Essai (projet) de fin de maîtrise en architecture

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Architecture de circularité urbaine :

Un modèle architectural s’intégrant aux villes existantes et profitant des flux pour l’atteinte d’une collectivité viable autonome connectée.

Emerick Duquette

Supervisé par : Jacques White

Essai (projet) soumis en vue de

l’obtention du grade de M.Arch.

École d’architecture de l’Université Laval, 2021


Résumé « La ville globale fonctionne dans un binôme global et l’espace urbain est resté strictement consumériste. Or, ce fonctionnement des villes à échelle globale n’est pas résilient et, implicitement, n’est pas tenable dans le temps. Notre société a construit, au cours des dernières décennies, un système urbain d’une extrême fragilité alimentaire, énergétique, économique et écologique. Sans parler des aspects sociaux… » (Rosenstiehl, A., Valette, C., Hidalgo, A., Labasse, A., SOA Architectes. (2018) p.50)

Les noyaux urbains deviendront l’habitat privilégié pour près de 70% à 90% de la population mondiale d’ici les années 2050 (Acebillo, J. , 2012, p.191). Cependant, nombreuses sont les villes qui sont actuellement peu résilientes et peu soutenables aux défis que devra faire face la société de demain. En tenant compte des enjeux actuels, cet essai (projet) remet en question la relation qu’entretient l’Homme avec son milieu. C’est vu sous l’angle du concept de circularité, permettant de soutenir la ville existante tout en offrant les outils productifs nécessaires aux citoyens, que cet essai (projet) est développé. Celui-ci met en œuvre un projet illustrant comment les villes peuvent avoir un système plus autonome et durable. Il est la transposition du concept clé de la circularité par l’entremise d’un programme mixte comportant un pôle alimentaire, énergétique et collectif. Il adopte le parti d’y réunir les collectivités, afin de conceptualiser un système complet qui s’ancre en complémentarité de la structure urbaine actuelle. Le but du projet est de créer un lieu communautaire productif et catalyseur afin d’offrir des dispositifs essentiels aux citoyens pour parvenir à une société plus soutenable.

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Encadrement Jacques White Directeur de l’École d’architecture de l’Université Laval

Professeur titulaire de l’École d’architecture de l’Université Laval Architecte membre de l’OAQ

Membres du jury Érick Rivard Chargé de cours de l’École d’architecture de l’Université Laval

Architecte associé Groupe A / Annexe U membre de l’OAQ, PA LEED

Designer urbain membre de l’ADUQ Pierre Côté

Directeur du baccalauréat à l’École d’architecture de l’Université Laval Professeur titulaire de l’École d’architecture de l’Université Laval Anne Carrier Architecte principale chez Anne Carrier architecture, membre de l’OAQ, FIRAC

Présidente de l’AAPPQ (Association des architectes en pratique privée du Québec)

Julien Beauchamp-Roy Chargé de cours de l’École d’architecture de l’Université Laval Architecte membre de l’OAQ

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Remerciements Tout d’abord, j’aimerais accorder mon premier remerciement à Jacques White pour tout le soutien durant ce processus itératif de recherche-création. Merci pour toutes ces références inimaginables et pour toutes ces analogies, plus exaltantes les unes que les autres. J’aimerais également soulever la confiance qu'il a eue envers moi, malgré notre rencontre tardive dans mon parcours universitaire. Ce fut un réel plaisir de pouvoir partager ensemble toutes les semaines. Je tiens également à remercier tous les membres du jury, qui ont su faire cheminer davantage toutes les idées qui se bousculaient en moi. Merci d’avoir partagé avec nous cette passion qui vous habite et qui m’anime également. Et merci pour toutes ces rétroactions très constructives. Je voudrais également remercier chaque professeur et chargé de cours que j’ai eu la chance de côtoyer et qui ont su me transmettre leurs connaissances et leur expérience pour me faire grandir en tant que futur architecte. Vous m’avez tous, à votre façon, grandement inspirée à vouloir un jour faire comme vous. Un énorme merci à ma famille qui me soutient depuis toujours dans cette ambition de vouloir devenir architecte. Malgré la distance, merci d’avoir cru en moi jour après jour et de m’avoir supporté dans ce parcours. Je réalise aujourd’hui toute la portée de votre appui et de votre confiance. Merci. Ensuite, j’aimerais remercier tous mes amis qui ont croisé mon chemin, durant ce long parcours académique en architecture, sur lesquels j’aurai pu compter et qui ont eu foi en moi. J’aimerais par ailleurs, destiner un merci tout particulier à Gabriel, avec qui j’ai pu grandir durant huit années en architecture et avec qui j’aurai vécu d’incroyables expériences comme l’échange international. Finalement, je conserve ce dernier remerciement à quelqu’un de très particulier que j’ai eu la chance de rencontrer au travers de ce périple dont je n’oublierai jamais. Merci Camille, de m’avoir littéralement accompagné et de m’avoir conseillé tout au long de ce processus. Merci pour tous tes encouragements, pour ta confiance, ton dévouement et ta créativité. Tu as été précieuse dans cette période pandémique exceptionnelle et pour tout cela, je t’en serai éternellement reconnaissant. Emerick Duquette iii


Avant-propos Au travers de mes huit années d’études en architecture et avec l’opportunité d’avoir pu concevoir plusieurs projets personnels, j’ai réalisé que nous avons littéralement le potentiel de construire la société qui nous entoure. Cette prise de conscience m’a fait réaliser que chaque décision que nous prenons, à une incidence sur ce que nous léguons à la communauté. Je crois sincèrement que chaque décision mérite d’être minutieusement réfléchie. Étant actuellement plus conscient que jamais des impacts que nous avons collectivement sur la planète, je crois que nous avons tout intérêt, en tant qu’architecte, à pousser encore plus loin la réflexion sur la portée de nos réalisations. J’ai la perception de pouvoir accomplir, en tant que professionnel, une multitude de projets dans une multitude de sphères différentes. Cependant, je réalise que c’est également de notre responsabilité de transmettre les convictions et les valeurs qui nous sont propres et qui peuvent s’inscrire dans un mouvement collectif. J’effectue déjà, depuis plusieurs années, une modification dans mon mode de vie pour être en adéquation avec l’environnement. Au travers de ce cheminement, j’ai constaté qu’humainement il est possible de réaliser beaucoup de choses et que professionnellement je pourrai transposer ces convictions qui m’habitent. L’essai (projet) est ainsi une belle opportunité de mettre en œuvre ces réflexions qui me préoccupent et cet espoir qui m’habite, ceux d’une société soutenable, plus connectée et participative face à son écosystème.

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Table des matières Résumé…………………………………………………………………………………………………………………………………………...i Encadrement………………………………………………………………………………………………………………………………….ii Membres du jury…………………………………………………………………………………………………………………………...ii Remerciements……………………………………………………………………………………………………………………………..iii Avant-propos……………………………………………………………………………………………………………….……………….iv Table des matières……………………………………………………………………………………………………….………………..v Liste des figures…………………………………………………………………………………………………………………………….vi 1

Introduction .............................................................................................................................................................. 1

2

Cadre théorique ...................................................................................................................................................... 3 2.1

Métabolisme urbain ..................................................................................................................................... 3 2.1.1 2.1.2

2.2

Collectivités viables.................................................................................................................................... 10 2.2.1 2.2.2 2.2.3

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Système alimentaire et énergétique .......................................................................................................... 12 Société lieu d’intelligence collective .......................................................................................................... 18 Contexte résidentiel ......................................................................................................................................... 18

Cadre conceptuel ................................................................................................................................................ 20 3.1 3.2 3.3 3.4

4

Vecteurs ................................................................................................................................................................. 4 Paramètres et systèmes .................................................................................................................................... 9

Résilience ....................................................................................................................................................... 20 Lisibilité et perméabilité ........................................................................................................................... 21 Entre-deux ..................................................................................................................................................... 22 Superposition et mixité ............................................................................................................................ 24

Projet ........................................................................................................................................................................ 26 4.1

Contexte ......................................................................................................................................................... 26 4.1.1 4.1.2

4.2

Historique ............................................................................................................................................................ 26 Analyse du site................................................................................................................................................... 28

Stratégies urbaines et architecturales ................................................................................................ 30 4.2.1 4.2.2

Forme bâtie......................................................................................................................................................... 30 Programme ......................................................................................................................................................... 32

5

Conclusion ............................................................................................................................................................. 38

6

Bibliographie ......................................................................................................................................................... 40

7

Annexes................................................................................................................................................................... 42 v


Liste des figures Figure 1 :

City Metaphors, Oswald Mathias Ungers……………………………………………………………………………

3

Figure 2 :

Cartographie générale [par l’auteur]………………………………………………………………………………….

6

Figure 3 :

Site [par l’auteur]………………………………………………………………………………………………………………...

8

Figure 4 :

Système alimentaire simplifié [par l’auteur]………………………………………………………………………..

13

Figure 5 :

Stratégies pour des villes nourricières [par l’auteur]…………………………………………………………..

15

Figure 6 :

Vortex Bladeless, (https://vortexbladeless.com/)...............................................................................

17

Figure 7 :

Graphique des activités de l’espace, (Gehl 2011)…………………………………………………………………

22

Figure 8 :

Scénographie du projet, la rivière Saint-Charles [par l’auteur]…………………………………………..

23

Figure 9 :

Scénographie du projet, le parvis [par l’auteur]………………………………………………………………….

23

Figure 10 :

Scénographie du projet, l’interstice effervescent [par l’auteur]………………………………………….

25

Figure 11 :

Cartographie évolutive du site, (Géoindex)………………………………………………………………………..

27

Figure 12 :

Analyse du site [par l’auteur]………………………………………………………………………………………………

28

Figure 13 :

Flux externes [par l’auteur]………………………………………………………………………………………………….

