temps. Les cours seront rattrapés sous forme de stages d’ici au 30 août, d’autant que les gens ne partiront pas bien loin cet été. J’espère pouvoir accueillir soixante enfants sur les villages de vacances poney et cheval, au lieu des cent-soixante habituels. » À l’heure d’un premier bilan, Christine Chéhu

anticipe à fin août une perte financière de 550 000 euros, et a déposé une demande de prêt garanti par l’État. Malgré une situation tendue, et le décès de son père emporté par le virus, elle garde le moral, mais s’interroge sur l’avenir : « Cette crise sera l’occasion de revoir un modèle déjà fragile en temps normal en raison de la concurrence et des réformes qui se succèdent, et qui rendent les inscriptions incertaines pour la section sport-étude et la formation BPJeps. En tout cas, les équidés d’instruction, beaucoup plus calmes et sereins que d’habitude, pourraient rester au pré tant que les conditions météo le permettent. » n B.F.

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COVID-19, LA FILIÈRE DÉSARÇONNÉE l TÉMOIGNAGES

Thibaud Sailly Centre équestre de l’Abbaye des Guillemins

Geoffrey Peraldi Centre équestre de Ribeauvillé

Responsable d’une écurie comprenant vingt chevaux d’instruction et autant de propriétaires, Thibaud Sailly compte environ deux-centtrente licenciés. Situé près de Cambrai dans le département du Nord, le centre équestre de l’Abbaye des Guillemins comptait avant la crise deux enseignantes et un palefrenier. « Dans le cadre de l’épidémie de Covid-19, j’ai été contraint de mettre l’une des deux monitrices au chômage partiel », indique le responsable. « L’autre a été chargée de sortir les chevaux de propriétaires. J’ai la chance d’avoir quatre hectares de pâtures, j’y ai mis la grande partie des chevaux et poneys d’instruction. À ce jour, (début mai, ndlr), il n’y a déjà quasiment plus d’herbe, mais c’était la seule solution. »

Le responsable indique qu’un tel épisode pourrait tout à fait mettre à mal l’entreprise : « On ne bénéficie pas de beaucoup de trésorerie, on

COLL ET EMMANUEL JENNY

se sert de ce qui rentre à la rentrée de septembre, les forfaits annuels, pour aller jusqu’à mars. Après, c’est la période de Pâques qui prend le relais, c’est un moment où on a de l’affluence et lors duquel des abonnements

Geoffrey Peraldi est depuis quatre ans le gérant du centre équestre de Ribeauvillé, dans le Haut-Rhin. La structure compte cinq salariés dont trois moniteurs, trois-cents licenciés, quatorze poneys et dix-sept chevaux de club, ainsi qu’une quarantaine de chevaux de propriétaires. À partir du 17 mars, il a fallu s’organiser, trouver comment rationaliser les frais de fonctionnement, dans un système où l’activité d’enseignement représente tout de même 80 % des rentrées financières. Geoffrey ne s’en cache pas, les semaines qui passent sont encore difficiles. Dans un souci d’économie, les poneys ont été mis au pré pendant la période de confinement, et les chevaux de club et de propriétaires sont sortis au moins cinq fois par semaine par l’équipe en place, à peine en nombre suffisant pour assurer les tâches liées au bien-être des équidés. Les pensions ont à peine permis de payer les charges fixes et les salaires, sauf celui de Geoffrey, et le déficit s’est creusé. Selon lui et

sont repris. Nous avons perdu beaucoup de cartes mensuelles de leçons ainsi que des demi-pensions sur des chevaux d’instruction. Heureusement, certains de nos licenciés se sont quand même montrés solidaires et ont continué de les assurer. » En raison de la taille de son activité, couplée à

une ferme pédagogique et à un espace nature, Thibaud Sailly n’a pas pu prétendre aux 1 500 euros du fonds de solidarité, ni au report de charges pour les entreprises de moins de dix salariés. « J’ai demandé

à retarder le paiement de la paille et du foin. Mon vendeur a été frileux, mais il l’a consenti. J’ai nourri un peu moins les chevaux. Notre marge à l’année est déjà très faible : quand il y a un problème sur le tracteur, elle est déjà mangée. Alors sans recettes… » Pour les propriétaires désireux

de garder leurs chevaux au travail, le responsable a compté une prestation supplémentaire et a mis en place un système de parrainage des chevaux par les élèves. « On a cherché toutes les solutions possibles et nos clients ont joué le jeu. » Également speaker sur les concours des Hauts-de-France, notamment au Touquet, à Béthune ou encore Villers-Vicomte, Thibaud Sailly, affichait un manque à gagner de 12 000 euros, dû à cette absence d’activité complémentaire. n S.F.

plusieurs de ses collègues d’autres clubs hippiques avec qui il est en contact régulier, il faudra un à deux ans au moins pour rééquilibrer des trésoreries toutes sévèrement impactées, malgré les aides gouvernementales promises, qui permettront tout au plus de donner un peu d’air : « Nous avons un but social de démocratisation de l’équitation mais les marges réalisées, quoi qu’on pense, sont minimes, quasiment à flux tendu. » Le devenir et le bien-être des animaux ne rentrent

pas dans l’équation, ce sont davantage les investissements matériels – aménagements du site, achats de sellerie – qui seront freinés. À la veille du 11 mai, Geoffrey restait dans l’attente de directives claires de la fédération, d’un protocole sanitaire à appliquer. Les clients du club, en tout cas, étaient prêts à revenir, comme en témoignaient leurs régulières sollicitations téléphoniques : « En Alsace,

nous avons tous été plus ou moins touchés, mais tous ont bien compris qu’un centre équestre n’était pas un lieu plus à risque qu’un supermarché. » n F.M.

50 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020


Louis Girerd Poney club de Sainte-Foy-la-Grande Louis Girerd est à la tête d’une petite structure perchée sur les hauteurs de Sainte-Foy-la-Grande (33) depuis trente-cinq ans. Touché comme toute la filière par la pandémie, il s’en sort plutôt bien grâce à une relative anticipation, une situation financière stable et une belle solidarité locale. Avec cent-trente licenciés et une trentaine d’enfants par semaine en séjours avec hébergement l’été, une quarantaine de poneys, le dirigeant déplore une perte d’environ 13 000 euros : « Nous avons pu bénéficier de

En 1995, Renaud Vermès fondait le centre équestre d’Ozouer-leVoulgis, puis renforçait son offre au poney club de Mareuil-lesMeaux (77) en 2013. Les structures comptent aujourd’hui un total de soixante équidés, trois-cent-cinquante cavaliers et huit salariés. « À l’annonce de la fermeture des centres équestres, mon premier souci a été de protéger mes chevaux. J’ai placé mes shetlands chez des particuliers, et mis trente chevaux dans un pré de cinq hectares où j’apporte une tonne de foin – soit cent-quatre-vingts euros – tous les deux jours. » Ce solide

gaillard aux allures de viking le confie, il a été très vite envahi par la dépression. « On est désemparé, incapable de réagir ni de se projeter. J’ai décidé de me débarrasser d’une partie de mon cheptel à moindre coût, de mettre en vente du matériel pour faire de la trésorerie car je n’ai même pas un mois d’avance pour assumer mes charges. La passion a

LUCIE MERCIER ET BEATRICE FLETCHER

la prime pour fermeture d’établissement en mars et les 1 500 euros du fonds de solidarité en avril. J’ai aussi pu reporter mes charges et le prêt personnel. Heureusement, ma femme, professeur à la fac, a continué à toucher son salaire. De plus, mes clients ont accepté de reprendre un forfait trimestriel moyennant un report des heures, et côté salarié, ma monitrice était partie en congé maternité en février, donc je n’ai pas eu de soucis. » Louis a su réagir pour soulager son entreprise : « Nous avons mis tous les poneys au pré très rapidement, en rénovant les clôtures, et en les plaçant chez nos clients par-ci,

Renaud Vermès Centre équestre d’Ozouer-le-Voulgis et poney club de Mareuil-les-Meaux

par-là. Nous sommes en zone rurale, c’est une chance. Les huit poneys et chevaux de propriétaires ont été travaillés par mes fils Félix et Malou. Nous nous sommes organisés. » Pourtant, les stages de Pâques ou le coaching

en concours représentent un vrai manque à gagner, tout comme le championnat régional de complet qui rapporte environ 3 000 euros. Conscient de sa relative chance, Louis Girerd n’en est pas moins dubitatif sur l’avenir : « Nous attendons les directives pour pouvoir envisager nos offres, notamment pour les stages ou les séjours de vacances. » L’été représente en effet une forte activité et déjà, quelques idées pointent : l’accueil pourrait être envisagé en demi-pension et l’hébergement sur place transformé en location saisonnière, la randonnée “théâtre” s’appuierait sur un hébergement chez l’habitant. Il espère aussi que les clients annuels vont s’inscrire aux stages estivaux et compte sur les vacanciers de passage. Les animateurs supplémentaires habituellement embauchés en saison ne le seront pas, et les projets de construction d’un manège et de réfection des carrières seront reportés. Côté sport, « les cavaliers se sont fait une raison, ce sont des aléas qu’il faut accepter », ajoute l’enseignant de soixante-cinq ans. Pour l’heure, les cours ont repris en espaçant les horaires. n L.M.

ses limites, notre modèle économique est très fragile. Notre survie tient à un fil car nous avons des marges de l’ordre de 10 %. » Outre une perte

de 30 000 à 50 000 euros, qu’il espère éponger temporairement par un prêt, Renaud anticipe un second “coup de bambou”. « Les prés ayant été occupés très tôt, nous allons connaître une pénurie et donc une augmentation du foin. » Bien que le feu vert du ministère

ait été donné pour le 11 mai, Renaud ne s’est pas précipité pour rouvrir ses portes : « Il faut le temps de rentrer les chevaux, de les parer, de les remettre au travail. Pas question de prendre le moindre risque. » Pour l’avenir, une fois le problème du « rattrapage des heures » réglé

en élargissant le planning horaire, et en proposant des stages d’été, Renaud tentera de faire face aux emprunts et charges, décalés mais pas supprimés, et de préparer la rentrée, avec une baisse probable de 50 % de sa clientèle, elle aussi affectée par la crise. Il songe sérieusement à revoir son modèle, pourquoi pas grâce au principe de la demi-pension sur des chevaux de qualité. En attendant, il estime que la situation est anxiogène : « Si nous échappons au dépôt de bilan, il nous faudra trois ans pour nous en remettre. » n B.F.

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•51


COLL ET VINCENT COLIN

COVID-19, LA FILIÈRE DÉSARÇONNÉE l TÉMOIGNAGES

Paul-Anthony Roché Cédric Faveau École d’équitation de Verneville Union nationale des centres Alors que les spécialistes prévoient des dépôts de bilan sportifs de plein air en cascade, Paul-Anthony Roché, trente-huit ans, père de deux enfants, président du comité départemental de Moselle, a été parmi les premiers à faire part sur les réseaux sociaux de son intention de fermer définitivement l’école d’équitation qu’il créait en 2007 à Verneville (57), à une vingtaine de kilomètres de Metz, en support d’une écurie de propriétaires ouverte en 2001. Il l’explique, sa décision est une conséquence directe de la crise : « J’étais déjà assez lucide sur la réalité économique de ma structure et j’avais conscience que faire ce métier là à quarante-cinq ou cinquante ans serait vraiment compliqué, mais la situation a accéléré ma réflexion sur l’avenir lorsque j’ai pris conscience qu’une interruption d’activité de deux mois la mettrait en péril. » Si Paul-Anthony avoue avoir la « boule au ventre », sa décision, mûrement

réfléchie, est désormais pleinement acceptée. Tourné vers l’avenir, ce chef d’entreprise a prévu de conserver l’activité tournée vers les propriétaires, limitée à vingt pensionnaires. Certains des trente-cinq équidés d’instruction seront pris en pension par ceux de ses cent-trente licenciés désireux de poursuivre la compétition, d’autres seront placés dans les centres équestres, voire mis en retraite méritée ou prématurée, sur place. « La location de chevaux est sans doute l’une des solutions d’avenir de cette filière qui a besoin d’évoluer », avance Paul-Anthony qui préconise de réduire le

nombre de cavaliers par reprise et de limiter les heures des chevaux le mercredi et le samedi. « Malheureusement, c’est sans doute le contraire qui se produira ces prochains mois. »

S’il espère pouvoir encore organiser ses cinq événements annuels, il a décidé de mettre à profit son tout nouveau diplôme acquis sur un coup de tête en octobre dernier pour créer son entreprise de transport de marchandises lourdes. En tout cas, il revient à ses premières amours, le coaching et la valorisation de chevaux, par passion, et non plus par obligation, en espérant avoir la chance de croiser un autre crack comme Kapitol d’Argonne qu’il formait sur le circuit Jeunes chevaux avant qu’il ne brille au plus haut niveau avec Emilio Biccochi. n B.F.

Cédric Faveau, référent équitation et glace auprès de l’UCPA depuis début novembre 2019, est à la tête du centre équestre le plus important de France avec seize structures réparties sur l’ensemble de l’Hexagone, trois-cents salariés et 1 200 équidés. « À l’annonce de la fermeture des centres équestres, les services support ont défini une stratégie dans le respect de la charte globale de l’UCPA. La première consigne a été de sauver la trésorerie pour pouvoir faire face à la masse salariale, avec la difficulté supplémentaire d’entretenir les chevaux. Une partie du personnel a été mise en chômage partiel jusqu’à fin mai, à l’exception des équipes dirigeantes. Les effectifs encore présents, qui travaillent en rotation sur les sites, ont exclusivement comme mission de subvenir aux besoins des équidés et à leur bien-être. Au niveau du groupe, 90 % des salariés ont été mis en chômage partiel. Chaque centre a activé son réseau local pour mettre les équidés au pré, y compris ceux basés dans une zone urbaine qui ont déjà des accords avec des agriculteurs pour accueillir leurs équidés au mois d’août. Certains centres ont été pris au dépourvu et ont dû s’organiser autrement. C’est le cas des Chanteraines à Villeneuve-la-Garenne, que le Conseil départemental a autorisé à aménager des paddocks dans les herbages du parc départemental. Le club de Bayard à Vincennes a gardé aux écuries une douzaine d’équidés nécessitant des soins. Les centres équestres, en tant que délégations de service public, ont une obligation de continuité vis-à-vis des collectivités qui nous ont transmis leurs consignes quant à la stratégie à adopter pour les équipements. L’UCPA, créée en 1965, devrait survivre à la crise, grâce aux jeux de vases communiquant entre les activités, et qui permettent la bascule entre les sports d’hiver et les loisirs d’été. Parmi les événements annulés qui impactent l’activité : le Generali Open de France en juillet et le championnat de France de sport adapté programmé du 13 au 15 mai à la Courneuve. » n B.F.

52 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020


COLL ET ERIC KNOLL

Pierre Mazy L’Étrier du Cambrésis

Philippe Rossi Boulerie Jump

Dans les Hauts-de-France, Pierre Mazy est agriculteur et gérant de l’Étrier du Cambrésis, structure qu’il a considérablement modernisée et dynamisée depuis sa reprise, il y a dix ans. Avec la réfection des structures et des pistes, il n’a cessé de monter en puissance sur l’organisation des événements, avec la tenue de nombreuses compétitions chaque année. L’épidémie de Covid-19 lui a littéralement coupé l’herbe sous le pied cette année, occasionnant des centaines de milliers d’euros de pertes financières. « De mi-mars à juillet, je n’avais que deux week-ends sans compétition », indique le gérant. « Environ quarante-cinq journées de

Au Mans, début mai, c’est une trentaine de journées de compétition qui avaient dû être annulées. « Les activités majeures du Boulerie Jump sont le concours et l’accueil de séminaires », indique le maître des lieux, Philippe Rossi. « Nous avons donc été très impactés par la pandémie.

concours ont été annulées dans le cadre de l’épidémie, dont deux CSI en avril et mai, de nombreux nationaux, des concours SHF et Club. La perte liée à l’annulation de ces concours grimpe à environ 450 000 euros. C’est simple, je mise énormément sur l’organisation d’événements et j’ai fait de gros emprunts pour ça. Comme nous sommes en permanence sur de nouveaux projets, je n’ai pas de trésorerie, nous investissons en continu. J’ai mis trois salariés au chômage partiel, mais, bien sûr, ça ne suffit pas : il faut continuer à s’occuper des chevaux du côté du centre équestre. J’ai décalé certaines mensualités de l’un de mes prêts. Mais il va falloir que je paie les échéances annuelles de mes trois gros prêts bancaires : dans ce cadre, je vais demander le PGE, le prêt garanti par l’État. Heureusement que je ne compte pas que sur la partie équestre dans mon activité, et que je suis associé sur la ferme familiale, sinon, je ne m’en sortirais pas. On a investi plus d’un million d’euros pour proposer des compétitions de qualité aux cavaliers. Aujourd’hui, on ne peut même pas compter sur la fédération pour nous aider : comme certains gros organisateurs, à l’instar de Strazeele ou de Villers-Vicomte dans les Hauts-de-France, on sait bien qu’on ne remettra pas la main sur ce qui a été perdu. J’espère simplement que, lors de la reprise, les gens seront en mesure de refaire du concours, qu’ils en auront les moyens. Sinon, on n’est pas sorti de l’auberge. » n S.F.

Pour faire face à la crise, nous avons dû emprunter l’équivalent d’un quart du chiffre d’affaires de l’an dernier. » Un prêt garanti à 90 %

par l’État, qui devrait permettre à la structure de faire le dos rond. Philippe Rossi a l’espoir de revoir les cavaliers professionnels concourir sur ses pistes au mois de juin. Dans ce cadre, il a proposé à Sophie Dubourg, directrice technique nationale, et à Thierry Pomel, sélectionneur de l’équipe de France de saut d’obstacles, des nouveaux formats d’épreuves, destinés à permettre aux cavaliers professionnels de remettre leurs chevaux en route. « Le montant de l’engagement et la dotation seront proportionnels au nombre de cavaliers engagés dans l’épreuve », indique Philippe Rossi. « Cela permettra de limiter les risques financiers pour l’organisateur et le cavalier. Cela fonctionnera par tranche de dix engagés : pour un à dix engagés, on fixera une dotation à 1 000 euros, de onze à vingt engagés, 2 000 euros, et ainsi de suite. On pourra ainsi proposer un programme de qualité, tout en limitant les pertes. » Car l’organisateur

veut être prudent : il pense que la reprise de la compétition ne sera pas dynamique. « Il faut se dire que beaucoup d’amateurs n’auront pas pu entraîner leurs chevaux durant plusieurs semaines et que certains d’entre eux gèrent des PME et des commerces qui auront sans doute été impactés par la crise. Auront-ils les mêmes capacités pour financer leur loisir ? Et puis, même si nous travaillons déjà à un protocole sanitaire pour la tenue des compétitions, nous ne savons pas réellement quelles seront les restrictions à mettre en place : nous devrons peut-être accueillir moins de monde au restaurant, ce qui signifie moins de recettes, et renforcer le personnel de sécurité pour veiller au respect des règles sanitaires, soit des charges en plus… Il faudra voir comment se passe la reprise et être le plus stratégique possible. » Durant la période de confinement, Philippe Rossi n’a

pas manqué d’échanger avec les gérants des clubs situés dans son département. « Ce sont mes clients, nous avons échangé sur leurs

problématiques. Parfois, il suffit d’un conseil, d’un contact et de faire appel à son réseau pour que certaines problématiques se dénouent. La solidarité reste incontournable dans ce type de période. » n S.F.

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•53


Philippe Prévost Élevage de Fondcombe

Michèle et Jean-Philippe Porté Élevage du Lavoir

Installé sur les bonnes terres de la Bresse dans l’Ain, à Foissiat, Philippe Prévost fait naître chaque année trois ou quatre poulains en parallèle de la gestion d’un élevage bovin haut de gamme. Éleveur de plusieurs chevaux de haut niveau comme Saura de Fondcombe (ISO 168) et Boréale Fondcombe (ISO 149), ou de la championne des 2 ans 2015, Daenerys Fondcombe, il se dit « raisonnablement inquiet et optimiste ». La crise sanitaire du Covid-19 n’a pas modifié son comportement : « Je n’ai véritablement qu’une

Dans l’Est de la France, une des régions les plus impactées par la pandémie du Covid-19, Michèle et Jean-Philippe Porté, à la tête de l’élevage du Lavoir situé à Haute-Vigneulles (57), s’efforcent de garder le cap en maintenant leur effectif de quinze juments à la saillie. Fin avril, le couple envisageait la suite de la saison avec détermination, en s’adaptant. « Nous pensons mettre à la vente certaines juments et pour cela, c’est mieux qu’elles soient pleines. Nous avons fait saillir celles qui ont pouliné. Actuellement, il n’y a aucune activité de commerce. Nous avons un petit centre équestre, fermé durant la période de conf inement. Nous avons juste eu les rentrées d’une dizaine de chevaux en pension, donc on ne va pas pouvoir vivre longtemps sur nos réserves ! Le risque, c’est de se retrouver dans un contexte de grande braderie s’il y a beaucoup de juments à la vente ! Il faudra alors prendre des décisions et peut-être devrons-nous sacrifier les souches sur lesquelles nous avions récemment investi. Mais il n’est pas question de brader le travail de sélection fait depuis vingt ans sur une souche comme celle de H ors Norme du Lavoir (champion de France des mâles de 3 ans à Saint-Lô en février dernier, ndlr)  :

JEAN-LOUIS PERRIER

poulinière et je mets à la reproduction mes pouliches de deux ans, ça me permet d’éviter les transferts d’embryons qui sont coûteux. Comme j’ai trois pouliches cette année, ça ne change rien sur mon effectif à l’élevage. J’ai un mâle de deux ans qu’on va préparer tranquillement avec Tristan Rouyer, qui a travaillé chez Julien Gonin et est maintenant installé près de chez moi. Il vient régulièrement faire des prestations pour la mise au travail des jeunes. J’ai aussi une jument que j’avais mise à l’élevage, qui prend cinq ans et qui a été débourrée cet

hiver. Le confinement nous laisse de quoi prendre notre temps ! Le problème, c’est pour ceux qui devaient faire une saison de concours SHF ! J’ai deux juments au travail avec Cristina Rapaich dans une écurie près de Lyon, une de quatre ans et une de six ans. Si elles ne peuvent pas sortir en compétition, ça va être difficile de les commercialiser, et c’était bien mon objectif : il est nécessaire de faire une bonne vente régulièrement pour faire face à tous les frais. Les acheteurs nous demandent des vidéos de concours, il y a aussi le circuit de sélection des ventes aux enchères... Si rien ne se fait, ça va être très compliqué ! On est parti pour un décalage de six mois qui va être très lourd, car comme beaucoup, j’ai des emprunts en cours, donc besoin de rentrées financières, et sans les outils du circuit de valorisation, c’est impossible ! » n J.A.

les acheteurs des juments de cette souche devront y mettre le prix ! »

L’élevage du Lavoir a aussi plusieurs chevaux d’âge en valorisation sur les circuits de compétition. Le couple d'éleveurs s’efforce de gérer les incertitudes du calendrier de la reprise des compétitions.

« Nous avions Crésus du Lavoir chez Julien Gonin, mais comme il s’est blessé, il est revenu à la maison, et Julien a fait quelques concours d’hiver avec notre 7 ans pour qui nous ne sommes pas pressés. C’est plus embêtant pour les chevaux qui sont sur le circuit SHF. Après le discours du Premier Ministre fin avril, nous avions bon espoir que ça redémarre après le 2 juin. Nous avons donc mis quatre de nos huit 4 ans au travail chez Enzo Chiarotto. Il est tout près de chez nous et nous allons alterner avec les quatre autres. De toute façon, il faut que ces chevaux commencent à travailler et soient prêts, et au moins, on pourra les présenter sur un parcours ! » n J.A.

54 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020


COVID-19, LA FILIÈRE DÉSARÇONNÉE l TÉMOIGNAGES

Xavier Leredde Éleveur

Fabien Lefebvre Jockey professionnel

Xavier Leredde est éleveur de chevaux de course d’obstacles dans la Manche au Haras des Rouges depuis une décennie.

Jockey professionnel de plat, Fabien Lefebvre monte en course depuis 2004. Installé à Chantilly, il travaille pour des entraîneurs parisiens, mais aussi en province et à l’étranger. « La majorité des jockeys sont salariés d’un entraîneur pour qui ils travaillent tous les matins avant d’aller aux courses l’après-midi, cette deuxième activité étant un complément de revenu », précise Fabien Lefebvre. « Toutes ces semaines sans compétition ont donc réduit leurs revenus à leur seul salaire fixe qu’ils touchent pour monter à l’entraînement. Il faut espérer qu’un maximum d’écuries de course vont survivre car si elles mettent la clé sous la porte, c’est autant d’emplois qui vont disparaître. Les courses ont repris le 11 mai, mais la majorité du programme des semaines d’arrêt ne sera pas recouru. Et ce redémarrage ne se fait pas sans difficulté. Le coronavirus a augmenté la concurrence entre pilotes car il y a moins de courses au programme. De même, il n’est plus possible d’aller monter à l’étranger où les français sont habituellement très demandés. Dès lors, ceux qui sont dans le haut du classement français sont disponibles en permanence et

SCOOPDYGA

« Nous ne pouvons pas encore vraiment connaître – à cette date –, les conséquences du coronavirus sur les éleveurs de chevaux de course. Mais nous les verrons assez rapidement, dans les mois à venir certainement. Les courtiers étrangers risquent de ne pas être présents lors des différentes ventes organisées à Deauville. Les propriétaires français – qui achètent la production des éleveurs pour la faire courir – seront certainement impactés dans leurs budgets car leurs activités professionnelles ont tourné au ralenti. Ils risquent d’acheter moins de chevaux. On doit donc s’attendre à d’importantes conséquences sur le marché. Il faudra donc une bonne année pour tout remettre en route. Mais une période de crise, c’est aussi un bon moment pour investir. Pendant quelque temps, les poulinières de course vont être moins chères car il y aura moins de concurrence autour des rings de vente. Dès lors, il va y avoir de bonnes souches à acheter pour des prix probablement de 30 à 50 % moins élevés que l’an dernier. Et ce sont ces juments qui permettront de produire les chevaux à

vendre après la sortie de crise, lorsque le marché sera rétabli. » En

2008, lors de la précédente crise sur le marché des galopeurs, les conséquences furent considérables. En Angleterre et en Irlande, certaines ventes aux enchères avaient perdu entre 20 et 40 % de leur chiffre d’affaires. Le point le plus bas fut la saison de vente 2010 : il y a toujours un temps de retard, un décalage, dans l’arrivée des conséquences d’une crise de l’économie générale sur le marché des chevaux de course. Il avait fallu attendre 2013 pour que le marché européen retrouve son niveau de 2008. Et en 2019, avant l’arrivée du Covid-19, il était nettement supérieur (en volume) à celui de 2008. La crise de 2008 fut aussi marquée par l’entrée de nouveaux investisseurs sur le marché international du Pur-sang, lesquels avaient profité de la baisse des prix pour s’offrir des juments jusqu’alors inaccessibles. n A.C.

ils récupèrent toutes les montes disponibles. Et même le numéro un du classement français sera impacté : chaque pilote touche un pourcentage de l’allocation et quand les grandes épreuves voient leur dotation baisser de 40 %, cela réduit mécaniquement la part qui revient au jockey. De même, pour des raisons sanitaires, l’association des jockeys nous demande de ne monter que sur un seul hippodrome par jour. Or les meilleurs peuvent monter dans deux ou trois réunions la même journée à cette période de l’année. Nous avons besoin de deux choses : il faut que le PMU retrouve son niveau d’avant-crise pour que les allocations et le nombre de courses reviennent à ce qu’ils étaient avant la pandémie, et il faut que les propriétaires de chevaux tiennent le coup car de leurs investissements dépend la survie des entraîneurs et de leurs employés. » n A.C.

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•55


COLL ET SCOOPDYGA

COVID-19, LA FILIÈRE DÉSARÇONNÉE l TÉMOIGNAGES

Adrien Cugnasse Rédacteur en chef

Louisa Carberry Entraîneur de chevaux d’obstacles

Adrien Cugnasse est le rédacteur en chef de Jour de Galop – un quotidien destiné aux éleveurs, entraîneurs, propriétaires et courtiers – et du mensuel bilingue The French Purebred Arabian, dédié aux courses de Pur-sang arabes à travers le monde. « L’ensemble de

Louisa Carberry est installée en Mayenne. Elle présente des chevaux partout en France, des petits hippodromes de province jusqu’aux Groupes à Auteuil. « Notre saison été gâchée par le

la presse hippique va être fortement touchée par les effets du coronavirus sur la filière course. Les quotidiens destinés aux socioprofessionnels – comme Jour de Galop, Bloodhorse et le Thoroughbred Daily News – étaient en bonne santé avant l’arrivée du coronavirus. Ces médias ont déjà pris le virage du numérique et lorsque les ventes se portent plutôt bien, leurs recettes publicitaires sont bonnes. Avec la baisse du marché à venir, les éleveurs de galopeurs et agences de vente vont être en difficulté. Et certains vont certainement réduire leurs différents budgets en attendant des jours meilleurs, que ce soit en termes de publicité ou d’achat de reproducteurs. Mais la presse hippique, c’est aussi des médias destinés aux parieurs, comme Paris Turf en France par exemple. Paris Turf fait partie d’un groupe de presse qui était déjà en difficulté avant la pandémie, notamment à cause des difficultés de Presstalis : l’entreprise qui distribue les quotidiens dans les kiosques est en grave dysfonctionnement pour des raisons internes et cela met en grande difficultés de très nombreux quotidiens français. D’une manière plus générale, la baisse de pouvoir d’achat de certains grands propriétaires et éleveurs, notamment liée à l’écroulement du tarif des hydrocarbures et à l’agitation des marchés boursiers, va impacter le haut du marché aux ventes. De même beaucoup de propriétaires français travaillent dans des secteurs très touchés comme la restauration par exemple. Le PMU va avoir besoin de beaucoup de temps pour retrouver son niveau d’avant-crise : la majorité de ses points de vente – les bars, restaurants et cafés – sont fermés et le pouvoir d’achat des français va nécessairement baisser. Ils ont moins d’argent pour parier et pour acheter des journaux. » n A.C.

virus car il a touché deux mois très importants pour le programme français. Ça fait beaucoup. Pendant le confinement, ne connaissant pas la date exacte de reprise et les détails du programme à venir, il était difficile d’entraîner les chevaux. Car nous avons l’habitude de fonctionner en visant des objectifs. Or, sans cela, on ne sait jamais si on en demande trop ou pas assez aux chevaux. Pour un entraîneur, les pensions payées par les propriétaires permettent de couvrir les frais de fonctionnement. Ce sont donc les pourcentages pris sur les gains et le commerce qui permettent de dégager des profits : nous vivons de cela. Et en l’absence de courses pendant deux mois, nous n’avons pas gagné d’argent. Aujourd’hui, les courses reprennent et tout le monde veut courir : le nombre de partants est maximal et dès lors, il est beaucoup plus difficile de gagner. Et les allocations ont été diminuées, ce qui réduit là aussi nos revenus. Mais il faut rester optimistes et nous sommes bien sûr ravis d’avoir repris la compétition. Nos clients et nos chevaux étaient impatients ! Nous avons la chance d’avoir été bien soutenus par nos propriétaires : ils nous ont laissé tous leurs chevaux à l’entraînement. Certains ont été très touchés financièrement dans leurs activités professionnelles : leurs loisirs, comme le fait d’avoir des chevaux de course, ne seront peut-être plus leur priorité pendant un temps. J’espère que les chevaux vont bien se comporter pour récompenser leurs propriétaires. J’ai la chance d’avoir peu de salariés, j’ai peut-être moins souffert que d’autres confrères qui ont beaucoup de salaires à sortir tous les mois. Le commerce est très important pour l’économie du galop. Et des chevaux français ont été exportés pendant le confinement. À présent, reste à voir quelles vont être les conséquences de la crise sanitaire sur la demande européenne pour les chevaux d’obstacle. France Galop a fait le choix de baisser fortement les grandes courses et de maintenir les allocations des petites épreuves, pour soutenir la base des professionnels et des propriétaires. J’espère que le PMU va repartir comme avant pour que les allocations reviennent à la normale. » n A.C.

56 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020


COLL ET LAURENT CHAPELLIER

Laurens Meynaerts Organisateur de concours à Opglabbeek (Bel) Organisateur de très nombreux concours de tous niveaux, autant indoor que outdoor dans les magnifiques installations de Sentower Park à Opglabbeek (Bel), Laurens Meynaerts a de nombreux projets et n’a pas hésité à utiliser le début du confinement pour installer une toute nouvelle piste et rénover celles existantes : « Pour être honnête, il s’agissait de travaux déjà prévus bien avant la crise. Si nous avions pu anticiper cette période, nous aurions certainement attendu un an de plus avant de nous lancer dans ce projet… Mais aujourd’hui, c’est fait ! Nous trouvions que notre paddock de la seconde piste n’était pas au niveau du reste du complexe et nous allons désormais pouvoir offrir un paddock de bonne dimension ainsi qu’un espace supplémentaire pour le travail sur le plat. Actuellement, cela nous permet également de louer trois pistes d'entraînement. Après la période de confinement, les gens ont envie de sortir de voir autre chose que leurs pistes et nous avons la chance d’avoir de nombreux cavaliers professionnels autour de chez nous. Nous avons également mis un système au point pour que les cavaliers amateurs puissent profiter de nos pistes. Au début de la pandémie, nous avons évidemment eu peur. Aujourd’hui, nous nous organisons. Il est certain que le business tourne au ralenti mais à la fin du tunnel, il y a toujours la lumière. Nous sommes prêts à réorganiser des concours, que ce soit au niveau régional, national ou international. Je ne pense pas qu’il sera plus compliqué d’organiser un concours international qu’un autre mais il est certain que lorsqu’on recommencera, il y aura moins de partants. Nous avons eu durant tout cette période de très nombreux contacts, extrêmement positifs, avec la fédération belge avec qui la communication a été excellente ce qui ne peut être que positif pour l’avenir. » n L.C.

Joris de Brabander Élevage de Muze

Associé à l’affixe de Muze, étalonier de renommée mondiale avec notamment les regrettés Nabab de Rêve, Vigo d’Arsouilles ou encore Filou de Muze, Joris de Brabander est un acteur important de l’élevage outreQuiévrain et dans les pays limitrophes : « C’est une période diff icile pour tout le monde et l’on voit subitement des marchands, de grandes écuries et des cavaliers s’intéresser à l’élevage en ayant le sentiment que ça va sauver leurs activités. Il faut donc s’adapter mais pour nous, le travail ne manque pas car de nombreuses juments qui devaient faire du sport se consacrent au transfert d’embryon et nous replantons également de nombreux embryons congelés issus de l’ICSI (injection intra-cytoplasmique de spermatozoïde). Finalement, je trouve que les éleveurs continuent, avec beaucoup de courage, face à un monde plein d’incertitudes. Personnellement, je pense que nos étalons saillissent un peu moins que les dernières années mais il est clair que l’offre est très importantes avec de nombreux étalons qui sont disponibles pour l’élevage alors qu’ils auraient dû se consacrer au sport. Nous n’avons plus que de jeunes juments d’ailleurs, celles qui ont fait la publicité de nos écuries ne sont plus là. Il faut aller de l’avant et savoir se réinventer chaque jour. » n L.C.

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•57


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COVID-19 l LA FILIÈRE DÉSARÇONNÉE

Sport : le Covid-19, comme un chien dans un jeu de quilles Le Covid-19 a lourdement impacté l’économie de toute une filière, et mis à mal nombre de ses acteurs. L’épidémie a également bouleversé le sport de haut niveau : pour la première fois de leur histoire, les Jeux Olympiques sont reportés. Comment les équipes de France et l’encadrement s’adaptent-ils à cette nouvelle donne ?

Jamais de leur histoire, les Jeux Olympiques n'ont été reportés. Et de l'avis de Thierry Pomel, sélectionneur de l'équipe de France de saut d'obstacles, rien n'est sûr quant à leur tenue l'an prochain. Photos : E. Knoll

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ous les avions interrogés dans le dernier numéro de L’EPERON (n°384) et Thierr y Pomel, Emmanuelle Schramm et Michel Asseray, respectivement sélectionneur de l’équipe de France de saut d’obstacles et directeurs techniques adjoints, nous avaient tous fait part de leur excitation à quelques mois de l’échéance olympique. Depuis, l’apparition du virus, la mise en place des mesures sanitaires et l’annulation des rassemblements a largement rebattu les cartes ! « Je n’ai pas vraiment été surpris par le report des Jeux Olympiques », estime le premier. « Depuis quelques semaines, ça ne sentait pas bon… Ma première réaction a été de me dire que nous bénéficierions d’une année de plus pour aguerrir certains de nos chevaux et que nous disposerions ainsi d’un plus large panel de couples pour représenter la France à Tokyo. Mais certains chevaux, que l’on devait voir cette année aux Jeux Olympiques, ne seront plus là l’an prochain. Cela nous donne l’occasion de faire vieillir les nôtres – je pense par exemple à Excalibur dela Tour Vidal (Ugano Sitte), Chepetta (Chepetto) ou aux chevaux de Simon Delestre –, et de nous appuyer sur ce renouvellement générationnel pour répondre présents. »

LE REGARD NEUF DE THIERRY POMEL

Le sélectionneur admet qu’il n’a pas été démotivé par le report de la compétition. « C’est aussi mon rôle de rester branché. Quelques jours après la nouvelle, j’ai contacté les cavaliers pour connaître leur état d’esprit. Et ils ont eu une attitude très positive. Même pendant le confinement, la très grande majorité a bien compris qu’elle était privilégiée dans ce contexte de crise : bénéficiant d’installations à domicile, les sportifs sont restés aux

côtés de leurs chevaux et ont pu continuer à s’entraîner. Demain, quand la législation le permettra, ils pourront immédiatement repartir en concours, a contrario d’un coureur du cent mètres ou de fond, qui aura besoin de plusieurs semaines pour revenir au niveau. » Pour le sélectionneur, le confinement a été l’occasion de prendre du recul. « On a des vies très rythmées, avec les compétitions, les déplacements… Le confinement a eu l’aspect bénéfique de me faire prendre du recul et reconsidérer certaines choses. J’ai effacé tout ce que j’avais pu observer en amont de la crise, je me suis vidé la tête et j’ai réinitialisé les choses pour poser un regard neuf sur les couples. Avant le reprise des compétitions, dont on ne connaît pas encore la date, on va revoir tout le monde avec Henk Nooren et accorder peut-être plus de temps aux couples en formation. » Mi-mai, certains cavaliers de l’équipe de France se sont retrouvés pour un stage à Deauville : « Ils ont été contents de pouvoir ressortir. Après plusieurs semaines sans compétition, il faut se remettre dans le bain ! À Deauville, on avait mis un parcours à 130 et Kevin (Staut, nldr) a d’abord trouvé que les cotes étaient hautes (rires). À la maison, on est tous champions. C’est pour cela qu’on a hâte que les concours reprennent. La fédération, l’encadrement, les organisateurs, les cavaliers, tout le monde est prêt… On attend juste le feu vert du Ministère des sports. Car nous reprendrons en même temps que les autres disciplines, qui se pratiquent individuellement et sans contact. L’équitation ne sera en aucun cas prioritaire. »

« LA FEI FAIT MAL À NOTRE SPORT »

L’incertitude concernant la reprise et les passages obligés pour les cavaliers en vue d’une sélection olympique reste donc de mise. Et Thierry Pomel d’ajouter que la tenue des J.O. en 2021

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COVID-19 l LA FILIÈRE DÉSARÇONNÉE est loin d’être une donnée sûre à 100 % : « Tant qu’on n’aura pas de vaccin contre le Covid-19, nous ne serons pas certains de la tenue de tels événements. » Difficile d’en savoir aussi peu lorsque l’on souhaite voir loin. « Je ne comprends pas la décision de la FEI concernant l’annulation des championnats d’Europe de 2021. Cela signifie qu’une nation comme l’Italie, qui a manqué la qualification des J.O., ne courra pas de grandes échéances deux années de suite. Ce ne sera pas sans conséquences. Quant à la France, je suis persuadé qu’elle aurait pu présenter des chevaux aux championnats d’Europe et d’autres à Tokyo. Je ne dirai jamais que l’on n’a pas assez de chevaux en France, jamais. Prenez une nation comme la Suède : elle a peu de chevaux, peu de couples, mais avec un travail sérieux, elle parvient à être performante. Pour nous, courir les Jeux et les championnats, c’était préparer les Jeux équestres mondiaux de 2022, les championnats d’Europe de 2023 et les Jeux Olympiques de 2024. Annuler de tels événements, c’est aussi prendre le risque de démotiver propriétaires et sponsors. Si certains font le choix de ne pas vendre leurs chevaux, c’est pour qu’ils participent à ces grands rendez-vous. La FEI n’agit pas pour notre sport, elle ne le défend pas. On déroule ainsi le tapis rouge au Global Champions Tour, un circuit dont la moitié des participants paie ses droits d’entrée et qui propose les mêmes parcours, les mêmes obstacles, week-end après week-end. Ce n’est plus du sport, mais ça fait quand même mal à nos Coupes des Nations : je comprends l’intérêt financier pour les cavaliers et c’est pour cela que la FEI doit être à la hauteur et défendre ce qu’est réellement le sport. » Jusqu’à la reprise des compétitions,

cavaliers et encadrement fédéral se retrouveront dans le cadre de plusieurs stages programmés en Normandie, Île-de-France, Bourgogne ou dans les Hauts-de-France.

EMMANUELLE SCHRAMM DIT STOP AUX PRÉVISIONS

Côté dressage, Emmanuelle Schramm se félicitait de la qualification de l’équipe de France et visait une finale par équipe. Le report des Jeux Olympiques a été synonyme de déception pour la directrice technique adjointe : « On était tous

orientés vers cet objectif et les Jeux Olympiques, ce n’est pas rien. Et puis, passé l’amertume, je me suis dit qu’on avait un an de plus pour préparer l’échéance : pour certains de nos chevaux, comme Actuelle de Massa (Pastor Gub), la monture d’Anne-Sophie Serre, une année de préparation en plus ne peut être que bénéfique. C’est un couple qui, en 2021, pourrait prétendre à une finale individuelle. Pour d’autres, c’est plus compliqué. Je pense à Morgan, qualifiée pour les J.O. et la finale de Las Vegas. C’était son année et ce n’est sans doute pas évident pour elle de ne pas accéder à ces deux grands rendez-vous. » Depuis, Emmanuelle Schramm reste en

lien avec les cavaliers de dressage, notamment par le biais de l’application Whatsapp. « Tout le monde se montre philosophe,

sachant bien que la période est plus compliquée pour d’autres athlètes qui n’ont pas la possibilité de s’entraîner. Les cavaliers ont du temps pour approfondir le travail, ils sont dans leur système.

