ESPACES INTERSTITIELS : VISER L’URBANITÉ À ÉCHELLE HUMAINE (Mémoire diplôme - Emma BENCHABAT)

ESPACES INTERSTITIELS : VISER L’URBANITÉ À ÉCHELLE HUMAINE

MÉMOIRE DE DIPLÔME EMMA BENCHABAT

Photographie : Roux Quentin, Pratiques interstitielles dans les villes contemporaines : Quand la ville crée ses vides urbains, 2015

CONSTITUTION DU JURY

DIRECTEUR DE DIPLÔME ROBERTO D’ARIENZO Architecte-urbaniste / Chercheur au laboratoire Gerphau / Docteur en Architecture

PRÉSIDENTE DE SOUTENANCE ANNE-LAURE JOURDHEUIL Architecte DESA / Doctorante au laboratoire CRH / Co-responsable de l’Atelier 6 du REHAL

ENSEIGNANT EXTÉRIEUR STÉPHANE MAUPIN Architecte DPLG / Gérant et associé unique de l’agence SMAC Maître de conférences à l’ENSA Paris-Val-de-Seine

EXPERTE LÉA LONGEOT Architecte DPLG / Co-fondatrice et coordinatrice de l’association Didattica

ARCHITECTE DESA LUCIE SCHNIRER Architecte

CANDIDE SÉBASTIEN CHABBERT Architecte DESA / Gérant et associé de l’agence Wonderland Productions Membre du Conseil Régional de l’Ordre des Architectes d’Ile-de-France

REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier chaleureusement Roberto D’Arienzo et Anne-Laure Jourdheuil pour leur implication dans mon travail de diplôme.

J’ai eu le privilège de profiter d’un accompagnement de qualité, montrant toujours un grand intérêt envers mon sujet, ma démarche et ma position architecturale.

Merci à Roberto d’Arienzo pour son écoute, ses critiques et son approche passionnée de l’architecture, qui fut un véritable moteur pour le développement du projet.

Merci à Anne-Laure Jourdheuil pour son engagement, sa rigueur bienveillante et son professionnalisme, qui ont considérablement guidé ma réflexion et démarche architecturale.

Je remercie Lucie Schnirer pour avoir partagé avec moi son expérience de jeune architecte et pour son regard poétique sur mon projet.

Je remercie également Léa Longeot pour son aide précieuse à Montreuil, sa pédagogie et son accueil chaleureux au sein de son chantier participatif, qui a été un véritable déclencheur pour moi.

Je remercie Stéphane Maupin ainsi que Sébastien Chabbert pour s’être rendus disponibles afin d’assister à ma soutenance de diplôme et d’y apporter leur regard.

Je remercie aussi Gaylord Le Chequer, premier adjoint au Maire de Montreuil pour m’avoir accordé de son temps, ainsi que Abdoulaye Sow de l’Antenne Jeunesse et tous les habitants de Montreuil qui ont volontiers partagé avec moi leur attachement à la commune.

Enfin je remercie mes parents, Joëlle et Henri ainsi que mes sœurs Laura et Léa pour leur soutien indéfectible depuis le début de mes études d’architecture.

SOMMAIRE I.

L’INTERSTICE URBAIN

1.

Sujet choisi, problématique et hypothèses de recherche-projet Historique, notions et définitions Temporalité spécifique et stratégies d’intervention Intérêt de l’espace interstitiel dans un cadre de planification urbaine

2.

3.

4.

10-17 18-30 31-37 38-39

II.

ÉTUDE DE CAS : LES ESPACES INTERSTITIELS A MONTREUIL

1.

2.

3.

4.

Contexte territorial, démographique et socio-économique Catégories et cartographie interstitielles Choix de site Diagnostic

III.

INVESTIR L’INTERSTICE : LE PROJET

1.

2.

3.

4.

5.

Nature interstitielle du site Temporalité et stratégie d’intervention face à l’interstice Matérialité du projet : Biosourcé et géosourcé Enjeux du site : De l’échelle urbaine vers l’échelle sociale Besoins et usages : Programme

92-95 96-107 108-121 122-131 132-137

IV.

CONCLUSION - OUVERTURE : L’INTERSTICE, LIEU DE LUTTE

138-159

RESSOURCES

160-177

V.

40-49 50-59 60-73 74-91

I. L’INTERSTICE URBAIN

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9

ENVISAGER LES ESPACES URBAINS INTERSTITIELS COMME RÉGÉNÉRATEURS D’URBANITÉS À ÉCHELLE HUMAINE

Pour moi, rien n’est plus agréable pendant une ballade en ville que de tomber sur un espace inconnu, parfois dissimulé aux yeux de tous.

Un sentiment de privilège, voire d’interdit nous habite et rend l’expérience vécue assez unique.

Souvent les espaces interstitiels, par leur aspect délaissé et inoccupé intriguent.

Personnellement, en voyant de tels espaces, je ne peux m’empêcher d’imaginer comment les investir, comment faire entrer l’usager au sein de cette nature sauvage, et comment créer au sein de cet interstice une bulle déconnectée de la banalité urbaine.

Je pense que l’interstice urbain est l’espace idéal pour envisager une conception urbaine et architecturale sensible, plus humaine, justement parce qu’il n’est pas accaparé par la règlementation stricte et figée du tissu urbain alentour.

L’INTERSTICE : UN OUTIL POUR COMPRENDRE LA VILLE La ville - entité historique bâtie par l’Homme - s’est progressivement structurée autour de rues, de systèmes d’approvisionnement en eau, d’égouts, de réseaux téléphoniques, électriques, de transports en commun… Au 19ème et 20ème siècle, elle connaît de nombreux bouleversements avec la hausse et le regroupement des populations, des activités et le développement des technologies notamment.

Avec cette expansion des infrastructures et la transformation de l’espace urbain, des lieux auparavant fonctionnels sont devenus inutiles et se sont retrouvés cachés, abandonnés, réduits. L’espace de la ville, tout en se construisant, s’est morcelé et a accumulé des délaissés urbains. D’autres phénomènes ont aussi donné naissance à ces délaissés, comme les destructions et catastrophes historiques ou encore l’abandon de sites par leurs propriétaires.

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SUJET CHOISI 1.

Photographie : Yann Aubry, Interstices urbains : entre incertitude et dimension projectuelle, Mémoire de fin d’études en urbanisme, 2014 11

UNE POSITION SINGULIÈRE DANS LA VILLE L’interstice se positionne en rupture face à la composition classique de la ville ; Dont elle prouve que le développement laisse en arrière plan de nombreuses hypothèses et citoyennetés non considérées.

Il agit à la fois de l’intérieur et à l’opposé de ce qu’est la ville, s’affirmant donc par un contre-pouvoir qui se détermine au sein même de la réalité à laquelle il s’affronte.

On assiste alors à une remise en question de l’image performante que la ville se donne d’elle-même, en révélant ses tensions et contradictions.

L’interstice réinterroge donc plusieurs enjeux urbains et sociaux : Place des habitants et collectivité participative, place de l’espace public, de la nature en ville…

MOTEUR SOCIAL, MATIÈRE À PROJET Véritable entre-deux, l’interstice se positionne comme un « rez-de-chaussée de la ville » : un espace-temps où se croisent de nombreuses communautés de vie et de travail.

Terrain propice à la co-existence de multiples singularités, l’interstice constitue une part de commun au sein d’un collectif, loin des replis identitaires caractéristiques de nos urbanités auto-centrées.

Ainsi, l’interstice s’affirme comme le terrain d’un imaginaire urbain, architectural et paysager très riche, où s’inventeraient de nouvelles relations sociales et activités économiques.

Les paradoxes et potentialités de l’interstice me passionnent et c’est pourquoi j’ai choisi de travailler sur ce sujet.

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Photographie : Yann Aubry, Interstices urbains : entre incertitude et dimension projectuelle, Mémoire de fin d’études en urbanisme, 2014 13

PROBLÉMATIQUE : Suite à la définition de mon sujet, j’ai formulé la problématique suivante :

Comment envisager les espaces urbains interstitiels comme régénérateurs d’urbanités à échelle humaine ?

L’interstice, territoire privilégié mais aussi délicat doit être approché suivant une méthodologie particulière ; Prenant en compte sa localisation, son rapport au contexte immédiat ainsi que les usages, expériences, rencontres et flux induits pour les usagers - qui se verront attribuer une place centrale dans la réflexion du projet.

Différentes hypothèses de recherche-projet ouvrent la réflexion sur ces espaces particuliers, invitant à se questionner sur leur devenir en ville : -

Quel est le potentiel de ces espaces dans la ville de demain ?

-

Comment et pourquoi réactiver ces lieux ?

-

Comment envisager un rapport entre l’interstice et ses zones dominantes ?

-

Quelle intervention et quelle temporalité envisager pour le projet ?

-

Comment envisager l’aspect foncier de ces lieux ?

Quelles solutions pour redémarrer le processus d’intégration en ville ?

-

Quelle méthodologie pour analyser les composantes appropriables du site et intervenir à échelle humaine ?

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Carte mentale

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COMMENT SONT APPARUS LES ESPACES INTERSTITIELS ?

« Discontinue, dispersée, fragmentaire, hétérogène, dépourvue de règles facilement reconnaissables, marquée par un mélange d’activités et de sujets les plus disparates, par la présence de formes et techniques qui appartiennent à différentes époques, la ville contemporaine et surtout la grande ville résulte des tendances qui ont traversées les deux derniers siècles ».1

Au fil des siècles, la ville accumule des politiques spatiales qui se superposent, venant complexifier le tissu urbain successivement. La présence des interstices dans une ville met en lumière différents processus à l’origine de la création des vides urbains.

•

Désindustrialisation et crises

Aux 19 e et 20 e siècles, les périphéries des villes accueillent des industries et manufactures de production de masse ainsi que des casernes dédiées à la défense du territoire.

L’urbanisation, étendant les villes au fil des décennies, finit par englober progressivement ces centralités productives.

Ces activités se retrouvent ainsi au cœur de nouveaux quartiers.

Durant les années 1970, le système productif est repensé, contraignant de nombreuses entreprises et industries à fermer et déménager. À partir de 1980, perdant plus d’un tiers de ses effectifs (soit environ 2 millions d’emplois), l’industrie française abandonne de nombreux bâtiments et hectares de terrains industriels pollués, au profit du tertiaire.

Ce territoires, dont la dépollution constitue un coût trop élevé pour les collectivités, se retrouvent délaissés sans aucune possibilité de mutation éventuelle.

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Bernardo Secchi, Villes sans objet : La forme de la ville contemporaine, 2008

b

Urbanisation - Expansion des villes

Une fois confrontées à la réalité des territoires, les différentes stratégies urbaines adoptées par les collectivités engendrent bien souvent des délaissés. Dans le cadre de l’urbanisation, on en retrouve plusieurs typologies principales : -

Délaissés de constructions / production de nouvelles formes bâties

Cette typologie naît par le choix de certaines morphologies constructives en rupture avec le tissu urbain existant et ses différentes strates. C’est notamment le cas lors de la division d’un territoire en zone pavillonnaire et lors de la construction d’ensembles modernes ; Inspirés par le fonctionnalisme et la Charte d’Athènes, ces

2. HISTORIQUE

•

ensembles rompent la continuité classique des fronts bâtis en limite de parcelle pour laisser place à des espaces d’agréments, peu fréquentés par les usagers.

-

Délaissés de voirie

Les infrastructures routières sont règlementées par des normes imposant des distances de recul spécifiques. À cela s’ajoute la mise en place de nombreux dispositifs techniques nécessaires au fonctionnement de ces voies rapides, créant ainsi des interstices en bordure de route.

-

Délaissés de rencontre entre des systèmes géométriques différents

On relève trois structures géométriques principales déployées dans tout tissu urbain : Celle des projets d’aménagements contemporains, celle de la trame agricole (géométrique dans la plupart des cas) ainsi que celle des infrastructures routières courbées (faisant abstraction de toute réalité territoriale).

L’apparition de nombreux délaissés s’explique par la confrontation entre ces géométries opposées.

c

d

e 17

•

Évènements tragiques, catastrophes naturelles

La renaissance de certains lieux fragilisés par des évènements tragiques (vols, brigandages, guerres) ou par des catastrophes naturelles s’avère particulièrement longue et onéreuse.

De plus elle nécessite souvent des réactions d’urgence, également très coûteuses.

Ces enjeux peuvent expliquer la décision d’abandon face à ces territoires souvent chaotiques.

•

Abandon par le propriétaire, démolitions

De nombreux espaces interstitiels apparaissent suite à l’abandon d’un terrain ayant accueilli un bâtiment présentant des risques (effondrement, affaissement) ou à la saisie d’un terrain par une autorité légale ; Contraignant le propriétaire à fermer de force.

•

Attente d’une hausse des prix pour urbaniser

Cette stratégie favorise l’attente d’une hausse des prix du marché et du réinvestissement pour un terrain, après des périodes de jachère, souvent dans des zones touchées par la gentrification ou le développement.

Nous développerons plus loin les différentes catégories interstitielles constatées et relevées sur le territoire d’intervention.

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•

BIEN-ÊTRE EN VILLE

Constatant l’influence des villes denses sur la qualité de vie des usagers, j’aimerais proposer une approche visant à retrouver une expérience positive de la ville pour l’usager ; Notamment à travers la sollicitation des sens, le travail sur des échelles humaines et appropriables, un lien rétabli avec la nature…

•

INTERSTICES URBAINS

« Les interstices représentent ce qui reste de la résistance dans les grandes villes -

2. NOTIONS ASSOCIÉES

La construction de mon sujet repose sur deux thèmes de départ : Il m’a semblé pertinent de rapprocher les espaces interstitiels avec la notion de bien-être en ville ; Ces territoires se positionnant comme de possibles terrains d’amélioration du quotidien urbain.

résistance à la normalisation et à la réglementation, à l’homogénéisation et à l’appropriation.

Ils incarnent, en un sens, ce qui est encore « disponible » dans la ville.

Leur statut provisoire et incertain permet d’entrevoir d’autres moyens ouverts et collaboratifs, réactifs et coopératifs, de créer la ville. »2 Les caractéristiques, status et temporalités spécifiques de l’interstice positionnent cet espace comme un terrain d’accueil idéal pour expérimenter des spatialités favorisant le bien-être en ville.

Mots-clés associés : ENTRE-DEUX FLÂNERIE

SYNERGIES

PSYCHOLOGIE ENVIRONNEMENTALE

SENSORIALITÉ

GÉNIUS LOCI

ATELIER D’ARCHITECTURE AUTOGÉRÉE, Interstices urbains temporaires, espaces de proximité interculturels en construction, Programme de recherche-action, 2005 2

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Plusieurs notions liées au thème interstitiel sont intéressantes à convoquer, intimement liées aux enjeux de ces territoires.

•

RAPPORT DENSITÉ ET BIEN-ÊTRE EN VILLE

La notion de bien-être en ville est étroitement liée à la question de la densité urbaine, participant à la perception que se fait un usager de son cadre de vie.

Afin d’envisager l’interstice comme un vecteur de bien-être en ville, il est important de comprendre l’impact de la densité urbaine sur l’usager. À travers quelques termes empruntés à la morphologie urbaine, nous allons tenter de cerner l’influence de la densité vécue sur l’usager, afin d’entrevoir son lien avec les espaces interstitiels.

FORME URBAINE : « Rapport entre le bâti et les espaces non bâtis au sein d’une agglomération ou de différents types d’ensemble urbains (quartier, rue, avenue, place…), selon des articulations et des dispositions spécifiques aux contextes sociaux, historiques, politiques et géographiques.»3 «La “forme urbaine” sert d’instrument de description et d’analyse de la ville. Elle est constituée d’éléments physiques (rues, îlots, quartiers…) et s’appréhende à différentes échelles (site géographique, réseau viaire, division parcellaire…).

Elle revêt une dimension historique (évolution “sur place”) autant que géographique (“évolution dans l’espace”).» [...] « Ce sont notamment les dimensions d’esthétisme, de qualité ou encore de patrimoine historique et architectural, d’ambiance qui permettent de caractériser différentes formes urbaines. »4

f 3

20

4

Robert-Max Antoni, Vocabulaire français de l’Art urbain, 1992 DÉFINITIONS-ILLUSTRATIONS ISSUS DE : Faire la ville dense, durable et désirable, ADEME, 2018

DENSITÉ VÉCUE : « La densité “vécue” ou densité “subjective” correspond à la perception des usagers, à leur ressenti vis-à-vis d’une forme urbaine et de leur appréciation positive ou négative.

Cette notion explicite le caractère subjectif de la densité, non mesurable et parfois trompeur. Elle renvoie aux processus de représentation, de perception et d’évaluation qui peuvent dans certains cas aboutir à un sentiment de stress. »4 La densité vécue résulte de la représentation mentale de l’espace que se fait l’usager, de sa sensorialité, des usagers avec lesquels il interagit ou non, ainsi que de ses références personnelles (socio-culturelles).

Plusieurs facteurs influencent la densité vécue par l’usager : morphologie des bâtiments (volume, forme, hauteur), proportion d’espaces bâtis par rapport aux espaces libres, nuisances sonores et olfactives, flux automobiles et piétons...

Toutes ces caractéristiques sont à prendre en compte dans l’approche de l’espace interstitiel. En effet, l’intervention au sein de l’interstice se doit de composer avec les densités constatées dans son contexte immédiat, afin de lui répondre en écho et de positionner l’interstice comme une continuité du tissu urbain, et plus comme un espace de rupture.

De nombreux espaces interstitiels sont apparus suite à un étalement urbain.

En investissant l’interstice, on peut envisager un renversement du phénomène : En occupant ces espaces inutilisés, on évite de chercher à densifier plus loin.

Les espaces interstitiels peuvent ainsi représenter une marge de manœuvre non négligeable, des alternatives à la densification de certaines zones périphériques, limitant ainsi l’étalement urbain.

Ainsi cette sensibilité par rapport à la densité en ville va influencer la volumétrie de mon projet. La densité des bâtiments viendrait répondre en écho au contexte bâti environnant, permettant à l’interstice de réintégrer le tissu urbain et de composer avec la sensibilité de l’usager ; Dans l’objectif d’y favoriser une qualité de vie.

g Espaces de nature Ambiances urbaines désirables Qualité sanitaire

Intégration urbaine Performance énergétique Forme architecturale

Nouvelles mobilités Nouveaux usages urbains Technologies innovantes

Biodiversité Limitation de la dégradation des sols et des eaux Limitation de la pollution

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•

RETROUVER LA NATURE EN VILLE

Suite aux accidents dommageables pour l’environnement survenus depuis les années 1970 - qui nous ont conduit vers l’actuelle ère de l’Anthropocène - une volonté de retrouver la nature en milieu urbain a émergé.

L’interstice, véritable respiration au sein d’un tissu urbain, est souvent associé à un lieu dans lequel la nature reprend ses droits, se développant spontanément et abondamment.

Nous allons tenter de comprendre l’enjeu de la présence de la nature en ville à travers l’interstice, terrain idéal pour repenser le lien entre Hommes et nature.

h

« Ce n’est pas la ville qui crée le mal-être, la pollution, la dégradation de l’environnement mais bien la société dans sa manière de concevoir la nature et son lien à cette dernière ».5

En ville, on constate une réduction de la vie sociale, une certaine indifférence à autrui.

Ce phénomène pourrait s’expliquer par nos temporalités urbaines trop accélérées, induisant une volonté de retour aux rythmes naturels, plus en phase avec notre humanité.

Selon les décennies nos villes ont été imperméabilisées et minéralisées à l’excès, et une place trop importante fut donnée à l’automobile, répondant à un urbanisme de la Charte d’Athènes que l’on perçevait comme un idéal urbain.

Ces problématiques urbaines mettent en lumière l’importance de retrouver la nature en ville, constatant l’inadaptation des politiques urbaines qui en faisaient abstraction.

VERTUS PRÊTÉES À LA NATURE EN VILLE : La présence de la nature en ville permet de lutter contre l’ilôt de chaleur urbain et de réduire la pollution atmosphérique ainsi que les nuisances.

Il s’agit également d’un outil de perception spatiale, à travers les repères visuels, axes et transitions dessinés dans l’espace urbain.

Enfin la nature en ville favorise une certaine poétique, une esthétique particulière ainsi qu’une sensation de bien-être pour les usagers.

5

22

Lise Bourdeau-Lepage, Nature en ville : Désirs et controverses, 2017

CRITIQUES PORTÉES SUR LA NATURE EN VILLE : Répondant à des politiques de marketing urbain, la nature en ville peut subir une instrumentalisation dans le but de développer l’attractivité d’un territoire.

