Diahara HIMEIDOU

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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR (UCAD) ∗∗∗∗∗∗∗∗ ECOLE INTER - ETATS DES SCIENCES ET MEDECINE VETERINAIRES (E.I.S.M.V.) DE DAKAR

Année 2015

N°40

Caractérisation des systèmes de production du bassin laitier de Kassela au Mali THESE Présentée et soutenue publiquement le 29 Juillet 2015 à 12 Heures Devant la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie de Dakar Pour obtenir le grade de DOCTEUR EN MEDECINE VETERINAIRE (DIPLOME D’ETAT) Par

Diahara HIMEIDOU Née le 27 Novembre 1975 à Goundam (MALI)

Président :

M. Moussa Fafa CISSE Professeur à la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie de Dakar

Directeur et Rapporteur de Thèse :

M. Ayao MISSOHOU Professeur à l’E.I.S.M.V de Dakar

Membre :

M. Moussa ASSANE Professeur à l’E.I.S.M.V de Dakar

Codirecteur :

M. Bara OUOLOGUEM Chef du Programme Bovin du Centre Régional de la Recherche Agricole (CRRA) au Mali




Je dédie ce travail:  A DIEU, le Créateur et tout Puissant pour toute sa grâce  A la mémoire de ma très chère défunte mère Feue Fadimata Saloum et de mon cher défunt père Feu Himeidou Traoré: Dormez en paix, que Dieu vous accorde sa grace et miséricorde. Vous resterez toujours dans mon cœur et mon esprit pour avoir fait de moi la femme que je suis aujourd’hui.  A mon très cher époux Ousmane Daman Coulibaly : toute ma gratitude pour ton amour et la confiance placée en moi : Tu es le moteur de mon épanouissement et de ma réussite. Que le bonheur puisse remplir pleinement ta vie à jamais.  A mes enfants Ba Sidi Daman Coulibaly, Fouseyni et Lassine Coulibaly : Vous avez été des enfants plus matures que votre âge, patients et compréhensifs avec comme seul objectif la réussite de maman. Je vous dis grand merci.  A ma sœur Salimata Himeidou et mon frère Ibrahima Himeidou : Vous avez été des soutiens moraux durant toute l’épreuve.  A ma cousine Bintou Cissé et sa fille Coumba Tounkara : toute ma gratitude pour votre accompagnement.  A toute ma famille pour tout le soutien et l’accompagnement.  A mes beaux-parents Dramane SEREME et Néné Soucko : toute ma reconnaissance.  A mes beaux-parents Oussoubi SOUMARE et Binta Konaté: toute ma reconnaissance.  A ma belle-mère Djénéba Soucko pour sa confiance.  A ma Famille d’accueil à Dakar Mr et MmeTall pour l’accueil et l’accompagnement.  A Mr et Mme Diaw pour l’hospitalité.  A mes amis et compagnons de classe Brolaye Koné et Ahmadou N Sow : toute ma reconnaissance pour votre confiance et votre soutien inestimable.  A tout le groupe d’amis de mon époux : toute ma gratitude.  A mes amis et amies: toute ma reconnaissance.  A Monsieur Momamed Ndjaye du PRODEVALAIT: toute ma reconnaissance.  A

Ouologuem Bara, chef du Programme Bovin au Mali: toute ma gratitude et

reconnaissance.  A ma très chère patrie, le Mali pour m’avoir octroyé cette bourse d’étude

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Mes sincères remerciements à tous ceux qui ont œuvrés par leur appui matériel et moral à la réalisation de ce modeste travail.  A ma famille.  Au professeur MISSOUHOU Ayao pour m’avoir confié ce travail et avoir œuvré pour sa réalisation.  Au professeur ASSANE Moussa pour ses conseils et son soutien.  Au professeur ALAMBEDJI Rianatou Bada pour son soutien et ses conseils.  Au professeur KABORET Yalacé Yamba pour son accompagnement.  A tout le corps professoral pour la qualité de la formation.  A Mr Théophraste LAFIA et tout le personnel du service de la scolarité pour tout le respect et la considération.  A Dr Ouologuem Bara pour avoir permis la réalisation de ce travail par sa disponibilité, son implication et sa croyance en moi.  A toute l’équipe du programme Bovin pour l’assistance et le soutien.  A Dr Ndiaye Mohamed pour ses conseils et sa disponibilité.  A Mr Sissoko Djougou pour son soutien et sa disponibilité.  A Mr et Mm Diaou pour l’accueil et l’hospitalité.  Aux éleveurs du bassin laitier de Kassela pour leur disponibilité et leur collaboration.  A Mr Ba Mamadou et Mr Diakité Amar pour leur aide et soutien sur le terrain.  A l’Etat du Mali pour son appui social et pédagogique.  A toute la 42ème promotion pour tout le respect.  A Mme Sissoko Hawa Cissé pour le soutien et les conseils.  A ma chère copine Mme Maiga Tata Maiga et sa famille pour leur soutien l’accompagnement.  A mes compagnons et amis Broulaye Koné et Ahamadou N Sow que je ne finirais jamais de remercier pour avoir été à mes côtés pendant toutes les étapes de cette formation. Que Dieu vous bénisse.  A tous les étudiants de L’EISMV, spécialement mes compatriotes pour tout le respect et la grande considération.  A tous ceux qui de près ou de loin ont permis la réussite de ce travail.

