En Marche Magazine n°1727

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É ditorial

La santé : une recette aux nombreux ingrédients

En plaidant pour un système alimentaire plus durable, la MC rappelle que la santé est une équation qui compte de multiples facteurs et doit concerner chaque membre de nos futurs gouvernements.

Les effets bénéfiques d’une alimentation équilibrée sur la santé sont aujourd'hui largement documentés. De même que les effets négatifs de la "malbouffe" sur nos systèmes cardiovasculaire, endocrinien, articulaire et osseux, ou encore sur notre image corporelle…

Mais l’influence de l’alimentation sur notre santé ne se limite pas à la quantité et la qualité des produits que nous consommons. Si nous poussons le curseur plus loin, la façon dont notre alimentation est produite et transportée est tout aussi cruciale pour notre santé. Nous devons aujourd’hui nous préoccuper davantage de questions plus larges. Les aliments que nous consommons sont-ils de saison ? Sont-ils "bio" ? Et que veut dire exactement le "bio" ? Combien de kilomètres ont-ils parcouru avant d'arriver dans notre assiette ? Avec quel moyen de transport ? Autant de questions abordées notamment dans ce dossier d'En Marche.

Réformer notre assiette

On le voit, les facteurs impactant notre santé sont nombreux et peu, finalement, dépendent des ministres de la Santé. D’autres politiques doivent se mettre en place pour garantir que des éléments nocifs ne viennent dégrader la santé de la population : pesticides, pollution des sols, de l’air, de l’eau, surexploitation des ressources naturelles, conditions de travail....

Tout cela dépend des politiques mises en place aux niveaux mondial, européen et belge. Si nous voulons que notre population soit en meilleure santé, celle-ci doit être suffisamment informée sur la qualité des produits qu’elle consomme quotidiennement. Elle doit également avoir les moyens de consommer mieux et plus durablement. Le prix et l’accès à la qualité ne doivent pas être des freins. Par ailleurs, notre système de production doit être profondément revu en finançant, par exemple, l’assainissement des terres contaminées, en réduisant notre utilisation de pesticides ou d’engrais, en développant davantage l’agriculture biologique ou encore en mettant en œuvre des campagnes d’information sur la consommation de produits locaux et issus des circuits courts.

La santé

dans toutes les politiques

En clair, notre santé alimentaire ne dépend pas seulement de notre système de santé (préventif et curatif) et cette réflexion vaut également pour d’autres sujets : la qualité de l’air que nous respirons, des logements dans lesquels nous vivons, de notre enseignement ou encore de nos conditions de travail. Ce sont autant de facteurs qui vont influencer de près ou de loin notre santé, surtout lorsqu’il s’agit des personnes les plus fragiles de notre société. C’est la raison pour laquelle nous défendons le concept de "santé dans toutes les politiques". Pour la MC, il est important que chaque ministre, peu importe ses compétences, pense aux impacts de ses politiques sur la santé de la population. Qu’on se le dise, chaque ministre doit être un ministre de la Santé !

Si nous voulons que la population soit en meilleure santé, celle-ci doit être suffisamment informée sur la qualité des produits qu’elle consomme quotidiennement.

Juin 2024 I 02 I

Dossier

Alimentation : le futur est dans le pré.

22

Le tabou persistant de la ménopause. 08

Échos de l'actu 04

Tour d'horizon de la planète santé.

Dossier 08

Bio, circuit court, juste prix...

Consommer une assiette plus saine et durable, c’est possible !

Vos droits 14

Des aides pour la transition de genre.

Visa 16

Se porter garant pour un voyageur étranger.

Chaussée de Haecht 579 - BP 40 1031 Bruxelles

02 246 46 27

enmarche@mc.be - enmarche.be

Argent 17

Constituer un bonus pour sa pension.

Lectures 18

Quand les livres emmènent en voyage.

Loisirs 20

Vacances en solo : une aventure à tester.

Science à la belge 21

Animaux d'élevage : des virus pour remplacer les antibiotiques.

Santé féminine 22

Le tabou persistant de la ménopause.

Editeur responsable : Alexandre Verhamme, chaussée de Haecht 579 BP 40, 1031 Bruxelles

Rédactrice en chef : Sandrine Warsztacki Affilié à l’Union de la presse périodique UPP - Membre de l’Union des Editeurs de la Presse Périodique.

Tirage moyen 375.000 exemplaires

PARUTION : Mensuel.

COUVERTURE : AdobeStock.

PHOTOS : AdobeStock.

MISE EN PAGE : Paf!

Loisirs

Vacances en solo : une aventure à tester.

Santé féminine

Ma santé au quotidien 24

Comment bien protéger sa peau du soleil ?

Société 26

Inceste : pour que le silence se brise.

Coopération 28

La MC engagée auprès des mutuelles de santé.

Votre région 30

Retrouvez les évènements et actualités proches de chez vous.

IMPRIMERIE : Coldset Printing Partners, Beringen-Paal.

ROUTAGE : Atelier Cambier, Zoning industriel, Première Rue 14 - 6040 Jumet. Une erreur dans votre adresse postale ?

Signalez-le via mc.be/journal ou au 081 81 28 28. 28

Sommaire
MIXTE Issu de sources responsables FSC C022211 I 03 I Juin 2024

Actualités

L'allocation d'aide aux personnes âgées : du changement en Wallonie

En Wallonie, à partir de ce 1er juin, davantage de personnes auront droit à l'APA et de nombreux bénéficiaires actuels pourront recevoir une allocation plus élevée.

L'allocation d'aide aux personnes âgées (APA) est un complément de revenus octroyé aux personnes âgées de 65 ans ou plus en perte d’autonomie. Depuis janvier 2021, cette allocation est accordée par les entités fédérées. Les conditions pour y avoir droit et les modalités d'octroi sont donc différentes selon que la personne âgée est domiciliée en Wallonie, en Région bruxelloise, en Communauté germanophone (9 communes) ou en Flandre.

Le gouvernement wallon a décidé d'augmenter les plafonds de revenus (abattements) pris en compte dans le calcul de l'APA (les revenus de la personne âgée et ceux de son ou sa partenaire) (1).

Cette mesure entre en vigueur au 1er juin. Les personnes en situation de ménage (catégorie C) seront les plus impactées, le plafond de revenus augmentant de près de 20 %.

Pour savoir ce qu'il en est de son cas particulier, un simulateur de calcul APA (qui a valeur indicative) est mis à disposition sur aviq.be. Il est vivement conseillé, vu la complexité des calculs liés aux revenus,

La pandémie a augmenté le nombre d'enfant en surpoids

de s'adresser à un professionnel pour le remplir. Le service social de la MC est à la disposition des personnes concernées pour toute aide ou conseil (2).

Concrètement :

- Rien ne change pour les personnes qui bénéficient déjà d’une APA complète pour leur catégorie de handicap et perçoivent le montant mensuel suivant (montant indexé au 1er mai 2024) : • catégorie 1 : 105,82 € • catégorie 2 : 403,93 € • catégorie 3 : 491,11 € • catégorie 4 : 578,27 € • catégorie 5 : 710,32 €

- Les personnes qui se sont vu refuser précédemment l’APA en raison de revenus trop élevés ont intérêt à réintroduire une demande sur wal-protect.be.

- Les personnes – surtout celles qui sont en ménage (catégorie C) - qui pensent pouvoir obtenir une APA plus élevée peuvent introduire une nouvelle demande sur wal-protect.be.

Attention : Il est possible qu'une demande de recalcul de l'APA aboutisse à une perte

Un nouveau rapport de l'OMS Europe (1) confirme un lien entre la pandémie de coronavirus et l'augmentation du taux d'obésité chez les enfants de 7 à 9 ans. L’étude, réalisée entre 2021 et 2023, a porté sur 17 pays d'Europe. Plus de 50.000 enfants ont participé à cette enquête. Pendant cette période, 36 % des enfants ont passé plus de temps devant les écrans et 28 % ont passé moins de temps à des activités de plein air.

"Cette étude nous donne un aperçu inédit des conséquences physiques et mentales de la pandémie pour les enfants d’âge scolaire, en mettant l’accent sur la maladie à long terme et à haut risque qu’est l’obésité", a déclaré la docteur Ana Rito, coautrice du rapport.

(1) "Report on the impact of the COVID-19 pandemic on the daily routine and behaviours of school-aged children: results from 17 Member States in the WHO European Region", World Health Organization Regional Office for Europe, 2024

ou une diminution de l’APA (si le recalcul des revenus n’a plus été fait depuis la dernière revalorisation des pensions). Dans ce cas, le remboursement d’un indu pourrait être réclamé. Il est donc conseillé, avant toute demande, de s'adresser au service social de sa mutualité.

(1) Le montant de l'APA dépend à la fois de la gravité de l a perte d’autonomie constatée, de la situation familiale et des revenus du bénéficiaire et de son/sa partenaire. (2) Plus d'infos pour contacter le service social sur mc.be/social ou au 081 81 28 28.

Juin 2024 I 04 I ÉCHOS DE L'ACTU

Les aides familiales moins chères en Wallonie

À partir du 1er juillet, les bénéficiaires paieront moins cher les prestations de leur aide familiale en Wallonie. Ce sera même gratuit pour celles et ceux qui paient moins de 1,90 € de l’heure.

Les services d'aides familiales apportent leur soutien aux personnes isolées, âgées, handicapées, malades... Avec, pour objectif de maintenir leur autonomie et de leur permettre de continuer à vivre chez elles. En Wallonie, les bénéficiaires paient une contribution financière qui peut aller de 0,87 € à 7,81 € par heure prestée, en fonction de leurs revenus et de leur situation familiale (1). Pour permettre aux personnes qui en ont le plus besoin de faire appel à une aide familiale, le gouvernement wallon a décidé de diminuer la part contributive des bénéficiaires de 1,50 € par heure prestée. Cette diminution est compensée par une augmentation de l'intervention des pouvoirs publics wallons, qui passera de 0,4 à 1,9 € par heure. Un budget supplémentaire a

Les jeunes LGBTQIA+ harcelés à l'école

En Belgique, le harcèlement scolaire envers les personnes LGBTQIA+ prend de l'ampleur ces dernières années. C'est ce qui ressort d'une grande enquête menée par l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne (FRA). 100.000 personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, queer et intersexes dans 30 pays ont répondu à l'enquête.

Deux tiers des participants belges interrogés (67 %) confient avoir été harcelés ou avoir subi des moqueries, insultes et menaces liées à leur identité durant leur scolarité. En 2019, cette proportion était de 50 %. Cette tendance à la hausse se vérifie également au niveau européen puisque les chiffres sont passés de 46 à 67 % en quatre ans.

Si l'enquête démontre tout de même des avancées dans la lutte pour l'égalité en Belgique, elle pointe aussi les efforts à fournir pour en finir avec les discriminations, le harcèlement et les crimes de haine envers ces populations dans toute l'Europe.

Élections : les partis sur le gril

Santé mentale des jeunes, pénurie de personnel soignant, incapacité de travail, environnement, perte d’autonomie, rôle des mutualités… La MC a interrogé les représentants des 6 principaux partis politiques francophones sur différentes thématiques, afin de mieux comprendre et de faire connaître à nos membres leurs positions en la matière de santé. Les chefs de parti se sont prêtés à cet exercice démocratique devant les caméras de la MC, et leurs réponses pourront peut-être vous surprendre... Les capsules vidéo sont à découvrir sur mc.be/fr/elections-2024##gril

été dégagé jusque fin 2025 pour mettre en œuvre cette mesure. La Fédération des Aides & Soins à Domicile (FASD), partenaire de la MC, salue la volonté du gouvernement wallon de renforcer l'accessibilité aux services d'aide familiale. Mais elle s'interroge sur le bien-fondé d'une diminution linéaire du prix payé par les bénéficiaires, sans distinction de revenus. Depuis des années, la FASD plaide pour une révision de l'échelle barémique qui tienne mieux compte des revenus (le plafond est vite atteint). Elle demande aussi de renforcer le financement des services pour assurer leur viabilité économique.

(1) En Région bruxelloise (Cocof), la participation financière varie entre 0,82 et 8,68 € de l'heure. Plus d'infos auprès de ASD Bruxelles : 02 647 03 66 • info.bxl@fasd.be

10.000

C’est le nombre de décès causés chaque jour en Europe par les maladies cardiovasculaires, selon l’OMS. Cela représente près de 4 millions de morts par an, l’équivalent de la population de la Wallonie. En Belgique, les maladies cardiovasculaires (hypertension, AVC, insuffisance cardiaque...) sont responsables d'un tiers des décès (31.000) annuels. Il s’agit de la première cause de mortalité dans notre pays.

Erratum : soins infirmiers à domicile

Dans l'édition d'En Marche du mois de mai, nous avons consacré un article aux soins infirmiers à domicile. Cet article décrit la manière dont les besoins de soins, des plus simples aux plus complexes sont pris en charge par le personnel infirmier et aide-soignant de l'asbl Aide & Soins à Domicile.

Malheureusement, deux coquilles se sont glissées dans l'encart intitulé "En pratique". Plus exactement, le dernier chiffre du numéro de téléphone a disparu pour les services des ASD du Brabant wallon et du Hainaut oriental. Les numéros complets sont les suivants : ASD Brabant wallon : 067 89 39 49 et ASD Hainaut oriental : 071 59 96 66. Toutes nos excuses pour cette malencontreuse erreur.

I 05 I Juin 2024 ÉCHOS DE L'ACTU

Explosion des invalidités pour burn-out et dépression

Selon les statistiques de l'Inami publiées en mai, les incapacités de travail de plus d'un an (appelées "invalidités") dues à un burnout ou une dépression ont continué à progresser en 2022, avec une hausse de 7% par rapport à 2021.

Ces chiffres confirment une tendance à l'œuvre depuis longtemps, qui s'est toutefois accélérée ces dernières années. Entre 2017 et 2022, les invalidités pour ces troubles ont bondi de 43% en 5 ans. Ils représentent désormais un quart des incapacités de travail de plus d'un an.

Incapacités

de plus d’un an, pour burn-out ou dépression.

Médicaments : mieux encadrer les contrats secrets

La problématique touche tous les statuts professionnels, mais l’augmentation la plus importante concerne les travailleurs indépendants : +61,93 % contre + 42,58 % chez les travailleurs salariés et demandeurs d’emploi. Chez les indépendants de la tranche d'âge 30 - 39 ans, les chiffres sont frappants : +22 % en un an et +131 % depuis 5 ans !

Les femmes sont également particulièrement touchées : elles représentent aujourd'hui plus de deux tiers (69 %) des invalidités pour burn-out ou dépression.