De l'avis de Thierry Pomel, une année supplémentaire avant l'échéance olympique, c'est une année d'expérience en plus, qui pourrait profiter à certaines montures, à l'instar d'Excalibur dela Tour Vidal (en haut). Privée de la finale Coupe du Monde à Las Vegas et des Jeux Olympiques, Morgan Barbançon Mestre (ci-contre) a de quoi être déçue. Mais la dresseuse songe déjà à ses prochains objectifs. Photos : E. Knoll

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Pour Actuelle de Massa, dix ans, une année de plus avant les J.O., c'est aussi une année de plus pour se bonifier. Et pour arriver sur un site prêt à accueillir correctement l'échéance, estime avec humour notre dessinateur Pierre Milon, faisant référence au fiasco des JEM de Tryon. Ph. E. Knoll Mais ce sont des compétiteurs et ils grattent tous du pied pour repartir en compétition. » Sur ce point, mi-mai, encore aucune information n’avait filtré sur la reprise des compétitions. « En tant que sélectionneur ou directeur technique, on travaille en permanence en fonction d’un objectif ou d’un projet. C’est notre métier. Au début du confinement, on a élaboré des scénarios dans tous les sens. Mais finalement, aucune de ces prévisions ne se concrétisait ! On a fini par arrêter… Quoi qu’il arrive, les Jeux Olympiques sont un objectif majeur et on garde notre qualification pour l’an prochain. Le report est à mettre à notre crédit pour élargir notre panel de couples sélectionnables. »

MICHEL ASSERAY, PRÊT À REPARTIR

Enfin du côté du concours complet, Michel Asseray, dans les starting-blocks il y a quelques semaines, doit bien admettre que le report de l’échéance olympique lui a mis un sacré coup d’arrêt. « Je ne peux pas dire que l’on ne s’y attendait pas. Mais les Jeux Olympiques, c’est un tel compte à rebours, une telle préparation, que stopper si près du but est difficile. On était dans des échanges quasi permanents avec Thierry Touzaint, on regardait chaque couple, on affinait nos observations… Et quand nous avions eu notre rassemblement à la maison du Japon à Paris avec tous les cavaliers, on y était déjà à Tokyo. On se prenait tous à rêver d’une médaille. » Effectivement, le directeur admettait dans nos colonnes en mars dernier « aller à Tokyo pour briguer une médaille, la plus belle qui soit ». On

imagine sa déception… Aujourd’hui, Michel Asseray a besoin de poursuivre à nouveau un objectif : « Nous n’arrivons pas à nous projeter et je dois bien admettre que c’est désagréable. C’est pareil pour les cavaliers : ils nous demandent des infos, mais nous ne disposons d’aucun élément à cette heure (mi-mai, ndlr) pour présager d’une date de reprise. On sait bien qu’ils devront courir un 4* court, mais on ne sait pas à quelle période. Nous communiquons par Whatsapp, mais on n’a pas grand-chose à leur vendre. Ceux qui le souhaitent peuvent venir s’entraîner au Pôle France, mais nous n’avons pas encore programmé de stages fédéraux : nous n’allons pas nous amuser à préparer les chevaux pour rien. Il n’est pas question de les mettre en surrégime s’il n’y a pas un objectif derrière. » Si le rythme a ralenti, que c’est uniquement un

travail de fond qui a été réalisé pendant plusieurs semaines, le directeur technique adjoint sait bien qu’à la reprise, ses ouailles répondront présentes : « Dès l’annonce de la reprise, je sais que tous les cavaliers seront là, prêts à en découdre de nouveau et à donner le meilleur d’eux-mêmes pour préparer 2021. »

En espérant cependant que le pays du Soleil Levant puisse accueillir tous ces guerriers l’an prochain… n Sylvia Flahaut

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Kevin Staut « Un report des J.O. positif pour la France »

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la tête d’un piquet inexpérimenté, Kevin Staut voit le report des Jeux Olympiques d’un bon œil : « À titre personnel, je peux affirmer que ça ne

peut être que bénéfique. Je me risquerais même à dire que pour l’équipe de France, cela est positif. Les couples étaient un peu tendres pour cette année. Nous avons des cavaliers expérimentés avec des chevaux en devenir qui sont sur une pente ascendante. Maintenant, il faut des concours pour leur donner l’expérience qui leur manque. Ce n’est pas le tout d’avoir des heures supplémentaires de travail, il faut également du temps de pratique. » D’habitude en compétition cinquante

semaines dans l’année, le cavalier a pu, dans cette période sans concours, se recentrer sur l’essentiel : « Je

prends énormément de plaisir à être chez moi, à prendre le temps avec chaque cheval, à faire évoluer les choses techniquement et consolider les relations que j’ai avec eux. Prendre le temps avec les chevaux, c’est primordial. » D’après

le tricolore, cette période doit faire prendre conscience qu’il faut réorganiser le calendrier des compétitions : « Il

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Julien Épaillard « Cinq Formule 1 au garage »

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vec dix-huit victoires internationales en début d’année, Julien Épaillard était, avec ses montures, sur une incroyable lancée. Pour le numéro un français, il faudra sans doute un petit moment afin de retrouver un tel niveau : « Durant cette

période particulière, nous essayons de maintenir les chevaux en forme, sans les mettre à l’effort. Ils ne sautent qu’une fois par semaine. Le reste du temps, ils font du trotting ou sont sur la piste de galop. Ils ne retrouveront pas leur meilleur niveau de suite, c’est difficile de prévoir combien de temps il leur faudra. » En forme olympique, le Normand

semblait plus proche que jamais d’une première sélection avec l’équipe de France. Mais, comme il le certifie, tout peut changer rapidement avec les chevaux et il n’est pas sûr de compter en 2021 sur un tel piquet : « Aujourd’hui, j’ai cinq Formule 1 qui doivent rester au garage. Je ne sais pas si l’année prochaine ces chevaux seront encore tous avec moi. II peut se passer tellement de chose en douze mois ! En revanche, pour l’équipe de France, signer une performance cette année aurait peut-être été difficile. On verra dans un an si on est prêt. » Cette

faudrait une réflexion générale sur l’avenir de notre sport, sur la répartition géographique d’une saison. Il n’y a plus aucune logique. Nous passons d’un continent à un autre chaque week-end. Il faudrait mettre en œuvre cette idée de tournée où les concours suivent une certaine logique. Ce serait bénéfique d’un point de vue économique, écologique... » En 2020, la

période à la maison a offert à Julien Épaillard la possibilité de faire progresser ses jeunes chevaux : « Le confinement m’a

finale de Barcelone est le seul affrontement possible entre les différents pays. Kevin Staut se veut optimiste quant au maintien de cette compétition : « La Fédération

permis de m’occuper de chevaux plus jeunes. Lors des concours, il est difficile de gérer les montures de 5* et les jeunes. La pandémie risque de faire bouger certaines lignes : lors de la reprise, ce n’est pas une certitude qu’il y ait autant de sponsors pour financer les concours, certains 5* risquent de disparaître. Plusieurs questions restent en suspens et selon les réponses, notre façon de travailler évoluera. » Une chose risque cependant de ne pas

équestre internationale et la ville soutiennent cette finale pour qu’elle ait lieu. Cependant, le virus peut repartir, beaucoup de frontières peuvent rester fermées, mais j’ai bon espoir. Le chef de piste saura s’adapter à cette situation, chaque équipe sera à égalité. » n A.C.

changer : le Normand continue avec sa méthode de parage naturel, qu’il louait notamment dans le dernier numéro de L’EPERON (n° 384) : « En ce moment, tout le monde est sans fers. Les chevaux dont les propriétaires veulent qu’ils soient ferrés en concours le seront avant la reprise. » n A.C.

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Roger-Yves Bost « Se mélanger pour évoluer »

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our Roger-Yves Bost, les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020 étaient un véritable objectif. Désormais âgée de quatorze ans, Sangria du Coty (Quaprice Bois Margot), monture de tête du cavalier, prend de l’âge. Cependant, le Barbizonnais ne perd pas espoir pour l’an prochain : « Les Jeux Olympiques en

2021 restent envisageables. Sangria aura quinze ans mais devrait encore être en forme. Elle n’est pas usée. Depuis plusieurs années, elle ne fait que des demi-saisons. De plus, je devrais pouvoir compter sur Cassius Clay VDV Z (Calvino Z). »

Après trente ans à haut niveau, cette pause forcée ne donne pas pour autant l’envie à Roger-Yves Bost de raccrocher les bottes : « Je ne souhaite pas ralentir, au contraire, j’ai envie d’aller

en concours. En revanche, à la reprise, il y aura certainement moins de compétitions. Les structures en place avec de gros sponsors ne devraient pas avoir trop de difficultés à se relancer mais pour les plus petites, cela risque d’être compliqué. » C’est d’ailleurs

avec impatience qu’il attend le premier affrontement avec les meilleurs mondiaux : « C’est au contact des meilleurs que nous

progressons. Il ne va pas falloir rester entre nous trop longtemps. C’est important de se mélanger pour continuer à évoluer. Même s’il y a moins de concours, les meilleurs vont vouloir y retourner, ils voudront gagner, ça va être chaud. » De ce fait, pour être prêt

à la reprise de la compétition, Roger-Yves Bost a continué d’entraîner ses montures : « Les chevaux ont travaillé et travaillent toujours régulièrement, ils sautent moins qu’à l’accoutumée mais ils ont continué le travail sur le plat et le foncier. Ce n’est pas évident car nous ne pouvons pas aller en forêt [en période de confinement], donc nous travaillons essentiellement en carrière. »

Aux écuries, les chevaux ne sont pas les seuls à se maintenir en forme : « Je monte une dizaine de chevaux par jour. Cela est bien plus qu’en période de concours. Cela fait maintenant trois mois que je suis à ce rythme, donc c’est du sport. De plus, je continue à aller courir régulièrement, tous les deux jours environ. » n A.C.

Thierry Rozier « Garder la motivation »

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lors qu’il pensait arrêter sa carrière après les Jeux Olympiques, Thierry Rozier a vu ses plans modifiés : « Tokyo était l’objectif de ma fin de carrière.

Ce report me fait énormément réfléchir. Je ne sais pas si je vais avoir la flamme pour continuer jusqu’à l’an prochain. Il faut également voir si Venezia (Kashmir van Schuttershof) sera en forme pour viser cette échéance. En ce moment, elle l’est. J’ai recommencé à travailler plus sérieusement et je vois qu’elle a remis de la hauteur sur les barres. Le fait de mettre son mors de concours a fait changer son attitude. Les chevaux sont comme nous, ils n’attendent qu’une chose : monter dans le camion. » Pour le cavalier, le plus difficile durant

le confinement a été de conserver sa motivation et celles de ses montures : « Depuis quelque temps, je commence à tourner

en rond. Je m’aperçois qu’avec des chevaux qui ont un peu d’âge et du métier, il faut faire attention à ne pas perdre cette envie. Pour les chevaux, c’est comme pour nous, quand la tête va, tout va. C’est également pour cela que je n’ai pas résisté à l’appel de la forêt. Venezia adore aller en extérieur, c’est son système de travail. C’est de la sorte que nous avons réussi à faire ce que nous avons fait. » Durant cette crise qui a touché particulièrement les

clubs, beaucoup de cavaliers professionnels se sont montrés solidaires. Or, Thierry Rozier admet que la crise n’a pas non plus facilité les choses à Bois-le-Roi et que la structure s’en est trouvée affaiblie : « Je ne roule pas sur l’or. En tant que cavalier de concours, je vis de gains, qui n’existent plus, de stages, que je ne peux plus donner, de cours, que je ne peux plus dispenser, et du commerce qui est en pause. J’ai des factures à régler, je dois payer ma paille, mon foin, mes granulés. De plus, pour le confort des chevaux, nous essayons d’avoir de belles installations mais qui ont un coût. Or, depuis maintenant trois mois, nous n’avons aucune rentrée d’argent. Comme tout le monde, à un moment donné, je serai en danger par rapport à la conjoncture. J’ai hâte que l’activité reprenne. » n A.C.

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Daniel Deusser « Je profite de mon temps en famille »

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ncien numéro un mondial, le cavalier des écuries Stephex a un avis partagé sur la remise de l'échéance olympique à 2021 : « Je ne peux

pas me réjouir du report des Jeux Olympiques car je pense que nous aurions vraiment été prêts avec Killer Queen VDM (Eldorado Van de Zeshoek). Certes, elle n’a pas beaucoup d’expérience mais quand on voit sa fantastique fin de saison avec notamment sa victoire à Malines, puis sa reprise à Doha où elle gagne d’emblée deux Grands Prix après avoir fait un break… En principe, au vu de son âge, elle ne peut que se bonifier mais qui peut dire si elle aura la même forme l’an prochain ? De plus, j’ai encore Tobago (Tangelo Van de Zuuthoeve) que les performances de Killer Queen ont presque fait oublier, mais il est à l'entraînement actuellement et va très bien. Je pourrai donc peut-être compter sur deux chevaux. C’est un véritable luxe que de pouvoir monter de tels chevaux mais il faut que cela reste un avantage. J’espère que les Jeux Olympiques vont avoir lieu car qui peut en être sûr aujourd’hui ? Personnellement, je continue à travailler tous les jours aux écuries et j’emmène mes meilleurs chevaux dans les bois ou sur la piste de galop. Je concentre également mon travail sur les chevaux avec lesquels je prends moins de temps habituellement. Sincèrement, les concours me manquent moins que je ne l’aurais pensé pour la simple et bonne raison que je prof ite vraiment des moments en famille. J'ai pris vraiment le temps de les apprécier durant cette période si particulière. Je pense que si les concours reprennent demain, la motivation reviendra directement mais j’aurai sûrement la volonté de m’organiser pour passer un peu plus de weekends en famille que ce j’ai fait jusqu’à présent. Ma fille est très heureuse du temps que nous passons ensemble actuellement et ne se réjouit pas trop de la reprise des concours ! » n L.C.

Niels Bruynseels « C’est triste pour Utamaro ! »

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embre du top 20 mondial, Niels Bruynseels vit autant du sport que du commerce, mais profite actuellement de son cocon familial :

« Habituellement, je suis continuellement parti et là, je rentre tôt des écuries… et je suis là le week-end ! Je prends beaucoup de plaisir à m’occuper de mes enfants. J’espère néanmoins que l’on va rapidement pouvoir retrouver les terrains de concours et que toute l’économie va pouvoir reprendre son cours. Actuellement, il y a bien un peu de business en Belgique mais le commerce international est quasiment à l’arrêt. Je maintiens mes chevaux de Grand Prix en mouvement et je me concentre sur le travail des plus jeunes chevaux pour lesquels j’ai moins de temps d’habitude. Après ces quelques semaines, je vois l’avenir positivement et très sereinement.

Je pense que j’ai un piquet de jeunes chevaux très prometteurs, même s’il faudra évidemment qu’ils confirment tout le bien que je pense d’eux en piste. J’ai également eu la chance de pouvoir louer pendant une demi-journée les infrastructures d’Aix-la-Chapelle, où un parcours avait été monté par Frank Rothenberger sur la piste d’attelage. C’était une expérience incroyable pour mes chevaux de huit et neuf ans. Je pense y retourner si c’est encore possible dans quelques semaines. Malheureusement, cet arrêt des compétitions est dramatique pour Utamaro d’Ecaussinnes (Diamant de Semilly). À seize ans, cette saison devait probablement être sa dernière. Nous aurions dû participer à quelques très beaux concours et avec sa forme, il avait toutes ses chances pour terminer sa carrière en beauté. Rien n’est néanmoins perdu, nous le gardons en condition et j’espère pouvoir l’emmener sur quelques beaux concours lorsqu’on pourra reprendre. Le report des Jeux Olympiques n’est pas une mauvaise chose pour moi, Delux Van T&L (Toulon) est encore un jeune cheval et, même si nous avions été prêts cette année, un an supplémentaire ne sera que positif pour nous. » n L.C.

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Nicolas Touzaint « Je reste optimiste pour la suite »

Thomas Carlile « Je gratte du pied pour redémarrer »

’Angevin, Thomas Carlile est devenu Sarthois (le Graffard, aux environs du Lude), cet hiver. Cette période de confinement a été l’occasion pour lui de passer davantage de temps avec ses chevaux, qu’il n’avait pu travailler normalement pour cause de déménagement. C’est aussi le moment d’effectuer quelques travaux qu’il avait prévu d’entreprendre initialement sur deux ans : clôtures à refaire, pare-botte dans le manège, amélioration du marcheur...

« Je ne suis pas coincé, seul “dans un trou”. Cinq personnes sont sur place et j’ai la chance d’avoir une grande structure qui me permet de travailler le fond en extérieur, avec mes treize chevaux de sept ans et plus, ainsi que ma dizaine de jeunes. Les “vieux”, tous prêts à courir au début du confinement, avaient du coup une condition physique trop importante pour le travail quotidien. Il a fallu les faire décompresser un peu et aujourd’hui, ils font beaucoup d’entretien, en particulier sur le terrain varié que j’ai la chance d’avoir, en montée, en descente, en alternance avec du travail sur le plat en carrière et sur les barres, en longe pour la musculature. Malgré tout, je ne cherche pas à trop solliciter leur organisme pour ne pas me retrouver avec une blessure. En revanche, il est vrai qu’économiquement, ce sera un peu compliqué. Sur une saison, les gains représentent 35 % de mon chiffre d’affaires. Après deux mois, cela représente quelque chose et les charges salariales vont être difficiles à payer. Je ne suis pas impacté aussi directement qu’un centre équestre, il va falloir malgré tout se serrer la ceinture, limiter les investissements futurs. Les propriétaires qui me sont restés très fidèles, également éleveurs, sont tout autant touchés. Si le capital manque, ce sera difficile d’acheter des jeunes chevaux. En cas d’année sportive blanche, je comprendrais qu’ils ne veuillent pas investir dans des chevaux qui ne pourront pas prendre de valeur. Ils pourraient trouver d’autres solutions économiques, ce qui est normal mais pourrait me porter préjudice. Côté sportif, j’ai hâte de reprendre les concours, je gratte du pied pour redémarrer, d’autant que Birmane avait fait une très bonne rentrée. Je dois dire que la Fédération nous soutient beaucoup, en mettant à notre disposition des systèmes de visio. Je peux ainsi travailler mes chevaux quotidiennement avec Serge Cornut ou Jean-Pierre Blanco, et Thierry Touzaint nous appelle régulièrement pour prendre de nos nouvelles. Ils sont comme nous et naviguent à vue. » En attendant,

Thomas rêve de pouvoir prendre une journée off pour aller faire du golf dans de beaux endroits et trinquer avec ses copains. n M-P.R.

À

tout juste quarante ans (depuis le 10 mai), Nicolas reste serein et se considère plutôt chanceux, notamment selon lui, en comparaison de ce que subissent les centres équestres. Il a saisi cette opportunité pour faire des améliorations dans sa structure de Saint-Clément de la Place (49), comme planter des clôtures, et surtout profiter pleinement de sa famille, sa femme Melinda, et ses enfants, Tom, deux ans et demi, et Inès, née début avril. « Ce confinement ne rajoute pas de charge de travail. Certes, je vais avoir un manque à gagner en gains liés aux concours, et être impacté financièrement à long terme parce que je ne peux pas valoriser de chevaux pour d’éventuelles ventes en fin d’année, mais côté santé, personne autour de moi n’a été touché par le Covid-19, et c’est très important. Côté écurie, je n’ai que six propriétaires qui habitent dans les environs et qui venaient monter. J’ai continué de travailler mes chevaux. La seule différence est que je ne les emmène pas en concours. J’ai laissé les 4 ans un peu tranquilles quinze jours, mais les 6 et 7 ans poursuivent leur entraînement. J’ai une bonne carrière sur laquelle je saute toutes les semaines, un rectangle où je déroule une reprise ou deux par semaine et une piste de galop sur laquelle, tous les samedis, chaque cheval fait quatre tours de galop. Quant à mes “vieux” (Absolut, Vendée Globe et Ebolit), je les entretiens, et s’ils doivent encore attendre trois mois, cela m’est égal. Tourner pour rien, sans aucun gain, ça ne sert à rien. Je suis surtout attaché à ce que les jeunes chevaux puissent reprendre. Je me suis mis dans la tête qu’on pourrait avoir un ou deux Grands Nationaux pour sortir un peu nos chevaux et quelques Pro 3 ou Pro 4 pour faire évoluer les 7 ans. Je me dis aussi que j’aurai peut-être une bonne surprise en septembre ou octobre avec le retour de quelques internationaux, mais je ne vois pas trop comment les étrangers pourraient venir. Ce sera difficile en 2020 et 2021, mais je suis optimiste, je pense que ça redémarrera. Si on arrive à passer le cap, cela repartira de plus belle. Quant aux Jeux Olympiques, puisque j’ai la chance d’avoir des chevaux jeunes, un an de plus ne changera pas grand chose. » n M-P.R.

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Morgan Barbançon Mestre « Une pilule dure à avaler »

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uteure d’excellentes performances ces derniers mois avec Sir Donnerhall II (Sandro Hit), alias Gus, Morgan Barbançon Mestre a vécu difficilement le report des Jeux Olympiques :

« Mon cheval était prêt, il avait fait des progrès lors des dernières compétitions. Je le ressens dans le travail, il est au top de sa forme. La pilule a été difficile à avaler mais on l’a acceptée. Cela nous donne une année de plus pour travailler et nous reviendrons encore plus forts l’année prochaine. » Prêt cette année, Sir Donnerhall II

le sera encore très certainement l’an prochain. La cavalière de vingt-cinq ans veut faire son possible pour l’emmener à Tokyo : « Mon grand rêve est d’y aller avec Gus. J’aurais également Bolero (Johnson TN) et Deodoro (Damon Hill NRW), mais vu ce que j’ai vécu avec Gus et pour l’amour que je lui porte, ça serait déjà une médaille de participer aux Jeux avec lui. » Morgan Barbançon Mestre a mis le confinement au

sein de ses écuries à profit. En effet, elle a décidé d’utiliser cette période pour monter une nouvelle Reprise Libre en Musique, un travail de longue haleine : « Nous avons mis deux semaines à la dessiner. En ce moment, nous réalisons le montage de la musique. D’ici la fin de l’été, elle devrait être finie. Je compte la présenter sur l’étape Coupe du Monde à Lyon, si elle est maintenue. Sans tout dévoiler, je peux vous dire que je reste dans le thème de la chanson française. » La cavalière

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Anne-Sophie Serre « Retour au travail de base »

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ualifiée pour les Jeux Olympiques, Anne-Sophie Serre est soulagée du report de l’événement : « C’est positif, dans le sens où nous avions peur d’une annulation pure et simple », explique la cavalière. « Obtenir notre qualification a demandé un effort majeur. Nous avons été obligés de courir beaucoup en fin de saison, à la période de Noël en particulier. » De plus,

ce report a permis à Anne-Sophie de continuer à faire progresser Actuelle de Massa (Pastor Gub) avec lequel elle envisage de se rendre au Japon : « On relativise car nos chevaux

de Grand Prix sont inexpérimentés. Avec Actuelle, j’ai travaillé sur les développements qui se sont bien améliorés. Jusqu’à présent, on ne s’était pas attardé sur ce mouvement car ce n’est pas le plus rentable niveau point. » En étroite collaboration avec l’élevage

de Massa, Anne-Sophie et son conjoint Arnaud ont mis à profit cette période pour faire progresser un grand nombre de chevaux. « Habituellement, à cette période de l’année, nous cou-

rons d’un concours à un autre. Psychologiquement comme physiquement, le confinement nous a été bénéfique. Nous sommes revenus au travail de base pour que les chevaux soient souples, relaxés et qu’ils travaillent dans le confort. Ce n’est pas répéter les exercices qui les fait progresser, c’est de prendre le temps et de travailler la souplesse. » Même avec un travail rigoureux,

espère reprendre rapidement le chemin de la compétition.

impossible pour les cavaliers de dressage de gagner leur vie grâce aux gains des concours. De ce fait, pour Anne-Sophie Serre, l’épidémie de coronavirus n’impactera pas l’avenir de son sport puisqu’elle a toujours dû s’adapter et vivre en s’appuyant sur d’autres revenus : « Nous ne faisons pas du dres-

« Pour moi, ce qu’il faut, c’est réorganiser de petits concours, évidemment sans public. Du côté des sponsors, je ne pense pas que nous soyons impactés. Les budgets n’étant déjà pas très importants en dressage, mettre la même chose ne devrait pas leur changer la vie. » n A.C.

sage pour les gains, c’est une discipline trop pauvrement dotée. Le concours ne nous sert que de vitrine. Les gains remportés nous permettent seulement d’éponger une partie des frais. Si les sponsors sont affaiblis et qu’il y a moins de concours, cela ne va pas changer fondamentalement la donne, ni notre devenir. » n A.C.

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•67



Tournées de sélection 2020 L'accès aux sélections est libre et gratuit. L'inscription des chevaux se déroule sur www.fences.fr Les chevaux inscrits sont prioritaires.

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TOURNÉE A

TOURNÉE C

Mardi 14 et Mercredi 15 Juillet - 9h

Lundi 27 Juillet - 9h

1 - Woodlands - Koningshooikt (Belgique)

Mercredi 15 Juillet - 16h

1 - Haras de Bailly - Mézières lez Cléry (45)

Lundi 27 Juillet - 15h

2 - Paul Mais, Stoeterij Van de Helle - Putte (Belgique)

2 - V&M Stables - Tivernon (45)

Jeudi 16 Juillet - 9h

Mardi 28 Juillet - 9h

3 - Egbert Schep - Tull en Het Waal (Pays-Bas)

3 - Bel Air Equitation - Pernay (37)

Jeudi 16 Juillet - 14h

Mercredi 29 Juillet - 9h

4 - Schijndel - Schijndel (Pays-Bas)

4 - Haras de Tus - Sainte Meme (17)

Vendredi 17 Juillet - 9h

Jeudi 30 Juillet - 9h

5 - Zuchthof Klatte - Lastrup (Allemagne) 6- Gestüt Wäldershausen GbR (Allemagne)

5 - Parc Equestre Lou Chibaou - Barbaste (47)

Samedi 18 Juillet - 9h

TOURNÉE D

7 - Elevage d’O, 9220 Hamme- Moerzeke (Belgique)

TOURNÉE B

Lundi 3 Août - 9h 1

Mardi 4 Août - 9h

Lundi 20 Juillet - 9h

2 - Ecurie du Grand Veneur - Barbizon (77)

1 - Ecuries de Ponthual - Saint Lunaire (35)

Mercredi 5 Août - 9h

Mercredi 22 Juillet - 9h

3 - Pôle Hippique de Lorraine - Rosières aux Salines (54)

2 - Haras des Forêts - Couvains (50)

Jeudi 6 Août - 9h

Jeudi 23 Juillet - 9h

4 - Parc du Cheval - Chazay sur Ain (01)

3 - Haras de Ménil Jean, Putanges le Lac (61)

Vendredi 24 Juillet - 9h

4 - Ecurie de Quilly - Bretteville sur Laize (14)

TOURNÉE ITALIE Vendredi 7 Août - 9h 1 - Centro ippico toscano - 50145 FIRENZE

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PORTRAIT CHEVAL

Dominator Z

Après la folie autour de l’étalon Holsteiner Diarado, un autre étalon noir arrive sur le devant de la scène et met en émoi les éleveurs : Dominator 2000 Z ! Mais à la différence du premier, celui de Zangersheide confirme sur la piste et Christian Ahlmann compte sur lui pour les Jeux Olympiques, dont le report ne peut être que profitable au couple.

L

’histoire débute en 2007, lorsque Tony Foriers, éleveur belge amateur et passionné, se rend en Allemagne et achète deux pouliches dans une ferme. L’une des deux est nommée Cephale 2000, c’est une Holsteiner grise, fille de Cassini et avec une mère par Franklin. Issue de la lignée 3317, qui a par ailleurs donné LB Annaconda, cette pouliche grandit en Flandre, à Loksbergen, dans le Limbourg, avant de s’essayer au sport sous la selle de Kim Colaers, qui débutera également Dominator quelques années plus tard. Cephale attire très vite les regards, qui sont immédiatement suivis d’offres d’achat. Mais ses propriétaires préfèrent la conserver. Puis, l’heure de sa carrière à l’élevage sonne. Propriétaire d’un garage automobile qu’il a désormais remis à son fils, Tony Foriers, à la

Dominator 2000 Z, le diamant noir de Zangersheide tête de Stud 2000, choisit Diamant de S emilly pour saillir sa jument. « Le croisement de sang français sur une souche allemande me plaisait et le résultat ne nous a pas déçus ! Dominator est né dans le pré… presque dans notre jardin. Assez rapidement, on s’est dit que c’était vraiment un poulain à part, et je dois dire que jusqu’ici, Cephale nous a toujours donné de très bons produits. »

Il faut dire que la jument grise a déjà trois fils admis avec Karmann 2000 Z (K annan ), A venger Z (A ganix du S eigneur ) et bien sûr D ominator 2000 Z (D iamant de S emilly ). En

outre, l’an dernier, un de ses fils par H eartbreaker nommé H ummer 2000 Z s’est vu adjugé pour la coquette somme de 119 000 euros lors des ventes de Zangersheide. « Cela rend évidemment notre famille très fière », glisse Tony Foriers.

DE GRANDS ESPOIRS

Judy Ann Melchior croise la route de Dominator très rapidement : « J’avais vu une vidéo de D ominator lorsqu’il sautait en liberté à deux ans, puis je l’ai revu à quatre ans sur un concours dans notre région. Nous avons ensuite

parlé avec son éleveur que je connais bien : je m’étais déjà intéressée à la mère de Dominator, qui était une jument très typée sport, avec beaucoup de qualité. Avec Tony Foriers, nous avons décidé de collaborer car nous croyions tous les deux énormément dans le cheval. Il est arrivé à Zangersheide sans même que nous l’ayons essayé. Par la suite, au début de l’année de ses cinq ans, nous en avons acheté la moitié. Tony voulait continuer à vivre cette aventure avec son cheval, il était heureux de pouvoir faire partie de l’évolution de Dominator vers le haut niveau. » Dès son arrivée à Lanaken,

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•71

Les jeunes années de Dominator ont été majoritairement consacrées à la monte. Mais, cette année, c’est à ses commandes que Christian Ahlmann visait les Jeux Olympiques de Tokyo. Ph. Laurent Chapellier


PORTRAIT CHEVAL

Dominator Z l’imposant étalon noir séduit aussi de très nombreux éleveurs et rencontre un succès phénoménal : « Nous fondions de grands espoirs en lui et nous pensions qu’il allait plaire aux professionnels de l’élevage… Mais on ne savait pas si ce serait dès la première année ou s’il fallait attendre un peu plus. Cela dit, avec un cheval aussi extraordinaire, nous n’avions pas de doute. Quand nous avons investi dans Dominator, en faisant l’acquisition de 50 % du cheval, notre objectif était qu’il fasse beaucoup de saillies. Dans ses premières années, nous l’avons énormément ménagé. Il y a des années où il saillissait tellement qu’il ne faisait quasiment pas de sport. Nous ne voulions pas qu’il force, c’était soit l’un, soit l’autre. En revanche, quand nous avons décidé de commencer à donner la priorité au sport, nous avons fortement réduit le temps où il se consacrait à la monte. Cette année, nous avons fait le choix, pour la première fois, de ne pas le faire saillir du tout et de lui permettre de rester une saison complète à haut niveau. Cependant, avec l’arrêt des compétitions, nous avons pris la décision de congeler sa semence, car tout le stock dont nous disposions avait été vendu en début d’année. Mais nous ne le remettrons pas en frais cette année pour autant. À cinq ans, il n’a pas tourné en compétition car il avait tellement sailli qu’il ne pouvait pas être prêt pour les championnats du monde. Il n’a débuté réellement sa carrière qu’à six ans. C’était un grand cheval, on ne pouvait pas tout lui demander en même temps. J’aimais beaucoup monter Dominator mais je suis tombée enceinte et j’ai dû me résoudre à en descendre ! C’est la raison pour laquelle Christian a commencé à le monter. » Aujourd’hui, la maman de

monde de Lexington a néanmoins montré que Dominator pouvait être aussi performant sous la selle d’une cavalière, qu’aujourd’hui avec le pilote allemand. « Kim Colaers, qui l’a débuté à quatre ans, est beaucoup plus petite que moi et déjà, Dominator a montré que ça ne lui posait pas de problème. Lorsque je l’ai monté à six ans, il était toujours en filet simple. Je n’ai jamais eu de souci avec lui. Il parvient à se porter, il est léger. C’est un cheval qui a du caractère mais du bon caractère. C’est un étalon mais il veut toujours faire de son mieux. Je pense que finalement, c’est Christian qui a dû faire

PALMARÈS DE DOMINATOR 2000 Z

• 2016 : Finaliste du championnat du monde des 6 ans à Lanaken • 2019 : 2e du Grand Prix du CSI 5* du Saut Hermès. 2e de l’étape de Coupe du monde à Madrid • 2020 : 2e de l’étape de Coupe du monde à Leipzig. 4e du Grand Prix au CSI 5* de Doha

pesant sur ce cheval que tout le monde voulait voir. « Ce qui est incroyable avec lui, c’est qu’il n’a pas besoin d’apprendre. Il a toujours su ce qu’il devait faire en parcours. On n’a jamais forcé, il savait toujours ce qu’on attendait de lui. Quand on voit sa prestation dans le Grand Prix du Saut Hermès, c’est venu tellement vite pour un cheval avec si peu d’expérience ! Lors du championnat du monde des chevaux de 6 ans, il était parfait les deux premiers jours mais, lors de la finale, sur une nouvelle piste, on a vu qu’il voulait se montrer respectueux mais qu’il manquait de métier : il faute sur une combinaison vertical-oxer. C’était compliqué pour lui d’en sortir, il ne voulait surtout pas toucher une barre. Et il a dû apprendre qu’il devait aussi sauter dans le mouvement en avant. »

BEAUCOUP DE QUALITÉS, PEU D’EXPÉRIENCE

Aujourd’hui, le cheval que tout le monde connaît au plus haut niveau évolue toujours bel et bien avec la veste bleue et jaune de Zangersheide, mais c’est Christian Ahlmann qui est en selle. Le palmarès du pilote allemand est impressionnant et, s’il a eu la chance de monter plusieurs très bons chevaux dans sa carrière, il n’hésite pas à hisser sa panthère noire au rang de ces chevaux très spéciaux : « J’ai eu la chance de croiser dans ma carrière quelques chevaux vraiment incroyables. Ils étaient tous inoubliables, chacun à sa manière, et D ominator fait partie de ces chevaux-là », admet l’ancien numéro un mondial. « Ses qualités et son envie de bien faire, c’est quelque chose de vraiment spécial. Il a une manière bien à lui de progresser. Il a sailli énormément, n’a quasiment aucune expérience dans le sport, mais tout ce que nous lui avons demandé, il l’a fait. Même si parfois, on sentait que physiquement, il n’était pas encore tout à fait prêt pour cela. Du fait de sa taille et de son gabarit, ce n’était pas un cheval précoce. Nous aurions pu lui faire

deux enfants de presque huit ans et onze mois voit difficilement la possibilité de reprendre les rênes du colosse. « Cela me parait très compliqué de reprendre le cheval : quelque part, Dominator et Christian ont su se trouver, ils forment un vrai

« Nous n’avons jamais fait forcer le cheval : durant des années, c’était soit le sport, soit la monte » Judy Ann Melchior couple. Et je n’ai pas beaucoup de temps pour monter. Je suis très occupée avec d’autres choses et je ne pourrais pas faire suffisamment de concours pour être dans le rythme. Je ne veux pas que le cheval passe à côté de sa carrière à cause de mon manque de temps ! Mais pour être honnête, il me manque. » Toujours aussi réaliste

et pragmatique, la médaillée de bronze par équipe lors des championnats du

preuve d’adaptation car le cheval s’était habitué à ma manière de monter et au départ, il a un peu testé Christian sur les deux premiers concours… Et puis leur histoire a réellement débuté. »

Mais si Dominator a peu tourné, il a toujours répondu présent. Quasiment sans aucune expérience, il était déjà finaliste du championnat du monde des 6 ans, malgré l’énorme pression

Après avoir un peu tourné avec Dominator, Judy Ann Melchior a été contrainte, pour la bonne cause, de le laisser à son compagnon. Ph. E. Knoll

72 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020

faire de nombreux parcours devant lesquels les gens seraient restés bouche bée. Mais ce n’est pas comme cela que j’envisage la construction d’une carrière sportive. Nous avons attendu et utilisé ce temps pour le laisser à la reproduction. Même s’il n’a pas encore tourné sur les plus grosses épreuves, il a déjà fait de très beaux concours avec des pistes difficiles. Il était impressionné et un peu inquiet,


PORTRAIT CHEVAL

Dominator Z

En 2019, l’étalon noir prend la 2e place du Grand Prix du Saut Hermès (ci-dessus). Une vraie performance au regard de son manque d’expérience. Ci-dessous, à deux ans, Dominator avait déjà tapé dans l’œil de Judy Ann Melchior. Ph. L.C.

Dominator 2000 Z

Z, M, NOIR PAN., NÉ EN 2010 CHEZ CORTHOUTS & FORIERS (BEL)

Diamant de Semilly SF, 1991

Cephale 2000 SF, 2007

Le Tot de Semilly SF, 1977

Grand Veneur SF, 1972

Amour du Bois, SF, 1996 Tanagra G, SF, 1963

Venue du Tot SF, 1965

Juriste, SF, 1953 Relique, SF, 1961

Elf III

Ibrahim, SF, 1952 Osyris, SF, 1958

Venise des Cresles SF, 1970 SF, 1987 Miss des Cresles

Cassini I Holst, 1988

Nephale Holst, 1998

SF, 1978

Amarpour, Ps, 1966 Urlurette, SF, 1964

Capitol I Holst, 1975

Capitano, Holst, 1968 Folia, Holst, 1969

Wisma Holst, 1984

Caletto II, Holst, 1980 Prisma, Holst, 1978

Franklin Holst, 1994

Feenspross, Ps, 1984 Celia V, Holst, 1988

Imandra III Holst, 1994

Athlet Z, Han, 1979 Waldfee VI, Holst, 1984

mais quand je partais au galop vers le premier obstacle, il oubliait tout le reste pour se concentrer uniquement sur son travail. Le sentiment que cela procure est juste exceptionnel ! Il sait ce qu’il a à faire, il tourne juste le bouton et c’est parti. C’est un cheval qui a tellement de qualités qu’il fallait vraiment le laisser grandir et se tonifier. Ne pas le pousser trop vite sportivement a été, je pense, un choix judicieux. Faire la monte lui a été profitable. Aujourd’hui, il a dix ans, il est très en retard et manque d’expérience, mais il compense par son talent. »

UN AN DE PLUS POUR S’AGUERRIR

Si le cavalier allemand a fait son retour l’an dernier au sein de la Mannschaft avec un autre étalon – né chez sa compagne Judy Ann Melchior et dont elle est la propriétaire –, Clintrexo Z, l’option numéro un pour les Jeux Olympiques est le colosse noir. « Je Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•73


PORTRAIT CHEVAL

Dominator Z

Une production aussi précoce que son père

S

i ses premiers produits ont six ans aujourd’hui à l’image de l’étalon D’A ganix 2000 Z (mère par A ganix du S eigneur ), D ominator peut déjà compter de très nombreux fils admis dans de nombreux stud-books. On retrouve plusieurs de ses fils admis à Zangersheide, et il en compte également au Bwp, en Suède, ainsi qu’au Kwpn, au Oldenbourg ou en Westphalie. La France n’échappe pas à la règle puisque le stud-book Selle Français a admis H ollister du P lantey (mère par G io G ranno ) lors du dernier championnat de France des 3 ans, où il prend une belle troisième place. « Je voulais me lancer dans l’élevage et j’ai acheté une jument pleine de Dominator », indique Blandine Prevoteaux de l’élevage Plantey. « J’ai eu un véritable coup de cœur, davantage pour l’étalon que la jument. C’était le moment où Dominator commençait à être performant. Les photos et vidéos que j’ai vues m’ont vraiment impressionnée. Lorsque Hollister est né, j’ai été très contente de voir qu’il était assez chic ! C’était ma seule crainte car le père a la tête de son grand-père Diamant de Semilly, mais il convenait vraiment à la jument, Soriana de Bray, qui est très chic mais plutôt petite. Dominator a ramené de la taille, sa magnifique robe noire, sa technique de saut et des moyens colossaux. Nous avons vendu Hollister alors qu’il était poulain, mais nous l’avons toujours suivi. J’ai gardé de très bons contacts avec sa propriétaire. À Saint-Lô, lors du championnat des 3 ans, il n’était pas très à l’aise au départ, mais nous l’avons déjà vu sauter de manière impressionnante. On n’en revenait pas de le voir dans le trio de tête. Pour un premier poulain, c’était une magnifique entrée dans la cour des grands. Je compte vraiment réutiliser Dominator, notamment sur une sœur d’Hollister, car je trouve qu’il a amené un incroyablement bon tempérament à son produit. » n L.C. En haut, pas de doute, Hollister du Plantey, 3e du championnat des étalons de 3 ans en 2019, est le digne représentant de son père ! Ph. Les Garennes

souhaite l’amener au sommet de sa forme en vue d’un voyage au Japon », poursuit le cavalier. « Mais la pandémie et l’arrêt des compétitions bouleversent les plans. Nous avons attendu longtemps et aujourd’hui Dominator est prêt. Mais malheureusement, il n’aura pas réalisé, encore une fois, une saison complète avec les J.O., alors que tout lui était favorable. Il est clair que le report des Jeux Olympiques d’un an n’est pas forcément une mauvaise

chose pour lui. Le planning était très court jusqu’à Tokyo, nous savions que les chevaux devaient être à 100 % pour avoir une chance de faire partie de l’équipe nationale. Nous étions toujours dans nos plans, mais une année de plus pour que j’apprenne à mieux connaître le cheval, le rendre encore plus fort et accumuler de l’expérience est un plus. Jusqu’à présent, tout ce que Dominator a fait était spécial. Lors de son premier concours à 4 ans,

74 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020

il ne galopait pas encore très bien, mais ses sauts étaient incroyables. Dès le premier show d’étalons, il illuminait le regard des gens. Il n’a jamais laissé indifférent : il y a ceux qui l’ont haï et ceux qui l’ont adoré dès le premier regard. Il a été une star en élevage avant même de faire du concours. » Le diamant noir

de Zangersheide n’attend plus que la réouverture des pistes pour briller de mille feux. n Laurent Chapellier


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Riverland, l’élevage e du XXI siècle En haut à droite, une famille de passionnés à la fête : Mickaël Varliaud, sa compagne Leslie Pelat et leur fils Mathys, ici lors du titre de champion du CIR de Féticheur Riverland à Pompadour en 2019. Ph. Coll.

Éleveur, cavalier, agriculteur, chef d’entreprise... À tout juste quarante ans, Mickaël Varliaud a fait de Riverland une véritable PME, employant près de quinze personnes et faisant naître chaque année entre soixante et quatre-vingts poulains.

est aussi la seule du tableau à afficher un nombre si important de chevaux indicés, avec la bagatelle de soixante-et-un représentants affichant un ISO ou ICC supérieur à 120. Riverland caracole par ailleurs en tête du classement de la Société hippique française des éleveurs de jeunes chevaux par les gains...

a réputation de l’élevage de Riverland a largement dépassé les frontières de la Charente-Limousine où il est installé depuis 1996. L’écurie réalise une part non négligeable de son chiffre d’affaires à l’export et contribue régulièrement à faire la renommée de la production française à l’étranger. Ces dernières années, Mickaël Varliaud a réalisé une progression constante dans le palmarès L’EPERON des éleveurs français où il apparaît désormais à la troisième place du classement. C’est tout simplement le seul éleveur qui ne soit pas Normand parmi les quatorze premiers. La SCEA Riverland

« Nous sommes installés en Charente-Limousine, une région réputée pour ses herbages de grande qualité. Toutes les parcelles ou presque sont parcourues par un cours d’eau. Il n’en fallait pas plus pour que mon père décide de nommer l’élevage Riverland », indique le maître des lieux. Originaire de Civray

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ET AU MILIEU COULE UNE RIVIÈRE

dans la Vienne, au nord d’Angoulême, Mickaël Varliaud n’a jamais voulu se détacher de ses terres natales. « Mon père Jean-Marie dirige une entreprise agro-alimentaire (boyauderie de mouton, porc et boeuf, ndlr) à Agris et mon oncle Roger avait une ferme. J’étais plus souvent sur les tracteurs que dans l’usine de mon père ! » Jean-Marie, lui, n’a pas connu les trac-

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REPORTAGE

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•77


teurs étant enfant : « Quand on rentrait du labour, ou des autres travaux des champs, nous montions sur les chevaux de trait et le premier sentiment à cheval s’est fait comme cela », se remémore

Mickaël. Plus tard, Jean-Marie décide d’investir dans une propriété : « Au lieu de construire une maison, j’ai imaginé un endroit où nous pourrions être ensemble en famille, avec les chevaux. » Acquérir les terres n’a pas été chose facile et six

ans ont été nécessaires à Jean-Marie, qui ne dispose pas du statut d’agriculteur, pour concrétiser l’achat de cet ancien élevage de faisans. En 1995, Mickaël entreprend un CAP de vente en alternance à seize ans, ce qui lui permet de monter à cheval en parallèle. « Je ne me posais pas trop de questions. Nous avions la ferme, des hectares, je faisais de la compétition en épreuves Juniors. Mon père achetait quelques poulinières. »

C’est à cette époque que père et fils font la rencontre de celle qui s’affirmera comme la jument phare de l’élevage : Tosca de Revel (Kissovo et Dirka par Nankin).

SOUS UNE BONNE ÉTOILE

« J’ai trouvé Tosca en 1996 grâce à une annonce parue dans L’EPERON », raconte Jean-Marie Varliaud. « Nous sommes donc montés la chercher en Normandie chez Fernand Lerrede au Haras des Rouges. Il y avait justement un concours étalon à Saint-Lô, et Pierre Le Boulanger (élevage de Brekka, ndlr), nous voyant charger la jument, nous a dit : «Faites attention parce que c’est une souche avec beaucoup de sang !» ». Tosca était une

fille de Dirka, la sœur utérine du chef de race Quidam de Revel, ISO 185. Ce choix s’avère immédiatement payant. « Les premières générations de Riverland sont nées en 1997. De la première est né Jalis de Riverland ». Cet étalon alezan, fils

de Bleu Blanc Rouge II et de la belle Tosca, a défrayé la chronique à l’occasion des ventes Fences Élite 2000. Adjugé 3 millions de francs (460 000 euros), il a réalisé le top price cette année-là, une somme record que seul L’Arc de Triomphe a dépassé depuis, en 2002. « Il est bien impossible de prédire l’avenir avec les chevaux, mais Jalis montrait beaucoup de qualité », reconnaît l’éleveur. Son père se remémore pour sa part l’atmosphère de cette fameuse soirée de ventes aux enchères : « Des moments comme ceux-là, c’est quelque chose que l’on ne revit pas deux fois dans sa vie. Le cheval était annoncé parmi les favoris de la vente, mais dès les premiers sauts, l’engouement des enchérisseurs a été incroyable. L’ambiance dans la salle était d’une folie totale. Quand il a été adjugé, tout le monde s’est levé et il y a eu un silence... C’était magique. » Jalis

fit à la suite une belle carrière en compétition 5* sous la selle de Roger-Yves Bost. L’élevage de Riverland était lancé. « Avec

mon père, nous avions enrichi le cheptel au fur et à mesure, mais

avec des juments aux pedigrees un peu moins soutenus dans la souche basse que notre Tosca. Cependant, la vente de Jalis nous a immédiatement convaincus de recentrer l’élevage sur des poulinières avec des lignées ayant fait leurs preuves depuis plusieurs générations. Le produit de la vente de Jalis a donc été réinvesti dans l’achat de très bonnes juments, comme la propre sœur de Quidam de Revel, une fille de Loripierre, ISO 175 (la mère de Dollar dela Pierre et grand-mère d’Orient Express), une sœur de Baladine du Mesnil II, ISO 181, mais aussi des poulinières issues de Muguet du Manoir, Papillon Rouge... », se

souvient Mickaël (voir encadré page 76).

SELF MADE-MAN

Depuis l’âge de dix-sept ans, Mickaël supervise l’élevage. « Quand je suis arrivé à Alloue en 1996, il n’y avait absolument rien, c’était une chasse (friche, ndlr) de soixante-seize hectares. J’ai tout monté petit à petit en commençant par quatre cabanes en bois, puis douze boxes et ainsi de suite ! J’ai toujours amélioré la structure pour optimiser le fonctionnel et le confort des chevaux », témoigne l’entrepreneur. À cette époque, Mickaël

78 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020

Les infrastructures de Riverland forcent l’admiration : les bâtiments sont fonctionnels, et la bagatelle de trois-centsoixante-dix hectares de terre permettent à l’exploitation d’être quasi auto-suffisante. Photos Coll.


REPORTAGE l HARAS DE RIVERLAND

pratique l’équitation en tant que professionnel. « J’avais commencé à monter à cheval au poney club L’oxer de Patrick Le Fur, à Agris. Adolescent, je me suis ensuite formé une année chez Philippe Pertus, puis j’ai participé chaque année au circuit Cycle classique avec un piquet d’une dizaine de chevaux. » Mickaël

récolte de belles performances en compétition et engrange des victoires jusqu’au niveau 145. Il y a douze ans, il rencontre la cavalière Leslie Pelat, qui devient sa compagne. La championne de France des cavalières 1999 ne tarde pas à rejoindre Mickaël Varliaud à Alloue. Mais l’évolution de la structure ne permet bientôt plus au Charentais de monter à cheval. « J’ai pris la décision d’arrêter il y a trois ou quatre ans pour me consacrer à l’organisation, la gestion et la logistique de la structure », explique Mickaël. « Aujourd’hui, je ne peux pas tout faire. J’ai monté pendant trente ans à cheval, or le sport a beaucoup évolué et pour être compétitif, il faut s’y consacrer pleinement. J’aime les choses bien faites, je suis assez rigoureux, j’ai senti que si je voulais que l’élevage progresse, il fallait faire un choix. » C’est le premier tournant de l’élevage de Riverland.