Certaines organisations utilisent également le greenwashing afin de renvoyer une image de responsabilité écologique mensongère.

La nature en ville se positionne donc comme une source potentielle d’inégalités socio-spatiales.

Enfin plusieurs risques sont envisageables en termes sanitaires, de sécurité et de déplacement en l’absence d’entretien régulier des espaces végétalisés.

Les objectifs pour une utilisation pertinente de la nature en ville seraient d’abord de ne plus dissocier le développement urbain du développement durable.

Ensuite, un changement de la conception que se fait l’Homme de la nature s’avère indispensable afin de repenser son lien envers elle.

Enfin, l’idéal serait de tisser des liens étroits avec le reste du tissu urbain, pour ne pas envisager des «bulles végétales» isolées et indépendantes.

L’interstice se distingue par la pluralité des espèces végétales accueillies.

Pour mon projet, j’aimerais envisager une approche paysagère de l’interstice, sensible, mettant en valeur les espèces présentes en les préservant.

J’aimerais que les espaces publics de mon projet s’ouvrent sur la ville et offrent aux usagers une possibilité de reconquête, de réappropriation de la nature.

L’objectif ultime serait d’éveiller une conscience écologique par le biais de la fascination ressentie dans les interstices à la vue de cette nature sauvage qui s’y déploie.

Ainsi l’espace interstitiel viendrait se positionner comme un territoire de possible reconquête d’un équilibre entre ville et nature.

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•

VISER L’ÉCHELLE HUMAINE

« Il s’agit de l’échelle humaine, celle de la ville telle qu’on la perçoit à la hauteur du regard.

Elle n’a pas pour objet la structure des grandes artères ou les bâtiments spectaculaires, mais plutôt la qualité de l’espace urbain, que les citadins occupent et parcourent à pied. Cette échelle est celle de l’architecture adaptée à une vitesse de 5 kilomètres à l’heure. ».6

Penser l’interstice c’est d’abord composer avec la manière dont ses caractéristiques éveillent notre sensorialité.

Esthétique forte visuellement, odeurs de végétation abondante ou encore de métaux rouillés, bruits des volatiles qui s’y installent… Ces sollicitations sont nombreuses.

J’aimerais penser le projet à partir de cette sensibilité de l’usager, à la hauteur de son regard. Pour cela, plusieurs caractéristiques identitaires d’une urbanité rentrent en jeu, perceptibles sensiblement par l’usager :

- Limites et seuils

- Vue (obstacles visuels, axes visuels..)

- Séquences urbaines et cadrages

- Ouïe (paysages sonores)

- Dispositions spatiales : voies, limites,

- Odorat / Goût (ambiance olfactive, air)

quartiers, nœuds, points de repère 7

- Toucher (textures)

- Matérialités

- Perception thermique et aéraulique

- Couleurs

- Perception temporelle

- Usages

- Emotions et ressentis (confort physique,

- Flux et déplacements

bien-être/stress psychologique,

- Ambiances

sentiment d’ouverture / d’enfermement)

i

6

24

7

Jan Gehl, Pour des villes à échelle humaine, 2012 Kevin Lynch, L’image de la cité, 1960

j

L’interstice, justement parce qu’il est le lieu ou se croisent plusieurs communautés de vie et de travail, pourrait s’enrichir d’une composante appropriable, à échelle humaine.

Il s’agirait de composer des séquences urbaines successives, d’esquisser des axes visuels offrant des perspectives sur le projet, de penser des espaces de sociabilité et de rencontres, de proposer des volumes dessinant des spatialités appropriables et de composer avec certaines matérialités pour créer des ambiances.

Ainsi, l’interstice deviendrait un espace de sociabilité, d’expérience urbaine sensible et sensorielle

k

25

Lors de mes recherches préalables sur la notion interstitielle, je me suis confrontée à une réelle confusion entre les termes utilisés pour tenter de définir ces lieux abandonnés.

La pluralité des termes (architecturaux ou urbanistiques) renvoyant à ces espaces en attente témoigne d’une réalité complexe liée à ces espaces : interstices, délaissés urbains, espaces résiduels...

Voici plusieurs définitions pour tenter de cerner ces nuances :

•

INTERSTICE

1.

Du latin interstitium, de inter (« entre ») et stare (« se tenir »), les interstices urbains sont protéiformes et de taille hétérogène, de quelques m2 jusqu’à de nombreux hectares.

De même, leurs localisations sont multiples, malgré des représentations souvent limitées aux centres historiques denses et aux friches industrielles, aujourd’hui enclavées dans l’urbain/périurbain. 8 2.

Espaces résiduels non bâtis de l’aménagement : terrains vacants, friches industrielles et ferroviaires, délaissés de voirie et d’opération de rénovation urbaine…

Devenant des espaces qui ne sont pas définis par ce qu’ils sont mais par leur entourage spatial et/où temporel, qui les caractérise comme des « vides entre ». 9 3.

Intervalle d’espace ou de temps, l’interstitiel oscille entre connexion et disjonction, s’ouvrant sur un champ polymorphe qui relève autant de la relation et de la brèche que du brouillage. 10 4.

Espaces de questionnement qui constituent la réserve de disponibilité d’une ville. 11

Solène Marry, La capacité de renaturation des interstices urbains (oasis urbaines) pour des politiques publiques résilientes, 2019 9 Stéphane Tonnelat, Interstices urbains Paris-New York : entre contrôles et mobilités, quatre espaces résiduels de l’aménagement, 2003 10 Peter Eisenman, Vers une architecture de l’interstitiel, 1963 11 Pascal Nicolas-Le Strat, Interstices urbains temporaires, espaces interculturels en chantier, 26 lieux de proximité, 2008 8

Espace urbain marginal et non planifié, matériel et physique : Il peut s’agir de terrains abandonnés, lits de rivières, jetée abandonnée, espaces automobiles entre bâtiments, parcs et places urbaines...

Espace de tension entre différentes manières d’être en ville : Ici, l’interstice n’est pas un espace matériel mais bien le produit de relations et de normes sociales (choc entre différentes normes territoriales d’une ville et de ses villages environnants).

Espace d’indétermination et de rejet des frontières : L’interstice est traité comme un espace où la juridiction ne s’applique pas clairement. En ce sens, l’interstice n’est pas seulement l’espace de décomposition des frontières territoriales, mais aussi la notion de frontières elle-même.

2. DÉFINITIONS

Selon Andrea Mubi Brighenti12, le concept d’interstice urbain renvoie à plusieurs significations :

Quelle perception de l’interstice ?

Face à l’interstice, les réactions des usagers diffèrent, portées par une certaine subjectivité. En effet selon les usagers, leur âge, lieu de vie ou culture, les réactions varient, oscillant souvent entre méfiance et fascination.

Voici les ressentis relevés de manière récurrente face aux interstices.

Perception péjorative : La méfiance des usagers face à l’interstice s’explique par une réticence liée à la sécurité du lieu. Puisqu’il n’est pas investi, le lieu est rarement clôturé dans sa totalité.

Cela libère donc l’accès à d’éventuels squatteurs et personnes pratiquant des activités illicites ou encore du vandalisme ; Positionnant l’interstice comme un espace inquiétant, où l’usager se sent vulnérable.

De plus l’interstice - n’étant pas entretenu - renvoie une image non hygiénique, allant parfois jusqu’à l’insalubrité.

Cette méfiance face à l’espace interstitiel creuse davantage le fossé entre l’interstice et son potentiel d’intégration au tissu urbain.

Andrea Mubi Brighenti, Urban Interstices : The Aesthetics and the Politics of the In-Between, 2016 27 12

Perception méliorative : L’interstice, affranchi de toute institutionnalisation, évoque une certaine liberté.

Cette liberté se retrouve dans la manière dont la nature sauvage y reprend ses droits, participant à la poétique du lieu. Son esthétique brute participe à la fascination provoquée par cet espace en attente, devenu un lieu idéal pour accueillir des expressions artistiques. La fascination ressentie se traduit en un sentiment de privilège à la visite du site, rendant l’expérience exaltante.

Bâtiments délabrés, sols morcelés et structures effondrées laissent entrevoir le passé du site, laissant libre cours à l’imagination des usagers pour deviner les activités initialement accueillies.

•

ESPACE RÉSIDUEL

Espaces « en attente », apparus à la suite d’un émiettement du tissu urbain ou de politiques d’aménagement ; Devenus des laboratoires pour de nouvelles pratiques culturelles, et notamment socioculturelles, où l’intermédiaire se conjugue avec le pérenne. 13

•

DÉLAISSÉ URBAIN

Espaces sans fonction officielle et en rupture avec le tissu urbain environnant. Espaces transitoires présentant souvent une végétation spontanée, ils constituent un habitat pour de nombreuses espèces végétales. [...] Ils représentent aussi des lieux privilégiés pour augmenter le contact des habitants avec la nature et répondre à la croissante demande sociale de nature en ville. 14

Elisa Goudin-Steinmann, Espaces résiduels et espaces collaboratifs : le développement du secteur socioculturel berlinois au sein des interstices de la ville, 2019 14 Marion Brun, Denis Martouzet, Les délaissés urbains : supports de nouvelles pratiques et représentations de la nature spontanée ? , 2019 28 13

Véritables outils pour comprendre la ville, les espaces interstitiels portent en eux la marque de son évolution, de son morcellement ou encore de sa modernisation.

Leur existence même est une preuve d’un historique territorial, d’un tissu urbain remodelé pour s’adapter aux transformations urbaines.

Situés à la frontière entre deux processus urbains – celui ayant causé leur apparition et celui visant leur réactivation - ils se distinguent par une temporalité spécifique, en rupture avec celle de nos urbanités.

Cette temporalité spécifique se caractérise par une position d’entre-deux ; Profondément marquée par un historique mais également en attente d’une renaissance pour prendre part entièrement à la vie urbaine.

3. TEMPORALITÉ

« Je pense que rien n’est jamais pérenne, il s’agit d’une vision d’architecte que de croire que l’on construit pour l’éternité. » 15

Démarche projectuelle : Des terrains souvent pris d’assaut Les espaces interstitiels sont très souvent prisés et convoités pour la réalisation de projets immobiliers. C’est le cas d’une grande partie des espaces interstitiels que j’ai relevés à l’Ouest de Montreuil, dans le quartier Robespierre, mitoyen à la capitale.

Représentant de véritables terrains faisant l’eau à la bouche ils sont vite pris d’assaut par les promoteurs. Dans l’attente de la construction d’un projet à long terme, des opérations d’activation temporaire peuvent être mises en place ; Nous expliciterons ces stratégies dans une partie suivante du mémoire.

Cependant de nombreux interstices sont localisés dans des sites excentrés, moins « populaires ». La plupart d’entre eux perdurent dans le temps justement à cause de ce manque d’intérêt pour les territoires en périphérie. Nous pouvons alors nous interroger :

Qu’en est-il de ces espaces interstitiels non-prisés ?

Si les interstices proches de Paris ont tous un dessein défini pour les prochaines années, ce n’est pas systématiquement le cas pour ceux situés en périphérie, dans des secteurs souvent moins bien desservis ; Par extension, l’interstice est donc considéré comme moins « intéressant ». À cela s’ajoute le paramètre de valeur foncière des terrains, nettement moins attractive dans ces secteurs.

J’ai choisi d’étudier un espace interstitiel situé dans un quartier enclavé, justement parce qu’il n’était pas accaparé par un projet immobilier. Suspendu dans le temps, ce territoire était « en veille » et l’absence de projet prédéfini par la ville m’a évoqué une certaine liberté d’intervention.

15

Patrick Bouchain, Construire autrement, comment faire ? , 2006 29

Différentes stratégies et modalités d’intervention sont engagées au sein des interstices. Voici celles qui m’ont permis de construire mon positionnement pour penser l’intervention à travers le projet :

•

URBANISME TRANSITOIRE

L’urbanisme transitoire représente une des stratégies les plus fréquemment adoptées face aux espaces interstitiels.

Il consiste en l’occupation passagère de lieux publics ou privés, généralement comme préalable à un aménagement pérenne 16 ; Mettant à profit un patrimoine immobilier vacant.

L’urbanisme transitoire considère les délaissés comme des réserves foncières stratégiques dans un contexte de forte pression.

Cette stratégie fait écho aux temporalités actuelles de l’aménagement urbain et à ses temps longs : Chaque projet urbain présente des temps d’arrêt, des rythmes ralentis par moments, qu’il est possible d’optimiser.

Il s’agit donc de profiter d’un moment de transition d’un site, en intervenant en vue d’un projet urbain futur, en préfiguration.

Cette première stratégie soulève les questions suivantes : -

Comment l’urbanisme transitoire participe à une inflation des prix ?

-

Quel modèle économique adopter pour trouver un équilibre financier dans le cadre

de projets transitoires ?

l 16

30

Définition issue du site Wikipédia

m

n

URBANISME TACTIQUE :

Action qui vient par le bas, l’urbanisme tactique est un urbanisme citoyen, participatif et éphémère porté par des habitants et communautés visant une transformation de la ville ; Plus conviviale et agréable 17. Il se caractérise par une petite échelle, un coût réduit et une réalisation à court terme.

Il s’agit de réactiver des lieux oubliés en stimulant des usages inédits par l’occupation éphémère, l’expérimentation in situ et l’événementiel festif.

L’urbanisme tactique s’affirme en opposition aux rythmes urbains actuels, en

3. STRATÉGIES

•

réaction à une crise de la planification (considérée comme trop lourde, trop lente) dans un contexte où les modes de vie et pratiques évoluent sans cesse.

En effet certains projets s’avèrent obsolètes au moment de leur livraison, constituant une aberration.

Cette stratégie place les usagers au coeur de la démarche.

S’appuyant sur la « maitrise d’usage » qu’ont les usagers sur leur espace de vie, l’urbanisme tactique s’enrichit d’une compréhension réelle des besoins de la population : efficace car in situ.

Encourageant la collaboration entre les différents acteurs d’une communauté, le sentiment d’appartenance à une ville est renforcé.

Cette stratégie soulève les questions suivantes : -

Comment aller vers une institutionnalisation et une reconnaissance de cette

stratégie urbaine ?

-

Comment considérer ce modèle comme un outil urbanistique à part entière ?

o

p

Nicolas Douay, Maryvonne Prévot, Circulation d’un modèle urbain «alternatif» ?

Le cas de l’urbanisme tactique et de sa réception à Paris , 2016

q

17

31

•

ATTENTE D’UNE HAUSSE DES PRIX / D’UN RÉINVESTISSEMENT POUR URBANISER

Cette stratégie concerne souvent des zones ayant connu un développement ou une gentrification. Durant cette période d’attente, qui peut s’étendre des années, ces espaces peuvent être investis comme des lieux ouverts à la pratique et à la participation citoyenne : Jardins partagés à Paris, Community Garden à New York.

Une fois le prix des terrains remonté, les conflits entre usagers et politiques emergent : Les usagers ainsi que leurs mobilisations collectives au sein de ces espaces sont souvent écartés en faveur d’une revente du terrain par la mairie, à des promoteurs privés.

Ce fut notamment le cas à New York, avec l’exemple des Community Garden : Entre 1960 et 1970, de nombreux espaces vacants ont émergé suite à l’abandon de nombreux bâtiments, suite au contexte de crise fiscale, de faillite et de corruption. Plus de 10 000 espaces vacants ont vu leur statut de propriété privée évoluer vers celui de propriété publique.

C’est ainsi que les habitants ont commencé à investir ces terrains, en les transformant en jardins.

Suite à cette mouvance, la ville a initié plusieurs programmes visant à encourager le développement de ces jardins comme la Citywide Resident Garden Competition ou GreenThumb.

En 1994, la conservation de ces espaces vacants en tant que community garden se voit menacée, suite à l’intronisation de Rudy Giuliani dont la politique veut lutter contre la crise du logement.

Il envisage une utilisation provisoire des jardins, qui seraient éventuellement développés en logements : Les logements proposés sont en majorité au taux du marché et seulement 20% d’entre eux sont disponibles pour des ménages à revenus moyens ; Créant ainsi un conflit entre l’administration et les défenseurs de l’écologisation de la ville. Giuliani se confronte a de nombreuses oppositions – citoyennes et politiques, notamment du parti démocrate.

r 32

r

s

En 2002, ces controverses connaissent un apaisement avec le maire Michael Bloomberg.

Durant cette période, 500 jardins on été préservés, places sous juridiction des agencies municipales.

Il ne s’agissait plus de gérer le conflit opposant les logements aux jardins, mais plutôt de le recadrer autour de la question de qualité de vie pour les communautés locales.

L’exemple des community garden reflète assez justement les enjeux soulevés par les territoires vacants, et les conflits induits entre poliltiques publiques et habitants, désireux de voir se developper ces espaces du vivre-ensemble.

La portée de ces espaces s’étend à la lutte contre des périodes constantes de gentrification des quartiers, ou encore de développement ; Positionnant ces espaces comme des terrains de communauté et d’expression ethnique à préserver absolument.

Cette stratégie soulève les questions suivantes : -

Quels sont les enjeux à considérer pour ces territoires stratégiques hormis les enjeux

économiques évidents ?

-

Quels sont les outils pour entamer un dialogue constructif entre collectivités et

communautés ?

t

u 33

•

SUPPORT DE PROJETS EXPÉRIMENTAUX ET TEMPORAIRES

Dans le cadre de cette démarche, le futur du site n’est pas décidé. Cette nuance fait la difference avec une démarche d’urbanisme transitoire dans laquelle bien souvent le projet prévu sur le site tarde simplement à arriver.

La démarche d’expérimentation fait écho au caractère incertain et imprévisible de l’interstice. Il n’existe pas de bonne réponse ou de processus classique à adopter pour penser la revitalisation d’un espace interstitiel, les solutions envisagées peuvent émerger de séries de tests, de mises en situation et d’usages répondant aux besoins ressentis in-situ.

Il s’agit donc d’une démarche de tâtonnement qui confronte le site à des hypothèses formulées au préalable. On reconnait une part d’absence de maitrise dans la démarche, sans être assuré de l’obtention systématique de résultats.

La temporalité de la démarche facilite le démarrage de ces initiatives, puisqu’on lui reconnait un début et une fin prédéfinies.

Cette stratégie permet une revalorisation de l’espace oublié ainsi qu’une amélioration de son image ; Permettant d’entrevoir à long terme, sa mutation et de l’accélérer.

D’autres opérations ponctuelles de revitalisation peuvent également voir le jour, avec pour objectif de soigner ces zones sensibles. à l’image d’une démarche d’acupuncture urbaine.

v 34

w

Le restaurant Nomad de Toyo Ito s’inscrit dans cette démarche : Conçu comme un refuge provisoire, ce restaurant met en scène la satisfaction du besoin primaire de s’alimenter autour d’un cadre théâtral où se mêlent scénographie, gastronomie et architecture. Ce restaurant s’insère à l’emplacement d’une parcelle initialement investie par un projet de promoteurs, ayant finalement été reporté uniquement sur la parcelle mitoyenne.

Le projet fait également écho à son contexte de quartier de loisirs et de spectacles.

Ainsi, au lieu de laisser cette parcelle en attente, on expérimente de nouvelles façons de faire projet, de manière innovante.

La dimension événementielle s’avère très sollicitée dans le cadre de projets expérimentaux et temporaires.

Cela s’explique notamment par leur durée limitée et leur capacité à attirer les usagers et produire une dynamique efficace : L’usager – grâce à l’expérience événementielle vécue – associe l’interstice à un souvenir fort, marquant son esprit et sa perception de l’espace interstitiel considéré.

Ainsi ces projets expérimentaux et temporaires produisent des micro-dynamiques urbaines, invitant à réfléchir sur le devenir des interstices.

Cette stratégie soulève les questions suivantes : -

Est-il possible de pérenniser les activités induites par ce modèle ?

-

Quels sont les acteurs à l’origine de ces projets ?

-

Dans quelle mesure la fin de leur temporalité marque le début d’une nouvelle

démarche de projet ?

x

y 35

Il existe un « potentiel de transformation intrinsèque qu’il est possible d’activer aussi à travers la transformation et la valorisation de certains éléments, même apparemment sans importance ou de dimensions minimales à l’intérieur du contexte.