Face à ces statistiques alarmantes, l'Inami indique que l'accès aux soins de santé mentale constitue l'une de ses priorités majeures. Elle s'est notamment associée à l'Agence Intermutualiste (AIM) pour réaliser une étude visant à mieux connaître le profil des personnes en invalidité pour troubles psychosociaux, afin d'améliorer le suivi des patients les plus vulnérables.

Source : Communiqué de presse Inami, mai 2024

En cette fin de législature, la Chambre a adopté un projet de loi qui annonce un certain nombre de réformes en matière de médicaments. Cette loi vise notamment à limiter la durée des contrats confidentiels conclus avec des sociétés pharmaceutiques dans le cadre du remboursement de certaines nouvelles spécialités. Ces contrats permettent à l'État d'obtenir des ristournes sur certains médicaments à condition que le prix accordé par l'entreprise reste secret. Cette procédure, qui existe dans de nombreux pays, avait été pensée pour accélérer l'accès pour les patients à des médicaments parfois trop neufs pour évaluer correctement l'adéquation entre leur coût et leur efficacité thérapeutique. Mais elle est devenue au fil des ans un moyen pour l'industrie de maintenir des prix artificiellement élevés en entretenant l'opacité sur ces montants. "Les bénéfices du système sont clairs pour le monde pharmaceutique, mais le sont de moins en moins pour les payeurs publics", alertait déjà le KCE dans un rapport de 2017. La nouvelle loi prévoit que ces contrats pharmaceutiques seront désormais résiliés immédiatement quand l’exclusivité du médicament expire afin de faciliter la venue sur le marché de concurrents génériques ou biosimilaires.

"Inspirations" :

une troisième saison à suivre ! Clap de fin pour la saison 2 d'"inspirations" ce mois de juin. Mais la rédaction d'En Marche prépare une rentrée podcast digne ce nom. Dès le mois de septembre, retrouvez la saison 3 sur vos plateformes d'écoute favorites avec des histoires aussi bouleversantes qu'inspirantes. Et pourquoi ne pas profiter des vacances pour (re)découvrir les récits de vie des saisons précédentes ? N'hésitez pas à vous abonner à la chaîne "En Marche Podcasts" pour ne rien manquer. Rendez-vous sur toutes les plateformes d'écoute podcast (Spotify, Apple Podcast, Deezer, etc.) ou su enmarche.be/podcasts

Juin 2024 I 06 I ÉCHOS DE L'ACTU
43 2017 2018 2018 2020 2021 2022 %

Zones de baignade en plein air

Pour encore mieux profiter des beaux jours, de nombreuses zones de baignade en plein air sont accessibles en Belgique. Il est recommandé de privilégier les sites officiels pour se baigner. C’est la meilleure garantie sur le plan sanitaire (suivi permanent de la qualité microbiologique) et pour la sécurité physique des baigneurs. Il est également plus prudent de toujours vérifier l'état d'ouverture de la zone choisie car des interdictions temporaires restent possibles. Pour rappel, la baignade dans les cours d'eau navigables est interdite partout dans notre pays et est donc passible de sanctions.

En Wallonie : environnement.wallonie.be/baignade du 15 mai au 30 septembre (variable en fonction du lieu)

À Bruxelles : flow.brussels/fr (piscine extérieure du canal d'Anderlecht) de juillet à septembre

En Flandre : kwaliteitzwemwater.be (baignades publiques, étangs de loisirs et piscines)

Migration

: un examen médical forcé pour expulser ?

Le nouveau projet de loi sur "la politique proactive de retour" voté début mai par la Chambre a fait grincer les dents de Médecins sans frontières et Médecins du Monde. Et pour cause : afin de faciliter le retour dans le pays d'origine, les personnes en situation de migration pourraient être soumises à des examens médicaux, forcés "si nécessaire". Cela signifie que dans le cadre d'une procédure d'expulsion, ces examens pourraient "inclure l'utilisation de moyens de contention et de coercition tels que la force physique, les clés de bras et les menottes aux poignets et/ou aux pieds", dénonce Noémie Grailet, coordinatrice médicale chez Médecins du monde. Les deux organisations humanitaires s'inquiètent de cet amendement, qui constitue une violation claire de l'éthique médicale puisque tout patient doit être libre d'accepter ou de refuser un examen médical. Par ailleurs, le respect de l'autonomie et de la dignité du patient est un fondement de la relation thérapeutique. La Libre rapportait d'ailleurs début mai que suite à ce vote, le Conseil national de l'Ordre des médecins rappelait à tous les praticiens que ce type d'examen ne pouvait être autorisé.

TMS : les travailleurs mieux protégés

Une nouvelle loi vient d'entrer en vigueur pour mieux protéger les travailleurs contre les troubles musculo-squelettiques (TMS). La Belgique est le premier pays européen à se doter d'une législation spécifique en la matière.

Avec les problèmes mentaux, les TMS sont les problèmes de santé liés au travail les plus courants dans notre pays. Les travailleurs souffrent principalement de douleurs au dos, à l'épaule, au poignet ou au coude.

Concrètement, les employeurs devront désormais faire le nécessaire sur le lieu de travail de prévenir ou réduire les risques d'apparition des TMS. Il peut s'agir, par exemple, de prévoir des pauses supplémentaires lors de travaux physiques lourds, de fournir des équipements de nettoyage ergonomiques aux aides-ménagères ou encore d'acheter des chaises de bureau et du matériel informatique adapté pour les employés. Pour respecter cette nouvelle réglementation, ces actions préventives devront par ailleurs être régulièrement revues et mises à jour par les employeurs.

Hospitalisation

Inclus dans vos avantages : en tant qu’affilié MC, votre avantage Hospi solidaire vous garantit de ne jamais payer plus de 275 € par hospitalisation en chambre à 2 lits. Et 0 € pour les moins de 18 ans.

I 07 I Juin 2024 ÉCHOS DE L'ACTU
Document promotionnel non contractuel. Photo © AdobeStock
mc.be/hospi-solidaire

ALIMENTATION

Dilemmes en rayons

Qu'est-ce qu'on mange ? La question préoccupe l’humanité depuis la nuit des temps. Mais alors que notre ancêtre se souciait surtout de savoir si la chasse serait bonne, son contemporain occidental s'arrache les cheveux devant l'abondance…

Texte : Joëlle Delvaux et Sandrine Warsztacki

Si les magasins n'ont jamais été aussi bien achalandés, la mondialisation du système alimentaire apporte son lot de questions légitimes. Par exemple : "Est-ce que j’opte pour le concombre bio engoncé dans son plastique ou son équivalent non bio mais non emballé ?" Entre considérations environnementales, éthiques, diététiques, pratiques et financières, se nourrir frise le casse-tête. S’il n’existe pas de recettes simples, voici quelques pistes pour faire de meilleurs choix pour notre santé et celle de la planète. Sans risque d'indigestion.

Viande : moins mais mieux

Réduire sa consommation de viande est une des clés pour manger durable, assure Renaud De Bruyn, expert alimentation

à l'asbl écoconso. Pollution des eaux et des sols, perte de biodiversité…l'impact de l'élevage intensif sur l'environnement est considérable. Ce secteur contribue aussi au réchauffement climatique à hauteur de 12 % des émissions de gaz à effet de serre dues à l'activité humaine (source : FAO). Mais toutes les viandes ne sont pas à mettre dans la même barquette : la volaille "pollue" moins que le porc qui "pollue" moins que le bœuf...

Mettre la pédale douce sur le barbecue sera aussi bénéfique pour la santé. L'excès de viandes (porc, veau, bœuf, agneau, cheval) et de charcuteries grasses augmente notamment les risques de maladies cardiovasculaires. Mais la viande peut tout à fait garder sa place dans l'assiette, à condition de privilégier la qualité (viande bio, locale, animaux élevés en plein air, en pâturage, etc.) à la quantité.

Une assiette pour vivre vieux

En privilégiant des produits locaux et de saison, chacun peut apporter sa pierre à l'édifice dans la lutte contre le réchauffement climatique.

En complément de la pyramide alimentaire, honneur à l'épi alimentaire! Cet outil, développé à partir des recommandations émises par le Conseil supérieur de la santé, résume les connaissances les plus récentes de la science diététique sous la forme d'une simple fleur de blé dont les 5 pétales correspondent aux 5 priorités pour une vie en bonne santé. À retenir par ordre d'importance décroissant :

• Manger au moins 125 g de produits céréaliers complets par jour.

• Manger au moins 300 g de légumes et 250 g de fruits par jour.

• Remplacer la viande par des légumineuses au moins une fois par semaine.

• Intégrer des fruits à coque et des graines aux repas ou en collation (15-25 g par jour).

• Limiter le sel en cuisine et à table.

Un score qui rend les étiquettes plus digestes

Entre les colonnes de chiffres et les termes abscons écrits en minuscules, décrypter une étiquette nutritionnelle dans la cohue d'un supermarché relève du challenge ! Avec ses 5 lettres (de A à E) associées chacune à une couleur (du vert au rouge), le NutriScore résume les informations et permet en un clin d'œil de savoir si le produit est bon ou non pour la santé.

Cet outil est utile pour comparer des produits similaires entre eux et faire les choix les plus sains. Par exemple, préférer l'huile d'olive ou de colza aux autres matières grasses. Les produits classés D ou E peuvent faire partie d'une alimentation équilibrée mais ils doivent être consommés en moindre quantité. Malheureusement,

DOSSIER
Juin 2024 I 08 I

le Nutri-Score n'est toujours pas obligatoire, ce qui ne facilite pas les choix nutritionnels.

Du côté de la poubelle…

Selon les estimations, on gaspillerait chacun en moyenne 70 kilos de nourriture par an, soit 250 à 450 euros ! "Quand on jette un aliment, on jette aussi toute l'énergie, le travail, les matière premières qui ont été nécessaires pour le produire", ajoute Renaud De Bruyn.

S'organiser avant de faire ses courses et lister les menus de la semaine évitent bien des achats inutiles, recommande l'expert alimentation. Acheter en vrac pour ne prendre que la quantité nécessaire permet en plus de réduire ses déchets (63 kilos de déchets d'emballage par an et par personne !). À la maison, ranger les aliments dans le frigo avec les dates de péremption visibles évitera quelques surprises poilues… Et si malgré tout, la date fatidique de péremption approche, penser à la surgélation !

Local et de saison, la combi gagnante

Une fraise de Wépion parcourt 2.000 kilomètres de moins qu'une fraise andalouse avant d’atterrir dans notre assiette. Et les tomates cultivées sous serre chauffée consomment 11 fois plus d'énergie que celles muries au soleil ! En privilégiant des produits locaux et de saison, chacun peut apporter sa pierre à l'édifice dans la lutte contre le réchauffement climatique. Mais quid du dilemme qui guette le consommateur devant les étals de pommes: acheter du belge non bio ou du bio cultivé en Argentine? Faut-il privilégier le fruit qui a le moins d'impact en termes de CO2 ou celui qui évite les pesticides nocifs pour la santé et les écosystèmes ? "On ne peut pas comparer… des pommes et des poires. En l'occurrence deux pollutions très différentes, commente Renaud De Bruyn. Cela dépendra des priorités de chacun. Mais le choix peut aussi être d'acheter un autre fruit."

Et le bio dans tout ça ?

Pour aller plus loin

• L'abl écoconso consacre sa campagne annuelle à l'alimentation et propose une foule conseils astucieux, de bonnes adresses et des podcasts pour réfléchir : ecoconso.be/miam

• Vous cherchez des sites internet sérieux pour vous informer sur la diététique et la nutrition ? On aime foodinaction.com et lesdieteticiens.be

• Y a plus de saisons ? Si, quand même... Voir la liste des fruits et légumes de saison sur environnement.brussels

• 43 labels de durabilité recensés rien que pour l'alimentation ! Qui garantit quoi ? Infolabel.be vous aide à faire le tri.

• Vous n'avez pas trouvé l'information que vous cherchiez sur l'étiquette d'un produit alimentaire ? Poursuivez l'enquête en ligne grâce à des applications comme Nutriscore, Yuka, ou la base de données collaborative Open Food Facts.

fond blanc indique qu'un seul ingrédient du produit provient du commerce équitable.

Découvrir des circuits alternatifs

Marché de producteurs, groupe d'achats solidaire, épicerie coopérative… Les alternatives à la grande distribution se développent largement. En réduisant les intermédiaires, ces lieux permettent de garantir un salaire décent aux producteurs sans pour autant faire exploser l'addition pour le consommateur qui y gagnera en saveur et en qualité nutritionnelle. Les fruits et légumes bio n'y sont généralement pas plus chers au kilo que leurs équivalents vendus en supermarché.

La viande peut tout à fait garder sa place dans l'assiette, à condition de privilégier la qualité à la quantité.

Dans le bio, pas d’engrais chimiques ni de pesticides, d’OGM ou d’hormones de croissance. C’est bon pour la santé, l’eau, les sols et la biodiversité ! L'appellation "biologique" ne peut pas être brandie à l'emporte-pièce. Elle fait l'objet d'une réglementation européenne dont les critères sont contrôlés par des organismes indépendants. Toutefois cet écolabel européen (petite feuille verte étoilée) n'inclut aucune exigence concernant la distance, la saison, la juste rémunération des producteurs, la qualité nutritive, le suremballage (pire : la certification européenne impose que les aliments bio soient clairement séparés des autres, raison pour laquelle on les retrouve emballés dans les supermarchés.).

De nombreux labels privés vont plus loin que la réglementation européenne en y ajoutant des critères sociaux, économiques, environnementaux. C'est le cas des labels belges Biogarantie® et surtout, Nature & Progrès (non disponible en grande surface). À noter que le nouveau label Fairtrade (ex-Max Havelaar) sur

"Avec leurs enseignes lumineuses, les supermarchés sont très visibles. Ils sont là depuis toujours et on y a ses habitudes... Mais on passe peut-être en chemin à quelques mètres d’un petit magasin qui vend en vrac ou d’une coopérative de producteurs, sans y prêter attention", observe Renaud De Bruyn. L'expert d'écoconso invite à faire preuve de curiosité. Et de flexibilité pour changer ses habitudes alimentaires en douceur. "On peut continuer à faire ses courses en grande surface, tout en complétant ses achats à l'épicerie bio. Diminuer la consommation de certains produits sans les bannir. Et équilibrer son budget alimentaire en économisant sur des postes comme les sodas, l'eau en bouteille…"

(1) "The Cost of Diets According to Their Caloric Share of Ultraprocessed and Minimally Processed Foods in Belgium", S. Vandevijvere, Sciensano & ULB, 2020

(2) "Ultra-processed food exposure and adverse health outcomes: umbrella review of epidemiological meta-analyses", M.M Lane, Johns Hopkins, 2024

(3) "Les coûts cachés de notre alimentation", M. Duru et A. Fardet, Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement en France, 2022 (4) "Unhealthy food availability, prominence and promotion in a representative sample of supermarkets in Flanders (Belgium): a detailed assessment", S. Vandevijvere, Sciensano, 2023

DOSSIER
I 09 I Juin 2024

Le (vrai) coût de l'ultra-transformé

De nombreuses voix s'élèvent pour rendre nos assiettes plus saines. Pas si facile quand le prix des produits ultratransformés s'avère plus attractif que celui des aliments de qualité.