UN FONCTIONNEMENT RÉFLÉCHI PAR PÔLES

Le pôle agricole, géré par trois salariés, s’appuie sur une surface représentant la bagatelle de trois-cent-soixante-dix hectares. « Ces terres servent uniquement à nourrir les chevaux. Nous sommes quasi autonomes au niveau de la production, nous devons néanmoins acheter un complément de paille », explique Mickaël Varliaud. « Cela me plaît de maîtriser l’alimentation de mes chevaux. Nous avons travaillé les sols petit à petit. On essaye d’utiliser au maximum nos fumiers, qu’on fait composter. Nous raisonnons en bio et le moins possible en chimique, afin d’avoir la meilleure qualité d’herbages et que cela soit le plus sain possible pour la croissance des chevaux, la fertilité des juments et leur santé à long terme. Nous avons une partie de nos terres en

prairies naturelles, et une partie en prairies longue durée. Nous effectuons une rotation de plus ou moins cinquante hectares de céréales par an : orge, avoine et maïs. Nous avons toujours privilégié le traditionnel, orge et avoine, avec un complément minéral. L’entreprise Reverdy fait toutes les analyses de nos récoltes de fourrage et de grain, et l’ajustement du complément de minéral se fait sur la base de ces résultats-là : protéines, oligo-éléments et vitamines. Nous sommes dans une démarche d’amélioration constante sur ce sujet afin d’avoir des chevaux qui soient le plus robustes possible dans la durée et d’optimiser les bilans radios. »

Trois personnes constituent le pôle élevage qui prend en charge toute la partie reproduction, suivi gynécologique et néonatalogie. Enfin, le pôle débourrage, valorisation et commerce mobilise sept personnes. Deux sont en charge des débourrages, puis un cavalier met en route les jeunes pour les premiers sauts sous la selle et les parcours de 4 et 5 ans. Une responsable d’écurie, Pauline Bonneau, supervise les grooms. Depuis le mois d’octobre, Ninon Castex a rejoint la structure et a débuté à Oliva en tant que cavalière de concours. La toute jeune cavalière de vingt-deux ans n’en possède pas moins une expérience déjà significative : double championne d’Europe Poney en 2014 à Millstreet avec le formidable Quabar des Monceaux (Nabor SL), elle a poursuivi sa formation chez le Francilien Guillaume Batillat. Elle vient en soutien de Leslie Pelat, qui est la cavalière de tête de l’élevage. Leslie encadre le travail aux écuries et valide les plannings, mais chacun possède son niveau d’autonomie : « Les trois cavaliers échangent entre eux et tout se fait en bonne intelligence », évoque Mickaël Varliaud, qui chapeaute l’ensemble. Autre ressource non négligeable, Thomas Garnier a intégré Riverland en novembre 2017. Il s’occupe du volet communication et de l’administratif. Il constitue un atout stratégique précieux à l’heure du commerce 3.0, en alimen-

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Première génération de poulains et premier coup d’éclat : Jalis de Riverland, performer international de l’élevage (ISO 172) sous la selle de Roger-Yves Bost, a été le top price des Ventes Fences Élite en 2000. Ph. Scoopdyga


REPORTAGE l HARAS DE RIVERLAND tant les réseaux sociaux et le site internet de l’élevage (refait à neuf dans l’hiver 2018-2019) avec les dernières actualités de l’élevage (vidéos des poulains, suivi des performances internationales des produits de Riverland...).

LE DÉFI DE L’EXCENTRATION

Se trouver à distance des grandes régions d’élevage a-t-il été un frein dans l’évolution du haras ? « Nous sommes dans les

Responsable d’écurie, Pauline Bonneau assure également le grooming en concours de la cavalière de tête de l’élevage, l’ancienne championne de France des cavalières, Leslie Pelat, comme ici au CSI d’Oliva en début de saison. Ph. Coll

contreforts du Limousin sur une très bonne terre d’élevage. Au niveau commercial, nous sommes à cinq heures de l’Espagne en camion, à quatre heures de Fontainebleau, deux heures de Bordeaux, et quarante minutes de l’aéroport de Limoges. Aujourd’hui, notre localisation ne nous pose pas trop de problèmes. Certes, tous les concours ne sont pas à la porte, mais c’est un autre fonctionnement. Il y a toujours des avantages et des inconvénients à tout choix, il faut s’adapter et faire en fonction », positive l’éleveur. Aujourd’hui, près de 60 % de la production part chaque année à l’export. « Nul n’est prophète en son pays... », sourit Mickaël. « C’est vrai qu’on a beaucoup de chevaux qui partent à l’étranger où l’élevage est reconnu : les bons résultats contribuent à faire grandir la réputation de Riverland. Il apparaît que l’augmentation de la TVA à 20 % a confirmé cette tendance et entretient ce pourcentage conséquent. » Visibles sur tous les

continents, on trouve des représentants de Riverland de Hong-Kong au Maroc (voir encadré USA de Riverland, page 76), en passant par le Brésil, le Mexique, les États-Unis, les Émirats arabes unis et la plupart des pays européens ! La seule activité pour laquelle l’éloignement pourrait influer défavorablement est l’étalonnage. C’est peut-être l’une des seules cordes qui manque à l’arc de la structure. « Nous avons un étalon à la maison qui s’appelle Quatro de Riverland (Diamant

de Semilly et Razzia de

Revel (propre-sœur de Quidam de Revel) par Jalisco B). Il a peu sailli mais produit très bien. L’étalonnage est pour l’instant une branche que je n’ai pas explorée, car c’est un autre métier qui demande beaucoup de temps. De plus, nous sommes dans une région où il n’y pas un grand vivier de juments à saillir. Je n’exclus pas cette activité à l’avenir, mais cela n’est pas un objectif immédiat », livre Mickaël avec sincérité.

UN SECOND TOURNANT DÉCISIF

« Jusqu’à présent, nous n’avons pas gardé beaucoup de vieux chevaux », expose le Charentais. « Nous avions gardé Brésil de

USA de Riverland, l’espoir olympique

PSV

A

li Al Ahrach, trente-six ans, monte USA de Riverland avec lequel il remportait une médaille d’or aux Jeux Africains en 2019 et terminait sixième en individuel. Cheval de tête de son cavalier, USA devrait défendre les couleurs de son pays aux J.O. de Tokyo en 2021. Une qualification qui se veut historique pour le Maroc, présentant pour la première fois de son histoire une équipe de trois cavaliers dans la discipline du saut d’obstacles. USA de Riverland (Diamant de Semilly), ISO 153, n’est pas sans rappeler son frère utérin, l’excellent étalon Popstar Lozonais, ISO 161, troisième du championnat des 7 ans en 2010. Les deux chevaux montrent respect et volonté, des qualités hérités pour USA de sa mère, Buguette Platière (Muguet du Manoir), alliées au courage de Diamant. Formé à quatre et cinq ans par Leslie Pelat, USA fut finaliste à Fontainebleau à 6 ans et gagnant en Grand Prix à 7 ans sous la selle de Reynald Angot, avant de rejoindre le Maghreb. « USA a été acheté par une entité du Maroc, la société royale d’encouragement du cheval (SOREC) », explique Ali Al Ahrach. « Créée en 2003, la SOREC est une entreprise publique sous tutelle du ministère de l’agriculture et de la pêche. Son ambition principale est de mettre en valeur le patrimoine équestre marocain et de faire de la filière un levier de développement économique et social. Ce n’est que le deuxième cheval de sport que cette société, plus axée sur les courses et les chevaux arabes et barbes, achète. Le cheval sautait très bien et la transaction s’est faite par le biais de Philippe Rozier. L’idée est d’en faire un cheval de remonte pour l’équipe nationale de saut d’obstacles marocaine. L’objectif est aussi d’en faire un étalon. Une fois sa carrière terminée, le cheval reviendra à l’élevage car il possède une excellente souche, à l’instar de celle de notre cher Quickly de Kreisker (Diamant de Semilly). J’ai

commencé à le monter lorsqu’il avait huit ans, puis il m’a été confié pour de bon en fin d’année de neuf ans. Cela fait désormais quatre ans que je le monte. Nous sommes stationnés au sein des écuries fédérales marocaines, au Royal complexe des sports équestres de Dar Es-Salam à Rabat. Pour USA, douze ans, et moi-même, la perspective des Jeux de Tokyo est un énorme challenge. Ce seront nos premiers Jeux, à lui et à moi. C’est un cheval un peu spécial… Cela m’a pris du temps pour former un couple avec lui. Il a beaucoup de respect. C’est un top cheval, un cheval de cœur. Nous n’aurions pas parié à l’époque que

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nous parcourrions un tel chemin. On a commencé par se dire que c’était un cheval pour aller sauter 140, puis nous avons abordé les 145, 150 et désormais nous tournons en Grand Prix 160 et participons aux Coupes des Nations ! À force de travailler, de l’endurcir, le cheval donne tout. J’ai eu de nombreux Selle Français auparavant comme Quinquina du Moulin (Verdi) ou Rêverie de Roy (Jarnac), je ne veux monter que ça, c’est ma race préférée… Ils ont du sang, une bonne tête, ce sont vraiment des chevaux très braves », conclut le cavalier du récent champion du Maroc des 7 ans, Ceika Malouine (Quickly de Kreisker). n


Ci-contre, les fondateurs : Kevin Staut et Didier Krainc.

A gauche, Deal de Riverland (L'Arc de triomphe x Le tot de Semilly) ; Ă droite, Fantastico Riverland (Quatro de Riverland x Jus de Pomme) ; en bas, Cheppetta (Chepetto x Cash).

Vivaldi Jumping La première Êcurie de groupe dÊdiÊe aux sports Êquestres. Une association entre Kevin Staut et l'Ecurie Vivaldi. Une opportunitÊ unique d'entrer dans le monde du grand sport à un niveau d'investissement raisonnable. A peine six mois d'existence et dÊjà un cheptel de haut niveau constituÊ de nos trois premiers chevaux�: deux jeunes issus de notre partenariat avec l'Elevage de Riverland (Deal de Riverland et Fantastico Riverland) et surtout la championne Cheppetta, une jument de niveau olympique qui va peut-être nous amener à Tokyo en 2021�!

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REPORTAGE l HARAS DE RIVERLAND Riverland (Canturano et Luce d’Hesperid par Quidam de Revel) pour aller faire du grand sport. Nous avions placé le cheval chez Grégory Wathelet en Belgique, mais il montrait un tel potentiel que nous avons saisi l’opportunité de le vendre en mai 2019 aux États-Unis. Maintenant, nous avons de nombreux autres chevaux qui arrivent et nous allons en préparer pour le haut niveau. » L’amorce d’un changement de cap pour l’élevage ? « Notre activité s’est toujours découpée sur ce schéma : vendre la majorité des chevaux à trois ans, un petit peu foals, et garder un très faible pourcentage à vieillir. Aujourd’hui, je souhaite conserver cette base de vente de chevaux de trois ans, mais en élargissant le nombre de chevaux à valoriser. La décision d’augmenter significativement le nombre de naissances part de cette décision ». C’est ainsi que la première “grosse” génération a vu le jour il y a trois ans. Pari gagnant ? « Mickaël est quelqu’un de très pragmatique, travailleur et commerçant », décrit Frédéric Busquet, des écuries d’Ellipse à Malville (44), avec qui Mickaël collabore régulièrement (voir encadré Dorado de Riverland). « Il a du flair, sait avoir un coup d’avance et prendre des risques quand il le faut. Il a énormément de chevaux, ce qui peut sembler démesuré, mais c’est fait très intelligemment. Il est par exemple précurseur dans la manière dont il a pensé ses installations. Et je ne parle pas de ses qualités communicationnelles, ce qui, on le sait, n’est habituellement pas le point fort des éleveurs et cavaliers français ! »

UNE ORGANISATION MILLIMÉTRÉE

Avec l’augmentation significative du nombre de juments saillies chaque année, Mickaël a mis en place un système d’exploitation bien rodé. À contre-courant de ce que l’on pourrait penser, à Riverland, on laisse le temps au temps.

LES GARENNES

M

« Je me charge personnellement de faire sauter les chevaux en liberté. Nous testons les chevaux à deux ans et demi. Nous nous adaptons à eux, à leur physique. Certains réclament plus de temps que d’autres. J’essaye de prendre du temps avec chacun et je ne condamne jamais un cheval de cet âge après une mauvaise séance. On sait qu’il n’y a rien de mieux qu’un cheval pour se tromper, et encore plus un jeune cheval ! Nous les rentrons par lot de six, huit, on effectue un prédébourrage. Une fois que nous avons rentré la totalité de l’effectif de la génération mâle (en premier), puis femelle, nous effectuons tous les bilans radiologiques de nos chevaux en fin d’année de deux ans. Au fur et à mesure de l’avancement de leur travail, on trouve leur créneau, on prend les décisions de castration, d’autres repartent au pré, certaines pouliches sont saillies... J’essaye d’adapter leur voie, ce qui me permet dans le même temps de ne pas me retrouver trop chargé au niveau des écuries. » Longtemps absent du circuit des concours d’élevage,

l’élevage de Riverland a fait un retour tonitruant cette année, en particulier sur le circuit des mâles. Qu’est-ce qui explique ce come-back remarqué ? « La modification du calendrier des

concours d’élevage explique mon revirement. Avant, nous devions avoir des chevaux qui sautent sous la selle dès la qualificative de mai, juin, l’année de leur 3 ans. De notre côté, en raison du nombre, il était compliqué de mettre tout le monde sous la selle à cette date. Désormais, on effectue la première qualificative en fin d’année de 2 ans (novembre) pour une finale en février de l’année de leur 3 ans. Selon leur qualification pour la finale ou non, un premier tri est fait : on en envoie certains au pré, d’autres restent au box en vue de la finale ou partent au débourrage. On est en mesure d’attribuer à chaque cheval son “étiquette”. Et la finale livre elle aussi ses enseignements. L’avantage du nouveau

Dorado de Riverland, le surdoué

ickaël Varliaud est le naisseur de Dorado de Riverland et Frédéric Busquet, son heureux propriétaire : le champion des 5 ans 2018, fils de U ntouchable M et de Tsara du Mas Garnier (Argentinus), sœur utérine de l’international Vangog du Mas Garnier (souche d’Ifrane) a été commercialisé à trois ans. « Je peux dire que nous sommes partenaires avec Mickaël depuis maintenant plusieurs années », indique Frédéric Busquet. « Nous avons toujours quelques chevaux ensemble : on en achète, on en garde en partenariat… Nous possédons le frère utérin de Dorado par I’m Special de Muze (Emerald et Walnut de Muze par Nabab de Rêve) et Flamme de Riverland (la sœur utérine par Kannan et Bentley de Riverland – rebaptisé Oak Grove’s Laith, ISO 149) qui a un gros potentiel. Nous tenons à garder Dorado car c’est un cheval assez rare. J’ai eu la chance dans ma carrière de faire quelques concours 5*, des Coupes des Nations, de me rendre aux États-Unis également où j’ai une petite clientèle. Et le cheval a tout à fait le profil. Nous ne savons pas ce qu’il sautera en hauteur – c’est toujours difficile de le dire –, mais tout ce qu’il fait, il le fait avec une grande facilité ». Pour Mickaël, « c’est une belle histoire. Marie et Frédéric Busquet nous ont vraiment fait confiance. Après un échange avec Leslie, nous leur avons confié que nous avions un 3 ans qui sortait de l’ordinaire. » « Pour en avoir acheté beaucoup, on sait qu’il y a parfois un fossé entre le saut en liberté et le saut monté », poursuit Frédéric. « Mais Dorado n’est pas de ceux-là : il a toujours tout fait bien. À 4 ans, il n’a pas touché une barre. À 5 ns, il est champion de France, mention Élite et champion du CIR, et n’a de nouveau pas touché une barre. À 6 ans, il est septième du championnat – labellisé Excellent. Il fait malheureusement quatre points dans la finale mais est classé dans les meilleurs (ISO 148 en 2019). À 7 ans, il a déjà engrangé une victoire dans le Grand Prix des 7 ans de Royan début mars. » Mickaël se souvient : « C’est vrai qu’à 5 ans, nous pensions au titre...

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Mais un championnat, c’est toujours très particulier, très long, et le suspense réserve parfois des surprises ! Il y avait quarante concurrents dans la même barre avant la finale, donc Dorado n’avait vraiment pas droit à l’erreur et il n’a pas craqué. C’est mon plus beau souvenir d’éleveur à ce jour », confie le Charentais. « Dorado est monté par notre cavalier, Robin Lesqueren, qui est arrivé chez nous à onze ans en tant que cavalier propriétaire », explique Frédéric Busquet. « Désormais cavalier de tête de l’écurie, on peut dire qu’il fait partie de la famille ! Quand j’ai décidé de lever le pied sportivement et de développer l’écurie, il m’a semblé naturel que Robin prenne le relais et que je lui laisse la possibilité d’arriver au meilleur niveau comme j’ai pu le faire avec Plume de la Roque ou d’autres. La commercialisation reste le nerf de la guerre, mais tant que les couples fonctionnent, continuent de progresser et que cela valorise l’entreprise, alors nous continuons. Le jour où l’on voit que l’on plafonne un peu sportivement ou que les offres sont trop fortes, alors le moment est venu de passer la main. Avec une grosse structure, nous sommes toujours en recherche de cet équilibre. Nous aurons le même cheminement avec Dorado ! Sa qualité principale, c’est son mental : il a une envie et une implication qui sont absolument étonnantes. Il est très appliqué, c’est un bon élève et je dirais presque un peu fayot (sourires). Ce qui le rend atypique, c’est son style et sa technique de saut parfois peu académiques : il peut se vriller ou avoir les genoux un peu dessous, mais il a un tel ressort, un tel respect, une telle envie de bien faire, que cela devient anecdotique. De toute façon, un cheval qui ne met que trois barres par terre en quatre ans, c’est exceptionnel. Il a pour lui son look, mais également son équilibre. De plus, comme il est assez facile, il ne s’use pas à l’entraînement. C’est un cheval qui a une vraie marge de progression, notamment dans son mouvement à l’obstacle. » n


top price des ventes Fences qui se tenaient à l’occasion du

championnat étalon, où il termine sixième et approuvé à la monte. Highland n’est autre que le frère utérin du très performant Ryanair de Riverland (Quick Star), ISO 162 en CSI 4* avec la jeune américaine Taylor Alexander. Côté championnat, Hold Up Riverland (L’Arc de Triomphe et Presence de Riverland par Kannan) manque la victoire finale pour un seul dixième d’écart avec le lauréat. « On

est toujours déçu de ne pas être champion, mais je ne veux pas regarder en arrière », analyse Mickaël Varliaud avec philosophie. « On tourne la page, c’est le sport. Je suis très content de la prestation du cheval, c’est un très beau cheval, avec un excellent mental. Suite au concours, il a été vendu en Allemagne. La mère de Hold Up est une fille de la propre sœur de Jalis, que j’ai montée moi-même jusqu’à 7 ans. En fin d’année de 6 ans, j’avais couru avec elle trois Grands Prix Pro 2 (une fois deuxième, une fois sixième). Elle s’est ensuite blessée et j’ai été contraint de la mettre à l’élevage. » Un mal

pour un bien pour P résence de R iverland (K annan ), dont la production s’annonce prometteuse, après l’approbation de deux de ses fils : Globe de Riverland (Aldo du Plessis), étalon approuvé Zangersheide et exporté en Italie, et désormais Hold Up Riverland, étalon approuvé Selle Français. L’élevage peut de toute façon compter sur l’état d’esprit résolu de Mickaël qui adopte souvent une vision de “marche en avant”. « L’investissement dans le cheval ne se voit L’élevage de Riverland compte des gagnants dans les plus belles écuries du monde comme le compétitif Mighty de Riverland, ISO 154, au CSIW-5* de Genève en haut, et poulain dans les prés d’Alloue ci-dessus. Photos Coll.

format est que l’on gagne quasiment un an dans le devenir des chevaux », se félicite Mickaël Varliaud.

LA COMPÉTITION COMME UN MOYEN, NON COMME UNE FIN

La saison passée a apporté son lot de succès à l’élevage charentais. Avec quatre produits présents en finale du championnat étalons, Mickaël Varliaud était le second éleveur le plus représenté à Saint-Lô. Adjugé 50 000 euros au réputé élevage belge Van de Helle de Edith de Reys et Paul Maïs, Highland de Riverland (Candy de Nantuel et Nosovska des Malais par Papillon Rouge) réalise le

pas à court terme. On ne peut repartir d’une manifestation en se disant que tout est perdu », relativise le jeune éleveur. « C’est sûr que quand on a le résultat immédiat, avec la concrétisation d’une vente sur place ou un accessit, c’est toujours encourageant et valorisant. Maintenant, quand on est éleveur, on est obligé de regarder à long terme car c’est un travail de longue haleine. » Quels seraient ses conseils aux autres éleveurs ? « Je dirais de bien cibler les moments pour sortir les chevaux en concours ou pour les présenter à des clients : les chevaux doivent être prêts. Même quand la réussite n’est pas au rendez-vous, aller en concours permet d’engranger des contacts et d’avancer. Il y a toujours quelque chose à apprendre, ne serait-ce qu’en termes d’informations d’élevage. Il est important de bouger, de

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• SOUCHE JANITA Luce d’Hesperid (Quidam de Revel et Javotte D par Cor de Chasse) Bresil de Riverland (Canturano) CSIYH 1m45 avec Grégory Wathelet, désormais sous selle américaine – Ecurie HH Farm (Quentin Judge) Bridge de Riverland (Canturano Z) 1m45 avec Francisco Rocha (Por) Octavy (Diamant de Semilly et Bébé du Chateau par Grand Veneur) Sunday de Riverland (Quaprice) étalon, ISO 136, CSIYH 7 ANS avec Marc Dilasser Tigresse de Riverland (Quaprice et Octavy par Diamant de Semilly) Best Of Riverland (Mylord Carthago) GP 1m45 – écuries Pénélope Leprévost Sirene de Riverland (Quaprice et Goldiva par Paladin des Ifs) Bentley de Riverland aka Oak Grove’s Laith (London), ISO 149, GP 1m60 avec Harm Lahde (All) • SOUCHE QUIDAM DE REVEL Missrazzia de Kerser (Chapman Rouge et Razzia de Revel par Jalisco B) Delvis de Riverland (Elvis Ter Putte) ISO 148, Finaliste des championnats du Monde de Lanaken à 6 ans avec Julien Renault – écurie Timothée Anciaume Fee de Riverland (Kannan), Championne de France 4 ans Hunter avec Julien Renault Presence de Riverland (Kannan et Isis Rouge par Bleu Blanc Rouge II) Hold Up Riverland (L’Arc de Triomphe) vice-champion de France des étalons de 3 ans 2020 Globe de Riverland (Aldo du Plessis) approuvé étalon Z Qualiska de Riverland (Dollar du Murier et Isis Rouge par Bleu Blanc Rouge II) Burlington Riverland (Mylord Carthago) ISO 137, GP 145 avec Chloe Reid (USA) puis Rene Dittmer (écurie Markus Beerbaum) Scuba de Riverland (Allegreto et La Caille de Mars par Le Tot de Semilly) Cocaine de Riverland (Epsom Gesmeray) CSIYH 7 ans avec Joao Victor Castro (écurie Nelson Pessoa) Stella de Riverland (Diamant de Semilly et Razzia de Revel par Jalisco B) Arqana de Riverland (Cornet Obolensky) ISO 159, GP 155 avec Juliette Faligot Disign de Riverland (Vigo d’Arsouilles) – écurie Fernando Fourcade (Esp) Uliska de Riverland (Jarnac et Qualiska de Riverland par Dollar du Murier) Dlynska de Riverland (Quatro de Riverland), ISO 131, Finaliste championnat des 6 ans 2019, CSIYH 7 ans - écurie Pius Schwizer (Sui) Romane de Riverland (For Pleasure et Fantasia de Kerser par Saphir Rouge II) Daphne de Riverland (Air Jordan), GP des 7 ans avec Nicolas Delmotte • SOUCHE PLATIÈRE Qualinka de Riverland (Dollar du Murier et Buguette Platière par Muguet du Manoir) Djinn de Riverland (Vigo d’Arsouilles), ISO 139 - écurie Marlon Modolo Zanotelli (Bré) Valley de Riverland (Diamant de Semilly et Buguette Platière par Muguet du Manoir) Deesse de Riverland (Untouchable M), ISO 134, Finaliste championnat des 6 ans 2019 avec Franck Hériveaux • SOUCHE DE BALADINE DU MESNIL Isba du Mesnil (Muguet du Manoir et Cora du Mesnil par Hospide) Redskin de Riverland (Allegreto), ISO 164 avec Antonio Alfonso (Ita)

• SOUCHE DES MALAIS Nosovka des Malais (Papillon Rouge et Boznika des Malais par Kouglof II) Ryanair de Riverland (Quick Star), ISO 162, CSI 4* avec Taylor Alexander (USA) Un Dollar Riverland (Dollar de la Pierre), 1m50 avec Alfredo Salinetti (Ita) Highland de Riverland (Candy de Nantuel) 6e du championnat étalon SF 3 ans 2020. Approuvé étalon SF – Stoeterij Van de Helle • SOUCHE ALME Jilly de Riverland (Le Tot de Semilly et Jvins Mars par Rakosi) Eole de Riverland (L’Arc de Triomphe) CSIYH 6 ans avec Antonio Alfonso (Ita) • SOUCHE ELECTRE R apsodie de Riverland (Parco et Véloce II par Grand Veneur) Veloce de Riverland (Kalaska de Semilly), ISO 137 avec Erwan Auffret • SOUCHE VONDEEN Roumba Sange (Cumano et Vol au Vent II par Le Condéen) Gold de Riverland (L’Arc de Triomphe) approuvé étalon Z - écurie Holly Smith (G-B) • SOUCHE FRAGANCE DE CHALUS Tsara du Mas Garnier (Argentinus et Natasha par Quidam de Revel) Dorado de Riverland (Untouchable M), ISO 148, Champion de France des 5 ans 2018 – Robin Le Squerren – écurie Ellipse • SOUCHE D’ELLE Referance Val de Mai (Le Tot de Semilly et Jonquille d’Elle par Type d’Elle) Deal de Riverland (L’Arc de Triomphe) Finaliste à 6 ans, CSI 7 ans – écurie Kevin Staut • SOUCHE PIRONNIÈRE Volonte de Riverland (Dollar dela Pierre et Dolly de la Smagne par Trésor de Cheux) Elite de Riverland (Kannan) CSIYH 6 ans avec Antonio Alfonso (Ita) • SOUCHE BIRDY D’OPAL Julie d’Opal (Jus de Pomme et Fanny d’Opal par Double Espoir) Fantastico Riverland (Quatro de Riverland), Finaliste à 4 ans – écuries Kevin Staut Cality de Riverland (Quality Bois Margot), GP CSI 2* avec Leslie Pelat • SOUCHE VINNY DU PRELET Feticheur Riverland (I’m Special de Muze), Champ. du CIR des 4 ans de Pompadour 2019 avec L. Pelat Europe de Riverland (Canturo), écurie Cédric Angot • SOUCHE FOR FUNETTY Carioca de Riverland (Epsom Gesmeray), GP 1m35 sous la selle de Félicie Bertrand (Haras de Clarbec) Diamant de Riverland (Diamant de Semilly), GP des 7 ans, ISO 133 avec François-Xavier Boudant Boy de Riverland rebaptisé Dreamland (Sunday de Riverland), CSI 1m45 avec Laurens Houben (Bel) / GP 150 avec Mario Maintz (All)

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REPORTAGE l HARAS DE RIVERLAND

C’est sur les pistes du Winter Equestrian Festival de Wellington de Floride que Ryanair de Riverland (à gauche), ISO 162, a réalisé ses plus belles performances sous la selle de Taylor Alexander. Ph. Sportfot L’élevage de Riverland réalise pas moins de 60 % de son chiffre d’affaires à l’export. On retrouve des représentants de l’élevage charentais dans tous les pays du monde comme ici Bresil de Riverland (Canturano), sous la selle du cavalier belge Gregory Wathelet (au centre),Un Espoir en compétition à Oliva (ci-dessus) avec Leslie Pelat et Redskin et Antonio Alfonso (ci-contre). Ph. Hervé Bonneau et Sportfot lui que je consacre mes rares moments de loisirs. » Il en va de même d’un éventuel engagement associatif : « J’ai été sollicité à plusieurs reprises pour faire partie de différentes institutions de la filière mais cela n’est pas conciliable avec mon agenda. Néanmoins, ce qui est positif, c’est d’avoir des interlocuteurs au sein de ces entités avec lesquels on peut facilement communiquer, et qui demandent nos avis sur tel dossier ou telle réforme, même si on ne fait pas partie directement du bureau ou des élus. » L’éleveur parvient-il à se dégager du temps pour se rendre sur les plus grandes manifestations ? « On essaye de se déplacer à l’étranger, mais je manque encore de temps. La structure étant désormais plus en place, je vais essayer de le faire davantage. J’essaye forcément de regarder ce qui se fait de mieux ailleurs. Je ne peux qu’être admiratif d’éleveurs comme Joris de Brabander (Stal de Muze), VDL Stud ou Paul Schockemöhle. Je tente d’analyser comment ils font pour arriver à un tel niveau. »

À n’en pas douter, la réussite de l’élevage de Riverland est elle aussi scrutée de près : « Ce que Mickaël est arrivé à faire en vingt-cinq ans est remarquable », salue Frédéric Busquet.

discuter avec ses pairs, de ne pas perdre le fil. Tout évolue vite et on doit rester actif à ce niveau-là. »

« C’est l’éleveur moderne par excellence ! On parle de Riverland comme si l’élevage existait depuis cent-cinquante ans, mais non, Mickaël est parvenu à installer son affixe comme une référence dans le paysage de l’élevage français en moins de deux générations. C’est incroyable ! »

UNE ASSIDUITÉ DE STAKHANOVISTE

GÉNÉTIQUE MÂLE

souvent des idées et le temps libre que je pourrais m’accorder est amputé par la mise en œuvre de nouveaux projets. Mais je n’ai pas de regret, je vis ma passion à fond ! J’ai également un petit garçon, Mathys, qui a deux ans et demi, c’est donc à

importante. J’essaye de diversifier, d’utiliser des jeunes pour aller de l’avant. J’avais par exemple mis deux poulinières à Glock’s London quand il n’avait que six ans. Nous avions des

Actif, ce n’est pas peu de le dire ! Acharné de travail, Mickaël Varliaud n’a pas ménagé ses efforts pour en arriver là. À la question de savoir s’il a d’autres hobbies, il répond avec humour : « Trouver du temps pour dormir ! » Très dans l’ère du temps, dynamique, ambitieux, l’éleveur n’est pas de ceux qui s’endorment sur leurs lauriers. « Le problème, c’est que j’ai

À l’égal des plus grands haras européens cités plus haut, l’élevage de Riverland possède aujourd’hui un cheptel impressionnant . Face à un nombre de croisements pléthoriques à réaliser chaque année, comment le Charentais procède-t-il ? Nouveaux talents, étalons confirmés, valeurs sûres françaises ou cracks internationaux, comment Mickaël répartit-il les saillies ? « Nous avons une pépinière de juments

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REPORTAGE l HARAS DE RIVERLAND London à commercialiser lorsque le cheval a explosé sur la scène internationale. Ce fut le cas d’Oak Grove’s Laith, ex-Bentley de R iverland (L ondon et S irène de R iverland par Q uaprice – souche Manuela), ISO 149, que nous avons vendu à cinq ans et qui a sauté son premier Grand Prix 160 en février sous selle allemande. » On peut également citer en exemple Triomphe

Riverland, qui est issu de la deuxième année de monte de Cornet Obolensky en France, quand ce dernier n’avait que sept ans. Ces croisements audacieux et précurseurs attirent incontestablement la clientèle. Mickaël a récemment fait confiance à des étalons peu connus du grand public comme Grand Slam VDL (Cardento et Wonder A.S. par Heartbreaker) ou I’m Special de Muze (Emerald et Exquis Walnut de Muze par Nabab de Rêve), le père de Féticheur Riverland, champion du CIR des 4 ans de Pompadour en 2019 avec Leslie Pelat. Comment Mickaël découvre-t-il ces nouveaux reproducteurs ? « Dès que nous de

nous déplaçons en concours, je prête beaucoup d’attention aux origines. De plus, nous avons désormais des outils numériques qui nous permettent de suivre les résultats bien plus facilement qu’avant. » Est-il spécialement fidèle à la race Selle Français ?

« Je suis attaché à notre stud-book et je suis persuadé qu’il faut faire attention à garder notre génétique française »

Autre atout majeur, l’élevage de Riverland est à la pointe de la communication grâce à la présence d’un chargé de promotion, Thomas Garnier. Ph. Coll « Je suis convaincu qu’on s’est laissé un peu trop aspirer par la mode des chevaux étrangers, moi y compris. Je ne dis pas qu’il ne faut pas y aller, car nous sommes désormais dans une ère du cheval européen. Mais je suis attaché à notre stud-book et je suis persuadé qu’il faut faire attention à garder notre génétique française. C’est ce que les étrangers viennent chercher chez nous. Il faut essayer de conserver des saillies d’étalons Selle Français, je vais en tout cas tâcher de m’y atteler. »

GÉNÉTIQUE FEMELLE

La curiosité est encore plus forte concernant la gestion des reproductrices de Riverland. Comment Mickaël Varliaud parvient-il à trier, sélectionner et faire évoluer son cheptel ? « Cela a été un peu long : toutes les très bonnes pouliches sont retournées immédiatement à l’élevage. J’ai gardé une ou deux générations de filles que j’ai mises rapidement à la reproduction après les avoir testées sur les barres sans passer par la case compétition. L’idée était d’aller plus vite et de favoriser le progrès génétique. » Mickaël

Riverland a signé un retour tonitruant sur le circuit Étalon des concours d’élevage en repartant de la finale de Saint-Lô avec un titre de vice-champion de France des 3 ans pour Hold Up Riverland (ci-dessus avec Mickaël Varliaud à la remise des prix) et le top price des Ventes Fences web/ Championnat SF avec Highland de Riverland, (en haut), adjugé 50 000 euros. Ph. Les Garennes

peut désormais compter sur des bases solides. « Certains diront qu’il faut que les mères aient sauté des épreuves 5* pour faire des bonnes poulinières. Moi, j’ai préféré miser sur les bonnes souches et voir rapidement comment elles produisaient. Aujourd’hui, j’ai énormément de très bonnes juments à l’élevage. Certaines d’entre elles auraient pu faire de très belles carrières en compétition », reconnaît-il. « C’est le jeu et la concession que j’étais prêt à faire. » Et c’est avec ce raisonnement que le jeune éleveur est parvenu en dix ans à élever considérablement son niveau de production : « La propre-sœur de Quatro de Riverland, Stella de Riverland, a ainsi produit Arqana de Riverland après avoir été saillie à trois ans.

Typiquement, c’est une jument qui, si nous l’avions mise au sport, ne nous aurait pas transmis ce joyau. Arqana est aujourd’hui tout ce que nous recherchons : moderne, pleine d’énergie, réactive. »

À Riverland, l’idée du cheval à produire va naturellement de pair avec l’évolution du sport et ce que demandent les clients. Plusieurs représentantes d’une même famille cohabitent dans les prés. Pourquoi l’éleveur ne concentre-t-il pas son activité

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Arqana de Riverland, l’ambassadrice

C

AGENCE ECARY

eux qui l’ont vue une fois s’en souviennent. Arqana de Riverland, dix ans, ne peut renier son père, Cornet Obolensky, dont elle a hérité le tempérament impétueux et la robe grise. Sa deuxième mère, Razzia de Revel, achetée par Jean-Marie Varliaud à Serge Drevet (élevage de Kerser), n’est autre que la propre sœur de Quidam de Revel. Un pedigree de championne que ses aptitudes ne semblent pas trahir. Arqana, ISO 159 (2019) est le premier produit de sa mère, Stella de Riverland (Diamant de Semilly), qui a pouliné à quatre ans. Juliette Faligot, trente-quatre ans, basée aux écuries de la Blanche à Bailleul (59) en est la cavalière et la copropriétaire. « Marius Huchin (Haras des Princes) avait acheté Arqana alors qu’elle était foal. La jument a été montée à quatre ans par Romain Potin et à cinq ans par le cavalier maison de Marius, Louis Delplace. À six ans, elle réalise une année blanche sans tourner en compétition, car Louis était parti à l’étranger. N’ayant plus de cavalier, Marius Huchin me l’a mise au travail l’hiver de ses six à sept ans. Quand elle a été à vendre, elle a été essayée plusieurs fois sans que cela ne se concrétise. Je sentais néanmoins qu’il ne fallait pas tarder à prendre une décision sous peine de la voir partir. Nous n’achetons pas beaucoup de chevaux, mais pour Arqana, nous avons fait une offre, en copropriété avec mes parents. Comme elle n’avait pas tourné à six ans, nous avons dû reprendre les choses gentiment à sept ans sur les épreuves 125, mais la jument n’a pas tardé à confirmer son potentiel. » Arqana remporte son premier Grand Prix des 7 ans lors du CIR de Compiègne en 2017. Un mois et demi plus tard, elle termine quatrième du championnat des 7 ans. « J’ai rencontré Mickaël Varliaud pour la première fois lors de cette finale à Fontainebleau », raconte la championne de France Jeunes cavaliers 2006. Les bons résultats s’enchaînent ensuite rapidement avec en point d’orgue une quatrième place dans le Grand Prix du CSI 3* du Touquet (62), une cinquième place

dans le Grand Prix du CSI 3* de Béthune (62) ou encore une victoire dans le Grand Prix CSI 2* d’Hardelot (62). « Arqana est explosive, très dans le sang. Il a fallu beaucoup de temps pour la canaliser et nous sommes allées crescendo, à son rythme. Ses principales qualités sont bien sûr son énergie, son respect et surtout son intelligence. C’est une jument qui ne se fait jamais piéger ! Nous aborderons certainement cette année les Grands Prix 160. Nous l’avons vraiment achetée avec mes parents pour le sport et pour se faire plaisir, nous restons donc sur cette idée-là. L’organisation des écuries a été pensée de manière telle que les pôles (écurie de concours, centre équestre, insertion de jeunes en difficulté) se financent les uns les autres et me permettent de garder des chevaux pour faire du sport de haut niveau. Suivant le même raisonnement, la jument n’a pour l’heure pas fait de transfert d’embryon. » Le meilleur semble à venir pour la très convoitée jument grise et sa cavalière, qui forment une paire féminine loin de passer inaperçue. n

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REPORTAGE l HARAS DE RIVERLAND uniquement sur les meilleures ? « Il est pour moi difficile de condamner une jument, j’ai du mal à ne leur laisser qu’une ou deux générations de recul avant de les réformer. Il arrive qu’elles fassent un ou deux poulains normaux avant d’en produire un fantastique ! Je leur donne peut-être trop, mais ma philosophie est de leur laisser du temps, comme à mes jeunes chevaux. » De la

même manière, Mickaël pratique peu le transfert d’embryon. Et n’a pas encore pratiqué l’ICSI (injection intra-cytoplasmique de spermatozoïde) à Riverland. « Je m’y suis intéressé, mais pour l’heure nous ne sommes pas encore passés à l’action. »

« SORTIR LE CRACK »

« Ce qui est ironique, c’est que j’ai commencé à élever pour avoir des chevaux de concours à monter, et pour finir, l’élevage a pris des proportions telles que j’ai dû arrêter de monter à cheval pour faire de l’élevage », s’amuse Mickaël. « Néanmoins, je ne regrette rien. Je ne dis pas, bien sûr, que je n’ai pas envie de monter sur un cheval, parfois, quand j’en vois sauter dans la carrière. » Mais

le Charentais aime se donner à fond pour concrétiser ses objectifs et aller au bout des choses : « C’est pour cela que cette

globalité. Dix années ont été nécessaires pour augmenter la production en suivant la ligne directrice que je m’étais fixée. J’espère que les poulains à naître seront à la hauteur des investissements menés et viendront confirmer mes choix. Depuis trois, quatre générations, je sens vraiment une grosse évolution dans la qualité et l’homogénéité de la production. » Si Mickaël Varliaud confie

au détour de l’interview qu’arriver à une structure d’une telle envergure n’était pas son idée de départ, une chose est sûre : il est parvenu en dépit de cela à inscrire aujourd’hui Riverland parmi les réussites les plus remarquables de l’élevage français. À quarante ans, l’avenir semble prometteur : il est en passe de devenir le chef de file des éleveurs next generation.

NOUVELLES PERSPECTIVES D’AVENIR AVEC KEVIN STAUT

En fin d’année dernière, Kevin Staut et Didier Krainc, fondateur et manager de Vivaldi, annonçaient la naissance de Vivaldi-Jumping, la première écurie de groupe, inspirée du monde des courses et déclinée pour les sports équestres (voir L’EPERON n°384). Ce groupe, limité à vingt investisseurs, vise à constituer un piquet de chevaux de saut d’obstacles, à À gauche, en haut, Isis Rouge, propre sœur de Jalis de Riverland, est ici suitée de Présence de Riverland (Kannan), la mère du récent vicechampion de France des étalons de 3 ans, Hold Up Riverland. Ph. Coll. À gauche, au centre, Jean-Marie Varliaud, ici à cheval, qui travaille dans l’agro-alimentaire, est partie prenante dans la réussite de son fils Mickaël. Ph. Coll.

décision s’est imposée, pour la bonne gestion de mon entreprise. » Frédéric Busquet confirme : « Mickaël est quelqu’un qui a su s’investir, c’est un gros travailleur… Il ne doit pas être si facile de le suivre ! » Sa capacité à bâtir de toute pièce un système et à

maintenir le cap impressionne. De sa personnalité se dégage une volonté d’indépendance, de faire ses propres choix et d’en assumer seul les conséquences, bonnes ou mauvaises, de manière responsable. Une des personnes les mieux placées pour évoquer la personnalité de Mickaël, son père, loue cette persévérance : « C’est grâce à son acharnement, son exigence envers lui-même et les autres, sa capacité à réaliser les choses et à prévoir le futur proche et plus lointain que l’entreprise en est là aujourd’hui. » Quel rêve anime aujourd’hui l’éleveur à succès ? « C’est bien sûr de sortir LE crack qui fait rêver, le cheval mythique », confie Mickaël avant de tempérer : « S’il doit arriver, il arrivera. Mais aujourd’hui, je crois que je préférerais tout autant fabriquer de plus en plus de chevaux pour les 5* et avoir une régularité dans la production à ce niveau-là. Bien sûr que le crack, on y pense tout le temps et on travaille pour cela, mais ce qui nous fait vivre c’est la production en général, il faut qu’elle soit bonne dans sa

raison de deux à quatre acquisitions par an. L’objectif à long terme est évidemment que l’un d’entre eux puisse un jour atteindre le plus haut niveau de compétition et être par la suite commercialisé. Après la crack Cheppetta (Cheppetto et My Cash par Cash), acquise au mois de mars en partenariat avec l’écurie Château Bacon, Vivaldi Jumping a jeté son dévolu sur deux jeunes espoirs de Riverland : Deal (L’Arc de Triomphe et Referance Val de Mai par Le Tot de Semilly) et Fantastico (Quatro de Riverland et Julie d’Opal par Jus de Pomme), pour lesquels Mickaël reste associé. « Pour moi, c’était une première fois à Riverland », raconte Kevin Staut. « Je m’y suis rendu après le Jumping de Bordeaux. Je suis depuis longtemps ce que Mickaël fait et je connaissais déjà bien Leslie Pelat, sa compagne, car nous tournions en épreuves Juniors ensemble. Comme toutes les personnes qui se rendent à Alloue, j’ai été impressionné par la structure. C’est de l’élevage à grande échelle, mais avec la volonté d’allonger la chaîne qui va de la production aux premières manipulations, puis à la commercialisation. L’idée de Mickaël est vraiment d’accompagner ses chevaux de plus en plus longtemps, et d’en faire vieillir un plus grand nombre, soit en

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Ne négligeant aucune piste pour valoriser l’écurie, Mickaël Varliaud a conclu des partenariats avec certains cavaliers internationaux comme Grégory Wathelet, pour Brésil de Riverland, ou avec Kevin Staut, qui prendra en charge l’évolution de deux protégés de Riverland. Ph. E. Knoll


REPORTAGE l HARAS DE RIVERLAND s’appuyant sur sa propre équipe, soit en travaillant avec des cavaliers à l’extérieur. Riverland concrétise l’industrialisation de l’élevage : je n’aime pas ce terme, mais il est approprié pour la structure et à prendre dans le bon sens du terme. Il y a des élevages assez conséquents en quantité et qualité partout en Europe : en Allemagne, Hollande, Belgique. Mais il y en a moins en France. Je pense que Mickaël est celui qui, dans sa réflexion, dans sa capacité à faire évoluer son élevage, ses équipes, dans son feeling, saura prendre le relai de l’élevage en France. Il va permettre de s’approvisionner en chevaux de qualité sans avoir à aller forcément à l’étranger. Ce qui vient renforcer les compétences de Mickaël, c’est qu’il est assez complet, il a le sentiment du cavalier. Bien qu’il ne monte plus en compétition, il a l’expérience en épreuves et sait ce que c’est qu’un cheval, pas uniquement à l’œil mais aussi dans son ressenti sous la selle. Il a la chance de pouvoir travailler, malgré la taille de son entreprise, dans une ambiance familiale. C’est quelque chose que l’on ressent quand on se rend à Riverland : il y a de bonnes ondes, un bon état d’esprit. Cela se retrouve aussi dans le caractère des chevaux et quand on les essaye, au-delà de la partie purement technique du dressage et de la disponibilité. Cet aspect mental est très important pour nous cavaliers. Grâce à son expérience déjà grande malgré son âge – nous sommes de la même génération –, Mickaël a le recul sur les croisements, sur sa propre jumenterie ou les étalons qu’il utilise, que ce soit les siens ou ceux de l’extérieur. Il a à la fois cette sérénité, et l’envie

« J’aimerais sortir LE crack qui fait rêver, le cheval mythique » Mickaël Varliaud de s’améliorer continuellement et d’innover pour faire évoluer sa production. Sur le travail des chevaux, Mickaël adore le sport et le haut niveau, ce qui lui permet de rester connecté. Leslie et lui ne restent pas dans leur coin, mais osent se déplacer dans des concours au-delà de nos frontières. Une collaboration ne s’était jamais concrétisée jusque-là. Tout vient avec le temps ! J’ai travaillé pour deux très grandes “marques” de production de chevaux que sont le Haras de Hus et HDC. J’avais une forme d’exclusivité qui ne me permettait pas forcément d’accueillir des chevaux de l’extérieur. Maintenant que je suis de nouveau indépendant, j’ai cette envie de m’ouvrir et de me rapprocher de certains éleveurs. Mickaël et moi avons discuté et nous sommes d’accord sur pas mal de points. Avant ma venue à Riverland, j’avais laissé à Mickaël la liberté de faire une sélection, de choisir les chevaux qu’il pensait pouvoir fonctionner avec moi et mon système. Sur place, j’en ai essayé sept ou huit. J’ai trouvé que Deal et Fantastico pouvaient être intéressants. Nous restons néanmoins en contact avec Mickaël pour d’autres chevaux qui pourraient se révéler prometteurs. C’est nouveau pour moi d’investir dans de si jeunes chevaux. Avec Vivaldi, nous avons une stratégie d’élargissement du panel de l’écurie. Nous avons une part dans une jument d’expérience, Cheppetta, pour aller sauter les 5*, mais nous souhaitons aussi penser à l’avenir en choisissant de plus jeunes chevaux qui assureront le roulement futur et permettront de continuer à exister plus longtemps dans le sport. Deal et Fantastico sont des chevaux qui restent bien sûr à former : Fantastico va poursuivre son apprentissage à Riverland. Pour Deal, sept ans, nous prévoyons un passage de témoin prochain. Le but est vraiment de s’alimenter dans la durée en chevaux de qualité. La valorisation via le sport amènera à commercialiser ou à garder les chevaux dans un système sportif. C’est particulièrement sur ce volet que nous sommes sur la même longueur d’ondes : nous souhaitons nous servir de la vitrine sportive pour valoriser les chevaux, le but n’est pas de faire un “coup de commerce” en quelques mois. Pour en revenir à ces deux chevaux, Fantastico est un cheval avec beaucoup d’énergie. Il a une très belle technique de saut et beaucoup de sang comme je l’aime. Deal est un cheval plus atypique, c’est un cheval qu’il fallait plus “deviner” sur les vidéos, mais le sentiment dessus est excellent, il présente beaucoup de puissance. Depuis que je l’ai essayé, le cheval a déjà beaucoup évolué dans sa technique de saut. Les

Ninon Castex (en haut), double championne d’Europe Poney avec Quabar des Monceaux, est nouvellement venue renforcer le pôle valorisation et compétition de l’élevage en tant que cavalière de concours. Ici, lors de ses premiers parcours en 2020 avec Énergie de Riverland (Qlassic Bois Margot). Ph. Coll. Après avoir réalisé vingt-et-un parcours sans faute d’affilée, dont trois lors de la finale, Dorado de Riverland (ci-dessus) devient champion de France incontesté des 5 ans en 2018. Une fierté pour son éleveur, à droite et sa propriétaire, Marie Busquet, à gauche. Ph. PSV deux sont assez complémentaires : Fantastico est un cheval avec énormément d’influx, il sera un vrai cheval de concours. Deal, par ses moyens, sa force a quant à lui tout le potentiel pour sauter des grosses épreuves dès l’année prochaine ! » Un ambassadeur de

choix pour Riverland, dont l’histoire ne semble pas prête de se terminer. n Émilie Le Guiel

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ÉTUDE Arrivé dans les écuries de Luciana Diniz en mars 2019, Vertigo du Désert a réalisé une superbe ascension qui lui a permis d’être dans le top 100 mondial dès la fin de cette même année. Ph. Scoopdyga

VERTIGO DU DÉSERT, AUX CONFINS DES RÊVES Révélé par Alice Tréhoust, magnifié par Luciana Diniz, Vertigo du Désert, né chez Laurent Aubaux, confirme son potentiel. Au point que sa cavalière a annoncé vouloir lui faire courir les J.O. ! Issu d’une souche Pur-sang anglais tournée vers le saut d’obstacles, ce fils de Mylord Carthago est le troisième sujet de sa famille à fouler avec succès les pistes des CSI 5*. Zoom sur cette belle lignée et sur le parcours de ce champion qui n’a rien d’une traversée du désert.

