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REPORTAGE

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Aménagement contemporain pour architecture du XIXe siècle

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Décloisonner, mais délimiter les fonctions. Ouvrir sur l’extérieur, mais préserver l’intimité. Créer des rangements, mais ne pas empiéter sur l’espace. Offrir une décoration épurée, mais chaleureuse… Les tendances actuelles de l’aménagement intérieur pourraient sembler contradictoires et difficiles à concrétiser, surtout dans une maison du XIXe siècle. L’architecte Lucie Rouland nous démontre le contraire, à Nantes, avec cette maison de ville entièrement revue et corrigée.

Reportage aménagement contemporain

1. La façade entre le séjour et la terrasse a été ouverte sur toute sa largeur, cédant la place à une grande baie vitrée à quatre vantaux qui brouille dorénavant les frontières entre l’intérieur et l’extérieur.

2. La transition entre le séjour et la cuisine est marquée par une tablette-bar, constituée d’une épaisse planche de stratifiée qui enveloppe en le prolongeant le linéaire de la cuisine côté salle à manger. 3. Ouverte sur le séjour, la cuisine Schmidt arbore une élégante crédence noire toute hauteur qui imite des zelliges. Ses tonalités noires s’ensoleillent au contact de la couleur Terracotta.

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Située dans un quartier résidentiel de Nantes, cette maison de ville avait traversé les décennies sans beaucoup de transformation depuis sa construction au XIXe siècle. Chacun des deux niveaux, d’une superficie de 60 m2 chacun, était divisé en quatre petites pièces, reliées par un couloir, dotées chacune d’une fenêtre ouvrant sur la rue ou le jardin. Outre ce plan, elle conservait aussi de jolies moulures, de beaux matériaux, comme dans l’entrée où le sol est habillé de carreaux de ciment et où l’escalier est constitué< de degrés en granit.

Une première tranche de travaux

Achetée en 2014 par un jeune couple, elle connaît alors une première phase de chantier qui transforme radicalement le rez-de-chaussée. Toutes les cloisons sont abattues, y compris un épais mur porteur qui nécessite l’installation d’un imposant IPN. Dans cette immense pièce à vivre, un salon côté rue reste délimité par une verrière atelier. Et la cuisine refaite à neuf voit son emplacement marqué par un haut bar qui la sépare de la salle à manger. À l’étage, les deux pièces côté rue

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1. Un IPN de bonne dimension court au plafond à l’emplacement d’un mur porteur disparu. Totalement décloisonné, le rez-de-chaussée accueille dorénavant des espaces ouverts les uns sur les autres : ouverts, mais mieux délimités.

2. Élevé au carrefour de l’entrée et du salon, ce meuble abrite côté salon un dressing et un petit banc sous lequel se trouve un tiroir à chaussures.

3. Autre moyen de délimiter les espaces, une verrière type atelier se dresse face au meuble avec claustra pour marquer la séparation entre un salon télévision et le reste du séjour.

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sont ouvertes l’une sur l’autre pour former une grande suite parentale avec salle de bains, chambre et dressing. À l’usage, les premières transformations se révèlent insuffisantes. Dans sa nouvelle configuration, la maison manque d’une véritable entrée et de rangements. Bien que décloisonnée, la cuisine reste trop petite, puisque finalement cantonnée à son emplacement originel. Le matériau choisi pour le sol et les plans de travail, un béton ciré, vieillit mal. La chambre et la salle de bains de la suite parentale demandent une délimitation mieux marquée de leurs espaces. En 2020, les propriétaires font appel à l’architecte HMONP et décoratrice d’intérieur Lucie Rouland pour trouver des solutions et pallier ces défauts.