Texte : Sandrine Cosentino

Légumes bio, circuits courts, nouvelles habitudes alimentaires… De nombreux citoyens tentent d'améliorer la qualité de leurs repas. Mais une question revient toujours au menu : comment favoriser une alimentation saine quand l'industriel écrase les prix ?

En Marche a comparé le prix de plusieurs pizzas industrielles au jambon et le coût d'une pizza faite maison. Dans trois supermarchés, la pizza surgelée la moins chère est vendue 1,89 €. Pour celle maison, nous avons acheté des produits d'une marque distributeur non bio : 75 gr de jambon cuit à 0,90 €, de la passata de tomates à 0,40 €, une boule de mozzarella à 0,90 €, 100 gr d'emmental râpé à 1 € et une pâte faite maison à environ 1 €. Le résultat interpelle : notre pizza maison revient à 4,20 €, soit plus du double de la pizza surgelée low cost !

Production intensive

Sciensano confirme (1) : les aliments ultra-transformés sont clairement moins chers (0,55 €/100 kcal) que les aliments peu ou pas transformés (1,29 €/100 kcal). Comment en est-on arrivé à proposer des aliments contenants des additifs, plus de sel, de sucre, de graisses et peu (voire pas) de fibres, de vitamines et de minéraux moins chers que les aliments apportant les nutriments nécessaires à notre bonne santé ?

Originaire d'une famille de fermiers et ancien maraicher bio, Xavier Anciaux est co-coordinateur de la ceinture alimentaire Charleroi-Métropole. L'accès à une nourriture de qualité devrait être un droit pour tous, défend-il. "Mais lorsque les fins de mois sont difficiles, que l'on dispose de peu de temps pour cuisiner et que certains plats préparés sont proposés à des prix défiant toute concurrence, on comprend que certaines personnes se tournent vers des aliments peu qualitatifs."

Plusieurs facteurs permettent à l'industrie agro-alimentaire d'écraser les prix. Les ingrédients sont issus de la culture et de l'élevage intensifs. Les fruits et légumes sont calibrés pour passer dans les machines. Les produits sont fabriqués en grande quantité. Les industriels utilisent également la méthode du cracking, consistant à décomposer un aliment brut en plusieurs ingrédients. Ce processus de fragmentation dénature complètement l'aliment et engendre une perte des nutriments essentiels pour notre corps.

Coûts cachés pour la santé

Une méta-analyse internationale (2) démontre qu'une exposition régulière aux aliments ultra-transformés est systématiquement associée à un risque accru de 32 effets néfastes sur la santé (maladie cardiaque, cancer, diabète de type 2, troubles mentaux, etc.).

Selon l'Inrae (3), pour un euro dépensé dans un aliment industriel, on paie ensuite 0,50 € en soins de santé, 0,30 € en restauration

de la biodiversité et 0,20 € en coûts sociaux et économiques. "Finalement, en achetant des produits industriels à bas prix, nous malmenons notre santé et l'environnement", traduit Xavier Anciaux.

Taxer la malbouffe ?

Une étude de Sciensano (4) établit que les enseignes de la grande distribution en Flandre allouent trois fois plus de place dans leurs rayons aux produits alimentaires défavorables à la santé qu'aux aliments favorables. Difficile dans ces conditions, pour le consommateur, de privilégier les bons choix alimentaires. "Il faudrait inverser la tendance pour que les produits meilleurs pour la santé coûtent moins chers aux consommateurs", renchérit Xavier Anciaux.

Limiter les publicités pour la malbouffe est une autre piste, comme le suggère la MC dans son mémorandum électoral.

Le Royaume-Uni l'a testé avec succès, voyant les achats de confiserie et de chocolats diminuer de près de 20 % après avoir interdit la publicité pour ce type de produits dans les transports publics londoniens.

Faudrait-il également indiquer "à consommer avec modération" sur certains aliments, comme on peut le lire sur les produits contenant de l'alcool ? Autant de pistes – parmi d'autres – à explorer collectivement pour modifier notre système alimentaire de manière durable.

(1) "The Cost of Diets According to Their Caloric Share of Ultraprocessed and Minimally Processed Foods in Belgium", S. Vandevijvere, Sciensano & ULB, 2020 (2) "Ultra-processed food exposure and adverse health outcomes: umbrella review of epidemiological meta-analyses", M.M Lane, Johns Hopkins, 2024

(3) "Les coûts cachés de notre alimentation", M. Duru et A. Fardet, Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement en France, 2022

(4) "Unhealthy food availability, prominence and promotion in a representative sample of supermarkets in Flanders (Belgium): a detailed assessment", S. Vandevijvere, Sciensano, 2023

DOSSIER Juin 2024 I 10 I
ALIMENTATION

Pesticides : le combat continue !

Une quarantaine de mutualités européennes, dont la MC, se mobilisent pour (re)mettre la lutte contre les pesticides à l’agenda de l'UE.

Texte : Sandrine Warsztacki

En 1962, Rachel Carlson publiait "Le printemps silencieux".

La biologiste américaine y lançait un cri d’alarme : les pesticides ne tuent pas que les "nuisibles", ils intoxiquent toutes formes de vie ! Une étude récente fait écho à ce titre funeste : en quarante ans, la moitié des oiseaux se sont volatilisés des champs en Europe et l'agriculture intensive en est la première coupable (1). L'impact des pesticides sur l'environnement est aujourd'hui bien documenté. Tout comme les risques pour la santé. Des liens étroits sont établis ou suspectés entre l'exposition aux pesticides et de nombreuses maladies, cite l'Agence européenne de l'environnement : cancers, troubles neurologiques, cardiovasculaires, respiratoires, infertilité, etc.

En février, la Commission européenne annonçait malgré tout le retrait de son projet législatif de réduire l'utilisation des pesticides de moitié d'ici 2030. Juste avant, elle prolongeait l'autorisation du glyphosate pour 10 ans… Les décideurs politiques tournent-ils le dos à l’expertise scientifique, s'interroge la cellule environnement de la Société de médecine générale belge (SSMG) dans une carte blanche publiée dans la foulée de l'appel contre les pesticides lancé en France par 1.500 professionnels de la santé (2)?

Les travailleurs en première ligne

Si les consommateurs s'exposent aux risques via l'alimentation, les agriculteurs et leurs familles sont, avec les riverains des zones agricoles, les premiers à être frappés de plein fouet, alertait l'Inserm dans un rapport majeur en 2021 (3). Ce 11 avril, un collectif d'une quarantaine de mutualités françaises, belges (Solidaris et la MC) et polonaises, organisait un débat militant au Parlement européen. Des agriculteurs victimes des pesticides avaient fait le déplacement pour témoigner. Dont Gilles, agriculteur

breton, venu raconter les terres difficiles, les Trente Glorieuses et les débuts de l'industrialisation. "On a commencé à planter du maïs et du soja partout dans les marais. On a perdu la notion d’adapter l’agriculture au lieu. Puis ça s’est emballé, on a produit pour l’export... C'est là qu'on a perdu le sens." Ses mains se serrent sur son discours quand vient le moment d'aborder la maladie, le choc du diagnostic, la honte et la colère quand il comprend l'origine de son mal... " Aujourd’hui, l'omerta se fissure. Avec les copains qui ont Parkinson, un lymphome, un cancer de la prostate, on se serre les coudes et on ose dire que cette agriculture de production nous tue !"

Le Green Deal dans le viseur

En 2019, la Commission européenne présentait son Green Deal en fanfare, plan ambitieux devant mener l'Europe à une véritable "révolution industrielle verte". La biodiversité y tenait une place de choix à côté des chapitres climat, transition énergétique et économie circulaire. Agitant le spectre des répercussions économiques, le Green Deal est aujourd'hui devenu le bouc émissaire de nombreux partis en Europe. "La droite conservatrice et extrême a manipulé la colère des agriculteurs pour

détricoter les politiques environnementales dans l’intérêt d’une minorité de grands exploitants et de spéculateurs. Mais ce que les agriculteurs demandaient, c’est juste d'être payé décemment pour leur travail, pas de détricoter le Pacte vert, dénonçait au colloque Enrico Somaglia, le Secrétaire général de la Fédération européenne des syndicats de l'alimentation. L'UE affiche des objectifs ambitieux pour l’environnement, mais vote des politiques d’austérité qui les rendent impossibles à financer. Elle met des normes ici mais négocie des accords commerciaux avec des pays sud-américains qui pratiquent la déforestation... Au final, c'est ce manque de cohérence qui est perçu par les agriculteurs et qui a été manipulée contre le Green Deal !"

Avec ce débat, les mutualités européennes entendent lancer une vaste mobilisation citoyenne pour que la prochaine Commission soutienne une agriculture respectueuse de la santé humaine et de la planète. Et démontrer que l'environnement et le social sont tout sauf opposés !

(1) "Farmland practices are driving bird populations decline across Europe.", Rigal S. & al., PNAS, mai 2023 (2) Retrouver l'appel à signer sur docteurcoquelicot.com (3) Pesticides et Santé, Inserm, 2021

ALIMENTATION DOSSIER I 11 I Juin 2024

ALIMENTATION

Ils font changer l'assiette

À contre-courant de la grande distribution, des initiatives inspirantes essaiment un peu partout en Belgique, pour montrer qu'il est possible de mieux manger en respectant à la fois notre santé, la planète, les producteurs et notre portefeuille. Florilège.

Texte : Sandrine Cosentino, Barbara Delbrouck et Soraya Soussi

Tournai

Auto-récolte et lieu d'échange

Installée dans le vaste parc d'une maison de repos, l'asbl Les jardins de la Vertefeuille a lancé il y a trois ans une activité de maraîchage bio, soutenue par la MC. Le concept : créer une communauté de "mangeurs" qui s'abonnent à la production pour la saison (mai à décembre) et viennent récolter leurs légumes chaque semaine. À la clé, moins de risques financiers et un gain de temps pour le maraîcher, ce qui lui permet de proposer des prix attractifs*. Une formule qui attire des abonnés aux profils et milieux sociaux divers, se félicitent Camille et Elise, porteuses du projet.

Chaque semaine, Camille la maraîchère détermine quels légumes sont mûrs et quelle quantité les mangeurs peuvent récolter. Des drapeaux guident les cueilleurs vers les parcelles. "Ce système repose sur la confiance. On ne peut pas en prendre plus ou moins, ni attendre la semaine suivante car les légumes seront trop mûrs, explique Elise, en charge des animations. Avant de s'engager, les abonnés sont sensibilisés au fait qu'il y a des périodes d'abondance, d'autres plus calmes et des récoltes moins bonnes

à cause de la météo ou des ravageurs. "L'auto-récolte permet de rapprocher producteurs et mangeurs. Venir au champ permet de mieux comprendre tout le travail qu'il y a derrière la production de légumes de qualité, souligne la maraîchère. Les abonnés prennent aussi conscience du véritable cycle de la nature. C'est-à-dire qu'il n'est pas possible d'avoir tous les légumes toute l'année, comme dans les magasins."

Entre cueilleurs, on s'échange des recettes pour les légumes moins connus. L'asbl organise aussi des ateliers cuisine pour valoriser la production, ainsi que des cours de yoga, dans l'optique d'une démarche de santé globale. Dans la cour, une ginguette a été installée, favorisant les moments de convivialité. De quoi créer un véritable "tiers-lieu" où on peut aussi bien aller chercher ses légumes, que cuisiner, faire du sport et échanger avec des gens de tous horizons.

* L'abonnement tourne autour de 300 € pour une part — soit 8,50 € par semaine — plusieurs parts étant nécessaires pour les familles ou les grands mangeurs de légumes.

vertefeuille.be • 0490 46 01 92 • Chaussée de Renaix 300 à 7500 Tournai

DOSSIER Juin 2024 I 12 I

Bruxelles

Gasap, manger solidaire

Nouvelle habitante de Neder-Over-Heembeek, Sandrine s'est lancée dans un groupe d’achat solidaire de l’agriculture paysanne (Gasap). La Ferme urbaine (portée par l’asbl le Début des haricots) est gérée par un petit groupe de producteurs et productrices qui offre la possibilité aux consommateurs participants d'obtenir des légumes bio frais en filière courte pendant la saison de production (entre mai et septembre). Toutes les semaines, Sandrine va y chercher son panier de légumes. Comme une quarantaine d'autres familles (les Gasous) qu'approvisionne la ferme.

La solidarité est un principe majeur d’un Gasap. Producteurs et consommateurs s’engagent mutuellement et sur le long terme (un an, une saison) à collaborer. À la Ferme urbaine, avant le début de la saison, chaque membre finance un an d'achat de légumes. Cet engagement assure des revenus stables et réguliers au producteur et lui permet de prévoir les dépenses, comme les semences, sans devoir s’endetter… De leur côté, les producteurs garantissent une agriculture non industrielle, durable et respectueuse des sols. D'ailleurs, ici à "Neder", le travail de la terre se fait par traction animale grâce aux deux ânesses de la ferme, Lola et Chemsey. Les prix sont fixés de manière équitable. À la Ferme urbaine, un panier de sept à huit légumes frais coûte environ 20 euros pour deux à quatre personnes. Le producteur détermine le contenu du panier en fonction de la saison. Et les mangeurs acceptent de leur côtés les risques liés à la production (intempéries, maladies, etc.).

Le Gasap recrée du lien entre ceux et celles qui produisent et qui consomment. Le Début des haricots est aussi un lieu de formation, d'échanges et d'innovations en termes d'agriculture et de modèles alimentaires alternatifs. Des jeunes non diplômés viennent y apprendre la profession de maraîcher, par exemple.

haricots.org • 02 644 07 77 •

Mariënborre 40A à 1120 Neder-Over-Heembeek

Différentes formules permettent de manger local, plus sain et moins cher, grâce à la réduction des intermédiaires entre producteur et consommateur...

• Vente à la ferme

Certains producteurs proposent des paniers, voire des magasins à la ferme où ils vendent leur production mais aussi des produits transformés (yaourts, fromages, etc.).

accueilchampetre.be > circuits courts

• Groupements d'achats (GAC)

Des consommateurs se rassemblent pour acheter en gros chez un producteur. Le groupe s’organise pour passer les commandes, récupérer les produits et les distribuer, etc.