L

es chevaux ont parfois des capacités qu’ils ne soupçonnent pas eux-mêmes, comme celle de réunir les gens et de leur faire partager les mêmes rêves. Vertigo du D ésert (M ylord C arthago et Kamelia des Brumes par Robin II Z) fait partie de ceux-là. Auteur d’une superbe saison 2019 associée à sa nouvelle cavalière Luciana Diniz, il emporte dans son sillage tous ceux qui l’ont côtoyé et aidé à atteindre le top niveau. À commencer par Laurent Aubaux, son naisseur, qui a démarré son élevage en 2009 avec l’arrivée de Vertigo. Ce passionné, qui travaille à l’agencement de magasins, décide il y a douze ans d’installer ses chevaux dans la ferme familiale à Plerguer, en Ille-et-Vilaine, non loin de Saint-Malo et de Dol-de-

Verti go à deux an

s

Bretagne : « J’ai acheté K amelia des Brumes, la mère de Vertigo, pleine de Mylord Carthago (Carthago), à l’élevage des Étisses en 2008. J’ai démarré mon Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•93

élevage avec trois bonnes juments de souches différentes, mais celle qui avait ma préférence était clairement Kamelia, que je trouvais faite en "père". J’ai dû faire un crédit à la consommation pour l’acheter ! », s’amuse Laurent Aubaux. « Elle était borgne mais se déplaçait très bien et avait un vrai cadre. C’est une jument un peu méfiante et il m’a fallu gagner sa confiance. » Quelques mois plus tard, l’éleveur voit donc naître un mâle. Deux autres poulains vendus sous la mère la même année lui permettent de conserver Vertigo à l’élevage. Lorsque le poulain est âgé d’un mois et demi, Laurent Aubaux décide de l’emmener dans un concours d’élevage, non loin de chez lui, à Dinard. Face à des poulains plus âgés, Vertigo termine à l’avant-dernière place mais un cour-


ÉTUDE l VERTIGO DU DÉSERT tier fait une offre d’achat que Laurent Aubaux décline. Le poulain grandit au Désert, dans les prairies de Plerguer, non loin de la chèvrerie des parents de Laurent Aubaux, et suit le protocole que l’éleveur applique systématiquement à sa production : « Je leur fais tous passer une visite vétérinaire et suivre un débourrage. Dès les premières séances de saut en liberté, Vertigo montrait une bonne bascule, beaucoup de force et de sang », se souvient Laurent Aubaux.

La patience d’Alice

Le courtier qui avait vu Vertigo poulain l’achète finalement à trois ans avant de le céder aux écuries du Zénith, à Valérie et Yannick Tréhoust, conseillés aussi par leur cavalier d’alors, Marc Lucas. L’idée, à terme, était d’avoir un bon cheval de concours pour leur fille Alice. Vertigo démarre gentiment sur le circuit de cycle classique à 4 ans avec Marc Lucas, avec à la clé pas mal de parcours sans faute. À 5 ans, toujours avec le même cavalier, il réalise une bonne saison avec une douzaine de tours sans faute, ce qui lui permet de se qualifier pour la finale de Fontainebleau où il réalise un sans faute sur deux. Il intègre ensuite le piquet d’Alice Tréhoust, qui démarre avec lui sur de petits internationaux en Espagne. « Nos débuts n’ont pas été simples. Vertigo attendait la moindre occasion pour faire une bêtise au paddock. Il avait beaucoup d’énergie, du sang et de la fougue, et pouvait un peu courir dans ses barres en piste, ce qui pouvait lui jouer des tours, dans les combinaisons notamment. J’ai beaucoup travaillé avec Michel Robert, puis avec Olivier Robert. Tout doucement, nous avons réussi à avoir un cheval plus en place », explique la cavalière. Durant son année de 6 ans, le cheval se blesse au paddock et suite à sa convalescence, Alice en profite pour peaufiner le travail de fond. Vertigo reprend le chemin de la compétition l’année suivante avec succès. « J’ai toujours essayé de ne pas trop le mettre en difficulté. On l’a engagé sur de plus gros parcours quand il a été prêt. Il était sans faute à chaque fois. C’était vraiment dans les petits détails que les choses se jouaient pour l’avoir à 100 %, mais il montrait toujours la même qualité de saut », précise l’amazone, désormais installée en Normandie, près d’Orbec, avec son futur mari, le Belge Gaëtan Decroix.

Un choix difficile

Courant 2017, Alice et son "Verti" poursuivent leur progression sur des épreuves 140, puis 145 et les premiers résultats arrivent en 2018. C’est vraiment dans la seconde partie de saison que le couple pointe aux classements en CSI 3* et 4*. « Lors de la tournée au Maroc à l’automne 2018, le cheval a encore franchi un cap. Il se classe troisième d’une grosse épreuve du CSI 4* à El Jadida et début 2019, il ter-

mine septième d’un Grand Prix 3* à Oliva. Le cheval m’a toujours été régulièrement demandé mais, à partir de ce moment, nous avons commencé à recevoir des offres très sérieuses, des offres qui font réfléchir. C’est sûr que j’aurais pu poursuivre et faire de beaux concours avec lui mais pour entrer dans les épreuves 5*, c’est plus compliqué. » Quand la perspective de voir entrer le cheval dans le piquet de la Portugaise Luciana Diniz s’est présentée par l’intermédiaire de Alexandra Rantet, la jeune femme n’a pas beaucoup hésité : « Le fait qu’il puisse aller chez Luciana a tout fait basculer. Je savais que cela lui ouvrirait les portes du top niveau et que sa carrière serait valorisée. C’est ce qui m’a décidée. Je savais aussi qu’on passerait moins de temps en concours dans les mois qui suivaient car mon conjoint, malade, devait se faire soigner. C’est aussi à cette époque qu’il a fait le choix de confier son étalon, Quel Homme de Hus (Quidam de Revel), au Belge Jérôme Guéry, avec de belles victoires par la suite », note Alice, qui n’a finale-

ment pas regretté son choix. Elle admet cependant que le départ de "Verti" a été un « véritable crève-cœur ». Vertigo arrive mi-mars 2019 dans les écuries de la cavalière portugaise, le couple se forme rapidement et enchaîne les belles performances. La paire est à la remise des prix des trois épreuves auxquelles il participe à Aix-La-Chapelle. À l’aise sur les grands terrains en herbe comme sur les pistes intérieures, Luciana et Vertigo prennent une très belle deuxième place dans le Grand Prix Coupe du Monde à Oslo en octobre et affichent de nombreux classements et victoires en épreuves 4* ou 5* comme à Madrid, Munich, Cascais, Lyon, Gijón... Des bons résultats qui valent à Vertigo du Désert une 83e place au dernier classement de la WBFSH des meilleurs chevaux mondiaux et qui ont incité sa cavalière à préférer le gris à sa Fit for Fun pour la prochaine échéance olympique de Tokyo.

Les Brumes avant le Désert

Vertigo n’est pas le seul bon produit Mabel. Ph. Coll. L’EPERON/Xavier Libbrecht

N

Mabel avant Julia et Vertigo uance du Louvier, la troisième mère de Vertigo du Désert, avait aussi une propre sœur, Mabel du Louvier (Diamant),

qui a fait les belles heures de Bruno Mortemard de Boisse avec qui elle formait un véritable couple. Arrivée chez son cavalier à l’âge de six ans, la délicate et fine Mabel a exigé que le cavalier fasse preuve de beaucoup de patience : la jument était même retournée au pré quelque temps à la fin de son année de 6 ans, avant de reprendre avec succès la compétition l’année suivante. En 1987, le couple terminait dixième du critérium 1 ère catégorie, avant de courir le championnat l’année suivante où il terminait onzième, affichant en 1988 un ISO de 166. « Mabel était une vraie petite balle. Pas très grande mais hyper énergique », se rappelle d’elle Sandrine Fourrière. Mabel fit aussi quelques parcours en CSIO sous la selle de Jean-Marc Nicolas, avec notamment une victoire dans la Coupe des Nations à Lisbonne et une troisième place dans le Grand Prix du CSIO. Nuance et Mabel étaient issues d’une jument Pur-sang, Viveca, que leur éleveuse en Isère, Andrée Ailloud, avait confiée plusieurs fois à Diamant (Red Star II). À la fin des années 1970, l’étalon faisait la monte dans la station des Haras Nationaux, installée sur le site de son élevage à Primarette. « Diamant m’a séduite par son papier très imprégné de sang pur : fils du Pur-sang Red Star II, il possède aussi, grâce à sa mère Olga (Juriste), le sang du chef de race Ultimate. Mabel et Nuance sont donc restées très proches de la race pure », expliquait Andrée Ailloud, lors d’une interview dans nos colonnes en 1989. Initialement destinée à produire en race Pur-sang, Viveca avait finalement été utilisée comme poulinière de croisement. Cette fille de Escorial, un gagnant de la Triple couronne, a démarré une carrière en course mais sa tendance à rester au milieu du peloton a incité sa propriétaire à la ramener au haras à l’âge de cinq ans où sa carrière a aussi connu quelques déboires : pleine à plusieurs reprises de jumeaux, la jument n’est pas allée au terme de ses gestations. n A.C.

94 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020


SCOOPDYGA

Ci-dessus, après avoir évolué sous la selle de Claude Castex, Julia des Brumes a tourné à haut niveau avec Jurado Ricardo. Ci-dessous, Kamélia des Brumes, la mère de Vertigo du Désert, était suitée en 2019 d’une pouliche de Vivaldi du Seigneur. Elle poursuit désormais sa carrière de reproductrice en transfert d’embryons. Ph. DR

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•95

de Kamelia des Brumes. À l’élevage des Étisses où elle avait produit auparavant, elle avait donné naissance à Urbana des Étisses (Marlou des Étisses), ISO 142 en 2017, qui a été exportée en Amérique du Sud et a bien tourné en 2017 avec Bruno Passaro, cavalier argentin. Takine des Étisses (Marlou des Étisses) a bien figuré en CSI 2* et 3* avec FrançoisXavier Boudant et Lionel Maurice, et affiche un ISO de 147 en 2016. Si K amelia des B rumes a été achetée par Laurent Aubaux à l’élevage des Étisses, c’est bien à l’élevage des Brumes de Sandrine Fourrière, située en baie du Mont Saint-Michel, qu’est née la jument. C’est aussi là que Facelia des Brumes, la mère de Kamelia, issue du croisement entre Nuance du Louvier (Diamant) et Thurin (Grand Veneur), a vu le jour. Nuance du Louvier, la troisième mère de V ertigo du D ésert , a bien tourné en compétition avec Nicole Lafon du côté de la Provence. Elle s’est illustrée sur des épreuves B2, B1 (135-140) à la fin des années 1980 et affiche un ISO de 124 (1988). « J’ai démarré l’élevage à la fin de l’année 1991 et début 1992, j’ai acheté Nuance. Elle avait fait une belle carrière et sa cavalière voulait lui assurer une belle retraite à l’élevage. Saillie en 1992 par Thurin, elle m’a donné Facélia des Brumes, l’année suivante », explique Sandrine Fourrière. « Nuance était facile à croiser, c’était une petite jument noire, pleine de sang, très énergique. Et elle avait un papier avec des chevaux qui n’existaient pas en Normandie. C’était très facile de lui trouver des étalons avec des courants de sang qu’elle n’avait pas. Il fallait lui ramener de la force », explique aussi Sandrine Fourrière. Facélia des Brumes, la première fille de Nuance, est restée toute sa vie à l’élevage, « chez moi ou chez Jean-François Batillat avec qui j’ai toujours travaillé. Il n’avait pas son pareil pour imaginer de bons croisements ! » souligne l’éleveuse. Facélia avait trois ans quand Sandrine Fourrière a eu un coup de cœur pour Libero H. « Nous regardions la télé, et nous avons vu ce cheval dans la Coupe du Monde. Il était mal arrivé sur un oxer et a remis un coup de jarret au milieu pour s’en sortir. Je me suis dit qu’il fallait absolument l’utiliser. Quelques jours plus tard, nous avons donc amené Facélia qui avait trois ans aux Pays-Bas pour la faire saillir. Nous sommes restés trente-six heures sur place. C’était compliqué avec les Néerlandais et nous avons pu finalement l’inséminer. De retour en Normandie, elle était pleine et nous a donné Julia des Brumes qui a été une superbe jument de concours », note l’éleveuse. Confiée à Robin II Z, Facélia donne l’année suivante Kamelia, vendue avec sa sœur aînée à l’élevage des Étisses. « Pouliche, Kamelia manquait peut-être un peu de chic et Julia était vraiment


ÉTUDE l VERTIGO DU DÉSERT

La souche résumée de Viveca (Escorial) PS, 1964 Illia du Louvier (Cri Cri), SF, 1974 mère de : Tibau des Sources (Sources (Diamant), SF, 1985 ISO 138 (94) Mabel du Louvier (Diamant), SF, 1978 grande gagnante internationale, CSIO ISO 166(88) Kandy de Bellou (Diamant de Semilly), SF, 1998 ISO 134(08) : Nuance du Louvier (Diamant), SF, 1979 ISO 124(88), a 5 produits dont : Facelia des Brumes (Thurin), SF, 1993 mère notamment Julia des Brumes (Libero H), SF, 1997, grande gagnante internationale, ISO 169(11) Kamelia des Brumes (Robin II Z), SF, 1998, mère notamment de : Oranie des Étisses (Quidam de Revel), SF, 2002 finaliste à 5 ans ISO 124(07) Takine des Étisses (Marlou des Étisses), SF, 2007 CSI ISO 147(16) Urbana des Étisses (Marlou des Étisses), SF, 2008 finaliste à 5 ans, CSI, ISO 142(17) Vertigo du Désert (Mylord Carthago), SF, 2009 grand gagnant internationale, ISO 172(19) Beasty Boy du Désert (Arko), SF, 2011 finaliste à 4 ans ISO 120(15) Darjeeling du Désert (Niagara d’Elle), SF, 2013 ISO 117(19) Earl Grey du Désert (Baloubet du Rouet), SF, 2014 cycles classiques 5 ans ISO 129(19) I Believe du Désert (Urano de Cartigny), SF, 2018 I Can fly du Désert (Big Star), SF, 2018 Filae du Désert (Herald), SF, 2015 Galaxie du Désert (Vivaldi du Seigneur), SF, 2016 Izia du Désert (Coldparadise Flamingo), Oc,2018 Jasmine du Désert (Vivaldi du Seigneur), SF,2019 Oclay des Étisses (Quidam de Revel), SF, 2002 excellent à 6 ans ISO 143(08) Lolita des Brumes (Fastourel du Cap), SF, 1999 ISO 117(09) Phacelia des Brumes (Flipper d’Elle), SF, 2003 ISO 127(14) Icelia des Brumes (Narcos II), SF, 1996 mère notamment Celia de Sirius (L’arc de Triomphe), SF, 2012, finaliste à 5 ans ISO 120(17) Qrack du Louvier (Agrib), Aa, 1982 ISO 123(88) ICC 120 (94)

Après avoir fait de belles épreuves avec Vertigo, Alice Tréhoust a préféré permettre à sa monture d’évoluer encore en le confiant aux soins de Luciana Diniz. Ph. Eric Knoll

une superbe pouliche. Elle a peut-être été dans l’ombre de sa sœur », poursuit la naisseuse des juments. Si Kamelia n’a pas fait une grande carrière en compétition, Julia se montre brillante sur les terrains et réalise avec Claude Castex une belle carrière en catégorie Jeunes chevaux pour le compte de l’élevage des Étisses avant d’être vendue. Elle tourne ensuite sous couleurs espagnoles avec Ricardo Jurado. Classée 230e au classement mondial en 2007, titulaire d’un ISO de 169 (2011), Julia des Brumes affiche plusieurs victoires en Grands Prix inter-

Viveca

présent, j’ai préféré faire mes propres choix et tenter d’autres croisements que j’avais en tête. Mais Kamelia prend de l’âge et même si elle est fertile, il faut tenter M ylord car je pense qu’après je vais la laisser tranquille. » Mais grâce à ses différentes filles et désormais petites-filles, la relève de Kamelia est déjà assurée à l’élevage du Désert. Earl Grey du Désert, une fille de Baloubet du Rouet et de Kamelia a montré de très bonnes choses en cycles classiques avec treize parcours sans faute sur quinze, sous la selle de Marc Le Berre l’an passé et affiche déjà

« Le fait qu’il puisse aller chez Luciana a tout fait basculer. Je savais que cela lui ouvrirait les portes du top niveau » Alice Tréhoust nationaux et Coupes des Nations : finale de la Coupe des Nations à Barcelone en 2009, Grand Prix de Barcelone en 2007, Grand Prix du CSI 3* à Dinard en 2010… Julia des Brumes défend ensuite les couleurs américaines d’Andrew Ramsay dans de nombreux CSI 3* en Europe et outre-Atlantique. Elle finit sa carrière sous la selle d’Audrey Coulter avant de devenir poulinière pour le compte de Ramsay aux Pays-Bas. Facelia des Brumes, la mère de Kamelia et Julia des Brumes, a donné plusieurs autres produits bien indicés et notamment Oclay des Étisses (Quidam de Revel), ISO 143

(2008). En 2003, Facelia a aussi donné Phacelia des Brumes, ISO 127 (2014).

Une suite assurée

Si Vertigo poursuit sa route sur les pistes des plus beaux concours de la planète, au Désert, c’est l’histoire de l’élevage qui continue de s’écrire : « J’ai eu la chance que Kamelia me donne beaucoup de filles », indique Laurent Aubaux. « Nous poursuivons avec Kamelia cette saison en transfert d’embryons et nous allons essayer de refaire un croisement avec Mylord Carthago, ce que je n’avais pas voulu faire par peur d’être déçu. Jusqu’à 96 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020

un ISO de 129. Avant d’être vendue au cavalier breton, Earl Grey a laissé deux filles à l’élevage du Désert qui ont maintenant deux ans : une par Big Star et l’autre par Urano de Cartigny. La dynastie de Kamelia se poursuit aussi grâce à Filaé du Désert (Hérald III), qui a déjà donné un mâle l’an passé par Eldorado de Hus. Izia, née en 2018, et Jasmine, née en 2019, sont aussi des filles de Kamelia qui grandissent à l’élevage. Pour Laurent Aubaux, il y a donc de quoi poursuivre sur la piste des rêves ouverte par Vertigo et peut-être un jour pouvoir se consacrer pleinement à son élevage. n Aurélie Covini


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Juin - Juillet - Août 2020•L’EpEron•97


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Le Hall du Pôle Hippique de Saint-Lô a accueilli plus de 8 000 personnes sur 3 jours ! Cette édition 2020 était agrémentée d’une 3e journée afin d’accueillir le championnat des mâles Selle Français. Hors Norme du Lavoir 1 (Balou du Rouet x Mermus R), engagé par Michèle Porte, champion des mâles de 3 ans de cette 1 re édition du championnat depuis la réforme du processus de sélection des mâles. L’équipe du stud-book Selle Français  2 au grand complet !

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Le vendredi soir, Good Pleasure Semilly 3 (Haras de Semilly), 1 er du testage de décembre, a remporté le Masters l’Eperon des étalons de 4 ans. C’est Fahrenheit de Vains (France Etalons) qui prend la 1re place des 5 ans. Argento 4 (Béligneux le Haras), Carambole 5 (GFE), Emerald  6 (SCEA Geneviève Mégret) et Old Chap Tame  7 (Ibreed Agency) étaient mis à l’honneur au salon de Saint-Lô cette année. Les poneys étaient également à l’honneur avec Goliath Van de Groenweg  8 (Pony Planet) et Juke Box du Buhot 9 (Elevage des Etoiles).

VDL Sheraton  10 en pleine préparation aux écuries (ouvertes au public) avant sa présentation (Ecuries Parad’Izia-k).

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8 N o u ve a u t é d u G ra n d M a t c h   1 1 c e t t e a n n é e , l’intégration des poneys aux équipes. C’est l’équipe Haras d’Elle – Ecurie d’Outremer – Elevage du Pont Hay, constituée de Bertrand Pignolet et Eldorado d’Elle, de la suissesse Evelyn Bussmann et Virtuoso Semilly et de Bernard Briand Chevalier avec Bond Jamesbond de Hay qui remporte l’épreuve. L’équipe Haras de Semilly est 2 e et l’équipe France Etalons est 3e. Les cavaliers français sont fiers de présenter leur performer et future relève : Félicie Bertrand présentait les étalons du Haras de Clarbec, ici avec Bassano de Nantuel  12 et Marie Pellegrin montait son jeune étalon Deuxcatsix d’Eglefin  13 (Equitechnic). Le vice-champion du monde des 6 ans de concours complet, Dartagnan de Beliard  14 , était présenté par son cavalier Thomas Carlile pour l’Elevage de Beliard. Soliman de Hus*GFE  15 , seul représentant des étalons de dressage, était monté par Marc Boblet pour le Groupe France Elevage.

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ÉCONOMIE-POLITIQUE

Jean-Baptiste Gallen est très investi sur le circuit du Grand National. Ph. PSV

PORTRAIT D’ENTREPRENEUR

JEAN-BAPTISTE GALLEN IMPRIME SA PATTE AVEC AC PRINT Jean-Baptiste Gallen s’est construit tout seul, à force de travail. a été la victoire de Guillaume Foutrier Aujourd’hui, il dirige AC Print, une imprimerie implantée dans aux Longines de Paris en 2016 avec Urzo d’Iso (Number One d’Iso). » les Hauts-de-France. Grâce à son épouse, il a découvert les Marquer les esprits sports équestres. Voilà comment AC Print est devenu le que le dirigeant suivait Guillaume sponsor principal du circuit du Grand National il y a trois ans. Alors sur les terrains, Sophie Dubourg,

N

atif de la région de Tourcoing près de Lille (59), Jean-Baptiste Gallen arrête ses études assez tôt, à dix-sept ans, et enchaîne les petits boulots jusqu’au poste de conducteur de machine à imprimer des enveloppes. Il découvre alors l’univers de l’imprimerie en servant d’homme à tout faire. Un an et demi plus tard, il obtient un premier poste de commercial, toujours dans l’univers de l’impression. Puis un autre. À vingtdeux ans, il rachète l’imprimerie de son patron, au bord de la liquidation, pour un euro symbolique. « À l’époque, cette imprimerie avait 500 000 euros de dettes », se souvient cet entrepreneur dans l’âme. « À force de travail, je suis parvenu à la redresser et elle est devenue AC Print en 2001. J ’ai décidé d ’aborder le marché parisien. » L’idée de Jean-Baptiste Gallen était de gagner Paris, car les imprimeurs avaient déserté la capitale, et de s’adresser ainsi au monde de la presse. Son premier client est MCM, une chaîne radio et télé, qui avait besoin d’imprimer des autocollants. La stratégie menée par le Nordiste fait décoller AC Print.

« Du Fjord à Fairness Hero Z »

Aujourd’hui, AC Print est une société qui rassemble cent-cinquante personnes sur trois sites dans les

Hauts-de-France. Elle propose toute la gamme d’une imprimerie, de la carte de visite aux affiches 4 par 3. « Nous avons bien évolué car nous avons senti les choses. Et toujours avec des investissements mesurés. » Après avoir racheté l’entreprise en difficulté, il fait le dos rond : pendant dix-huit mois, il ne se paie pas. Mais, il promet à sa femme qui rêve d’avoir un cheval de lui en offrir un plus tard. Ce sera un Fjord à 1 500 euros ! Puis, le couple achète une jument de trois ans pour la somme de 1 000 euros et la revend 5 000 au bout de quelques mois. « C ’est là que l’équitation a commencé à m’intéresser », sourit Jean-Baptiste Gallen. « Nous avons acheté M ador du C hauffour (N idor Platiere) qui sautait 80 centimètres et qui a fini par faire le CSI d’Hardelot. Il a été revendu 30 000 euros. » Sa rencontre avec le regretté André Roguet lui met véritablement le pied à l’étrier. Il lui fait acheter Milton Shoun (Royal Feu), confié à Olivier Desutter, revendu quelque temps après. C’est ensuite le bon C hester 140 (C arry ) qui est acquis par le couple : un crack cheval qui tombe malheureusement malade. « Tout était à refaire. Deux ou trois ans plus tard, je décide de confier des chevaux à Guillaume Foutrier, dont Fairness Hero Z (Flipper d’Elle). « Je crois que le moment le plus émouvant Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•101

directrice technique nationale, lui parle d’un projet de circuit Jeunes talents et de sa recherche de sponsor. Voilà comment AC Print devient partenaire de la Fédération française d’équitation (FFE). Et quand le circuit des Jeunes talent s’arrête, c’est assez logiquement que Jean Morel, instigateur du Grand National, et la FFE proposent à JeanBaptiste Gallen de poursuivre l’aventure directement au sein du circuit. « Ce qui finit par payer, c’est la redondance. Avec le circuit du Grand National, nous sommes visibles à l’occasion de vingtsept dates dans les trois disciplines olympiques. » Ce passionné continue à s’investir sous diverses formes dans le sport. Il est notamment devenu p ré s i d e n t d ’ u n c l u b d e fo o t b a l l féminin, le FC Bousbecque (59), il y a plus d’un an et demi. « Au départ, j’ai aidé quatorze joueuses d’un village. Aujourd’hui, elles sont cent-quarante et il y a aussi 1 000 enfants en école de foot. Mon moteur, c’est toujours le même, la passion et l’instinct. Si on réfléchit trop, on ne fait rien. Je ne retiens que le côté positif dans tout ce que j ’entreprends . » Fier d’être partenaire du Grand National, Jean-Baptiste Gallen compte bien continuer en espérant que cela aura un impact. Basketteur au niveau national en catégories Minimes et Cadets, il est devenu un adulte qui aime le challenge. n Claude Bigeon


ÉCONOMIE-POLITIQUE l ACTUALITÉS

ÉQUIDÉCLIC, DES SITES INTERNET AUX LOGICIELS SUR MESURE

A

La société Équidéclic a été créée en 2006 par un jeune élève ingénieur agronome à AgroSup Dijon, Bertrand Poirier, qui décide d’être son propre patron grâce à ses deux passions, les chevaux et l’informatique.

vant ses études d’ingénieur, d a n s l e c a d re d e s o n BTS en production animale, Bertrand Poirier passe deux années à l’élevage du Valon à Sartilly, puis dans une écurie de préentraînement, chez David Lumet, avec une centaine de débourrages à la clé. C’est sûr, l’étudiant souhaite travailler dans la filière cheval. Ses parents sont éleveurs de chevaux et sa mère, Catherine, a une formation d’analyste-programmeur. À l’âge de cinq ou six ans, Bertrand développe déjà son premier programme informatique ! En 2003, à L’ENESAD (devenu AgroSup), il travaille avec trois autres élèves, Alban Rousselière, David Battu et Séréna Poucet, sur les risques de contamination involontaire par l’alimentation pour le Club de nutrition équine français (CNEF) et produit le guide des bonnes pratiques à l’écurie pour réduire les risques de contamination entraînant un contrôle positif au dopage. Une première expérience qui montre l’intérêt d’une bonne communication. En 2005, son projet commence à germer dans son esprit : son mémoire de fin d’études

EN CHIFFRES Raison sociale

Équidéclic

Statut social

SARL

Siège social

Mouen (14)

Création

2006

Personnel

12 + 3 associés

2019 : 750 000 € Chiffres d’affaires 2018 : 518 000 € hors taxes 2017 : 436 200 € 80 % dans la filière cheval Secteurs (chiffre 30 % issus des logiciels de d’affaire) gestion d’élevage est basé sur la création d’Équideclic. Pendant toutes ses études, Bertrand Poirier engrange des connaissances sur la filière à travers des stages à la fédération des conseils des chevaux, chez la société NAG Sols équestres, au Haras de Coolmore en Irlande… « En 2005-2006, les gens commençaient à découvrir vraiment internet et c’était le début des réseaux sociaux. J’ai senti que j’avais une opportunité 102 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020

professionnelle dans la filière cheval s u r l ’a s p e c t c o m m u n i c a t i o n e t gestion », précise Bertrand Poirier pour expliquer sa motivation à créer Équidéclic. « Mon but, c’était d’aider à mieux commercialiser les chevaux, à mieux communiquer. J’avais envie de faire évoluer la filière. Et j’avais sans doute une vision idyllique de ce que je pouvais apporter. »

Au service de l’élevage

Au départ d’Équidéclic, Bertrand s’entoure de bonnes compétences. Il contacte un ancien copain de terminale qui maîtrise bien l’informatique, Florian Brisard, qui fait ainsi partie de l’aventure. En 2006, le premier projet est une plateforme de présentation de chevaux (cavalog.com), ce que l’on appelle aujourd’hui une marketplace . Au départ, Équidéclic se met au service des associations d’éleveurs. L’équipe s’étoffe petit à petit. Outre le conseil en communication, la jeune structure propose de la régie publicitaire et de l’événementiel. En 2008, Équidéclic se recentre sur son cœur de métier, pour développer des logiciels de gestion et des sites internet. Le modèle


ÉCONOMIE-POLITIQUE l ACTUALITÉS

Page de gauche, l’équipe d’Équideclic au grand complet. Chez Équidéclic (au centre),un des développeurs. Bertrand Poirier (ci-dessus), le fondateur d’Équidéclic. Ph. Welcome to the jungle économique se construit autour de ces deux axes. La machine est lancée et le premier gros client dans la partie logiciel est Benoît Lepage de la société Eurogen, pour la création de Cryobank, le logiciel de traçabilité des paillettes. Puis d’autres logiciels spécialisés sont créés : Gynebase, pour la gestion de la reproduction ou, avec Le Bois Margot, un logiciel de gestion de la relation client (dit CRM pour customer relationship management), pour gérer la carrière des étalons. « En 2008-2009, j’ai repris contact avec David Battu, qui était parti chez ISAGRI, le leader européen du logiciel agricole, du groupe La France agricole, car j’avais une problématique de compétences commerciales à résoudre », se souvient Bertrand Poirier. « Et j’ai fait le bon choix, car cela m’a donné un gros coup de boost commercial. Depuis je recrute une personne par an. » Aujourd’hui, la société Équidéclic est composée d’une douzaine de salariés et de trois associés, Bertrand Poirier, David Battu et Florian Brisard. Basée à Caen en Basse-Normandie, l’agence de communication globale est capable de réaliser des logiciels sur mesure. Ses points forts sont multiples : la société est indépendante, s’appuie sur de solides compétences en développement informatique et en créativité, et a aujourd’hui le recul nécessaire sur les demandes du marché grâce à ses trois ingénieurs agronomes associés. Actuellement, l’activité d’Équidéclic se décline de la manière suivante : 30 % pour la conception et la communication digitale et papier, 30 % pour la création de logiciels

sur mesure et 30 % pour la vente de logiciels de gestion. « Notre interface est très simple d’utilisation et nous formons systématiquement les clients pour qu’ils puissent alimenter leur site eux-mêmes », explique Bertrand Poirier. « Nous leur donnons des conseils sur le référencement, notamment pour la rédaction de textes adaptés. » Car dans la réalisation d’un site internet, au-delà de son architecture, de son contenu, il faut qu’un site internet soit en lien avec un écosystème qui permette de développer l’activité qu’il met en valeur. Référencement naturel, référencement payant, netlinking, lien avec les réseaux sociaux, tout cela doit être pensé pour une meilleure visibilité.

Un management agile

Il y a deux ans, la société a changé de management. « Nous sommes passés d’un management vertical à la suppression de la hiérarchie pour devenir une entreprise libérée. Nous travaillons beaucoup plus dans la collaboration et cela a développé une meilleure ambiance », admet le gérant d’Équidéclic. « Cette modification du management est liée à un audit de ressources humaines qui a été réalisé pour challenger la vision interne de l ’entreprise . Le formateur qui est alors intervenu était très ouvert au ma nage me nt lib é ré et ce la a correspondu avec l’envie de se libérer de beaucoup de contraintes. Cette méthodologie nous a permis d’avoir une équipe plus soudée, une meilleure efficacité et un développement de plus 50 % en 2019. Ce changement de méthode m’a permis de gagner du Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•103

temps, d’avoir l’esprit plus libre et de me diversifier à titre personnel. » Parmi les derniers développements, Groomy est le nouveau bébé d’Équidéclic, une application accessible à tous qui permet de gérer les registres d’élevage. Elle rassemblait 1 900 comptes en mars 2020. En dehors du développement de ce logiciel qui va remplacer O’Haras et Gynebase à terme, Équidéclic s’occupe de la maintenance de l’ensemble des systèmes de gestion de la Société hippique française (SHF) et de l’ensemble des concours d’élevage. Les clients les plus importants de cette société dont la moyenne d’âge est inférieure à trente ans sont, entre autres, la plateforme Renteo de Théault et IMV Technologies, le leader du device de reproduction animale. Équidéclic est une entreprise en croissance qui surfe sur l’opportunité de démarrer une activité à l’international avec Groomy. Pourtant, en dépit de tous les efforts déployés, Bertrand Poirier trouve que la filière cheval réagit très lentement à ses propositions. Comme dans toute filière agricole, il faut du temps. Il mise beaucoup sur la qualité de ses prestations et s’adapte à toutes les demandes. Malgré la crise sanitaire liée au Covid-19, cet entrepreneur passionné voit l’avenir de manière positive. « Je suis persuadé de l’importance du digital pour les éleveurs et la filière cheval dans son ensemble », conclut-il. A priori, des entreprises comme Équidéclic vont pouvoir profiter des besoins en communication croissants pour montrer, expliquer les activités variées de la filière et l’accompagner avec des outils spécialisés. n Claude Bigeon


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ÉQU’INSTITUT

LA FORMATION, LA RECHERCHE ET L’INNOVATION EN SANTÉ DU CHEVAL

C

réée par la vétérinaire spécialisée dans l’anesthésie Claire Scicluna, avec un groupe de vétérinaires experts, Jean-Yves Gauchot, Richard Corde, Xavier Gluntz et Laurent Mangold, l’association Équ’Institut existe depuis 2011. Ces derniers temps, des perspectives de développement se sont mises en place avec une formation pour les propriétaires de chevaux en 2020 et le projet de lancement d’une formation de technicien vétérinaire équin (TVE) en 2021. « Nous avons lancé Équ’Institut pour offrir de l’information sur l’innovation en matière de santé du cheval, car il n’existait rien qui soit encadré par les vétérinaires », explique Claire Scicluna dont la clinique est basée au Haras du Plessis à Chamant dans l’Oise. « Mon idée était de proposer l’équivalent de The Horse aux ÉtatsUnis, qui diffuse de l’information grand public validée par l’AAEP (American association of equine practitioner, association américaine des praticiens de l’équitation, ndlr). Et en même temps, faire de la recherche clinique, de la formation professionnelle et de l’innovation. Il n’y avait pas non plus de formation pour les auxiliaires spécialisés vétérinaires (ASV), ni pour les professionnels du cheval et leurs salariés sur le volet de la santé équine. Je faisais déjà de la recherche clinique,

PHOTOS COLL.

Membre depuis 2019 de Hippolia, Équ’Institut est une association dont le but est d’informer, de former, d’œuvrer en matière de recherche clinique et de participer à l’innovation dans le domaine de la santé du cheval.

mais je souhaitais l’élargir. Je suis impliquée dans les protocoles d’essai en vue d’autorisations de mise sur le marché des médicaments (AMM), dans le cadre d’études post-AMM et de protocoles sur la physiothérapie. » Claire Scicluna participe aussi à l’évaluation des POCT (pour point-of-care testing), analyseurs portables utilisés par les vétérinaires en nomade. Le troisième volet d’Équ’Institut est d’intervenir dans l’innovation et la validation des objets connectés dans l’univers de la santé du cheval. L’idée est de travailler sur des objets connectés qui permettent un suivi à distance de la santé du cheval, par exemple pour le suivi de la température ou de traitements. On parle aussi de dossier partagé pour la santé du cheval. « L’objectif, c’est d’avoir du monitoring pour faire de la prévention à distance », explique la vétérinaire. « Car bien souvent, plus on détecte un problème tôt, moins on a de soucis. On parle de santé, de bien-être. Collecter des données permet d’anticiper et de prévenir les problèmes. D’où l’intérêt des objets connectés qui permettent d’évaluer la symétrie du cheval. »

L’intérêt du suivi à distance

Intégrée à Hippolia, cette structure qui aide les start-up dans la filière cheval, Équ’Institut a compris l’intérêt de faire partie de ce réseau. L’association, qui 104 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020

œuvre pour la formation, la recherche et l’innovation en matière de santé équine, était présente pour la première fois au Salon de Bordeaux via le showroom de Hippolia, qui a rassemblé une quinzaine d’innovations. L’intérêt était clair : être visible du grand public. « En montant Équ’Institut, nous souhaitions toucher quatre cibles pour l’information et la formation : le personnel des cliniques vétérinaires équines et mixtes, les vétérinaires en France et à l’étranger, les employés des professionnels de la filière pour qu’ils aient un diplôme de soin et enfin le propriétaire lambda. » Équ’Institut décline ses activités autour de trois axes majeurs : la formation continue avec un catalogue de cursus dont certains sont sur mesure, la recherche clinique équine avec la possibilité de bénéficier du crédit impôt recherche et l’innovation équine pour développer notamment des applications qui favorisent la prévention grâce au suivi de la santé du cheval à distance. La crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 met en exergue l’intérêt des téléconsultations en médecine humaine et la télémédecine équine semble une perspective intéressante. Équ’Institut le conçoit et mixe des formations sur la santé du cheval pour ceux qui les côtoient au quotidien et suit l’évolution technologique des outils qui facilitent le travail du vétérinaire. n Claude Bigeon


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Evaluer vot�e poulain sur les ci�cuits de sélection Selle Français Grâce aux concours d'élevage Selle Français, organisés en partenariat avec les associations régionales d’éleveurs, le circuit répond aujourd’hui à trois demandes fortes de notre filière : sélection, formation et commerce. • Foals SF : essentiels pour évaluer précocement la production de nos étalons et poulinières, créer du lien social entre les éleveurs et entretenir l’animation dans nos régions, Finale lors du Normandie Horse Show à St Lô en août • Femelles SF de 2 et 3 ans : circuit spécifique à destination de nos futures reproductrices et compétitrices, Finale à Fontainebleau en septembre • Étalons SF de 2 et 3 ans : après une qualification en région, les meilleurs mâles sont sélectionnés pour un championnat suivi d'un testage pour approuver les futurs étalons reproducteurs, Finale à St Lô en Février • 3 ans Sport SF : circuit à orientation CSO (EquitaLyon) ou CCE (Espoirs du Complet pendant le Mondial du Lion) pour les hongres et femelles SF de 3 ans, à destination sportive. • SF Dressage : Foals, 2 ans, 3 ans en partenariat avec France dressage.

Pour adhérer au Selle Français, rendez-vous sur le site commun de la filière : www.shf.eu

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Stud-Book Selle Français


LIVRES Marie Paillé

Bartabas, sensations Bartabas s’est inventé une nouvelle fois. Cette fois-ci, le fondateur de Zingaro est parti explorer les chemins de l’écriture. En refusant de proposer une panégyrie à la gloire de ses spectacles passés avec sa troupe, l’ogre d’Aubervilliers a fait le pari de dévoiler l’intimité profonde que le cavalier forge avec son cheval dans le silence du manège. Dans son nouveau livre, D’un cheval l’autre, il offre sans fard les moments d’exception, les sensations fortes qu’il a partagées avec ses anciens partenaires, où Quixote offre son galop arrière sans effort, le vieil Horizonte piaffe avec l’économie d’un yogi et Zingaro se joue de la provocation amoureuse de son alter ego. Autant de chevaux comme autant de coups de foudre, de moments charnels et de rencontres authentiques à partager : comme une oraison de papier à ses chevaux disparus.

S

es bras et ses mains dansent dans l’air pour ponctuer son discours, son œil est vert et pétillant lorsqu’il aborde son travail d’écriture : « Tout mon

pari a été de mettre des mots sur des sensations, des émotions. Je ne voulais pas évoquer mes chevaux pour raconter leur carrière. Pas du tout. Ni raconter “ma vie, mon œuvre”. Surtout pas. Je suis parti d’un concept très simple : “Je suis fait de tous les chevaux que j’ai rencontrés”. Ce sont eux qui m’ont fabriqué. » Il y a déployé la même exigence qu’il met à travailler un cheval : « C’est la première fois que je m’y attelle. J’avais déjà rédigé des textes longs, mais là, il a fallu composer un ensemble comme je le fais pour un spectacle. J’estime que la seule vraie parole est écrite, car tu as pu prendre le temps de la peaufiner, l’équilibrer, la ciseler au mot près : c’est très proche du travail à cheval où l’on soigne un appuyer par des préparations, on cherche que le mouvement soit juste, expressif. Quelque part, avoir une belle phrase, c’est comme avoir un cheval en équilibre. » Et il n’a pas ménagé

ses efforts pour y parvenir jusqu’à partir en retraite dans un monastère : « J’ai passé beaucoup de temps en m’imposant

une grande discipline pour ce livre. Et c’est un travail assez solitaire qui ressemble à celui où je suis à cheval. »

Il a d’abord recherché des écrits de musiciens explorant leurs rapports physiques à leur instrument : « Comment perçoivent-ils leur piano dans leurs doigts, dans leur dos ? Je n’ai pas trouvé. » Ses recherches dans la littérature équestre consa-

décrit le caractère de son cheval, comment il a vécu... comme j’ai tenté de le faire. Ils parlent de leurs exploits, du nombre de jours qu’ils ont mis à dresser celui-là. C’était dans l’air du temps de l’époque. Il y a peut-être Beudant avec Vallerine, mais il l’a fait de manière assez sobre. » Paradoxalement, il

ne doute pas que ces grands cavaliers aient ressenti une

PHOTOS : CHRISTOPHE BRICOT

crée au dressage n’ont pas été plus fructueuses. Rien sur la vie et la fin de carrière de ces chevaux célébrés par leurs dresseurs : « Aucun grand maître, parmi les plus connus, ne

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LIVRES Marie Paillé

à fleur de cheval

« Il [Zingaro] est là, devant le dessin à l’encre de chine d’Ernest Pignon-Ernest le montrant assis, antérieurs tendus, l’encolure en arc-en-ciel, l’air pensif » Bartabas, D’un cheval l’autre

Décembre Juin - Juillet - Août 2019 - Janvier - Février 2020•L’EPERON• 2020•L’EPERON• 107 107


LIVRES

En

Marie Paillé

savoir plus

• D’un cheval l’autre, Bartabas, éd. Gallimard, 2020, 20 € • Zingaro, suite équestre et autres poèmes pour Bartabas, André Velter, dessins d’Ernest Pignon-Ernest, éd. Gallimard, 2012, 23,70 € • Bartabas, roman de Jérôme Garcin, éd. Gallimard, 2004, 17,15 € • La Voie de l’écuyer, Sophie Nauleau, éd. Actes Sud, 2008, réédité en 2018, 15 €

forme d’attachement, malgré l’absence de trace de ce que sont devenus les chevaux de Baucher, Fillis et quelques autres. « Ça a l’air de circuler, ils sont souvent vendus. C’est complètement le contraire de ma manière de faire. Je n’ai jamais vendu un cheval, je peux les donner quand je ne peux plus les garder parce que nous voyageons tout le temps et puis on est à Aubervilliers, pas dans la campagne ! », regrette-t-il.