28

Figure 14 :

Flux urbain, transport collectif [par l’auteur]……………………………………………………………………….

29

Figure 15 :

Quartiers [par l’auteur]……………………………………………………………………………………………………….

29

Figure 16 :

Perméabilité [par l’auteur]………………………………………………………………………………………………….

29

Figure 17 :

Usages [par l’auteur]…………………………………………………………………………………………………………..

29

Figure 18 :

Consolidation [par l’auteur]………………………………………………………………………………………………..

30

Figure 19 :

Axes et interfaces [par l’auteur]…………………………………………………………………………………………..

30

Figure 20 :

Scissure structurante [par l’auteur]……………………………………………………………………………………..

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Figure 21 :

Adéquation différentielle écosystémique [par l’auteur]……………………………………………………..

31

Figure 22 :

Flux [par l’auteur]………………………………………………………………………………………………………………..

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Figure 23 :

Schéma programmatique [par l’auteur]……………………………………………………………………………..

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Figure 24 :

Schéma des usages [par l’auteur]……………………………………………………………………………………….

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Figure 25 :

Systémique d’implantation [par l’auteur]……………………………………………………………………………

33

Figure 26 :

Scénographie du projet, la production alimentaire [par l’auteur]………………………………………

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Figure 27 :

Scénographie du projet, l’espace évolutif [par l’auteur]……………………………………………………..

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Figure 28 :

Diagramme d’aménagement évolutif [par l’auteur]…………………………………………………………..

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Figure 29 :

Scénographie du projet, l’espace contemplatif [par l’auteur]…………………………………………….

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1 Introduction Cet essai (projet) s’intéresse au potentiel d’autonomie des villes actuelles. Plus spécifiquement, sur la possibilité d’amélioration et de résilience des structures urbaines, dans une optique de symbiose holistique des citadins à leur environnement. C’est par un concept d’architecture sur le site du pôle d’échange de St-Roch, dans la ville de Québec, que cet essai (projet) trouve son ancrage et se déploie. Les enjeux de la société actuelle suggèrent une réflexion critique sur les systèmes fonctionnels urbains. L’hyperspécialisation des pays depuis la révolution industrielle, a contraint une interdépendance planétaire sur l’approvisionnement alimentaire, énergétique et consumériste. L’externalisation des activités de production et des ressources a également mené à la difficulté de subvenir pleinement aux besoins des communautés urbaines, lors de périodes critiques comme celle de la pandémie actuelle. Il devient dès lors pertinent de repenser le modèle des villes afin qu’il soit plus résilient, autonome et en harmonie avec la collectivité et l’environnement. Comme l’indique Jacques Ferrier dans son livre « La possibilité d’une ville », (2013, p.11) : « L’architecture est en crise : nous vivons un profond changement de nos modes de vie, changement qui nous concerne tous et qui appelle de nouvelles façons de penser la ville. » Dans cette optique, quel modèle d’architecture urbaine permettrait de connecter la collectivité à son milieu pour inciter à l’autonomie productive ? Dans un premier temps, le cadre théorique aborde plusieurs aspects du concept clé de circularité, qui rallie tous les citoyens qui vivent la ville et tous les facteurs qui créent cette urbanité. Que ce soit le principe d’économie circulaire, de récupération d’énergie, de matière, de ressources, ou encore la production alimentaire, énergétique ou simplement l’humain qui vit l’écosystème urbain, chacun de ces éléments se rapporte au principe théorique de la circularité. En continuité, le métabolisme urbain s’inscrit dans un même ordre d’idée en définissant davantage les vecteurs et les paramètres de l’organisme urbain. Passant du fonctionnement structurel des villes, par la consommation et les rejets des agglomérations, le métabolisme urbain permet d’évaluer l’efficacité du système global. Ensuite, 1


les théories des collectivités viables permettent de pousser davantage l’organigramme du projet et de spécifier les besoins alimentaires, énergétiques et sociaux du contexte. Lié à ce cadre théorique, qui renseigne en généralité les concepts sans être directement appliqué au projet, le cadre conceptuel tente quant à lui d’exprimer des notions qui sont littéralement mises en pratique dans la portion projet de cet essai. Rassembleur des théories précédentes, la résilience, la perméabilité, la notion de l’entre-deux et de superposition sont les principes de base représentatifs des intentions primaires du projet. Cet essai (projet) engage une réflexion sur un nouveau modèle d’architecture urbaine qui permettrait l’implantation d’un système circulaire en un seul lieu, étroitement connecté à son milieu, pour inciter la communauté à l’atteinte d’une soutenabilité et d’une résilience pérenne. L’imbrication de ce modèle dans un contexte existant permet ainsi de consolider la ville et de profiter des flux permettant de conduire à une éventuelle autonomie sociétale. Contrairement au mouvement métabolisme des années 60, opportuniste d’un contexte de « tabula rasa », ou encore des idéaux d’une ville autonome s’implantant hors du contexte existant et reposant sur une société capitaliste à croissance infinie, cet essai (projet) tend à intégrer la collectivité et à appuyer ce qui existe déjà. Pour ce faire, il intègre des usages complémentaires de ceux du secteur d’implantation et contributifs au concept d’autosuffisance urbaine. Ces différents éléments programmatiques sont rassemblés via un pôle collectif, un pôle alimentaire et un pôle énergétique combinés. Pour tirer profit du concept de circularité globale, le projet s’inscrit dans un élan opportuniste des flux de déplacement urbains qui lient la banlieue à la ville en un point névralgique et qui permettent ainsi d’être l’articulation entre le monde urbain et suburbain, voire rural.

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2 Cadre théorique Le cadre théorique de cet essai (projet) est développé suivant deux méta concepts directement liés par les notions conceptuelles de résilience, de perméabilité, d’interface, de soutenabilité, d’autonomie et d’interrelations, qui seront détaillées dans le cadre conceptuel. Le métabolisme urbain ainsi que l’idée des collectivités viables qui sont explicitement décrits dans ce cadre théorique permettent de comprendre sur quels fondements repose la portion du projet. La présentation des éléments de théorie fait parfois référence au projet réalisé et présente quelques images du projet. Pour en voir davantage avant la lecture de l’essai, le projet résumé se trouve à l’annexe 3 et le projet complet à l’annexe 12.

2.1 Métabolisme urbain Le métabolisme urbain est une façon d’entrevoir la ville comme un organisme vivant ayant ses propres notions, ses propres paramètres et ses propres incidences qu’englobe un écosystème urbain. Ce concept a d’abord vu le jour avec le sociologiste Karl Marx (Chrysoulakis et al., 2015, p.4). Selon Joesp Acebillo, c’est un mécanisme qui régularise les flux et l’information urbaine dans la balance des processus dissipatifs qui cherchent à éroder le système et du processus homéostatique qui tend à récupérer cette stabilité. L’analogie du métabolisme urbain est parfois comparée aux organismes vivants, tels qu’observé dans l’œuvre d’O.M. Ungers,

« City

Metaphors »

qui

compare les différents réseaux et systèmes de la ville de New York à celui du corps humain ainsi qu’à celui d’un corps automobile (figure 1). Figure 1 | City Metaphors, Oswald Mathias Ungers.| https://ndlr.eu/city-metaphors/

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Le métabolisme urbain est la somme de tous les vecteurs, paramètres et systèmes qui composent la ville. L’idéal dans le cadre du projet d’architecture, est d’arriver à une harmonisation parfaite de tous ces éléments, afin de créer un écosystème fermé et complet qui se suffit lui-même et qui supporte le milieu urbain existant. Avant toute chose, pour bien définir l’efficacité du système il faut, selon Josep Acebillo, comprendre sa complexité selon les différents vecteurs et paramètres appropriés. Dans le contexte des changements climatiques actuels, il devient encore plus important de comprendre le métabolisme urbain des villes dans le but d’accroître leur efficacité. « […] we have to seriously consider how many of the causes generating the huge environmental crises of today – climate change – have their rationale in the metabolic inefficiency of our cities. Day by day is thus more and more necessary to think about the functionality and efficiency of our cities, and this will be crucial […] cities will take on the important role that the future reserves to them. » (Josep Acebillo, 2012, p.1) Pour évaluer le métabolisme urbain, plusieurs nouvelles conditions ont défini les vecteurs et les paramètres d’une ville au fil des dernières décennies. Les nouvelles technologies, la nouvelle économie tertiaire et la globalisation ont eu pour incidence de redéfinir l’approche contemporaine du territoire.

2.1.1

Vecteurs

Les milieux urbains ont connu une grande effervescence depuis le début du 19e siècle, devenant progressivement l’endroit de prédilection des citoyens. Les changements qu’ont apportés l’industrialisation et la mondialisation ont fait émergés plusieurs vecteurs d’une nouvelle urbanité. L’accélération, le multiculturalisme et l’approche écologique sont maintenant des facteurs incontournable à considérer dans toute approche de conception urbaine.

