Artisanat & Innovation

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1-Définition générale de l’innovation a-Généralités L’innovation est un terme très large qui dans la langue française est couramment synonyme de nouveauté. Ce raccourci sémantique a pour effet de vulgariser son usage et aujourd’hui n’importe quel produit un tant soit peu nouveau peut être qualifié d’innovant alors qu’il n’apporte aucune réelle évolution. Il parait donc nécessaire de se pencher sur la définition de ce mot trop souvent sur-employé et dont les enjeux dépassent de beaucoup l’idée que nous nous en faisons. Il y a beaucoup de définitions de l’innovation car il y a beaucoup de dimensions à prendre en compte (anthropologique, sociologique, économique, technologique...). Aujourd’hui,à cause de l’appropriation du terme par la pensée économique, l’innovation est comprise sous une forme plus restrictive. Pour nous guider dans cette recherche et afin d’élaborer une définition qui tendra plus vers l’innovation comme une aptitude à penser plutôt que comme la création d’un avantage concurrentiel, nous nous appuierons sur les propos de Marc Giget1. Pour lui, l’innovation est l’acte : « d’intégrer le meilleur état des connaissances dans un service créatif permettant d’aller plus loin dans la satisfaction des individus et de la société2 ». Cependant l’état des connaissances en question évolue extrêmement vite. On compte environ 10 millions de chercheurs en Recherche&Développement, plus de 15 000 articles scientifiques sortent par jour et 1 million de brevets ont été déposés en 20083. Ce sont des avancées considérables mais qui ne sont pour l’instant que de simples rouages appartenant à un grand mécanisme de synthèse. L’innovation ne se forme pas seulement sur les avancées technologiques mais, nous le verrons, sur une combinaison de beaucoup d’autres atouts.

b-Théorie de la synthèse créative selon Marc Giget Si l’on se reporte au dictionnaire philosophique4, l’innovation est un terme plus neutre qui remplace celui de progrès. Nous avons tendance à user indifféremment des deux mots alors qu’ils sont différents. Il faut d’abord préciser que le concept de progrès a vu le jour durant la révolution industrielle. À ce moment là, les contemporains de la Belle Époque ont une vision très positive de l’apport de la science et de la technique qui résoudra bientôt tous les problèmes de la société (vaccination, agro-industrie, électroménager...). On assiste à une idéalisation sans pareille du progrès avec la déesse du progrès ou la fée électricité et des café du progrès fleurissent un peu partout aux quatre coins de nos villes5. Mais tout cet enthousiasme est stoppé net dans son élan avec les grandes catastrophes du XXème siècle (les guerres mondiales, le totalitarisme, les génocides) qui ont rendu la notion problématique et elle s’est petit à petit substituée à celle d’innovation. De plus, le progrès tel qu’il a marqué l’Europe à ce moment là, correspond aujourd’hui à une vision passée

1  Marc GIGET est professeur titulaire de la chaire de Gestion de la technologie et de l’innovation au CNAM, animateur des « Mardis de l’Innovation » et directeur de l’Institut européen de stratégies créatives et d’innovation. 2  Citation tirée de sa conférence « Produits cultes et best-sellers, le secret des grandes innovations » tenu à l’université Paris Dauphine le 10 avril 2012. 3  Hubert GUILLAUD, « Marc Giget, CNAM : Il n’y a que des innovations ouvertes ! », article du 19/06/2009 pour la Fondation Internet Nouvelle Génération sur http ://fing.tumblr.com/post/126457749/marc-gigetcnam-il-ny-a-que-des-innovations 4  Dictionnaire philosophique, Fayard, septembre 2004. 5  Propos tenus par Marc GIGET pour les Mardis de l’innovation, « Stratégies d’innovation à la Belle Époque », séance tenue le 6 mars 2012 aux « Voûtes », Paris.

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