Fait de tous les chevaux rencontrés

Ce livre ne ressemble en rien à une méthode technique, et encore moins à un récit détaillant par le menu les tableaux réussis des spectacles. L’effort de se remémorer, de ressusciter, de revisiter des souvenirs est-il un acte nostalgique ? : « Il y a une part de nostalgie. J’aurai rêvé

de vivre à l’époque où on pouvait voir des chevaux garés sur l’avenue. Maintenant, ils sont devenus un caprice, un objet de loisir. On est au siècle où l’homme a abandonné le cheval. » Son parti pris pour parvenir à ses fins a été d’écrire

à la première personne, au présent, pour se remettre en situation, afin de se rappeler tous ses chevaux, même ceux

d’il y a trente ou quarante ans et qui ne sont plus là depuis longtemps : « J’ai cherché ce qu’ils m’ont laissé, en allant

plus loin que le souvenir ou l’anecdote, de ce que l’on avait fait ensemble dans tel spectacle, combien de temps ça s’est joué... Je voulais retrouver ce que le cheval m’avait appris, en quoi il m’avait fait grandir. J’ai cherché à faire revivre les sensations qu’ils m’ont laissées, comme, par exemple, celle, exceptionnelle, du piaffer d’Horizonte dont je sais maintenant que jamais je ne la retrouverai chez un autre, même si j’ai d’autres chevaux qui piaffent très bien. Elle est perdue à tout jamais. J’ai essayé de m’en souvenir physiquement pour arriver à décrire ces sensations à la vertèbre près, avant qu’elles me renvoient à une émotion : le travail des chevaux est d’abord physique, les sensations passent par le corps, je dis souvent que je pense avec mes fesses à cheval. C’est un travail méticuleux, très particulier. »

Cela lui a permis également de répondre à la question récurrente qu’on lui posait sur sa manière de trouver ses chevaux : « Il n’y a pas de règles, j’en trouve de partout. Cela

m’a amusé de raconter ces rencontres, comme des coups de

108 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020


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Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•109


foudre entre les gens. Ma recherche a été de double : me souvenir comment je les ai rencontrés et me rappeler ce qu’ils m’ont laissé, comme on essayerait de se remémorer une caresse et ce n’était pas un exercice évident. Toutes ces rencontres suivent l’évolution du théâtre Zingaro. Les premières sont croustillantes, car la vie à l’époque était rocambolesque. On était tout le temps sur les routes, il fallait s’entraîner sur les terrains vagues. »

La leçon de L’Araignée et des autres

L’écuyer évoque, bien sûr, les bons souvenirs, comme la leçon d’un Dolaci, le cheval déjà dressé qui enseigne les premières sensations justes, celle de Zingaro et l’ivresse d’une chevauchée improvisée, mais aussi celles qui l’ont interrogé plus profondément : « J’ai fait ce travail, même avec des chevaux restés sur la réserve, comme par exemple avec L’Araignée, que j’aimais beaucoup, avec lequel j’ai eu du plaisir. On a fait toute la gamme des changements de pieds au temps, etc., mais on ne s’est jamais tutoyés, on n’est jamais entrés dans une forme d’intimité. C’était aussi une marque de respect. J’en ai retiré quelque chose : les animaux ont aussi le droit de garder une certaine distance, comme nous, lorsqu’on n’a pas envie d’avoir trop de familiarité avec tel ou telle. » Si chaque cheval apporte

un enseignement, celui-là a été d’apprendre à respecter la

« Les chevaux sont mes yeux pour regarder le monde » Bartabas, D’un cheval l’autre

personnalité réservée de ce cheval, sans que cela n’empêche le travail en bonne harmonie : « Je dis souvent qu’aujourd’hui, on veut aimer les chevaux, mais on ne les respecte pas, et c’est souvent par manque de connaissance. » Bartabas a fait évo-

luer sur sa piste beaucoup de races différentes, entretenant un savant mélange poétique des cultures du monde : « Je reçois des chevaux, parfois au hasard de la vie, ou par raisons économiques, car à nos débuts nous n’avions pas de moyens : on prenait ce qu’on avait. » Cette contrainte s’est transformée en philosophie de travail : « Je ne cherche jamais un cheval avec l’idée d’une performance, artistique ou sportive. » Il ajoute en riant : « Bien sûr, si tu veux gagner des courses, tu ne vas pas acheter un Percheron ! Je n’écris pas de numéros comme au cirque. Le cheval parfait n’existe pas, cela ne sert à rien de le rechercher. Je me suis donné les moyens de travailler avec toutes les races de chevaux, parce que tous les chevaux sont intéressants. L’important est d’écouter et comprendre chacun, ce qu’il a d’intéressant, en quoi il nous a séduits. »

L’intention est un diamant

« Après seulement viennent la technique et le choix de la discipline qu’il va aborder, dressage, voltige, travail en liberté, etc. Et cela peut changer au fur et à mesure. Puis, surtout, une fois dans le travail, il faut continuer à l’écouter, pour évaluer ce qu’il est capable de donner. Il ne faut jamais lui demander plus que ce qu’il n’est capable. » Savoir tirer le meilleur de chacun

n’est pas un art donné à tout le monde, mais lorsqu’on lui fait remarquer, l’homme de cheval relativise fermement : « Je

ne tire aucune gloriole d’avoir galopé en arrière sur Quixote. Il y a autant de mérite à tirer un pas d’école sur un cheval très compliqué comme Donor, par exemple. J’ai eu la chance de croiser un cheval qui avait un très bon galop ; il n’était pas exceptionnel, il n’avait pas de trot, il ne passageait pas. J’ai pu le tenter avec lui et je ne l’ai jamais refait. Je ne me suis jamais dit que je m’étais fait connaître avec ça et qu’il fallait que je le remplace absolument. Évidemment, si demain, je repère par hasard un cheval qui a les mêmes capacités, peut-être que je retenterais le coup. » Bartabas distingue sa façon de travailler face aux enjeux de la compétition : « Ma formation est très classique. Ma manière d’aborder le travail n’est valable qu’avec la philosophie qui va avec. Si ma manière de monter

permettait de faire gagner des médailles d’or, tout le monde l’appliquerait. Je serai incapable d’en gagner une ! Je prends le risque d’installer un cheval dans un air, en équilibre, dans la légèreté et je le laisse s’exprimer. Par exemple, je le place dans une position pour pirouetter et je le laisse dérouler la figure, même si parfois je risque quelques petites erreurs. Je rapproche cela de la calligraphie. Les grands maîtres de cette discipline disent qu’elle doit être parfaitement exécutée avec un petit quelque chose, une petite irrégularité qui lui donne sa singularité. Je défends ce principe-là. C’est l’intention qui fait la beauté du geste quand on enlève le travail quotidien, les assouplissements... C’est très important. Ce beau, c’est l’expression naturelle du cheval. » Il a retenu de ses années

de formation la recommandation de Paul de Longchamp qu’il a fait sienne : « Le bon dresseur est celui qui sait doser

ses demandes, il demande souvent et se contente de peu. L’idéal serait qu’il récompense quand le cheval a eu seulement l’intention d’exécuter le mouvement demandé, encourageant ainsi chez lui l’envie de faire. » Il renchérit et insiste : « Il ne faut surtout pas casser cette intention, c’est un diamant. Vous ne laissez même pas le cheval exécuter le mouvement, vous récompensez dès que l’intention est marquée. Quand je sens que Le Caravage va s’élever dans le passage, je lâche, je rends immédiatement. La fois suivante, la demande est à peine esquissée que la réaction du cheval est magique. Cela ne lui a pas trop coûté d’effort. Trop de demandes finissent par faire perdre toute envie de donner. Et tu te retrouves avec des chevaux qu’il faut motiver et contrôler tout le temps, en tirant, poussant… »

Tout mon savoir, les chevaux l’ont emporté avec eux

Parfois, un défaut très important qui pourrait paraître comme un handicap, peut devenir un élément de spectacle. Ainsi la bouche bruyante de Lautrec avait donné naissance à une conversation singulière avec l’artiste basque Beña Achiary. Le duo avait surpris par la magie et la poésie qu’il s’en dégageait. Mais travailler avec un partenaire vieillissant est un autre challenge créatif. La philosophie de Bartabas le pousse à apprendre d’eux pour aller à l’épure du geste sans s’épuiser ou forcer : « J’ai la chance de vieillir avec eux

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LIVRES Marie Paillé

un spectacle entier comme il faisait dans sa jeunesse, pourtant, il avait encore ce truc, qui ne dépend pas du physique. Il savait où puiser l’énergie nécessaire, comme un yogi. Au début de sa carrière, il était violent, spectaculaire. Avec l’âge, il a appris à monter les genoux avec plus de douceur et de ressenti, et le résultat était bien plus beau. Quand tu l’assouplissais, c’était du cristal, et quand il était prêt, il pouvait piaffer trois minutes avec aisance. Cela a été une grande leçon pour moi. Le cheval a appris quelque chose par le travail. Ce n’est plus tout à fait un cheval. » Bartabas garde dans son téléphone, précieusement,

une petite vidéo surprenante de Le Caravage, récemment mis à la retraite, où le bel animal enchaîne souplement des airs d’école comme d’autres caracolent la queue en l’air. Seul dans son pré, il ne répond pourtant à aucune sollicitation d’un éventuel cavalier fantôme.

Tsar, le dernier poème

Maintenant, l’expérience a remplacé le culot et l’audace des premières années. Mais cela reste difficile de perdre tout ce que l’on a construit, patiemment avec un cheval sans se sentir démuni, sachant que la route a été longue : « Tout

mon savoir, les chevaux l’ont emporté avec eux. Pour bien dresser un cheval, j’estime qu’il faut passer six à sept ans, entre le débourrage et le moment où tu peux te produire, si tout se passe bien, sans aléas de santé, tout en continuant à travailler à côté. » Si Bartabas estime avoir travaillé environ une qua-

rantaine de chevaux, il s’interroge sur son savoir de dresseur et préfère plutôt parler de quarante expériences différentes :

et de les suivre jusqu’au bout. C’est d’ailleurs très intéressant et je ne dis pas ça par compassion. Monter un très vieux cheval m’a beaucoup appris. Tu ne travailles pas de la même manière. J’ai eu des chevaux encore opérationnels de vingt ou vingt-cinq ans. Évidemment, je ne leur imposais pas un Grand Prix ! Mais ils assuraient cent-soixante-dix spectacles par an avec des séquences très courtes. C’est une façon de garder leurs intégrités physique et psychologique. Respecter leur vieillesse ne veut pas dire ne plus les toucher, au contraire. Quixote galopait encore en arrière en prenant du plaisir à le faire alors qu’il était âgé. Selon moi, c’est le critère qui indique qu’un cheval a été bien travaillé toute sa vie. Il n’y en a pas d’autre. » Il ajoute un autre exemple à ce propos : « Horizonte a été une révélation : à vingt-huit ans, il ne pouvait plus faire que du piaffer, mais comme un grand danseur, un grand soliste, seulement pendant quelques minutes. Il ne pouvait plus assurer

« Tu deviens plus exigeant avec ta démarche en prenant de l’âge. Plus tu apprends, moins tu sais. Tu construis plutôt plus d’étapes progressives dans le travail, avant d’atteindre ce que tu faisais avant rapidement, au culot. Ce qui me passionne maintenant, c’est de chercher avec le cheval et pas de trouver. Le résultat m’importe peu : ce sera ce que le cheval est capable de faire. » Le grand Tsar, un mètre quatre-vingts au garrot,

sera peut-être le dernier partenaire de Bartabas dans le cadre du prochain Festival d’automne à Paris : « Ce sera probable-

ment la dernière fois où je me présenterai à cheval, juste lui et moi, sans musique. On entendra ses soupirs, sa respiration. J’improviserai tous les soirs en fonction de lui, comme une séance de travail, une écoute de ce que Tsar sera prêt à donner ou pas. Cela s’appellera Entretiens silencieux. » Il se délecte

de ce lâcher-prise sur la performance, et il ajoute, un peu moqueur : « Je n’ai plus besoin de me dire : “Oh là là, si je ne galope plus en arrière, cela ne va pas aller !” Je fais ce que mes chevaux sont capables de faire tout simplement. C’est ce qu’il y a de plus beau dans la démarche. » n

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“ Mon métier, c’est ce qui nous lie à votre cheval. Et je parle bien de passion. ”  Jean-François Meyer

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ERIC KNOLL

ERIC KNOLL

TECHNIQUE

LES EXERCICES DES PROS Légende des dispositifs Barre au sol

Vertical

Croisillon

X

Cavaletti

Oxer

Oxer ou vertical

X

La saison de concours 2020 ne ressemble à aucune autre : à cause de l’épidémie de Covid -19, vous avez été contraints de rester à domicile, souvent privés de travailler votre équipier. Parce qu’il est temps de vous remettre en selle, la rédaction de L’EPERON a interrogé plusieurs cavaliers professionnels sur des exercices à réaliser à l’entraînement, sur le plat et à l’obstacle. Pour vous préparer à la reprise de la compétition que nous espérons proche, voici les explications d’Alexandra Francart, Kevin Staut, Max Thirouin, Olivier Robert, Nicolas Delmotte et Philippe Rozier, ainsi que les schémas qui accompagnent leurs exercices fétiches. n Textes Béatrice Fletcher

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•113


TECHNIQUE l LES EXERCICES DES PROS

NICOLAS DELMOTTE

À LA RECHERCHE DE LA DÉCONTRACTION Basé depuis quinze ans à Douai (59) dans les installations de Gènes Diffusion, spécialiste de la génétique et de la reproduction animale et dirigé par François Desmons, Nicolas Delmotte dispose d’infrastructures de grande qualité pour son écurie d’une trentaine de chevaux.

D

epuis quinze ans, Nicolas Delmotte travaille une fois par mois avec Bertrand de Bellabre, parfois uniquement sur le plat. « C’est grâce à lui que je réussis à dresser mes chevaux et à être performant », confie le cavalier. « Avant de les monter, je longe systématiquement mes chevaux, car je n’aime pas monter à froid. J’utilise un enrênement de type gogue ou chambon pour les étirer vers le bas pendant une dizaine de minutes. Certains sont mis en liberté dans le manège, avec l’aide de deux personnes qui font en sorte de les garder sur la piste. C’est bon pour le physique et pour le moral. Dans la mesure où c’est une routine quotidienne, les chevaux restent calmes. Au quotidien, j’adapte le travail à chaque cheval, selon le programme des jours qui précèdent. Après le travail en longe ou en liberté, en général, au début de la séance montée, je cherche à les étirer au maximum vers le bas pour qu’ils fonctionnent correctement. J’aime surtout les avoir très relâchés. Si je les sens tendus ou nerveux, je préfère interrompre la séance, les remettre à la longe et remonter dessus plus tard. Avec un cheval nerveux, que l’on ne parvient pas à décontracter, on est obligé de galoper, et on finit par user le physique. Quand ils sont détendus, j’aborde les assouplissements. Sur le cercle, je leur demande de rentrer et de sortir les hanches, je les mobilise sur le travail de deux pistes, en épaule et contre épaule en dedans. Je fais ce travail au pas, puis au trot. Ensuite, je travaille au galop, y compris au contre galop, mais je me limite à des exercices très simples. »

Répéter sur deux journées

Nicolas Delmotte dispose de deux carrières. Si l’une d’elles est réservée aux dispositifs de gymnastique, l’autre accueille en permanence un par-

ERIC KNOLL

L

114 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020

Le conseil de Nicolas

’idéal est d’être bien encadré par un coach susceptible de vous faire ressentir les possibilités de mobilisation du cheval sur le plat, grâce à des exercices simples. Le fait de bien faire fonctionner le cheval et de conserver une position stable permet de gommer 80 % des problèmes. Les gens négligent souvent les différentes étapes sur le plat qui mènent au travail à l’obstacle proprement dit. Avec un cavalier en place et relâché, les choses se passent tout de suite beaucoup mieux. Par ailleurs, ne pas hésiter à enchaîner des parcours de barres au sol ou des cavalettis pour être bien préparés à sauter. Le fait de se concentrer sur les fondamentaux, la position et les exercices de base prendra un peu de temps, mais ensuite l’évolution sera deux fois plus rapide. » n


Franchir lors de la détente en demandant cinq puis six foulées

3,50

m

3,50

m

20 m

<=

X

<=

X 3,5

Combinaison à une foulée dans la diagonale, suivie d’un vertical à trois foulées. Pour que le cheval ne se dégrade pas, le vertical est précédé et suivi d’une barre de réglage à 3,50 mètres

0m

X X

1 fo

ulée

<= Deux sauts de puce de cavalettis à 3,50 mètres, à franchir dans les deux sens

X

X

<=

3,50 m

X

X 20 m

Franchir lors de la détente en demandant cinq puis six foulées

cours, modifié régulièrement. « D’une manière générale, j’aime bien inscrire mes chevaux dans un système, travailler sur des cavalettis ou de petites combinaisons simples qui leur proposent une solution pour faire un bon saut. Je préfère enchaîner deux jours de suite de petites séances d’exercices et faire un maximum de quinze sauts

puis six foulées. Je positionne aussi deux sauts de puce de cavalettis à 3,50 mètres, à franchir dans les deux sens, ainsi qu’une combinaison à une foulée dans la diagonale, suivie d’un vertical à trois foulées. Pour que le cheval ne se dégrade pas, le vertical est précédé et suivi d’une barre de réglage à 3,50 mètres. Je place aussi un oxer avec

« Si je sens le cheval tendu ou nerveux, je préfère interrompre la séance, le remettre à la longe et remonter dessus plus tard » le premier jour. Le lendemain, je recommence, j’ai moins besoin de les détendre, je n’ai pas besoin de multiplier les sauts, et si tout se passe bien, je peux monter un peu les barres, ce qui permet de ne pas les user. En revanche, si le cheval est chaud, je ne saute pas plus d’un mètre. Côté dispositif, j’installe deux lignes de barres au sol sur la longueur de la carrière, espacées de vingt mètres, que je franchis lors de la détente en demandant cinq

un peu de largeur ou une autre combinaison au début de l’autre diagonale, et un vertical en bout de diagonale. Je m’arrange pour que tous les obstacles puissent être franchis dans les deux sens. Je fais en sorte de leur proposer un échantillonnage de toutes les difficultés qu’ils peuvent trouver en parcours. Si un cheval a une difficulté particulière sur une combinaison, je l’installe avec une barre de réglage devant et je mets des cotes très basses. » n

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•115


TECHNIQUE l LES EXERCICES DES PROS

PHILIPPE ROZIER

« LA COMPÉTITION COMME RÉFÉRENCE » Installé dans les écuries familiales du Haras des Grands Champs à Bois-le-Roi, Philippe Rozier est champion olympique par équipe en titre.

X

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X 3,50 m

3,50 m

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Dispositif de cavalettis de 2,50 mètres de front à placer sur un cercle. Mettre un saut de puce et franchir deux fois à chaque main, ce qui donne des indications sur la manière dont le cheval se comporte et les éventuelles difficultés d’un côté.

X

X

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X 3,50 m

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ERIC KNOLL

N

ous avons toujours la compétition comme référence, c’est pourquoi je travaille beaucoup mes chevaux dans l’allure du galop. J’alterne six ou sept foulées en avançant, dans un galop soutenu sur un temps très court, puis six foulées en ralentissant, en imaginant que je suis en train de remettre des foulées devant un vertical ou un oxer. Je fais cet exercice sans m’arrêter, sur un tour de carrière complet, y compris sur les petits côtés. Je recherche l’abaissement des hanches, avec un cheval qui conserve la même attitude. En parcours, le fait que le cheval passe au-dessus ou en dessous de la main est un problème. Je fais en sorte de me rapprocher le plus possible de l’attitude que je souhaite pour enchaîner un parcours, mais à chaque cheval et à chaque cavalier ses attitudes de prédilection. En tout cas, les transitions se passent sans cassure. Pour s’en assurer, je conseille souvent à mes élèves de remettre une foulée de plus ou de moins dans une ligne sans que cela ne se voit. Je recherche des chevaux dans l’attitude la plus classique possible, posés sur la main, si possible dans le relâchement complet des rênes, ce qui prouve que le cheval se tient naturellement. En général, une fois que le cheval m’a donné ce que j’attends, je le laisse s’étendre vers le bas. Quand il est le nez dans le sable, je le laisse un moment tranquille, puis grâce à des codes que j’ai établis, je lui demande de se redresser. Lorsque le dressage est très avancé, on en arrive presque à la transmission de pensée. Il suffit que je me

dise que c’est court entre deux obstacles, je mets moins de pression dans mon assiette, et il freine. »

Des cavalettis sur mesure

« J’ai en permanence à la maison un dispositif de cavalettis de 2,50 mètres de front que je place sur un cercle. Je mets un saut de puce que je franchis deux fois à chaque main, ce qui donne des indications sur la manière dont il se comporte et les éventuelles difficultés d’un côté. Si le cheval le franchit bien, je peux ajouter un cavaletti de chaque côté, et un double saut de puce. Entre chaque saut de puce ou cavaletti, je mets entre cinq et six foulées, ce qui laisse au cheval le temps d’analyser. Des obstacles plus rapprochés provoqueraient trop d’efforts. Cet exercice constitue l’échauffement. Ensuite, je fais la même chose sur un parcours de dix ou douze cavalettis au petit galop. Je n’aime pas échauffer mes chevaux sur un obstacle isolé, car on passe son temps à s’arrêter et à faire demi tour. Pour le souffle et la respiration, un enchaînement de dix ou douze cavalettis oblige le cavalier et le cheval à prendre le temps de la respiration. Parfois, il m’arrive de mettre un bidet ou un soubassement sous le cavaletti. Que ce soit pour moi ou pour mes élèves, c’est un bon moyen de trouver la bonne cadence, et de rester concentré. Pour les chevaux chauds, c’est très efficace : il suffit de continuer le travail jusqu’au moment où ils se posent dans un galop normal. Tous les chevaux, que ce soit les jeunes ou les chevaux de Grand Prix, font ce genre d’exercice. Cela correspond à leur faire répéter leurs gammes dans la justesse de la cadence, de l’attitude et des distances. Les cavalettis du commerce sont à quarante centimètres, j’en ai fait fabriquer qui sont à soixante ou soixante-dix. Tant qu’ils ne font pas ça très bien, je ne fais rien d’autre. Parfois, sur plus gros, les chevaux freinent parce qu’ils sont impressionnés par la hauteur, mais ce n’est pas le but. Ce n’est pas l’obstacle qui doit les freiner mais l’attitude, le dressage et la complicité avec le cavalier. » n

X

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116 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020


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Juin - Juillet - Août 2020•L’EpEron•117


TECHNIQUE l LES EXERCICES DES PROS

MAX THIROUIN

ÉQUILIBRE ET JARRETS SOUS LA MASSE Installé dans ses propres écuries au Haras de Saint-Hubert à Machault, près de Fontainebleau, Max Thirouin s’est illustré à l’international ces dernières années notamment avec Utopie Villelongue, avec laquelle il remportait le titre de vice-champion de France Pro Élite en 2019.

S

ur le plat, je travaille surtout l’équilibrage du cheval, je cherche à ce qu’il mette ses jarrets sous sa masse. Pour obtenir cet engagement, je pratique le contre galop, l’épaule en dedans, et j’utilise les obstacles disséminés sur le terrain. J’alterne les lignes droites et les virages autour des obstacles en gardant le cheval “empilé”. Je lui demande de ne pas se coucher sur l’épaule intérieure, et de tourner très court, en plaçant sa masse au-dessus de ses jarrets, en restant léger devant et engagé. Je commence les séances par un échauffement, au pas et au trot, pratiquement sans m’occuper de l’encolure et de l’attitude de devant. Le cheval abaisse l’encolure de lui-même lorsque ses jarrets sont sous sa masse. Tant qu’il a le dos creux et les jarrets derrière lui, il est impossible de le mettre en place, à moins d’avoir recours à des embouchures fortes, un principe auquel je suis opposé. Si l’on éprouve de réelles difficultés avec un cheval, on peut toujours l’encadrer avec des longues rênes, ou le longer avec une rêne fixe par exemple. La priorité est qu’il se tienne au niveau de sa masse et de son garrot pour placer ses jarrets sous lui, et notamment le jarret intérieur sur une volte, sans se coucher. Je demande cet équilibrage au pas, au trot et au galop, en exigeant par exemple d’un cheval incurvé à gauche d’aller droit, ou même vers la droite. C’est comparable à de la contre épaule en dedans. J’utilise cet exercice avec tous les chevaux, en dosant mes demandes en fonction de leur niveau. Utopie Villelongue fait souvent des serpentines au contre galop, ou sur une volte de douze mètres de diamètre. J’alterne avec beaucoup de transitions d’allures, allongements et

« On peut utiliser des repères qui simulent des obstacles imaginaires, comme deux chandeliers, ou deux plots, voire une barre au sol. J’utilise souvent les obstacles disséminés sur la carrière, je trace un cercle régulier autour, en restant constamment à la même distance de l’obstacle. On peut aussi aller d’un obstacle à l’autre. Suivant leur emplacement, l’exercice est différent. S’ils sont proches l’un de l’autre, cela oblige à garder le cheval incurvé en sortie de volte, y compris au contre galop si nécessaire. S’ils sont éloignés, c’est l’occasion de demander un développement de l’allure avant de revenir à un galop plus rassemblé et incurvé pour aborder la courbe suivante. Avec un obstacle situé à trois mètres de la lice, le cercle est réduit, s’il est au centre de la carrière, il peut être plus large. Selon qu’il s’agit d’une ligne avec des obstacles espacés de six foulées, ou d’un double à une foulée dans lequel je dessine un huit de chiffre, la dimension des voltes est différente. Tout au long de l’exercice, on doit sentir que la masse se positionne audessus du centre de gravité. Il arrive aussi que les obstacles soient juxtaposés, dans ce cas la volte est deux fois plus grande. L’intérêt est d’alterner la dimension des voltes tout en demandant au cheval de se tenir et de ne pas se coucher vers l’intérieur. Je varie beaucoup les cadences et je profite des lignes droites et des grandes voltes pour développer l’allure. Si au milieu de la carrière se trouve une poubelle, un seau avec des fiches ou un chandelier isolé, j’en profite, avec un cheval confirmé bien sûr,

S’il s’agit d’un jeune cheval, je dispose les barres en forme d’entonnoir (2 mètres de large à l’entrée, 1 mètre en sortie) pour le canaliser.

0m

0m

Varier les cadences

1,5

1,5

ralentissements. Quoi que l’on fasse sur le plat, dans un galop actif ou tenu, l’objectif est d’être dans les bonnes conditions pour aller sauter. »

main gauche

main droite 118 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020


ERIC KNOLL

pour demander une volte très lente et très courte où il est sur ses jarrets. Les chevaux comprennent très vite l’exercice et jouent le jeu. »

En huit de chiffre pour l’équilibre

« L’un de mes exercices favoris consiste à installer un dispositif en huit de chiffre, composé de quatre obstacles et de deux couloirs de barres au sol espacées de 1,50 mètre, placés immédiatement à côté, dans lequel le cheval peut entrer en confiance. S’il s’agit d’un jeune cheval, je dispose les barres en forme d’entonnoir (2 mètres de large à l’entrée, 1 mètre en sortie, ndlr) pour le canaliser. J’inscris mon cheval sur l’une des courbes du huit de chiffre, je l’installe dans un galop équilibré et plutôt tonique

est suffisamment équilibré pour passer au pas, la qualité de son galop lui permet de prendre une foulée longue, ou d’en faire une supplémentaire. Quelle que soit la distance, la foulée sera bonne. Si en sortie de virage, le cavalier n’a pas assez de galop, et pas assez d’équilibre, il est préférable qu’il n’aille pas sauter, car avec un cheval ouvert, les jarrets derrière, il n’aura aucune solution pour prendre correctement ni une foulée longue, ni une courte. Si une foulée un peu longue se présente, le cavalier doit être capable d’engager les jarrets sous la masse, si au contraire il s’agit d’une foulée courte, il doit empiler son cheval, les jarrets sous la masse, la masse au-dessus des jarrets. Quand on cherche à ralentir, il faut absolument éviter de peser

« Si un cheval est suffisamment équilibré pour repasser au pas, la qualité de son galop lui permet de prendre n’importe quelle foulée correctement » dans le virage. À la sortie de la courbe, je me dirige vers un couloir de barres. Au moment où je cherche ma foulée, je passe au pas juste avant l’entrée du couloir. Je m’applique à sentir que mon cheval soutient son bout de devant et engage ses postérieurs sous sa masse. Un cheval équilibré passe facilement au pas. Je demande le départ au galop à la sortie du premier couloir de barres, puis je me dirige vers le second, placé à l’opposé sur le cercle. Je répète les mêmes actions en sortie de virage pour équilibrer le cheval, en m’assurant que les jarrets sont en place. Selon ce que je ressens au galop, soit je repasse au pas et je reprends le couloir de barres, soit je saute l’obstacle en le décalant de deux mètres et en conservant les mêmes paramètres. Si un cheval

sur le dos du cheval en reportant son poids vers l’arrière. Si tout se passe bien, je continue sur le huit de chiffre et j’enchaîne les obstacles placés sur les deux courbes en changeant de main. C’est un dispositif que j’utilise avec tous les chevaux, y compris avec les jeunes, ou ceux que je découvre. Je perçois très rapidement leur façon de comprendre les choses et, petit à petit, je peux développer le galop. Le principe des jarrets sous la masse s’applique au départ au galop du pas, lors du reculer, ou pour accélérer. Cet exercice est beaucoup plus profitable que d’enchaîner tout un parcours sans que le cheval ne comprenne pourquoi. Il n’est pas nécessaire d’avoir un grand terrain. Je le pratique d’ailleurs l’hiver sous mon chapiteau de 15 x 20 mètres. » n

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•119


ALEXANDRA FRANCART

« LES BASES ET DE LA PRÉCISION » Alexandra Francart, installée à Saint-Brice-Courcelle (51), est à la tête d’un effectif d’une vingtaine de chevaux sur lesquels elle veille au quotidien avec le soutien de son conjoint Boris Claud.

D

ans son travail quotidien, Alexandra Francart se dit assez classique. « Je tourne toujours autour des trois fondamentaux de l’équitation : avancer, tourner, ralentir. Dans mes exercices de base, je travaille énormément les transitions, en veillant à ce que le cheval reste bien en ligne, droit et sur ses quatre pieds. Je fais ce travail aux trois allures, de préférence sur la ligne droite. Avec un cheval abouti, je peux très bien allonger le galop sur un tour de carrière complet, et soigner le ralentissement, en veillant à ce qu’il ne prenne pas trop de temps, que les demandes passent dans la fluidité et qu’il coopère réellement. Moins le cheval est éduqué, plus les allongements sont limités. Mieux il va, plus je cherche à me rapprocher d’un galop de concours car, sur un parcours, on avance, on ralentit et on tourne pendant quatre-vingts secondes, sans interruption. J’introduis aussi des variantes, comme faire une volte au bout de la longueur, changer de main et repartir sur le bon galop. L’enchaînement des exercices développe de la complicité avec le cheval, qui finit par anticiper les demandes du cavalier, jusqu’au moment où l’on peut demander des voltes de cinq à dix mètres de diamètre avec un cheval qui reste en équilibre, sur ses appuis, qui ne se couche pas sur son épaule intérieure et ne dérape avec pas ses hanches vers l’extérieur. Selon l’avancement du dressage, j’intensifie la durée du processus. J’organise toujours mes indications en faisant parler mon corps, et ensuite mes aides directes. Pour accélérer, je sors de ma selle et j’accompagne de ma jambe, pour ralentir, je rentre dans ma selle et j’accompagne de ma main. C’est un principe de base que je mets en place dès le départ, y compris avec les jeunes chevaux. Avec un quatre ans, pouvoir obtenir une légère accélération au trot,

ERIC KNOLL

T

120 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020

Le conseil d’Alexandra

ravailler avec les mains basses, mais pas en dessous de la crinière, et devant le pommeau de la selle, pour ne pas agir en permanence sur la bouche. « Avec les mains hautes, les cavaliers ont tendance à n’utiliser que leurs mains et leurs jambes, alors qu’avec les mains basses, le cavalier découvre qu’il peut faire beaucoup avec son corps. C’est une machine formidable pour faire passer des messages aux chevaux. On décuple la force du cavalier sans avoir recours à la puissance des biceps. Avec des mains trop basses, le dos du cavalier est voûté, auquel cas il utilise d’autres points de force tels que les coudes, les épaules, les mains et les jambes pour essayer de faire passer les messages et perd en capacité musculaire pour mobiliser son cheval. Par ailleurs, avec le dos voûté et les mains trop basses, la position assise pour demander une transition descendante est impossible. S’il garde le dos droit, il est dans une position plus juste et en mesure d’utiliser ses abdominaux. » n


TECHNIQUE l LES EXERCICES DES PROS

Ligne 6 à 8 foulées (environ 25 mètres)

<=

Pour un six ans par exemple, il s’agit de faire six foulées constantes pour mettre en application le travail sur le plat. Avec des chevaux un peu plus mûrs, on cherche à faire une foulée de moins, ou une voire deux de plus, avec un cheval en ligne, qui ne se décale pas.

2 fo u

lées

<=

Double saut de puce environ 3m50

lée 1 fo u

(7,50

m)

3 foulées (12 à 14 m)

« Pour travailler la réactivité des chevaux, j’aime bien leur proposer en parallèle trois sauts de puce au galop » puis un ralentissement, sans qu’il se débatte dans sa bouche, le tout en ligne droite, représente déjà un bon nombre d’heures de travail. Plus les chevaux mûrissent et progressent, plus on complexifie les demandes. Mes élèves le font aussi. J’enseigne le plus possible comme je dresse et comme je monte, mais au besoin je peux avoir recours à des artifices (chandeliers, plots, etc.). Le but est de toujours respecter les consignes avec précision. »

« Développer l’autonomie du cheval »

« Nous avons en permanence accès à un dispositif que nous modifions chaque semaine, comme par exemple une ligne à l’intérieur de laquelle on peut travailler la stabilité du cheval. Pour un six ans par exemple, il s’agit de faire six foulées constantes pour mettre en application le travail

sur le plat. Avec des chevaux un peu plus mûrs, on cherche à faire une foulée de moins, ou une voire deux de plus, avec un cheval en ligne, qui ne se décale pas. Les indications doivent passer rapidement et sans contraintes. Comme l’exercice peut devenir rébarbatif pour les chevaux, on varie les dispositifs. Pour travailler la réactivité des chevaux, j’aime bien leur proposer en parallèle trois sauts de puce au galop, avec un croisillon, un vertical à quatre-vingts centimètres, et le dernier à un mètre, puis à une foulée, un double à deux foulées avec un vertical ou un oxer en sortie selon que l’on recherche la hauteur ou la largeur. Nous utilisons ce dispositif pour développer l’autonomie du cheval. Le dispositif reste le même pour tous les niveaux de chevaux et de cavaliers, la difficulté provient de la hauteur et de la vitesse. » n

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•121


KEVIN STAUT

« LES COMBINAISONS MAÎTRISÉES, SANS ANXIÉTÉ » Champion olympique par équipe en titre, 22e au classement mondial au moment de l’arrêt des compétitions en mars 2020, Kevin Staut est installé dans ses propres écuries à Pennedepie, dans le Calvados.

7,20 m

7,20 m

7,20 m

7,20 m

T

Option 1

echniquement, je n’ai rien inventé. J’utilise beaucoup le cercle, figure élémentaire et basique depuis toujours, qui permet à la fois de cadrer le cheval, de le canaliser sans brutalité et sans force si l’on a du mal à le contrôler en ligne droite, et de le mobiliser latéralement en agrandissant et en rétrécissant le diamètre. L’objectif est d’utiliser de moins en moins les aides premières que sont les mains et les jambes, tout en les gardant au contact pour maintenir la connexion. On peut travailler sur le cercle aux trois allures. L’objectif est de bien se connecter à son cheval, de le contrôler et de l’orienter sur la trajectoire du cercle ou des cercles que l’on dessine, uniquement avec son équilibre et son bassin, de pouvoir agrandir et rétrécir le cercle dans une grande fluidité, en gardant le cheval très à l’écoute. Le cercle permet au cheval de se rééquilibrer sur ses quatre membres et de les utiliser correctement. Comme le disait Jean Alazard, avec lequel je travaillais, “le cercle, c’est la rêne allemande du pauvre”. Ce travail se décline sous tout type d’exercices, y compris le travail de deux pistes. Il permet avant tout de remobiliser les épaules du cheval. Quand on veut mettre les hanches à l’intérieur, on met d’abord les épaules à l’extérieur. Les hanches se libèrent et viennent naturellement à l’intérieur. De la même façon, si on veut mettre les hanches à

7,20 m

7,20 m

Option 2

l’extérieur, on met les épaules légèrement à l’intérieur. Elles devancent alors les hanches. Il est inutile de partir d’un cercle trop petit, ni de l’élargir énormément. Il est intéressant de pouvoir, avec les aides extérieures et l’équilibre, revenir vers l’intérieur du cercle, passer du poids sur l’épaule intérieure, puis ensuite, au moment de l’élargir, de repasser du poids sur l’épaule extérieure. On mobilise ainsi le cheval sur les deux épaules. Faire la même chose en ligne droite requiert beaucoup plus de force. Le cercle lui-même permet au cheval de comprendre la mobilité que l’on attend de lui. Je ne demande pas trop de pli, car il ne faut pas que le cheval l’assimile à un report de poids sur une épaule ou sur l’autre. Dans l’idéal, il faut le guider sur un contact égal et très léger des deux rênes. Par ailleurs, il n’est pas utile d’imprimer une action de jambes forte. Il est préférable de mettre le poids du corps légèrement à l’extérieur pour faciliter le passage du cheval vers l’intérieur, et inversement, mettre un peu de poids à l’intérieur de ce côté-là, pour libérer l’extérieur du cheval et élargir le cercle. C’est l’exercice luimême qui permet au cheval de trouver son équilibre. Comme le disait Nelson Pessoa, on doit avoir l’impression de démonter progressivement son cheval pour le remonter, à savoir obtenir décontraction et relâchement avant d’aborder un exercice plus complexe, ou de sauter. Le huit

122 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020


TECHNIQUE l LES EXERCICES DES PROS de chiffre permet également de passer du poids d’une épaule sur l’autre. Il a plus d’intérêt au trot, car c’est une allure symétrique, et le changement de main permet de mobiliser le cheval, alors qu’au galop il faut introduire un changement de pied, qui demande trop d’efforts au cheval pour qu’il se décontracte. Au galop, le cercle reste plus intéressant. »

À l’obstacle, l’un des dispositifs sur lesquels le cavalier travaille le plus régulièrement est la combinaison, qui constitue l’élément le plus technique pro-

doit développer de la trajectoire et de la propulsion. Je change l’aspect des combinaisons chaque jour. Il n’y a aucune limite dans ce que l’on peut installer. On peut s’aider de barres au sol quand le cheval a du mal à caler sa trajectoire à l’intérieur de la combinaison. L’exercice doit rester facile, agréable, et répété régulièrement. Quand la combinaison est à trente ou quarante centimètres, je peux tout à fait la franchir en fin de travail sur le plat. Il n’est pas nécessaire qu’elle soit haute pour être bien maîtrisée. J’installe les obstacles franchissables dans les deux sens, les plus simples possible, sans soubassements si le cheval a des problèmes. L’avantage est que la combinaison peut être installée sur toute

posé en parcours. « En cas de difficulté en concours, je reproduis la combinaison à la maison, mais c’est essentiellement la philosophie de la combinaison qui m’importe. Le cheval doit se gymnastiquer pour réaliser une exécution technique parfaite, car les sauts s’enchaînent très rapidement. Je recherche à la fois la maîtrise et l’absence d’anxiété. Je fais ce travail même avec des chevaux jeunes ou que je découvre. Plus le cheval montre d’appréhension ou éprouve de difficultés, plus on simplifie le dispositif, en commençant par un double de verticaux. La combinaison offre une grande variété de déclinaisons. Pour donner de l’étendue à un cheval, on peut installer un triple d’oxers. L’un des enchaînements les plus compliqués est formé d’un vertical, suivi d’un oxer et d’un vertical, car à l’entrée et à la sortie, on demande au cheval énormément d’équilibre et de verticalité, tandis que sur l’élément du milieu, il

carrière, peu importe sa dimension. C’est un exercice de poche pratique. Il m’arrive en concours d’en installer une au paddock le matin de bonne heure. Lorsque le cheval maîtrise l’exercice, et que le cavalier est en mesure, dans sa position, son équilibre et sa manière, de le suivre avec fluidité, de l’aider sans le gêner, il n’y a pas de raison d’avoir des difficultés sur des lignes espacées de plusieurs foulées car qui peut le plus peut le moins. Soit je centre ma séance sur la combinaison, et je la saute plusieurs fois, soit je la franchis puis je travaille une minute au galop, et je reviens la sauter. Il ne faut pas tricher sur les trajectoires ni sur le rythme du galop, et rechercher la disponibilité et l’équilibre sans choisir une allure trop lente. Il ne faut pas non plus ajouter de la difficulté en venant en biais, ou en tournant court devant. Dans tous les cas, on fait en sorte d’avoir un cheval en ligne qui saute bien au milieu. » n

ERIC KNOLL

La combinaison, un exercice de poche pratique

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•123


TECHNIQUE l LES EXERCICES DES PROS

21,50 m

10,50 m

7,20 m

OLIVIER ROBERT

ERIC KNOLL

TRAVAIL DE DEUX PISTES ET SUR LES COMBINAISONS Installé à Pompignac, près de Bordeaux, Oliver Robert dispose d’une cavalerie de quatorze chevaux sur les vingt accueillis dans ses écuries.