4


2.1.1.1

Accélération

Le thème de l’accélération n’a jamais été aussi important à l’ère anthropocène. L’idée d’accélération trouve sa source dans les flux urbains, dont elle contribue elle-même à augmenter la quantité. Que ce soient les flux automobiles, piétonniers, ou encore des flux de déplacements actifs ou collectifs, ils ont tous redessiné l’approche humaine au territoire. Trop souvent délaissé, le mouvement urbain est, selon Ferrier (2013, p.109), une composante essentielle de la ville sensuelle. « L’esthétique de la mobilité urbaine, si souvent montrée au cinéma, est trop souvent négligée par l’architecture […] Elle est liée au plaisir de circuler en ville en variant les vitesses et de découvrir le paysage urbain mis diversement en mouvement en fonction des modes de transport. La scénographie urbaine, qu’elle soit perçue depuis le métro aérien, en voiture, en bus, à vélo ou à pied, est une composante essentielle du plaisir que l’on peut ressentir en ville au quotidien. » (Jacques Ferrier, 2013, p.109) Ce passage met en relation l’idée de Jacques Ferrier du mouvement vivifiant la ville, dans le prolongement de l’idée d’accélération de Josep Acebillo. Ces deux propositions mises en relation créent une itération possiblement productive de ce que la ville a le potentiel de devenir. De plus, les nouvelles technologies ont permis d’unir les notions du temps et de l’espace. Comme le mentionne Josep (2012, p.15) : « […] the increase in speed permits time to be saved and space to be gained. » La population couvre donc un territoire urbain plus large lui permettant de circuler plus rapidement d’un point géographique à un autre. Cependant, cet aspect apporte un enjeu de contre production, autant au niveau de l’identité communautaire que de l’efficacité des systèmes.

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Cette notion d’accélération est perceptible sur le territoire québécois, notamment dans les secteurs marqués d’un fort étalement urbain. Pour pallier à cet étalement, le projet auquel se rapporte cet essai tente d’intégrer les banlieues de Québec par l’imbrication

de

plusieurs

flux.

Le

réseau

structurant, qui passe au centre du projet, tel qu’on peut le constater sur la figure 2, rend le territoire et la ville plus accessibles à une majorité de la population, permettant ainsi d’être une articulation entre la banlieue et la ville. Le vaste territoire périurbain de Québec étant très élargi, l’implantation du projet au cœur de la ville sur un

Figure 2 | Cartographie générale | Par l’auteur

site du pôle d’échange, rapproche également les commodités de la ville pour les banlieusards. De plus, par l’intégration de ce réseau, la communauté peut se rallier plus facilement en un seul secteur, créant un espace dynamique et diversifié générant un lieu riche en échanges socioculturels.

2.1.1.2

Diversité socioculturelle

Les villes sont aujourd’hui très diversifiées d’un point de vue ethnique et cette tendance tend, de toute évidence, à s’accélérer. Ce phénomène crée des centres urbains à la fois vivifiants et hétérogènes. Des changements sont constatés par le privilège qu’a l’humain moderne de pouvoir migrer comme bon lui semble. Ces flux migratoires ont créé une vague de mouvements et la notion de proximité s’est maintenant étendue à l’échelle planétaire. Cet aspect a permis de réformer l’idéologie de la ville, qui se caractérise maintenant par la coexistence de cette diversité ethnique. Celle-ci pose d’ailleurs la question sur l’identité territoriale, culturelle et communautaire. L’idée ici est de conserver un sentiment d’appartenance au lieu et d’identité culturelle. De la sorte, la diversité urbaine a permis de recentrer les bases sur la conception harmonieuse communautaire. La ville permet aujourd’hui de vivre une multitude de nouvelles expériences identitaires.

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« Understanding diversity as an urban inducement would mean assuming two things : the promotion of a new idea of urban identity evolving from the multicultural effects of diversity, and the possibility of a more efficient and creative new urban mosaic that is capable of understanding urban space as a fractal space in which, though different, the parts have the same potentiality as the whole. » (Josep Acebillo, 2012, p.18) L’espace public sert de lieu d’apprentissage communautaire par le développement technologique, mais également par la diversité ethnique. Comme le mentionne Acebillo (2012, p.18) : « think global, act local. » L’aspect de globalisation a cependant facilité l’accessibilité des produits provenant de plusieurs points éloignés du globe. Dans cette optique, le projet suggère une réflexion conceptuelle et appliquée, sous forme de projet, sur la façon de pouvoir intégrer l’ouverture culturelle développée au fil des dernières décennies tout en optimisant un système local. Il prend également le parti d’inclure la population afin d’avoir des espaces participatifs. La création d’espaces de transmission des savoirs génère des lieux d’échanges et ceux-ci rendent possible leur diffusion tentaculaire dans la ville. L’intérêt d’implanter un projet d’innovation alimentaire et énergétique en milieu urbain est de pouvoir profiter de la densité déjà en place pour être catalyseur de tout ce qui pourrait être fait ailleurs. De plus, la création d’espaces vitrés sur l’extérieur étend les savoirs de la culture alimentaire et culinaire communautaire au reste de la population. Ainsi, l’imbrication des savoir-faire d’autres cultures permet de bonifier les possibilités du projet. Toutefois, la globalité est un élément devant être proportionné, pour s’assurer de conserver une approche locale et soutenable pour l’environnement.

2.1.1.3

Approche écologique

Le principe d’une croissance infinie est aujourd’hui révolu. Les ressources sont épuisables et doivent ainsi être gérées de façon plus consciencieuse. L’édification des villes, l’industrialisation ainsi que la mondialisation sont en majeur parti responsable de la détérioration de l’environnement. L’urbanisation est maintenant un aspect auquel il faut s’attarder dans l’optique d’une optimisation 7


systémique des flux, des réseaux et des façons dont la ville est consommée. Lié à cette idée, le concept de ville intelligente d’Antoine Picon reflète parfaitement les possibilités technologiques pour une bonne maximisation des consommations et des ressources. Cependant, les modes de vie urbains qui permettent de vivre le métabolisme urbain moderne en adéquation de son environnement bâti débute par la réduction et la valorisation des déchets. En plus de penser au recyclage à l’échelle matérielle, il est possible d’y réfléchir à l’échelle architecturale. Intégrer la durabilité en architecture permet de soutenir le concept d’architecture éternel qui transcende le temps. Cette nouvelle architecture doit, selon Acebillo, être pensée de manière résistante en questionnant l’adaptabilité. Le principe de réutilisation affecte directement le métabolisme urbain en altérant les flux d’énergie, de matériaux et de ressources. Ce principe peut également être transposé à l’échelle du bâti en prenant comme position de réhabiliter un bâtiment avant de construire de nouveau. La ville durable existe déjà, il suffit de la conserver, de l’améliorer et de la compléter. Le projet, pour sa part, s’accroche au contexte par l’opportunité qu’offre le site de l’usine Rothmans, à Québec. Cette usine de tabac, tel qu’elle figure sur la figure 3, a un avenir incertain qui laisse présager la présence d’une future friche industrielle, au cœur de la ville. L’occasion qu’offre un tel espace pour reconvertir ce milieu en espace générateur de production pittoresque.

alimentaire Pouvoir

et

énergétique

recycler

un

est

bâtiment

patrimonial est une façon d’engager une résilience écoresponsable. C’est également un potentiel pour optimaliser les paramètres de la ville existante en un seul lieu. Le fait d’avoir un réseau de

Figure 3 | Site | Par l’auteur

déplacement actif au cœur du projet permet d’y juxtaposer ce système et d’en extrapoler les bénéfices à l’échelle urbaine.

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2.1.2

Paramètres et systèmes

Les paramètres et les systèmes de la ville sont toutes les composantes de l’organisme urbain. Ils sont représentés par : la densité urbaine, le degré de compaction ou la structure granulométrique communautaire ainsi que l’hybridité fonctionnelle, Acebillo (2012, p.31). Ensuite, d’un point de vue thermodynamique urbain, la ville intègre trois paramètres très importants, soit celui de la stabilité, de l’irréversibilité et des flux. En généralité, ces paramètres servent à mesurer la consommation d’énergie, l’optimisation du cycle de l’eau et les pertes d’émissions. Le but ici est d’optimiser cette organisation sociétale pour l’obtention d’une durabilité globale. De même, les systèmes qui composent la ville, comme l’environnement bâti, les réseaux de transports, la matrice de mobilité ainsi que toute l’activité humaine générée et son système socio-économique, sont les éléments pouvant être reconceptualisés activement en architecture et en urbanisme, afin d’atteindre un certain niveau d’autosuffisance. Toute transformation apportée mobilise l’ensemble de ces facteurs, à des degrés variables selon le contexte. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle une modulation urbaine est profitable à un changement de métabolisme, passant du linéaire au circulaire. Ce nouveau métabolisme circulaire promeut davantage le processus de réinsertion et de diminution des impacts de tous les paramètres. L’efficacité de ce système peut ainsi être quantifiée afin de balancer les émissions et consommations. Le concept du métabolisme urbain, établi par Karl Marx, facilite la description des caractéristiques qui composent la ville. Pour développer un nouveau modèle d’architecture urbaine écologique, le métabolisme urbain circulaire définit en parallèle les variables à prendre en compte, à coordonner et à optimiser dans le processus de conception. Par conséquent, le projet tente d’intégrer toutes ces considérations au travers du processus de recherche-création. L’adaptabilité conceptuelle du projet permet de conjuguer chaque aspect préalablement défini en intégrant la complexité des systèmes. Pour citer Josep Acebillo, (2012, p.21) : «[…] the new society calls for in reinterpreting the three Vitruvian qualities of utilitas, firmitas, and venustas in a contemporary way.»

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2.2 Collectivités viables Le développement des collectivités viables au Québec doit son mérite, en grande partie, à l’organisme d’intérêt public Vivre en ville qui en fait maintenant la promotion depuis 1995. Sa motivation première était d’apporter des idées novatrices sur tous les aspects spécifiques qu’englobent les collectivités viables telles que : l’urbanisme, l’habitation, le transport actif et collectif, l’environnement, le développement durable et bien d’autres. Vivre en ville définit une collectivité viable comme suit : « Une collectivité viable est un milieu de vie qui répond aux besoins fondamentaux de ses résidents, est favorable à leur santé et assure leur qualité de vie. Son mode de développement favorise l’équité, respecte la capacité des écosystèmes et permet d’épargner les ressources naturelles, énergétiques et financières : elle peut se maintenir à long terme. » Il est possible de ressortir plusieurs aspects intéressants de cette définition. La notion des collectivités viables se base sur les besoins fondamentaux de l’humain. Selon Abraham Maslow, un psychologue humaniste américain, les besoins fondamentaux sont divisés en cinq grandes catégories : 1.