Des éléments qui peuvent donc servir de pivot pour déclencher de nouvelles relations capables d’investir différentes échelles. . »

« Contrairement à la culture occidentale, la culture orientale considère le vide comme un «plein», structure matrice chargée de significations; le vide n’est pas le rien; il est «plein» de tout ce qui change, de ce qui est en mouvement continu, produit par les interférences qui trouvent en lui l’espace pour se générer et s’épanouir. » 18

Remettre en question l’efficacité de la planification urbaine actuelle Alternative à la composition classique de la ville, l’interstice effectue une remise en question de son efficacité et réinterroge plusieurs enjeux urbains et sociaux : Place des habitants et collectivité participative, place de l’espace public, de la nature en ville…

Son statut provisoire et incertain ainsi que son absence de fonctions et normes officielles permet d’entrevoir d’autres moyens ouverts et collaboratifs de créer la ville.

Dans le cas de projets temporaires, on propose une nouvelle façon de faire la ville, expérimentale et engageant un processus beaucoup plus rapide que ceux traditionnellement entrepris en ville ; Souvent trop longs et obsolètes à terme.

Il s’agit d’espaces aux fonctions moins rigides, dans lesquels on expérimente des projets innovants, différents et qui naissent in situ.

18

36

Roberto d’Arienzo, Chris Younès, Synergies urbaines : Pour un métabolisme collectif des villes, 2018

Ces espaces représentent de véritables respirations en ville, espaces de rencontre ou l’on retrouve des rapports de voisinage, des liens avec la nature ; Espaces devenus indispensables dans nos urbanités.

INTÉRÊT : CADRE DE PLANIFICATION URBAINE

L’interstice se positionne comme un « rez-de-chaussée de la ville » : un espace-temps où se croisent de nombreuses communautés de vie et de travail.

Terrain propice à la co-existence de multiples singularités, l’interstice constitue une part de commun au sein d’un collectif, loin des replis identitaires caractéristiques de nos urbanités auto-centrées.

4.

Faire co-exister de multiples singularités

Ainsi, l’interstice s’affirme comme le terrain d’un imaginaire urbain, architectural et paysager très riche, où s’inventeraient de nouvelles relations sociales et activités économiques.

37

II. ÉTUDE DE CAS : LES ESPACES INTERSTITIELS À MONTREUIL

38

39

MONTREUIL : Une porte d’entrée vers la Métropole

Localisé aux portes de la Métropole, Montreuil jouit d’une position stratégique.

La commune s’enrichit d’une mixité socio-économique et d’une grande diversité sociale.

Ce territoire présente des traces d’une urbanisation datant du XIXème siècle axée autour de l’artisanat et de l’industrie, reconnaissable par son tissu mixte de faubourg formé à partir du parcellaire agricole maraîcher en lanière.

En effet depuis le Moyen-âge, Montreuil a accueilli en son sein de nombreuses productions maraîchères dont celle des pêches, devenue un véritable symbole de la commune.

Vers la fin du XIXème siècle, de nombreuses industries ont rayonné à Montreuil : cinéma, exploitation de gypse, briqueteries, transformation de peaux ...

Laissant place de nos jours à des usines et ateliers reconvertis ou encore délaissés.

Aujourd’hui on constate un embourgeoisement relatif de la ville, accueillant de jeunes adultes actifs dont beaucoup faisant partie du monde de la culture.

La ville a pour projet le prolongement des lignes 9 et 11 du métro ainsi que de la ligne 1 du Tramway - prévue d’ici 2023 - dans le cadre du Grand Paris.

Actuellement les habitants se confrontent à un activisme des promoteurs, s’expliquant par la forte pression foncière et immobilière constatée, en particulier à l’Est parisien.

40

CONTEXTE TERRITORIAL 1.

NOISYLE-SEC ROMAINVILLE

ROSNYSOUSBOIS

BAGNOLET

PARIS

MONTREUIL

VINCENNES

FONTENAYSOUS-BOIS

4.5 km

Repérage de Montreuil dans la région francilienne

41

COMPRENDRE LE CONTEXTE D’INTERVENTION : LES MUTATIONS À VENIR

ROMAINVILLE

ROSNYSOUS-BOIS

BAGNOLET

MONTREUIL

FONTENAYSOUS-BOIS VINCENNES 1150 m

Projets d’aménagements (selon le PLUI d’Est Ensemble) et repérage du secteur d’intervention : Le Morillon

Plusieurs projets mêlant activité et habitat ont été pensés pour le secteur du bas-Montreuil (création de ZAC) et le Nord-Est de la commune (projets mixtes) depuis 2011.

En réponse à la problématique d’habitat insalubre, des projets de logements ont été adoptés, répondant à l’une des préoccupations majeures des politiques territoriales concernant l’aménagement de la commune.

42

OCCUPATION DU SOL ET ÉVOLUTIONS

a

b

Evolution de l’occupation des sols entre 2008 et 2017

c Selon le diagnostic du PLUi Est Ensemble, depuis 2008, les principales évolutions constatées à Montreuil sont les suivantes : - Les espaces ouverts artificialisés, en baisse, sont passés de 128.8 à 121.1 hectares.

- L’habitat individuel et collectif, en hausse, sont respectivement passés à 234.1 hectares (contre 233.5 hectares) et 216 hectares (contre 210.9 hectares en 2008).

- Les activités, en légère baisse, sont passées de 188.8 hectares à 184.1 hectares.

Source : PLUI Est Ensemble 43

ÉQUIPEMENTS D’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Montreuil se distingue des autres territoires d’Est Ensemble par le plus grand nombre d’équipements d’enseignement supérieur qu’elle accueille.

On reconnait une ambition ferme de la commune pour soutenir la formation et l’insertion professionnelle de ses habitants.

d Équipements d’enseignement supérieur recensés en 2015 (selon le PLUI d’Est Ensemble)

44

1.

HETIC : école de la Tech et des métiers du digital

2.

ODE Formation : Formations aux diagnostiqueurs immobiliers

3.

Ecole Nationale de Musique et de Danse

4.

AFPA : Centre de formations en alternance

5.

IUT Montreuil : Formations universitaires à vocation professionnelle

En 2016, Montreuil accueille 108 402 habitants.

Sa population varie de +0.8 % chaque année, contre +0.3 % à l’échelle de la Métropole (moyenne de 2010 à 2015).

En 2015, les moins de 20 ans représentent 25.8 % des habitants montreuillois, contre 24.3 % pour la Métropole.

Montreuil se caractérise donc par une population jeune : Plus de 4 habitants sur 10 ont moins de 30 ans.

Enfin, entre 2009 et 2014, la commune accueille 21.2 % de familles nombreuses (contre 20.0 % pour la Métropole) ainsi que 31.4 % de familles monoparentales (contre 10.4 % pour la Métropole).

CONTEXTE DÉMOGRAPHIQUE

Afin de mieux cerner le contexte montreuillois et ses caractéristiques, j’ai relevé quelques données numériques, se rapportant d’abord à la démographie de cette commune.

1.

MONTREUIL : LES CHIFFRES (DÉMOGRAPHIE)

(Graphiques se référant au territoire d’Est Ensemble)

Source : PLUI Est Ensemble, INSEE 45

MONTREUIL : LES CHIFFRES (FORMATION ET EMPLOI) D’autres données numériques sont importantes à relever, notamment en termes de formation et d’emploi afin de mieux connaître les usagers visés par le projet ainsi que leurs possibilités professionnelles.

Les données suivantes sont relatives à la commune de Montreuil. À titre de comparaison, les mêmes données sont données à la page suivante, à l’échelle de la Métropole.

Source : INSEE, Dossier complet sur Montreuil, 2021 46

En ce qui concerne les typologies d’emplois par catégorie socioprofessionnelle, Montreuil se distingue néanmoins par un taux de cadres et professions intellectuelles supérieures dépassant les 35%, en nette augmentation depuis 2008 (contre environ 18% pour la Métropole).

CONTEXTE SOCIO ÉCONOMIQUE

En 2018, les jeunes à partir de 15 ans sont plus nombreux à avoir décroché leur brevet, CAP, BEP et baccalauréat en Métropole qu’à Montreuil.

De nombreux jeunes montreuillois subissent donc cette lacune en termes de qualifications, pouvant faire frein à leur insertion professionnelle.

Le taux de chômage à Montreuil en 2018 reste systématiquement supérieux à celui de la Métropole, dépassant les 35% d’hommes au chômage entre 15 et 24 ans ; Chiffre témoignant d’une réalité assez alarmante pour la jeunesse montreuilloise.

1.

Si le taux de scolarisation reste assez similaire entre Montreuil et la Métropole, on relève néanmoins plusieurs disparités notables.

Source : INSEE, Dossier complet sur la France métropolitaine, 2021 47

J’ai effectué plusieurs arpentages sur site, organisés par secteurs : -

Un premier arpentage entre l’Est parisien et la Croix de Chavaux

-

Un deuxième depuis les murs à pêches vers le parc des Beaumonts

-

Un troisième, du Haut Montreuil : Longeant l’ancien tracé de l’autoroute A186,

passant par la future ZAC Boissière-Acacia et par le quartier des Morillons - Montreau.

J’ai completé mes recherches sur l’historique d’apparition des interstices par ces arpentages sur site, afin de relever les espaces interstitiels à Montreuil à travers le filtre de ces connaissances.

Cela m’a permis de confirmer et d’affiner ma classification par catégories interstitielles.

Cartographie interstitielle 48

49

2.

CATÉGORIES INTERSTITIELLES

Friche Dufriche – Rue de Paris

182 Rue Etienne Marcel

145 Rue de Paris

50

Rue Simon Dereure

CARTOGRAPHIE INTERSTITIELLE

Rue de la Côte du Nord

51

J’ai ainsi défini les catégories interstitielles suivantes, chacune présentant des spécificités à relever :

•

SITE ANCIENNEMENT OCCUPÉ ET DÉLAISSÉ

Apparus suite à l’expansion des villes, il s’agit souvent de zones de production devenues obsolètes ou d’axes ferroviaires mis hors d’usage, laissant derrière eux des bâtiments fantômes, assez dégradés.

•

CONSÉQUENCE D’UN DÉCOUPAGE DU TERRITOIRE

L’espace interstitiel apparaît à la suite d’un zonage ou découpage d’un territoire, laissant derrière lui un « reste » non bâti, qui n’entre pas dans les zones définies.

•

CONSÉQUENCE D’UN INACHÈVEMENT

La présence de ces interstices est dûe à une stratégie d’attente d’une hausse des prix pour urbaniser, ou d’un réinvestissement après des périodes de jachère.

Ces espaces non bâtis sont nombreux, localisés le plus souvent dans des zones touchées par la gentrification ou le développement.

•

ZONES FRONTALIÈRES

L’espace interstitiel - non bâti - naît à la frontière entre deux entités dont les limites sont diffuses, floues ; Comme dans un contexte de ville-campagne, par exemple.

•

ABANDON PAR LE PROPRIÉTAIRE, DÉMOLITION

Ces espaces apparaissent en situation d’urgence, quand un propriétaire se retrouve contraint de fermer de force, ou d’abandonner son terrain ; Laissant derrière lui un bâti destiné à une dégradation certaine, ou un terrain non bâti suite à un effondrement ou une démolition, par exemple.

52

Voici des exemples d’interstices relevés à Montreuil lors de mes arpentages.

Chaque exemple illustre une des catégories interstitielles définies.

•

SITE ANCIENNEMENT OCCUPÉ ET DÉLAISSÉ :

Friche Dufriche Ce terrain accueillait initialement une usine de transformation du gypse en plâtre, devenue aujourd’hui un terrain privé laissé à l’abandon.

La particularité de ce site est la halle qu’il accueille, réalisée par Eiffel et qui abritait annuellement le salon du livre de Montreuil.

Dans le cadre de la Zac Fraternité, un projet a été adopté pour cette friche : Détruire la halle Eiffel afin d’y intégrer des logements et commerces. Ce projet viendrait ériger un front bâti au niveau de la rue de Paris, qui bloquerait les percées visuelles présentes et ne conserverait que la cheminée existante.

Les interstices de cette catégorie sont souvent rapidement pris d’assaut par des projets de ce type, visant une rentabilité certaine ; Quitte à faire abstraction de la valeur patrimoniale des bâtiments existants, comme la Halle Eiffel ici.

Cheminée

Halle Eiffel, depuis Rue de Paris

Étendue du délaissé

Traces des populations itinérantes

Repérage 53

•

CONSÉQUENCE D’UN INACHÈVEMENT

182 Rue Etienne Marcel Il s’agit d’une longue parcelle anciennement maraîchère, à la limite entre Montreuil et Bagnolet avec comme particularité le chêne-liège, planté en 1960 et toujours existant.

Le terrain est récupéré par la mairie en 2005. L’association « Autour du chêne » y naît afin de protéger l’arbre, labellisé comme arbre remarquable. En 2007, le terrain est aménagé afin de développer les parcelles d’un jardin partagé.

Le terrain est ensuite vendu par la mairie en 2010 à un promoteur immobilier afin de créer du logement social accueillant des salariés de la RATP, Auchan et La Poste; Le permis est accordé.

L’association doit quitter les lieux pour la durée des travaux. Il est décidé de préserver le pavillon de l’association et de restituer après travaux l’emprise du jardin partagé actuel.

En 2012 l’immeuble du 182 est évacué, menaçant de s’effondrer. Les habitants de l’immeuble sont forcés de quitter leur habitation et certains sont relogés. Les promoteurs mettent la pression aux habitants de l’immeuble voisin afin de le démolir, mais les habitants refusent. Ils déposent des plaintes envers la ville. Le permis est retiré sans raison, fin 2012, ce qui conduit à l’abandon de la parcelle.

Dans le cadre du PNRQAD de Bagnolet, un projet mêlant logements, places de stationnement et commerces devrait voir le jour d’ici 2022 mais rien n’a été démarré.

Interstice, depuis la Place de la Fraternité

Étendue du délaissé 54

Jardins partagés initiaux

Repérage

•

CONSÉQUENCE D’UN DÉCOUPAGE DU TERRITOIRE

Rue de la Côte du Nord Cette rue s’étend dans un secteur mêlant deux tissus bâtis différenciés : Un tissu pavillonnaire hétérogène et très modeste, avec un tissu de grands ensembles de logements collectifs.

Le tracé du futur projet de prolongement du Tramway T1 vers Fontenay-sous-Bois passera par cet espace interstitiel et y prévoit un arrêt : La station « Côte du Nord » Plusieurs projets d’aménagements ont été pensés pour accompagner cette nouvelle desserte en transports, qui viendront s’implanter le long du tracé.

e Tracé du Tramway T1 (actuel et futur)

Les nombreuses parcelles de terrain inutilisées qui bordent cette rue seront intégrées au projet, et permettront d’agrandir les voies, trottoirs et bordures plantées.

Étendue de l’interstice

Repérage

Strates : Route, stationnement, prairie, bâti

55

•

ZONES FRONTALIÈRES

Rue Simon Dereure Cet interstice s’étend à la frontière entre Montreuil et Rosny-sous-Bois.

Il s’agit d’un terrain enclavé à l’Est, entre la A86 et l’Ouest de Rosny.

Cette zone frontalière est victime de sa position peu avantageuse : Elle ne semble pas appartenir à Montreuil puisqu’elle est localisée de l’autre côté de l’autoroute, et n’appartient pas à Rosny-sous-Bois à cause de ses limites administratives dont elle est exlue.

Cet enclavement est renforcé par le nivellement en pente du terrain.

Ces terrains sont souvent laissés intacts, pour plusieurs raisons : Généralement localisés sur des terrains difficilement aménageables (morphologie de la parcelle, pentes..), l’intervention paraît difficile et le terrain peu attractif.

Situés à proximité d’axes routiers, ils constituent des barrières sonores limitant les nuisances ainsi que des filtres naturels face à la pollution, grâce aux espèces végétales qui s’y développent.

Depuis l’Avenue de la République (Rosny-sous-Bois)

Depuis la Rue Diderot (Rosny-sous-Bois)

ROSNY MONTREUIL

Repérage 56

•

ABANDON PAR LE PROPRIÉTAIRE - DÉMOLITION

145 Rue de Paris La parcelle de cet interstice accueillait initialement un immeuble très dégradé au niveau de sa structure, des sanitaires et de ses installations électriques notamment.

Au vu de son état, l’immeuble a fait l’objet d’un arrêt d’insalubrité irrémédiable avec interdiction d’habiter en 2004.

Désaffecté depuis 2011, le bâtiment était promis à la démolition.

Il fût rapidement squatté et tagué.

En 2019 l’immeuble s’effrondre, sans victimes à déplorer.

Depuis les décombres ont été dégagés, laissant un vide entre les deux immeubles mitoyens, atténué par des étais.

Dans le cadre de la ZAC Fraternité, un projet a été pensé pour le réinvestissement de cette parcelle, proposant la construction de logements sociaux et d’un commerce en RDC.

Intérieur de l’espace interstitiel : étais pour préserver les bâtiments mitoyens

Depuis la Rue de Paris

Bâtiment après effondrement (2019)

Repérage 57

Repérage du site d’étude 58

59

3.

CHOIX DE SITE

QUARTIER DU MORILLON • • •

6 370 habitants 3 200 logements (1500 logements privés - 1 700 logements sociaux) Superficie : 73 ha

Le quartier du Morillon se positionne comme un quartier prioritaire dans le cadre du Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain, à cause de son accès limité aux services et aux transports.

Il est composé de grands ensembles datant des années 60, rattachés à l’Office Public de l’Habitat Montreuillois (OPHM).

Ce quartier souffre d’un enclavement significatif. Situé sur un terrain en creux, il est isolé par différentes coupures urbaines majeures (autoroute, fort militaire, parc Montreau).

Pensée essentiellement pour les voitures, la conception des grands ensembles du quartier ainsi que les pentes importantes compliquent l’accès pour les piétons.

Ne disposant que de peu d’activités économiques et de quelques équipements - obsolètes pour la plupart - ce quartier est à dominante résidentielle.

Connaissant des difficultés d’accès aux services et un sentiment fort d’isolement, les habitants de ce quartier ambitionnent un désenclavement plus que nécessaire pour l’avenir du territoire.

f Carte du quartier 60

Voici les objectifs stratégiques pour le quartier du Morillon, formulés dans le cadre du Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain :

• Désenclaver le quartier et recoudre les différents tissus • Préparer l’arrivée du T1, améliorer le cadre de vie et le maillage des espaces publics • Améliorer l’offre d’habitat • Encadrer l’évolution urbaine des quartiers pavillonnaires, • Développer et améliorer l’offre en équipements • Renforcer les pôles commerciaux, les activités et les services • Développer la trame verte en valorisant les espaces verts et ouvrir le parc Montreau sur le quartier

g Cité du Parc Montreau-Le Morillon 61

ENQUÊTE AUPRÈS DES HABITANTS

Lors d’une visite sur site, je suis allée à la rencontre d’usagers habitant, travaillant ou passant par Montreuil quotidiennement afin de connaître leur pratique “in situ” et leur avis sur l’avenir du territoire.

Dans le cadre d’entretiens, j’ai sollicité des usagers d’âge, de niveau scolaire et professionnel différents afin d’obtenir une multiplicité d’avis.

Les questions posées étaient les suivantes :

•

Qui habite et vit au Morillon ? (âge, revenus, profession)

•

Est-ce qu’il y a eu des initiatives des habitants pour occuper la jeunesse du quartier ?

Est-ce qu’il y a eu des initiatives de la ville ?

•

Est-ce qu’il y a eu des initiatives pour l’emploi-insertion des jeunes ?

•

Qu’est-ce que vous préférez au Morillon ?

•

Qu’est-ce qu’il vous manque ?

•

Quelles sont, à votre avis, les attentes de la population pour la transformation du site ?

MON SITE :

62

•

Comment pratiquez-vous le site ?

•

Quels sont, à votre avis, les enjeux de ce site ?

Entretien n°1 Bassiri - 13 ans Place Le Morillon •

Qui habite et vit au Morillon (âge, revenus, profession) ?

Des familles et des jeunes (environ 13 ans) du quartier.

Certains d’entre eux ont même signé dans des clubs sportifs.

•

Est-ce qu’il y a eu des initiatives pour occuper la jeunesse du quartier ?

Un événement sportif a été organisé il y a quelques années ; Le Grand Maillot du Mali •

Qu’est-ce que tu préféres au Morillon ?

“C’est comme un village. Ici, tout le monde se connaît, on est toujours ensemble.”

“Il y a le service municipal jeunesse (SMJ) et les jeunes y vont pour s’occuper”.

•

Qu’est-ce qu’il manque ?

Il faudrait refaire tous les bâtiments.

Il manque des activités pour les jeunes aussi.

63

Entretien n°2 Abdoulaye Sow - 41 ans Service Municipal de la Jeunesse « La Passerelle » •

Qui habite au Morillon ?