O

livier Robert était jusqu’à présent ancré dans un système qui lui était proposé par Albert Voorn, et préconisait de toujours travailler les chevaux en ligne droite. « Ma rencontre avec Barnabas Mandi et Henk Nooren (entraîneurs des équipes de France de saut d’obstacles, ndlr) a totalement révolutionné une bonne partie de mes stratégies de travail en ayant recours au travail latéral. Dorénavant, j’utilise au quotidien le travail de deux pistes, qui améliore énormément la bouche de mes chevaux. C’est devenu ma base de travail et j’y trouve mon bonheur. Cela me permet de muscler davantage le dos de mes chevaux, et en conséquence d’améliorer à la fois leur fonctionnement de manière indiscutable et le contact que j’ai avec eux. Dès le début de la séance, au pas, je mobilise les hanches et les épaules, puis je continue au trot et au galop. J’alterne le travail des hanches sur le cercle et la ligne droite. J’aime les chevaux légers, mais dans mon système, le fait d’avoir une connexion ferme avec la bouche ne m’a jamais dérangé. C’est pourquoi j’apprécie le hackamore, car les chevaux prennent avec cette embouchure un contact franc, sans risque pour la bouche, qui me convient tout à fait. Au cours du travail sur le plat, pour vérifier que je suis dans la vérité, je recherche un cheval prêt, à n’importe quel moment, à sauter un oxer à 1,40 mètre. J’applique ce principe également à mes élèves. J’exige de la part de leurs chevaux une propulsion importante, et la capacité à faire l’accordéon. Parfois, à la détente,

les cavaliers ont tendance à oublier les codes établis à l’entraînement. »

Peu de parcours à la maison

« J’ai de manière quasi permanente deux dispositifs installés sur la carrière. Je détends beaucoup mes chevaux dans des combinaisons directement. Je saute assez rarement un obstacle isolé à la maison. J’installe un dispositif en rectangle composé d’un double de verticaux à une foulée, soit 7,20 mètres, et un double d’oxers à deux foulées, franchissables dans les deux sens. Bien sûr, j’adapte la distance entre les éléments à la hauteur des obstacles. Selon le niveau d’éducation du cheval, j’essaie d’enchaîner les deux combinaisons et de les franchir dans les deux sens. J’utilise ce dispositif avec les chevaux de quatre à six ans également, car cela facilite la concentration. Avant toute chose, à l’abord comme tout au long de l’enchaînement, je recherche une bonne régularité dans le galop – que ce soit à 250 mètres par minute, lors de la détente, voire 300 mètres ou 400 mètres par minute –, sans changement de rythme ni d’allure. Je peux varier le rythme dans les courbes, mais pas dans la zone d’abord. Par ailleurs, jamais je n’aborde le premier élément avec plus de trois foulées en ligne droite, soit moins de quinze mètres. Il m’arrive d’élargir la courbe qui sépare les deux combinaisons pour aborder le premier élément légèrement de biais. C’est un dispositif qui me permet de travailler à la fois la concentration, la rectitude et la capacité du cheval à reporter sa masse sur ses postérieurs dans le double de verticaux, et de s’étendre dans le double d’oxers. Je prends soin de monter l’un des éléments en oxer allemand (largeur réduite, ndlr), et l’autre avec de la largeur. J’enchaîne très rarement des parcours à la maison, sauf si le cheval n’est pas sorti depuis longtemps. En dehors de ce dispositif, je peux aussi installer une ligne à cinq ou six foulées. » n

124 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020


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DÉCOUVERTE

Le quartier de Palermo, surnommé “la cathédrale mondiale du polo“, abrite un gigantesque stade : les matchs de l’Open d’Argentine s’y jouent devant près de 18 000 spectateurs sur un terrain de 275 x 145 mètres.Photos R&B Presse

Le polo argentin, entre élevage et business Le polo, un sport populaire en Argentine ? Pas vraiment, mais une pratique équestre bien plus prisée que le saut d’obstacles, qui constitue une petite industrie censée rentrer quelques devises dans le pays. Sellerie, location de joueurs et production de chevaux : l’Argentine a toujours eu une longueur d’avance sur les autres nations depuis le milieu du siècle dernier et s’est arrogé un quasi-monopole économique que seuls l’Angleterre et les États-Unis lui contestent un peu. 126 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020


L

e polo que l’on connaît en Europe n’a rien à voir avec ce qui se pratique en Argentine. Cette différence est spectaculaire en fin d’année, quand tous les professionnels argentins se retrouvent chez eux pour disputer les tournois professionnels les plus prestigieux, d’octobre à mi-décembre, et dont la conclusion est le mythique Open d’Argentine. En décembre dernier se jouait la 126e édition ! Ce tournoi a une histoire qui commence en 1892 et le remporter, c’est tout simplement entrer au Panthéon du sport argentin. Mais, au-delà du sport, l’Open d’Argentine - el Abierto -, qui se joue dans un immense stade de 18 000 places en plein cœur de Buenos Aires, est également une énorme vitrine pour la filière polo argentine. C’est à cette occasion que se font les marchés

de joueurs, de chevaux et de matériel, maillets et sellerie. Les patrons européens et américains y sont tous présents et négocient les contrats de la prochaine saison avec les joueurs à coup de prix à sept chiffres (imaginez le manque à gagner cette année), notamment pour les saisons anglaise et américaine. Pour les joueurs, en effet, il est crucial de bien se vendre et d’engranger un maximum de revenus, notamment pour s’équiper en bons chevaux et financer cet Open d’Argentine qui n’est pas doté, revenus complétés par les sponsors qui foisonnent dans le polo argentin. Le commerce de chevaux bat également son plein à cette époque. Il s’en exporte environ 2 000 par an. Parfois, le jeu pour les joueurs-éleveurs-marchands de chevaux est d’introduire des chevaux moins compétitifs à ce niveau pendant quelques

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•127


DÉCOUVERTE l LE POLO EN ARGENTINE

I

Vivre du polo

l est difficile d’accéder à des chiffres fiables en ce qui concerne la rémunération des joueurs de polo. Il n’y a pas de dotation en tournoi et la base de l’économie repose sur deux piliers : les salaires des joueurs payés par les patrons en tournois professionnels et amateurs, qui constituent l’essentiel de la saison, et le commerce de chevaux. Combien gagne un joueur professionnel ? Il n’y a pas de règle en la matière sauf celle faisant équivaloir un point de handicap à 1 000 dollars par tournoi de deux ou trois week-ends pour un joueur sans chevaux et monté par l’organisation de l’équipe. Ainsi un handicap 3 gagnerait 3 000 dollars, un handicap 6 monterait à 6 000 dollars... Mais à vrai dire, c’est une question d’offre et de demande, et le chiffre est différent selon que le joueur loue ses services avec ou sans chevaux. D’autant que la conjoncture n’est pas très favorable pour les petits et moyens handicaps (2 à 7), obligés de faire quelques concessions. Même certains gros handicaps argentins (8 à 10) ont du mal à trouver du travail. Certains restent désormais en Argentine pendant les grandes saisons européenne et floridienne. Pour leur part, les joueurs des grosses équipes de l’Open d’Argentine n’ont (presque) pas de problème d’inactivité, se faisant payer de un million et demi à deux millions de dollars pour la saison anglaise, de mai à juillet. Adolfo Cambiaso facturait ce même million et demi pour un tournoi de dix jours à Aiken (USA) il y a quelques années, ce qui donne une vague idée de ce qu’il peut percevoir aujourd’hui pour la saison floridienne de trois mois et l’anglaise, de trois mois également, et qu’il devrait jouer pour un patron français, Jean-François Decaux (affichage JC Decaux), si la situation sanitaire liée au Covid-19 l’y autorise. Dans ces deals, il est fréquent que les joueurs incluent ou ajoutent des lots de chevaux de leurs élevages. Contrairement au tennis, l’égalité des sexes n’est pas encore tout à fait de mise dans le polo. Les meilleures joueuses peuvent espérer se faire payer environ 1 000 à 1 500 euros par match, mais le phénomène est nouveau. Et finalement, celles-ci, si elles sont classées 9 ou 10 en handicap féminin, ne le sont que de 1 à 3 en handicap mixte et au bout du compte, les stars féminines sont mieux payées que leurs homologues masculins à égalité d’handicaps mixtes. Mais il ne s’agit là que d’estimations, proches de la réalité, établies à force de recoupements. n minutes dans un moins difficile de l’Open. Objectif : pouvoir gonfler le prix d’un cheval “normal” avec cet argument : « Il a joué l’Abierto ! » Les Argentins ont ainsi réussi à imposer un axiome : un bon cheval de polo est argentin.

L’ÉLEVAGE DU CHEVAL DE POLO : UNE AFFAIRE TRÈS SÉRIEUSE

Depuis que le polo a pris racine en Argentine, il y a cent-trente ans, les joueurs ont immédiatement eu le souci de trouver et d’élever le cheval le plus adapté à ce sport. Rapidement, de façon empirique, ces premiers éleveurs ont mis sur pied un système de sélection où étaient recherchées la docilité, la sensibilité, la rusticité avec une structure osseuse et musculaire capable d’encaisser la rudesse de ce sport. Ces sélections étaient effectuées par les éleveurs, les joueurs, les groomsentraîneurs (petiseros-domadores), les maréchaux-ferrants et les vétérinaires ayant un lien avec ce sport. Ces chevaux ont toujours grandi dans l’infinie pampa dont l’herbe est l’une des meilleures au monde. Dès le début du XXe siècle, les chevaux argentins étaient recherchés à travers toute la planète. Un marché, sans doute microcosmique à l’échelle mondiale par rapport à celui du cheval de sport en Europe, mais essentiel pour ce pays qui a exporté jusqu’à 4 000 chevaux par an. Un chiffre qui a malheureusement été divisé par deux ces dernières années en raison de fortes taxes à l’exportation et d’un billet d’avion qui est passé de 5 000 dollars en 2009 à 12 000 en 2019. Il était vite devenu nécessaire de structurer cet élevage et, en 1984, l’Association argentine des éleveurs de chevaux de polo (AACCP) voyait le jour. Le but de ce stud-book est de promouvoir l’élevage argentin, d’organiser les enregistrements des produits et les inspections, de sélectionner les juments inscriptibles selon leur niveau de jeu ainsi que les étalons, d’encourager la recherche en matière d’insémination artificielle et de transferts d’embryon – technique sur laquelle l’élevage argentin a une bonne décennie d’avance sur les stud-books européens –, et d’être à l’affût de toute nouveauté en matière de zootechnie. Le contrôle des registres généalogiques est des plus strict et les inspections de l’AACCP sont courantes dans les campos. Pour asseoir ses règles et ses méthodes, l’association s’est calée sur les réglementations de l’Union Européenne et a réussi, en quatre ou cinq générations, à fixer un type, presque une race, de chevaux de polo. Ce biotype est clairement décrit et défini dans les règles du stud-book : le cheval doit avoir une taille de 1,56 mètre avec un poids de 400 à 500 kilos, des os forts, du sang, une tête bien proportionnée, une encolure bien sortie, longue et élégante, la ligne du dos,

les membres solides et musclés, les aplombs parfaits... Même la taille et l’emplacement des oreilles sont indiqués ! Les trois allures doivent également répondre à des critères bien précis : le galop doit être équilibré, le trot sans trop d’action, c’est-àdire pas trop étendu, même s’il doit rester tonique. C’est sur ces bases que sont admis les étalons et que les juges se fixent dans les concours d’élevage, jusqu’à la finale nationale de La Rural, centre d’exposition au cœur de Buenos Aires, où les grands joueurs, Adolfo Cambiaso le premier, testent la facilité d’utilisation sous la selle et le tempérament des montures, quand ils ne présentent pas d’étalons eux-mêmes à cette inspection. Ici, il s’agit des meilleurs produits du pays, mâles et femelles, qui sont déjà passés à travers les mailles du filet des examens d’admission au stud-book organisés par l’Association rurale argentine, pour le compte de l’AACCP, à travers le pays. Pour être approuvés, les étalons doivent montrer leur capacité dans les Opens ou autres tournois de high-goals , c’est à dire du plus haut niveau, et leur approbation n’est pas pour autant garantie car leur aptitude et leur comportement en match sont jugés par une commission. Et comme dans certains stud-books de saut d’obstacles, cette approbation n’est pas définitive tant que les chevaux n’ont pas une production convaincante en compétition ! Pour les juments, l’inscription au stud-book est un peu moins drastique : elles doivent faire leurs preuves dans des matchs ou des practices d’un niveau de 8 goals, qui est le niveau du championnat de France (l’Open d’Argentine se jouant à 40 goals).

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Le phénoménal Adolfo Cambiaso, meilleur joueur de tous les temps, avec le clone n°9 de la fameuse Cuartetera.


Les écuries de l’élevage de La Vanguardia, créé par Willem Melchior, un des fils de Léon et frère de Judy Ann, à 150 kilomètres au nord de Buenos Aires : trois-cents chevaux sur 3 000 hectares, une station d’étalons, un centre d’insémination et de transferts d’embryons, une cellule de débourrage, un espace de dressage et quatre terrains de polo.

DE PLUS EN PLUS DE PUR

À Palermo – l’un des quartiers de Buenos Aires –, les chevaux ne sont pas anonymes. Leur nom sont affichés sur un écran géant et l’AACCP édite un programme avec les pedigrees. Mais cela est presque inutile car une bonne partie des 18 000 spectateurs connaît les chevaux des stars. La chaîne de télévision américaine, ESPN, qui retransmet en direct les finales de la Triple couronne et les matchs de l’Open d’Argentine, enrichit cette diffusion de pastilles et d’une foultitude de statistiques. Parmi ces informations figure la vitesse de certaines actions relevée par GPS. Et il n’est pas rare que l’écran affiche des chiffres dépassant les 60 km/h ! Il est clair que pour atteindre de telles pointes, les éleveurs se sont de plus en plus éloignés du criollo de base dont les grands propriétaires terriens se servaient, il y a cent-quarante ans exactement, pour les premières parties de ce nouveau sport importé par les Anglais qu’ils pratiquaient avec leurs ouvriers agricoles, les gauchos. Très vite le pur-sang a été introduit dans ces souches robustes, endurantes et au caractère en or. Du Quarter Horse et même un peu de sang arabe ont été également incorporés, mais à un degré moindre (le Quarter, pour améliorer les qualités de démarrage, a été très rarement utilisé). Aujourd’hui, le cheval de polo argentin est essentiellement pur-sang, de 75 % jusqu’à 100 %. Le pur-sang à 100 % n’est pas forcément un cheval réformé de course, mais un poulain acheté avant qu’il ne débute une carrière sur les hippodromes ou même un produit pur-sang délibérément conçu dans la seule optique du

polo : « Ces pur-sang sont acceptés à la reproduction au même titre que les autres chevaux de polo, à condition qu’ils remplissent les critères du standard, les testages d’étalons à La Rural ou qu’ils aient fait leurs preuves en matchs pour les réformés des courses »,

précise Guillermo Buchanan, membre du bureau de l’AACCP.

LE MÊME CŒUR D’ÉLEVEUR

Le travail de l’AACCP porte ses fruits car il tire toute une filière agricole vers le haut. Le marquage, une simple tête de cheval stylisée, est une garantie de qualité. Cet élevage officiel concerne deux-cent-soixante très gros éleveurs et une centaine de plus petits, en Argentine et ailleurs dans le monde, qui détiennent quelque 24 000 poulinières et 7 700 étalons approuvés ! L’AACCP enregistre environ 13 000 naissances par an, « un chiffre que l’on peut multiplier par deux quand on estime le nombre d’éleveurs qui font naître en dehors de l’association. 90 % des naissances enregistrées chez nous proviennent de transferts d’embryon », indique Buchanan. Une technique quasi

systématique depuis les années 1990, qui permet aux juments de produire pendant la longue pause hivernale (jusqu’à huit embryons) et aux éleveurs de sélectionner très tôt le sexe des poulains car les juments, plus dociles et qui apprennent rapidement, constituent près de 90 % des effectifs sur les terrains de polo. Le nombre moyen de juments par éleveur est d’environ quatre-vingt-dix, loin des deux poulinières par éleveur européen de chevaux de sport. Lolo Castagnola, l’ancien défenseur de La Dolfina, et qui désormais veille à

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En tenue traditionnelle de Gaucho, Polito Ulloa entre ses deux fils, dont le handicap 10 Hilario et le handicap 6 français Brieuc Rigaux, qui travaille régulièrement avec Hilario. Polito est une sommité du polo argentin, le premier à avoir développé et à prôner un débourrage et un dressage des chevaux de polo avec une méthode douce, proche de celles des chuchoteurs. Photos R&B Presse


DÉCOUVERTE l LE POLO EN ARGENTINE la carrière de ses deux fils phénoménaux, Barto et Camillo, est dans cette moyenne avec plus de cent naissances par an : « Je ne les débourre cependant pas tous moi-même (rires) ! Je les suis tous et, en général, je peux dire qu’un cheval sur deux, issu de mon élevage, sera un bon cheval de polo. » Vous aurez avec

ce joueur la même discussion que l’on peut avoir avec un éleveur normand. Il vous parlera de sa jument fondatrice, La Julia, qui a produit des embryons jusqu’à vingt-huit ans. Il vous décrira avec fierté l’une de ses meilleures poulinières, La Cosentina, une pur-sang française, réformée de course et qui n’a jamais joué au polo, mais qui lui a donné trois produits ayant tous joué à Palermo. Dans l’héritage génétique de ses produits, il vous assurera qu’il attribue 70 % à la mère, soit le même pourcentage que les joueurs attribuent à la qualité du cheval dans leurs propres résultats sportifs :

« J’attends d’un étalon qu’il marque ses produits, qu’il améliore le modèle, qu’il apporte de la puissance et du cœur à jouer, mais la sensibilité viendra toujours de la mère. Beaucoup de gens pensent que l’étalon peut être “magique”, mais ce n’est pas le cas. Je ne suis pas de ceux qui se focalisent sur un ou deux étalons vedettes, j’en utilise personnellement de douze à quatorze, mais toujours issus de lignées performantes. » Lolo Castagnola vous racontera

également comment il choisit ses étalons, selon leur modèle, et vous dira à quel point la nutrition est importante. Il évoquera cette passion, qui est la même que celle des éleveurs français, belges ou allemands de chevaux de saut d’obstacles et qu’il partage avec son ami d’enfance, beau-frère, et ancien coéquipier, Adolfo Cambiaso, le meilleur joueur de tous les temps. Des considérations agricoles fortement éloignées de l’image de play-boys de la jet-set que l’on veut bien attribuer aux joueurs de polo, qui sont hommes de cheval avant tout.

LE CLONAGE PRESQUE BANALISÉ

Lolo Castagnola, qui a également été handicap 10 il y a encore six ans, vous parlera également de Toro, son meilleur cheval lorsqu’il était joueur, un des rares hongres sacré meilleur cheval de la finale de Palermo en 2008 et 2010, qu’il a fait cloner, il y a trois ans, pour en obtenir un étalon et des chevaux pour équiper ses fils. Et il a fait mouche : cinq produits d’un coup. L’AACCP n’en a approuvé qu’un à la reproduction et on attend encore la performance sur le terrain de la part des autres clones qui n’ont que trois ans. Le clonage est en effet complètement entré dans les mœurs en Argentine. Tout a commencé avec Adolfo Cambiaso. Joueur hors-pair, un extraterrestre, seize fois vainqueur de l’Open d’Argentine, quarante-cinq ans. Adolfo Cambiaso est également éleveur comme la plupart des joueurs. Outre le titre, leur plus grande fierté est d’amener les chevaux de leurs élevages à l’Open d’Argentine. En 2007, Adolfo a perdu l’un des rares étalons performers jouant à ce niveau : Aiken Cura, un petit alezan trapu, souple, rapide avec une bouche en or, plusieurs fois désigné meilleur cheval de la finale de Palermo. Mais en 2006, Aiken a été victime d’une fracture de fatigue et n’a pas pu survivre à un confinement au box. Des coliques ont malheureusement entraîné son euthanasie. C’est alors que des investisseurs et le laboratoire texan Crestview Genetics ont proposé à Adolfo de faire “revivre” Aiken en clone, pour la reproduction. Puis tout est allé très vite : les investisseurs ont eu l’idée de cloner tous les meilleurs chevaux de Cambiaso, dont la célèbre Cuartetera, une jument baie, increvable, rapide, capable de penser en même temps que son cavalier, voire avant. On ne sait pas combien de Cuartetera ont été ainsi photocopiées depuis 2009, mais Cambiaso a débarqué en 2016, année où il remportait son 14e Open, avec six clones de sa jument fétiche. Âgées de cinq et six ans, les juments ont fait preuve d’une maturité exceptionnelle pour cet âge : « Les clones apprennent plus vite, ils sont plus faciles à débourrer, on a l’impression qu’ils ont déjà une certaine expérience. Les Cuartetera avaient cinq ans quand elles ont gagné contre des chevaux de dix ans », note le patron

du laboratoire argentin Kheiron, Martin Barrantes, membre d’une famille emblématique de l’élevage du cheval de polo en

Le pato, ancêtre du horse ball, est un sport populaire dans les campagnes argentines. Une passion pour certains joueurs comme Tete Storni, professionnel du polo qui finance son pato, nettement moins professionnalisé, avec l’argent gagné au polo. Le handicap 10 Pablo McDonough en fâcheuse posture lors de la finale de l’Open d’Argentine. Contrairement au joueur de pato, il ne se remettra pas en selle ici !

Argentine. Mais depuis les exemplaires immatriculés de 1 à 10, on n’a pas vu de nouvelles Cuartetera depuis trois ans…

UN CLONE À 80 000 EUROS

Le prix de revient d’un clone a baissé au rythme des avancées de la technique. Quand il en coûtait encore environ 250 000 euros aux débuts du clonage, vers 2006, ce prix serait ramené à 80 000 euros actuellement en Argentine, si bien que de plus en plus de joueurs se laissent tenter. « La technologie s’est rapidement améliorée », assure Martin Barrantes. « Aujourd’hui, la machine fonctionne parfaitement, nous produisons des animaux très solides. Pratiquement toutes les gestations arrivent à leur terme et nous sommes capables de produire une soixantaine de clones par an. Avec une bonne qualité d’ADN et une meilleure maîtrise du processus, nous avons par exemple réussi à livrer huit clones de la jument Virolita à Agustin Merlos alors que le protocole est prévu pour deux naissances. Une bonne affaire pour lui puisque nous ne facturons que les deux premiers clones, les autres étant du bonus. Aujourd’hui, plus aucun poulain ne naît avec une quelconque faiblesse et contrairement aux idées reçues, les clones ne naissent pas “vieux”, ils ne naissent pas avec l’âge de l’ADN original ! » Entre le laboratoire texan Crestview Genetics,

où Cambiaso fait fabriquer ses clones, et le laboratoire argentin Kheiron, produisant chacun une trentaine de clones par an, ce sont entre cinq et six cents clones de chevaux de polo qui ont été ainsi fabriqués depuis 2009. Mais depuis cette arrivée spectaculaire des clones sur les terrains de polo, seuls ceux de

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Cuartetera, et quelques-uns d’une autre jument nommée Lapa, semblent performants à ce niveau. Les affirmations sur la bonne santé sont remises en doute par certains joueurs et hommes de cheval : « On vous montre les chevaux que l’on voit à Palermo, mais il faut également aller dans les élevages constater dans les paddocks que beaucoup de ces clones n’ont pas tous la grande forme », avoue un joueur souhaitant rester

anonyme. Cependant, tous les grands joueurs et éleveurs du polo argentin ont désormais cloné : Mariano Aguerre, les Novillo Astrada, les McDonough, les Heguy, Juan Martin Nero… Tous d’anciens vainqueurs de l’Abierto ! Les produits issus du clonage sont enregistrés en bonne et due forme à l’AACCP : « Toutes les techniques pour produire un cheval sont acceptées au stud-book », confirme Guillermo Buchanan.

LE CLONAGE POUR AMÉLIORER L’ÉLEVAGE ?

Au-delà de l’éthique, l’autre problème soulevé par le clonage est le coup de frein qu’il pourrait donner à l’évolution et la diversification de la génétique, bref à l’amélioration de la race. Martin Barrantes soutient le contraire : « Cela accélère l’amélioration de la génétique, mais de manière différente. Je m’explique. Prenons Cuartetera qui est et qui a une souche basse exceptionnelle, avec sa seconde mère Cumbia qui est née dans ma famille : avec le transfert d’embryons, on peut espérer trois ou quatre produits par an. Maintenant, on peut en produire de vingt-cinq à trente. Cela améliorera considérablement les souches. Avec le clonage, on a la quasi-certitude d’avoir de bons chevaux et plus rapidement. Ceci, d’un point de vue des lignées maternelles. Côté étalons, cela permet de récupérer la génétique de hongres comme Toro, le cheval de Lolo Castagnola, meilleur hongre de polo argentin de tous les temps. De plus, le clonage est intemporel. On peut du coup reproduire des animaux d’époques différentes. On peut sauvegarder une génétique, c’est le cas de Chellano Z dans le saut d’obstacles, mort prématurément, et préserver ainsi ses gènes, cela œuvre à l’amélioration. Cambiaso vient de faire cloner Storm Cat, le crack galopeur américain, dont la mère est par Secretariat, pour introduire la souche dans le polo. Voilà un exemple extraordinaire de diversification génétique grâce au clonage. Et puis un éleveur qui sera sûr de produire un bon cheval pour 85 000 dollars perdra finalement moins d’argent et pourra consacrer du budget à la recherche de nouvelles souches. C’est ce que fait Cambiaso, toujours sur la route, à la recherche de nouveaux chevaux malgré ses clones. » « Le clonage n’améliorerait pas l’élevage ? Donnez-moi un clone de Cuartetera et je vous promets que cela va améliorer mon propre élevage ! », lance Guillermo Buchanan.

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Le prix du haut niveau

u côté des chevaux, là encore, la transparence des prix n’est pas vraiment de mise. L’inflation sur le transport aérien équin entre l’Argentine et l’Europe a poussé les européens à trouver d’autres solutions, notamment pour les chevaux de low-goal qui se trouvaient à 5 000 ou 10 000 dollars en Argentine, mais dont le prix a maintenant doublé ou triplé à cause du prix du transport. Si en Europe l’élevage se développe timidement, en Angleterre et en Allemagne (notamment avec la fille et le gendre de Alwin Schockemöhle qui proposent d’excellents produits issus des meilleures souches argentines), on a vu se développer avec succès ces dernières années le recyclage de pur-sang que les dresseurs européens récupèrent pour presque rien dans le monde des courses. Les chevaux de niveaux supérieurs, medium et high-goal, viennent essentiellement d’Argentine. Pour le plus haut niveau français, ce sont des chevaux qui valent entre 30 000 et 100 000 euros. Pour des chevaux compétitifs dans le high-goal argentin, quand la vente d’un crack se fait – mais c’est très rare, les meilleurs joueurs gardant jalousement leurs meilleurs chevaux –, c’est dans une fourchette de 100 000 à 250 000 euros. Ce ne sont là que des estimations. Les chiffres des remate (des ventes aux enchères d’élevages en général associés à un grand joueur : La Dolfina / Adolfo Cambiaso – La Aguada / frères Novillo Astrada – La Irenita / Pablo et Matias McDonough, etc.) sont plus transparents. Ici, le prix d’une jument de trois ans avec une bonne génétique tourne autour de 40 000 dollars mais peut grimper jusqu’à 100 000 dollars et un embryon peut se vendre jusqu’à 150 000 dollars. n

RETOUR AUX VRAIES VALEURS

Eduardo Heguy, éleveur à grande échelle, quadruple vainqueur de l’Open d’Argentine et membre de la plus impressionnante famille de polo qui a compté neuf handicaps 10, partage à peu près le même avis avec cette petite nuance : « D’abord, je ne crois pas que le clonage va marcher avec tous les chevaux. Pour l’instant, ça ne fonctionne qu’avec Cuartetera et dans le futur, ce sera la même chose : il y aura beaucoup de clones avec lesquels ça ne marchera pas et c’est pour ça que je ne crois pas que le clonage finira par avoir raison de la diversité génétique. Oui, sur le papier, le clonage peut apparaître comme un risque pour l’outbreeding, mais je ne pense pas que cela arrive réellement. Mon cheval, meilleur produit AACCP de la finale 2017, Vasco Harrods, monté par Juan Martin Nero, n’est pas un clone et j’en suis fier. C’est une récompense bien plus gratifiante que de produire un clone, pour moi, mais aussi pour tous les gens qui travaillent au haras. Si j’ai eu recours au clonage, c’était uniquement pour “récupérer” une jument importante pour mon élevage, Vasca Farsante ». Bref, si le

clonage semble faire une percée inattendue, la marge reste encore très grande avant que la production du cheval de sport en laboratoire ne prenne le pas sur la production dans les champs. Si Ruso Heguy, Adolfo Cambiaso, Lolo Castagnola ou d’autres grands joueurs d’hier ou d’aujourd’hui ont recours au clonage, notamment pour conserver des souches, ceux-ci restent avant tout des éleveurs dans l’âme. n Pascal Renauldon

En haut, un autre clone de Cuartetera avec un peu plus de blanc sur le chanfrein. Le transfert d’embryons constitue 90 % de la reproduction en Argentine. Les mères porteuses sont en général de pures Criollas, chevaux de service dans les fermes argentines (Élevage de La Vanguardia). Ci-dessus, le podium de la dernière édition de l’Open d’Argentine féminin. Le polo féminin est en plein boom à travers la planète. Photos R&B Presse

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L’utilisation du cheval vigneron, un métier d’avenir

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Quand le sport mène à la vigne

Face à la demande croissante des châteaux, la formation à ce métier particulier se développe : si Odile et Sébastien Mizier forment eux-mêmes leurs salariés avant de les inciter à s’installer en autonomie, l’École nationale du cheval vigneron, en Gironde, propose un parcours de formation complet, abordant les bases du cheval de trait à l’attelage, la connaissance de la vigne et des outils utilisés.

De l’enseignement au labour, le saut est grand et peut-être osé… Pourtant, Odile et Sébastien Mizier n’ont pas hésité à le franchir grâce à la rencontre d’une jument de trait et leur envie de changement.

T

ous deux sont titulaires du monitorat : Sébastien était enseignant au centre équestre de Rouffignac-Saint-Cernin-de-Reilhac (24), tandis qu’Odile effectuaient des missions de remplacement au sein de différentes structures. « Un peu par hasard, nous avons

sauvé une jument de trait de l’abattoir. Et l’avons dressée par la suite à l’attelage », explique Odile. « La vie de moniteur nous lassait tous les deux et nous avions envie de faire autre chose. Nous voulions créer une ferme maraîchère. » Ils complètent alors leurs formations agricoles et font

ainsi la rencontre de viticulteurs. Le lien est fait : finalement, point de ferme maraîchère, mais une nouvelle aventure qui commence ! Équitraction naît en 2011 à Villefranche-de-Lonchat (24) avec deux chevaux, Rosita, une Bretonne de sept ans, et Ulysse, Percheron de trois ans, qui travaillent alors sur quatre hectares et demi de vignes. Aujourd’hui, c’est une dizaine de chevaux qui sont menés par toute une équipe ! « Nous embauchons quatre ou cinq salariés en saison car

nous avons beaucoup de demandes. Nous travaillons une vingtaine d’hectares pour le Château Troplong-Mondot à Saint-Émilion, et sur les domaines de quelques autres châteaux de plus petites surfaces », explique

Odile, mère de deux jeunes enfants.

DES ATOUTS QUI SÉDUISENT LES DOMAINES VITICOLES

Sollicité par les châteaux grands crus de Saint-Émilion, Pomerol ou Saint-Sulpice, le cheval vigneron fournit une alternative de plus en plus plébiscitée par les domaines viticoles : respect de la biodiversité, qualité et précision du travail, protection des vieilles vignes, sols préservés et moins tassés qu’avec le passage du tracteur, meilleur enracinement et baisse des traitements… Tels sont les atouts de cette activité bien pensée. « Nous intervenons aussi lorsque le plantage est irrégulier et que les rangs sont de tailles variables car nous travaillons par demi-rangs », précise Odile. Désherbage mécanique, buttage, décavaillonnage et sarclage : tout le travail du sol est effectué grâce aux chevaux, ainsi que les semis d’automne. « Notre saison de travail s’étend de mars à novembre en fonction de la météo. Nous sommes sur un terroir argileux, plus difficile. C’est aussi pour cela que nos chevaux travaillent en demi-journée : nous ne voulons pas les surexploiter », ajoute l’agricultrice de quarante ans. Ces chevaux

sont sélectionnés selon des critères bien précis et dressés par le couple. Ils doivent être froids et peu réactifs, insensibles au contact et avec un

Bien en a pris à Odile et Sébastien Mizier de changer d’activité : Équitraction fait face à une demande croissante des domaines viticoles ! Ph. Coll pas plutôt lent. « Ils doivent accepter une traction lente et irrégulière. C’est un dressage spécifique. Le marché du cheval de travail se développe mais il n’est pas encore trop rentable pour les éleveurs », explique Odile qui met à

profit ses connaissances équestres dans le cadre de sa nouvelle fonction.

« Nous veillons à une bonne attitude et au relâchement du cheval au travail. Grâce à cela, nous avons très peu de problèmes de santé. C’est assez similaire à un galop rassemblé, le cheval doit pousser lentement dans l’impulsion. Je compare les sensations que j’ai à celles d’un cavalier car nous avons les guides dans le dos : nous nous redressons pour ralentir, et parlons beaucoup au cheval. » Ce dernier est un véritable collègue avec lequel le meneur passe beaucoup de temps. « C’est un travail d’équipe : on ne se fâche pas contre un cheval qui a l’outil derrière : nous l’encourageons, les relations sont de meilleure qualité. » Le choix des outils est tout aussi spécifique et ils

ne sont pas toujours faciles à trouver : bon nombre ont été oubliés au fond des granges : « Nous bricolons beaucoup, certains professionnels créent eux-mêmes leurs outils. » Pourtant, malgré un investissement de départ de 40 000 euros, la rentabilité de cette activité à l’ancienne est réelle. Le tarif horaire d’intervention est de 65 euros hors taxes. « Nous proposons aussi des forfaits sur les parcelles que nous travaillons régulièrement. Cela permet au client d’avoir une base de référence, et à nous de prendre le temps par exemple de former un jeune cheval ou un jeune meneur », précise Odile. n Lucie Mercier

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•137


NOUVELLE-AQUITAINE Pascal Chabanne

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Président intérimaire uite à la démission de Jacques Robin en décembre dernier, Pascal Chabanne a repris les rênes intérimaires du Comité régional d’équitation de Nouvelle-Aquitaine (CRENA). Médecin à la retraite, ce dernier s’investit depuis longtemps dans la vie équestre :

« Je suis médecin depuis quarante ans et impliqué au sein de l’Étrier Charentais d’Angoulême depuis autant d’années », précise le président de

soixante-six ans. En découvrant l’équitation au collège, il y fait aussi la rencontre de sa femme, Cécile, en mai 1968. Pascal poursuit ses études de médecine sans lâcher l’équitation. Il est déjà impliqué au sein de la commission Jeunes de l’association du club charentais. En 1976, le centre équestre déménage à La Tourette et Pascal se marie. C’est au sein d’une belle structure équestre qu’il reprend la présidence de l’association trois ans plus tard, tout en s’installant professionnellement en 1980. Pascal prend la présidence de la commission fédérale des Jeunes avant celle des centres équestres en 1989. « Nous avons créé avec Emmanuel Feltesse les écoles françaises d’équitation, lancé les Galops et les épreuves de cinquième catégorie, devenues épreuves Club plus tard. »

Engagé, ce passionné devient parallèlement président du Conseil supérieur du cheval pendant trois ans, en lien avec les sept ministères, les associations d’éleveurs, les Haras nationaux, la FFE… Après avoir chapeauté les championnats de France de cinquième catégorie pendant cinq ans, l’élection de Serge Lecomte et la création des championnats de France Poney et Club à Lamotte-Beuvron mettent un terme à cette parenthèse fédérale, et Pascal se consacre d’autant plus à son club régional. Membre du comité directeur du CRENA, c’est donc en janvier dernier qu’il en prend la présidence. « Jacques Robin a fait un travail considérable pour la fusion des trois anciennes régions. C’est une activité à temps plein et je ne me rendais pas compte de l’ampleur de la tâche. » Après une passation controversée, le comité directeur le nomme le 16 janvier : « J’ai conservé l’intégralité du bureau et opéré en

Pascal Chabanne, soixante-six ans, est investi dans le milieu du sport équestre depuis plus de quarante ans. Ph. Graphicphoto bonne intelligence pour l’intérêt de tous. Depuis, les tensions se sont apaisées et c’est heureux, notamment pour gérer la crise à laquelle nous avons dû faire face avec le Covid-19. De même, j’ai mis en place des conventions réglementées pour les professionnels membres du comité directeur qui souhaitaient proposer des prestations privées, pour plus de transparence. Cette année, je souhaite dynamiser la commission de dressage en proposant des formations pour les enseignants mais aussi pour les juges, c’est une discipline fondamentale qu’il ne faut pas délaisser », conclut le sexagénaire

avant la prochaine élection prévue en décembre. n Lucie Mercier

CHARENTE Installation

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Les mille projets de Pierre-Marie Gauthier

ropriétaire des Écuries de Venat depuis juillet 2019 – cinq hectares et demi enclavés dans la forêt de Saint-Yrieix –, PierreMarie Gauthier, vingt-sept ans, n'a pas ménagé ses efforts pour redonner un nouveau souffle aux lieux, déserts depuis un an. Réfection de la sellerie, création de stabulations, nettoyage, remplacement de l'entourage des deux carrières... Un mois de travaux ayant permis l'ouverture dès septembre d'un centre équestre où une monitrice, Mélanie Martin, vingt-trois ans, est employée. En parallèle, le Charentais, titulaire du DEJeps, a débuté une activité de pension et de cours. Au total, près de quarante chevaux sont présents sur le site dont quinze arrivés le 1er février dernier avec le professionnel Bruno Jazédé, qui loue les installations. Ironie de l'histoire, à l'âge de quatorze ans, Pierre-Marie était client dans les installations dont il est désormais propriétaire, à l'époque où celles-ci appartenaient à Bruno Jazédé et se nommaient les Écuries de la Forêt. Depuis, les rôles se sont inversés. Au-delà d'une simple relation commerciale, Pierre-Marie voit en la venue du cavalier professionnel une collaboration de long terme. « C'est important de pouvoir travailler ensemble et non l'un contre l'autre, surtout dans un secteur hyperconcurrentiel comme le nôtre », souligne-

t-il. D'ici trois à cinq ans, Pierre-Marie ambitionne de booster son nombre de licences, actuellement de cinquante, à trois-cents. Pas une mince affaire, reconnaît-il, « d’autant [qu’il n’est] pas dans une reprise mais dans une création d'activité. » Si dynamiser celle du centre équestre est sa priorité, en développant entre autres l'équithérapie, il prévoit d'organiser des concours Club puis Amateur-Pro. L’idée de stages et

Aux côtés de sa monitrice Mélanie Martin, Pierre-Marie Gauthier ne manque pas d'idées pour développer son activité. Ph. D.R. de journées de sélection pour l'agence de vente Fences a également germé dans son esprit. Employé successivement à l'élevage SainteHermelle en Belgique puis chez le cavalier-marchand Jean-Charles Grandmontagne en Moselle, Pierre-Marie a évolué jusqu'en Grand Prix 140-145 avec sa jument Bamba Chavannaise (Wandor Van de Mispelaere). À défaut de se fixer des objectifs sportifs personnels, il ambitionne plutôt « de démocratiser la compétition ». Abstrait ? Pas selon le jeune homme : « Pourquoi ne pas proposer à la demi-pension des chevaux capables d'évoluer sur des Grands Prix 120 ? », avance-t-il. Et de conclure : « C'est toujours dommage quand un gamin talentueux ne peut pas aller en concours par manque de moyens. » n Mathieu Escoula

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HÉRAULT

HAUTE-GARONNE

Endurance

Structure

Émilie Lambert, l’endurance à toutes les sauces

Aurin, on ne change pas une équipe qui gagne !

L’étalon Karesi (Drug), acquis par la famille Lambert, a apporté taille et élégance aux juments d’Émilie. Ph. Coll

Emmanuel Estrade a notamment formé Tenor de Bory avant qu'il soit vendu à l'écurie Chev'El. Ph. M. Veron

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L

’est en 1995, à l’âge de quinze ans, que Émilie Lambert débute les courses d’endurance, d’abord sur vingt kilomètres. Son père, Jonathan, la suit sur ses premiers quarante kilomètres et se prend au jeu. Il achète une jument croisée Mérens-Arabe avec laquelle Émilie fait ses armes, puis trois autres montures, Fannia, Graziela Combier et Indian Laska, toutes filles de l’arabe Persik, viennent compléter son piquet. Rapidement, un élevage est créé à Montarnaud (34) : Karesi (Drug), étalon hollandais alezan, rejoint le cheptel pour apporter de la taille et de l’élégance aux Persik, petits chevaux trapus. Puis c’est au tour de Gomri (Akbar) de venir apporter sa pierre à l’édifice. Les premières naissances ont lieu en 2000, tandis que Émilie participe à de nombreuses courses internationales et valorise les chevaux. Dès 2003, notamment avec Gourbi (Arques Perspex), la cavalière multiplie les classements en internationaux et remporte l’or par équipe aux championnats d’Europe à Punchestown, en Irlande. En parallèle, la cavalière s’installe en qualité de jeune agricultrice et monte ses propres écuries à La Boissière (34), le Haras des 3 Mas. Et commence à faire naître. À un an, les poulains rejoignent l’élevage Font Noire de ses parents à Montarnaud. Ils reviennent chez Émilie l’hiver de leurs quatre ans pour être débourrés et entraînés. Entre 2010 et 2015, Émilie entraîne dans ses installations les chevaux du roi de Malaisie, le Sultan Mizan Zainal Abidin de Terengganu, en vue de la préparation du championnat du Monde des jeunes chevaux. Elle passe également un mois en Malaisie pour entraîner l’équipe, qui se classe quatrième par équipe en 2013. Émilie se fait un nom dans le milieu de l’endurance, ses chevaux sont achetés par les pays du Golfe, en particulier le Qatar, Dubaï, Oman. Ils s’exportent aussi en Angleterre, Hollande, Italie, Portugal, Espagne… Les achats se font sur performances, par le biais d’envois de photos et vidéos. Émilie organise également un rassemblement de jeunes chevaux, présentés, montés et susceptibles d’être vendus le jour même. La cavalière est présente lors de la Grande Semaine de l’élevage à Uzès. Aujourd’hui, elle reste active sur les épreuves internationales (120 et 160 kilomètres) avec Ekstrem Font Noire (Branik) et d’autres produits de l’élevage maison. Du fait de son expérience, Émilie souhaite se diversifier. En plus de son offre actuelle, elle veut développer la pension retraite et un centre de convalescence pour offrir les meilleurs soins à ses pensionnaires. n Catherine Chaussard-Bouguet

’équipe compétition Poney du centre équestre d’A urin est composée de nombreux cavaliers courant dans les catégories de Poney 4 à As Élite, suivant le circuit des TDA, des Super As (Bordeaux, Equita Lyon…) et internationaux. Installés en périphérie toulousaine depuis plus de dix ans, Emmanuel et Chloé Estrade ont construit leur écurie petit à petit à force de travail et d’une passion inébranlable. « C’est ce qui nous permet aujourd’hui d’être entourés de propriétaires, cavaliers et éleveurs fidèles », expliquent Chloé et Emmanuel. En effet, à Aurin, il n’est pas rare de voir un élève commencer par le cours débutant et de le retrouver en As Élite, puis en Amateur quelques années plus tard. Et ce qui est valable pour les cavaliers fonctionne aussi pour les poneys : ils commencent leur formation à quatre ans sous les yeux avisés de Chloé et Emmanuel, avant d’amener les plus jeunes sur les remises des prix des plus belles épreuves. Nombreux sont ceux qui se souviennent des parcours de Amgoon de Bernières (Kantje’s Ronaldo), qui évoluait sous la selle de Chloé à quatre et cinq ans. Cinq ans après, c’est aux commandes de Marion Salomé qu’il participait au Jumping Ponies’ Trophy de Mechelen, puis à plusieurs stages fédéraux, pour se confronter aux meilleurs couples cavaliers-poneys d’Europe. Le centre équestre d’Aurin, ce n’est pas uniquement du concours à poney : une équipe de cavaliers amateurs, courant des épreuves de 1 à 1,40 mètre, participe chaque année aux championnats de France. Si la progression est telle, c’est aussi grâce à une formation de qualité : « Trois fois dans l’année, nous organisons des stages avec Antonio Conde Ferreira. C’est l’occasion de travailler, mais aussi de se retrouver tous ensemble pour partager des moments de convivialité », ajoute Emmanuel, souvent aux

remises des prix des épreuves Pro de la région et excellent formateur de chevaux. Il a d’ailleurs amené Tenor de Bory (Quidam de Revel) à son meilleur niveau avant qu’il parte sous les couleurs de l’écurie Chev’el. Pour faciliter la progression de leurs élèves, ces dernières années, Emmanuel et Chloé ont mis en place un cursus sport-étude aux écuries. Ils forment ainsi les élèves du collège Les Roussillous à Saint-Pierre-de-Lages (Lanta) et du lycée Pierre-Paul Riquet à SaintOrens-de-Gameville. Des élèves motivés et travailleurs, des coachs passionnés et consciencieux, des poneys bien nés et performants, des éleveurs fidèles et déterminés, des parents dévoués, voilà donc le cocktail pour truster toutes les remises des prix ! n Marine Veron

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DEUX-SÈVRES

Entre le jugement, la formation des officiels et le développement de l’attelage aux quatre coins du monde, Anne-Marie Turbé ne compte pas les heures offertes à la discipline. Ph. Krizstina

Anne-Marie Turbé

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La passion de l’attelage récompensée

vec huit championnats du monde et plusieurs championnats d’Europe à son actif, Anne-Marie Turbé a parcouru le monde pour apporter son expertise et son œil aiguisé en tant que juge internationale Level 4 et déléguée technique internationale Level 2. À dix-neuf ans, elle met pour la première fois le pied dans une voiture d’attelage, après avoir goûté à l’équitation classique à Etampes chez Jean-Claude Cheret : « J’ai découvert un autre monde, une autre façon de communiquer avec les chevaux, un sport hyper précis et un esprit d’équipe », raconte Anne-Marie. Chez Franck Deplanche,

meneur international de l’équipe de France, elle fait ses premières compétitions et rencontre son futur mari, Patrick Pellouin, aujourd’hui steward FEI. Son diplôme de l’Éducation nationale en poche, la professeure suit le meneur sur les compétitions en tant que groom, et son œil averti se fait remarquer : « À l’époque, il n’y avait pas vraiment de cursus. J’ai donc évolué jusqu’en national, c’était un loisir du week-end »,

explique la retraitée de soixante-six ans. La Fédération française d’équitation lui demande alors d’assurer la formation des juges, constatant ses compétences pédagogiques : « Cela a été une révélation, j’avais beaucoup à apprendre. Les autres juges m’ont ensuite recommandée sur différents concours, et j’ai jugé mon premier championnat du monde Poney en 2009, en Allemagne. » En 2015, elle intègre la commission attelage de la FEI, et en est la seule représentante féminine : « Nous avons un regard éclairé sur le fonctionnement des compétitions, les modifications réglementaires. » Anne-Marie a rejoint FEI Solidarity, en

binôme avec Benjamin Aillaud : « Nous sommes chargés de développer la discipline, en formant les meneurs et en apportant un système éducatif aux juges et officiels. Nous avons travaillé en Slovénie et en Afrique du Sud pour leur permettre d’être autonomes dans l’organisation de compétitions. »

Récompensée en février à l’occasion du Jumping de Bordeaux, AnneMarie quitte la commission, dont le mandat ne dure que quatre ans, sur une belle reconnaissance : « J’ai passé beaucoup de temps au service de la compétition et j’ai toujours envie de m’y investir. C’est un grand honneur de recevoir ce prix des mains de Manuel Bandeira de Mello, directeur de la commission FEI, que j’estime beaucoup. » Malgré cette

page qui se tourne, cette passionnée sillonnera toujours le monde depuis sa maison près de Partenay (72), et poursuivra ses missions de formation et de juge, puisqu’elle occupe la fonction de course director pour la discipline d’attelage à la FEI : « Je vis des moments magiques et fais des rencontres formidables. J’ai créé des liens avec les meneurs et j’apprécie d’apporter mon expérience », conclue-t-elle avec générosité. n Lucie Mercier

HAUTE-GARONNE Julie Fradin

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« Je veux former des chevaux et faire du concours »

ontrairement à de nombreux cavaliers professionnels, Julie Fradin, vingt-trois ans, n’a pas été mise en selle dès son plus jeune âge. Au contraire : ses parents ne voulaient pas qu’elle monte à cheval. « L’équitation n’était pas un sport pour eux », précise la cavalière. Mais c’était sans compter sur sa grand-mère, qui lui offre son premier stage. Elle commence alors à poney. Lorsqu’elle a onze ans, Rabanne de Guillemere (Vortex des Gems) entre dans sa vie. Julie s’entraîne alors avec Malka Beltran, monitrice au poney club de Savenès, qui l’aide à décrocher une quinzième place en D3 à l’Open de France. Quelque temps après, Julie déménage chez Philippe Sourdoire, dans le Gers. Elle y passe cinq ans, avec à la clé une sixième place en Club 1 à Lamotte-Beuvron en 2011 et un passage à cheval sur Laricio (Vlan de Vergoignan). C’est là-bas, au poney club de La Bascoulette, que sa route croise celle de la jument de sa vie : Roxane de Fleyres (Zandor Z) : « Ça a été comme une évidence dès le premier essai. Roxane, c’est Roxane… C’est une princesse, une pile, on se connaît vraiment par cœur. Chaque année, j’envisage de la mettre à la retraite mais elle est tellement en forme que j’ai du mal à me séparer d’elle… » En parallèle des

compétitions, Julie obtient son bac et s’engage dans une formation d’auxiliaire de santé animale, puis croise la route de Olivier Navarro et Pierre Toubin. Elle devient alors à la fois groom et cavalière pour Olivier pendant près de deux ans : « Ça a été le déclencheur, Olivier m’a vraiment fait progresser, j’ai beaucoup appris sur le plat. Pendant tout un hiver, je n’ai fait que travailler sur des barres au sol… Et quand on a ressauté avec Roxane et Victoire de Fleyres (Surcouf de Revel), ma deuxième jument, on était vraiment contentes. » En 2018, Julie recroise la route de Malka et

rencontre ainsi Bernard Sainsardos, cavalier professionnel bien connu dans la région et qu’elle admire particulièrement. Il croit en elle et lui confie Venant de chez Nous (Kannan), cheval de son élevage, que

Julie Fradin et sa jument de cœur, Roxane de Fleyres, à Saint-Gély-du-Fesc. Ph. Photographes & Co la cavalière achète quelques mois plus tard. Installée au Domaine de Fleyres où elle loue des boxes, Julie compte désormais sur Roxane et Victoire pour courir les épreuves 125, 130 et a pour objectif de débuter les 140 d’ici quelques mois avec Venant, sous l’œil avisé de Bernard. Elle peut désormais également compter sur la confiance de l’élevage de Bleys, qui lui confie trois chevaux de quatre, six et sept ans pour valorisation. « À cause du Covid-19, la saison 2020 a débuté de manière un peu spéciale, on s’adapte. Je pensais faire les championnats Amateur Élite et prendre la licence Pro en suivant, mais je vais écouter mes chevaux et faire en fonction de leur forme. Pour le moment, je n’enseigne pas, je veux former des chevaux et faire du concours, c’est ça qui me fait vibrer », conclut la

jeune cavalière. n Marine Villalta

140 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020


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AIN Élevage

Les “de Vernay” à l’assaut des palmarès

L’affixe de Vernay se rencontre de plus en plus souvent aux remises des prix, comme en témoigne la victoire de Brice Brassart dans le Grand Prix du CSI3* de Courlans (Lons-le-Saunier) en août 2019 avec Uddy de Vernay (Diamant de Semilly).