Besoins vitaux ou physiologiques (Manger, boire, dormir, respirer)

2. Besoins de sécurité et protection (Corps, emploi, santé, propriété) 3. Besoins sociaux (Appartenance, amour, amitié)

4. Besoin d’estime de soi (Confiance, respect des autres, estime personnelle)

5. Besoin de se réaliser (Accomplissement personnel)

Ainsi, les collectivités viables traitent principalement des besoins vitaux, sécuritaires et sociaux. Les besoins vitaux, essentiels aux communautés, sont les besoins physiques de l’homme. C’est la base des besoins fondamentaux et sont essentiels aux collectivités. Cependant, ils sont d’autant plus intéressants à travailler en intégrant les besoins de sécurité et les besoins sociaux. C’est à la rencontre de ces trois besoins fondamentaux de base que le potentiel du projet de circularité urbaine prend racine. En bref, les personnes doivent se sentir en sécurité dans un environnement prévisible, qui fait ici appel au concept de lisibilité et de perméabilité qui est défini plus loin, et ils doivent également se sentir acceptés dans leur communauté, qui met de l’avant le lien d’appartenance culturel préalablement précisé dans le chapitre 2.1.1.2. Les collectivités viables ont donc un rôle à jouer pour 10


homogénéiser ces trois premiers paliers des besoins fondamentaux en un centre complet et dynamique pour les habitants. D’autre part, le développement de ces collectivités viables se fait en adéquation avec l’environnement, traité selon plusieurs angles de vues. Tel que l’indique April Philips dans son ouvrage « Designing Urban Agriculture p.7 » : « The exploration of what it means to live in harmony with nature in the city is fuel for innovation, technologies, and ideas that may have the genesis for contributing to a new paradigm for designing the sustainable city. » Le développement de telles collectivités se fait en optimisant la forme urbaine et en intégrant une mixité d’activités ainsi qu’une offre de transport diversifiée. De plus, avec la localisation judicieuse de ces activités et équipements en un point central de la ville, le développement devient un potentiel de conception novatrice pour la ville de demain. Le but est d’offrir ces espaces et ces services à la communauté dans une optique progressiste du mode de vie sociale actuel. Le lieu exploité peut alors encourager la population à entretenir un rapport de durabilité avec leur écosystème et leur mode de vie. Il est possible de rassembler les thèmes des collectivités viables en trois grandes catégories qui sont également les pôles de base du projet, soit : l’aspect alimentaire, énergétique et collectif. Chacune traite d’une multitude de thèmes différents reliés à chacun des pôles, sans oublier la fonction résidentielle, essentielle au bon développement d’un tel programme. De plus, les collectivités viables relatent des principes transversaux qui émettent déjà en amont des prémisses claires de bonnes pratiques pour atteindre cet idéal. Ces principes se résument en quatre grandes sections, soit : • • • •

L’optimisation des équipements et des infrastructures

L’équité publique pour l’intégration d’un milieu de vie à l’image des habitants L’approche écosystémique de l’aménagement

La favorisation d’un concept résilient et adaptable face aux changements climatiques. 11


2.2.1

Système alimentaire et énergétique

Tout d’abord, selon Équiterre (2005) p.7, le système alimentaire est la base du bon fonctionnement de toute société. Il est possible de définir sous plusieurs thèmes le système alimentaire et énergétique, dont l’agriculture urbaine, la saine alimentation, le système des villes nourricières, la gestion de l’eau et la gestion énergétique, qui recroisent les paramètres du métabolisme urbain. Historiquement, la ville et le système agroalimentaire étaient directement liés. Cependant, ceux-ci se sont distancés au fil des ans, pour laisser place aux usines et aux habitations près des centres urbains. Le système alimentaire a également profité de plusieurs avènements importants comme l’arrivée du pétrole et de la mécanisation de l’industrie, qui a permis d’augmenter les rendements et de transporter les aliments sur de plus longues distances. Ces changements ont eu pour effet de mondialiser le bassin alimentaire. Aujourd’hui, ce phénomène engendre une interdépendance planétaire, duquel en résulte une universalisation des produits. L’exploitation des supermarchés a également remplacé en majorité les petits commerces de proximité, distançant de plus en plus le consommateur de la systémique alimentaire. En conséquence, le milieu urbain est de plus en plus éloigné et déconnecté du système alimentaire, créant ainsi une distanciation entre les mangeurs et la façon dont les aliments sont produits et entre les consommateurs et la provenance de ces mêmes aliments. Bien que le système actuel soit efficient dans la création d’une grande quantité de nourriture, il n’est ni résilient ni optimal dans une optique de développement durable et d’attitude à adopter face aux changements climatiques. Le système alimentaire actuel engendre un haut taux de gaspillage et dépend beaucoup de l’industrie pétrolière. Il a d’ailleurs été possible de constater, au courant de la dernière pandémie mondiale, à quel point le système pouvait vite devenir fragile. Comme Alfred Henry l’avait déjà énoncé statué en 1906, ce qui est encore d’actualité, une grande majorité des pays est à seulement neuf repas (3 jours) d’une condition anarchique. Le but d’une conception et d’une localisation stratégique de l’agriculture urbaine est de ramener la nourriture en ville, près des consommateurs et de les reconnecter aux aliments locaux afin d’avoir un mode de vie durable. Le projet tente d’aller encore plus loin en rapprochant non seulement les 12


urbains de la systémique alimentaire, mais également les habitants périurbains et ruraux qui profiteront des liens de transit du nouveau réseau structurant de la ville de Québec. Les liens entre ville et banlieue sont donc renforcis par l’unicité d’un lieu central de pôle d’échange transitoire des flux collectifs. Tel que l’indique Vivre en ville dans son ouvrage des Villes nourricières (2014, p.23) : « l’interdépendance entre les milieux urbains et ruraux en matière […] de flux migratoires, d’échanges alimentaires et de dynamiques écologiques exige de travailler conjointement sur ces espaces. » De rassembler en un lieu prépondérant, les flux et les besoins fondamentaux des habitants de Québec et ses environs, permet d’unir le monde rural au monde urbain et de souder une interdépendance entre ces différentes agglomérations. L’approche

systémique

de

l’alimentation telle qu’illustrée à la figure 4 est divisée en cinq étapes soit : la gestion et la valorisation des déchets, la production, la transformation, la distribution et finalement

la

consommation.

L’idée de circularité permet au système, d’assurer la séquence normale du processus, tout en optimisant son fonctionnement. Intérioriser les étapes du système alimentaire

en

un

lieu

de

Figure 4 | Système alimentaire simplifié | Par l’auteur basé sur Vivre en ville

proximité accessible à la communauté idéalise ainsi la notion du circuit court et de circularité urbaine. Le circuit court est selon la MAPAQ, un mode de commercialisation des aliments qui va au-delà d’une simple transaction. Le circuit court intègre une relation de proximité entre le producteur et la collectivité, permettant d’échanger sur les aliments. L’idée du projet est d’envisager cette interaction au travers d’un marché, mais également au travers d’une transmission des savoirs en offrant un volet plus pédagogique. La population peut alors bénéficier d’un centre agricole urbain productif auquel elle peut facilement en apprendre sur les différentes méthodes de production alimentaire. L’initiative 13


est de rapprocher le consommateur de la production pour que le projet soit catalyseur de tout ce qui pourrait être fait à micro échelle dans les résidences, les parcs, les communautés et autres. De plus, pour que le projet soit invitant et qu’il profite pleinement des flux qui cohabitent ce milieu de vie, l’espace doit être dynamique, offrir des fonctions complémentaires et des espaces de qualité. Pour y arriver, plusieurs stratégies existent afin d’implanter des villes nourricières de façon consciencieuse et responsable. Vivre en ville a d’ailleurs émis cinq ingrédients pour la conception des villes nourricières. Comme illustré dans le schéma de la figure 5 ceux-ci se résument par :

Le territoire productif et l’optimisation de l’espace urbain

L’intégration d’entreprises prospères et responsables

L’accès amélioré aux aliments sains par l’optimisation des transports en destination des infrastructures alimentaires

La demande de proximité accrue par l’intégration d’aliments locaux et d’espaces éducatifs aux mangeurs

Le cycle de vie optimisé par la réduction du gaspillage alimentaire et par la valorisation des déchets.

Ces ingrédients sont les bases d’un système alimentaire durable pour la création d’une ville nourricière autonome.

14


Figure 5 | Stratégies pour des villes nourricières | Par l’auteur basé sur Vivre en ville

2.2.1.1

Territoire productif et entreprises prospères

Le but ultime est d’en arriver à un urbanisme alimentaire où chaque couche du territoire produit sa spécificité d’aliments. L’agriculture urbaine exploite davantage le stade de l’autoproduction, du jardinage et de la production intensive avec des principes de fermes verticales, ouvert en serre et intériorisé au cœur du projet, comme celui développé par Inno-3B, une compagnie québécoise de conception d’équipements d’agriculture verticale 1. Ce système entièrement intériorisé optimise les pertes énergétiques potentielles émises pour la pousse des aliments dans une boîte entièrement refermée sur son environnement, permettant ainsi de rentabiliser leur croissance dans un environnement contrôlé. Plusieurs autres entreprises ou organismes comme Craque-Bitume, les Urbainsculteurs, Cultive ta ville, les fermes Lufa pourraient également faire partie du projet pour développer l’aspect fonctionnel, productif et éducatif. Des locaux sont d’ailleurs prévus dans le projet 2 pour ce genre d’organisme dans le but d’intégrer ces acteurs et de regrouper la communauté en un seul lieu.