Il y a une grande disparité : Population très jeune et très vieillissante à la fois La population est mixte : Africains, magrébins, français, gitans, indiens, chinois…

•

Est-ce qu’il y a eu des initiatives de la ville pour occuper la jeunesse du quartier ?

Il y en a toujours eu avec le service jeunesse, le centre social, les associations, le club de boxe… Ces initiatives pour accompagner les jeunes fonctionnent bien grâce à la combinaison du centre social (pour les jeunes jusqu’à 10 ans) avec l’antenne de quartier (à partir de 11 ans).

•

Est-ce qu’il y a eu des initiatives de la ville pour l’emploi ?

Le quartier connaît un gros taux de descolarisation et de chômage.

Un grand projet pour l’emploi est en cours, des reunions de climat social sont organisées pour évaluer la situation, en partenariat avec le centre social, Rues et cités, de DVQ (développement vie et quartier) et la bibliothèque.

Il y a un point d’information jeunesse dans l’antenne pour accompagner les 16-25 ans à rédiger leur CV, lettre de motivation… Des offres d’emploi sont régulierement affichées par l’antenne, en lien avec le DVQ. Il y a un gros besoin d’insertion. C’est un problème dans le Morillon mais aussi dans Montreuil en général. Un travail a été engagé avec des anciens détenus réinsérés, ayant ouvert une association. En effet, il est très difficile de se réinsérer pour un jeune qui a un casier judiciaire.

•

Qu’est-ce que vous préférez au Morillon ?

C’est la cohésion sociale, la mixité de la population. Le relationnel entre les différentes institutions territoriales (secteur Montreau-Ruffins), en perpétuelle recherche de nouveaux projets, initiatives et subventions.

La place du Morillon est historique, on a l’impression que c’est un petit village.

Cependant, la proximité fait qu’un certain enclavement se resent.

Il y a des petits commerces, cela peut créer un certain enfermement sur soi même, on est loin de la mairie etc.. Les gens sont sédentaires, ils ne bougent pas assez.

64

•

Qu’est-ce qu’il vous manque au Morillon ?

Une antenne jeunesse moderne, plus grande pour accueillir plus de jeunes.

Il manque de l’emploi pour les 16-25 ans, et des commerces pour que les personnes agées n’aient pas à se déplacer trop loin. Apparemment, le supermarché Leader Price va fermer, c’est dommage il est vital pour les habitants.

Il manque aussi des dentistes, du personnel pour assurer des soins.

On ressent un besoin d’espaces et de salles pour accueillir plus d’associations.

Il manque également un accès aux transports, mais le Tramway va arriver.

•

Quelles sont les attentes de la population pour la transformation du Morillon ?

Les habitants attendent le Tramway avec impatience, il est vital.

Il serait bien de refaire les terrains de sport, les sols, qui sont pour la plupart assez dégradés.

•

Quelles sont les inquiétudes des habitants ?

Montreuil va bientôt connaître de grands bouleversements.

Les habitants ont peur d’être laissés pour compte à cause de l’enclavement du quartier, dans le cadre du Grand Paris.

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Entretien n°3 Magalie - 32 ans Rue Babeuf •

Qu’est-ce que vous préférez au Morillon ?

Ce qui m’intéresse quand je viens ici ce sont les parcs, les espaces verts.

J’habite à Rosny et je viens souvent pour profiter des espaces naturels, Ici on cohabite tous..

•

Quelles sont les attentes de la population pour la transformation du Morillon ?

Si je voulais améliorer quelque chose ça serait apporter plus d’espaces verts, pour mon fils surtout. On a besoin de contact avec la nature, et c’est ce qui me manque la où j’habite, dans la ville à Rosny.

Il faudrait aussi plus d’espaces de rencontres, parce que généralement on croise les gens dans la rue sans les voir, il n’y a pas vraiment de rapport de voisinnage.

Peut-être aussi faire pousser des legumes, cultiver des choses.

Je pense aux enfants maintenant que je suis maman, et ils ont besoin d’activités comme celles-ci.

Je pense qu’il y a quelque chose à faire avec les écoles aussi, les faire venir ici, et proposer des visites du jardin.

•

Comment pratiquez-vous le site ?

Ici, je viens souvent pour voir les chèvres (sur la parcelle devant la maison de retraite).

La ville a fait un projet d’éco-pâturage en été, les chèvres viennent et rasent toute la pelouse.

Je me ballade avec mon fils ici, j’emprunte souvent ce passage. On est à 10 minutes.

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CARTOGRAPHIE : REPÉRAGE DU SITE DANS LE MORILLON

Actuellement le site est desservi par le Bus 122 et 127.

L’arrivée prochaine du Tramway T1 - d’ici 2023 - va faciliter la desserte de ce secteur excentré de Montreuil, favorisant la mutation du territoire et son ouverture vers le centre de la commune.

Le site sera donc accessible en quelques arrêts de bus, en quelques minutes.

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Le site est localisé à l’articulation entre deux tissus urbains différents : 1. Le tissu pavillonnaire à la frontière avec Rosny-sous-Bois 2. Le tissu des Grands Ensembles regroupant les barres de logement du Morillon ainsi que la résidence sénior Les Blancs Vilains.

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Notre contexte d’étude est à dominante résidentielle, regroupant également quelques établissements scolaires, sportifs et activités de commerces et de services.

Le site est à proximité de la centralité des Morillons, très fréquentée, mais proposant une offre de commerces et espaces de service assez vieillissants, favorisant l’enclavement des habitants du Haut-Montreuil.

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ABANDON PAR LE PROPRIÉTAIRE - DÉMOLITION CONSÉQUENCE D’UN DÉCOUPAGE DU TERRITOIRE

LE SITE : 110 Rue Babeuf Le site d’intervention est localisé au coeur d’un secteur excentré à dominante résidentielle, entre le parc Montreau et la limite de Montreuil au Nord-Est.

•

110 RUE BABEUF : CONSÉQUENCE D’UN DÉCOUPAG ABANDON PAR LE PROPRIÉTAIRE Ce territoire est constitué de trois spatialités majeures : 1.

Un premier espace interstitiel, à l’arrière de la Résidence Sénior des Blancs Vilains STRATÉGIE D’INVESTIR LES RECOUPES D’ESPACES (conséquence d’un découpage du territoire) DÉJÀ COMPROMIS 2.TERRAINS Un deuxième espace interstitiel, sur :un terrain accueillant une maison abandonnée et un Sous-équipement constaté, potentialités jardin en gradins (conséquence d’un abandon par le propriétaire) 3. Un passage en montée reliant la Rue des Blancs Vilains avec la Rue Babeuf, donnant accès - Secteur excentré à dominante résidentielle, entre le parc Montreau et la limite de Montreuil au aux deux interstices mentionnés plus haut

Nord-Est,

Concernant le passage en montée, il s’agit d’une circulation empruntée quotidiennement par les habitants de Montreuil et de Rosny-sous-Bois. Un projet avait été initié par les habitants pour une - Interstice à l’arrière de la Mairie annexe de Montreuil, desservie par un passage en montée, demande de budget participatif, avec comme objectif de rendre le passage moins lugubre (mettre entre la Rue des Blancs Vilains et la Rue Babeuf de la couleur sur les marches) et le nommer. Il n’a jamais été réalisé.

Cette démarche témoigne d’une volonté de la part des usagers de voir renaître ce site assez fréquenté, mais peu considéré du fait de sa localisation périphérique à la commune.

-

Projet initié par habitants pour une demande de budget participatif : Rendre le passage moins lugubre (mettre de la couleur sur les marches) et le nommer. Il n’a jamais été réalisé.

Face à ce site, ma stratégie consiste à investir les recoupes d’espaces ainsi que les terrains déjà compromis afin de répondre à un sous-équipement constaté et de révéler des potentialités.

-

Maison abandonnée de l’autre côté du passage, avec un jardin en gradins : parcelle bâtie à investir

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ab Rue B

PARC MONTREAU

Rue des Blancs Vilains QUARTIER DU MORILLON

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Repérage du site Repérage

Plan cadastral : Repérage des parcelles Passage et espace interstitiel

Photos sur site 71

J’ai défini une méthodologie de diagnostic de site en m’appuyant sur un constat de l’espace interstitiel retenu.

Dans un premier temps, j’approche le site par l’étude de son contexte : Son insertion dans le tissu urbain, les axes principaux et secondaires qui l’encadrent ainsi que les infrastructures de transports à proximité.

L’étude se poursuit par le constat de la densité bâtie autour de l’interstice, le rapport plein-vide.

Ensuite j’observe les flux existants ainsi que leur articulation entre eux dans la composition de la rue.

Enfin je relève les séquences urbaines perçues jusqu’à l’arrivée vers l’espace interstitiel et effectue un état des lieux du site afin de composer avec l’existant.

Toutes ces caractéristiques vont influencer la perception de l’usager face à l’urbanité qu’il occupe.

Ce constat va permettre de cerner et définir plus précisément les enjeux de mon intervention.

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DIAGNOSTIC 4.

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73

La densité bâtie influence nettement la perception que se fait l’usager de son cadre de vie. Ayant le pouvoir d’impacter son sentiment de bien-être en ville, elle s’avère donc decisive.

Ainsi la hauteur des bâtiments, leur emprise au sol et leur forme urbaine sont des paramètres à considérer dans la perception d’un paysage urbain.

L’interstice fait écho aux espaces libres non-bâtis du site, et constitue une respiration dans le tissu urbain.

Constat volumétrique du site : Rapport plein-vide

74

75

Le site présente une pluralité de moyens de desserte.

La rue Babeuf est traversée par des piétons, cyclistes - circulant sur le trottoir et automobiles. La circulation y est ralentie par des dos d’ânes, récemment installés afin d’inciter à la prudence dans les virages.

La Rue des Blancs-Vilains accueille les mêmes flux et assure également une desserte par les transports en commun (bus 122).

Certains passages sont réservés aux pietons permettant une circulation douce, au coeur d’espaces arborés (passage en montée du projet et passages depuis les Blancs-Vilains vers le Morillon).

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Passage vers le Morillon

Cycliste, Rue Babeuf

Passage vers le Morillon

Passage en montée

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Lors de mes arpentages, j’ai selectionné plusieurs points de vue repérés depuis les Morillons vers le site d’intervention afin de mieux cerner les séquences urbaines perçues jusqu’à l’arrivée vers le projet.

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1

2

3

4

5

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6

5

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2

1 Repérage des séquences urbaines

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ÉTAT DES LIEUX Passage en montée

Afin de mieux cerner les enjeux de l’intervention au sein du site, j’ai décidé de réaliser un état des lieux de l’existant.

Nous allons nous intéresser aux trois spatialités qui constituent le site : Le passage en montée, la résidence sénior des Blancs Vilains ainsi que la maison abandonnée.

Le passage en montée relie la rue des Blancs Vilains à la rue Babeuf.

Emprunté quotidiennement par les usagers depuis Montreuil ou Rosny-sous-Bois, il s’agit d’un axe majeur de l’intervention.

Son nivellement va constituer un point de départ pour travailler les accès aux espaces interstitiels de part et d’autre.

Rue Babeuf

Coupe urbaine 80

Rue des Blancs Vilains

81

ÉTAT DES LIEUX Résidence Sénior

Dans un premier temps, j’ai voulu comprendre la logique spatiale des niveaux de la résidence sénior.

Après des recherches sur site, j’ai pu esquisser des plans schématiques des niveaux, indispensables pour composer avec un vis-à-vis éventuel depuis la topographie.

La façade Nord - faisant face à la rue Babeuf - ne donnant que sur des circulations, la réflexion volumétrique du projet au niveau de la topographie se voit facilitée, et d’éventuels rapprochements peuvent ainsi être envisagés.

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Plan schématique du RDC

Façade Nord - Depuis la topographie 82

Accueil

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Circulation

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Circulation

Plan schématique des niveaux

83

ÉTAT DES LIEUX Maison existante

La topographie accueille plusieurs platanes dont la localisation va guider l’implantation volumétrique du projet.

Du côté de la parcelle bâtie, on remarque au niveau de la maison existante une toiture très dégradée, à la charpente visible.

Une végétation spontanée se déploie sur la parcelle, au niveau de l’entrée de la maison ainsi que le long du jardin en gradins.

Plan masse de l’existant

84

Plan de toiture

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ÉTAT DES LIEUX Maison existante Plusieurs altérations en façade sont à relever.

Certaines ouvertures ont été murées dont une qui fut percée, probablement pour permettre l’accès à des squatteurs - hypothèse appuyée par les traces de vandalisme.

Les façades présentent des lichens, ainsi que des altérations dues aux intempéries.

On retrouve une végétation spontanée se déployant sur la façade Sud, caractéristique classique d’un espace interstitiel en situation d’abandon.

Élévation Nord Élévation Nord Élévation Nord

Percement Percement de de l’ouverture l’ouverture

Altérations Altérations de de l’escalier l’escalier pr p

86

Élévation Sud Élévation Sud Élévation Sud

Vandalisme Vandalisme :: Tags Tags

Percement de l’ouverture murée

Ouvertures murées et lichens en façade

Altérations de l’escalier principal

Vandalisme : Tags

Arbre à papillons « Buddleia Davidii » en façade87

ÉTAT DES LIEUX Maison existante Au niveau des façades Est et Ouest, on remarque l’effondrement partiel de la couverture, dévoilant la charpente par endroits.

La toiture présente des traces de combustion suite à un incendie ayant eu lieu dans la maison. On retrouve également d’autres traces de vandalisme et des fissures en façade.

Élévation Est Élévation Élévation EstEst

88

Élévation Ouest Élévation Ouest Élévation Ouest

Effondrement d Effondrement d Charpente visib Charpente visib

Vandalisme : T Vandalisme : Ta

Effondrement de la couverture Charpente visible

Traces de combustion (incendie)

Vandalisme : Tags

Altérations en toiture

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III. INVESTIR L’INTERSTICE : LE PROJET

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91

DUALITÉ INTERSTITIELLE DU SITE

Le site d’intervention se distingue par sa dualité interstitielle : Il présente deux espaces interstitiels de différente nature, selon la classification par catégories interstitielles définie plus haut.

•

INTERSTICE N°1 : Conséquence d’un découpage du territoire

L’implantation de la résidence sénior en milieu d’ilôt a défini un nouveau découpage du terrain, laissant derrière lui un « reste » non-bâti : L’interstice n°1.

•

INTERSTICE N°2 : Abandon par le propriétaire - démolition

Cette parcelle accueillait initialement un pavillon, en très mauvais état aujourd’hui suite à un incendie.

Le terrain ayant été saisi par un huissier de justice, le propriétaire a été contraint d’abandonner son logement.

S’agissant d’une parcelle bâtie, l’enjeu de l’intervention sera de composer avec cet existant.

Ces deux espaces interstitiels - aux temporalités suspendues - demandent à renaître. L’intervention sera définie par le catactère bâti ou non du terrain, qui modifiera alors la démarche de projet ; Visant à composer avec un existant ou à intervenir sur une parcelle « vide ».

Nous allons tenter de réactiver ces deux espaces par l’intermédiaire du projet architectural.

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1 1.

2

93

NATURE INTERSTITIELLE

STRATÉGIES URBAINES FACE AUX INTERSTICES Synthèse Face au devenir des interstices, on relève différentes stratégies urbaines sollicitées, remettant en question la composition classique de la ville.

Voici les éléments principaux retenus par ma démarche de projet s’inspirant de ces alternatives, énoncées dans la première partie du mémoire. 1 Ces modalités d’intervention m’ont permis de nourrir ma réflexion de projet et de définir ma propre stratégie, plus ou moins en accord avec ces démarches déjà expérimentées.

TEMPORALITÉ Tout d’abord, ces interventions travaillent beaucoup sur la flexibilité, car elles doivent pouvoir s’effacer, s’adapter.

Leur temporalité est souvent bien définie, connaissant un début et une fin.

Il me semble qu’une certaine flexibilité est à attendre des planificateurs, justement parce que certains phénomènes vont être observés, certaines stratégies urbaines vont être reçues d’une manière spécifique par les usagers, et il faut pouvoir agir en fonction de leur efficacité ou non.

Dans le cadre de la stratégie d’attente d’une hausse des prix pour urbaniser, reprenons l’exemple des community garden avec le Chico Mendez Mural Garden à New York.

Dans ce cas, il aurait été intéressant de repenser le devenir du site, mesurant l’impact social exceptionnel de cet espace sur les usagers.

C’est ici que le caractère évolutif de certaines démarches prend tout son sens.

La composante évolutive de la démarche de projet me parait essentielle, car on laisse au projet l’opportunité de se confronter à la réalité des communautés, de leurs usages, habitudes, cultures… sans le figer complètement pour garder une prise de recul par rapport au contexte d’implantation.

Ainsi sont mises en lumière certaines caractéristiques moins évidentes aux yeux des planificateurs, mais tout aussi essentielles à prendre en compte dans un projet urbain comme la qualité de vie des usagers ou la sociabilité induite, par exemple.

1

94

I. L’INTERSTICE URBAIN - 3. Temporalité spécifique

répondant en écho à la temporalité spécifique de l’interstice.

J’aimerais m’inspirer de l’urbanisme tactique et étendre cette démarche au-delà d’un aménagement « posé au sol » (mobilier urbain, plantes …) : Afin de penser un projet bâti, conçu pour être flexible et évolutif.

ÉCONOMIE - ACTEURS Ces différents modèles ont en commun un enjeu essentiel : Composer avec des

TEMPORALITÉ - STRATÉGIE

La composante évolutive est une caractéristique essentielle de mon projet,

de pérennisation.

2.

modèles économiques fragiles qui compliquent leur développement et possibilité

De plus, les acteurs sollicités n’ont pas les mêmes possibilités et moyens que d’autres acteurs officiels (collectivités, acteurs publics).

Ce constat m’a permis de définir les modalités de gestion économique de mon projet, ainsi que les acteurs à solliciter, la temporalité de la démarche et les étapes-clés du projet ; Positionnant le projet comme un déclencheur pour tester de nouvelles modalités d’intervention et d’occupation au sein des interstices.

FONCIER Si la démarche d’urbanisme transitoire se positionne comme un outil assez pertinent en terme de réactivation de lieux en attente, ses conséquences sur le foncier constituent à mon sens un risque non négligeable.

En effet de nombreuses opérations d’urbanisme transitoire - souvent commandées par des acteurs publics – enclenchent une spéculation foncière autour de futurs projets prévus sur le site.

95

Dans le cadre de mon projet j’aimerais, au contraire, envisager l’interstice comme un espace au statut particulier, en gestion municipale (ou auto-géré par des associations) et en empêcher l’achat et la privatisation par des acteurs publics ou privés afin d’éviter la spéculation autour de réserves foncières.

Ce positionnement a pour objectif de montrer qu’une autre démarche de projet face aux interstices est à envisager, une démarche qui ne fasse pas table rase pour reconstruire et rentabiliser.

Nous développerons cette partie plus loin, dans le cadre de la conclusion -ouverture

L’USAGER AU COEUR DE LA DÉMARCHE

du mémoire.

A l’image d’une démarche d’urbanisme tactique, ma démarche place l’usager au cœur de la réflexion, en favorisant une approche « in-situ » : C’est dans cette logique que j’ai esquissé la définition du programme, au contact direct avec les usagers.

De plus, l’occupation interstitielle viendrait répondre à une demande sociale ressentie, à travers l’occupation de sites abandonnés qu’on viendrait réactiver et dont on viendrait révéler le potentiel.

Enfin j’aimerais placer l’usager au coeur de la démarche par une logique participative du projet.

Il serait pertinent de penser à la matérialité du projet dès la conception, afin de la rendre accessible et pratiquable aux habitants à travers différents chantiers participatifs ; Déployés dans le cadre d’une occupation préalable du site.

La matérialité choisie ferait ainsi écho aux intentions participatives de la démarche de lancement de projet : Matériaux légers, à la mise en oeuvre simple et rapide, démarche et savoirs-faire accessibles.

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L’idée serait de solliciter les habitants dès le lancement du projet afin qu’ils se l’approprient au préalable.

L’interstice pourrait alors demeurer dans leurs esprits, grâce à leur engagement et participation active.

Il s’agirait d’un lieu à la fois éphémère et éternel.

Par l’intermédiaire du projet interstitiel, on établit de nouvelles connexions urbaines, mais aussi sociales en favorisant des événements, activités et pratiques de quartier.

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POSTURE L’étude des différentes stratégies adoptées face aux espaces interstitiels a nourri ma réflexion et m’a permis de construire ma posture de projet, mon parti-pris :

•

POSTURE DU PROJET :

Dans le cadre de mon intervention à Montreuil, ma posture consiste à investir l’interstice par un projet découlant de la ville et de ses besoins, en gardant une composante évolutive pour éventuellement accueillir d’autres initiatives expérimentales dans les années à venir.