• Mangeurs solidaires (GASAP)

Au lieu de commander, les mangeurs

Charleroi

Stimuler les circuits courts

Sur une surface de 600 m2 , le Carolo Store rassemble, depuis le 1er mars, une quarantaine de productrices et de producteurs locaux. Les clients y trouvent plus de 1.500 produits, provenant pour la plupart des environs (entre 30 et 60 kilomètres du magasin).

La société est organisée en coopérative et chaque acteur peut en acquérir une part, qu'il soit producteur, acheteur ou opérateur de la logistique ou du transport. Les coopérateurs bénéficient de quelques avantages, comme une réduction de 5 % sur leurs achats. Mais tout le monde est le bienvenu dans le magasin. "En tant que producteurs, nous sommes dans le Conseil d’administration, confie au journal Le Sillon belge Thomas Geeraerts, de la Ferme de la Sève à Mellet. Cela nous permet de faire des choix stratégiques pour la production et la commercialisation." C'est aussi une manière de garantir des prix justes pour les producteurs et un coût abordable pour les consommateurs. Les clients se réjouissent également de pouvoir acheter de la viande, du fromage ou des légumes dans un même lieu, évitant ainsi de parcourir de nombreux kilomètres entre les différentes fermes. "Le circuit est plus court que dans n’importe quel autre magasin et tout y est ultra frais", appuie Thomas Geeraerts. Cette coopérative est un des projets de la ceinture alimentaire Charleroi métropole, dont l'objectif est de mettre en réseaux différents acteurs du système alimentaire du territoire, de l’agriculteur au consommateur, afin de stimuler les circuits courts. D'autres projets ont été mis en place par cet animateur territorial: un Conseil de politique alimentaire, un Hub logistique pour le stockage et le dispatch des marchandises vers les collectivités locales et l'Horeca, des évènements de sensibilisation pour les citoyens, les associations, les acteurs politiques et économiques. En Wallonie, il existe d'autres ceintures alimentaires : à Liège, Verviers, Tournai, Huy et Namur.

carolostore.be • 071 52 28 40 • Avenue de Philippeville 284 à 6001 Marcinelle • ouvert du mardi au vendredi de 10h à 19h et le samedi de 9h à 18h

s’abonnent à l’année et reçoivent une partie de la production, qui varie selon la saison et les aléas de la culture (voir article). On parle aussi d’agriculture soutenue par la communauté (CSA)

- Les GASAP sont plus développés à Bruxelles : certains GAC — plus nombreux en Wallonie — fonctionnent de manière solidaire.

gasap.be/carte

• Coopératives de producteurs

Des producteurs collaborent pour organiser la vente de leurs produits à un prix juste. Des consommateurs peuvent aussi prendre part à la coopérative.

Quelques exemples : Carolostore (voir article), Agricovert, Coprosain, Paysans Artisans, Réseau Paysan...

• Certaines épiceries ou coopératives de consommateurs rassemblent elles-mêmes des produits d’agriculteurs locaux. Idem pour certaines plateformes en ligne comme Efarmz. À savoir qu’en fonction des formules, des intermédiaires sont remis à des degrés divers. À la clé, moins de revenus pour le producteur et un prix plus cher pour le consommateur...

• Les potagers collectifs sont une bonne option en ville. Il est possible d’en rejoindre un près de chez soi ou d’en créer un nouveau. Pour trouver le terrain, contacter sa commune peut être une piste.

Le site asblrcr.be cartographie de nombreuses initiatives (GAC, GASAP, potagers collectifs). Le collectif5c.be rassemble quant à lui 40 points de vente en circuit court.

DOSSIER
I 13 I Juin 2024
Circuit court : quelles options ?

Transition de genre aux parcours pluriels

Si chaque être humain est unique, chaque transition de genre est différente. Des aides, des accompagnements et des remboursements de frais médicaux existent. En Marche fait le point.

Texte : Soraya Soussi

Dans nos sociétés, le genre correspond à un rôle socio-culturel assigné à un sexe femelle ou mâle. Parfois dès le plus jeune âge, des personnes ont la conviction que le sexe mentionné sur leur acte de naissance ne correspond pas à leur identité de genre(s) ressentie et vécue. Certaines adoptent les "codes" correspondant au(x) genre(s) au(x)quel(s) elles s'identifient : par l'apparence (vêtements spécifiques pour cacher des attributs physiques liés au sexe, habillement marqué d'un genre ou l'autre, maquillages...), par la façon de s'exprimer, de se comporter… et/ou par une transition physique.

Accompagnement psychologique

Les questions liées à l'identité et aux transitions de genre(s), qu'elles soient sociales, légales et/ou physiques, peuvent être source d'anxiété. La personne peut aussi souffrir de préjugés et de discriminations, voire de violences transphobes. Bénéficier d'une écoute attentive et être soutenu par une psychologue spécifiquement formée à l’accompagnement des personnes transgenres peuvent aider à traverser ces changements. Les consultations chez une psychologue conventionnée avec un réseau de soins en santé mentale sont remboursées par l'assurance

obligatoire soins de santé (AO). Elles sont entièrement gratuites jusqu'à l'âge de 23 ans inclus. À partir de 24 ans, la première consultation est gratuite. Ensuite, elles coûtent 11 euros la séance ou 4 euros si la personne bénéficie de l'intervention majorée (statut BIM).

Voir le module de recherche sur le site parlonsen.be

Transition légale

Procéder au changement d’"enregistrement de sexe" et de prénom sur les documents d'identité peut être une étape importante, tant socialement, légalement qu'administrativement (notamment pour la mutualité).

Bon à savoir : Depuis 2018, il n’est plus nécessaire de justifier médicalement le changement de prénom ou la mention de "sexe enregistré" dans l’acte de naissance et la carte d’identité. Concrètement :

• Il faut se rendre à la commune de son domicile et remettre une déclaration signée indiquant sa volonté de changer d’"enregistrement de sexe" sur ses documents administratifs devant l'officier de l'État civil. La personne mentionne son ou ses prénoms actuels en les faisant suivre du ou des prénoms qu'elle souhaite voir apparaître sur ses documents d'identité.

• Trois mois plus tard (maximum six mois après la remise de la déclaration), la personne revient à la commune. S'il n'y a pas d'avis défavorable du procureur du Roi ou s'il n'y a pas d'avis du tout, l'officier de l'État civil modifie le "sexe enregistré ".

Pour en savoir plus sur ces démarches et leurs frais occasionnés, rendez-vous sur le site du SPF justice: justice.belgium.be (personnes et familles > transgenres).

Traitements hormonaux

Lors d'une transition de genre, la personne peut suivre un traitement hormonal masculinisant ou féminisant. Elle y est autorisée dès l'âge de 16 ans. Les hormones sont prescrites par un endocrinologue ou un médecin généraliste et ne nécessitent plus l'attestation d'un psychiatre.

VOS DROITS
Juin 2024 I 14 I

Bénéficier d'un accompagnement médical est important. Il est conseillé de bien choisir son médecin car tous ne sont pas suffisamment formés aux spécificités des transidentités. Le traitement hormonal a un impact sur la santé à divers niveaux. Il est donc nécessaire d'effectuer un bilan sanguin et de s'assurer qu'il n'y a aucune contre-indication à suivre le traitement. Le suivi médical est recommandé tous les trois mois la première année puis, tous les six mois la seconde, et ensuite annuellement.

L'AO intervient financièrement dans les honoraires des consultations chez les médecins et rembourse en grande partie les analyses sanguines (voir article d'En Marche "Que peut facturer le laboratoire pour une analyse de sang ?" sur enmarche.be)

Modifications de la voix

Deux méthodes sont possibles pour modifier la voix : la logopédie et l'opération des cordes vocales. Pour la logopédie, un premier rendez-vous chez une logopède permet de définir le nombre de séances nécessaire et le type d'exercices à réaliser.

Les séances de logopédie sont remboursées par l'AO si les conditions sont remplies (en parler à la logopède).

Dans ce cas, jusqu'à l'âge de 18 ans, la MC rembourse le ticket modérateur (quotepart personnelle) correspondant au tarif officiel des logopèdes conventionnées. C'est un avantage de l'assurance complémentaire de la MC.

Si les séances de logopédie ne sont pas ou plus remboursées par l'AO, il est quand même possible de bénéficier de 10 euros par séance, et ce sans condition d'âge, avec un maximum de 75 séances par traitement. Cet avantage est octroyé par la MC dans le cadre de l'assurance complémentaire, sur accord du médecin-conseil de la mutualité. Cet accord est renouvelable une fois (donc 150 séances possibles).

Généralement, la logopédie peut suffire à modifier la voix. Si ce n'est pas le cas, la personne peut recourir à la chirurgie vocale afin d'agir sur la fréquence, la hauteur de la voix, etc. La logopédie reste néanmoins utile avant et après l'opération. Pour féminiser la voix, il existe plusieurs options chirurgicales : la cricothyroplastie, la cricothyropexie, l'approximation cricothyroïdienne ou glottoplastie. Pour masculiniser la voix, c'est la thyroplastie de type III qu'il convient de faire.

Il est conseillé de discuter avec son chirurgien de la méthode qui convient le mieux. Ne pas hésiter à lui demander combien coûte l'opération envisagée et si des remboursements sont prévus par l'AO.

Transitions médicales

Plusieurs opérations chirurgicales existent. L'assurance obligatoire intervient en partie et sous conditions. Les opérations dites esthétiques et la féminisation faciale ne bénéficient d'aucun remboursement. Comme pour toute hospitalisation, il est conseillé de choisir de séjourner en chambre à deux lits pour ne pas devoir payer de suppléments de chambre et d'honoraires qui peuvent être élevés (Lire En Marche de mars "Comment réduire ses dépenses de santé"). Dans tous les cas, il est important d’oser aborder ces questions financières avec son chirurgien en amont.

• La vaginoplastie : Cette opération, lourde et complexe, requiert en général 8 à 9 jours d’hospitalisation ainsi qu’une incapacité de travail de 6 à 8 semaines.

• La mammoplastie : L’augmentation mammaire peut avoir lieu en même temps que la vaginoplastie. Elle consiste en une pose de prothèses mammaires. Cette opération est en grande partie remboursée par l'AO (100 % pour le premier sein, 50 % pour le second), moyennant l’accord préalable du/de la médecin-conseil de la mutualité.

• La chirurgie de féminisation faciale (FFS) : Cette opération de chirurgie esthétique est personnalisable en

Pour compléter…

fonction des possibilités qu’offre le visage. Le coût oscille entre 25.000 et 50.000 euros, en fonction des techniques utilisées et de la durée de l’opération. Il est ensuite conseillé de rester 1 à 2 nuits en observation à l’hôpital.

• La phalloplastie : L’opération de phalloplastie nécessite une hospitalisation de deux semaines et demie environ. La convalescence est relativement longue : il faut prévoir une incapacité de travail d’environ deux mois. Deux autres méthodes existent également : la métaidoïoplastie et la scrotoplastie.

• La torsoplastie de masculinisation (retrait des glandes mammaires) : Cette opération peut avoir lieu assez rapidement, à partir de l’âge de 17 ans. La durée d’hospitalisation est de 1 à 2 jours.

• L'hystérectomie : Cette opération consiste à enlever un ou plusieurs organes parmi l’utérus, le col de l’utérus, les ovaires et les trompes de Fallope. Par conséquent, elle rend stérile. On compte en général de 3 à 5 jours d’hospitalisation.

• Les opérations dites "esthétiques" : Ces interventions chirurgicales, comme une liposuccion, par exemple ne sont pas prises en charge par l'AO, pas plus que l'épilation définitive.

Sources : Pour en savoir plus, rendez-vous sur mc.be (ma situation > personne transgenre), réalisée en collaboration avec les associations Genres Pluriels et la maison arc-en-ciel Luxembourg.

Des associations actives dans la défense des droits LGBTQIA+ informent et accompagnent les personnes dans leur parcours.

En Région bruxelloise, la RainbowHouse regroupe de nombreuses associations néerlandophones, francophones et internationales. 02/503.59.90 • rainbowhouse.be

En Wallonie, la fédération Prisme regroupe sept maisons arc-en-ciel réparties sur le territoire. 04/222.17.33 • federation-prisme.be

L'association Genres pluriels a également créé le Réseau psycho-médico-social Trans* et Inter* belge afin d'orienter les personnes vers des services psycho-médico-sociaux formés et sensibilisés aux spécificités de santé des personnes transgenres et intersexes. rendez-vous@ genrespluriels.be • genrespluriels.be

Il est également possible de faire appel à une "gender team" composée de plusieurs professionnels de santé réunis au sein de structures hospitalières. Il en existe une à Gand et une à Liège. uzgent.be • 09/332.60.23 et rajaa.belhaddad@chuliege.be • 04/323.79.60 • chuliege.be

I 15 I Juin 2024 VOS DROITS

Être garant d’un voyageur étranger

Toute personne non-européenne qui veut venir en Belgique pour un court séjour avec un visa touristique doit prouver qu’elle a des revenus suffisants ou avoir un garant en Belgique. Ce garant doit lui-même prouver des revenus stables de plus de 2.000 euros nets par mois.

Texte : Florence Cols, ASBL Droits quotidiens

La personne qui se porte garante pour un voyageur étranger, doit prouver qu’elle gagne au moins l’équivalent de 120 % du revenu d’intégration sociale (RIS). Ces dernières années, le montant du RIS a considérablement augmenté en raison de revalorisations et d'indexations successives. C’est une bonne nouvelle pour les personnes concernées. Mais ce mode de calcul rend le rôle de garant pour un voyageur étranger moins accessible. En effet, il faut avoir minimum 2.089,55 euros nets par mois (montant indexé au 1er mai) pour pouvoir être garant. Le même niveau minimum de revenus est aussi exigé pour le regroupement familial (pour rejoindre un membre de sa famille en Belgique).

Touriste non-européen

Le visa touristique peut servir pour des vacances, pour visiter la famille, pour recevoir des soins de santé, pour un voyage d’affaires, etc. C’est un visa de court séjour : maximum 3 mois. Pour obtenir un visa touristique, l’étranger non-européen (1) doit prouver qu’il a assez de revenus pour payer tous ses frais de séjour. Il doit avoir des ressources suffisantes pour financer :

• la durée de son séjour en Belgique (95 euros par jour s’il séjourne à l’hôtel, et 45 euros s’il est hébergé chez quelqu’un), • le voyage de retour au pays d’où il vient.