1 2

Annexe 11 Annexe 5 plans de l’étage de l’usine

15


2.2.1.2

Accès amélioré aux aliments sains et demande de proximité

La localisation des infrastructures alimentaires est cruciale dans une optique d’autonomie alimentaire collective. Pour qu’un tel projet fonctionne, la communauté doit pouvoir aisément accéder au secteur, si elle n’y est pas déjà partie prenante. Les transports pour accéder au site doivent également être optimisés et articuler en complémentarité du programme. Dans le cas du projet, il a été décider de tirer profit du projet de pôle d’échange sur le site choisi, lequel reliera plusieurs agglomérations à distance et desservira ainsi une bonne proportion de la population de l’agglomération. En misant sur les acquis du secteur résidentiel connexe au projet et sur les prévisions d’amélioration notable de l’offre de transports collectifs il est ainsi facile de centraliser les besoins essentiels en un point central et d’assurer tant le dynamisme que la persistance de la mixité souhaitée. Les habitants peuvent ainsi jouir d’un accès amélioré à une multitude de produits locaux promouvant l’alimentation locale. De plus, les espaces d’éducation agricoles et culinaires connectent et sensibilisent les consommateurs sur le processus alimentaire et la façon de pouvoir optimiser le système.

2.2.1.3

Cycle de vie optimisé

L’intégration d’un cycle de vie complet optimise le système alimentaire global. L’industrie actuelle produit beaucoup de gaspillage. Cependant, en introduisant un espace de compostage à même le projet, les aliments en fin de vie servent également de fertilisant pour les nouvelles pousses. De cette façon, le système alimentaire engendre moins de perte, tout en optimisant les ressources disponibles. Le projet peut donc accueillir le composte des foyers, tout en éduquant la population à réduire au maximum leurs déchets alimentaires. La transformation des déchets devient ainsi un potentiel d’exploitation circulaire. Le pôle énergétique des collectivités viables s’inscrit dans ce même ordre d’idée en optimisant les ressources naturelles et les énergies renouvelables de la ville.

16


2.2.1.4

Énergie

Une collectivité viable autonome ne pourrait fonctionner sans l’intégration de principes et de systèmes d’énergies renouvelables. L’incorporation de différentes stratégies pour subvenir adéquatement aux besoins énergétiques d’un projet qui mise sur la circularité urbaine demande une bonne gestion du système. Pour ce faire, la théorie des villes intelligentes, développée entre autres par Antoine Picon, permet de dresser un portrait général de l’optimisation d’une ville tel que vu dans la théorie du métabolisme urbain. Un bon système de contrôle qui maximise le rendement selon les besoins en énergie de la ville, permet au projet d’inclure une multiplicité de systèmes d’énergie renouvelable. Celui-ci intègre la récupération des eaux de pluie avec un bassin de captation et de crue des eaux. Il profite également d’un espace de réutilisation des matières résiduelles pour créer un fertilisant. L’utilisation des serres en toiture est profitable à l’intégration de panneaux photovoltaïques magenta qui accroissent la pousse des plantes tout en emmagasinant de l’énergie

solaire.

Ce

système

combine

efficacement l’énergie utile au bâtiment afin de réduire

les

impacts

énergétiques

des

paramètres du projet tel que vu dans le cadre du métabolisme urbain. L’implantation sur le site de nouveaux systèmes éoliens à vibration minimise son impact visuel et renforce son efficacité (figure 6). Ce système novateur, développé en Espagne, permet de s’insérer en

Figure 6 | Vortex Bladeless | https://vortexbladeless.com/ 1

zone urbaine de façon plus discrète qu’une éolienne standard. Finalement, l’ajout de bassins de captations de la neige pour emmagasiner la neige durant l’hiver et diffuser sa fraicheur durant l’été assure la climatisation des serres et des bâtiments. Ces simples interventions rendent le projet plus autonome et autosuffisant. La production d’énergie à l’interne sert également de potentiels à la recherche et au développement de nouvelles méthodes d’énergiser la ville. La société joue cependant un rôle primordial dans cette intégration.

17


2.2.2

Société lieu d’intelligence collective

La société est par définition une collectivité d’individus unifiés par un réseau de relations, de traditions et d’institutions. Dans une collectivité viable, cette société tente de vivre en adéquation avec son écosystème. À la fois structurant à l’échelle humaine, urbaine ou territoriale, la concentration d’activités en un noyau urbain, tend à monopoliser davantage d’individus. Dans le cadre d’une articulation urbaine entre ville et banlieue, la localisation est un facteur primordial. Pour qu’une société soit durable, les déplacements actifs, collectifs et la mobilité en général doivent être pris en compte. Directement liés aux flux urbains, ces éléments, comme traité précédemment dans le métabolisme urbain, paramètrent le potentiel d’une collectivité viable. De plus, la mixité du secteur génère un dynamisme pour l’espace public et bâti tel qu’il est possible d’analyser dans des projets de mixité urbaine comme celui d’Édouard François, Zac D’Asnières qui réinterprète sensiblement l’idéologie d’une ville dans la ville. Le secteur résidentiel fait vivre le projet et le projet établit un lieu générateur de vie urbaine. Une telle stratégie a fortement inspiré la conception du projet.

2.2.3

Contexte résidentiel

Une collectivité viable doit son appui à la communauté participative du milieu. Pour être optimale, une collectivité viable profite d’un milieu urbain entouré de citoyens permettant le roulement et le bon fonctionnement de ce système autonome. Un des principes pour accentuer la plausibilité des collectivités viables est de densifier les espaces urbains existants. Ainsi, consolider et requalifier des secteurs sous exploité offre les conditions favorables au développement d’un projet complémentaire. Planifier la croissance de la ville sans s’étaler atteste d’une sensibilité au territoire. Les infrastructures mises en place ainsi que les services et équipements publics se retrouvent ainsi optimisés. De plus, retisser la ville afin de la densifier sans l’étaler tout en lui donnant une nouvelle cohérence justifie l’incrémentation de changements soutenables. L’intégration d’un réseau structurant, la localisation stratégique des activités, la création d’espaces publics de qualité, un cœur de quartier dynamique pour un mode de vie urbain diversifié, sont toutes des avenues potentielles d’une revivification d’un secteur pour l’obtention d’une nouvelle façon d’entrevoir et de vivre la ville circulaire.

18


Le projet s’intéresse davantage aux fonctions programmatiques complémentaires à celle résidentielle, en étayant les fonctions productives de l’alimentation et de l’énergie. Le contexte du secteur étant résolument très bien établi dans la fonction résidentielle, le projet explore alors une nouvelle façon de vivre la ville. Les secteurs avoisinants pouvant être consolidés, le site peut jouir d’une latitude pour idéaliser les fonctions complémentaires quotidiennes pour une société plus autonome. Le projet prend parti de ne pas traiter davantage l’imbrication résidentielle sur le site même, mais de plutôt consolider le contexte dense avoisinant, vu comme une partie prenante du projet. Ainsi, dans une optique de raffinement du processus de recherche-création, le projet focalise sur les besoins fondamentaux connexes à l’habitat préalablement établi. Le principe de collectivité viable est ainsi conceptualisé de façon à interrelier les différents usages du programme, regroupant en un seul lieu la plupart des besoins essentiels et les mettre en étroite relation dans le but explicite de concrétiser l’objectif global de circularité par le projet. Du moins, offrir une démonstration de ses possibilités en contexte local.

19


3 Cadre conceptuel Le cadre conceptuel regroupe les concepts clés appliqués directement à la conception du projet. Plusieurs notions ont défini le processus itératif de conception. Cependant, quelques-unes parviennent à mieux définir les intentions initiales du projet, qui sont de créer un modèle d’architecture soutenable en milieu urbain afin de lier plusieurs agglomérations en un point névralgique, créant ainsi des espaces riches et productifs où la vie peut prendre racine et où les usages sont interreliés et même juxtaposés, cela à différentes échelles.

3.1 Résilience Le concept de résilience est directement lié à celui de la durabilité et indéniablement à celui d’adaptabilité. Pour être résiliente, la société doit avoir les outils pour s’adapter. Dans le manuel de transition d’Hopkins, (2008, p.60) Walker et al. définissent la résilience comme suit : « La résilience est la capacité d’un système à absorber un changement perturbant et à se réorganiser en intégrant ce changement, tout en conservant essentiellement la même fonction, la même structure, la même identité et les mêmes capacités de réaction. » L’idée est de permettre aux collectivités d’avoir les moyens de s’adapter aux différentes crises potentielles qui pourraient subvenir et aux différents changements sociaux à prévoir au fil des prochaines années. La résilience est un concept qui permet de lier les habitants à leur milieu bâti et naturel afin de créer un grand écosystème local autonome. Plus spécifiquement en rapport au projet, ce concept lui permet de s’adapter au contexte en requalifiant l’usine de tabac, comme une friche industrielle à fort potentiel d’adaptation, dans une vision de continuité pérenne. En offrant la production des besoins fondamentaux, le nouveau pôle d’innovation encourage le maintien d’une société stable et autonome. L’ajout d’espaces flexibles et appropriables entre autres dans l’espace du marché, assure la viabilité d’un bâtiment conciliant, selon

20


les différentes activités possibles (figure 28). De plus, il conserve la mémoire du lieu 3 rappelant le marché St-Roch d’autrefois, sémillant sous le dynamisme collectif. L’intégration du nouveau bâtiment au projet, pensé pour être polyvalent, lui assure une meilleure longévité. Celui-ci est également conçu dans une optique de développement durable et de symbiose avec son environnement et son contexte. L’application de méthode plus responsable comme une structure en bois et la gestion des flux à l’interne présage les mesures essentielles à la soutenabilité du projet.

