Travail de fin d'études_Tome 2

‘

l anse des boucholeurs au fil de ses canaux Un potentiel entre terre et mer mouvant et résilient aux submersions marines

tome 2

projet de fin d‘études Éléonore Bonné

président de jury Olivier Gaudin

Docteur en philosophie des sciences sociales Enseignant en histoire de la formation du paysage à l’École de Nature et du Paysage, Blois

directeur d’études Grégory Morisseau

Docteur en géographie, ingénieur paysagiste, co-gérant de Chorème Enseignant en géographie à l’École de Nature et du Paysage, Blois

professeur encadrante Béatrice Amossé

Ingénieure écologue, directrice de l’Observatoire de la Loire, Blois Enseignante en écologie à l’École de Nature et du Paysage, Blois

représentant de la maîtrise d’ouvrage et du territoire Thomas Hérault

Graphiste et conservateur de la Réserve Naturelle Nationale des Marais d’Yves

Invitée reconnue pour ses compétences Johan Pronnier

Chargée de projet chez Coal Art & Écologie

ancienne élève de l’école Irène-Laure Vion

Ingénieure paysagiste

des paysages formés par l‘eau structurés par l‘homme Le village des Boucholeurs et ses grands paysages de marais L’océan, le bâti littoral, le cordon dunaire, les marais arrière-littoraux ainsi que l’arrière-pays céréalier forment et structurent ce grand territoire La présence de l’eau dans ces paysages est renforcée par un réseau hydraulique très important. C’est pourquoi le canal des Boucholeurs qui traverse le cœur du village et qui se dédouble ensuite dans les marais arrière-littoraux, va constituer la colonne vertébrale du projet aujourd’hui et du territoire arrière littoral de demain.

Une interface entre terre et mer support de projet.

C’est cet entre-deux-là que j’interroge parce qu’il est au contact de différents enjeux urbains, économiques, touristiques, sociaux, résidentiels, agricoles et naturels. Le potentiel paysager des Boucholeurs est la clé pour ouvrir vers de nouvelles perspectives plus résilientes et pour développer la culture du risque dans le village.

1

Canaux principaux L’océan Atlantique Anse des Boucholeurs

La Rochelle

Canaux secondaires/fossés

2

Terres en friche Grandes cultures sur d’anciennes parcelles de marais

Le cordon dunaire Réserve Naturelle des marais d’Yves

3

Châtelaillon

Marais doux Marais d’Angoute

Le bâti littoral Village des Boucholeurs

Parc à

Marais de Voutrons huîtr e

s

Yves

Bou chot s

La Baie d’

Yves

4

Marais de Fouras

Marais du Roy

Les marais arrière-littoraux Zones humides

5

N

L’arrière-pays Plateau céréalier d’Aunis

Rochefort 0

1

2

3km

5

Évolution de la culture du risque dans le village

Début1900

Naissance du village de pêcheurs.

Les locaux cohabitent avec ces espaces naturels mouvants

Années 50 Arrivée du tourisme balnéaire.

Oubli du risque et construction en zone inondable

Les tempêtes Martin (1999) et Xynthia (2010) provoquent de graves inondations sur la zone des lotissements dans les marais

Stratégie de défense contre l’océan Oubli du risque ; ouvrages qui figent le trait de côte

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le site de projet Falaise des Boucholeurs Zone conchylicole (20m) Réserve Naturelle Lotissements (Marais)

Pointe du Rocher (15m)

Canal des Boucholeurs

4 km

Il y a plus de dix ans le village est marqué par le passage de Xynthia.

L’importance des dégâts causés par cet aléa s’explique par de nombreux points de vulnérabilités au sein des Boucholeurs. Face à ce traumatisme, une stratégie monumentale de lutte contre l’océan a été mise en place par les élus locaux. Outre les dépenses démesurées engagées depuis 2010, les systèmes d’endiguements viennent dénaturer le site des Boucholeurs.

Pour ce projet de fin d’étude, je remets en question la pérennité de cette stratégie car elle donne l’impression aux habitants d’être protégés alors que cette solution n’est que temporaire.

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un projet pour faire réagir

Au cœur d’un contexte conflictuel entre les acteurs du territoire De nombreuses tensions alimentées par des conflits d’intérêt empêchent ces paysages d’évoluer durablement.

Pourtant, dès aujourd’hui il est possible d’engager la mutation vers un territoire résilient. La création d’un collectif tel que celui-ci permet de s’affranchir des intérêts personnels à l’échelle d’une parcelle ou d’une commune.