Engagement de prise en charge

Le voyageur non-européen qui n’a pas de ressources suffisantes, ou qui ne peut pas les prouver, doit avoir un garant pour pouvoir venir en Belgique (2). Pour être garant, il faut être inscrit au registre de la population d'une commune belge et prouver des revenus stables, réguliers et déclarés, de minimum de 2.089,55 euros nets par mois.

La personne qui accepte d'être garante doit compléter et signer un "engagement de prise en charge" (annexe 3bis) (3). Elle doit faire légaliser la signature du document par l'administration communale. Elle doit aussi apporter la preuve de ses revenus. Attention : Dans le calcul des revenus, on ne compte pas le RIS, l’aide sociale,

les allocations familiales, les allocations d'insertion (Onem) ni les revenus d'un emploi intérim par exemple.

Par ce document, le garant s’engage à payer les frais de séjour, de santé et de rapatriement si la personne étrangère ne peut les payer elle-même. Le garant et l’étranger sont solidairement responsables de payer ces frais pendant 2 ans.

Le voyageur doit joindre ce document à sa demande de visa touristique.

Visa touristique

Le voyageur doit demander son visa à l’ambassade ou au consulat belge dans son pays. Il doit remettre les documents suivants avec le formulaire de demande :

Le garant s’engage à payer les frais de séjour, de santé et de rapatriement si la personne étrangère ne peut les payer elle-même.

• un passeport valable jusqu'à au moins 3 mois après la date du retour au pays,

• les raisons du séjour et leur preuve (ex : une invitation de la famille visitée, l'invitation d'une entreprise si c’est un séjour professionnel, l’invitation pour un mariage…),

• l'adresse où il va séjourner,

• la preuve qu’il a des ressources suffisantes, ou l’engagement de prise en charge du garant,

• une assurance maladie en voyage,

• la preuve qu’il va quitter la Belgique à la fin de son visa (un billet d'avion aller-retour, un travail ou des enfants au pays…),

• la preuve qu’il a payé les frais de visa.

(1) Par étranger non-européen on entend l'étranger qui n'a pas la nationalité d'un des 27 États membres de l’UE ou d'un pays assimilé (Islande, Norvège, Suisse, Liechtenstein) (= espace Schengen).

(2) Cela fait partie des conditions d'entrée dans l’espace Schengen. Plus d'infos sur europa.eu/youreurope

(3) Le formulaire d'engagement de prise en charge est disponible sur le site de l'Office des étrangers : dofi.ibz.be

droitsquotidiens.be (étrangers)

Juin 2024 I 16 I VOS DROITS

Constituer un bonus pour sa pension

À partir du 1er juillet prochain, tout travailleur qui décide de continuer à travailler au-delà de l'âge auquel il peut partir à la retraite recevra un complément financier à sa pension. Voyons cela en détails.

Texte : Kusuto Naïto et Joëlle Delvaux

Le bonus pension a pour objectif de soutenir les travailleurs qui décident de rester actifs alors qu'ils sont dans les conditions pour prendre leur pension. Cette mesure prise récemment par le gouvernement fédéral n'est pas nouvelle. Instauré en 2007 puis supprimé en 2014, le bonus pension entrera donc de nouveau en application mais sous une autre mouture.

Pour qui ?

Le bonus pension est destiné à toute personne qui continue à travailler comme salarié, indépendant ou fonctionnaire après la date de sa pension la plus proche (1) :

• soit la date de la pension anticipée,

• soit la date de la pension légale, si la personne ne remplit pas les conditions pour la pension anticipée.

Le travail peut s'effectuer à temps plein ou à temps partiel.

à la date de la pension la plus proche. Si le travailleur a, par exemple, moins de 43 années de carrière à l’âge de 62 ans (carrière sans possibilité de départ anticipé), les montants sont moins élevés que s'il a 43 ans de carrière ou plus à cet âge (carrière longue).

Dans le cas où le travailleur poursuit une activité à temps plein pendant 3 ans à partir de la date de la pension anticipée, il peut recevoir jusqu'à 35.347,59 € en capital ou jusqu'à 146,07 € par mois (3).

Le bonus pension ne concerne pas les personnes déjà pensionnées.

Le bonus pension ne concerne donc pas les personnes déjà pensionnées.

Pour rappel, pour accéder à la pension anticipée, il faut comptabiliser, par exemple, 43 années de carrière (chacune doit compter au moins 104 jours ETP) à l’âge de 62 ans (2).

Pendant combien de temps ?

Il est possible de se constituer un bonus pension pendant maximum trois ans. Le "compteur" démarre à partir du 1er jour effectif de travail après la prise possible de la pension et s’arrête dès la prise effective de la pension.

Bon à savoir : Dans le compteur des trois ans, le Service fédéral des pensions (SFP) prend en considération jusqu'à 30 jours assimilés au travail effectif par an (notamment l'incapacité de travail).

Puisqu'il s'agit d’un nouveau bonus, une période transitoire est prévue :

• Le bonus pension peut être constitué à partir du 1er juillet prochain.

• Le travailleur ne peut pas prendre sa pension avant le 1er janvier 2025 s'il veut avoir droit au bonus.

À combien s'élève le bonus et quand est-il versé ?

Chaque travailleur a le choix entre deux options pour percevoir son bonus pension :

• Le recevoir une seule fois, sous forme de capital, au plus tôt 6 mois après le début de la pension.

• Le recevoir tous les mois avec sa pension et ce, jusqu'à son décès.

Par défaut, le SFP paie le bonus pension sous forme de capital. Le montant du bonus dépend du nombre d'années de carrière

Dans le cas où le travailleur poursuit une activité à temps plein pendant 3 ans à partir de la date de sa pension légale (en n'ayant pas rempli les conditions pour la pension anticipée), il peut recevoir jusqu'à 23.565,06 € de bonus en capital ou jusqu'à 97,38 € par mois.

Bon à savoir

• Le montant du bonus dépend du nombre d'années et/ou de mois pendant lesquels le travailleur continue à travailler au-delà de sa date de pension. Il dépend aussi de la durée du temps de travail presté.

• Le bonus pension versé sous forme de capital équivaut à 20 années de versements mensuels.

• Le bonus pension est exempté de précompte professionnel. Il s'agit donc de montants nets.

(1) Chaque travailleur peut trouver sa date de pension la plus proche et sa date de pension légale sur mypension.be

(2) Pour les travailleurs qui ont accompli une longue carrière, d'autres durées existent. Plus d'infos sur sfpd.fgov.be (âge de la pension)

(3) Montants indexés valables depuis le 1er mai.

Une question, un conseil sur la fin de carrière et la pension ?

Le service seniors de la MC est à votre disposition. Appelez le 081 81 28 29, du lundi au vendredi de 9h à 12h30 ou envoyez un mail à seniors@mc.be

I 17 I Juin 2024
VOS DROITS

Voyages au fil des pages

Parce que la lecture a le pouvoir de transporter dans l'espace et le temps, En Marche a sélectionné 7 histoires de voyages pas comme les autres. Des concentrés d'évasion à consommer sans modération.

Texte : Sandrine Cosentino et Julien Marteleur

Entre rêves et mystères

L'enfance de Travis dans un orphelinat n'est pas des plus heureuses. Miss Mary, la gérante de l'établissement, met tout en œuvre pour lui rendre la vie désagréable. Travis est pourtant persuadé qu'une vie meilleure l'attend ailleurs. Il rêve de voyage et d'aventures. Lorsqu'il a la possibilité de s'enfuir, il n'hésite pas une seule seconde même s'il ne connait rien du monde extérieur. Son parcours est ponctué par des rencontres intrigantes. Sortent-elles de son imagination ou d'une réalité issue d'un autre espace-temps ?

Trouvera-t-il des réponses aux mystères qui l'entourent ?

Dans sa quête, il est aussi à la recherche d'une famille.

Quelques planches de BD ponctuent le récit. Elles apportent une touche d'originalité et permettent une immersion complète dans l'univers fantastique de l'auteur. Il faut cependant être prêt à ne pas tout comprendre du premier coup. D'autant qu'une suite est prévue à ce premier roman de Kevin V. "Rêves" • Kevin V. • Lilys Éditions • 2023 • adolescents • 380 p. • 24,50 €

Périple gastronomique

Dans cette autobiographie, l'autrice de bande dessinée

Aurélia Aurita emmène le lecteur dans un voyage culinaire aux saveurs sucrées, aux goûts prononcés et aux fumets iodés. L'histoire commence avec le décès de sa grand-mère cambodgienne qui lui transmit sa passion de la cuisine. "J'avais commencé à noter quelques-unes de ses recettes. Mais d'autres sont perdues à jamais", regrettet-elle. Quelques jours après les funérailles, Aurélia a rendez-vous au restaurant étoilé de Pierre Gagnaire à Paris pour y réaliser des croquis. Toute la brigade y passe : portraits des cuisiniers, reproduction fidèle des gestes techniques, ambiance concentrée au coup de feu…

existence gourmande. Ce roman graphique, avec des dessins à la fois réalistes et poétiques, donne envie de croquer la vie à pleine dent !

"La vie gourmande" • Aurélia Aurita • Casterman • 2022 • 368 p. • 29,50 €

Souvenirs sans filtre

Octogénaire bourgeoise, Dominique Biron n'a jamais été ni très joyeuse ni très sociable. Elle a vécu une vie sans risque. Elle a élevé ses enfants sans passion avec son mari, insipide, décédé quelques années plus tôt. Lorsqu'elle reçoit le diagnostic d'Alzheimer, elle préfère quitter volontairement son existence. Elle s'accorde trois jours pour régler ses petites affaires. Elle ne veut pas s'engager sur le chemin de la dépossession de son corps et du chaos.

Dans cet ouvrage, Aurélia Aurita, grande voyageuse à ses heures, raconte aussi un autre voyage : celui du combat contre le cancer du sein. La chimio bouleverse ses habitudes et son rapport au goût. Pourtant, elle gardera ce plaisir savoureux de profiter d'une

Dans "Flamboyant crépuscule d'une vieille conformiste", Dominique Biron livre ses pensées sans filtre. Elle remet en cause ses choix de vie et sa vision du monde. Elle voyage dans ses souvenirs : "J'ai pris des avions et des trains comme on fait du shopping, comme on va au marché, sans que cela porte vraiment à conséquence." Elle pose un regard franc, souvent provocateur, sur nos sociétés modernes. "Nous sommes les assassins de la Terre, nous les plus de soixante-quinze ans. Nous nous sommes odieusement enrichis après la guerre, en ne nous souciant de rien d'autre que de nos cuisines équipées, de nos voitures, de nos vacances et de nos grille-pains. Le confort, voilà le nouveau dieu que nous avons vénéré et laisser en héritage à nos rejetons."

Avec ce roman hors normes, l'autrice Emmanuelle Pirotte nous force à nous interroger sur le sens de la vie et notre rapport à la mort.

"Flamboyant crépuscule d'une vieille conformiste" • Emmanuelle Pirotte • Le cherche midi • 2024 • 160 p. • 18,50 €

Cavale en famille

Quelque part aux États-Unis, May et son fils Eugène tuent le temps dans la chambre d'un motel pourri. Comme bagages, des sacs remplis à ras-bord de billets de banque. Il faut dire qu'ils viennent juste de participer à un "coup" exceptionnel : 52 holdups simultanés, à la même heure, dans la même ville. Et un sacré paquet de fric que May et ses comparses doivent se partager. Mais la jeune femme a d'autres plans en tête… Commence alors la cavale d'un improbable duo de braqueurs, la grande vadrouille d'une mère criminelle et de son fils un peu trop jeune pour vivre ce genre d'aventures.

Juin 2024 I 18 I LECTURES

"Bâtard", c'est un road movie à l'américaine, sur fond de règlements de comptes entre gangsters, d'hémoglobine et de grands espaces. Le ton et les personnages de l'auteur Max de Radiguès évoquent Tarantino : la violence est (souvent) gratuite, les protagonistes radicaux et excessifs, maudits et abîmés par la vie. Dans ce roman graphique peu bavard et qui file à toute allure, on est surtout touché par le voyage initiatique du jeune Eugène : embarqué dans cette folle cavale à l'issue incertaine, le pré-ado va devoir grandir plus tôt que prévu. Pour lui, mais aussi pour sa mère, dont la fougue rappelle celle des jeunes enfants… "Bâtard" • Max de Radiguès • Casterman • 2024 (réédition couleurs) • 184 p. • 25 €

L'île de tous les possibles

"Il y a longtemps que je t'aime" est l'histoire d'un naufrage. Celui d'Annie, en couple depuis de nombreuses années. Naviguant avec son mari Alain, la sexagénaire tombe du bateau et échoue sur une plage déserte. Séparée pour la première fois de son époux

Pour les petits voyageurs

Quitter le nid, une aventure

Difficile de voler quand on est un jeune oiseau et qu'on a le vertige! Tchip a bien du mal à quitter le nid, mais il n'a plus le choix : l'heure de la première migration approche. Durant ce grand voyage, il va surmonter des épreuves qui l'aideront à apprivoiser ses peurs. Et puis, il peut compter sur ses amis pour l'aider et l'encourager pendant son périple. L'aventure de Tchip est ponctuée par des interludes musicaux (à télécharger via un QR code) aux paroles pleines de poésie. "Grand ciel" est un très joli conte à découvrir dès 8 ans, pour aborder les thèmes de la confiance en soi, de l'entraide, de la solidarité et de l'amitié.

"Grand ciel" • André & Salomé Borbé • Alice Jeunesse • 2023 • 70 p. • 12 €

sur cette île au milieu de nulle part, Annie ne va pouvoir compter que sur elle-même. Est-ce le retour à l'état sauvage, la liberté retrouvée ? Très vite, la distance et la solitude dévoilent ce que le couple peut avoir d'aliénant et ternissent peu à peu l'image tant admirée du mari d'Annie... Le temps d’une robinsonnade imposée, celle qui se croyait perdue va se (re)découvrir. Et le jeune indigène qui déambule à moitié nu dans la jungle et ne parle pas un mot de français n'y sera pas pour rien…

Avec la palette chatoyante de Marie Spénale, on voyage littéralement dans un autre monde visuel, dans un espace-temps qui n'existe que dans ces cases. Les animaux et les plantes sont fantasmagoriques, les silhouettes esquissées, pour inciter l'imagination à se laisser emporter dans ce naufrage aux allures de cure de jouvence. Tantôt introspectif, tantôt érotique, "Il y a longtemps que je t'aime" explore la complexité de l'âme humaine et les méandres du sentiment amoureux.