3.2 Lisibilité et perméabilité La lisibilité et la perméabilité dans une ville sont des notions clés au bon fonctionnement et au repère dans le paysage urbain. Pour ce faire, Kevin Lynch définit la lisibilité dans son ouvrage «The Image of the City» comme étant la facilité avec laquelle les personnes peuvent comprendre la disposition d’un lieu nonobstant ce qu’il appelle l’«imagabilité», qui permet d’évoquer une image forte du lieu. La perception de son environnement permet à l’usager de sentir un lien d’appartenance au projet tout en s’orientant facilement dans l’espace. C’est par l’analyse de cinq éléments cruciaux que la lisibilité d’un projet urbain contribue à définir cette perception : les voies, les limites, les quartiers, les nœuds et les points de repère, tous interreliés dans l’optique d’une conception intégrée permettant à l’usager de vivre une bonne expérience architecturale et urbaine. Parallèlement, la perméabilité selon Ian Bentley dans son ouvrage « Responsive environments » (1985, p.11) est définie comme suit : « Only places which are accessible to people can offer them choice. The extent to which an environment allows people a choice of access through it, from place to place, is therefore a key measure of its responsiveness. » Ainsi, un lieu perméable est un endroit qui offre à l’usager une multitude de possibilités d’accès traversant le site. Cependant, le lien visuel est primordial à la compréhension physique de l’utilisateur. Le principe est d’autant plus important sur la question des espaces publics et privés. Ces fonctions complémentaires doivent offrir des interfaces conviviales qui seront davantage définies dans le concept de l’entre-deux.

3

Annexe 8

21


La perméabilité du projet a été réfléchie en amont dès le choix du site pour son potentiel géographique. Étant au cœur de plusieurs quartiers résidentiels limitrophes, le potentiel de perméabilité est notable. D’autant plus que le projet profite de l’implantation du futur pôle d’échange, qui transcende le concept de perméabilité à l’échelle des flux et des déplacements collectifs. Pour le concept de lisibilité, le projet se situe en entrée de ville, aux abords de l’autoroute Laurentienne, qui permet d’imaginer ce nouveau concept comme un repère central de la ville.

3.3 Entre-deux La notion d’entre-deux développé par Jan Gehl est indispensable dans la composition d’un projet. Les interfaces entre environnement bâti et environnement naturel, entre bâtiments existants, requalifiés et nouveaux, entre les flux collectifs et actifs sont singulièrement ce qui dynamise le projet en offrant des espaces structurés par la forme architecturale et urbaine. Jan Gehl indique également dans son ouvrage «Life Between Buildings» (2011, p.14) qu’il y a trois types d’activités extérieures, les activités

essentielles,

optionnelles

sociales

(figure

Ces

7).

et

différentes

activités surviennent seulement quand les espaces sont de bonnes qualités. Les conditions

physiques

doivent

être

invitantes pour interpeler les citadins à vouloir

arrêter,

s’asseoir,

s’amuser et en profiter.

manger, Figure 7 | Graphique des activités de l’espace | Life Between Buildings

Dans le cadre du projet, l’intention est de dynamiser les interfaces entre environnement naturel et bâti, entre rivière et boulevard, entre usine existante et nouveau bâtiment et entre les flux et l’espace public. Chacun de ces espaces offre une unicité du lieu dans une mesure où l’intervention est inéluctable du contexte créé. La création du bassin de rétention sert également dans la relation entre le nouveau marché et le parc de la rivière Saint-Charles. Cet espace offre la possibilité avec les futures rénovations du barrage Samson de devenir un secteur convivial où plusieurs activités comme le canotage, la pêche ou le patinage en hiver pourront être pratiquées (figure 8). 22


Figure 8 | Scénographie du projet | Par l’auteur

L’ajout d’espaces de microforêts, communément appelé la technique Miyawaki, crée des zones végétalisées aux endroits stratégiques. Ces zones de biodiversité en continuité des zones naturelles de la rivière rendent la transition entre espace privé et espace public plus conséquent. Ensuite, la création d’espaces publics intérieurs extensible vers l’extérieur vient dynamiser l’interface directe du bâti avec son contexte comme il est possible de le constater sur la figure 9. Cette possibilité offre la souplesse aux usagers de pouvoir encore une fois s’approprier l’espace selon leurs besoins.

Figure 9 | Scénographie du projet | Par l’auteur

23


3.4 Superposition et mixité La notion de superposition des usages et des flux ainsi que celui de mixité urbaine accroissent la performance du métabolisme urbain vu précédemment. Cette interaction a pour effet de diminuer l’énergie consommée, la pollution et les flux. Chrysoulakis et al., (2015, p.7) énoncent la mixité urbaine comme étant une stratégie efficace à la création d’une société durable. La superposition de multiples usages et la proximité d’une mixité programmatique renforcent les opportunités urbaines tout en réduisant les besoins. Le projet intègre une mixité à la fois horizontale et verticale. Le secteur offre la possibilité d’avoir une superposition d’usages mixte et complémentaire. Le projet vient ainsi renforcir l’opposition à la ségrégation des activités. La mixité est selon Vivre en ville : « […] un ingrédient essentiel à la création de milieux de vie complets puisqu’elle permet l’utilisation des lieux pour différents usages et à divers moments de la journée. En favorisant la convergence des activités et des parcours, elle donne au quartier et à la ville leur structure.» Contrairement à la ségrégation des activités issue d’une planification très fonctionnaliste, la mixité urbaine consomme moins d’espace et de mobilité. Relié au tramway le projet réduit alors l’importance allouée à l’automobile et les infrastructures qui y sont associées. Le fait de créer un espace mixte au cœur de plusieurs quartiers offre une meilleure localisation pour tous ces usages et une meilleure accessibilité. La superposition des usages et des flux crée une synergie structurante et profitable pour chaque fonction. Que ce soit une activité fonctionnelle, économique ou communautaire, l’achalandage en un lieu rend possible l’exploitation de plusieurs services. Cette consolidation d’activités différentes d’un secteur renforce la résilience de chaque activité et crée une interdépendance, qui a le potentiel de vivifier le milieu et de contribuer à la vitalité économique de la ville. C’est également la situation favorable à l’incrémentation d’un réseau de transport collectif. Du coup, la mobilité active, collective et durable lutte contre les émissions et encourage un mode de vie plus soutenable. Pour y arriver, la mixité urbaine passe par une bonne gestion de la densité résidentielle qui, sur le site du projet, est déjà très présente comme mentionné au chapitre 2.2. Elle passe ensuite par une compacité, un développement à échelle humaine et finalement, par la perméabilité du lieu qui l’influence et qu’elle influence elle-même. 24


Le projet intègre cette volonté de mixité en s’enracinant au contexte résidentiel existant et en l’enrichissant de manière à la fois radicale et sensible. Le secteur étant très dissemblable en particulier dans sa forme urbaine, le nouveau projet tente de faire évoluer ce secteur vers une mixité plus structurée. L’ajout du réseau structurant au site apporte certainement une affluence de personne sur le pôle d’échange. Mais bien plus, le projet tire avantage de cette mobilité pour y fortifier un secteur novateur et générateur de possibilités, où il est possible d’enrichir l’apport des mouvements au dynamisme de l’espace urbain collectif, comme l’illustre la figure 10.

Figure 10 | Scénographie du projet | Par l’auteur

25


4 Projet Le projet, inscrit en continuité des cadres théoriques et conceptuels, vise à soutenir la ville existante. La mission de cet essai (projet) est d’explorer l’idée d’une société autonome plus pérenne dans un contexte urbain et social existant. L’architecture prend forme selon les besoins de cette société et selon les critères du site. La société est en fait la base des questionnements de cet essai et l’architecture apporte une hypothèse hypothétique des possibilités de la ville. C’est en continuité du mode de vie des citoyens que le projet prend assise dans son contexte, pour offrir une nouvelle perspective de vivre la ville de demain. La finalité de celui-ci se résume à l’articulation autant sociale que programmatique d’un changement des modes de vie, en vue de progresser vers une collectivité autosuffisante.

4.1 Contexte Le choix du site est primordial au développement du projet. L’implantation sur un site au cœur de la ville était nécessaire. De plus, pour profiter des flux qu’offre la ville, le site du pôle d’échange de StRoch semblait être un choix idéal. Avec l’arrivée du tramway, ce site devient une plaque tournante de la relation entre les banlieues et la ville. L’important fut de trouver un site pouvant accueillir un large éventail de fonction, sans nuire au contexte existant, voir même en bonifiant le milieu qui entoure le site. Le choix de celui-ci a été fait à la suite d’une large analyse de quelques secteurs pouvant potentiellement accueillir le projet comme point d’ancrage de la démarche exploratoire du sujet qu’il sous-tend. Ce secteur, limitrophe du quartier St-Roch et Limoilou, rassemblaient plusieurs opportunités latentes nettement sous-exploitées, cela, dans une perspective évolutive qui touchent différentes échelles.