On fait ici écho au positionnement de l’interstice en tant que laboratoire urbain.

J’aimerais - au delà de mon application projectuelle - entamer une réflexion sur les interstices en général, sur de nouvelles postures dont l’expérimentation pourrait être pertinente : •

POSTURE GÉNÉRALE FACE AUX INTERSTICES :

Il s’agirait de « réserver » ces espaces pour accueillir des associations et initiatives citoyennes locales (trouver un local pour un projet, accueillir les élèves des écoles pour des activités, imaginer des services de proximité pour les personnes âgées…).

L’objectif serait de donner la possibilité à ces lieux de se redéfinir, de se réinventer selon les besoins : Cette mouvance fait directement écho à leur temporalité interstitielle.

Ma posture vise à considérer les interstices comme des leviers d’action et d’expérimentation de nouvelles façons, alternatives, de faire projet de manière plus qualitative et humaine ; Conservant leur nature interstitielle.

L’interstice se positionne donc comme un lieu de lutte, représentant une possibilité de différence face à la logique foncière classique employée dans le cadre de la planification actuelle.

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« La ville et le territoire ne sont pas, pour l’urbaniste, uniquement d’immenses archives de documents du passé, mais surtout la manière dont on imagine ce que peut être leur devenir ».2

2

Bernardo Secchi, Première leçon d’urbanisme, 2006 99

CONCEPT DE PROJET Traitement du bâtiment existant : La ruine architecturale

L’affirmation de ma posture face aux interstices m’a permis d’esquisser mon concept de projet.

L’idée serait de considérer que même si le bâtiment existant est en mauvais état, son enveloppe pourrait néanmoins définir une spatialité centrale au projet.

J’aimerais donc approcher ce patrimoine banal comme une ruine architecturale à habiter et monumentaliser.

Ainsi on viendrait d’abord dégager les décombres en toiture, et extruder le volume initial des planchers, cloisonnements et escaliers ; Incendiés et donc inutilisables.

Il serait envisageable ensuite de révéler et de mettre en avant la matérialité brute des porteurs à conserver, qui lui confèrent toute son identité.

a Astley Castle, Witherford Watsonn Mann Architectes, Royaume-Uni

Matérialité existante : Soubassement moellon

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La Tour d’Aigues, Provence

Matérialité existante : Brique monomur, enduit

L’enveloppe de la maison viendrait définir l’espace à ciel ouvert du projet, ponctué par les différents percements qui invitent à la contemplation et attirent l’œil.

L’intervention - par l’implantation de nouveaux volumes bâtis - va contraster avec la morphologie de la ruine (à ciel ouvert) et avec sa matérialité brute ; Par un travail de rapport plein-vide et de séquences successives.

Mon concept met l’accent sur un objectif essentiel : Garder un témoin de la temporalité passée du site, qu’on habite modestement et ainsi, assumer son précédent interstitiel.

Esquisses de la « ruine »

Traitement du nivellement

Alter-ego bâti

Rapport plein-vide : Centralité de la ruine

101

EXISTANT EXISTANT EXISTANT EXISTANT

DÉFORMATIONS DÉFORMATIONS DÉFORMATIONS DÉFORMATIONS

Rapport à la ruine : Schéma volumétrique 102

EXTRUSION DUDU DU EXTRUSION EXTRUSION DU EXTRUSION VOLUME BÂTI VOLUME BÂTI VOLUME VOLUME BÂTI BÂTI

DUPLICATION DEDE DUPLICATION DE DUPLICATION DUPLICATION DE LALA MATRICE : MATRICE LA MATRICE : LA :MATRICE : ALTER-EGO BÂTIS BÂTIS ALTER-EGO BÂTIS ALTER-EGO BÂTIS ALTER-EGO

SIGNAL DUDU PROJET SIGNAL DU PROJET SIGNAL PROJET SIGNAL DU PROJET ONS

ENCADREMENT ENCADREMENT ENCADREMENT ENCADREMENT D’UNE PLACETTE D’UNE PLACETTE PLACETTE D’UNED’UNE PLACETTE URBAINE URBAINE URBAINE URBAINE

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CONCEPT DE PROJET Traitement du bâtiment existant : Références architecturales

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Réhabilitation d’un bâtiment culturel et de loisirs - Ramsen FNP Architekten Conservation de l’enveloppe existante

e Halewijnkouter House - Drongen, Belgique RAAMWERK Architectes Conservation de la structure du hangar et du volume d’atelier existant, dans lequel s’insère la nouvelle maison.

Dialogue entre l’initial et le projeté

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Intersection conique - Centre Pompidou Gordon Matta-Clark Performance visant à révéler les structures internes de bâtiments, par l’intermédiaire de gestes architecturaux

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« House » Rachel Whiteread Rendre visible l’invisible, révéler un bâtiment ordinaire par son vide qui devient plein : Geste mémoriel

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MATÉRIALITÉ DU PROJET : BIOSOURCÉ ET GEOSOURCÉ La temporalité évolutive de l’interstice ainsi que la démarche participative que j’aimerais engager m’ont poussée à explorer la matérialité du projet par le biais du biosourcé et géosourcé.

En effet la position de laboratoire urbain dont jouit l’espace interstitiel favorise et rend propice l’expérimentation ainsi que la mise en oeuvre de ces savoirs-faire accessibles, plus responsables et écologiques.

Les matériaux biosourcés et géosourcés - issus de la biomasse - répondent à l’urgence climatique actuelle, par leur faible empreinte environnementable, leur capacité à stocker le carbone naturellement et leur recyclabilité.

Concernant les isolants, leur utilisation s’avère pertinente notamment en terme de déphasage thermique, de propriétés acoustiques et respirantes, ainsi qu’en terme de confort pour les usagers et de qualité d’air intérieur.

La proximité de ces ressources renouvelables disponibles localement induit une économie de transport et d’énergie non négligeable, et sollicite des acteurs locaux, revêtant le projet d’une dimension in-situ.

Les filières de construction biosourcée - en plein développement - soutiennent l’utilisation de ces matérialités ayant déjà fait leurs preuves dans un cadre constructif; Utilisées depuis des siècles pour certaines.

Nombreuses d’entre elles sont déjà encadrées par des règles professionnelles et avis techniques (ATec). D’autres sont au coeur de l’expérimentation, faisant l’objet d’essais pour jauger leurs performances thermiques, acoustiques, ainsi que leur résistance face aux incendies et aux nuisibles.

Cependant elles se heurtent parfois à des freins normatifs, économiques ou encore techniques ; Preuve que le monde de la construction doit évoluer et faire preuve d’une certaine flexibilité pour porter un nouveau regard sur ces alternatives constructives plus responsables.

En intégrant le biosourcé au coeur du projet, l’interstice se positionne comme un laboratoire d’expérimentation de pratiques vertueuses, dans une démarche d’utilisation de ressources locales, renouvelables et responsables ; Proposant aux usagers une découverte des matériaux de construction de demain.

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MATERIALITÉ BIOSOURCÉE 3.

Photographie : RESECO, Ambassadeurs des biosourcés, Programme de formation, 2021

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SYSTÈME CONSTRUCTIF : Parcelle bâtie Le projet s’enrichit d’une composante évolutive au niveau de la parcelle bâtie, répondant ainsi à la temporalité spécifique de l’interstice.

La conception suit une trame permettant l’utilisation système poteau-poutres en bois afin de favoriser une flexibilité des espaces, une liberté en plan ainsi qu’une possibilité d’intégrer des usages différents.

Le système constructif viendrait combiner une structure porteuse constituée de poteaux espacés de 2m50 à 5m supportant des poutres de plus grande portée, avec des murs en ossature bois pour le remplissage de la trame ; Dissociés de la structure, car non-porteurs.

Concernant les charpentes, l’utilisation de ferme à entrait retroussé (bois) a été adoptée, afin de conserver les techniques constructives traditionnellement employées dans le secteur. Ce système constructif va permettre de créer de l’espace habitable dans les combles et de profiter de plafonds cathédrale.

k Schéma d’un système poteaux-poutres (sur fondations individuelles)

m Ferme à entrait retroussé 108

l Assemblage poteaux-poutres et solives

n Système poteau-poutre en douglas avec fermes à entrait retroussé

o

p Détail technique : 27 Logements familiaux - Boulevard Léon Bureau - Nantes - Maxime Shmitt Architecte

q Détail technique : Extension de 5 logements locatifs Saint Denis - Atelier d’Architecture Ramdam

r Détail technique : Maison Contemporaine Aix en Provence - F&V Architectes

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SYSTÈME CONSTRUCTIF : Bâtiments de la topographie Les bâtiments au niveau de la topographie répondent à une temporalité plus longue.

Sur cette parcelle n’est pas envisagée une évolutivité des espaces ou une flexibilité des usages. Il s’agira de la trace laissée par le projet sur l’interstice.

Les bâtiments de la topographie s’articulent chacun en deux éléments distincts : Un socle maçonné, pour venir asseoir le volume dans la topographie et l’ancrer ainsi qu’une émergence, de matérialité plus légère pour profiter d’une lumière naturelle toute la journée ainsi que des vues offertes sur la topographie.

Le socle maçonné, en pierre sèche, fait écho au soubassement de la ruine et répond aux performances structurelles requises pour des volumes enterrés.

Cette matérialité noble du socle évoque la noblesse et la rigueur de la programmation accueillie : La restauration, activité centrale du projet.

La construction en pierre connaît un passé historique fort à Montreuil, notamment avec la technique des murs à palisser, développée à partir du XVIIe siècle pour le développement horticole des Murs à Pêches. Ces murs étaient bâtis en pierres issues de roches siliceuses et blocs ou moellons calcaires, extraits localement, que l’on venait recouvrir de plâtre issu de l’extraction de gypse des coteaux Montreuillois. La chaleur emmagasinée le jour par la pierre était restituée le soir, par évaporation. Ce principe permettait de maintenir les arbres fruitiers à une certaine température pour supporter le froid et développer une culture à haut rendement.

L’utilisation de la pierre au cœur du projet s’inspire de ces techniques constructives locales, sollicitant des ressources à proximité.

110

Coupe schématique de principe des murs à pêches - Ivan Lafarge - 2015

Murs à pêches - Photographie de Jean François Coutel

Le système d’ossature bois a été choisi pour les émergences reposant sur les socles maçonnés. Ce choix a été dicté par la volonté d’ouvrir généreusement les façades sud notamment, et de mettre en œuvre des isolants biosourcés ainsi que le même bardage utilisé que sur la parcelle bâtie ; Dans un souci de continuité matérielle du projet.

Ainsi ces orientations matérielles participent à la mise en valeur de la ruine tout en répondant à des contraintes structurelles, d’exposition du terrain et d’isolation thermique.

Cette dualité matérielle rappelle la dualité interstitielle du site, constituant sa particularité.

Elle évoque également la dualité entre passé et présent – entre-deux dans lequel se maintient l’interstice - par l’utilisation d’une matérialité traditionnelle à laquelle s’ajoute une matérialité plus moderne.

C’est cette temporalité de l’interstice qui est suggérée : systématiquement à la frontière entre deux temporalités, évoquée ici par ces deux matérialités.

3 Logements sociaux dans l’éco-quartier de Bertignat - Boris Bouchet - Façade Nord

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t Conservatoire de musique au Pradet Boris Bouchet - Détail en contre-plongée

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ESSENCES DE BOIS Propriétés et cultures régionales La France représente la troisième ressource forestière d’Europe et regroupe une pluralité d’essences de bois.

Ces essences peuvent être divisées en deux catégories : Les bois feuillus et résineux.

Les feuillus - qui perdent leurs feuilles en hiver - couvrent 63% de la forêt française.

Ils sont naturellement résistants, ne nécessitent pas de traitement et sont pour la plupart d’origine française.

Particulièrement durables dans le temps, ils sont considérés comme des matériaux nobles.

Les résineux - provenant des conifères - couvrent 37% de la forêt française.

Certains d’entre eux, comme le douglas par exemple, sont issus d’une importation.

Plus économiques que des bois feuillus, ils sont également plus sensibles aux attaques des insectes et champignons. Ils nécessitent donc un traitement particulier.

Leur facilité de mise en oeuvre constitue un atout intéressant dans le cadre du chantier.

À titre de comparaison, voici les propriétés de différentes essences de bois, adaptées à un usage structurel (charpente ou ossature), ainsi que leur disponibilité régionale :

Tableau des propriétés des bois feuillus

Tableau des propriétés des bois résineux Tableaux issus du dossier sur les essences de bois et leurs spécificités - CMESMAT - 2021 112

ns sur les principales essences L’épicéa commun Le douglas

é

tiges Volume l’hectare ectarede Volume etmoyen nombreà de tiges de Chêne pédonculé diamètre* l’essence classe de diamètre* tiges de Volume moyen àde l’hectare etpar nombre tiges de Volume moyen l’hectare LesVolume pins laricio et ànoir Le chêne pédonculé e diamètre* l’essence par classe de diamètre*

es ns)

Volume (en millions de m³)

iges ons)

Volume (en millions de m³)

1200

Nombre de tiges (en millions)

1200 1000

120 100

1000 1000

Volume 100 (en millions millions de de m³) m³) 80

800

Nombrededetiges tiges Nombre (enmillions) millions) (en

Le pin maritime L’épicéa commun 80 60

600 100 100

Volume l’hectare Volume et moyen nombreà de tiges de l’essence par classe de diamètre* Volume (en millions de m³)

60 60

are 0200

1200

1000 800

100

1000

800 600

80

800

1000 1000

100 et plus

75 40 20 25 50

100 et plus

Volume moyen à l’hectare600 75 60

600 600

Volume Volume

plus

0

0

0

10−25

20 20 100 100

Nombrede detiges tiges Nombre (enmillions) millions) (en

30−45

90 et plus 200 Classe de diamètre à 1,3 m (en cm) 200 1000 1000

Volume (en millions de m³)

0 120 0 80 80

10−25 10−25

50−65

70−85

0

100 100

75

7575

50

Volume moyen à l’hectare200

020 25

25

0 0

10−25

30−45

50−65

70−85

90 et plus

0

0

Classe de diamètre à 1,3 m (en cm)

2525

Nombre de tiges (en millions)

100 et plus

400

25 50

5050

00

0 1200 0 800 30−45 50−65 70−85 90 et plus 800 30−45 50−65 70−85 90 et plus Classe de diamètre à 1,3 m (en cm) Classe de diamètre à 1,3 m (en cm)

100 60 60

100 et plus

50 75 40

400 200

200 020 Volume et nombre de tiges de 0 0 10−25 30−45 50−65 70−85 90 400 et plus 40 40 400 1200 120 1200 120 l’essence par classe de diamètre* Classe de diamètre à 1,3 m (en cm) 25 (en millions millions de de m³) m³) (en

Nombre de tiges (en millions)

120

100

400

200

Volume moyen à l’hectare

Volume moyen à l’hectare

principales essences

600 60 Volume et nombre de tiges de 7540 400 800 80L’épicéa commun 800 80 l’essence par classe de diamètre* 50

600 are 400

Épicéa

1200 1200

120 120

800

t plus

Nombre de tiges (en millions)

Volume et nombre de tiges de 1200 120 Informations sur les l’essence par classe de diamètre*

are 1200

L’épicéa commun

Volume moyen à l’hectare Douglas

1000 600 600

80 40 40

Le sapin pectiné

100 plus 100 etet plus 800 400 400

7575

Surface Surface (milliers d’ha) 5050 Le sapin où pectiné Volume sur200 pied (milliers d’ha) l’essence forme 600 60 20 200 20 2525 Essence tiges Volume à de l’hectare ectarede Volume etmoyen nombre Volume moyen à l’hectare 100 et plus (millions detiges m³) deoù l’essence un peuplement 1 2 00 diamètre* 40 400 00 0 75 l’essence par classe de 0 diamètre* tiges de Volume moyen à l’hectare est principale monospécifique Volume moyen à l’hectare Volume et nombre de tiges de 10−25 30−45 50−65 70−85 90 et plus 30−45 50−65 70−85 90 et plus Le10−25 douglas

Pin

e diamètre*

ges ns)

are 1200

e tiges illions)

200

Pins laricio Volume et nombre de de1200 Volume moyen 71 tiges ± 11 373 235 ± 27à l’hectare 63 % 0 ± 34 120 0 et noir 10−25 30−45 50−65 70−85 90 et plus l’essence par classe de diamètre* Classe de diamètre à 1,3 m (en cm) Volume (en millions de m³)

Nombre de tiges (en millions)

100

Douglas

130 ± 17

Nombre Nombre de de tiges tiges (en (en millions) millions)

pin sylvestre Le sapin pectiné

plus

et plus

800

600

60

60 60

1000 1000

100

75 100 et plus 50 75 20 25 50

200

0

100 20 100 20

120 80 0 80 0

600 600

Nombre Nombrede detiges tiges (en (enmillions) millions)

22

Volume (en millions de m³)

10−25 10−25

30−45 30−45

Nombre de tiges (en millions)

50−65 50−65

70−85 70−85

68 %

90 90 et et plus plus

1000 200 1000 200

1200 800 800 00

1200

Le bois vivant sur pied 1000

800

100 et plus

600 vivant sur pied par essence Le bois Volume moyen à l’hectare 75 60

100 et plus

50

400 Le volume de bois sur75 pied de la forêt française métropolitaine est de 2,8 milliards de mètres cubes. Les feuillus en représentent 64 %.

50 200 % du volume des feuillus, les chênes (pédonculé, rouvre, 20 Volume moyen à l’hectare 100 et 0 plus Avec 44 25 100 et plus pubescent et vert) sont les essences feuillues les plus présentes sur le 75 75 0 0 0 territoire métropolitain.

10−25 30−45 50−65 70−85 90 et plus 50 50 Classe de diamètre à 1,3 m (en cm) L’épicéa commun et le sapin pectiné constituent à eux deux 42 % du 25 25 volume des conifères.

0 0 40

25

Volume et nombre de tiges de0 0 10−25 30−45 50−65 70−85 90 et plus 1200 1200 400 400 l’essence par classe de diamètre* Classe de diamètre à 1,3 m (en cm) Volume Volume 0 25(en (enmillions millionsde dem³) m³)

RESSOURCES FORESTIÈRES

282 ± 27

80

Volume et nombre de tiges de400 40 800 80 sapinpar pectiné 800 80Le l’essence classe de diamètre*

120 40 120 40 0

r pied e pied m³) ur de m³)

100 411 ± 31

1200 1200

120 120

100 100

Nombre de tiges (en millions)

120

1000

Volume Volume (en millions (en80 millions de de m³) m³)

800 600

400 200

25

Volume (en millions de m³)

0

Volume moyen à l’hectare

l’essence par classe de diamètre*

50

Classe Classe de de diamètre diamètre àà 1,3 1,3 m m (en (en cm) cm)

1000 800

are 0 200

2 11

Le chêne rouvre

20

1200 1000

are 400600

Sapin

Cartes de volume moyen à l’hectare, par essence Classe Classe de de diamètre diamètre àà 1,3 1,3 m m (en (en cm) cm)

100 60 60

1000 600 600

100et plus 100 Surface Surface (milliers d’ha) Répartition du volume de bois vivant sur pied Surface Surface (milliers d’ha) 800 80 40 400 40 400 75 (milliers d’ha) où l’essence forme Volume sur pied 75(milliers d’ha) où l’essence formepar essenceSurface Surface Surface (milliers d’ha) Essence Surface (milliers d’ha) 5050 où l’essence un peuplement (millions de m³) où l’essence un peuplement (milliers d’ha) où l’essence forme où l’essence forme Volume sur pied (milliers d’ha) 600 2 60 200 20 1 200 20 2 2525 Essence 1 est monospécifique est principale monospécifique 100 et plus oùprincipale l’essence un peuplement Autres un peuplement (millions de m³) où l’essence 1 2 00 1 2 conifères Surface (milliers d’ha) Surface 400 040 00 0 75 est principale monospécifique monospécifique est principale Chêne rouvre 10−25 30−45 50−65 70−85 90 10−25 30−45 50−65 70−85 90et etplus plus Douglas où l’essence forme Volume sur pied (milliers d’ha) Classe 50 Classede dediamètre diamètreàà1,3 1,3m m(en (encm) cm) Essence 5 % 200 1 01520± 46Épicéa commun 737(millions ± 42 % 207 ± 17 où l’essence 595 ± 37 ± 27 51 % 12 % 5% un 305 peuplement de73 m³) 25 Pin maritime 1 2 Chêne monospécifique 2 058 ± 65 729 ± 41 35 % est principale 0 Épicéa commun 207 ± 17 595 ±5 % 37 305 ± 27 51 %

0

10−25

30−45

50−65

70−85

90 et plus

0

Pin sylvestre

Classe de diamètre à 1,3 m (en cm)

0 13

5%

Conifères :

11 %

pédonculé

988 millions de m³ 876 Chêne ± 49Sapin 506 ± 39 58 213%± 18 564 ± 36 242 ± 24 43 % Pins lariciopectiné 71 ± 11 373 ± 65 34 235 ± 41 27 63 % 309 2 058 729 35 et± noir 1 744pédonculé 57 807 ± 40 46 % Sapin pectiné 213 ± 18 Épicéa 564 242 ± 24 43 % 8 % ± 36 Surface Surface (milliers d’ha) Surface Surface (milliers d’ha) Feuillus : commun Volume sur pied d’ha) oùoù l’essence forme Volume sur pied(milliers (milliers d’ha) l’essence forme 1 767 millions de m³ 10 % Hêtre Essence (millions de m³) l’essence unun peuplement (millions de m³) oùest oùlel’essence peuplement alables pour les pages 20 à 27. ¹ Essence dont le taux plus fort dans peuplement.