"Il y a longtemps que je t'aime" • Marie Spénale • Casterman • 2024 • 128 p. • 24 €

Quitter la guerre, une réalité Une bombe vient d’exploser dans un quartier anonyme. Pour un jeune garçon et sa sœur, il faut partir, tout de suite. Comme la petite fille ne veut pas bouger, son grand frère invente un jeu pour l’aider à dépasser sa peur. Désormais, elle sera une exploratrice, prête à tout traverser pour atteindre le but du voyage : la ville des explorateurs. Traduit du persan, "Tu es une exploratrice" retrace le parcours de deux enfants depuis la fuite de leur pays jusqu'à leur arrivée dans un camp de réfugiés. Une histoire forte qui fait écho aux images d'actualité parfois difficiles à comprendre pour les plus jeunes. Ce magnifique ouvrage n'est pas sans rappeler le film "La vie est belle" de Roberto Benigni, où un père fait tout pour égayer le quotidien de son jeune fils dans l'horreur des camps de concentration nazis. Dès 8 ans.

"Tu es une exploratrice" • Shahrzad Shahrjerdi & Ghazal Fathollahi • Alice Jeunesse • 2024 • 32 p. • 14 €

LECTURES I 19 I Juin 2024

Vacances en solo : une aventure à tester !

Partir seul en vacances… Une idée qui fait peur ou qui étonne. Et pourtant, elle offre l'occasion d'une aventure à la rencontre de soi… et des autres ! Zoom sur quelques formules.

Texte : Barbara Delbrouck

Amis pas disponibles, séparation, envie d'une pause rien que pour soi… Les raisons d'envisager un voyage en solo sont multiples. Bon à savoir pour les non-initiés : il n'est pas synonyme de solitude. Au contraire ! Le fait d'être non accompagné amène une ouverture et une disponibilité qui favorisent les rencontres. C'est aussi l'occasion de voyager à son rythme, en phase avec ses envies du moment et son énergie. Et de (re)trouver le plaisir d'être unique maître à bord, à la barre de son destin…

UCPA : sport, nature et esprit colo

Envie de partir seul mais encadré ? Équivalent français de l'Adeps, l'UCPA propose des séjours pour adultes, à la manière de nos colos de jeunesse. Le concept : des stages sportifs d'une semaine, dans des lieux magnifiques. Planche à voile, canyoning, VTT, yoga… Le choix est vaste. Comme en colo, on y loge en chambre partagée, les repas sont prévus et des animations proposées le soir pour créer de la convivialité dans une ambiance souvent festive. La plupart des participants viennent seuls, dans un esprit ouvert. Il est donc très facile de nouer des amitiés. Une formule idéale pour faire du sport et retrouver l'insouciance d'être "animé". Si l'aspect colo vous donne des boutons, des treks en petits groupes sont aussi proposés.

Retraites ressourçantes

Il existe une myriade d'offres de retraites axées sur le ressourcement, le développement personnel, voire à visée thérapeutique. Elles rassemblent souvent de petits groupes de personnes qui ne se connaissent pas, pour un séjour à la rencontre de soi et de la nature. Le fait de partir, d'être coupé de tout, de marcher dans un lieu dépaysant permet de progresser et de mettre en place de nouveaux mécanismes, grâce à la dynamique de groupe. Il faut par contre rester vigilant lors du choix du séjour car les tarifs peuvent s'envoler… Et veiller à partir avec un professionnel sérieux, qui propose une expérience en phase avec nos attentes.

Les chemins de Compostelle

Chaque année, des milliers de voyageurs partent marcher sur les chemins de Compostelle. Une expérience qui n'est plus forcément religieuse, mais souvent réalisée à des moments charnières de vie. "Je suis partie marcher deux fois dix jours, après de grosses ruptures, raconte Véronique. Sur le moment, ça n'était pas toujours facile. J'avais mal aux pieds, j'étais fatiguée… Mais cela m'a permis de me dépasser, de prendre du recul et

Partir en solo demande un peu d'audace. Mais l'aventure et les rencontres — avec soi et les autres — sont au bout du chemin…

j'allais beaucoup mieux au retour. " Dans les auberges dédiées aux pèlerins, l'ambiance est très conviviale entre marcheurs, unis par une expérience commune très forte. Mais il est aussi possible de vivre son chemin en solitaire.

Voyage en sac à dos

Pour les plus téméraires, reste l'aventure du "backpacking" en solo. Le concept, très prisé par les jeunes diplômés, consiste à prendre le strict minimum dans un sac à dos et partir explorer une région du monde sans réel plan, en se laissant porter par les envies et les rencontres… Les "backpackers" voyagent souvent à petit budget, logeant dans des "guesthouses" ou auberges de jeunesse au confort limité mais dans un cadre idyllique. On y retrouve des voyageurs venus des quatre coins du monde, avec qui il n'est pas rare de faire un bout de chemin…

Vacances MC : sociales et solidaires

Les mouvements de la MC – Énéo, Ocarina et Altéo – organisent des voyages adaptés aux personnes seules, avec des réductions pour les affiliés. Il est aussi possible de partir comme volontaire, pour aider les organisateurs. Une expérience humaine à la rencontre de l'équipe et des participants. Et l'occasion de donner du sens à ses vacances… mc.be/sejours-vacances

LOISIRS Juin 2024 I 20 I

La recherche scientifique belge est particulièrement performante. Un numéro sur deux, En Marche met un coup de projecteur sur une découverte made in Belgium qui, peut-être, révolutionnera la santé de demain.

Élevage : des virus comme alternative aux antibiotiques

"Les ennemis de mes ennemis sont mes amis" : l'adage résume bien la phagothérapie, une stratégie naturelle de lutte contre les infections bactériennes qui pourrait revenir en force pour lutter contre l'antiobiorésistance.

Imaginez "Star Wars", mais en version microscopique, avec des virus tireurs d'élite qui livrent une guerre impitoyable à des bactéries. C'est le scénario, bien réel, de la phagothérapie: une approche qui se fonde sur la destruction de bactéries pathogènes par des virus mortels pour ces dernières, mais incapables de nous infecter, nous les humains. Ces virus spécifiques sont appelés "bactériophages", ou "phages" pour les intimes.

Retour en grâce

Le procédé de la phagothérapie n’est pas neuf : il a été utilisé avec un succès dès les années 1920… jusqu’à l’avènement de la pénicilline et des antibiotiques. Ces médicaments ont permis de sauver de nombreuses vies, mais aujourd’hui le recours parfois abusif à ces traitements a conduit à l’émergence de bactéries ultrarésistantes. Et les phages opèrent donc un retour en grâce aux yeux de la communauté scientifique. Des discussions sont en cours pour intégrer ces virus tueurs de bactéries dans la pharmacopée européenne. En attendant, leur usage reste interdit, sauf en dernier recours dans le cadre de la médecine humaine (ce qu'on appelle le "soin compassionnel"). "L’hôpital militaire Reine Astrid de Neder-overHembeek soigne de cette manière de nombreux grands brûlés infectés par des bactéries multirésistantes, et ce depuis plusieurs années, ce qui en fait un exemple en la matière" , souligne le Pr Damien Thiry, virologue spécialisé dans les bactériophages. Également vétérinaire, Damien Thiry insiste sur l'intérêt de faire entrer la phagothérapie dans les fermes, où les antibiotiques sont encore largement utilisés pour traiter les animaux malades.

Les lignes bougent

"Dans le monde, la médecine vétérinaire consomme près de 100.000 tonnes

d’antibiotiques chaque année, dont 10 à 15 % en Europe, déplore le Dr Cyrille N’Gassam, directeur de recherche chez Vésale Bioscience, société bruxelloise spécialisée dans la phagothérapie. Réduire cette utilisation chez les animaux, mieux la cibler, est une des manières d’enrayer le risque de voir des bactéries devenir multirésistantes. Dans un contexte 'One Health', où on se préoccupe en même temps de la santé animale, de la santé humaine et de la santé de notre environnement, cette stratégie prend tout son sens."

Grâce à une nouvelle législation européenne pour la médecine vétérinaire appliquée depuis 2019, les phages figurent désormais dans la section allouée aux nouvelles thérapies. Un plan stratégique, Vision 2024, vise quant à lui à faire baisser davantage la circulation d’antibiotiques dans le milieu agricole en Belgique, en particulier pour les porcs, les

poulets et les veaux de boucherie, mais aussi chez les vaches laitières.

Thérapie sur mesure

"Dans les élevages touchés, par exemple, par des cas de mammite (une infection des mamelles, NDLR), l’idée est d’utiliser un cocktail de phages spécifiques par rapport à l’infection qui s’y déclare", indique de son côté Johan Quintens, scientifique en chef chez Vésale Bioscience. L’agent infectieux responsable des cas de mammites dans une exploitation n’étant pas nécessairement le même que celui actif dans une ferme voisine, les traitements seront différents. La phagothérapie prend donc la forme d’une thérapie personnalisée. Avantages de ce traitement "sur mesure" : on réduit non seulement les risques liés à l’utilisation d’antibiotiques, mais également, on prévient d’une certaine manière les risques de voir apparaître des multirésistances… aux phages.

SCIENCE À LA BELGE
I 21 I Juin 2024

Ménopause, un tabou persistant

La ménopause n’est pas une maladie. Mais la carence hormonale associée se manifeste par divers symptômes qui affectent significativement la qualité de vie des femmes. Une étape qui reste taboue et souvent mal accompagnée.

Texte : Julie Luong

La ménopause marque la fin des règles et de la période de fertilité de la femme. Chez toutes les femmes, partout dans le monde, elle survient entre 45 et 55 ans, avec un âge médian de 51 ans. D’un point de vue médical, on considère qu’une femme est ménopausée lorsqu’elle n’a plus eu de règles pendant douze mois. Mais il est fréquent que ce moment soit précédé d’une période de quelques années – la périménopause ou la "transition de ménopause" – où les règles deviennent irrégulières avant de s’arrêter tout à fait. Fanny, 45 ans, n’y était pas du tout préparée. Son dernier-né venait d’avoir un an quand elle a constaté qu’elle n’avait plus eu ses règles depuis trois mois. "J’ai toujours été réglée comme une horloge, raconte cette manager dans le secteur de la santé, mère de trois enfants. Mais comme j’avais seulement 41 ans et qu’on sortait du premier confinement, ma gynéco a mis ça sur le compte du stress..." Les règles sont revenues, mais espacées de plusieurs mois. "J’ai aussi commencé à avoir un sommeil très perturbé, alors que j’avais toujours dormi comme un bébé", poursuit Fanny. Dans la vie surbookée de cette quadragénaire, ces mauvaises nuits ressemblent à la goutte d’eau qui fait déborder le vase. "Si j’y arrivais, c’est justement parce que j’avais toujours eu beaucoup d’énergie et un sommeil nickel, mais là..." Quelques mois plus tard, Fanny est réveillée par des bouffées de chaleur, qui déstructurent un peu plus son sommeil. Elle décide alors de prendre un deuxième avis et trouve une oreille attentive auprès d’une spécialiste de la ménopause. Une prise de sang viendra confirmer des taux d’hormones en chute libre. Quatre ans plus tard, Fanny n’a qu’une hâte : être en ménopause "définitive "pour se voir prescrire un traitement hormonal et se sentir "mieux dans sa peau".

Disqualification du corps stérile

Bouffées de chaleur, problèmes de sommeil, douleurs articulaires, prise de poids, sécheresse vaginale : en dépit de ses nombreuses répercussions, la ménopause a longtemps été considérée par la société et le corps médical comme une étape qui devait être endurée sans se plaindre. Un silence qui témoigne, comme l’a montré la sociologue Cécile Charlap, autrice de "La Fabrique de la ménopause" (CNRS Editions, 2019), d’un système de représentations plus large "qui disqualifie le corps féminin stérile". À la ménopause, les femmes vivent d’une part une invisibilisation sociale tandis que de l’autre, elles se sentent en proie à toute une série de symptômes dont personne ne les avait prévenues. "Aujourd’hui, on voit quand même certaines femmes, notamment parmi les célébrités et sur les réseaux sociaux, qui essaient de briser le tabou", se réjouit le Dr Anne Firquet, cheffe de clinique en gynécologie et responsable du centre de la ménopause du CHR Citadelle de Liège.

Si une minorité de femmes ne présentent pas du tout de symptômes à la ménopause, trois sur quatre sont notamment concernées par les bouffées de chaleur, qui se traduisent

SANTÉ FÉMININE
Juin 2024 I 22 I

par des sensations de "chauds et froids", accompagnées de rougeurs du cou et du visage, mais aussi d’épisodes de transpiration abondante. Vertiges, palpitations et oppression thoracique sont chez certaines les immuables signes avantcoureurs d’une nouvelle "bouffée", une manifestation vécue comme particulièrement gênante, notamment quand elle se produit en public.

Brouillard cérébral

Récemment, la recherche a par ailleurs mis en avant un autre symptôme de la ménopause longtemps ignoré : le brain fog ou "brouillard cérébral", qui concernerait au minimum 40% des femmes en période de transition de ménopause (1).

"Les patientes peuvent ne plus trouver leurs mots, avoir des problèmes de mémoire, ne plus oser prendre la parole en public, se sentir dévalorisées, dissociées même, complètement à côté de leur corps", détaille Anne Firquet. Fanny s’y reconnaît tout à fait. "Au boulot, il fallait qu’on me répète les choses, alors que j’ai toujours eu une mémoire d’éléphant. Lorsqu’on était en visioconférence, je devais parfois faire un effort phénoménal pour ne pas perdre le fil. J’avais déjà l’impression d’avoir pris un coup de vieux physiquement, ce qui a aggravé ma perte de confiance en moi", confie-t-elle. Un symptôme d’autant plus fréquent et perceptible chez les femmes qui ne prennent pas ou plus de contraception orale, et pour lesquelles la descente hormonale est alors plus soudaine.

Ces symptômes de confusion mentale, quand ils ne sont pas disqualifiés, peuvent être mis à tort sur le compte d’une dépression. "Des femmes viennent voir leur généraliste en se plaignant d’être au bout de leur vie, raconte Anne Firquet. Elles se disent irritables, avec une envie de tuer tout le monde pour se sentir super tristes deux secondes après, alors que rien n’a fondamentalement changé... Tout ça dans un contexte où elles ont parfois encore des ados à la maison mais aussi des parents vieillissants, une vie sexuelle pas toujours terrible et un boulot où elles sont en train de craquer..." De nombreuses femmes se voient dès lors prescrire des anxiolytiques et/ou des antidépresseurs sans que la cause hormonale soit investiguée. "Il faut aujourd’hui attirer l’attention sur le fait que le 'brain fog' est reconnu comme un symptôme de la transition de ménopause et que chez une femme qui n’a jamais eu de symptômes dépressifs, il faut pouvoir faire le lien", souligne Anne Firquet.