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oëlle et Jean-Paul Lappe gèrent depuis une trentaine d’années un élevage de chevaux de sport, situé dans la petite commune de Reyssouze, au nord du département de l’Ain. « Mon grandpère était maraîcher et travaillait avec la remonte (l’effectif équin des armées, ndlr) qu’il fournissait notamment en carottes », explique Jean-Paul. « Nous avions des chevaux de trait à la maison et j’ai pris goût à m’en occuper. J’ai fait les débourrages, monté en balade mais je n’ai jamais fait de concours. Mon épouse Joëlle a été cavalière amateur et elle montait au club de Mâcon-Chaintré lorsqu’il était géré par la famille Angrand. » Tout en travaillant à Bourg-en-Bresse dans

l’industrie, Jean-Paul Lappe oriente son petit élevage équin vers une production sport. Il récupère Diclytra (Un Prince, Ps), une jument qui a bien tourné dans la région sous la selle de Roland Attali dans les années 1980. Elle a fait souche au Vernay à travers deux filles, dont l’une se retrouve dans le papier de Vincy de Beau Présage (Quaprice Bois Margot), étalon performer (ISO 148) avec Thibault Lacrevaz. Une autre poulinière achetée dans la région ne donne pas satisfaction à l’éleveur, qui se met en quête d’une génitrice de qualité. Les chevaux en vue dans les années 1990 l’orientent vers la production de Papillon Rouge. Un concours de circonstances lui permet d’acquérir Hautesse des Arvali, une fille de l’étalon vedette de la famille Leredde, avec une bonne souche normande issue de Coppelia qui a donné notamment Krichna III (Night and Day), grande gagnante avec André Chenu (ISO 173). Une référence pour Jean-Paul Lappe. Et son choix était le bon : les huit produits de Hautesse actuellement en âge de concourir ont tous obtenu un ISO supérieur à 120 ! La première, Océane de Vernay (Airborne Montecillo), Élite à 4 ans à Fontainebleau, est désormais poulinière à l’élevage avec des résultats prometteurs : son premier produit, C ethys de V ernay (K annan ), après une bonne saison sur le circuit des 7 ans, vient d’intégrer les écuries de Pénélope Leprévost, et le second, Enzo de Vernay (Con Air), est double sans-faute lors du CIR de Cluny avec Brice Brassart.

AUX PETITS SOINS DES POULAINS

Tout en poursuivant sa carrière en concours, Evane de Vernay (Con Air), la dernière fille au Vernay de Hautesse des Arvali, vendue il y a deux ans en Bourgogne, a été mise à la reproduction par transfert d’embryons. Une manière de perpétuer cette lignée, jamais décevante avec les différents étalons choisis. Avec For Pleasure, Hautesse a produit Rhéane de Vernay, ISO 147, et Steeven de Vernay, ISO 134. Le croisement avec Diamant de Semilly a aussi doublement bien fonctionné : outre Uddy de Vernay, ISO 156, Thylane de Vernay, ISO 135, est régulièrement aux prix en CSI et épreuves Amateur Élite avec sa propriétaire Morgane Hertrich. Croisée avec Controe, Hautesse des Arvali a aussi produit Voody de Vernay qui, après des bonnes performances avec la haut-savoyarde Valérie Gillo, a été exporté et se classe en CSI 3* avec la cavalière portugaise Madalena Eloy. Au hameau de Vernay, le choix d’une génétique haut de gamme s’accompagne d’un véritable suivi des jeunes chevaux. La carrière sportive de Uddy de Vernay doit beaucoup à la patience de ses éleveurs qui ont soigné et gardé, presque un an au box et avec un soutien, le poulain qui s’était blessé au grasset. La qualité de l’environnement est évidemment essentielle : le hameau de Vernay se situe près des bords de Saône et l’élevage profite de pâtures sur des sols riches en limon, garantissant de bons nutriments. La propriété familiale dispose d’un paddock et de quelques boxes. Les parcelles un peu éparpillées de l’autre côté de la route obligent à fréquemment manipuler les chevaux, contribuant dès le plus jeune âge à leur éducation. Joëlle et Jean-Paul Lappe sont souvent présents sur

Les discrets Joëlle et Jean-Paul Lappe auprès de leur protégé, Uddy de Vernay, qui évolue aux commandes de Brice Brassart. Ph. J.L.P. les terrains de concours pour suivre l’évolution de leurs produits, toujours avec beaucoup de discrétion. Le palmarès des chevaux de Vernay oblige ce couple de septuagénaire dynamique à en sortir un peu, mais c’est bien mérité pour récompenser des années de travail ! n Jocelyne Alligier

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•141


Cap sur la Belgique, cette année, pour Boris Zielinski : le cavalier originaire de Marseille entame une collaboration avec Frédéric Bouvard. Ph. PSV

Dans le monde de l’événementiel équestre, Geoffroy de Thoisy a bien plus d’une corde à son arc. Ph. J.L.P.

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BOUCHES-DU-RHÔNE

RHÔNE

Boris Zielinski

Geoffroy de Thoisy

De la Provence à la Belgique

riginaire de Marseille, Boris Zielinski a commencé l'équitation au centre équestre de Marseille-Pastré. Lycéen, il a intégré l'internat du lycée agricole de Valabre à Gardanne (13) qui proposait le baccalauréat avec une option équitation pour laquelle les élèves se préparaient dans une écurie de saut d’obstacles. Bac en poche, déjà déterminé, il a entrepris une formation BEJeps puis s'est lancé vers une carrière de cavalier. À vingt ans, Boris s'est expatrié quelque temps en région parisienne pour apprendre le métier. Il est revenu en Provence en 2012 et s'est installé en tant que cavalier indépendant. Il a alors développé une activité d’enseignement. Son regard technique et précis, son implication, sa patience avec les cavaliers comme avec les chevaux, lui ont permis d'acquérir rapidement une reconnaissance dans le domaine. En même temps, Boris a continué la compétition, en privilégiant les beaux concours nécessitant souvent de longs déplacements. En 2015, il obtenait la médaille de bronze du critérium des As Jeunes Seniors en selle sur Twisky du Vercol (Klotaire du Moulin), le cheval d'une de ses élèves. En 2017, c'est associé à son propre cheval, Pegasus (Prominenz), qu'il montait sur la plus haute marche du critérium. Boris a ensuite fait partie d'une équipe Grand National, Vivez les Îles. Ses chevaux sont installés aux écuries de La Ciotat (13) chez une de ses toutes premières élèves, Lucile San Nicolas, dans un environnement de rêve en surplomb de la méditerranée. Toujours dans l'idée d'apprendre et le désir de se former, il effectue régulièrement des stages chez des professionnels renommés dont il apprécie l'équitation. C'est ainsi qu'il a pris contact avec Frédéric Bouvard : « J'appréciais beaucoup sa monte et lorsque j'ai pu avoir du temps libre en décembre 2018, je l'ai contacté pour passer quelques jours chez lui avec mes chevaux. J'ai eu l'occasion de monter aussi ses chevaux et j'y suis retourné régulièrement. Une idée de collaboration est née naturellement... La décision a été prise en mars juste avant le confinement et nous avions convenu de mon arrivée en mai... Cela a été repoussé au 1er juillet. » Le départ de Boris laisse ses élèves démunis, mais contents

de le voir saisir une telle opportunité. Ils auront sans doute le plaisir de le revoir lors des CSI organisés dans la région auxquels Frédéric Bouvard participe régulièrement. n Danielle Para

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Monsieur 100 000 volts

eoffroy de Thoisy est un personnage incontournable du monde équestre de la région Auvergne-Rhône-Alpes, et bien au-delà ! Le week-end, on le retrouve au sein des jurys de saut d’obstacles, comme speaker ou juge. Les autres jours, c’est dans les bureaux lyonnais du groupe GL-Events qu’il prépare le salon Equita Lyon où, en tant que chargé d’affaires, il gère toute la partie des compétitions nationales. Il est aussi stable manager pour le Saut Hermès. Une multitude d’activités qui correspondent bien au tempérament hyperactif de ce quinquagénaire. « J’avais une dizaine d’années quand j’ai commencé à m’intéresser aux chevaux de mon grand-père, dans la propriété familiale en Bresse jurassienne », indique-t-il. « Une cousine de mon père, qui était dans le Beaujolais, nous a indiqué le club de la famille Louchet à Denicé (69) où je suis parti en stage pendant les vacances. J’avais quatorze ans et j’ai remis ça à chaques vacances ! J’ai fait un peu de concours, mais je continuais mes études, puis j’ai eu un poste de commercial avant d’ouvrir un restaurant dans l’Ain. » Geoffroy de Thoisy n’a pas manqué de transmettre

sa passion du cheval à ses enfants, Inès et Axel, qui ont bien tourné sur les circuits Poney et Amateur. Axel s’est lui aussi engagé dans l’événementiel équestre. À Denicé, Geoffroy de Thoisy est vite sollicité pour participer aux concours organisés par le club. Il se retrouve au micro et prend goût à observer ce qui se passe en piste. Après plusieurs formations de juge National Élite, il devient l’un des piliers du jury des nombreux concours du Domaine de Sauvageonne à Arnas (69). En 2008, il endosse le rôle de speaker du premier CSI organisé par la famille Darnat sur le site de Champburcy. Son investissement dans l’événementiel date d’il y a vingt-cinq ans. À la suite d’un rendez-vous avec Sylvie Robert, il rejoint les bénévoles d’Equita Lyon : « Je m’occupais de l’accueil des chevaux et des boxes. En 2007, je suis devenu salarié. C’est vraiment une aventure fantastique d’avoir participé à la transformation de cet événement, et de voir ce qu’est la manifestation aujourd’hui ! Sylvie Robert est ma patronne et c’est également une amie. J’adore tenir le micro en concours, mais Equita, c’est vraiment quelque chose qui me fait vibrer ! C’est un tout, j’ai la chance de faire ce qui me passionne autant en semaine que le week-end. » Rien d’étonnant donc à entendre Geoffroy de Thoisy

donner de la voix pour exprimer toute cette passion et la faire partager ! n Jocelyne Alligier

142 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020


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Sud-est CORSE Compétition

Le Grand Régional corse se concrétise

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armi les actions entreprises par le Comité régional d’équitation (CRE) piloté par Laurent Duborget, la mise en place de circuits régionaux labellisés répond à une demande émanant des organisateurs de compétitions et des cavaliers. Saut d’obstacles, dressage et endurance en catégories Amateur et Club sont concernés : un cahier des charges très strict a été élaboré, imposant aux organisateurs un degré de qualité optimum lors de ces épreuves labellisées. La nature des pistes, les compétences des officiels de compétition, la sécurité des chevaux et du public seront des éléments déterminants dans l’accueil des étapes des circuits. La prise en compte du développement durable est également souhaitée, avec notamment le tri sélectif trop souvent anarchique, il est vrai, sur les terrains ! Partenaires de choix, Corsicatours et la famille Ettori soutiennent ce projet de Grand Régional. Le lycée agricole de Sartène, en Corse-du-Sud, a également rejoint l'aventure et d'autres sponsors sont attendus. Pour cette première édition, huit étapes en saut d’obstacles – sept en catégorie Club –, neuf chez les dresseurs et cinq en endurance sont au programme. Malheureusement, à l'heure où Pour l’heure, le Grand Régional de dressage, qui a débuté en octobre 2019, nous écrivons ces lignes, la pandémie liée au Covid-19 fige toute activité a vu six de ses neuf étapes se courir. Ph. Coll sportive et bien malin celui qui peut prédire l'avenir, d'autant que bien des structures insulaires sont en grandes difficultés, en particulier celles favorisant le tourisme équestre. Avec actuellement six étapes sur neuf organisées, seul le dressage sort son épingle du jeu. La tenue des épreuves dans les autres disciplines reste beaucoup plus compliquée. Autre projet du CRE Corse, la mise en place pour la rentrée scolaire 2020 de sections sport-étude, tant à Ajaccio qu'à Bastia, au sein du Centre du sport et de la jeunesse Corse (ex-CREPS), qui pourrait concerner une cinquantaine de cavaliers. Également dans les cartons du comité : la création d'un pôle d’excellence en collaboration avec les écuries de compétition labellisées, répondant là aussi à un sérieux cahier des charges. Avec ces projets inédits, une nouvelle page des sports équestres insulaires devrait s’écrire. Gageons que l'enthousiasme et la détermination de tous mèneront à bien l'entreprise. n Gilles Perina

RHÔNE Saut d’obstacles

ans la famille Petiau, il y a d’abord la maman, Valérie, cavalière dès l’adolescence dans les clubs de l’ouest lyonnais. Un oncle éleveur de trotteurs dans la région lui avait transmis la passion des chevaux. Mais les études de la cavalière, puis sa carrière professionnelle et la naissance de ses trois filles l’ont éloignée du monde équestre pendant une dizaine d’années. Et le naturel est revenu au galop : plutôt que de rester à regarder monter ses filles, Valérie se remet en selle, essentiellement pour le loisir et profiter de quelques petites compétitions. C’est surtout comme première supportrice de ses filles qu’elle fréquente les terrains de concours : l'aînée, Victoire, a ralenti le rythme à cause de ses études de médecine. Elle limite les compétitions à la période des vacances estivales, ce qui ne l’empêche pas d’y avoir de bons résultats telle la deuxième place du Grand Prix du CSI Amateur de Fontainebleau avec Thésée du Roc (Jaguar Mail). Thésée apparaît souvent sous la selle de la cadette, Clémence, dix-neuf ans. Avec sa propre jument, Viola des Forêts (Orlando), 2020 a bien commencé pour cette dernière, grâce à une victoire en Grand Prix Amateur 1 à Mâcon-Chaintré. Les problèmes de santé de Viola l’an dernier ont perturbé la saison, et c’est Babette Manciaise (Messire Ardent), arrivée au début de l’été, qui offre à Clémence une magnifique deuxième place dans la finale de l’Amateur Gold Tour sur la prestigieuse piste de Equita Lyon. Dans cette finale, comme dans les qualificatives, Clémence connaissait bien un de ses challengers, sa plus jeune sœur Joséphine, associée à Verboise du Domaine (Castronom Z), l’autre jument de l'aînée, Victoire. Une faute au barrage relègue le couple au neuvième rang : pas mal tout de même pour une première participation à quinze ans ! Leur saison 2019 a été exceptionnelle avec plusieurs performances sur les niveaux 1,20 et 1,30 mètre, dont une victoire lors du CSI Amateur de Vichy, où

JEAN-LOUIS PERRIER

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La belle année de Joséphine, la benjamine des Petiau

Joséphine Petiau et Verboise du Domaine ont décroché l’argent lors des championnats de France Cadets. le couple est classé sur les deux autres épreuves. À Mâcon, pour les championnats de France Cadets, Joséphine et Verboise décrochent une médaille d’argent avec, sur l’ensemble des parcours, une seule faute sur la rivière le deuxième jour ! Toute ces performances ont permis à Joséphine d’intégrer l’équipe des Ambassadrices Pénélope Store, une belle récompense pour la jeune cavalière adepte du style Pénélope Leprévost ! Marine Blondet, dont les écuries dans le NordIsère avoisinent celles de Michel Robert – ce qui permet d’avoir régulièrement le coup d’œil du Maître –, coache toute la famille, assurant aussi l’entraînement au quotidien des six chevaux de sport. Deux autres chevaux, plus âgés, sont en pension à l’Écurie des Ollagnons dans l’Ouest Lyonnais, plus proche du domicile des Petiau. Très unie dans sa démarche autour du cheval, la famille savoure les succès des unes et des autres ! n Jocelyne Alligier

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•143


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Sud-est HAUTE-SAVOIE Anna Maulet

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La Dame de Haute-Savoie venue de Suède

nstallée dans le cadre majestueux de la commune de Thorens-Glières, Anna Maulet partage ses activités entre l'entraînement des chevaux confiés et le coaching. Elle fait travailler des cavaliers d’obstacles sur le plat, et le dressage reste son centre d’intérêt, dépassant ses activités professionnelles avec un fort engagement dans la promotion de la discipline. Elle a notamment œuvré au développement des concours de dressage en Haute-Savoie, organisant il y a une vingtaine d’années, alors qu’elle était dans les écuries de Francis Lapierraz, la première compétition Club dans ce département. Elle a également favorisé l’intégration du dressage dans le salon Equid’Espaces de la Roche-sur-Foron. Après avoir entamé le cursus de juge, elle est devenue stewart Level 1. On a pu voir son efficacité lors des derniers Equimasters de dressage : elle gérait un paddock où se côtoyaient cavaliers Pro, Amateur et Club ! Les aspects éthiques de cette fonction lui tiennent à cœur. Sa philosophie d’une pratique sportive dans le respect de l’animal est étroitement associée à son itinéraire. Née en Suède, elle commence à monter avec une amie dès l’âge de sept ans. Le système scolaire suédois favorisant la pratique sportive l’après-

midi, Anna poursuit l’équitation et monte en compétition. Parallèlement, elle s’implique dans L’Étoile Bleue, une association du même type que la Croix Rouge mais à vocation de protection animale créée dans les pays scandinaves au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Elle y fait des stages pour soigner les animaux et effectue des remplacements dans les fermes. De quoi prendre une solide expérience ! Elle passe ensuite plusieurs années comme jeune fille au pair en Grande-Bretagne dans une écurie de concours complet puis de dressage, et travaille en France et en Allemagne. Revenue dans son pays pour finir son cursus universitaire en économie et gestion, elle cherche un peu sa voie professionnelle avant d’être sollicitée par ses relations équestres françaises pour travailler au Club du BuissonRond à Chambéry (73). Elle rencontre son mari, cavalier amateur d’extérieur, et s’installe définitivement dans la région continuant à monter jusqu’au niveau St Georges. En 2007, elle s’installe aux Écuries du Château de Thorens où elle trouve rapidement une clientèle internationale, grâce à la proximité de Genève et ses compétences linguistiques. Celles-ci lui permettent aussi d’assurer des

Grâce à de réelles capacités d’organisation, Anna Maulet a géré d’une main de maître le paddock des derniers Equimasters de dressage ! Ph. J.L.P. secrétariats de juges dans les grands rendezvous comme lors de l’étape de Coupe du Monde de Lyon. Après quatre ans passés en Allemagne dans de bonnes écuries de dressage, sa fille Elsa, qui a hérité de la passion de sa mère, l’a rejointe l’hiver dernier dans le magnifique cadre d’un domaine de quinze hectares, disposant de toutes les infrastructures nécessaires au bonheur de la quinzaine de chevaux qui y séjournent. Le dressage a de belles ambassadrices en HauteSavoie ! n Jocelyne Alligier

ALPES-MARITIMES Domaine de Barbossi

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Julien Massard à l'Etrier

e Domaine de Barbossi est une luxueuse propriété à la limite du Var et des Alpes-Maritimes sur la commune de Mandelieu-La Napoule. Barbossi, c'est un hôtel 4*, un restaurant étoilé, un parcours de golf 18 trous et une écurie : l'Étrier de Barbossi. Depuis une dizaine d'années, Pierre Rollin tient les rênes de la structure équestre et a confié plus récemment celles des chevaux à un cavalier régional reconnu, Julien Massard. « Le projet sportif de l'Étrier est né de ma rencontre avec Julien Massard. J'appréciais ce cavalier, sa monte fine et efficace et son respect de l'intégrité des chevaux, aussi je lui ai confié des chevaux au travail. L'idée est venue ensuite de lui proposer un emploi au sein de la structure afin de développer le département compétition. Il dispose ainsi d'un bon piquet, qui devrait lui permettre de monter à haut niveau, ainsi que d’une équipe motivée et professionnelle. L'ambition est sportive, sans forcément d'idée de commerce, et des chevaux avec le potentiel adéquat peuvent nous être confiés dans le seul objectif de les voir progresser. » L'Étrier de Barbossi

est une écurie de luxe qui dispose de tous les ingrédients pour faire du bon travail : quatre barns Rinco Carlo peuvent accueillir Julien Massard sera en charge de développer le pôle compétition dans le cadre quarante-quatre chevaux, trois carrières, un manège, un rond de du très beau Domaine de Barbossi. Ph. Franck Marioton longe couvert, une piste de galop, des paddocks sablés et cent kilomètres de piste à l'intérieur de la propriété ! Le Domaine est un partenaire historique du GPA Jump Festival de Cagnes-sur-Mer, reporté cette année. Pierre Rollin, responsable de l'Étrier est également le directeur sportif et apporte son expérience et son regard à Julien Massard. Ce dernier, âgé de trente-six ans, a été un jeune prodige du saut d’obstacles régional, un junior avec lequel il fallait compter. Le cavalier, toujours préoccupé par la qualité de saut des chevaux et par le fait de ne jamais trop leur en demander, est resté un habitué des beaux parcours et des places d'honneur. « Gamin, j'ai eu de bons chevaux et de belles victoires. Je partage

avec Pierre l'objectif que les chevaux aillent bien et de les faire durer. Actuellement je sais qu'ils ont le niveau qui me permet de plus jouer la gagne, et ça se passe bien. Il y a aussi derrière nous une équipe dynamique sans laquelle rien ne serait possible. » L'ambition commune de Pierre Rollin et Julien Massard

est d'accéder au plus haut niveau dans les prochaines années, les moyens semblent réunis pour cela. Des projets qui ont pris un peu de retard avec la crise sanitaire alors que Julien avait terminé 2019 en beauté et débutait 2020 dans la même dynamique. n Danielle Para 144 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020



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Nord-ouest

BRETAGNE Dominique Mauny

Éleveur à l’ancienne

« J’ai toujours aimé les chevaux », explique Dominique Mauny, quarante-neuf ans, l’homme qui a fait naître Quorida de Trého (Kannan), une jument qui s’est illustrée au plus haut niveau international sous la selle du Suisse Romain Duguet. Quorida de Treho (Kannan), sous la selle du Suisse Romain Duguet, a fait rayonner à l’international l’élevage de Dominique Mauny. Ph. Eric Knoll

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ourtant, le Breton est issu d’une famille qui ne pratiquait pas l’équitation. Mais à la campagne, on vit aux côtés des équidés et c’est naturellement qu’à l’adolescence, “Dom” a franchi les portes du centre équestre Sainte-Catherine à Lizio (56). « J’ai atterri

produisait de bons poneys. » Le Morbihannais a ensuite fait naître Joker

chez François Rouxel à l’âge de quinze ans pour monter à cheval. J’ai enchaîné avec lui une formation de maréchalerie à dix-sept ans. Mais j’ai toujours été attiré par l’élevage de chevaux de sport. » Cavalier, maréchal-

un compétiteur, il était rapide, un vrai coup de patte et très respectueux. Il est aujourd’hui à la retraite à la maison. Il a vingt-quatre ans, il est entier, il produit très bien, certains de ses poneys sont indicés à 150. » Dominique

ferrant et éleveur, Dominique Mauny est aujourd’hui comblé. Marié à Rachel et père de deux enfants, il continue l’élevage en solitaire du côté de Cruguel, dans le Morbihan, où une trentaine d’hectares sont à sa disposition. Pas de carrière, mais quelques boxes et un rond d’Havrincourt : c’est la méthode Mauny, « à l’ancienne », comme il le dit lui-même. « On les fait sauter en liberté et on les débourre dans les champs… » Dominique Mauny a fait ses armes sur des chevaux de club. Il a ensuite fait naître et emmené ses protégés à un bon niveau amateur. « Je ferrais, j’élevais et je montais en concours. J’ai un esprit de compétiteur, j’ai gagné un paquet d’épreuves en quatrième catégorie puis en troisième ! J’ai été longtemps premier de ce qu’on appelait la Top List Spillers », un

circuit qui existait en Bretagne dans les années 1990. Aujourd’hui, Dominique ne monte plus en concours, la faute à des problèmes de cervicales, survenus il y a six ans. « Je travaille avec Côme Couturier, qui possède de belles installations à Bourgbarré (35) et avec le Finistérien, Pascal Maltret. Ce sont des clients pour la ferrure et nous travaillons ensemble depuis trois ans. On a même des chevaux en commun. »

JOKER MONTRE LA VOIE

« J’ai débuté l’élevage par des poneys. J’avais dix-sept ans et j’habitais chez mes parents à Tréhorenteuc (d’où le nom de l’élevage, ndlr). Le premier poney que j’ai fait naître s’appelait Gavroche de Trého (Macky). Il a par la suite été monté par Marine Brangeon, qui a participé à des Grands Prix Poneys il y a vingt-cinq ans. Ultra était la mère de Gavroche, cette ponette

de Trého, dont tout le monde se souvient sur le circuit breton. Ce fils de Dexter Leam Pondi et d'Une amie de Brécey (Iris Landai) a marqué les esprits. « Joker, c’était un très bon. Je l’ai monté jusqu’à sept ans. C’était

Mauny a produit également beaucoup de chevaux qui ont fait plaisir sur les terrains à leurs cavaliers amateurs. « Je misais beaucoup sur l’étalon Orgueil du Donjon (Uriel), un étalon de Joseph Le Vot. Il produisait de bons chevaux pour les amateurs. C’était un plaisir de voir les gamins s’éclater en concours. Je préfère voir un cheval évoluer à un bon niveau chez les amateurs plutôt qu’un moyen chez les pros. » Grâce à sa bonne poulinière Dalais

(Tolbiac des Forêts), est née Quorida de Trého qui restera dans les annales de l’équitation internationale. « Comme les autres, je l’ai débourrée et je l’ai montée jusqu’au début de ses sept ans. » Mais pour préparer la finale des 7 ans à Fontainebleau, l’éleveur-cavalier-maréchal a confié sa protégée à Bruno Rocuet. « Elle est restée quelques mois dans ses écuries et a terminé troisième du critérium des 7 ans. Elle gagne la finale en étant la seule double sans-faute. » Devant cet exploit, les acheteurs ont frappé

au portillon et Quorida a rejoint les écuries du marchand suisse GianBattista Lutta, qui l’a revendue à Romain Duguet : « Elle a eu une belle carrière internationale. Elle a gagné pas moins de cinq Grand Prix cinq étoiles dont le Grand Prix du Saut Hermès à Paris en 2015. Elle a été médaillée aux championnats d’Europe et a couru les Jeux de Rio. J’aimais la souche de sa mère que j’ai achetée à Hélène Marie, de Quiberon (Morbihan). Les produits de Dalais sont très bons. Les sœurs de Quorida, qui n’ont pas le même père, sont intéressantes. En premier poulain, j’ai un 4 ans, Graal de Trého (Taquin de l’Extase), qui est prometteur. Le dernier frère de Quorida, Gavroche de Trého (Priam d’Isigny) saute bien également. » L’élevage de Trého n’a, semble-t-il,

pas fini de faire parler de lui. n Olivier Abautret

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•147


SEINE-MARITIME Ondine Belmanière

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Quand mauvaises manières riment avec super carrière

'est sous le soleil d'Espagne que O ndine B elmanière a foulé pour la dernière fois une piste de compétition lors du CSI 3* de Valence, début mars. Initialement prévu en milieu de saison, le départ à la retraite de la fidèle complice de Mélanie Cloarec a finalement été précipité par l'épidémie de coronavirus. O ndine faisait équipe avec la cavalière de trente ans depuis quatorze ans ! Jument alezane assez carrossière mais bourrée d’énergie, elle représente l'archétype du bon Selle Français originel. Fille de Timorrak des Isles (Double Espoir x Popof) et d’une mère par Muguet du Manoir (Artichaut x Rantzau), elle regroupait les plus fameux courant de sang vendéens et normands avec la petite touche d'anglo-arabe précieuse de l'étalon Et Hop (Pancho II) en lignée maternelle. Née chez Claudie Blandamour à Nehou (50), Ondine est le meilleur produit de sa mère. Cependant, sa propre sœur, Kourtisane, est à l'origine de l'excellente Ulane Belmanière (M uriesco du C otentin ), ISO 161 avec Simon Delestre et désormais sous la selle de Pius Schwizer. Fait rare de nos jours, la jument normande au fort tempérament a uniquement couru avec Mélanie, avec qui elle a débuté à 5 ans. « Je montais alors pour Karine Vandermeersch-Novick à l’élevage du

Loir, et O ndine faisait partie de mon piquet. Karine l’avait achetée dans un lot à six mois », se souvient la Normande. « À l’époque, la jument ne portait pas bien son nom, elle n’était pas “belle manière” du tout ! Elle ne voulait pas sortir en balade, et avait beaucoup de caractère. » Intéressée néanmoins par le

potentiel de la jument, Mélanie Cloarec en fait l’acquisition. « Sa plus grande qualité est son courage. C’est une battante ! Son mauvais caractère s’est vite révélé un atout pour aller au feu », raconte l’amazone. Au point pour la

jument de terminer seule, la dernière ligne d’une épreuve 3* à Megève alors qu’elle a les rênes en guirlande sur le chanfrein ! Au rang de ses plus belles victoires, le Grand Prix du CSI 3* de Cagnes-sur-Mer (06) ou l'épreuve Région Normandie 1,45 mètre du CSI 2* de Canteleu en 2018, année où elle réalise sa plus belle saison, ISO 157. Indicée plus de neuf ans au-dessus de 140, Ondine promet d’être une toute bonne mère. C'est dans la même logique que la cavalière a choisi le premier croisement qu'elle va réaliser avec Ondine : l'heureux élu est Thaïs de Pégase (Calvaro), l'étalon de tête de son compagnon, Alix Ragot. C'est d'ailleurs dans les prés de ce dernier que la jument prendra prochainement ses quartiers pour profiter de sa nouvelle vie de retraitée. « Elle est encore en

Ondine Belmanière a réalisé la totalité de sa carrière sous la selle de Mélanie Cloarec. Ph. E. Knoll pleine forme du haut de ses dix-huit ans, et c’est comme cela que je voulais qu’elle se retire de la compétition » positive Mélanie. Désormais

cavalière du Haras de Pléville, situé en SeineMaritime, Mélanie valorise un piquet d’une quinzaine de chevaux dans un objectif de commercialisation. Elle reportera désormais ses espoirs sur C annell de L ostallen Z (Cascor x Javollo), qu’elle a fait naître et qui lui appartient. n Émilie Le Guiel

PAYS-DE-LA-LOIRE Didier Dhennin

avalier de l’équipe de France de concours complet pendant une douzaine d’années, l’écuyer du Cadre Noir, Didier Dhennin, cinquante-huit ans, est l’un des chefs de piste de référence dans cette discipline. En début de saison, il a conçu avec Pierre Michelet les parcours de cross des onze épreuves organisées dans le cadre du Grand National, à Saumur. Rencontre. Comment vous êtes-vous orienté vers ce rôle de chef de piste ?

En fait, j’ai débuté en 1987, lorsque j’organisais des concours complet en Bourgogne. C’était pour moi naturel d’assurer cette fonction. Aujourd’hui, j’interviens comme chef de piste sur environ vingt-cinq compétitions par an, dont plusieurs à l’étranger. Comment prenez-vous en compte la sécurité sur le cross ?

Le risque zéro n’existe pas. Mais nous sommes très vigilants pour minimiser les risques. Depuis deux ans, nous avons des systèmes de sécurité sur certains obstacles dont une partie peut

tomber en cas de choc. Nous sommes aussi très attentifs à leur emplacement. Nous tenons compte de la luminosité, qui peut gêner le cheval et le cavalier et nous ne mettons jamais d’obstacles verticaux dans les descentes. À titre d’exemple, si nous voulons installer un obstacle que nous jugeons un peu délicat, nous le plaçons après une courbe pour aider le cavalier à équilibrer son cheval. Par ailleurs, dans la construction des obstacles, nous veillons à soigner les contrastes de couleurs pour les rendre les plus lisibles possible par le cheval et le cavalier. Que retenez-vous de votre expérience de cavalier de haut niveau ?

Le fait de ressentir et d’imaginer les réactions des chevaux dans de très nombreuses situations. Je pense avoir acquis aussi de vrais repères sur la progression des difficultés à mettre en place dans les différents niveaux de compétition. À quoi ressemble votre vie professionnelle ?

J’assure des cours auprès des stagiaires de l’École nationale d’équitation (ENE) et je 148 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020

C. MARQUENET

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« En complet, le risque zéro n’existe pas ! »

Didier Dhennin met son expérience de cavalier de haut niveau au service d’une composition réfléchie des parcours. continue à monter à cheval. J’ai la chance de travailler deux très bons chevaux de six ans. S’ils se qualifiaient pour le Mondial du Lion, je serais très heureux d’y participer. Et du côté de ma fonction de chef de piste, j’aimerais un jour concevoir la piste d’un grand championnat de concours complet... n Propos recueillis par Christine Marquenet


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CHER VB Jump

Vierzon, on connaît surtout le centre équestre, La Picardière, pour sa vocation de dressage. La famille Cambourieu est toujours organisatrice de concours sur ce site magnifique, mais une partie des installations est désormais louée à VB Jump. Qui se cache derrière ces initiales ? « Nous nous sommes installés en 2019 », indique Victor Bernardin, vingt-sept ans, cavalier professionnel doté du DEJeps, un diplôme d’État. Ce dernier est né à Bourges et a fait ses armes à poney, notamment en CSIP et lors de championnats de France. « Avec mon associé, Lyvan Roger, originaire de Compiègne, nous avons trouvé cette structure formidable pour notre activité. Nous proposons du coaching orienté saut d’obstacles, et mettons en place des activités de commerce et de valorisation de jeunes chevaux. »

DOMINIQUE REYMOND

À

Des passionnés à la Picardière

Victor Bernardin et Lyvan Roger se sont installés à Vierzon il y a quelques mois et proposent coaching, valorisation et commerce de chevaux.

Elève de Rémy Deuquet, Victor a évolué en CSI* et épreuves Pro 2, notamment avec sa jument Siska de Nosai (Kara du Halage). « Siska est désormais partie à la reproduction au

l’association nationale anglo-arabe (ANAA), dont Gulliver Champeix AA (Upsilon, Aa), finaliste à Saint-Lô et qui sortira sans doute sur le circuit des cycles classiques. « Mon but

titulaire du BPJeps, aime préparer les chevaux, moi j’aime les sortir, les valoriser. Je voudrais bien me reconstituer un piquet de chevaux, jeunes et plus vieux. » Inutile de dire que la reprise des

Haras de Champeix, chez Hélène Herrmann, qui travaille en partenariat avec nous. » VB Jump axe

est d’être à cheval le plus possible, et d’enseigner aux quelques propriétaires de l’écurie, qui ne propose pas de cours collectif. Je privilégie le coaching, un enseignement à la carte en fait. Nous assurons le travail des chevaux, les sorties en compétition et l’activité de dépôt-vente. Lyvan,

éleveurs, comme Hélène Herrmann ou Christian Duchaussoy de l’élevage des Étains. Nous mettons en place des contrats pour que chacun s’y retrouve. » n Dominique Reymond

son activité sur les jeunes chevaux : plusieurs étalons de la région ont ainsi été préparés pour les épreuves qualificatives et les finales organisées par le stud-book Selle Français et

concours est attendue impatiemment par VB Jump ! « Nous travaillons en partenariat avec des

MAINE-ET-LOIRE Attelage

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À Saumur, bientôt un nouveau musée

u cours de l’assemblée générale de l’association Saumur Attelage, son président, Jacky Guérin, a annoncé les dates de la 36 e édition du concours international d’attelage, qui se tiendra du 10 au 14 juin, et la création d’un musée de voitures hippomobiles dans les locaux de l’entreprise Bouvet Ladubay, producteur de vins. Ce projet de musée est déjà bien avancé puisqu’une convention a été signée, en juin 2019, entre l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE), l’association Saumur Attelage et Bouvet Ladubay. Près de trente voitures hippomobiles en provenance des Haras nationaux sont arrivées à Saumur, et les bénévoles de l’association ont déjà été sollicités pour participer à leur rénovation.

sûr, les mesures gouvernementales concernant l’épidémie de coronavirus nous laissent un peu dans l’incertitude quant à la date d’ouverture du musée. »

Interrogé sur la remise en état de certaines voitures, Jacky Guérin ajoute : « L’équipe des bénévoles

saumurois a beaucoup de travail à cette période puisque, en plus de la remise en état des voitures hippomobiles, elle intervient, dès la fin avril, sur le site de l’hippodrome de Verrie pour mettre en place toute l’infrastructure nécessaire à l’organisation des concours internationaux de complet (du 21 au 24 mai) et d’attelage (du 10 au 14 juin). »

Les stars de la discipline de l’attelage à un cheval seront sans nul doute présentes, puisque cette épreuve à un, deux, quatre chevaux et poneys sera sélective pour le championnat du monde organisé à Pau, fin octobre. Les organisateurs espèrent accueillir entre 10 000 et 12 000 spectateurs.

« Nous espérons pouvoir présenter une vingtaine de voitures dans ce musée, Jack Guérin, président de Saumur Attelage, espère présenter une vingtaine au moment du concours international de voitures hippomobiles dans le futur musée saumurois. Ph. C. Marquenet d’attelage », précise Jacky Guérin. « Nous avons du mal à chiffrer le nombre « Certaines d’entre elles sont exceptionnelles et pourraient figurer à l’avenir de spectateurs dans la mesure où les entrées payantes se font par voiture », sur la liste des monuments historiques du patrimoine français. Mais bien précise Jacky Guérin. n Christine Marquenet Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•149


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INDRE Artisanat

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Les crins sublimés par l’art de Séverine

riginaire de la région Centre, Séverine Hourquebie a travaillé dans différents domaines, mais a toujours compté sur la présence de ses chers chevaux. Elle a finalement opté pour un métier lui permettant de mettre à profit sa créativité : elle confectionne des bijoux avec du crin de cheval et des éléments annexes de qualité. « J’ai grandi avec les chevaux, ils me permettent de devenir une meilleure version de moi-même », confie Séverine. « Je ne travaille pas avec une matière, mais avec une partie intégrante de la vie de mes clients à travers leurs chevaux de cœur ou leurs compagnons de loisir. Il y a une dimension extrêmement personnelle dans mon ouvrage. » Installée avec sa famille à Bagneux, proche de Valençay (36), Séverine

travaille dans son atelier à domicile. C’est en 2012 que son entreprise, Côté Crin, voit le jour, « sur une idée un peu folle », admet Séverine. Ne trouvant pas de bijoux à son goût, elle a décidé de retravailler des modèles selon ses inspirations. « Organiser son quotidien en fonction de ses envies et de ses impératifs familiaux n’a pas de prix. Je travaille seule et j’admets que j’ai du mal à déléguer. La fabrication demande soin, dextérité, remise en question, inventivité. L’artisanat est très prenant, mais le jeu en vaut la chandelle », confirme cette artisane. Sa clientèle lui adresse les

crins dûment sélectionnés, choisit un modèle, et confie quelques détails sur l’histoire vécue avec le cheval. L’objet a pour but d'évoquer des souvenirs, les succès et parfois les épreuves traversées avec les chevaux. « Le travail est spécifique selon les morphologies, les personnalités, les budgets. Le bijou doit convenir à la personne qui en passe la commande. C’est la mission que je me suis fixée », souligne la créatrice qui tient à ce que Coté Crin fournisse un travail à la hauteur

Séverine Hourquebie souhaite que Côté Crin, activité créée en 2012, garde son côté artisanal et proche de ses clients. Ph. Coll

de la confiance accordée, bien au-delà du simple accessoire. L’entreprise prend de plus en plus d’envergure, davantage que ce qu’imaginait Séverine. « Si je m’investis énormément et veux

voir évoluer mon projet, je tiens à conserver sa dimension artisanale, un circuit court en direct avec mes clients. » n Catherine Roux

LOIRET Les Écuries du Marais

L

Du Galop 1 à l’international, un pour tous, tous pour un

es Écuries du Marais, créées en 2005 par Guy et Céline de Vienne, tous deux enseignants à Saint-Benoît-sur-Loire (45), offrent un large panel de disciplines, pratiquées tant en loisir que sportivement. « La compétition n’est pas un objectif en soi, mais elle forge les caractères. La rigueur rend les résultats plus fiables dans le sport comme dans la vie », assure Guy, dont les convictions sont partagées par son épouse. « Nous privilégions les résultats d’équipe toutes disciplines confondues : Équifun, dressage, saut d’obstacles, concours complet. Les enfants doivent s’aider les uns les autres. La solidarité est également une affaire de parents. Ces derniers, comme les jeunes, n’en n’oublient pas le rôle du coach qui donne les perspectives. » Guy est également en relation

avec deux hôpitaux locaux dans le cadre de la tenue d’un atelier d’équithérapie. « Lui-même

Guy et Céline de Vienne, ici en compagnie de leur fille Enora, placent la pratique de l’équitation au sein d’un esprit d’équipe et de partage. Ph. Coll

handicapé, Guy a un feeling particulier avec les enfants et ados, qui est apprécié dans le milieu médical », explique Céline. Les propriétaires

des écuries du Marais ont eu l’occasion de figurer parmi les lauréats régionaux dans le cadre du programme “Fais-nous rêver, éducation par le sport”, suite à un travail mené de longue date avec l’école primaire privée de Saint-Benoît-sur-Loire. « Avec la complicité des poneys, nous avons capté l’attention des plus jeunes pour faire passer des messages d’une manière innovante. Les résultats ont été probants, les enseignants de l’école constatent l’épanouissement chez les enfants ». En matière

de compétition, les motivations ne manquent

pas sur la structure. Cet engouement s’explique en particulier par la présence d’Enora, la fille de Guy et Céline, qui privilégie le dressage. Elle a participé à quatre championnats d’Europe à cheval, et obtenu l’an passé le titre de championne de France As Poney Élite avec Swyn Barrade (Ceulan Nathan). « Elle est un moteur pour les autres enfants qui apprécient sa gentillesse, sa détermination. »

La cavalière prépare un nouveau cheval, 150 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020

Danke Schon D’El Vort (Upper Diam’s du Chai), sept ans. Une aventure menée sous la houlette de Céline. D’autres élèves augurent des perspectives encourageantes, tant en dressage qu’en Équifun. « Nous apprécions l’idée que les enfants ne consomment pas simplement de l’équitation, mais en profitent pleinement dans un esprit d’équipe, de collaboration, de partage », soulignent encore

les enseignants. n Catherine Roux


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rég des io

Nord-est

HAUT-RHIN Cyril Jeanniard

L'art de l'enchantement pédagogique Depuis plusieurs années, tous les candidats au Brevet fédéral d'entraîneur équestre (BFE) bénéficient, durant leur formation, d'une approche des techniques de préparation mentale, obligatoire pour le niveau 2, facultative pour le niveau 1.

D

ans le Grand Est, ces cours sont dispensés par Cyril Jeanniard, expert fédéral en préparation mentale, qui initie les élèves à ce qu'il nomme « l'art de l'enchantement pédagogique » : la capacité à transmettre à la fois la technique et le plaisir de pratiquer un sport. Au départ, pourtant, Cyril n'avait que peu de liens avec l'équitation, quoique sportif accompli, tant en compétition de ski alpin qu'en rallye automobile, participant notamment au ParisDakar. Rapidement, il s'est intéressé au versant psychologique de la pratique sportive. « J'ai d'abord fait ça pour moi, j'ai voulu m'armer pour vivre la compétition le mieux possible. » En 2014, il décide d'aller au-delà et obtient un diplôme universitaire de préparateur mental à l'Université Clermont Auvergne. Dans son projet de mémoire, soutenu pour l'obtention de son diplôme, deux sportifs différents doivent avoir été rencontrés et questionnés. L'un était un pilote de rallye et l'autre le cavalier de dressage Remy Bourgeret. Cyril

La préparation mentale dans le sport La cavalière de TREC Justine Meyer, licenciée au Pied à L'Étrier (88), a été accompagnée par Cyril Jeanniard début 2019 suite à une saison 2018 qu'elle qualifie de « compliquée émotionnellement », avec une perte de confiance en soi. « La technique était là mais pas le mental ». Justine confie maintenant avoir acquis des réflexes pour contrer le stress, pour se concentrer : « Je travaille l'imagerie mentale, je visualise mon parcours mentalement avant de le faire plusieurs fois, une routine d'images qui m'aide à me concentrer, mais aussi un slogan, c'est-à-dire des mots positifs, toujours les mêmes, que je me répète avant chaque épreuve. » Les techniques apprises ont porté leurs fruits puisque quelques semaines plus tard, Justine était championne d'Europe en équipe Jeunes et championne de France Amateur 1 en 2019 avec son cheval Uli des Ajoncs (Korto Maltese). n Suite à une perte de confiance en elle, la cavalière de TREC Justine Meyer a été accompagnée par Cyril Jeanniard. Et a dans la foulée remporté un titre de championne d'Europe ! Ph. Coll l'a accompagné durant une saison de concours et a fait ainsi ses premiers pas dans le monde du cheval. Au fil du temps, Cyril a ensuite suivi de nombreux entraîneurs et/ou cavaliers, tant collectivement, lors des formations au BFE, qu'individuellement dans toutes les disciplines équestres, du saut d'obstacles au TREC en passant par le dressage. Pour lui, l'équitation est « un autre monde, où il y a quelque chose en plus, de très profond, car il y a un lien avec un autre être vivant, le cheval. » Pharmacien de profession, Cyril vit la préparation mentale comme une passion : « Je n'ai jamais démarché personne, je n'ai même pas de site internet, c'est l'expérience humaine qui m'intéresse avant tout. »

ATTEINDRE LE FLOW

Les cours à l'attention des candidats au BFE ou l'accompagnement individuel de cavaliers compétiteur visent à atteindre le but ultime qu'est la confiance en soi et le flow, ce terme anglais qui désigne l'état mental d'une personne pleinement concentrée et engagée.