4.1.1

Historique

Le site choisi a été au fil des ans un important secteur d’activités pour les quartiers contigus. Tel que le suggère la figure 11, c’est un site qui a été au cœur de plusieurs changements majeurs sur une longue période. Plusieurs constructions et déconstructions ont fait de ce site un lieu très bouleversé et déstabilisé. Il entretient un lien bien particulier avec la rivière Saint-Charles, qui a cependant pris 26


plusieurs formes selon les époques. L’établissement de l’usine, édifiée en plusieurs étapes, a notamment transformé l’ancien secteur résidentiel en un secteur industriel, la fonction résidentielle ayant toutefois marqué un retour un peu plus tard, du moins partiel. Aujourd’hui, il est possible d’observer cette fragmentation historique à laquelle participe l’usine toujours en place, mais dont l’aspect a changé. Elle représente actuellement un usage dichotomique par rapport au contexte et devient avec la consolidation de la Pointe-aux-lièvres en espace d’habitations, l’un des seuls vestiges industriels du lieu. La mémoire collective reste toutefois vivante pour ce site, avec celle, entre autres, de l’ancien marché St-Roch qui longeait autrefois l’arrière du site de l’usine Rock City Tobacco. 4

1948

1973

4

1963

2020

Figure 11 | Cartographie évolutive du site | Géoindex

Annexe 8

27


4.1.2

Analyse du site

Figure 12 | Analyse du site | Par l’auteur

Le site est indiqué en gris sur la figure 12. Il borde la rivière Saint-Charles, l’autoroute Laurentienne et englobe le site l’usine de tabac, dans un tissu urbain du secteur de St-Roch très particulier. Il se retrouve au cœur de plusieurs flux et potentiels urbain. La figure 13 schématise les flux des secteurs avoisinants qui entourent le site du pôle d’échange. Avec la consolidation des secteurs de la Pointe-aux-Lièvres et de Stadacona, l’axe de la rue de la Pointe-aux-Lièvres deviendra également une voie très importante au site. Figure 13 | Flux externes | Par l’auteur

28


Le site profitera éventuellement d’un apport de mobilité collective considérable par l’intégration du réseau structurant (représenté en jaune dans la figure 14) et du réseau de bus de la RTC représenté en vert. Le site du pôle d’échange étant la pierre angulaire de la desserte des banlieues situées au nord de Québec, celui-ci profitera d’une forte présence humaine migratoire. Figure 14 | Flux urbain | Par l’auteur

Localisé à la jonction de plusieurs quartiers limitrophes (figure 15) le site est des plus favorables à l’implantation d’un secteur d’activité mixte tel qu’abordé précédemment, puisqu’il se retrouve au cœur de plusieurs secteurs denses de la ville de Québec.

Figure 15 | Quartiers | Par l’auteur

Il présente cependant une grande fragmentation urbaine due au passage de l’autoroute Laurentienne qui vient créer une fracture majeure dans le paysage urbain (figure 16). Avec l’ajustement de quelques éléments de lisibilité inspiré des écrits de Lynch, le secteur a un réel potentiel de perméabilité. Figure 16 | Perméabilité | Par l’auteur

Finalement, en poursuivant l’analyse, il est possible d’en ressortir les usages du secteur et de remarquer une forte présence du tissu résidentiel et de deux artères commerciales non communicantes plus importantes (figure 17). Le site du projet offre alors l’opportunité de créer une transition entre ces deux artères et les secteurs denses d’habitations. Figure 17 | Usages | Par l’auteur

29


4.2 Stratégies urbaines et architecturales Selon l’analyse urbaine du site, de son contexte et du secteur, les objectifs de design établis peuvent se résumer comme suit : •

Créer un lien transitionnel entre l’espace naturel du parc de la rivière Saint-Charles et l’espace urbain de l’autoroute Laurentienne.

Intégrer le réseau structurant au cœur du pôle d’innovation en complémentarité d’une

matrice de mobilité durable active et collective.

Etendre les espaces dans la relation intérieure/extérieure et l’interface qu’ils créent comme entre-deux.

• •

Requalifier le patrimoine bâti industriel résilient.

Mettre en interrelation plusieurs activités et infrastructures complémentaires pour la création

d’un écosystème connecté et interdépendant. •

Implanter d’un projet flexible, appropriable et évolutif à la collectivité, pour une résilience pérenne.

4.2.1

Forme bâtie Dans un premier temps, le projet prend parti de consolider les secteurs avoisinants et de retirer deux bâtiments résidentiels du site qui pourront être bonifié dans une étape subséquente tel qu’illustré à la figure 18. L’idée est d’offrir au secteur une plus grande densification urbaine en lien direct avec la théorie des collectivités viables. La reconversion de

Figure 18 | Consolidation | Par l’auteur

l’autoroute Laurentienne en boulevard urbain est anticipée afin de ramener le lieu à une échelle plus humaine et d’augmenter la lisibilité et la perméabilité du secteur. Par la suite, le projet s’implante en continuité de l’axe fort de la Couronne et de la rue de la Pointe-auxLièvres (figure 19). Ces axes tendent à se rejoindre en un point central qui devient le site du nouveau projet. Ils relient les extrémités de deux agglomérations résidentielles d’importance à Québec. De plus, l’implantation du bâtiment prend compte des interactions au milieu, en

Figure 19 | Axes et interfaces | Par l’auteur

respectant les interfaces urbaines et naturelles. La considération pour le 30


tramway et pour son grand potentiel de transformation du milieu est également primordiale sur ce site. C’est pourquoi le bâtiment n’est pas monolithique mais est scindé, afin de faire place au réseau structurant tout en l’intégrant complètement au projet (figure 20). L’idée ici est de tirer profit des notions de superposition et d’interrelation pour que chaque composante du projet interagisse et contribue à créer ensemble Figure 20 | Scissure structurante | Par l’auteur

un environnement riche en mouvements et en activités. Ensuite, la symbiose écosystémique de chaque fonction du site est traitée en continuité de la rivière avec l’intégration d’une toiture qui descend vers un nouveau bassin de captation des eaux et qui fait correspondre les niveaux à cet endroit. Ce bassin permet ainsi la gestion des eaux du bâtiment, mais également celles de crues printanières (figure 21) tout en mettant en forte relation expérientiel l’intérieur du bâtiment à une composante importante de son milieu d’insertion. L’intégration du bâtiment à celui de l’usine existante, requalifié en centre de production

Figure 21 | Adéquation différentielle écosystémique | Par l’auteur

alimentaire et énergétique, se concrétise en partie par une liaison entre le nouveau et l’existant. La toiture qui s’avance sur l’espace public est accessible à la fois depuis l’usine et le parc. Cette accessibilité permet d’intégrer des espaces végétalisés et le toit qui s’étend offre des espaces protégés jusqu’au sol. Finalement, tous les systèmes se chevauchent pour créer une synthèse conceptuelle et expérientielle du projet où la vie s’installe durablement et sous plusieurs formes, variant au gré de l’heure du jour, de la météo et des saisons. Dans la figure 22, la juxtaposition de tous les flux urbains hypothétiques du projet (piétons, cyclistes, automobiles, bus et tramway) cohabitent pour concrétiser

Figure 22 | Flux | Par l’auteur

l’approche

harmonieuse,

en

mouvement,

du

nouveau

pôle

d’innovation. C’est également par l’imbrication de ces flux que l’idée de transmission tentaculaire des savoirs révèle sans doute son plus grand potentiel. 31


4.2.2

Programme

Figure 23 | Schéma programmatique | Par l’auteur

Le programme du projet offre une mixité d’usages, accueillant des espaces communautaires et participatifs, pour créer des lieux d’interaction entre les citoyens. L’objectif est de créer un canevas où la vie prend forme. Ces espaces générateurs d’échanges, accroissent les potentiels d’expansion des procédés de production alimentaire et énergétique à l’échelle urbaine. Divisé en trois pôles principaux, tel que mentionné plus tôt, le projet comprend un pôle collectif, un pôle alimentaire et un pôle énergétique. Chaque usage a été pensé afin d’être en étroite relation avec les autres activités du site (figure 23). Plus précisément, le projet intègre un espace central collectif auquel circulent tous les autres usages principaux programmatiques (figure 24). 32


Figure 24 | Schéma des usages | Par l’auteur

La structure organisationnelle du programme est réfléchie en fonction du système alimentaire de la figure 4 (schéma alimentaire). Cette organisation spatiale représente schématiquement les notions du circuit court d’un système alimentaire optimisé. La fluidité en plan des espaces est ainsi non seulement fonctionnelle, mais également stratégique dans l’apport de ce que chaque usage apporte au suivant. La figure 25, schématise quant à elle la transposition dans le projet de l’idée de fluidité circulatoire.

Figure 25 | Systémique d’implantation | Par l’auteur

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4.2.2.1

Pôle alimentaire

Dans sa structuration 5, le pôle alimentaire est principalement divisé en cinq grandes sections auquel vient s’attacher l’aspect communautaire et didactique. Ces sections sont les cinq éléments qui composent le système alimentaire simplifié soit : • • • • •

La valorisation des déchets

La production

La transformation

La distribution

La consommation

Les espaces de valorisation des déchets servent de zone de compostage urbain. Comme mentionné préalablement, ce compost conçoit un fertilisant pouvant être réutilisé dans les espaces de production. Directement liés à ce bâtiment, les espaces de production sont divisés en trois types, soit : des serres verticales (figure 26), des espaces contenant des systèmes de ferme verticale 6 et des emplacements d’agriculture urbaine extérieure comme des jardins communautaires et collectifs.

Figure 26 | Scénographie du projet | Par l’auteur 5 6

Annexe 5 pour les plans du projet Annexe 11

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Rattachés à ces espaces de production, les lieux de transformation se juxtaposent en plan, pour naturellement conduire au marché de proximité (figure 27). Celui-ci est d’ailleurs considéré comme espace privilégié d’expansion des circuits courts. Selon l’association des marchés publics du Québec, de tels endroits constituent du coup des espaces de socialisation qui favorisent la cohésion sociale. C’est avec ce type d’espace que l’appropriation des lieux et que le sentiment d’appartenance prennent forme et opère dans le quotidien, en lien avec le vecteur de diversité socioculturelle du métabolisme urbain précédemment abordé. La figure 27 illustre l’atmosphère de l’espace du marché, qui accueille marchands, producteurs locaux et consommateurs de toutes origines. Il s’agit du principal endroit dans le projet où tous cohabitent dans une symbiose dynamique.

