Situation hydropolitique de 10 bassins versants transfrontaliers Newsletters E2E N°1 à 12

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dont la France et la Banque Mondiale, mettent ainsi l’impulsion afin de créer l’Initiative du Bassin du Nil (IBN) (www.nilebasin.org). L’IBN a deux programmes d’investissements sur les deux « branches » du Nil : Les Lacs Equatoriaux et le Nil Oriental. Afin de créer un cadre pour la mise en place de ces projets financiers, un vaste programme de vision partagée (Shared Vision Program ou SVP), incluant 7 projets fut mis en place. Notre étude de cas porte sur l’un de ces 7 projets, le Nile Transboundary Environmental Action Project (NTEAP).

Les enjeux à venir

La difficulté réside dans le fait que ces projets ne respectent pas les accords de 1929 et 1959, puisqu’ils impactent le débit du Nil et donc le flux arrivant en Egypte. Or Egypte et Soudan se refusent à revoir la signature de ces accords. Tous les acteurs semblent reposer leurs espoirs sur l’accord cadre de coopération ou CFA , vu comme l’alternative logique d’une répartition aujourd’hui inégale. Le CFA contient 34 articles en tout sur lesquels les 10 pays sont d’accord. Le seul article qui pose problème est le 14.B. sur la sécurité et le partage des eaux. Il stipule que chaque pays a droit à un usage équitable des eaux du Nil sans que ce montant ne remette en cause la souveraineté des Etats. Or l’Egypte refuse cet article et souhaite maintenir les accords préalables alors que les pays des Lacs Equatoriaux souhaitent voter sa mise en application. A l’heure actuelle, la coopération autour du Nil, et avec elle le fonctionnement pur et simple de l’Initiative du Bassin du Nil restent bloqués sur ce désaccord. Il est fort à prévoir que les bailleurs de fond de l’IBN ne financeront pas l’initiative ad vitam aeternam. Si l’institution se voit dans l’incapacité de régler ce différend, elle risque de disparaître. Pour continuer d’avancer, et a fortiori pour devenir une Commission de Bassin à part entière, il lui faut trouver une façon de résoudre le « cas CFA ». Trois hypothèses sont à envisager dans ce but : 1. Tous les pays signent le CFA tel qu’il est, 2. L’article 14.B. est mis de côté et l’accord est signé tout de même, Situation hydropolitique de 10 bassins versants transfrontaliers

Entre Deux Eaux

Lorsque nous avons posé la question à nos interviewés « Selon vous, quelle serait la répartition idéale des bénéfices sur le Bassin du Nil si l’on oubliait les frontières ? », pas un seul n’a hésité : « L’Egypte surexploite déjà ses terres, les seules qu’il reste à cultiver sont désertiques et donc impropres à l’agriculture ». « Le Soudan, par contre, possède des terrains vierges et fertiles, propices à la production céréalière et aux pâturages ». « L’Ethiopie a une topographie montagneuse et donc idéale à la construction de barrages dont le dénivelé pourrait produire de l’électricité ». « Kenya et Ouganda pourraient développer le blé et la canne à sucre ». Malheureusement, la confiance n’est pas encore suffisamment installée dans le bassin pour que les pays acceptent de se mettre en situation d’interdépendance. Quant à envisager de remplacer le barrage d’Assouan par d’autres, plus respectueux de l’environnement, en amont, c’est hors de question. L’Ethiopie, connaissant une insécurité alimentaire chronique (qui n’a pas entendu parler de la famine de 1984-85 qui décima un million de personnes ?) a annoncé ses intentions de développer 200 000 hectares de terres irriguées ainsi que deux barrages dans le sous-bassin du Nil Bleu. Or le pays n’est pas du tout adapté à l’agriculture. Par contre, l’énergie hydroélectrique produite pourrait être revendue aux pays voisins, entre autres le Kenya et le Soudan. La Tanzanie a, elle, lancé un projet pour extraire de l’eau du Lac Victoria et approvisionner une de ses régions arides tandis que l’Ouganda est en phase de construction d’un barrage hydroélectrique à Bujagali (www.bujagali-energy.com ).

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