Comme le précise Cyril, « tout le monde a vécu une fois dans sa vie, pas forcément dans le sport, cette impression que tout se déroule facilement, au bon moment, au bon endroit, comme un instant de grâce ». C'est ce

sentiment et les perceptions qui en découlent qu'il s'agit de reproduire en cherchant « la fluidité performance », le plaisir et l'impression de facilité, intimement liés. Evidemment, il ne s'agit pas de demander à un apprenant d'avoir confiance en soi pour que des changements s'opèrent. L'objectif, pour les élèves candidats au BFE, est de leur permettre de transmettre au mieux un savoir-faire, de mieux comprendre leurs apprenants. Avec les cavaliers accompagnés en individuel, l'optique est la même, être dans état mental propice à la reproduction du geste optimal : « La performance est conditionnée par les cinq grands domaines que sont le réglementaire, la tactique, la technique, le physique et le mental, ce dernier volet étant celui sur lequel j'aide à travailler, considérant qu'améliorer un des piliers permet d'optimiser la performance de tout un chacun, la notion de plaisir devant rester un impératif pour tous les pratiquants. » n Frédérique Merck

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•151


NORD Benjamin Mahieu

B

Des selles mieux adaptées aux chevaux

ien connu des professionnels de la région pour avoir travaillé près de dix ans pour une grande marque de selles et de filets en tant que responsable technique, Benjamin Mahieu a pris un nouveau virage il y a quelques mois. Il a décidé de se spécialiser dans la modification et l'adaptation de selles à l'anatomie du cheval et de proposer à ses clients du sur-mesure pour leur monture. « J'ai toujours baigné dans l'univers équestre », indique le Nordiste. « J'ai d'abord été moniteur d'équitation, diplômé BEES1 depuis 1998, puis cavalier professionnel dans des écuries de haut niveau. J'ai évolué en compétition de saut d'obstacles jusqu'en Pro2. » Désireux de s'installer en tant

qu'indépendant et de ne pas travailler pour le compte d'une marque en particulier, Benjamin s'est formé auprès de Jean-Luc Parisot (Parisot Sellier), maître sellier qui équipe entre autres les écuyers du Cadre Noir de Saumur. « Une véritable chance qui m'aide énormément dans mon travail ». Dans le cadre de son activité, Benjamin Mahieu se déplace auprès de cavaliers qui lui en formulent la demande, et établit un diagnostic sur la compatibilité entre leur selle et la morphologie de leur cheval. Après ses observations, si le diagnostic l'exige, il propose de modifier la selle et d'adapter ses panneaux (matelassures) pour correspondre spécifiquement au cheval. L'idée, c'est que la selle ne vienne pas contre le cheval, qu'elle ne le blesse pas et n'entrave pas ses mouvements. Véritable artisan du cuir, Benjamin modifie lui-même

Pour établir son diagnostic, Benjamin Mahieu observe la correspondance entre les panneaux de la selle et la morphologie du cheval. Ph. S.F. les selles, sans intermédiaire, dans son atelier situé au fond de son jardin à Saint-Omer. « Chaque cheval est différent et chaque modification est unique. Il faut savoir qu'une selle qui gêne le cheval, notamment au niveau de l'avancée de ses épaules, va le faire forcer et il va travailler de ce fait beaucoup moins dans la décontraction. » Pour prodiguer ses conseils

à distance, Benjamin propose également de poser des diagnostics par le biais de la visioconférence. L'activité semble bel et bien partie : de nombreux cavaliers ont d'ores et déjà décidé de lui faire confiance et de lui confier leur selle, toutes marques confondues. n Sylvia Flahaut

SAÔNE-ET-LOIRE Compétition

A

Un tremplin pour le dressage bourguignon

vec deux étapes du circuit Grand National FFE-AC Print de dressage, Équivallée Cluny et Mâcon-Chaintré, la Saône-et-Loire devient un passage incontournable des dresseurs. Ils sont d'ailleurs plusieurs à venir s'installer dans la région. Julia Chevanne a quitté le centre équestre de Mâcon-Chaintré pour s'installer sur l'autre rive de la Saône, à Thoissey (01), mais elle continue à faire travailler des cavaliers bourguignons comme Cédric Gallinard, vice-champion de France Pro Jeunes Seniors, lui-même installé près du Creusot. En revanche, un autre cavalier membre de l'équipe olympique 2008 a fait son arrivée à l'automne 2019 : Hubert Perring désormais basé dans les anciennes écuries de Thierry Pomel à Viré-Vérizet, près du vignoble mâconnais. Marine Valot qui évolue sur le circuit Grand National fait partie de l'équipe d'Équivallée, Haras national de Cluny, où une formation DEJeps avec option dressage se met en place. Des éléments qui ont de quoi satisfaire Isabelle Vivancos, responsable de la commission dressage du centre régional d'équitation de Bourgogne-Franche-Comté, et présidente du comité départemental d'équitation de Saône-et-Loire. Malgré une évolution positive, elle doit bien constater que le dressage manque d'attractivité. « Au Les instances départementales aimeraient que les organisateurs jouent davantage le jeu du dressage, pour que les cavaliers Club passent au niveau supérieur. Ph. J.L.P.

mois de mai, le concours de Cluny reçoit plus de quatre-cents engagés avec des Pro Élite, mais les cavaliers bourguignons ne représentent qu'un quart des partants ! Il y a très peu de cavaliers Pro dressage en Bourgogne, et les concours amateurs ne sont pas fournis car, même s'il y a une bonne dynamique des concours Club – entre soixante et quatre-vingts partants par concours –, ces cavaliers-là ne passent pas au niveau supérieur. Les organisateurs, qui sont à la recherche de rentabilité économique, ne jouent pas le jeu du dressage. Il existe pourtant des solutions comme à Mâcon-Chaintré où il y a souvent mixité avec une autre discipline : c'était le cas en mars avec une étape hunter du National Style Equitation. Sur ce site qui est parfaitement adapté, on a un concours tous les deux mois environ, et le programme de formation, l'Académie d'hiver, intègre le dressage avec des intervenants de haut niveau. Nous avons dans la région beaucoup de petites structures. En Saône-et-Loire, la moyenne est de quarante-cinq licenciés par club, il est difficile d'y trouver beaucoup de cavaliers motivés par les concours de dressage. D'autant plus que nous avons aussi des cavaliers qui aiment le dressage mais sont anti-compétition et préfèrent pratiquer à travers des stages avec des intervenants non compétiteurs. Nous essayons de sensibiliser les enseignants au dressage. Nous faisons intervenir Constance Ménard qui a été cavalière de haut niveau et a une bonne expérience pédagogique. ÉquivalléeHaras de Cluny fait aussi appel à des intervenants de qualité. » De

quoi susciter l'émulation ! n Jocelyne Alligier 152 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020


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MEURTHE-ET-MOSELLE Structure

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Un nouveau souffle pour L'Éperon de Nancy

ean-Jacques Guyot, soixante-deux ans, chef d'entreprise dans le domaine de l'informatique, passionné de chevaux depuis sa jeunesse, a créé en 1996 une société de commerce de chevaux qu'il décide de céder en 2000 par manque de temps. En 2018, sa passion de l'élevage, de la valorisation de jeunes chevaux se manifeste à nouveau. Jean-Jacques vient de céder son entreprise. Ils se rapproche alors d'Alain Fortin, éleveur et cavalier dans la Meuse, et acquiert quelques chevaux. Sur son conseil, il se rapproche de l'Éperon de Nancy, centre équestre implanté sur un site appartenant à la métropole du Grand Nancy, où il découvre l'équitation en 1966 et dont il garde un excellent souvenir. À cette époque, seul un tiers des installations est occupé. Dans ce contexte, l'ancien chef d'entreprise propose au comité de louer deux barns de vingt boxes, autrefois réservés aux chevaux de course de l'hippodrome de Brabois. Suite à quelques tractations, le 1er janvier 2019, Jean-Jacques Guyot rejoint l'Éperon de Nancy avec une vingtaine de chevaux qu'il gère aujourd'hui grâce à sa cavalière Juliette Salm, à deux soigneurs, et à son conseiller sportif et

Jean-Jacques Guyot avec Elsass du Mezel, montée par Céline Thieriot. Ph. Coll

technique Sofian Misraoui, cavalier chez JeanMichel Gaspard. L'objectif est clair, il s'agit de valoriser et de commercialiser des chevaux de sport. Depuis, l'équipe dirigeante de l'Éperon a été renouvelée, suite au départ en retraite de l'instructeur Alain Rivet, remplacé en septembre 2019 par Geoffrey Armada, et à l'élection de Nathalie Noël à la présidence du club, dont le nombre d'adhérents et de propriétaires affiche une augmentation de 25 %. Jean-Jacques Guyot souligne que ses relations sont excellentes avec le club, auquel il prête notamment son camion et son parc d'obstacles. Si le commerce de chevaux a été fortement bouleversé à cause de l'épidémie de Covid-19 ces derniers temps, Jean-Jacques Guyot en a profité pour se concentrer sur ses chevaux d'élevage en attendant la reprise, et espère des résultats à la hauteur de la saison 2019, puisque sa jument Elsass du Mezel (Kannan) remportait la finale des 5 ans à Equita Lyon, sous la selle de Céline Thieriot, cavalière chez Alain Fortin, copropriétaire du cheval. Quoi qu'il arrive, il se dit enchanté de réécrire cette « belle histoire qui le lie à l'Éperon de Nancy depuis son enfance. » n Béatrice Fletcher

BAS-RHIN Rand'Okla

L'équitation nature comme credo

V

éronique Walter, gérante et monitrice de Rand'Okla à Herrlisheim, est une cavalière de randonnée et de TREC accomplie. Elle a participé plusieurs années à des épreuves de niveau Élite et a rapidement eu à cœur de transmettre sa passion de l'équitation en extérieur. En 2003, elle accompagne pour la première fois une équipe d'enfants, dont ses fils Benjamin et Pascal, aux championnats de France. En 2006, elle obtient son brevet professionnel (BPJeps) de tourisme équestre, puis enchaîne avec le brevet fédéral d'encadrement (BFE) de niveau 1 de travail à pied et le BFE Équi-Handi mental en 2017 et enfin avec le BPJeps d'équitation et le BFE ÉquiSocial en 2018. La même année, Rand'Okla devient officiellement club équestre, école d'équitation et poney club de France. Actuellement, la structure compte environ cent-cinquante licenciés, et Véronique a fait de la randonnée et de son pendant en compétition, le TREC, ses spécificités. Depuis plusieurs années, Rand'Okla peut ainsi se targuer de glaner des médailles à chaque championnat de France. L'année 2019 n'a pas dérogé à la règle : les jeunes cavaliers de Véronique ont ainsi remporté pas moins de

L'esprit d'équipe entre coach, enfants et parents est l'atout de Rand'Okla. Ph. Laurent Beyer trois médailles d'or, dont deux par équipe. Les P'tits Loups de Rand'Okla - Manon Beyer, onze ans, avec Oups ; Ewa Wurtz, onze ans, avec Ultime du Geneley ; Leane Leininger, neuf ans, avec Rambo et Louise Rageot, onze ans, avec Wild Woud's Rosita -, sont ainsi champions en catégorie Club Élite Poney 2B. Leurs aînés, à peine plus âgés, Les Loustics de Rand Okla - Clara Walther, treize ans, et W ild W oud ' s R osita  ; Aubin Riehl, onze ans, et Rambo ; Ambre Tressol Mouzaoui, onze ans, et Ultime du Geneley ; Morgane Wendling, treize ans, et Oups -, se hissent sur la première marche du podium Club Élite Poney 2 Équipe spéciale PTV (parcours en terrain varié). En individuel, c'est la junior Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•153

Lisa Schwob qui, accompagnée de Castle Ellis Kennedy, est championne de France en Club Élite spéciale PTV. Tous les poneys et chevaux emmenés à Lamotte-Beuvron appartiennent à Rand'Okla et sont des montures d'instruction. Une partie de leurs cavaliers ont déjà une certaine expérience de la compétition, malgré leur tout jeune âge. Véronique l'affirme, « tout ça n'est possible que parce que je suis entourée de parents qui suivent, qui sont vraiment formidables et sans qui rien ne serait possible ». Elle cite notamment la

maman de Manon, Marie-Céline Beyer, qui l'aide à la gestion administrative du club. Tout est donc une histoire d'équipe et de cohésion ! n Frédérique Merck


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SOMME

OISE

Sandra Buquet

Dressage

L'attelage ludique

Clémence Faivre fait le show avec ses Lusitaniens

Le credo de Sandra Buquet, passionnée d'attelage : l'apprentissage vient plus vite en s'amusant ! Ph. Val de Selle

Pour Clémence Faivre, le secret du dressage réside dans la fermeté sans énervement, dans la confiance et la patience. Ph. Sandra Lopez

B

ien mener sans stresser, en s'amusant aussi. Sandra Buquet, enseignante au Val de Selle à Conty, emmène ses élèves au championnat de France depuis dix ans et y récolte souvent des médailles : deux en 2018 et quatre en 2019, dont deux en or. C'est à Conty qu'elle a appris à mener avec Allain Houard, fondateur de la structure, et Félix-Marie Brasseur qui y assurait des stages, puis elle a tourné au niveau international à un cheval, un bon bout de temps avant la naissance de ses filles. « J'ai de la chance car mes élèves sont fidèles, ce qui m'a permis de créer une équipe qui roule, sur le long terme. » La plupart de ses meneurs ne sont pas cavaliers. À la base,

ils ont démarré à partir de six ans avec la cavalerie du club, de bons shetlands froids et adaptables, avant de passer aux haflingers sérieux. « On commence avec des jeux d'adresse, puis tout le monde progresse ensemble. » Les installations du Val de Selle sont idéales : à la campagne,

au bord de la forêt, traversées par deux rivières. Elles favorisent les cours en plein air. « On est toujours dehors et pour s'élancer au galop,

les débutants ont moins peur qu'en manège. Nos activités sont variées, ludiques, les enfants ne se lassent pas. Si on travaille un passage de gué, l'affaire se termine en bagarre dans l'eau… Les séances sont détendues et malgré mon abord qui ne semble pas facile, je reste cool. On plaisante et on joue beaucoup pour baisser le stress face de la compétition. Avec une à deux reprises par semaine, les jeunes progressent d'autant mieux qu'ils donnent aussi un coup de main pendant les vacances pour sortir les équidés, les promener au pas. Ainsi s'établit la confiance réciproque avec le poney et les élèves apprennent sans en avoir conscience. » En

concours le groupe reste aussi solide et solidaire. Après un stage plus technique juste avant le championnat de France, les jeunes partent une semaine ensemble à Lamotte-Beuvron dans une ferme. Là, l'ambiance reste conviviale : tout le monde met la main à la patte et les grands aident les petits à préparer le poney et leur servent de groom si nécessaire. Cet esprit d'équipe est une clé de réussite, et maintenant Sandra aimerait intégrer au groupe de petits nouveaux, à partir de ces jeux d'adresse sympas, sa méthode préférée pour apprivoiser l'attelage. n Elisabeth Gillion

C

'est en Andalousie où elle se formait au dressage classique que Clémence Faivre s'est entichée des Lusitaniens. Il lui a suffi de rencontrer Gotan, un petit alezan brûlé, pour savoir quel sens donner à son avenir. « Une révélation ! Il a changé ma vie. On a

fait le tour du monde ensemble pour donner des spectacles. Il est assez intelligent pour exceller en gala, en figures de haute école, en liberté... Il est vraiment spectaculaire ! » Le deuxième coup de foudre était pour Fuego

(Navalheiro), sensible, puissant, énergique, équilibré : un cheval devenu depuis l'étalon de l'élevage de Clémence. Pour le mettre en place, elle a choisi de vieilles souches sélectionnées pour la haute école et la tauromachie. Comédienne, cascadeuse, amazone, voltigeuse, Clémence a posé ses valises à Fontaine-Chaalis avec son mari, Mario Luraschi, où elle élève ceux qu'on nomme les chevaux des rois. Elle a choisi une dizaine de poulinières issues des grandes lignées portugaises : Vega, Coïmbra et surtout de l'élevage d'Arsenio Cordeiro, considéré comme l'éleveur de Lusitaniens portugais le plus reconnu. L'élevage compte également sur le sang de Novilheiro (Firme), champion d'Angleterre de saut d'obstacles en 1983 avec John Whitaker. « Les Lusitaniens sont élégants, généreux, avec du sang et des allures brillantes. Je veux aussi un bon caractère, bref je recherche LE danseur étoile qui fera vibrer le public ! J'ai confiance en ces souches formées par le travail de haute école et la tauromachie, ce qui les rend courageux et à l'écoute. » Clémence souhaite

prolonger ces bonnes lignées et disposer des meilleurs sujets pour la scène. Elle garde un poulain par an et sa passion restant le dressage, elle prend plaisir à préparer les autres pour d'autres disciplines : « J'aime prendre du temps pour m'occuper de chacun comme il faut, en fonction de sa personnalité, afin de le mettre en confiance et d'établir un respect mutuel. On doit être patient, ferme sans s'énerver. » Elle travaille beaucoup

sur le plat en attendant que ses chevaux se révèlent, qu'ils gagnent en puissance : « Le Lusitanien apprend vite car il est fin et facilement artiste ! » Clémence, qui a quarante ans, espère continuer les spectacles une bonne dizaine d'années, puis se consacrer uniquement au dressage. À trois ans, ses premiers poulains ont déjà de la classe – voire un port de tête frimeur ! n Elisabeth Gillion

154 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020


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Ile-de-france

ESSONNE Structures

Le cheval chez les Auclair, une histoire familiale Jean-Luc Auclair, soixante-sept ans, dirige depuis 1976 le centre équestre de la Grange Martin de Gif-sur-Yvette où il a découvert lui-même l’équitation à l’âge de neuf ans. Son fils, Baptiste, est pour sa part installé aux Ulis, à moins de cinq kilomètres.

A

près des études agricoles, un service national au centre sportif d’équitation militaire de Fontainebleau, Jean-Luc Auclair fait le choix de consacrer sa vie aux chevaux, et passe son monitorat à Bordeaux en 1974. Lorsque Claire et Michel Hagneaux, fondateurs du centre équestre de la Grange Martin en juillet 1959, souhaitent passer la main, Jean-Luc reprend tout naturellement le flambeau. Au centre équestre, qui figure parmi les plus importants établissements de l’hexagone avec six-cents licenciés (neuf-cents avant la baisse des licences constatée depuis 2013), la carrière (90 x 30 mètres), les deux manèges et les quatre-vingt-dix équidés, soit soixante poneys et chevaux d’instruction, sont concentrés sur un hectare. Jean-Luc Auclair a toujours proposé, au-delà de l’équitation traditionnelle, des activités annexes – promenades (grâce aux bois immédiatement accessibles), randonnées, rallyes, spectacles ou horse ball –, que son fils Baptiste a introduit voilà une trentaine d’années. Autre spécialité du club, le polo, pratiqué par Jean-Luc depuis vingtcinq ans, sur un terrain en herbe (250 x 150 mètres) situé à quelques centaines de mètres des écuries, ouvert de mi-avril à mi-octobre. À la saison hivernale, la trentaine de joueurs exerce ses talents sur la carrière au paddock polo. JeanLuc le précise, tous les chevaux sont habitués à la balle ou au maillet.

« DU LOISIR ET MOINS DE MISE EN SELLE »

Très impliqué dans la vie fédérale, JeanLuc Auclair s’est engagé aux côtés de Serge Lecomte dans les années 80, lors de la création de l’association régionale des poneys clubs d’Île-de-France, puis de la délégation nationale à l'équitation sur poneys (DNEP), et occupe aujourd’hui la position de vice-président de la FFE. « Outre une baisse des licences assez sensible depuis 2013, les attentes des cavaliers ont beaucoup évolué », observe-t-il. « On est passé à une équitation de loisir et la mise en selle, par exemple, n’est plus du tout de mise. La fédération a conscience de ce phénomène. Le développement de l’équitation s’est fait essentiellement par l’intermédiaire du Poney

Jean-Luc et son fils Baptiste Auclair, installés à moins d’un quart d’heure l’un de l’autre, partagent la passion de l’enseignement et du horse ball. Photos Coll. Jean-Luc Auclair envisage à moyen terme de ralentir son activité pour profiter du polo et de la chasse à courre au maximum : l’heure de la retraite est loin d’avoir sonné.

LA DEUXIÈME GÉNÉRATION

Baptiste, quarante-et-un ans, a de son côté repris en janvier 2016 le poney club des Ulis (91) que sa mère Frédérique a dirigé pendant vingt-cinq ans. « Nos installations s’étendent sur 4 000 mètres carrés et nous avons quinze shetlands, douze double poneys, et les deux chevaux des monitrices pour nos deux-cents cavaliers. Nous proposons l’enseignement classique, mais aussi l’endurance, le saut d’obstacles en compétition, l’Equifeel, plus les animations, les jeux, fêtes et anniversaires. Nous emmenons régulièrement les cavaliers à l’extérieur, notamment en forêt de Fontainebleau ou de Rambouillet. » Club de France et donc des enfants, et à travers le tourisme équestre. Aujourd’hui, la fédération ouvre l’éventail des activités au maximum, en proposant plus de trente disciplines officielles, dont certaines qui permettent de ne jamais tomber, voire même de ne pas monter sur un cheval. La création des différents circuits a permis à certains de faire du sport, et à d’autres de se consacrer au loisir. Aujourd’hui, la conformation des centres équestres urbains comme le nôtre nous contraint à sortir les chevaux régulièrement. La demande des cavaliers d’avoir à leur disposition une cavalerie facile et confortable est antinomique avec l’hébergement en box individuel. D’ailleurs, sur une vingtaine de chevaux de propriétaires, seuls deux sont en formule box, et tous les autres en formule paddock, y compris pour les cavaliers qui participent à des concours Club. C’est une solution non seulement moins onéreuse, mais aussi plus souple, dans le cas où ils n’ont pas envie de venir sortir leur cheval. » Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•155

Baptiste en convient, le fait d’être né dans une famille de cavaliers l’a tout naturellement dirigé vers cette carrière. Aujourd’hui, outre la gestion du poney club avec son associée Anne-Solène Alix, une enseignante et une apprentie, Baptiste continue d’entraîner les cavaliers au horse ball à Gif-sur-Yvette, et a même recommencé à jouer depuis quelques années dans diverses équipes.

« Avec Gif, nous avons fait partie des grosses équipes pendant quinze ans, nous avons pratiquement tout gagné dont plusieurs titres de champions de France Pro Élite et d’Europe en catégories mixte et féminine. Aujourd’hui, les cavaliers du club s’affrontent en catégories Jeunes et Club notamment lors du Grand Tournoi, annulé cette année en raison de l’épidémie de Covid-19. » Quand il n’est pas au poney club,

ou sur un cheval de horse ball, Baptiste met en place avec sa société, Horse in the City, des promenades sur mesure et privatisées, à cheval et à poney dans le parc du château de Versailles : « Tout est prévu, du café d’accueil à l’apéritif gourmand. » n Béatrice Fletcher


PARIS Équipement

Kineton passe la main

J

ean-Luc et Pascale Robiez, mariés depuis quarante-quatre ans, ont toujours été passionnés de chevaux. Jean-Luc, qui participait au championnat de France Juniors de saut d’obstacles en 1964, prend la direction de la sellerie Padd à Paris de 1977 jusqu’en 1983. Au rachat de la société, il décide avec l’aide de Jean-François Vignon de monter son propre magasin baptisé Kineton, qu’il installe dans une petite boutique au 40 de la rue Vital, dans le 16e arrondissement de Paris. « Nous avons très rapidement eu une clientèle locale », évoque Pascale. En 1999, le besoin de s’agrandir se fait sentir. La sellerie Kineton déménage au 10 rue Mirabeau dans un local de centsoixante-dix mètres carrés où elle se trouve encore aujourd’hui. À la demande de ses clients, le magasin, membre du Groupe Euroriding, qui regroupe quatre-vingts des plus grosses selleries européennes et

Solenne Pajot (à dr.) est officiellement aux commandes du magazin Kineton depuis le 31 janvier dernier. Photos Coll. permet un accès direct aux plus grandes marques internationales, se spécialise progressivement dans la discipline du dressage en commençant par les bottes sur mesure, puis les fracs et les chapeaux. Très vite, des liens se tissent avec des cavaliers de haut niveau, dont Julia Chevanne et Rémy Issartel, que Kineton soutient à l’occasion du Grand National dès 2008. « Nous avons intégré le milieu de la compétition en les accompagnant et nous nous sommes pris au jeu. » En 2014,

alors que Kineton s’ouvre à l’international, il s’avère nécessaire d’embaucher une vendeuse anglophone. Solenne Pajot, qui prépare son BTS en alternance, intègre la structure. Suite à l’obtention de sa licence, la jeune femme exprime le désir de racheter Kineton. « Nous l’avons introduite auprès de tous nos fournisseurs et nous continuons à la soutenir. » Depuis le 31

janvier dernier, la jeune femme de vingt-cinq ans est officiellement aux commandes d’une équipe de trois employés, et d’un stock de plus de 7 000 références. Pascale et JeanLuc retiendront de ces trente-six années les moments privilégiés passés avec les cavaliers, devenus des amis, les grandes échéances auxquelles ils ont assisté pour les soutenir, dont le championnat d’Europe de Rotterdam en 2011, et l’ambiance conviviale des salons et des concours aux côtés de Sylvie Corellou, Marie-Émilie Bretenoux ou Jean-Philippe Siat, cavalier qu’ils soutiennent depuis ses débuts. Jean-Luc et Pascale envisagent de s’installer en Normandie, de se consacrer à l’élevage et à l’accueil de chevaux en retraite, voire au saddle f itting , et comptent bien profiter de leurs nombreux clients, amis, et de leurs cinq petits-enfants. n Béatrice Fletcher

SEINE-SAINT-DENIS Académie Art Équestre de Montfermeil

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Le cheval sous le feu des projecteurs

é en 1954, Jean-Pierre Suchet commence à monter à cheval à l’âge de dix ans en région parisienne sur les chevaux du laboratoire Roussel Uclaf. Il se souvient avoir été attiré très tôt par l’équitation : « Mes grands parents vivaient près des hippodromes

de Longchamp et d’Auteuil, et m’emmenaient voir les chevaux de course. Je n’avais pas imaginé un instant que ma passion puisse devenir une profession. Les choses se sont faites suite à une coïncidence : des amis d’enfance qui travaillaient au Lido m’ont informé qu’une tournée pour les États-Unis était en préparation et qu’un casting état organisé. » Retenu, Jean-Pierre Suchet,

vingt ans, intègre ce monde du spectacle, se produit au Lido, au Moulin Rouge, puis découvre l’univers du cirque chez Pinder et auprès de Philippe Gruss, que Jean-Pierre considère comme un « grand dresseur et un grand homme de cheval qui n’est pas suffisamment mis en lumière ». Le cirque le dirige tout naturellement vers le cinéma pour lequel il devient dresseur de chevaux et cascadeur. « À l’époque, au Lido, on faisait à la fois les cascades équestres, et les bagarres. » Pendant plusieurs années, JeanPierre se forme sur le principe du compagnonnage, et se voit confier des chevaux de plus en plus délicats pour tourner des séquences de plus en plus compliquées. « Faire rêver les gens est l’une des plus belles choses que l’on puisse faire », assure Jean-Pierre Suchet. En 1983, il décide avec Bernard Turin et Thierry Le Portier, célèbre dresseur de fauves, de fonder à Rosny-sous-Bois une école de cirque baptisée à l’origine le Ludo-Circus-Forum où les jeunes gens se forment à la fois aux arts du cirque et au dressage d’animaux. En 1985, leurs formations de cirque rencontrent un tel succès que le chapiteau s’avère rapidement exigu. Jean-Pierre Suchet décide alors de créer à proximité une académie d’art équestre. Alors que la formation aux

Clips, pubs, films… Jean-Pierre Suchet, par le prisme équestre, aime solliciter l’imaginaire du public. Ph. Coll arts du cirque se développe pour devenir l’École nationale des arts du cirque (ENACR), aujourd’hui reconnue dans le paysage international, et délivre des diplômes d’État depuis 1991, l’académie d’art équestre prend de l’ampleur. Au cours de sa carrière, Jean-Pierre a participé à plus de trois-cents films, et a notamment été nominé en 2001 pour son exploit dans le film de Roman Polanski, La Neuvième Porte, avec Johnny Depp. Il a participé également à de nombreuses publicités, clips musicaux, interviews, plateaux télé et films avec ses animaux, comme dans La Halle avec Laury Thilleman (Miss France 2011), Vanity Fair avec Kristen Stewart ou encore Les 11 Commandements avec Michaël Youn et le clip de la chanson Les Limites de Julien Doré... Un palmarès impressionnant et une passion toujours intacte qu’il s’applique à transmettre à ses élèves et cavaliers. n Béatrice Fletcher

156 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020


Tour

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rég des io

YVELINES

SEINE-ET-MARNE Spectacle

Nicolas Wyart

En route vers l’international

Provins, ambiance médiévale

Avant de passer chez les pros, Nicolas Wyart aimerait confirmer au niveau Amateur. Ph. PSV

L

es 22 et 23 février derniers, Nicolas Wyart était parmi les dix cavaliers sélectionnés par le Comité régional d’équitation d’Îlede-France (CREIF) pour prendre part à un stage de préparation au niveau international animé par l’adjudant Donatien Schauly. Chez les Wyart, l’équitation est une histoire de famille, puisque Denis et Laurence, cavaliers amateurs, initient leur fils à l’équitation dès son plus jeune âge. C’est avec Beethoven, un poney Welsh B que Nicolas éduque avec l’aide de sa mère, qu’il découvre le saut d’obstacles. Idoline des Chouans (Dyffrynaled Gari Tryfan), une ponette D, l’emmène ensuite en D1 Ponam, mais bientôt, Nicolas, attiré par l’ambiance et par le cross, décide de se diriger vers le concours complet auquel il est resté fidèle. Après une interruption de trois ans pour poursuivre ses études, Nicolas intègre la gendarmerie, puis reprend l’équitation lorsqu’il rejoint la Garde républicaine de Vincennes en avril 2012 pour cinq ans, avant d’opter pour la police municipale. « Je préfère garder l’équitation comme loisir plutôt que d’en faire mon métier », confie Nicolas. En 2016, il achète Latina de Hus (Crusador), neuf ans aujourd’hui. « Elle n’était pas débourrée, mais grâce au travail de Sébastien Jaulin, tout s’est très bien passé. Je l’ai choisie pour son modèle, son énergie débordante, sa curiosité, sa gentillesse et son tempérament. Elle reste toujours froide dans sa tête, et se comporte comme une guerrière sur le cross. Je l’ai formée depuis le début, grâce aux conseils de Yannick Dirou, spécialisé en concours complet, avec lequel je travaille encore sur le cross et le saut d’obstacles. Je fais aussi appel régulièrement à Claire Gosselin pour le dressage. » En raison de ses horaires de travail, Nicolas n’est pas

en mesure de monter Latina tous les jours. Si les sorties au pré ne remplacent pas les séances de travail, il a profité de son temps libre cet hiver pour emmener Latina aux Jeudis du Grand Parquet pour travailler sur le cross, ou à Ozoir-la-Ferrière où des obstacles de cross étaient à disposition sur la carrière. Alors qu’il exerce ses missions professionnelles à Le Perreux-sur-Marne (94), Nicolas est désormais basé à Saint-Léger-en-Yvelines, où sa compagne Adeline Goursat, spécialisée en dressage, loue une dizaine de boxes dans les écuries ACN. Il compte bien cette saison confirmer son niveau en Amateur Élite et courir deux CCI 2* avant de s’attaquer au niveau Pro et au CCI 3* : « Latina en a les moyens ». n Béatrice Fletcher

Ile-de-france

La compagnie Equestrio propose de multiples spectacles équestres à Provins, de mars à novembre. Ph. Equestrio

D

e la fin mars au 1er novembre, la compagnie Equestrio, fondée et dirigée par Laurent et Paule Audureau, propose pour la 16e saison consécutive ses spectacles équestres au cœur de la cité médiévale de Provins. En 1976, Laurent, dix ans, est simple figurant lors du premier spectacle proposé au Puy du Fou (85). À l’époque, il ne pratique pas encore l’équitation. Sélectionné parmi d’autres enfants, il est mis à cheval. « Je n’en suis jamais redescendu, c’est devenu une passion », sourit Laurent, aujourd’hui âgé de cinquante-trois ans. Progressivement, il s’implique dans le spectacle, participe à sa mise en scène avec Philippe de Villiers, puis prend la direction des opérations jusqu’en 2001. Quelque temps plus tard, Laurent et Paule tombent sous le charme de Provins et créent la compagnie Equestrio, aujourd’hui forte de seize personnes et dix-huit chevaux, pour la plupart ibériques. Au programme des sept mois et demi que dure la saison, des spectacles quotidiens évoquent l’ère médiévale. La Légende des Chevaliers retrace les festivités données en l’honneur de Thibaud IV de Champagne, de retour de croisades, par Blanche de Castille, à grand renfort de jongleries, acrobaties, cascades, combats, joutes et cavalcades. À partir d’avril, place à Épées et Donjon, spectacle pédagogique dédié à l’univers de la chevalerie et aux machines de guerre médiévales, construites à l’identique d’après des plans de l’époque. Dans le cadre des Lueurs du Temps, habituellement, les premiers samedis de juillet et d’août, alors que la ville est éclairée à la lumière des bougies, la troupe propose également un spectacle en nocturne intitulé Crins de Feu. En parallèle, au cœur du théâtre des Remparts, la fauconnerie à cheval, inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco depuis 2010, est mise en lumière grâce à la compagnie Vol Libre. Au-delà des spectacles équestres, les imposants remparts érigés pour protéger les richesses de la cité au Moyen Âge, et les cinquante-huit monuments historiques, témoins de l’architecture civile, religieuse et militaire, les musées, jardins et espaces naturels méritent incontestablement la visite de cette ville inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2001. À noter, les spectacles équestres se déroulent sous des tribunes couvertes accessibles aux personnes à mobilité réduite. Pour tout savoir : https://www.provins.net. n Béatrice Fletcher

Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•157


Tour

Ile-de-france

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rég des io

VAL-DE-MARNE Écuries de Condé

Quand confinement rime avec travaux

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nous avons entièrement désinfecté les boxes, changé les mangeoires abîmées, et racheté de nouveaux mors à palettes pour les poneys. Nous avons entrepris de retourner tout le sable du manège, de mettre en place des coupe-vents pour l’hiver, et avons engagé des travaux de peinture. Je construis également des obstacles à l’aide de palettes, qui pourront me servir de soubassements pour le hunter, de directionnels ou d’obstacles de cross pour mes cavaliers. Nous faisons tout ce que nous n’avons jamais le temps de faire dans l’année. » Lorsqu’elle n’a pas un pinceau ou un marteau

à la main, Stéphanie travaille en vue d’un examen du brevet fédéral d’entraîneur hunter, sa discipline de prédilection. Si la jeune femme se

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athalie de Stéfano et son époux Benoît, policier et ancien garde républicain, ont acquis les écuries de Condé à Saint-Maur en 1995. Depuis, cet établissement, à l’époque en difficulté, affiche une belle réussite puisque trois-cents cavaliers y exercent leur passion sur cinquante-quatre chevaux et poneys. Quelques jours avant l’injonction de fermeture des centres équestres dans le cadre de la pandémie de Covid-19, Nathalie a décidé de transporter l’ensemble de sa cavalerie chez son amie Pauline Guignery, en Eure-et-Loire. « Ils sont répartis dans quatre prés vallonnés, c’est parfait », sourit-elle. Depuis, la jeune femme, son époux et leur fils ont choisi d’optimiser la période de confinement de cette année et se sont lancés dans des travaux d’amélioration des installations. « Après le départ des chevaux,

Au programme de la période de confinement, peinture et bricolage pour la famille de Stéfano. demande dans quel état elle retrouvera sa carrière située dans le bois de Vincennes, et dont l’accès a été interdit plusieurs semaines, elle l’assure, tout est prêt pour accueillir les équidés dès leur retour. « Les bottes de paille sont déjà prêtes dans les boxes, il nous suffit de les ouvrir lorsqu’ils arrivent… » n Béatrice Fletcher

VAL D’OISE Sylvie Séailles

Un hommage mérité

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e 27 janvier dernier, Sylvie Séailles, dirigeante du centre équestre des Grandes Écuries à l’Isle-Adam pendant trente-quatre ans, se voyait remettre la médaille de Chevalier du Mérite Agricole lors de l’assemblée générale du comité départemental d’équitation du Val d’Oise par Yves Berger, ex-directeur général des Haras nationaux, pour son investissement dans la vie associative départementale, son action en faveur du développement de la pratique équestre et de la formation professionnelle. C’est à l’âge de dix ans, alors qu’elle est pensionnaire à Le Chambonsur-Lignon (43), que Sylvie se découvre une passion pour les chevaux. « Dans le cadre de nos activités, nous pouvions monter sur un cheval de labour tenu en main dans la cour, et même faire du ski derrière lui. J’ai immédiatement su que les chevaux seraient ma vie », évoque Sylvie. « Plus tard je suis allée en vacances dans la ferme des Bader en HauteLoire. » Pendant l’année scolaire, leurs parents

offrent aux quatre sœurs Séailles une leçon d’équitation hebdomadaire au club de La Celle Saint-Cloud (78), où elle s’initie à l’accompagnement de promenades pendant l’été. En 1969, Sylvie a dix-huit ans lorsqu’elle passe le monitorat à Fontainebleau. « La découverte du monde militaire et de l’École nationale d’équitation a fait basculer ma vie »,

se souvient-elle. Son diplôme en poche, elle rejoint rapidement l’écurie privée d’Évelyne Guyot, cheffe du personnel au Lido et au Moulin Rouge, qu’elle suit dans l’A llier,

Pour toute une vie dédiée aux chevaux et à l’art équestre, Sylvie Séailles a reçu la médaille de Chevalier du Mérite Agricole. Ph. Coll en Sologne puis à Fontainebleau pour travailler ses chevaux de chasse à courre. « À l’époque, je ne montais qu’en dressage, mais j’ai commencé à sauter quelques fossés et ballots de foin pour m’amuser. » En 1973, diplômée

de l’instructorat, Sylvie passe deux ans à Villeneuve-Loubet (06), chez Pierre Boucan et travaille, avec Patrick Le Rolland et le colonel de Ladoucette, le cheval fédéral Aracello avec lequel elle est présélectionnée pour les Jeux Olympiques. En 1975, Sylvie accepte un poste au centre équestre de Longué, près de Saumur, où elle initie une collaboration durable avec Alfred Lefèvre qui lui confie des chevaux. Peu à peu, elle devient cavalière de première catégorie, grâce aux conseils du colonel Pierre Durand, écuyer en chef du Cadre Noir, auquel elle confie devoir tout ce qu’elle sait. Victime d’un accident avec un 158 •L’EPERON•Juin - Juillet - Août 2020

jeune cheval, elle doit interrompre sa carrière momentanément. Après une remise en selle sur Flambeau C à Fontainebleau, elle fait l’acquisition du bail commercial des Grandes Écuries à l’Isle-Adam le 1er janvier 1980, en association avec Jean-Michel Gaud, qui lui fait découvrir le haut niveau. En parallèle de la gestion du centre équestre et des propriétaires (environ quarante-cinq équidés), Sylvie figure régulièrement au classement des plus belles épreuves avec Jean de la Tour, J eune D ame , Q uercitron ou J alap du Rouhet. En 2013, elle décide de vendre les écuries, et de s'installer à Repentigny, dans le Calvados, où elle gère en compagnie de son époux, Vincent Annebicque, une trentaine de chevaux de sport, d’élevage ou en retraite, et continue à transmettre son savoir à de jeunes cavaliers. n Béatrice Fletcher


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Juin - Juillet - Août 2020•L’EPERON•161


INFOS PRATIQUES l ADRESSES, COURRIER...

Régions Les correspondants de L’EPERON Coordinatrice des régions : Sylvia Flahaut : sflahaut@leperon.fr n Nord-Ouest

n Nord-Est

Normandie. Marie-Camille Leroux : 06 84 19 90 32 et Emilie Le Guiel : 06 95 17 54 46 Bretagne. Olivier Abautret : 06 14 18 70 06 Pays de la Loire. Christine Marquenet : 02 41 38 42 63 Centre-Val de Loire. Dominique Reymond : 06 86 58 46 94

Nord-Pas-de Calais. Sylvia Flahaut : 06 82 80 66 80 Picardie. Elisabeth Gillion : 06 07 31 18 12 Champagne-Ardenne-Lorraine. Béatrice Fletcher : 06 71 32 63 75 Alsace. Frédérique Merck : 06 89 85 55 11 Franche-Comté. Elodie Sautenet : 06 46 32 51 85 Bourgogne. Jocelyne Alligier : 06 19 03 12 30

n Sud-Est

Auvergne et Rhône-Alpes. Jocelyne Alligier : 06 19 03 12 30 PACA. Danielle Para : 06 10 90 57 58 Corse. Gilles Perina : 06 15 25 10 52

n Sud-Ouest

Poitou-Charentes. Mathieu Escoula : 06 95 94 65 41 Limousin, Aquitaine. Lucie Mercier : 06 89 30 43 72 n Ile-de-France Languedoc-Roussillon. Seine-et-Marne, Essonne, Val-de-Marne, Val d’Oise , Paris, Hauts-de-Seine, Yvelines, Catherine Bouguet : 06 16 24 27 90 Midi-Pyrénées. Seine-Saint-Denis. Béatrice Fletcher : 06 71 32 63 75 Marine Villalta : 06 30 47 98 91

Le premier magazine d’actualité de l’élevage et des sports équestres. 100, avenue Raymond Poincaré, 75116 Paris Indicatif téléphonique : 09 73 87 + n° poste entre parenthèses Pour les email : @leperon.fr précédé de l’initiale du prénom et du nom Standard (30 38) Editeur Frédéric Tarder (30 50) Rédactrice en chef Sylvia Flahaut (30 46) Rédactrice en chef adjointe Myriam Rousselle (30 49) redactionweb@leperon.fr Rédactrice Charlotte Marichal Maquettiste Giulia Stricher Vanina Hodges-Tiercelin Ont participé à ce numéro Christine Parasote Chef de publicité Julie Dagneaux (30 44) Chef de publicité junior Adèle Hanus Service abonnement Yolande Muller (30 61)

Publicité hors captif Frédéric Tarder (30 50) Julie Dagneaux (30 44) Diffusion Responsable : Sandra Arderius (30 61) Diffuseurs/dépositaires A Juste Titre - Alicia Abadie Tél. : 04 88 15 12 47 Fax : 04 88 15 12 49

Directeur de la publication Frédéric Tarder Associé principal, M. EQUI, SARL au capital Tarifs d’abonnement de 8 000 €, dont le siège social est 47 bd 1 an = 4 numéros + 1 Hors-série de l’élevage de Courcelles, 75008, Paris. Immatriculée + 1 Guide des étalons + l’accès à la version au RC sous le n°387 666 191 RCS Paris. digitale et au club L’EPERON Commission paritaire n°0320 K 86636 France métropolitaine : 42 € (TVA 2,10 % ISSN 1253-7810. Dépôt légal à parution C incluse) Etranger : 52 € (voie de surface), 1997 L’Eperon SNC. 67 € (par avion) Imprimé en France/Printed in France. Tarifs vente au numéro Photogravure : Elysées Publications. Revue : 11 € + 7,70 € de frais d’envoi Imprimerie : Champagne (52) par exemplaire - Hors-série élevage Numéro non distribué en kiosques + Guide des étalons : 9,80 € + 7,70 € de frais Provenance du papier : Lanaken Belgique d’envoi par exemplaire Taux de fibres recyclées : 0 % Eutrophisation : 0,056 kg/To de papier Certification des fibres : SGS-PEFC/COC-0387 SERVICE ABONNEMENT 100 avenue Raymond Poincaré A travers L’EPERON coexistent toujours 75116 paris L’Information Hippique, fondée en juin 1957 Tél. : 09 73 87 30 61 par Roger-Louis Thomas, et L’EPERON fondé Mail : abo@leperon.fr en janvier 1937 par Edmond-J. Dubois.

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Management L’EPERON, société en nom collectif au capital de 116 240 €, dont le siège est à Paris (75116), 100 avenue Raymond Poincaré, immatriculée au RCS de Paris sous le SIRET 350 301 776 00067, code APE 221E représentée par son gérant Frédéric Tarder.


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PEAU HYDRATÉE ET ÉCLATANTE*

77%

La brume d’Eau Cellulaire est le geste de soin primordial. Innovation brevetée, elle est en parfaite affinité avec l’eau que contient naturellement votre peau. Booster d’hydratation, antioxydante, énergisante, elle est enrichie en acide hyaluronique, oligo-éléments et peptides biomimétiques**. Utilisée avant tout soin, elle transforme votre routine beauté quotidienne en rituel de jeunesse. Une peau plus belle, plus jeune, durablement.

INSTITUT ESTHEDERM est une marque fondée sur l’écobiologie qui est au cœur de la démarche NAOS pour respecter l’écosystème de votre peau et préserver sa santé. Durablement. www.naos.com Rejoignez-nous sur



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