1 1 807 Douglas 130 17de couvert 411 ± 31 282 le 27 68 % 2 2 Chêne rouvre 319 ± 13 1 744 57 ± 40 46 8% estlibre principale monospécifique est principale monospécifique nt des valeurs centrées. ² Essence dont le taux de couvert relatif est supérieur à 75 % ou supérieur ¹ EssenceSurface dont le(milliers taux de d’ha) couvert estpectiné le plus fort dans le peuplement.

Surface Sapin 5% regroupe les diamètres [7,5 - 27,5 cm[, à 50 % sans qu’aucune autre essence n’atteigne 15%.dont Châtaignier ² Essence le taux de couvert libre relatif est supérieur à 75 % ou supérieur Volume sur pied (milliers d’ha) où l’essence forme 4% Essence diamètres [27,5 - 47,5 cm[, etc. de(millions Pourcentage la surface l’essence forme un % peuplement monospécifique 13 % à 50 sans un qu’aucune autre essence n’atteigne 15%.

4% deoù m³) où l’essence peuplement Charme 4% Pin maritime 141 ± 12± où 1 015 595 ± 46 ± 42 Épicéa 207 17 l’essence ± 37 1 737305 ± 27 7351%% 2 parcommun rapport à la surface est principale.

Pourcentage de la surface où l’essence forme un peuplement monospécifique est principale monospécifique Autres Chêne pubescent feuillus Frêne par rapport à la surface où l’essence est principale.

Épicéa commun Pin sylvestre Sapin pectiné

22

207 17 150 213 ± 10± 18

23 564 595 37 876 ± 49± 36

21

305 27 506242 ± 39 ± 24

51%% 5843

Chêne vert 1 %

21

23Répartition du volume de bois vivant

Sapin pectiné 213valables ± 18 est 564 ± 36dans 242 ± 24 43 % Le volume des arbres est estimé à Les notes qui suivent sont pour pages 20 à 27. ¹ Essence dont le taux de couvert le les plus fort le peuplement. pied,par essence partirsur de mesures réalisées sur le terrain. * ²Les classes de diamètre des valeurs centrées.

Essence dont le taux desont couvert libre relatif est supérieur à 75 % ou supérieur D’une façon générale, seuls sont pris en compte Par exemple, classe 10-25 regroupe diamètres [7,5 - 27,5 cm[, à 50 % sans la qu’aucune autre essenceles n’atteigne 15%. dans l’inventaire les arbres dits « recensables » dont la laPourcentage classe 30-45 de regroupe les diamètres [27,5 - 47,5 etc. la surface où l’essence forme un cm[, peuplement monospécifique circonférence à 1,30 m de hauteur est supérieure ou égale à ¹ Essence dont le taux de couvert est le plus fort dans le peuplement. par rapport à la surface où l’essence est principale.

23,5 cm (7,5 cm de diamètre). Le volume estimé englobe la ² Essence dont issus le taux de libre relatif est supérieur 75 % -ou2020 supérieur Documents decouvert l’Inventaire forestier de àl’IGN tige principale depuis le niveau du sol jusqu’à une section de 20à 50 % sans qu’aucune autre essence n’atteigne 15%.

7 cm de21 diamètre (dit volume « bois fort tige »).

Pourcentage de la surface où l’essence forme un peuplement monospécifique 113 par rapport à la surface où l’essence est principale.

COMPARATIF DES ISOLANTS : Biosourcés, minéraux et synthétiques

Les principaux isolants écologiques utilisés dans la construction sont les suivants : Ouate de cellulose, laine de chanvre, de bois, de mouton et paille.

Afin de mieux cerner les avantages du recours au biosourcé pour l’isolation, voici un comparatif des isolants biosourcés avec les isolants minéraux et synthétiques.

L’objectif est d’arriver à mesurer leurs avantages et inconvénients notamment à travers leur capacité isolante, l’énergie grise dépensée dans leur processus de fabrication, leur mise en oeuvre, recyclabilité et prix.

La balance de tout ces facteurs va induire des choix pour la constitution matérielle des murs, planchers et toitures des bâtiments.

Entre les isolants biosourcés et les isolants minéraux-synthétiques, il est intéressant de remarquer la différence notable d’énergie grise dépensée pour leur fabrication, et les performances isolantes quasi équivalentes obtenues avec des matériaux plus écologiques ; Qui ne sont pas forcément plus coûteux.

Mon choix s’est ainsi porté sur l’ouate de cellulose ainsi que sur la paille, pour leur bon rapport performance thermique / confort d’été / énergie grise dépensée / prix.

114

ISOLANTS BIOSOURCÉS OUATE DE CELLULOSE Pouvoir isolant

0.038 à 0.042

(W/m.K) Pouvoir isolant

0.038 à 0.042

(W/m.K) +

Bon marché

+

-

Ininflammable Bon marché Traitement contre les nuisibles inoffensif (sel de Bore) Ininflammable Traitement contre les nuisibles inoffensif (sel de Bore) Présence possible d’additif pour ignifuger Sujette au tassement Présence possible d’additif pour ignifuger Possible inflammation pulmonaire lors de la pose Sujette au tassement (préconiser les gants et masque) Possible inflammation pulmonaire lors de la pose

Environnement

(préconiser les gants et masque) Energie grise : 50 kWh/m3

Environnement

Production : Recyclage du papier Energie grise : 50 kWh/m3 Recyclabilité : Difficile (encre du papier) Production : Recyclage du papier

Prix Prix

Recyclabilité : Difficile (encre du papier) De 10 à 25€/m2 pour R = 6 m2.K/W 1.44€/m2 pour2R = 1 m2.K/W 2 De 10 à 25€/m pour R = 6 m .K/W 1.44€/m2 pour R = 1 m2.K/W

LAINE DE CHANVRE Pouvoir isolant (W/m.K) Pouvoir isolant (W/m.K) + +

-

Environnement Environnement

Prix Prix

0.039 à 0.060 0.039 à 0.060 Bonne isolation phonique Ininflammable naturellement Bonne isolation phonique Insensible à l’humidité et aux rongeurs Ininflammable naturellement Insensible à l’humidité et aux rongeurs Les fabricants lient souvent le chanvre au polyuréthane (choisir un liant à l’amidon) Les fabricants lient souvent le chanvre au polyuréthane Parfois traitée au sel de Bore, bien qu’ininflammable (choisir un liant à l’amidon) naturellement (à éviter) Parfois traitée au sel de Bore, bien qu’ininflammable Panneaux de chanvre difficiles à mettre en œuvre car naturellement (à éviter) difficiles à couper Panneaux de chanvre difficiles à mettre en œuvre car difficiles à couper Energie grise : 48 kWh/m3 Production : Tige de chanvre (issu de l’agriculture) Energie grise : 48 kWh/m3 Recyclabilité : Oui (végétal sans traitement) Production : Tige de chanvre (issu de l’agriculture) Recyclabilité : Oui (végétal sans traitement) 26€/m2 pour R = 5 m2.K/W 2 pour R = 1 m2.K/W 8.12€/m 26€/m2 pour R = 5 m2.K/W 8.12€/m2 pour R = 1 m2.K/W

115

LAINE DE BOIS Pouvoir isolant

0.036 à 0.046

(W/m.K) Pouvoir isolant + (W/m.K)

0.036 à 0.046 Bonne longévité

+ -

Bonne longévité Sensible à l’humidité Confort d’été Traitement à prévoir contre les rongeurs et ignifugeage Est souvent couplée avec 25% de polyuréthane pour Sensible à l’humidité lier les fibres entre elles Traitement à prévoir contre les rongeurs et ignifugeage Est souvent couplée avec 25% de polyuréthane pour Energie grise : 161 kWh/m3 lier les fibres entre elles Production : Déchets de l’industrie du bois Recyclabilité : Oui Energie grise : 161 kWh/m3

-

Environnement Environnement Prix Prix

Confort d’été

Production : Déchets de l’industrie du bois De 20 à 30€/m2 pour R = 6 m2.K/W Recyclabilité : Oui 2 2 3€/m pour R = 1 m .K/W De 20 à 30€/m2 pour R = 6 m2.K/W 3€/m2 pour R = 1 m2.K/W

LAINE PouvoiDE r isolMOUTON ant 0.035 à 0.045 (W/m.K) Pouvoir isolant + (W/m.K) + -

Bonne résistance à l’humidité Production locale possible Bonne longévité Bonne résistance à l’humidité Traitement à prévoir contre les rongeurs et ignifugeage Production locale possible Produite souvent avec ajout de polyester Faible inertie donc moins de confort d’été Traitement à prévoir contre les rongeurs et ignifugeage Difficulté de mise en œuvre pour des parois verticales Produite souvent avec ajout de polyester Odeurs Faible inertie donc moins de confort d’été

Environnement

Difficulté de mise en œuvre pour des parois verticales Energie grise : 51 kWh/m3 Odeurs Production : Laine de mouton

Environnement

Recyclabilité : Oui Energie grise : 51 kWh/m3

Prix

Production : Laine de mouton De 10 à 20€/m2 pour R = 2.78 m2.K/W Recyclabilité : Oui De 2 à 8€/m2 pour R = 1 m2.K/W

Prix

116

0.035 à 0.045 Bonne longévité

De 10 à 20€/m2 pour R = 2.78 m2.K/W De 2 à 8€/m2 pour R = 1 m2.K/W

PAILLE Pouvoir isolant (W/m.K)

0.052

+

Matériau local à la mise en œuvre facilitée Excellent isolant thermique naturel Bonne qualité d’air intérieur

-

Faible inertie thermique (performances amoindries dans le cas d’un changement abrupt de température) Problème de stockage de la chaleur en hiver

Environnement

Energie grise : 4 kWh/m3 Production : Issue de l’agriculture, disponible en masse Recyclabilité : Oui

Prix

De 5 à 7€/m2 pour R = 7 m2.K/W

Pouvoir isolant (W/m.K)

0.035 à 0.045

+

Bonne longévité Bonne résistance à l’humidité Production locale possible

-

Traitement à prévoir contre les rongeurs et ignifugeage Produite souvent avec ajout de polyester Faible inertie donc moins de confort d’été Difficulté de mise en œuvre pour des parois verticales Odeurs

Environnement

Energie grise : 51 kWh/m3 Production : Laine de mouton Recyclabilité : Oui

Prix

De 10 à 20€/m2 pour R = 2.78 m2.K/W De 2 à 8€/m2 pour R = 1 m2.K/W

117

ISOLANTS MINÉRAUX LAINE DE VERRE Pouvoir isolant Pouvoir isolant (W/m.K) (W/m.K)

0.032 à 0.046 0.032 à 0.046

+ +

Bon marché Bon marché Facilité de mise en œuvre et légèreté

Facilité connu de mise œuvre et légèreté Produit deen tous les artisans Produit connu de tous les artisans -

Peut provoquer des irritations cutanées lors de la pose Peut provoquer irritations cutanées lors de la pose Craint l’eau lorsdes de la pose Craint l’eau lors de la pose Sujette au tassement Sujette au tassement Confort d’été faible

Environnement Environnement

Energie grise : 250 kWh/m3 3 Energie grise : 250 de kWh/m Production : Issue matériaux naturels (sable, calcaire) Production : Issue de matériaux naturels (sable, calcaire) ou du recyclage du verre ou du recyclage du verre Recyclabilité : Difficile (inexistante à l’heure actuelle)

Confort d’été faible

Recyclabilité : Difficile (inexistante à l’heure actuelle)

Prix Prix

De 8 à 15€/m2 pour R = 6.5 m2.K/W 2 De 8 à 15€/m 6.5 m2.K/W 2 pour pour R = 1Rm=2.K/W 1.33€/m 1.33€/m2 pour R = 1 m2.K/W

LAINE DE ROCHE Pouvoir isolant Pouvoir isolant (W/m.K) (W/m.K)

0.033 à 0.044 0.033 à 0.044

+ +

Bon marché Bon marché Facilité de mise en œuvre et légèreté Facilité connu de mise œuvre et légèreté Produit deen tous les artisans Produit connu de tous les artisans

-

Craint l’eau lors de la pose Craint lors de la pose Sujettel’eau au tassement

Environnement Environnement

Energie grise : 150 kWh/m3 3 Energie grise : 150 de kWh/m Production : Issue roche volcanique Production : Issue Recyclabilité : Oui de roche volcanique

Sujette au tassement

Recyclabilité : Oui

Prix Prix

118

De 20 à 50€/m2 pour R = 5 m2.K/W 2 pour R = 5 m2.K/W De 20 à250€/m 1.8€/m pour R = 1 m2.K/W 1.8€/m2 pour R = 1 m2.K/W

ISOLANTS SYNTHÉTIQUES POLYURÉTHANE Pouvoir isolant

0.022 à 0.028

(W/m.K) + Pouvoir isolant (W/m.K)

Résistance mécanique élevée 0.022 0.028 Bonneàrésistance à l’humidité

+

Longévité assez faible Résistance élevée Irritation enmécanique cas de contact prolongé Bonne résistance à l’humidité Dégagement de gaz toxique en cas d’incendie

-Environnement

Longévité assez faible Energie grise : 974 kWh/m3 Irritation en: cas Production Issude ducontact pétroleprolongé Dégagement gaz toxique en cas d’incendie Recyclabilité de : Non

E Pn rivxironnement

3 Energie kWh/m De 20 à grise 50€/m: 2974 pour R = 6 m2.K/W Production : Issu R =du 1 pétrole m2.K/W 7.39€/m2 pour Recyclabilité : Non

Prix

De 20 à 50€/m2 pour R = 6 m2.K/W 7.39€/m2 pour R = 1 m2.K/W

Pouvoir isolant

0.027 à 0.040

+ Pouvoir isolant (W/m.K)

Résistance mécanique élevée, à la compression 0.027 à 0.040 Matériau très léger

+

Faible isolation acoustique Résistance élevée, la compression Dégagementmécanique de gaz toxique en àcas d’incendie Matériau très léger

Environnement -

Energie grise : 795 kWh/m3 Faible isolation Production : Issuacoustique du pétrole Dégagement gaz toxique en cas d’incendie Recyclabilité de : Non

E Pn rivxironnement

3 Energie kWh/m De 30 à grise 40€/m: 2795 pour R = 6.5 m2.K/W Production : Issu du pétrole 2 2 2.7€/m pour R = 1 m .K/W Recyclabilité : Non

Prix

De 30 à 40€/m2 pour R = 6.5 m2.K/W 2.7€/m2 pour R = 1 m2.K/W

POLYSTYRENE EXTRUDÉ (W/m.K)

119

DE L’ÉCHELLE URBAINE VERS L’ÉCHELLE SOCIALE

La situation d’enclavement du quartier des Morillons se reflète et a des conséquences sur les possibilités sociales de ses habitants ; Qui souffrent du manque d’équipements (dont les seuls existants sont trop vieillissants), et ayant un mode de vie de plus en plus sédentaire, par habitude.

En impactant à l’échelle du territoire, on impacte la population directement.

Les objectifs de mon intervention sont les suivants : • Réduire le sentiment d’enclavement du quartier • Attirer les usagers vers une découverte du Haut-Montreuil • Créer des connexions avec le Morillons : communauté de vie, voisinage, événements …

• Faire du projet une centralité dynamique aussi attractive qu’en centre-ville

L’enjeu serait également de penser une intervention à échelle humaine pour laisser les usagers s’emparer du projet grâce à des échelles appropriables, un rapport de voisinage entre Rosny et Le Morillon, des événements liés à la programmation du projet (Festival de gastronomie, démonstrations de cuisine, repas collectifs...) et par la sollicitation de leurs sens à travers différentes séquences urbaines et végétales.

L’idée serait de connecter le projet à Rosny ainsi qu’au Morillon par l’intermédiaire du passage en montée, qui deviendrait une circulation piétonne à la frontière entre Montreuil et Rosny ainsi qu’un axe évenementiel faisant le lien entre le projet et le Morillon.

Ainsi le projet viendrait en écho aux deux centralités existantes des Morillons (espaces publics existants) en créant deux centralités nouvelles, celles du projet.

120

ENJEUX DU SITE 4.

2

1

1

Centralité existante au sein du Morillon

2

Centralité existante au sein du Morillon

121

DE L’ÉCHELLE URBAINE VERS L’ÉCHELLE SOCIALE : Intention urbaine participative

Pour envisager un tel dynamisme, la réactivation de ce site oublié se positionne comme un enjeu incontournable.

Plusieurs étapes sont envisageables :

•

Faire connaître le site :

Le site pourrait temporairement accueillir des réunions de quartier, des événements organisés par les centres de jeunesse ou encore des activités conviviales entre voisins (pratiquées régulièrement au coeur des Morillons) • Chantiers participatifs autour de spatialités centrales du projet : Passage, future placette urbaine, topographie La démarche de chantier participatif - déjà pratiquée à Montreuil - permet aux habitants de découvrir le futur projet, et de se sentir acteur à part entière de sa construction Ces deux temporalités se déploient dans le cadre d’une occupation préalable du site. Cette occupation préalable a pour visée l’appropriation du projet par les habitants dès son lancement, ainsi que l’évocation de son programme et de son dynamisme.

•

Gestion de l’interstice par les habitants

La sollicitation habitante se prolonge dans la définition des méthodes de gestion de l’interstice sur toute la durée du projet : Auto-gestion associative et/ou habitante.

122

phie

a Topogr

Placette

Passage

Occupation préalable du site : Repérage des potentiels sites de chantiers participatifs

Chantier participatif sur la friche «Un tramway nommé désir » - été 2021

Chantier participatif au square Virginia Woolf - été 2015

123

INTENTIONS URBAINES : Objectifs Mes intentions à l’échelle urbaine s’articulent autour de six objectifs principaux, illustrés ci-dessous :

OUVRIR ET CONNECTER Effacer les limites autour du site et l’ouvrir au contexte grâce aux axes de desserte ROSNY-SOUS-BOIS

122

MONTREUIL SITE

BASMONTREUIL

LE MORILLON

T1

124

COMPLETER Bâtir en écho aux 2 tissus existants en s’articulant autour du passage

125

RASSEMBLER Autour de nouvelles centralités du projet, fédératrices dans le quartier

126

DIVERSIFIER Les cheminements vers le projet ainsi que les séquences perceptibles

127

CONSIDÉRER Les espaces naturels et la biodiversité locale afin de composer avec

128

129

MONTREUIL : UNE COMMUNE FERTILE

Montreuil se caractérise par une culture intense de ses terres : Elle accueille 39 jardins partagés, 130 jardins familiaux, un jardin-école (jardin de 5000m2, lieu de recherche et d’expérimentation) ainsi que le Lycée des métiers de l’horticulture et du paysage.

La commune présente différentes typologies de jardins, dont des jardins d’insertion, à vocation culturelle ou pédagogique.

En réaction à ce phénomène, j’ai pu formuler plusieurs intentions liées au projet, qui m’ont aidé par la suite à esquisser ma programmation :

130

•

Utiliser les retombées des cultures locales : Ressources disponibles à proximité

•

Envisager un partenariat avec les équipements pédagogiques (Jardin-école et Lycée des métiers de l’horticulture et du paysage) et les jardins d’insertion (Jardins du cœur, jardin Pouplier)

•

Favoriser les circuits-courts

PROGRAMME 5.