Des travailleuses épuisées

Si le silence se fissure peu à peu et que les femmes commencent à parler entre elles de leurs symptômes, ceux-ci demeurent un impensé en milieu professionnel. "Les femmes osent encore très peu en parler à leur boulot, constate la spécialiste. Si son employeur est un homme, une femme va rarement aller lui dire qu’elle n’en peut plus et qu’il faudrait des jours off, faire du télétravail ou simplement adapter son horaire..." Ignorer les symptômes physiologiques associés à la ménopause accroît la pression sur les femmes au travail. "Aujourd’hui, on a beaucoup de considération pour la femme enceinte, de plus

en plus pour les endométrioses... mais cette transition de ménopause, en revanche, demeure encore très taboue." Une étude menée récemment en Belgique par l’UGent et Securex auprès de 2.408 travailleuses (2) a montré que 87,6 % des femmes ménopausées avaient été confrontées aux symptômes de la ménopause. 55,3 % ont déclaré en avoir été gênées dans leur travail. Or, en Belgique, plus de 4 travailleuses sur 10 (43,3 %) ont 45 ans et plus, ce qui représente un cinquième de la population active totale. "Avant, la pension, c’était à 55 ans. Désormais, on bosse jusque 67. Or la ménopause continue d’arriver au même âge, relève Anne Firquet. Les études montrent qu’il y a beaucoup de burn-out et d’incapacités dans la vie des femmes à cette période de leur vie." Un accompagnement médical et professionnel adéquat permettrait d’éviter nombre de ces situations, encore trop souvent vécues dans la culpabilité. Fanny, qui a frôlé le burn-out avant de se résoudre à demander certains aménagements s’est aujourd’hui donné une règle : être particulièrement attentive à ses collaboratrices de 45 ans et plus.

(1) "A survey of women aged 45-65 Currie H, Moger SJ. Menopause – Understanding the impact on women and their partners", Post Reproductive Health, 2019 (2) Les chiffres de cette étude proviennent d'une enquête en ligne sur le bien-être menée en 2021 et 2022 auprès de 6.525 travailleurs actifs (tous genres confondus) dans 44 organisations des secteurs public et privé.

Des traitements hormonaux efficaces

Aujourd’hui, les traitements hormonaux permettent de limiter, voire de supprimer les manifestations indésirables de la ménopause. "La substitution hormonale permet de rendre à la patiente ce qu’elle ne produit plus, c’est-à-dire l’œstradiol et la progestérone. Ce sont des traitements bio-identiques, très proches des hormones naturelles" , insiste Anne Firquet. La majoration du risque de cancer du sein, souvent redoutée par les patientes, reste très faible en regard des autres facteurs de risque connus : excès de poids, sédentarité, consommation d’alcool... "Même les antécédents familiaux de cancer du sein ne sont pas une contre-indication, précise Anne Firquet. En revanche, nous sommes particulièrement vigilants en cas de densité mammaire élevée – c’est-à-dire quand le sein contient beaucoup de glandes, ce qui ne peut être déterminé qu’à la mammographie."

Si elle est désirée, cette substitution hormonale doit être initiée rapidement après la ménopause. "Il n’est pas bon d’exposer à nouveau les artères à des hormones alors qu’elles ne l’ont plus été depuis plusieurs années" , explique Anne Firquet. En revanche, il n’existe plus d’âge d’arrêt recommandé de manière uniforme. " On favorise une médecine très individualisée, où la décision va se prendre en fonction du dossier médical de la patiente. Beaucoup de femmes continuent à ressentir une aide véritable, même après 65 ans, au niveau articulaire, musculaire, sexuel, psychologique et même du tonus général. L’idéal est donc de réévaluer tous les deux ans la situation."

SANTÉ FÉMININE
I 23 I Juin 2024

Pourquoi et comment protéger sa peau du soleil ?

Quels sont les effets du soleil sur notre peau ? Et quelles sont les bonnes habitudes à adopter pour la garder en bonne santé ? Petit rappel en ce début d’été.

Texte : Valentine De Muylder

La lumière de notre étoile a le don de nous réchauffer le corps et de nous booster le moral. Mais il est essentiel de profiter de ses rayons avec modération, car on connaît de mieux en mieux leurs effets sur la peau et les risques qu’il y a à s’y exposer sans précautions.

Bronzer n’est pas sans danger

"On distingue les rayons UVA et UVB, rappelle Gwendoline Diet, dermatologue à l’hôpital Érasme. Les rayons UVB sont la cause principale des réactions de type 'coup de soleil', qui endommagent notre

Crèmes solaires : mode d’emploi

ADN et sont associés au développement des cancers de la peau. Les UVA, quant à eux, sont plutôt responsables du bronzage et du vieillissement précoce de la peau (rides, taches brunes, etc.). Mais on sait aujourd’hui qu’ils provoquent aussi des dommages à l’ADN, et qu’ils sont également associés à un risque accru de cancer."

Contrairement à ce que l’on croit souvent, bronzer n’est donc pas sans danger. "Le bronzage est une réaction de défense de notre peau contre une attaque, continue la dermatologue. Lorsque notre peau

Utilisez un facteur de protection (SPF) élevé, adapté à votre type de peau : 30, 50 ou 50+.

N’utilisez pas une crème trop ancienne : après un an, son efficacité risque de diminuer.

La plupart des produits solaires contiennent des ingrédients nocifs pour l’environnement marin. Se baigner avec des vêtements anti-UV permet d'en utiliser moins.

est exposée au soleil, des petits ponts se créent entre les deux branches de notre ADN, au cœur de nos cellules. Ce sont ces mutations qui vont entrainer la production de mélanine et faire apparaître la pigmentation de la peau." Mais si le bronzage passe, les dommages cellulaires restent. Et à terme, ils contribuent à accroitre le risque de cancer.

Une question de sensibilité

"Chez les enfants, la prévention est hyper importante", insiste la Dr Gwendoline Diet. Non seulement parce que leur peau est

Selon Testachats, la mention "pour enfants" relève souvent du marketing : à condition de ne pas contenir d’allergènes, les produits 50+ conviennent à tous.

L’écran total n’existe pas : même la crème la plus efficace laisse passer une partie des UV. La priorité reste d’éviter le soleil.

Réappliquez la crème au moins toutes les deux heures, ainsi qu’après chaque baignade ou après avoir beaucoup transpiré, même si elle est résistante à l’eau.

Appliquez la crème solaire 30 minutes avant de vous exposer. Enduisez-vous suffisamment et uniformément.

Il existe deux sortes de filtres solaires : les filtres minéraux, qui reflètent les rayons, et les filtres chimiques, qui les absorbent. Privilégiez les premiers pour les tout-petits.

MA SANTÉ AU QUOTIDIEN
Juin 2024 I 24 I

plus fine que celle des adultes, mais aussi parce que les effets du soleil sont cumulatifs : les risques s’additionnent tout au long de la vie. "Plus un enfant est exposé tôt, plus vite il épuisera son capital soleil. On sait aussi qu’avoir des coups de soleil très tôt dans sa vie ou faire des bancs solaires dans l’adolescence est très péjoratif pour les risques de cancer de la peau", ajoute-t-elle. C’est pourquoi elle recommande de ne jamais exposer les bébés et de toujours opter pour une protection adaptée.

La sensibilité aux UV dépend également du type de peau. Les personnes qui ont un "phototype clair" (peau claire, yeux clairs, cheveux clairs, tendance à rougir…) doivent être particulièrement vigilantes. Mais nous l’avons vu : celles qui ont tendance à bronzer doivent aussi se protéger. Quant aux personnes afrodescendantes, qui ont un "phototype foncé", la dermatologue les invite également à la prudence : "Elles ont tendance à ne pas se protéger parce qu’elles pensent qu’elles n’en ont pas besoin. De plus, comme elles ne voient pas apparaître de rougeurs, elles ont moins de signes d’alerte. Or elles peuvent aussi avoir des coups de soleil et des cancers de la peau, même s’ils sont un peu moins fréquents."

Vivre à la méditerranéenne

Pour protéger sa peau du soleil, la solution la plus efficace est aussi la plus simple: c’est d’éviter de (trop) s’y exposer. Ce que la Dr Gwendoline Diet appelle "vivre à la méditerranéenne" : "Dans les pays méditerranéens, les gens ne sortent pas aux heures les plus chaudes et ils ont tout à fait raison. En milieu de journée, mieux vaut ne pas chercher le soleil, et rester le plus possible à l’intérieur ou à l’ombre." Et de rappeler que s’exposer au soleil, ce n’est pas seulement s’allonger au bord de l’eau dans l’intention de bronzer… Le sport, les promenades, le jardinage, les repas en terrasse ou encore le travail à l’extérieur sont autant d’activités qui méritent qu’on pense à bien se protéger des rayons UV ! Le second réflexe à adopter est d’opter pour des vêtements couvrants. Sachant que les tissus classiques laissent passer une partie des rayons du soleil : "Un tissu neuf et plutôt léger (coton, lin…) laisse passer presque 20 % des UV, et quasiment un tiers quand il est mouillé. Avec le temps

et les lavages, les fibres vont s’élargir et la propriété du textile va encore diminuer." Pour la dermatologue, les tissus anti-UV ont donc toute leur utilité. Qu’il s’agisse de tentes, de parasols ou de vêtements, maillots et chapeaux, à condition de les choisir de qualité, ils offrent une protection élevée, même lorsqu’ils sont mouillés.

Produits solaires : plus de risque à ne pas en mettre

Lorsqu’on n’a pas d’autre choix que d’exposer directement sa peau au soleil, les produits solaires restent incontournables, pour la Dr Gwendoline Diet. Qui précise que malgré les polémiques qui entourent certains des composants des filtres chimiques, il y a "beaucoup plus de risques à ne pas en mettre qu’à en mettre, car il est prouvé qu’ils réduisent le nombre de cancers de la peau, qui sont potentiellement mortels." Les principaux composants mis en cause, l’homosalate et l’octocrilène, ne sont plus que rarement présents, précise-t-elle : le premier sera interdit à partir de janvier 2025 ; et le second, soupçonné de se transformer avec le temps en perturbateur endocrinien, a été retiré de la plupart des produits.

Pour les tout-petits, jusque 2 ou 3 ans, la dermatologue recommande de préférer les filtres minéraux, qui restent à la surface de la peau et la protègent grâce à un effet miroir, aux filtres chimiques, qui pénètrent dans la peau. "Chez un adulte, à la peau épaisse, un filtre chimique restera bien cantonné à la peau, explique-t-elle. Mais chez un bébé, dont la peau est toute fine, il pourrait pénétrer plus loin." Et de rappeler, au passage, de ne pas négliger les petites zones que l’on a tendance à oublier, comme les oreilles, les lèvres, la nuque, les bretelles de soutien-gorge, ou encore le dessous des pieds !

QUELQUES CONSEILS

• Tenez compte de l’indice UV, renseigné via les bulletins, sites et applis météo. S’il est égal ou supérieur à 3, et même si le ciel est couvert, suivez les conseils ci-dessous.

• Ne vous exposez pas au soleil en milieu de journée, entre 10-11h et 15-16h. Planifiez les activités en plein air le matin ou en fin d’après-midi.

• Cherchez l’ombre et méfiez-vous des surfaces qui réfléchissent ou amplifient les rayons UV, comme l’eau, le sable, le béton et la neige.

• Portez des vêtements couvrants, ainsi qu’un chapeau à larges bords, en privilégiant les tissus à maille serrée ou les vêtements résistants aux UV.

• Appliquez de la crème solaire sur les parties du corps non couvertes.

• N’oubliez pas de protéger vos yeux en portant des lunettes de soleil, car les rayons UV peuvent également les endommager.

• Protégez les enfants en respectant de manière stricte les recommandations cidessus et en gardant les bébés de moins d’un an à l’abri du soleil.

• Surveillez votre peau : faites-la examiner régulièrement, en particulier si un grain de beauté change d’aspect (forme, taille, épaisseur, couleur) ou apparaît.

Testachats propose des guides d’achat détaillés au sujet des produits solaires et des vêtements anti-UV sur son site : test-achats.be/sante Pour en savoir +

La brochure "Prévenir le cancer de la peau? 9 conseils pour réduire votre risque" peut être téléchargée sur le site de la Fondation contre le cancer : cancer.be

MA SANTÉ AU QUOTIDIEN
I 25 I Juin 2024

Attention : le sujet de cet article peut éveiller des souvenirs douloureux. Des centres et numéros d'aide pour les victimes sont indiqués en encadré.

Inceste : le silence décrié

Longtemps, le silence a masqué l'inceste. Un phénomène sociétal d'une ampleur colossale ! Le taire entretenait l'illusion que les cas étaient rares. Mais aujourd'hui, les lignes commencent à bouger.

Texte : Soraya Soussi, Illustration : Boris Séméniako

Ingrid, 26 ans, rentre d'une soirée. Elle est seule et décide de marcher jusqu'à son domicile. Ce soir-là, un jeune homme la viole dans une sombre ruelle. Comme dans un vieux film glauque. Mais pour Ingrid, c'était bien réel. Le traumatisme fait surgir des souvenirs enfouis dans sa mémoire. Ce viol n'est pas le premier. Mais à l'époque, elle était enfant et ça se passait à la maison...

Constats glaçants

Ingrid n'est pas un cas isolé : 20 à 24 % des filles de moins de 17 ans et 5 à 11% des garçons ont subi des agressions sexuelles. Une grande majorité sont de nature incestueuse, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). En 2023, la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux

enfants (Ciivise) en France dresse un terrible constat après une enquête de grande ampleur de trois ans : un enfant sur dix est victime d'inceste. 160.000 enfants subissent une agression sexuelle chaque année et 5,4 millions de femmes et d'hommes en ont été victimes dans leur enfance ! En Belgique, il n'existe aucun chiffre… Mais on peut supposer des constats similaires. L'association SOS Inceste Belgique a recensé 2.000 appels annuels en 2023 contre 1.200 en 2021.

Depuis la réforme du code pénal en juin 2022, la loi définit l'inceste comme tout acte à caractère sexuel commis sur un mineur par un parent direct (père, mère, oncle, tante, grands-parents, cousin, etc.) ou indirect (beau-père, belle-mère, demifrère, etc.) au sein de la famille, qu'elle soit biologique, d'accueil ou d'adoption. C'est la première fois que l'inceste est inscrit comme infraction à part entière dans le code pénal, avec comme effet des condamnations aggravantes. Dans la majeure partie des cas, les agressions sont répétées durant plusieurs années, selon la Ciivise. "Un enfant qui grandit avec cette réalité peut développer divers troubles", commente Lily Bruyère de l'asbl SOS Inceste Belgique. Les traumatismes complexes liés à l'inceste peuvent provoquer des conduites à risques, des troubles de la personnalité, de l'humeur et du comportement, des addictions, des dépressions chroniques, des troubles du comportement alimentaire, des tentatives de suicide et/ ou d'automutilation… Autant de séquelles psychiques qui agissent également sur la santé physique.