Un charme à conserver

À l’occasion des travaux de 2014, les sols, plafonds et murs n’ont pas été rénovés et les menuiseries n’ont pas toutes été changées. Datés du XIXe siècle, moulures au plafond, planchers en chêne, fenêtres en bois à mouton et gueule de loup, et volets intérieurs pleins méritent d’être préservés et mis en valeur. Dans l’entrée, carreaux de ciment et escalier en granit ont été conservés. Pour créer une véritable

Créant une délimitation visuelle, le meuble situé au carrefour de l’entrée et du salon est constitué, côté entrée, d’une colonne pleine toute hauteur et d’un claustra qui affine ses lignes harmonieuses.

entrée, qui fasse sas entre la rue et la pièce à vivre, l’architecte a conçu un meuble toute hauteur positionné en bordure de celle-ci, à la frontière du séjour. Constitué d’une colonne pleine et d’une assise surmontée d’un claustra, ce meuble menuisé en bois associe à ses fonctions de rangement un rôle de délimitation visuelle. Sa colonne pleine contient un dressing, tandis que son assise repose sur un tiroir pour les chaussures. Face à lui se trouve la verrière atelier qui crée parallèlement un filtre entre l’entrée et un salon télé.

Une cuisine agrandie

L’autre demande des maîtres d’ouvrage concernait la cuisine, son volume de rangements s’étant révélé insuffisant. Remplacée par un modèle réalisé sur mesure par le cuisiniste Schmidt, elle est désormais dotée d’une arrière-cuisine située dans une extension en ossature bois. D’une surface de 10 m2, cette extension bardée de tasseaux verticaux en Douglas a été conçue pour s’intégrer harmonieusement à la terrasse sans trop empiéter dessus. Installée dans le prolongement de la cuisine, elle abrite des meubles noirs d’une facture identique à ceux de cette dernière. Un sol continu en Terrazzo, en remplacement de l’ancien béton ciré, fait aussi le lien entre elles l

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1. Autrefois totalement ouverte sur la salle de bains, la chambre de la suite parentale a été séparée de celle-ci par une double porte verrière qui a permis de délimiter les fonctions.

2. De format XXL, la douche arbore des parois habillées d’un béton ciré imperméabilisé (Mortex).

3. Retranchée derrière un mur de séparation habillé de carrelage en faïence déclinant un motif écaille (As de Carreaux), la douche, légèrement surélevée pour permettre l’insertion des évacuations, bénéficie d’une double ouverture.

décloisonnement lumineux

Le point de vue de LuCie RouLand, aRChiteCte hMonp et déCoRatRiCe d’intéRieuR

«Claustras et verrières décorent et structurent parfaitement l’espace»

Quels sont les avantages et les inconvénients d’un chantier mené en plusieurs tranches de travaux ?

Bien souvent, le phasage des travaux est défini à partir des contraintes techniques, règlementaires et budgétaires. Pour ma part, je vois plus d’inconvénients que d’avantages à phaser un chantier : surcoûts liés à l’approvisionnement et aux autorisations à construire, nuisances sonores, poussière… Dans le cas de ce projet, une surélévation de la toiture est prévue qui se déroulera dans une troisième tranche de travaux, pour des questions budgétaires.

Dans l’entrée et la suite parentale, on note le retour à des formes légères de cloisonnement. Est-ce une vraie tendance ?

Effectivement, les claustras et les verrières offrent de multiples possibilités pour séparer des espaces sans les cloisonner. Ces éléments sont très appréciés pour leur capacité à fermer un espace tout en laissant passer la lumière et en permettant la ventilation d’une pièce. Faits de bois ou d’acier, claustras et verrières décorent et structurent parfaitement l’espace.

La fluidité des circulations entre l’intérieur et l’extérieur est particulièrement agréable à vivre dans cette maison. À quoi cela tient-il ?

La configuration en “L” des pièces de vie, ainsi que les larges baies vitrées sur la terrasse-jardin permettent d’offrir une fluidité de circulation entre l’intérieur et l’extérieur. En configuration ouverte, les baies coulissantes abolissent la frontière entre intérieur et extérieur. Et quand ces baies coulissantes sont fermées, notre liberté semble absolue… La terrasse apparaît comme le cœur de la maison pour un effet dedans-dehors réussi ! @lucie.rouland

RDC 1er étage

La chambre d’enfant bénéficie d’un dressing vintage, datant de la l’édification de la maison. Ses portes ont simplement été repeintes en gris satiné, à l’occasion de la rénovation.

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