Cartographie des jardins partagés - Montreuil est notre jardin - 2018 131

LA CUISINE COMME VECTEUR D’INSERTION PROFESSIONNELLE Dans le Schéma de Développement Économique d’Est Ensemble, quatre objectifs principaux sont définis, dont celui visant à :

« Développer massivement l’accès à la formation et à la qualification, et contribuer à l’insertion professionnelle de tous ».

Suite au constat de la pluralité de ressources disponibles au sein de la commune et en réaction aux taux alarmants de déscolarisation et de chômage dans le secteur, la cuisine s’est rapidement positionnée comme un secteur idéal d’intervention. En effet, son efficacité dans un cadre d’insertion professionnelle a été largement démontrée et mise en pratique en France ces dernières années.

Voici quelques exemples de structures ayant développé des dispositifs d’insertion professionnelle par l’intermédiaire de la restauration :

•

LES GRANDS VOISINS

Au coeur de l’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul, ce projet propose des dispositifs d’insertion professionnelle par la cuisine, activité valorisante dans un secteur avec de nombreux débouchés, à travers deux pôles : La Conciergerie Solidaire et le Plateau Technique.

La Conciergerie Solidaire propose une offre d’insertion par l’activité économique (IAE) pour des personnes en situation d’exclusion sociale en leur proposant un emploi dans le cadre du Dispositif Premières Heures (DPH) pour une durée d’un an au maximum, à raison de quelques heures par semaine.

Les missions réalisées varient entre de la distribution, de la logistique alimentaire ainsi que de la préparation en cuisine et du service.

v Restaurant l’Oratoire 132

w

Cette démarche permet à ces personnes de reprendre progressivement un travail et de bénéficier d’un accompagnement socio-professionnel (aide au logement, ouverture de droits, accès au soin et à l’insertion).

Le Plateau Technique, service de l’association Aurore propose une formation complète aux métiers de la restauration.

Ce service est adressé aux jeunes mineurs isolés orientés par l’Aide Sociale à l’Enfance et inclut une possibilité d’immersion au restaurant L’Oratoire du projet.

•

AFAC24

AFAC24 est une association d’aide au retour à l’emploi proposant des ateliers chantiers d’insertion et des formations.

Elle assure l’intégration du salarié en tant qu’agent polyvalent de la restauration, pris en charge par trois encadrants techniques (cuisinier, salle, pâtissier).

Grâce à des formations en binôme avec des salariés en CDI plus anciens, préparant des métiers de la restauration, le cursus proposé permet un développement progressif des compétences ainsi qu’un encadrement de qualité.

•

ENVOL33

ENVOL 33 est une entreprise favorisant l’insertion par les métiers de la restauration.

Son restaurant social et d’insertion - La Marmite - propose une offre de restauration rapide en milieu scolaire, acceuillant neuf salariés en insertion et deux responsables permanents.

Cette entreprise assure également un service de restauration collective en milieu scolaire, et prépare 250 et 500 repas par jour, avec deux salariés en insertion, trois employés polyvalents en CDI et un responsable.

x Le Plateau Technique

y AFAC24 : Restaurant Carpe Diem

z ENVOL33 : La Marmite 133

LA CUISINE COMME VECTEUR D’INSERTION PROFESSIONNELLE Proposition de programme : École de cuisine L’insertion professionnelle a été l’un des sujets revenus le plus fréquemment lors de mes échanges avec les habitants, spécifiquement dans le secteur du Morillon.

Les établissements comme l’Antenne Jeunesse ou le Centre Social font d’ailleurs écho à cet enjeu.

J’ai voulu répondre à ce besoin urgent tout en utilisant et optimisant les ressources disponibles au sein de la commune pour définir ma programmation.

C’est pourquoi j’ai choisi de réaliser une école de cuisine, afin de proposer un projet local, dynamique, à l’impact fort pour les jeunes et la commune en général.

Suite à mes recherches sur les structures d’insertion professionnelle dans le milieu de la restauration, j’ai défini mes propres dispositifs d’insertion pour l’école ; Dans l’objectif d’en faire un tremplin efficace pour les jeunes et leurs perspectives professionnelles.

L’école de cuisine proposerait donc deux dispositifs : Un dispositif de formation aux métiers de la restauration et un dispositif d’insertion par l’activité économique au sein de l’école.

1.

FORMATION AUX MÉTIERS DE LA RESTAURATION

Ce dispositif offre aux élèves un apprentissage de la cuisine dans un environnement professionnel, répondant aux normes d’hygiène et de sécurité.

Plusieurs cursus sont proposés : CAP (2 ans dès la 5ème), BAC Professionnel (3 ans à l’issue de la 3ème), BTS (2 ans après un Bac PRO Restauration), Formations spécifiques (1 an : Pâtisserie, boulangerie, arts culinaires…)

134

2.

DISPOSITIF D’INSERTION PAR L’ ACTIVITE ÉCONOMIQUE AU SEIN DE L’ÉCOLE

Ce second dispositif propose un accompagnement des personnes en insertion sur une durée de 1 ou 2 ans.

Les missions réalisées englobent des tâches de manutention, de distribution et logistique alimentaire ainsi que de cuisine (préparation, remplacements éventuels et service en salle).

PROPOSITION DE PROGRAMME : ÉCOLE DE CUISINE

LA CUISINE COMME VECTEUR D’INSERTION P

A l’issue de ce programme, une évaluation des compétences de l’inséré est imposée, pour décider d’une éventuelle poursuite de l’accompagnement pendant une année supplémentaire ou d’une intégration au cursus de formation de l’école, en première année.

TEMPORALITÉS DU PROJET

• Utilisation des espaces dans le cadre scolaire : 70% TEMPORALITÉ DU PROJET •

Ateliers hebdomadaires pour jeunes et seniors : 10% L’idée serait de proposer une temporalité multiple, d’ouvrir le projet aux usagers du (1 jour/semaine) secteur par l’intermédiaire d’ateliers de découverte ouverts à tous (en week-end ou en • Ateliers dejeunes découverte, ouverts à tous : 20% soirée) et ateliers hebdomadaires pour et seniors.

(week-end, ou en soirée)

Ainsi les espaces du projet seraient occupés à tout moment et le projet pourrait se positionner au service de la commune, par sa temporalité flexible et disponible pour ses usagers.

ATELIERS JEUNES ET SENIORS 10%

ATELIERS DECOUVERTE 20%

CADRE SCOLAIRE 70%

P Répartition temporelle des espaces du projet 135

IV. CONCLUSION OUVERTURE : L’INTERSTICE, LIEU DE LUTTE

136

137

VERS UNE OFFICIALISATION DE CES ESPACES DANS LA PLANIFICATION URBAINE ? « La ville inachevée, non-point par suite d’une quelconque imperfection, mais comme horizon des horizons, toujours pressenti et jamais atteint.

En mouvement, elle redistribue sans cesse les cartes, elle provoque les collisions, elle invente des rimes inédites, des associations surprenantes. ».1

Résistant à l’institutionnalisation, les espaces interstitiels représentent une possibilité de différence, échappant souvent au regard des planificateurs et étant sans fonctions ni normes officielles.

L’abandon de l’espace interstitiel laisse entrevoir une possibilité de reconquête.

Depuis plusieurs années, des initiatives sont à l’œuvre et se multiplient en matière de réappropriation de ces espaces (initiatives citoyennes et programmes ministériels : PUCA, programme « Le hors-champs de la production urbaine ») ; Témoignant des nouveaux besoins des usagers ainsi que des nouvelles pratiques à engager, renouvelant les formes conventionnelles de l’urbanisme.

Serait-il possible d’utiliser les espaces interstitiels comme des territoires en marge de la planification urbaine classique, comme leviers d’action et expérimentation de nouvelles façons de faire projet, de manière plus humaine ? Comme des lieux des pratiques alternatives de la conception des espaces publics ?

« C’est précisément parce que la production urbanistique courante peine à remplir cette tâche (produire des espaces publics de qualité, appropriables), par excès de formalisme, de normes et de procédures standardisées ou au contraire par négligence ou désinvestissement, que la question de l’espace public et de sa production est essentielle aujourd’hui. » 2 Dans une société actuelle qui copie-colle les mêmes modèles de développement, nous pouvons interroger la pertinence de ces modèles. Face à des modes de fonctionnement figés et conservateurs, on assiste à une résistance au changement de la part des organisations, rendant difficile la construction d’une vision commune et partagée.

1 2

138

Pierre Sansot, Poétique de la ville, 2004 PUCA, La Cartonnerie : Expérimenter l’espace public - Saint Etienne (Recherche-action, récit d’expérience), 2004

Nous constatons également les limites du marketing territorial, trop concurrentiel et prônant des bonnes pratiques urbaines sans pour autant les avoir mises à l’épreuve du terrain.

Dans ce contexte où ces standards sont remis en question, les acteurs de la ville ont tout intérêt à ouvrir leurs modes d’action ; En favorisant des actions collectives, un esprit critique, un partage des pouvoirs et une mise en capacité des acteurs.

Bernardo Secchi évoque la ville contemporaine comme un « lieu de la différence, amas de minorités culturelles, religieuses, linguistiques, ethniques, de niveaux de revenus, de styles de vie, d’architectures et de savoirs qui, à travers des processus compliqués d’exclusion-inclusion, tendent à s’enfermer à l’intérieur de « villages », d’enclaves, de villes à thème. » 3 C’est cette même « ville connotée, dans les différentes échelles de l’espace (physique, social, économique, institutionnel, politique et culturel) par un même degré de fragmentation » 3 dont on confie la « propre organisation, la lisibilité de sa forme à un ensemble multiple de groupes qui se réfèrent à des principes et à des modèles différents, dans une sorte de syncrétisme populaire ». 3 Cela pourrait expliquer l’inefficacité et l’inadéquation des politiques publiques actuelles, obsolètes et trop souvent contradictoires.

La responsabilité du dessein de la ville ne doit pas seulement être confiée à quelques acteurs politiques.

3

Bernardo Secchi, Première leçon d’urbanisme, 2006 139

QUELLES FORMES D’ACTION ?

L’avenir d’un espace interstitiel se résume souvent à l’investissement du terrain par un aménageur pour ensuite donner lieu à un projet répondant à une commande bien définie.

Ma proposition serait d’envisager une deuxième option pour investir l’interstice : Que ces espaces puissent être mis à disposition des habitants en tant qu’espace public, et s’affranchir de la logique foncière classique.

Il serait pertinent d’envisager l’interstice comme un espace au statut particulier, en gestion municipale (ou auto-géré par des associations) et d’en empêcher l’achat et la privatisation par des acteurs publics ou privés afin d’éviter la spéculation autour de réserves foncières.

La recherche-action se positionne comme une démarche intéressante à appliquer.

Plutôt que de dicter de bonnes pratiques, on réalise des essais sur des terrains différents et on s’enrichit de cette expérience, dont les conclusions et réflexions menées serviront à d’autres.

Cette démarche permet de penser une ville construite en collaboration, par l’intermédiaire d’expériences au sein de ces espaces interstitiels, qui interrogent et permettent d’entrevoir de nouvelles perspectives urbaines et de tirer des enseignements. La temporalité de ce type de projet serait la suivante : Réactiver des interstices urbains de manière temporaire d’abord, tester des usages selon l’approche in situ des habitants, et évaluer quelle programmation serait la plus adaptée.

A la différence de nombreuses opérations de ce genre, l’expérience ne serait pas suivie par la construction d’un projet initialement prévu sur le terrain ; Démarche d’urbanisme transitoire souvent engagée pour une valorisation économique du foncier.

Bernardo Secchi considère la ville contemporaine comme un patchwork de différents fragments hétérogènes qui structurent l’espace urbain : « Les fragments sont comme des expérimentations de laboratoire ou semblables à des œuvres d’art et assument ce rôle avec leur propre autonomie formelle et fonctionnelle » 3 . L’espace interstitiel se rapproche de cet espace fragmentaire.

Il précise la nécessité pour l’urbanisme et l’architecture contemporains de réengager une réflexion expérimentale, la mise en place de « scénarios partiels » pour penser le devenir

3

140

Bernardo Secchi, Première leçon d’urbanisme, 2006

de ces fragments, plus en phase avec la temporalité future de la ville - difficile à cerner - et avec les enjeux qu’ils soulèvent (compatibilité-incompatibilité, distances-proximités, mixité des activités et sujets, matérialités compatibles avec les pratiques sociales à encourager…).

Il poursuit : « La ville contemporaine, avec son caractère instable et toujours inachevée, invite au doute, à l’exploration et à l’expérimentation ; elle nécessite des projets beaucoup plus ouverts et des dispositifs beaucoup plus structurés et stratifiés que ceux que l’on avait imaginés pour la ville moderne. Le projet de la ville doit se constituer comme une « charte » sur la base de laquelle on peut sceller un pacte entre l’administration et les citoyens » 3

Ainsi, on viendrait apporter des éléments de réflexion sur de nouvelles formes de gouvernance et des pistes d’action aux acteurs de l’aménagement urbain en questionnement sur leurs pratiques, par l’intermédiaire de l’espace interstitiel.

Il ne s’agit plus de répondre à une commande bien figée mais plutôt de faire découler du site et de ses habitants la meilleure transformation du terrain en attente, pour un projet répondant au mieux à son contexte.

Pour cela, un travail de terrain est indispensable pour apprendre à connaitre les habitants et les élus, dans le cadre d’une expérimentation de nouvelle méthodologie de travail, transversale (entre celui qui conçoit le projet et ceux pour qui il est conçu).

La difficulté réside dans l’aspect expérimental de la démarche, qui ne parle pas autant aux institutions, plus sensibles à des projets aux résultats tangibles, perceptibles et concrets.

L’enjeu est donc de convaincre de l’intérêt de cette démarche sur le long terme, intérêt pour la ville ainsi que pour ses habitants.

Laurie Guyot, architecte, parle de cette approche comme une « Fabrique de la ville plus humaine, loin des logiques de croissance et de marchés publics qui placent les architectes en bout de chaine, en situation d’impuissance, et qui compliquent la fabrication de nos sociétés. » 2. Elle effectue une ouverture sur la pratique architecturale, en évoquant le « Rôle politique et éthique de l’architecte, qui ne peut pas se limiter à être un exécutant de grandes logiques marchandes… Pour ne plus subir, il faut réinventer les conditions d’exercice et provoquer la commande. » 2

PUCA, La Cartonnerie : Expérimenter l’espace public - Saint Etienne (Recherche-action, récit d’expérience), 2004 3 Bernardo Secchi, Première leçon d’urbanisme, 2006 2

141

QUELLE ÉCONOMIE DU PROJET ?

On peut partir du principe que puisque l’interstice n’est plus une source de revenus rentable (raison pour laquelle il est inutilisé), on peut le sortir d’une logique pécuniaire et viser une rentabilité d’une autre nature : « Sociale, symbolique et environnementale ».

4

L’espace obtenu - plus en phase avec les pratiques et désirs des usagers (en terme de sociabilité, d’usages induits et de retour à la nature notamment) - verra ensuite sa rentabilité économique rétablie.

Cette démarche permettrait de penser des projets utiles à la ville, qui y seraient « rentables » : créer des emplois, favoriser une économie locale (comme ce que je propose dans mon projet, à la croisée entre pédagogie et insertion professionnelle.)

On peut également envisager que l’économie du lieu, les bénéfices soient intégralement destinés à la gestion de cet espace, en complément avec un financement éventuel de la ville.

Il s’avère donc essentiel de montrer l’intérêt du projet aux pouvoirs publics et d’obtenir leur reconnaissance, dans le but d’obtenir un financement : Une convention financée par la ville sur une durée définie, dans l’objectif de pérenniser les activités enclenchées sur l’espace interstitiel.

C’est ce qui a été fait pour le projet de la Cartonnerie à Saint-Etienne, ayant obtenu une convention financée sur 3 ans.

QUEL IMPACT SUR LE TERRITOIRE ?

Véritable point de départ pour explorer les dynamiques urbaines, l’interstice représente un indicateur précieux, une ressource à part entière ; Assurant le rôle de laboratoire urbain.

En intervenant au sein de l’interstice, on réintroduit des qualités, du sens et des transformations là ou personne ne les attend ; Dans ces nouveaux lieux du possible.

Restaurer une dynamique au sein de ces espaces oubliés, c’est redonner naissance à un « everyday urbanism » 3 comme l’évoque Bernardo Secchi, centré autour des pratiques sociales des usagers au sein d’un lieu à l’autonomie formelle et fonctionnelle.

3 4

142

Bernardo Secchi, Première leçon d’urbanisme, 2006 Quentin Roux, Pratiques interstitielles dans les villes contemporaines : De quoi parle-t-on ? , 2015

Ainsi l’espace public dessiné devient le produit de ses usages, qui interagissent entre eux : Le passant avec l’habitant, le mobile avec le stationnaire, l’étranger avec le local, l’étudiant avec la personne en réinsertion... profitant des activités du site (matérielles et immatérielles) qui forment l’économie du lieu, sa spécificité et son intérêt (au cœur des Morillons, par exemple, dans le cadre de mon projet).

L’intervention aura la possibilité de créer une économie du lieu, dynamiser un terrain devenant un repère pour les habitants du quartier, répondant ainsi à une demande sociale d’espace de proximité, de voisinage et de rapport au végétal.

QUELS ACTEURS ?

Cette démarche encourage la réflexion sur de nouvelles modalités de travail à la frontière entre les institutions publiques et les initiatives collectives.

Il est préférable, pour mener à bien le projet, d’avoir des partenaires au sein des institutions, pour échanger régulièrement.

De nombreux acteurs peuvent être sollicités : •

Mairie par exemple, au service urbanisme

•

Maitrise d’œuvre urbaine pour intégrer le projet à la programmation de l’espace public

•

Décideurs et aménageurs (aménageurs à contacter pour leur présenter le projet)

•

Collectivité, élue démocratiquement qui dispose du droit d’agir sur l’espace partagé de tous

•

EPA : établissements publics d’aménagement

•

Institutions publiques

•

Société civile

•

Associations

•

Habitants

Lectures de référence :

« Les lieux communs » Expérimentation menée par la 27e Région

Rapport au ministère de l’égalité territoires-logement 143

TEMPORALITÉ DE LA DÉMARCHE

TEMPORALITÉ DE LA DÉMARCHE TEMPORALITÉ DE LA DÉMARCHE INTERSTICE INNOCUPÉ INTERSTICE INNOCUPÉ

RÉPERTORISATION AUPRES DE LA MAIRIE RÉPERTORISATION (Gestion municipale) AUPRES DE LA MAIRIE (Gestion municipale)

ACHAT DU TERRAIN (Investisseur ou ACHAT public DU TERRAIN privé) (Investisseur public ou privé)

CONSTRUCTION CONSTRUCTION Temporalité classique

DEM ASSO D (Dépô éconA ( é

MISE AUX (AutoM A (

Temporalité classique

RENOUVELLE LA CONVENTI RENOUVE LA CONVE

Temporalité propo

Temporalité p 144

RSTICE INNOCUPÉ

ES TORISATION AUPRES MAIRIE n municipale)

DEMANDE DE CONVENTION PAR DEMANDE DEDES CONVENTION PAR DES ASSOCIATIONS – INITIATIVES CITOYENNES ASSOCIATIONS – INITIATIVES CITOYENNES (Dépôt de dossier, plan de gestion (Dépôt de dossier, plan de gestion économique) économique)

MISE A DISPOSITION DUATERRAIN MISE DISPOSITION DU TERRAIN AUX ASSOCIATIONS – HABITANTS AUX ASSOCIATIONS – HABITANTS (Autogestion) (Autogestion) Bilan de l’expérience

Occupation préalable + Recherche-action

Bilan de l’expérience

RESTITUTION OUVELLEMENT DE RESTITUTION DU TERRAIN RENOUVELLEMENT DE DU TERRAIN A LA MAIRIE ONVENTION LA CONVENTION A LA MAIRIE (Retour à la gestion(Retour à la gestion municipale) municipale)

ité proposée Temporalité proposée 145

LE PROJET : ACTEURS - PARTENAIRES

Dans le cadre de cette démarche, de nombreux partenariats sont envisageables avec les acteurs de la commune, et pertinents pour étendre l’impact du projet.