La place du paysagiste dans un tel collectif est d’avoir un rôle de médiation entre tous ces acteurs en apportant une vision globale et transversale.

if des marai t c e l l o s Le c Habitants

Associations locales

Élus

locaux

de la Commune au Département

Créer un organisme composé d’experts, d’usagers et de décideurs Objectif : Appuyer et engager la mutation vers un territoire résilient entre terre et mer

Agriculteurs

Représentants de la profession

É cotourisme

Syndicat et office de tourisme

Gestionnaires des marais : Ingénieurs de l’UNIMA

Experts du littoral :

Réserve Naturelle, Conservatoire du Littoral et LPO

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Canal des Boucholeurs

Conduire les eaux de submersion vers l’arrière-littoral

Le parc des Marées

Section où le canal devient chenal L’eau entre quotidiennement dans le village lors des marées

Ouverture de la digue sur 20 metres ’

Canal de débordement,

En eau lors des marées exceptionnelles 0 20 60 100

Écluse

200 m

a la mer

’

Résilience hydraulique

Résilience paysagere

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le canal des boucholeurs Un projet qui se décline au fil de l’eau Les actions en faveur de la résilience se décomposent en deux grands objectifs :

Comme le montre la frise ci-dessous, trois zooms de projets se déclinent au fil du canal des Boucholeurs.

Le premier est la résilience hydraulique qui se traduit par la chenalisation du canal dans le village mais aussi par la création d’un canal de débordement en périphérie de celui-ci.

Les principes que je cherche à mettre en évidence suivent l’idée d’une gestion adaptative du territoire. Cela passe par retrouver la présence de l’eau dans le village pour tendre vers une meilleure culture du risque et ainsi pouvoir accueillir les eaux de submersion grâce au réseau hydraulique. Cette estuarisation du canal permet au village des Boucholeurs de retrouver son image maritime.

Le second objectif est de développer la résilience paysagère dans le village. Spatialement mon parti-pris est de mettre en évidence le canal et ainsi de raviver la culture du risque de façon quotidienne. Ce projet conduit à différentes interfaces entre les espaces renaturés au niveau de l’estuaire, les marais et les espaces bâtis.

Boucholeur jusqu’aux marais s e d e r i s a u t s e l’e

uf

il du c

a

l, d a n

L’estuarisation du canal est une première étape pour engager la mutation de ce grand paysage entre terre et mer vers un territoire plus résilient.

A

1

10

2 3

L’estuaire des Boucholeurs : reconnecter l’estran à l’arrière-littoral

Vivre dans le marais : accueillir l’eau de manière positive et résiliente

3

Produire avec l’océan : impulser un changement de pratiques

de Voutron, les paysa ges m ouvan ts e tr ésilie n

ts d

sp ote nt iels

2

évoilent le

ur

1

11

l ‘ estuaire des boucholeurs

Accueillir l’arrivée de l’eau de manière positive et résiliente

Le premier zoom de projet se trouve précisément à l’endroit où Xynthia a fait le plus de dégât dans le village.

Une dizaine de maisons ont été démolies après la catastrophe. Aujourd’hui nous sommes en plein cœur du village, sur un espace qui rappelle quotidiennement la tempête de 2010. En effet les aménagements sont peu significatifs et laissent cet espace sans fonction réellement définie.

12

13

Le parc des Marées : l’eau entre dans le village au gré des marées quotidiennes

Marée basse

Le canal déverse les eaux douces des marais arrièrelittoraux dans l’estran

Marée haute

Petit coefficient compris entre 40 et 90

Grande marée

Coefficient : supérieur à 95 Récurrence de la marée : 5 jours/mois

Marée exceptionnelle

Coefficient : supérieur à 120 Récurrence de la submersion : 10 ans mais fréquence qui augmente avec le réchauffement climatique

Formation de nouveaux milieux saumâtres

Falaise des Boucholeurs

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Schorre : Prés salés soumis à marée lors des grands coefficients

Slikke : Vasière soumise à marée quotidiennement

Chenal 3m

Slikke

Schorre

Chenalisation conduisant à reprofiler les sols

Terrain naturel actuel

Marée haute Canal des Boucholeurs Pont Route principale du village

Ouverture de la digue Suppression du ‘‘système clapet’’

Travail en déblai / remblai :

Plantes fixatrices

La terre issue des travaux de chenalisation est réutilisée pour former des merlons de terre le long des habitations du marais

Ponton d’observation

Chardon des dunes Eryngium maritimum

Voie douce

Oyat Ammophila arenaria

Accès depuis le lotissement

Merlon de terre 30m x 2m

Merlon

Rue sans issue : prolongée par une voie douce ouvrant sur l’estuaire

15

AA’

CC’

N

0

50

100

150m

Un espace renaturé structurant le cœur du village

Ponton / belvédère Observation, pêche

Plantation d’arbres et d’arbustes

Introduire des motifs paysagers spécifiques dans les rues adjacentes à l’estuaire et au marais

Merlon végétalisé

Protection douce le long des habitations

Sentier ‘ hors d’eau’’

Culture du risque :

Mire altimétrique sensibilisant aux niveaux d’eau passés et à venir

Sauf en cas de submersion

Sentier évolutif

Mouvant en fonction des marées

Pelle

Régulation des eaux en fonction des marées

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Éclusier Ancien métier revalorisé ; Rôle de régulation des niveaux d’eaux dans les canaux.

