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La place du choral protestant Le choral est bel et bien l’élément emblématique de la musique luthérienne. Il faut dire que le répertoire de toute l’année liturgique est bien établi et qu’existent de nombreuses versions polyphoniques simples et homophones destinées au culte. Il n’y a donc aucune raison de multiplier ces versions. L’un des e plus importants recueils de chorals harmonisés à quatre voix datant du XVII siècle est le Becker Psalter, qu’Heinrich Schütz publie en 1628. C’est sans doute l’une des rares présences du choral protestant dans l’œuvre de l’illustre compositeur, qui s’impose bien plus dans le répertoire des Geistlische Konzerte (concerts spirituels) ou des oratorios. Par contre, dans le prolongement de la tradition polyphonique, l’usage du choral comme mélodie de base, ou comme cantus firmus, devient très important. Il fait maintenant partie intégrante du matériau thématique dans lequel puisent les compositeurs. À cet égard, Michael Praetorius représente sans doute l’un des compositeurs les plus passionnants. Son recueil Polyhymnia Caduceatrix & Panegyrica, publié en 1619, donne au choral protestant une dimension remarquablement festive. Praetorius associe les mélodies de choral à l’écriture polyphonique et polychorale (très vénitienne) aux principes les plus somptueux de la musique italienne. Chaque composition se présente d’une façon originale, associant les chanteurs solistes, les chœurs et les ensembles d’instruments. Dans la partie consacrée aux commentaires des œuvres, nous aurons l’occasion de mettre en évidence l’usage des mélodies de choral tant dans la musique vocale que dans la musique d’orgue.