La mécanique du silence

Le silence qui entoure l'inceste est assourdissant. Un silence dont les causes sont complexes et multiples. "La violence est sexuelle, mais il est surtout question d'emprise, de pouvoir sur l'autre. Il y a une éducation, une chosification de la victime. Or, les adultes sont censés protéger les enfants", dénonce Lily Bruyère. L'enfant agressé par un parent perd totalement

SOCIÉTÉ Juin 2024 I 26 I

ses repères. Et il est très difficile pour la victime d'exprimer ce qui lui arrive. C'est aussi ce qu'observe la police lors des entretiens avec les jeunes victimes. "Souvent, il y a la honte, la victime est trop gênée d'expliquer les faits, commence Jean-Pierre Van Boxel, inspecteur principal spécialisé en affaires de mœurs, d'agressions sexuelles et pédocriminalité dans une brigade judiciaire de Bruxelles. L'enfant peut être confronté à un conflit de loyauté : parler pourrait briser sa famille, condamner un parent. Il peut avoir peur des représailles de son agresseur, de ne pas être cru..." La culpabilité fait taire aussi : "On a pu lui faire croire qu'il était responsable de ce qui lui arrivait ou minimiser les faits, exercer un chantage affectif, etc."

Ingrid n'a pas gardé le silence de manière consciente. Elle a subi ce qu'on appelle aujourd'hui une "amnésie traumatique", un mécanisme puissant que le cerveau enclenche pour se défendre devant des faits traumatisants. Le viol qu'a subi Ingrid jeune adulte a réveillé les souvenirs enfouis dans sa mémoire. "Je pensais que je délirais. Pour en avoir le cœur net, j'ai demandé à une proche si j'avais inventé tout cela. Elle m'a répondu que non. Qu'elle avait été témoin de ces actes mais n'avait jamais osé rien dire."

Les victimes d'agression sexuelle développent inconsciemment des processus pour survivre au traumatisme, comme la minimisation des faits ou le déni (scotomisation de la réalité). La dissociation traumatique est également un trouble courant. L'état de sidération des victimes pendant l'agression provoque une paralysie émotionnelle et physique qui coupe à ce moment-là la personne d'elle-même.

Victime ou proche d'une victime, vous cherchez de l'aide ?

1. Les CPVS se trouvent dans centres hospitaliers :

- Au CHU Saint-Pierre (Bruxelles) : 02 535 45 42 • cpvs@stpierre-bru.be

- Au CHU Liège : 04 323 93 11 • cpvs@chuliege.be

- Au CHRSM (Namur) : 081 72 62 62 • cpvs@ chrsm.be

- Au CHU Charleroi : 071 92 41 00 • cpvs@chucharleroi.be

- À Vivalia (Luxembourg) : 063 55 63 30 • cpvslux@vivalia.be

Parler après #metoo

En 2021, dans la foulée du mouvement #metoo, de nombreuses personnalités, comme Camille Kouchner brisent le silence de l'inceste et créent une autre vague de protestation : #metooinceste. Sur le terrain, les associations comme SOS Inceste Belgique saluent la libération de la parole des victimes, mais se demandent si la société est prête à accueillir cette parole au niveau judiciaire, médical, etc.

Si les chantiers restent nombreux pour améliorer la protection des victimes, on ne peut nier une amélioration de leur prise en charge depuis l'apparition de ces #mouvements. La réforme du code pénal sur les violences sexuelles a permis des avancées majeures, comme une meilleure définition de l'inceste et sa reconnaissance comme infraction à part entière. La loi considère à présent qu’un mineur de moins de 16 ans n'a pas la possibilité d'exprimer son consentement lors d'un acte sexuel. Les jeunes victimes ne doivent enfin plus se justifier sur ce point ! Enfin, le délai de prescription pour porter plainte a été supprimé, répondant à une demande de longue date des défenseurs des victimes. "Avant, elles avaient une quinzaine d'années pour porter plainte. Passé ce délai, leur agression tombait dans l'oubli", rappelle la coordinatrice de SOS Inceste Belgique. Certaines zones de police ont aussi développé des cellules spécialisées dans l'accueil des victimes de violences sexuelles : les Emergency Victim Assistance (EVA). De nouveaux centres de prises en charge des victimes de violences sexuelles (CPVS) ont été

ouverts. On en dénombre actuellement dix sur le territoire. La formation des agents de police et des magistrats a aussi été renforcée, se félicite Caroline Poiré, fondatrice de l'asbl Defendere, spécialisée dans la défense des victimes de violences sexuelles. "Le système judiciaire doit faciliter la prise en charge des victimes. Ce n'est pas à elles de courir partout pour trouver de l'aide, pointe l'avocate pénaliste. Il existe aujourd'hui des ressources mais on doit encore développer le travail en réseau pour optimiser la prise en charge."

Le parcours pour obtenir justice peut être très long. En attendant, les victimes tentent de se reconstruire. Ingrid a rejoint l'association Brise le silence qui accompagne les victimes de violences sexuelles. Aujourd'hui, c'est elle qui écoute et accueille la parole des adultes dont l'enfance a été brisée. Afin qu'avec du temps et du soutien, ils puissent vivre avec leur histoire.

Saison 2

PODCAST

Ingrid : Survivante de l'inceste

À 26 ans, Ingrid est agressée sexuellement en rue. Ce traumatisme en éveille un autre, plus ancien : Ingrid a été victime d'inceste dans son enfance. Cette amnésie traumatique levée, elle entame un long parcours de reconstruction et trouve son salut en aidant d'autres victimes de violences sexuelles.

2. SOS Viol 0800 98 100 • info@sosviol.be • sosviol.be

3. Des associations

- À Bruxelles, SOS Inceste : 02 646 60 73 • sosinceste.belgique@skynet.be • sosinceste.be

- À Mons, Brise le silence : 0488 80 06 26 • pascal. urbain@briselesilence.be • briselesilence.be

- Le site serviceaideauxvictimes.be répertorie les centres d'aides aux victimes en Région bruxelloise et wallonne.

Retrouver le dernier épisode de la saison 2 d'inspirations, disponible sur enmarche.be ou en scannant ce QR Code. Rendez-vous en septembre pour un nouveau tour d'horizon d'inspirations – saison 3 !

SOCIÉTÉ
I 27 I Juin 2024

La MC engagée aux côtés de mutuelles de santé

La MC se mobilise au quotidien pour que les soins de santé soient – et restent – accessibles à tous dans notre pays. Depuis une trentaine d'années, elle poursuit cette mission au-delà de nos frontières. Elle soutient des initiatives mutualistes locales et des mouvements sociaux qui agissent pour construire une protection sociale dans des pays du Sud.

Texte : Joëlle Delvaux et Olivier Duhayon

Les droits à la santé et à la protection sociale sont reconnus par la Déclaration universelle des droits de l’Homme : ce sont des droits humains incontournables. La convention n°102 de l'Organisation internationale du travail (OIT) ne dit pas autre chose en définissant un socle minimum de sécurité sociale. Pourtant, dans de nombreuses régions du monde, la plupart des personnes n’ont pas accès à des soins de santé et sont exclues des mécanismes de protection sociale qui permettent de couvrir les risqués liés à la santé et à la pauvreté.

"Nous plaidons pour une protection sociale universelle car elle représente un rempart contre les inégalités sociales. C'est un facteur de développement tant sur le plan individuel que sociétal", affirme Frédéric Parmentier, directeur responsable de la participation mutualiste à la MC.

Les partenariats de la MC

Les 8 pôles francophones/germanophone de la MC sont engagés dans des partenariats accompagnant le développement de mutuelles de santé dans 4 pays de l’Afrique de l’ouest — Sénégal, Mali, Burkina Faso et Bénin — et dans un pays de l’Afrique centrale, la République démocratique du Congo (RDC).

• Au Sénégal , le pôle Verviers-Eupen est partenaire du Groupe de recherche et d’appui aux initiatives mutualistes (GRAIM), actif dans la région de Thiès.

• Au Mali, le pôle Hainaut Oriental est partenaire de l’Union technique de la mutualité malienne (UTM) dans la région de Ségou.

• Au Burkina Faso, le pôle Liège est partenaire du Réseau d’appui aux mutuelles de santé (RAMS/BF). Basé à Ouagadougou, il développe des mutuelles de santé dans plusieurs régions.

• Au Bénin , les pôles Luxembourg et Brabant wallon sont partenaires de l'Action pour la protection sociale (APROSOC), active à Calavi, Dassa, Zogbodomey, Bembéréké et Sinendé.

• En RDC, trois pôles collaborent avec divers partenaires :

- Le pôle Namur est partenaire du Centre de gestion des risques et d’accompagnement technique des mutuelles de santé (CGAT-Kinshasa) dans l’ouest du pays.

- Le pôle Bruxelles est partenaire de la Mutuelle de solidarité pour la santé (MUSOSA) dans la région de Béni-Butembo (Nord-Kivu).

- Le pôle Hainaut Picardie est partenaire du Réseau des mutuelles de santé communautaires (REMUSACO) basé à Bukavu et actif dans le Sud-Kivu.

Par ailleurs, le pôle Hainaut Picardie soutient deux centres d’accueil et d’éducation pour jeunes handicapés au Liban :

- le Centre Inaya, situé à Zgharta près de Tripoli,

- le Centre Rayon d’Espoir, situé à Zahlé dans la plaine de la Beeka.

Ce soutien est d’autant plus crucial que le pays traverse une grave crise géopolitique et socioéconomique.

Vous souhaitez vous engager pour la solidarité internationale ? N’hésitez pas ! Un comité de partenariats existe ou se relance dans chaque pôle de la MC. Ces comités sont constitués de volontaires et de collaborateurs de la MC et de ses mouvements (Énéo, Altéo et Ocarina), souhaitant investir un peu de leur temps. Au cours des rencontres, vous aurez l’occasion de suivre et accompagner le développement du/des partenariats de votre pôle, et de faire vivre la solidarité internationale dans votre région au travers de divers projets.

Infos auprès d'Olivier Duhayon par mail : olivier.duhayon@mc.be

Juin 2024 I 28 I
COOPÉRATION
Le centre Inaya au Libano © Anne Van Wymersch

Depuis de très nombreuses années, la MC apporte sa pierre à l’édifice en participant au déploiement de la protection sociale dans des pays où elle est peu développée, voire quasi inexistante. Concrètement, elle accompagne des mutuelles de santé dans plusieurs pays d'Afrique et soutient deux centres d’accueil et d’éducation pour jeunes handicapés au Liban (Asie) (lire cicontre). "L'investissement 'là-bas' est plus que jamais une nécessité pour promouvoir une mondialisation centrée sur le respect des droits humains et la lutte contre les inégalités de santé". La MC défend ainsi l'idée d'une société civile qui participe à la définition des politiques publiques et est garante de la reconnaissance de la protection sociale et du travail décent en tant que droit universel.

Ouverture et échanges

Les mutualités de santé soutenues par la MC en Afrique ont un objectif commun: permettre à une population travaillant essentiellement dans le secteur informel d'accéder à des soins de santé de qualité et ce, via une cotisation mutualiste. Ces mutuelles sont organisées en mouvement social. Les cotisants sont représentés dans les instances de décision. Des conventions sont établies avec des hôpitaux et centres de santé pour assurer l'accès aux soins. Et des médecinsconseils contrôlent les factures établies par ces structures sanitaires afin de vérifier le respect des conventions. La prévention et la promotion de la santé auprès de la population font aussi pleinement partie des missions que se donnent les mutualités de santé.

Les structures et mouvements avec lesquels la MC a noué des partenariats

Davantage de solidarité internationale

Une étude menée en 2022 par le service d'études de la MC sur les inégalités économiques relatives à la santé et à l'utilisation des soins de santé, mettait en lumière que l'endroit où une personne voit le jour détermine dans une large mesure ses chances de mener une vie saine et de qualité. Ce constat dépasse largement nos frontières. La MC rappelle avec insistance l’importance d’un système de protection sociale fort et d’un accès aux soins de santé de qualité. Avec le MOC, elle réaffirme son engagement en faveur de la solidarité internationale.

La collecte des cotisations dans une mutuelle au Bénin

sont, pour la plupart, situés dans des zones ou pays instables. Guerres, attentats, crises politiques… y plongent la population dans la pauvreté. Dans ce contexte difficile, la MC estime d'autant plus important de maintenir les partenariats et les rencontres. "Afin de collaborer au mieux, rien de tel que de bien se connaître et de comprendre les situations, les réalités, y compris culturelles, dans lesquelles les mutuelles de santé se développent. Nous croisons nos expertises respectives et nous nous enrichissons mutuellement”, assure Frédéric Parmentier. Depuis quelques temps, les projets de "missions" mis sur pause pendant la crise sanitaire ont repris, en tenant compte des critères de sécurité. Ces partenariats internationaux sont aussi riches de sens et d'expériences pour nous, Occidentaux. Dans notre société, la solidarité érigée en système de sécurité sociale est sans doute devenue anonyme et parfois inconsciente. Les dynamiques sociales audacieuses et les solidarités de proximité en œuvre dans les mutuelles en Afrique nous ramènent aux sources du mouvement mutualiste en Belgique, à ses valeurs aussi. "Les échanges avec nos partenaires nous invitent à retrouver des solidarités chaudes, tout en nous confortant dans la défense de notre modèle de sécurité sociale et des droits sociaux", conclut Frédéric Parmentier.

Avec WSM, pour une protection sociale universelle

Les partenariats mutualistes de la MC bénéficient de la collaboration étroite et du soutien financier de We Social Movements (WSM), l’ONG du Mouvement ouvrier chrétien (MOC). Cette collaboration se concrétise également par la sensibilisation des citoyens belges aux thématiques liées à la solidarité internationale.

WSM est aussi à l'initiative de la création d’un réseau international pour le droit à la protection sociale : le réseau "INSP!R".

Les principes clés pour mener à bien des politiques de protection sociale sont les suivants :

• une approc he basée sur les droits (ancrés dans les réglementations),

• une combinaison de mesures pour fournir des avantages aux personnes,

• la participation effective de plusieurs parties prenantes (État, société civile, secteur privé) pour transformer la politique existante,

• la nécessité de sources multiples pour assurer un financement durable,

• une approche du cycle de vie (de la naissance jusqu’à la fin de vie).

I 29 I Juin 2024 COOPÉRATION
MC
Mémorandum
© Catherine Thys

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En Marche Magazine n°1727 by En Marche - Issuu