Figure 27 | Scénographie du projet | Par l’auteur

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Figure 28 | Diagramme d’aménagement évolutif | Par l’auteur

De manière plus générale, la conception de lieux flexibles et simples d’appropriation résultent de la volonté de créer un établissement évolutif capable de résilience et d’adaptabilité, permettant au bâtiment de perdurer dans le temps. Ainsi, à l’image de la mémoire du lieu qui autrefois accueillait un marché de proximité modulable, le marché est ici pensé pour se modifier selon les besoins de ses utilisateurs (figure 28). En continuité du processus de distribution, un espace de consommation est prévu à l’étage du marché, avec un espace de restauration et également avec des espaces polyvalents. 36


4.2.2.2

Pôle énergétique

Le pôle énergétique comprend des espaces de gestion, de contrôle et un centre de recherche afin de développer de nouvelles méthodes d’énergie renouvelable. Les différentes énergies implantées au projet tel que vu dans le chapitre 2.2.1.4, permettent de soutenir l’indépendance du projet. Ce pôle contribue au paysage de la ville, à l’expression de soutenabilité collective et à la colonisation des espaces périphériques en extension des limites de l’empreinte du projet.

4.2.2.3

Pôle collectif

Finalement le pôle collectif profite des usages déjà présents des lieux avoisinants, en complémentarité de sa contribution à la vitalité de ceux-ci, affirmant du coup la valeur holistique de l’intervention. Le secteur comporte déjà plusieurs parcs et pôles récréatifs qui viennent supporter et complémenter le programme établi du projet. Principalement, l’idée d’intégrer ce pôle au cœur du projet est de permettre aux personnes qui utilisent les flux migratoires du réseau structurant, et tout autre citoyen, de pouvoir avoir un espace appropriable pour prendre le temps de se connecter avec la nature, le parc ou encore pour profiter d’un transit à des fins de travail ou encore pour faire son marché. La figure 29 présente un des espaces collectifs clés du projet qui favorise, de manière très flexible et ouvertes à plusieurs appropriations possibles, les liens que le bâtiment favorisent entre ses espaces intérieurs et la renaturalisation du site qui participent à une même expérience globale.

Figure 29 | Scénographie du projet | Par l’auteur

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5 Conclusion Optimiste à l’idée de pouvoir un jour imaginer la ville en symbiose avec l’environnement, l’essai (projet) a cherché, s’appuyant sur des concepts et des théories axés sur les collectivité viable et le métabolisme urbain, à démontrer comment l’architecture pouvait participer à un enthousiasme collectif et participatif, pour la production des besoins essentiels tout en bonifiant significativement les espaces urbains, où nature, architecture et quotidien collaborent en harmonie. Une attention portée aux rapports entre citoyens et collectivité, entre espaces publics et territoire, a été à la base du processus de recherche-création. Le parti architectural, qui se rapporte directement à l’essai et qui en fait lui donne sa pleine expression par une exploration singulière sur un site particulier, a permis d’approfondir plus largement les « possibilités de la ville » pour reprendre les termes de Jacques Ferrier, laissant s’exprimer une forme d’idéation d’un mode de vie qui mette en étroite relation, non pas en simple cohabitation ou juxtaposition, les écosystèmes urbains et naturels. En continuité des différents cadres expliqués, la proposition architecturale suggère un lieu favorable à la mise en place d’une communauté capable de subvenir à ces propres besoins, minimisant ses dépendances à des conditions externes. L’insertion du projet exigeant un choix de site approprié au défi d’élaborer un programme fortement lié au contexte, au point où, idéalement, le projet donnerait l’impression d’avoir manqué au milieu jusque-là. L’élaboration du programme, en même temps que différents sites étaient investigués, a permis de comprendre et de mesurer l’importance de la connexion urbanistique anticipée. Tandis que la démarche de l’analyse urbaine a démontré la pertinence d’approfondir la compréhension morphologique du site, afin de déterminer la relation qu’il était possible d’y développer avec le projet, l’idée de structurer un espace générateur de vie humaine à générer plusieurs itérations d’hypothèses de solutions architecturales au fil du processus de conception. La notion du métabolisme urbain circulaire de Josep Acebillo (2012), a entre autres permis d’implanter un projet de façon réfléchie tout en élaborant un certain équilibre matriciel. Le concept de collectivité viable développé par Vivre en ville a quant à lui été d’une grande aide pour élaborer le programme et articuler les liens contextuels. Par ailleurs, l’identité du projet repose en grande partie sur la systémique alimentaire définie dans l’ouvrage des Villes nourricières de Vivre en ville (2014). La 38


théorie des « Smart Cities » d’Antoine Picon a également été prise en compte lors du développement du projet, même si j’ai décidé de ne pas y accorder la priorité puisqu’elle rejoint beaucoup les notions de Jacques Ferrier et de Josep Acebillo et ne me permettait pas d’approfondir davantage le sujet par le projet. Le cadre conceptuel a quant à lui permis d’appliquer concrètement des notions pratiques au fil de l’évolution du projet, qui permettait de bonifier la richesse du projet à mesure que la session avançait. Toutes ces références d’intérêt sur le sujet ont été utiles à fonder et à stimuler mes idées jusqu’au bout de la conception du projet. Enfin, l’essai (projet), qui s’est somme toute très bien déroulé dans un contexte pandémique inhabituel, a permis d’explorer, au travers de stratégies urbaines et architecturales, une question fondamentale sur la façon d’entrevoir et de vivre la ville. Le projet s’inscrit dans un mouvement de développement urbain sensible, par une prise de conscience de beaucoup d’aspects relatifs à l’architecture et à l’aménagement qu’englobent les défis de l’homme moderne actuel, passant entre autres par ceux des changements climatiques et de la pandémie mondiale toujours d’actualité au moment d’écrire ces lignes. Travailler à une plus grande échelle de projet, sans pour autant négliger l’échelle humaine, m’a permis de mieux comprendre les possibilités qu’offre la ville, mais aussi bien les complexités quelle renferme, pour concevoir un projet plus complet et plus contributif à ses qualités souhaitées. Malgré le travail ardu que sollicite un projet de cette ampleur, ce fut une expérience très stimulante et enrichissante, certainement pertinente pour la préparation à la profession qui m’attend. Par l’ensemble de la démarche d’essai (projet), j’aurai beaucoup appris sur les opportunités que nous offre le métier d’architecte d’imaginer un monde meilleur en s’appuyant non seulement sur les potentialités de l’architecture elle-même, mais sur celles des milieux qui l’accueillent sous de multiples formes. Je laisserai le lecteur sur une citation de Jacques Ferrier qui m’a fortement inspiré et qui m’aura suivi du début à la fin de ce cheminement : « La possibilité d’une ville viendra de notre intelligence à comprendre ce qui nous est étranger, de notre capacité à inclure l’expérience de chacun dans la production du projet, et de notre volonté à remettre l’homme au cœur de toute vision urbaine. » (Jacques Ferrier, 2013, p.130)

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6 Bibliographie Livres Acebillo, J., Caputo, P., Martinelli, A., & Università della Svizzera italiana. Accademia di architettura. (2012). A new urban metabolism: [barcelona, lugano, case studies]. Università della Svizzera italiana, Accademia di architettura.

Bentley, I. (1985). Responsive environments : a manual for designers. Elsevier. Chrysoulakis, N. (2015). Understanding urban metabolism : a tool for urban planning. Routledge. Despommier, D. D. (2010). The vertical farm : feeding ourselves and the world in the 21st. Thomas Dunne Books.

Ferrier, J. (2013). La possibilité d'une ville : les cinq sens et l'architecture. Arléa. Galarneau, V., & Vivre en ville. (2014). Villes nourricières : mettre l'alimentation au cœur des collectivités. Vivre en ville, la voie des collectivités viables.

Gehl, J. (2011). Life between buildings : using public space. New York : Van Nostrand Reinhold Hopkins, R. (2008). Manuel de transition : de la dépendance au pétrole à la résilience locale. Écosociété. Lynch, K. (1970). The image of the city. MIT Press. Picon, A. (2015). Smart cities : a spatialised intelligence. Wiley. Philips, A. (2013). Designing urban agriculture: a complete guide to the planning, design, construction, maintenance and management of edible landscapes. J. Wiley.

Rosenstiehl, A., Valette, C., Hidalgo, A., Labasse, A., Pavillon de l'Arsenal (Paris), SOA architectes, &

SOA architectes. (2018). Capital agricole : chantiers pour une ville cultivée. Editions du Pavillon de l'Arsenal.

40


Sites web Équiterre.

(2005).

Système

alimentaire

et

sécurité

alimentaire :

comprendre

https://www.equiterre.org/sites/fichiers/systeme-securite-alimentaire.pdf

et

agir.

François, É. (2015). Zac d’Asnières. Édouard François. https://www.edouardfrancois.com/projects/zacd-asnieres MAPAQ.

(2021).

Ministère

de

l’Agriculture,

des

Pêcheries

et

de

l’Alimentation.

https://www.mapaq.gouv.qc.ca/ Organistation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. (2021). Agriculture intelligente face au climat. FAO. http://www.fao.org/climate-smart-agriculture/fr/ Vivre en ville. (2021). Collectivités viables.org. http://collectivitesviables.org/ Vivre en ville. (2021). https://vivreenville.org/

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7 Annexes 1.

Schéma hypothétique de ville circulaire

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2. Schéma de circularité systémique urbaine

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3. Planche résumé du projet

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4. Plans généraux du projet

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5. Plans du projet

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5. Plans du projet (suite)

47


5. Plans du projet (suite)

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6. Coupe du projet

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7. Identité du site

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8. Mémoire du lieu

51


9. Programme textuel

52


10. Comparatifs productifs

53


11. Système de ferme vertical

Vertical farming, FAB Series, Inno-3B

54


12. Présentation complète du projet https://issuu.com/emerickduquette/docs/essai_projet_emerick_duquette

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