Arpenter, découvrir des espaces naturels mouvants Platelage sur pilotis

Sentier qui évolue au fil des marées

AA’

Marée exceptionnelle Marée haute Lavande de mer Limonium sinuatum

Soude maritime Obione Suaeda maritima Halimione portulacoides

Schorre

Aster maritime Aster tripolium

Salicorne Salicornia europaea

35m

Chenal des Boucholeurs Slikke 15m

Mouton à tête noire des marais

Vache Maraîchine

Gestion des prés salés : Pâturage extensif

Alternance de végétaux :

Port souple, buissonnant et couvre-sol

Pavot cornus Glaucium corniculatum

Ciste à feuille de sauge Cistus salviifolius

Serpolet Thymus serpyllum

Transition vers l’estuaire : une trame végétale rappelant les milieux dunaires, adaptée aux espaces urbains

CC’

Ciste à feuille de sauge Cistus salviifolius

Chêne vert Quercus ilex

Clematite flammette Clematis flammula

Serpolet Thymus serpyllum

Argousier Hippophae rhamnoides

Genet ajonc d’Europe Ulex europaeus

Pavot cornus Glaucium corniculatum

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vivre dans le marais

Initier la culture du risque en s’adaptant aux milieux naturels

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Des limites de propriété perméables : Supprimer les grillages et/ou murets autour des propriétés pour favoriser la circulation des eaux de submersion

Pour développer la culture du risque dans les lotissements, je m’appuie sur les espaces publics et les voies sans issue pour faire entrer les motifs des marais dans ces espaces bâtis.

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Des espaces publics renaturés et perméables

Zone humide : contenir l’eau

Merlon végétalisé : chemin surélevé

Végétation spécifique des marais : meilleure perméabilité

Faire entrer les motifs paysagers du marais dans l’espace bâti

Chêne des marais Quercus palustris

20

Conduire les eaux de submersion vers les marais

Bande plantée : Absorber l’eau

Route reprofilée :

Conduire les eaux vers le marais

Limite de propriété : Écran naturel de roseaux et de joncs

Merlon végétalisé : Support de promenade 10 m

Ponton : Lieu d’observation de la faune et de la flore des marais

Zone humide : Espace tampon lors de submersion

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produire avec l ‘ océan

Promouvoir une image accueillante autour de l’eau et des savoir-faire

Ponton / belvédère Observation, pêche

Plantation d’arbres et d’arbustes

Introduire des motifs paysagers spécifiques dans les rues adjacentes à l’estuaire et au marais

Merlon végétalisé

Protection douce le long des habitations

Sentier ‘ hors d’eau’’

N

Sauf en cas de submersion

Sentier évolutif

Mouvant en fonction des marées

Pelle

Régulation des eaux en fonction des marées

22

0

100

200

300 m

Adapter les pratiques aux changements annoncés Moules de Bouchots Privilégier la mytiliculture à l’ostréiculture.

Retour vers une actitivité plus adaptée changements annoncés.

Adapter les constructions aux submersions

Construire des cabanes sur pilotis, lieu de production résilient et à l’image attractive

Obione Halimione portulacoides

Salicorne Salicornia europaea

Plantes halophiles

Lavande de mer Limonium sinuatum

Développer en parallèle des cultures adaptées aux sols salés Utilisation : au quotidien dans l’alimentation ou alors dans la pharmaceutique

Un espace test porté par l’INRAE Soude maritime Suaeda maritima

Aster maritime Aster tripolium

Étudier la physiologie de ces plantes adaptées et résistantes aux fortes concentrations en sel pour développer de nouvelles semences permettant au maraîchage de prendre place sur certaines parcelles des marais arrière-littoraux

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au fil de l ‘ eau

Les canaux comme source d’usages multiples Vers un écotourisme

De nouvelles activités émergent, balades à vélo ou à pied dans les marais, navigation en barque

Sensibiliser

Comprendre l’intérêt de la résilience paysagère et hydraulique pour chacun de ces espaces

Le marché flottant : un évènement local attractif

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Sentiers d’interprétation

2.5 km 3.5 km

Vente de produits issus de l’espace terre-mer Circuit court qui participe à une image de qualité et de développement du terroir de l’Anse des Boucholeurs

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se projeter vers des paysages entre deux eaux Établir une stratégie à court, moyen et long terme

Écluse ensablée du Rocher : Remettre en fonction la totalité du réseau hydraulique

‘ aujourd’hui Des 1)Décideurs, habitants, agriculteurs et touristes deviennent acteurs de cette mutation (collectifs des marais) 2)Apparition de solidarités territoriales

F riches :

Expérimenter de nouvelles cultures

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3)Les politiques anticipent les submersions futures : la gestion des marais est privilégiée aux ouvrages contre l’océan

Transition des grandes cultures Vers une production adaptée aux changements annoncés

Demain sans attendre 1)Vivre dans les marais, c’est être conscient du risque et être impliqué dans la gestion des marais 2)Changement de pratiques des agriculteurs : la céréaliculture ne s’impose plus sur ces terres de marais 3)Pérenniser l’élevage extensif

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Les acteurs de ce territoire ont peur de se projeter au-delà de 30 ans car préoccupés trop souvent par la réalité des événements. Ne serait-ce pas là une des raisons majeures du manque de cohérence d’une stratégie à long terme?

Ayons la capacité de concevoir des solutions audacieuses et pérennes pour ce territoire.