Ainsi on pourrait envisager des partenariats avec plusieurs organisations locales à Montreuil : •

Municipalité (Mairie, Instances municipales de démocratie participative – Conseil de quartier)

•

Producteurs - Maraîchers : Micro-fermes urbaines (Ferme Moultoux, Ensemble Fait-tout / Récolte Urbaine)

•

Associations (Agriculture urbaine : Fruits défendus, On sème tous / Insertion : Azimuto, Ladomifa)

•

Jardins d’insertion (Jardins du cœur, jardin Pouplier)

•

Jardin-école

•

Lycée des métiers de l’horticulture et du paysage

•

Service municipal jeunesse « La Passerelle »

•

Centre social

Suite à ces partenariats, des événements peuvent être organisés dans la commune et le projet peut espérer obtenir des subventions pour soutenir sa pérennisation.

146

ÉTAPES DU PROJET

Pour viser une expérience pertinente au sein de l’interstice, il est essentiel de respecter des étapes quant à l’approche du territoire, de ses usagers et des dynamiques à engager.

Voici celles que j’ai définies dans le cadre du projet à Montreuil : RENCONTRE – CONCERTATION DES HABITANTS (Rue Babeuf, Rue des Blancs-Vilains, Place des Morillons, Antenne jeunesse)

DÉFINITION DES USAGES A ENCLENCHER : PROGRAMME École de cuisine

OCCUPATION PREALABLE DU SITE : CONSTRUCTION DU PROJET ET/OU DES DISPOSITIFS URBAINS ET PAYSAGERS (Chantiers participatifs : passage, placette urbaine, topographie)

RECHERCHE - ACTION : EXPERIMENTATION ET INVESTISSEMENT DU PROJET PAR LES USAGERS Inscriptions à l’école, location des logements, fréquentation du restaurant, événements…

BILAN DE L’EXPERIENCE Impact sur le quartier, cohésion sociale des usagers, insertion professionnelle des étudiants…

147

ÉCONOMIE DU PROJET

L’objectif est de favoriser une économie locale du projet, pour une intervention réellement in situ et pour réduire les coûts supplémentaires pouvant fragiliser l’équilibre économique du projet interstitiel.

Dans le cadre du projet de Montreuil, l’économie locale à été privilégiée sur plusieurs aspects :

148

•

Gestion bénévole par les habitants (associations et réinsérés) : économie de personnel

•

Circuits-courts (produits disponibles à proximité) : économie de transport

•

Restaurant, pâtisserie-boulangerie, loyers des logements : revenus réguliers dédiés à la gestion de l’interstice

•

Financement – Subventions des partenaires sollicités pour soutenir l’initiative du projet et pérenniser les activités

ARGUMENTS EN FAVEUR DU PROJET

La démarche d’un projet interstitiel (tel que nous l’avons présenté) n’ayant pas été suffisamment explorée ces dernières années, il devient donc indispensable de relever les arguments en faveur du projet, afin de prouver sa pertinence et les nombreux avantages qu’il pourrait offrir à un contexte urbain et à ses usagers.

Voici les arguments en faveur du projet de Montreuil, qui pourraient faire pencher la balance : •

Il existe une possibilité de constituer une économie rentable au sein de l’espace interstitiel, contribuant au financement de son maintien en activité

•

Le projet permettrait de créer une dynamique et un repère pour le quartier (en terme de sociabilité, rapport à la nature, jeunesse)

•

Les circuits-courts y sont priorisés : utilisation des ressources locales disponibles, partenariats communaux : Projet 100% local

•

Le projet est engagé dans la formation et l’insertion professionnelle : Encourageant la qualification des jeunes et la création d’emplois

•

L’arrivée du projet induit une sécurisation du lieu : L’interstice n’induit donc plus une méfiance de la part des usagers

149

ENTRETIEN AVEC LA MUNICIPALITÉ Rencontre avec Gaylord Le Chequer, 1er adjoint au Maire de Montreuil Suite à la rédaction de cette démarche, j’ai voulu confronter mon approche face à un acteur de la municipalité pour m’assurer de sa pertinence et de son écho face aux enjeux de la commune.

J’ai rencontré monsieur Gaylord Le Chequer, 1er adjoint au maire de Montreuil, délégué à la ville résiliente, à l’urbanisme, aux espaces publics, aux grands travaux de transports et à la protection des Murs à pêches.

Ma présentation regroupait la présentation de la notion interstitielle, de mon programme de projet et ma programmation urabine ainsi que de ma démarche dans un cadre de planification urbaine.

•

Présentation du sujet interstitiel Quelle est la position de la municipalité face à ces espaces interstitiels ?

« Je trouve votre approche intéressante parce qu’on parle souvent à partir d’une vision globale, de gros projets d’aménagements, de gros sujets de transformations (renouvellement urbains sur les quartiers etc…) à l’échelle très large. À côté de cela, il y a aussi l’échelle micro, pleins de petits espaces qui sont à la hauteur de la vie d’homme (l’endroit ou je passe tous les matins en amenant mon enfant à l’école etc…).

Pour la ville il y a un enjeu que vous pointez effectivement d’avoir une prise en compte de ces éléments-là.

Il y a eu un travail d’architecte ayant eu lieu lors du concours Europan pour livrer le secteur Boissière dans le Haut-Montreuil.

Les étudiants avaient travaillé la dessus, avaient repéré pleins de petits lieux qui, par des aménagements assez sommaires, permettaient d’avoir un cheminement paysager qui permettait de redonner sens et de recoudre des petits morceaux de territoire ; En incluant aussi des cheminements existants.

Je pense que vous avez raison de dire que pour les villes, la réappropriation de ces espaces-là, quand on est en maitrise publique c‘est une chose et quand c’est des sites privés c’est une autre chose. »

150

« En prenant l’exemple de la friche Barda (Rue de Paris), il s’agit d’une propriété privée, le propriétaire est un promoteur avec qui nous avons une relation assez compliquée.

Il a une logique de sur-densification de sa parcelle qui va en opposition avec le souhait de la ville d’avoir des espaces de respiration et de dilatation notamment dans le secteur du Bas-Montreuil.

Pour la première fois, il a accepté de travailler avec le Salon du Livre de la Jeunesse, qui va se tenir comme tous les ans au Palais des Congrès et va s’étaler hors les murs avec une occupation temporaire sur le lieu.

Nous en sommes satisfaits car nous sommes dans une logique de faire une démonstration que cet espace peut être un vrai lieu de respiration, où les gens peuvent se poser en sortant du salon du livre …

L’approche que vous développez répond bien à ces petits sujets d’interventions (qu’on avait appelé les PEPA : petits espaces publics autrement) qui peuvent apporter une amélioration tout de suite perceptible à l’œil et au vécu de l’habitant.

Il s’agit d’une démarche que la ville essaie vraiment de développer et la mise en place des budgets participatifs à l’échelle de la ville a montré que c’est aussi ça que les habitants recherchent : L’intervention ponctuelle à proximité des usagers, la réappropriation de certains espaces, leur végétalisation … »

Ne ressentez-vous pas une certaine « lutte » entre la pression par les promoteurs (concernant des opérations rentables pour la ville) et le soutien d’autres opérations, moins rentables mais portées par des habitants ? « Nous assumons l’objectif de réduire le rythme de transformation de la ville (c’est ce qui a été fait dès 2014 avec l’élaboration de la charte promoteur et la révision du PLU, adopté par Est Ensemble).

Nous avons une ville avec un dynamisme et une attractivité très forts, il y a des espaces de respiration, une ambiance de village, des zones pavillonnaires (contrairement aux grands ensembles omniprésents dans d’autres communes).

Nous assumons de dire aux promoteurs que la position de la ville est de réduire le rythme de construction (en 2014 nous étions à plus de 1000-1200 logements par an notamment dans le Bas-Montreuil). Nous avons réduit les droits à construire (sur les hauteurs et gabarits), la voilure, nous avons axé sur la préservation des secteurs pavillonnaires également. Nous allons franchir une nouvelle étape, en classant plus d’une centaine d’adresses où il y a des espaces verts en espaces paysagers protégés. » 151

« Tout cela a créé des frictions avec les opérateurs, et a demandé une révision des documents officiels, mais c’est un point de vue que nous assumons.

Aujourd’hui on voit que la courbe diminue, nous sommes aux alentours de 650-700 logements par an, ce qui permet de réfléchir à une transformation lente de la ville.

Ce qui se passe sur les ateliers du Tram (Au niveau de la friche « Un tramway nommé désir ») est démonstrateur de ce qui peut préfigurer.

Tous les habitants ont intégré le fait que l’arrivée du Tramway induira inévitablement de la construction. Dans ce cas, on se pose la question de ce qui est acceptable ou non, de ce qu’on veut, et comment on maitrise les espaces de respiration nécessaires.

Ce qui m’a beaucoup marqué et qui constitue le fil rouge de notre engagement notamment aux abords du Tramway, c’est que longtemps on a construit sans cesse (le Bas Montreuil en est la démonstration) et on s’est rendu compte un jour que les espaces de respirations disparaissaient petit à petit.

Ce que vous pointez de la confrontation avec les opérateurs, est un positionnement que nous assumons mais en l’expliquant, car c’est notre manière de façonner notre ville. »

•

Présentation du projet (intentions urbaines et programmation) Que pouvez-vous dire sur la pertinence de ma programmation de projet et programmation urbaine au regard de mon secteur d’intervention ?

« De manière générale, nous sommes en train d’essayer de soutenir le développement d’un dispositif appelé « Cuisine dans les parcs » : On investit l’espace public et on échange autour du partage de plats, de savoir-faire, et de valorisation de la diversité. À Montreuil, ces dispositifs autour de la restauration, du bien-manger, de la formation notamment dans les quartiers populaires, se pratiquent déjà et l’expérience à montré que cela trouvait un écho. »

Ressentez-vous cet enjeu d’insertion spécifiquement au Morillon ? « Au niveau du Morillon, il s’agit du secteur enclavé dans une cuvette, tourné plutôt vers Fontenay et Rosny plutôt que vers Montreuil.

Au début, la réflexion dans le cadre du projet de renouvellement urbain tournait essentiellement autour de la place du Morillon et du bâti autour.

Finalement, notre volonté a été d’élargir la réflexion vers la Rue Babeuf, comme vous l’avez fait, en posant la question des interconnexions notamment avec la promenade du Parc des Hauteurs, et avec la dynamique qui va naitre autour du Tramway. » 152

« Si on ne l’anticipe pas, ce qui pourrait passer autour du Tramway pourrait tourner le dos au Morillon, il s’agit d’un enjeu sur lequel nous serons vigilants.

Du coup, ce programme de renouvellement urbain s’articule autour de plusieurs enjeux : 1. Comment vivre mieux au niveau du logement et des espaces publics, vers le Morillon, ainsi que dans ses interconnexions. Le cheminement dont vous parlez avait d’ailleurs été identifié par nos urbanistes.

2. Quelle dynamique économique et d’insertion envisager ? Comment conforter l’existant autour de la place du Morillon (avec ses acteurs existants comme l’antenne jeunesse) ?

Je crois effectivement beaucoup à cette dimension d’insertion que vous ciblez, et l’arrivée des infrastructures de transport y contribue, je pense. »

•

Présentation de ma démarche dans un cadre de planification urbaine Que pensez-vous de cette démarche, au regard de la municipalité et des démarches déjà entreprises face à ces espaces ?

« L’expérience montre que cette démarche existe et qu’elle est parfois fragile mais faisable.

Il y a un sujet sur lequel il faudrait être vigilent, pour susciter l’adhésion du projet : Il s’agit de se poser la question du statut de l’espace interstitiel dont on parle.

Il y a des interstices qui sont délaissés et qui seront des recoins, des espaces sans valeur au niveau de la rentabilité, constructibilité etc… Ce sont des premiers espaces sur lesquels on se rend compte qu’on est potentiellement capables de faire beaucoup. À côté, il y a d’autres espaces - comme la Friche Barda, par exemple - qui sont des terrains ayant une vocation urbaine. Le point d’attention pour susciter l’adhésion serait de ne pas mentir au gens d’emblée sur le statut du terrain.

Je reprends l’exemple de la friche « Un Tramway nommé désir » : Tout le monde sait bien qu’à un moment le tramway va passer, que les terrains vont êtres récupérés, que potentiellement il y aura de la construction. Par contre, leur intervention influe sur la construction future.

Je prends un autre exemple au niveau du quartier La Noue, avec l’îlot Jean Masset.

Actuellement, cet îlot rassemble une crèche, un instrumentarium, un local conseil jeunesse et des anciens locaux de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie. Cet îlot libère par ailleurs un espace vert.

Dans le cadre du Programme de Renouvellement Urbain du quartier, nous avions commencé à travailler à une requalification de cet îlot.

Finalement, au cours de la concertation est apparu un projet porté par un acteur qui est sur le quartier, d’une ferme urbaine. » 153

« Nous sommes partis par une convention d’occupation précaire sur les franges des anciens locaux de la CPAM, puis sur un projet « ANRU+ quartier fertile ». La programmation a été bouleversée par la ferme urbaine.

Par le projet citoyen d’appropriation de cet espace, qui a mûri et a trouvé son modèle économique, la ferme a pris le pas sur le reste de la programmation.

Dans le dossier déposé auprès de l’ANRU, on a réinterrogé le projet.

Je pense que notre responsabilité en tant que collectivité, et dans le cadre de démarche comme celle que vous portez, est de ne pas mentir aux gens. Il faut penser d’emblée la destination à plus ou moins long terme de ces espaces-là.

Cela nous permet à nous, la municipalité, de dire aux opérateurs qu’ils ne peuvent pas construire et qu’ils doivent revoir leur modèle économique, parce qu’il y a cette intervention citoyenne et que la mairie veut l’appuyer. L’habitant peut ainsi se sentir acteur et influenceur du projet.

Personnellement, j’adhère à cette démarche et par la pratique c’est ce qu’on essaie de faire passer.

Il faut juste faire attention à ce volet-là, à l’identification des sites, et d’emblée se demander sur du long terme comment ce projet s’inscrit dans quelque chose de plus global et comment je libère l’espace-temps pour le citoyen et l’habitant.

Pour le reste, la démarche est cohérente et je crois qu’elle est utile surtout dans un contexte post-Covid, où les gens ont plus que jamais besoin de ces espaces extérieurs, d’appropriation citoyenne. Ce type de projets, qui sont parfois complexes, de mon point de vue, trouvent un sens. »

Qu’en est-il de la temporalité de ces démarches ? Pouvons-nous envisager une pérennisation des activités sur de tels espaces ? « La démarche peut fonctionner, au-delà de l’occupation temporaire.

Vous avez des opérateurs privés qui fonctionnent comme cela.

Je pense à un opérateur avec qui nous travaillons sur la requalification de la tour Orion à la Croix de Chavaux, où ils rachètent un actif mais en partant de l’existant.

Par l’occupation temporaire, en travaillant notamment avec Plateau Urbain, cela participe à la reconstitution de formes de microcosmes existants (d’un point de vue culture, d’insertion etc…).

Pour nous, il s’agit d’une démarche que nous encourageons.

Par exemple, le long du Tramway, nous avons des terrains qui vont être libérés et qui ne vont pas faire l’objet de constructibilité tout de suite. En effet, nous devons d’abord évoquer des sujets économiques, d’occupations temporaires, d’espaces verts… »

154

« Finalement, l’occupation éphémère participe à influencer la façon dont on imagine le projet demain ; En partant du principe qu’il faut partir du déjà-là avant d’être dans une logique de faire table rase, logique qui a malheureusement prédominé.

En tout cas, ces démarches se pratiquent.

Je me souviens des premiers échanges avec des porteurs de projets de ce type, qu’on regardait bizarrement au début, et qui ont construit des projets au fur et à mesure, dont la portée est forte.

Enfin, sur la question de la pérennité des sujets et des projets, cela repose beaucoup sur un noyau d’habitants. Comme toute démarche citoyenne participative, il y a des moments ou cela vit moins, et ou cela repart… Il faut composer avec cela, mais cela fait partie de la démarche collective. »

Propos recueillis auprès de Mr. Gaylord Le Chequer, dans son bureau de l’Hotel de ville de la commune de Montreuil

155

CONCLUSION

Dans un époque favorisant l’individualisation, la surconsommation de nos ressources naturelles, la fragilisation progressive de nos interactions sociales et l’évolution technologique à outrance, l’interstice se positionne comme un levier d’action potentiel, révélant l’inefficacité de la planification urbaine actuelle, ses contradictions et ses échecs.

Sa position d’entre-deux en fait le territoire idéal pour agir, à la fois au cœur des tensions urbaines mais en même temps à distance et en recul face à ses rythmes effrénés.

Auparavant porteur de cet historique de rejet, distinction et de marginalisation, l’interstice a constitué le symbole des injustices sociales apparues en ville et traduites en injustices spatiales.

Aujourd’hui l’interstice devient le symbole d’une lutte contre une planification urbaine inadéquate, obsolète et unilatérale.

Dans ce contexte, il devient urgent de revenir sur nos acquis, de les remettre en question pour penser des spatialités plus en phase avec nos sociétés actuelles, afin d’intégrer des paramètres de qualité de vie, de rapport à la nature et d’échelle humaine comme des paramètres clés dans la réflexion de nos urbanités ; Au même titre que des paramètres de rentabilité ou de sécurité.

L’interstitiel constitue une situation favorable pour penser une planification urbaine innovante, ouverte aux acteurs informels et à de nouveaux modèles afin d’entamer un « exercice d’écriture démocratique » 5 visant une transformation de nos urbanités à long terme.

L’interstice deviendrait ainsi porteur d’un nouveau regard sur la fabrique de la ville.

5

156

Pascal Nicolas-Le Strat, Interstices urbains temporaires, espaces interculturels en chantier, lieux de proximité, 2008

157

V. RESSOURCES

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Bourdeau-Lepage Lise, Nature en ville : Désirs et controverses, 2017

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Pavillon de l’Arsenal - Conférence, Ça déménage dans l’aménagement - Analyse approfondie et concrète des transformations du monde de l’aménagement, 2019

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Mnouchkine Ariane, La Cartoucherie de Vincennes, 1970-Aujourd’hui

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New-York, Article : Destruction du Chico Mendez Mural Garden, 1998

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596Acres, Living lots NYC - One Dollar Lots, 2018

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OLE, Open Lab Ebbinge, 2010-2015

w.

Atelier Bow Wow, BMW Guggenheim Lab, 2011-2013

x-y.

Toyo Ito, Restaurant «Nomad», 1986

II.

ÉTUDE DE CAS : LES ESPACES INTERSTITIELS

2. TABLE DES FIGURES

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À MONTREUIL a-b-c-d. PLUi Est Ensemble, Rapport de présentation - Diagnostic, 2020

e.

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f.

Est Ensemble - Grand Paris (site internet), Carte du quartier, 2020

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Montreuil (site internet), Cité du parc Montreau - Le Morillon / Vue Vers l’Ouest, 2020

165

III.

INVESTIR L’INTERSTICE : LE PROJET

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Witherford Watsonn Mann Architectes, Astley Castle, 2012

b.

Provence, La Tour d’Aigues, XIIIe siècle

c-d.

FNP Architekten, Réhabilitation d’un bâtiment culturel et de loisirs, 2006

e-f.

RAAMWERK Architectes, Halewijnkouter House, 2017

g-h.

Gordon Matta-Clark, Intersection conique, 1975

i-j.

Rachel Whiteread, House, 1993

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Le Moniteur, La construction, comment ça marche ?, 2013

n.

Woodshop, Levage de la construction poteau poutre en douglas, 2015

o.

Kengo Kuma, Nest We Grow, 2014

p.

Atelier Bow Wow, Osthang Project, 2014

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Studio MK27, Micasa vol.C, 2018

r.

Djuric Tardio Architectes, Crèche modulaire itinérante du Luxembourg, 2019

s.

Boris Bouchet Architecte, 3 Logements sociaux dans l’éco-quartier de Bertignat, 2012

t.

Boris Bouchet Architecte, Conservatoire de musique au Pradet, 2020

u.

Gilles Perraudin Architecte, Chai viticole, 2006

v-w.

Les Grands Voisins, Restaurant l’Oratoire, 2015

x.

Les Grands Voisins, Le Plateau Technique, 2015

y.

AFAC24, Restaurant Carpe Diem, 2001

z.

ENVOL33, La Marmite, 1995

167

ARPENTAGES SUR SITE

168

169

3.

ANNEXES

170

ARPENTAGE ARPENTAGE SUR SUR SITE SITE ARPENTAGE SUR SITE ARPENTAGE SUR SITE

171

ARPENTAGE SUR SITE

CHANTIER PARTICIPATIF - Friche « Un tramway nommé désir » Avec l’association Didattica et Le Vaisseau - 1 Rue Juliette Dodu, 93100 Montreuil Décembre 2020 - Novembre 2021

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Crédits photos : Léa Longeot, Hervé Le Meur et Emma Benchabat 175