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 A notre Maître et Président de Jury, Monsieur CISSE Moussa Fafa, Professeur à la faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie de Dakar; Vous nous faites un grand honneur en acceptant avec spontanéité de présider ce jury malgré vos multiples occupations. Trouver ici, l’expression de nos sincères remerciements et de notre profonde gratitude. Soyez assuré de notre plus profond respect et grande admiration.  A notre Maître, Directeur et Rapporteur de Thèse, Monsieur MISSOHOU Ayao, Professeur à l’EISMV de Dakar; Vous avez accepté de diriger et d’assister ce travail de son idée à sa réalisation. Vos qualités intellectuelles, scientifiques et humaines, votre amour pour le travail bien fait, votre disponibilité et votre sympathie nous ont marqué d’admiration. Veuillez trouver ici, l’expression de notre profond respect et de notre profonde gratitude.  A notre Maître et Juge, ASSANE Moussa, Professeur à l’EISMV de Dakar; Vous nous faites un grand honneur en acceptant de juger ce travail malgré votre calendrier très chargé. Vous avez coordonné la formation initiale avec sagesse et bienveillance. Nous gardons de vous, un scientifique rigoureux, simple et un manager panafricain. Vous avez su former des étudiants de nationalité diverses en les unissant à travers des valeurs humaines illustres. Soyez assuré de notre plus profond respect et grande admiration.  A notre Maître, Codirecteur de Thèse, Monsieur Ouologuem Bara, Chef du Programme Bovin du Centre Régional de la Recherche Agricole (CRRA) au Mali Vous avez accepté de financer et d’encadrer ce travail malgré votre calendrier combien chargé. Vos qualités intellectuelles et humaines, votre simplicité, votre disponibilité et le sérieux avec lequel vous avez encadré les travaux de terrain forcent respect et admiration. Hommage respectueux cher Maître.

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« Par délibération, la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie et l’Ecole Inter – Etats des Sciences et Médecine Vétérinaires de Dakar ont décidé que les opinions émises dans les dissertations qui leurs sont présentées, doivent être considérées comme propres à leurs auteurs et qu’elles n’entendent leur donner aucune approbation ni improbation. »

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LISTE DES ABREVIATIONS ADN : Acide Désoxyribonucléique AFDI : Agriculteur Français et Développement International AOPP : Opération d’appui aux producteurs périurbains. AVSF : Agronome et Vétérinaire sans frontière. BNDA: Banque Nationale de développement agricole. CAB: Conseils d’accompagnement de base. CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest CIDR : Centre International de développement Régional CIRAD: Coopération Internationale de Recherche Agronomique pour le Développement CIV : Centre d’Information des Viandes CNRA : Conseil National de la recherche Agricole COLAIBA: Coopérative Laitière de Bamako CPS : Cellule de Planification Statistique CRRA : Centre Régional de Recherche Agricole DNAMER : Direction Nationale d’Appui au Monde Rural DNCB: Dermatose Nodulaire Cutanée Bovine DNCC: Direction National du Commerce et Concurrence DNPIA : Direction Nationale des Productions et Industrie Animales DNSV: Direction Nationale des Services Vétérinaires DRPIA : Direction Régionale des Productions et Industries Animales EQL: Equivalent Lait FAO: Food and Agriculture Organization FBR: Farine Basse de Riz FENALAIT : Fédération Nationale des Producteurs de Lait Local GAM: Générale Alimentaire du Mali GMM: Grand Moulin du Mali GPS: Global positioning système HUICOMA: Huilerie Cotonnière du Mali

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IA: Insémination Artificielle IBM: International Business Machines ICD: Initiative-Conseil-Développent ICM : Institut de la Cartographie au Mali IER: Institut d’Economie Rural IMPROMILK: Promoting the value chain of milk by improving productivity and Transformation as a means to food security in four countries of West Africa LCV: Laboratoire central Vétérinaire LNA: Laboratoire National de la Santé LOA : Loi d’Orientation Agricole LPL: Lait et Produits Laitiers OAEP : Association des Organisations d’Eleveurs Professionnelles OCDE : Organisation de Coopération et de Développement OIE : Organisation Mondiale et de la Santé Animale ONG : Organisation non Gouvernementale PADEPA-KS: Projet d’Appui au développement des productions Animales dans la Zone Kayes Sud PAK: Pakistanais PDAP : Projet de développement de l’Agriculture périurbaine PDPL : Projet de Développement de la Production Laitière PIB : Produit Intérieur Brut PLN: Politique Laitière Nationale PPCB: Péripneumonie Contagieuse Bovine PRODEVALAIT: Projet de Développement et de Valorisation du Lait local PRODEZEM: Projet d’appui au Développement de l’Elevage du Zébu Maure dans le cercle de Nara PROGEBE : Projet de Gestion du Bétail Endémique RCA: République centrafricaine RGPH : Recensement Général de la population humaine RN6 : Route Nationale 6 SA: Société Anonyme SC : Son de céréales

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SOCA : Société commerciale Agro-Industrielle SPSS: Statistical Package for social Sciences TC : Tourteau de Coton UBT : Unité Bétail Tropical UEMOA : Union Economique Monétaire Ouest-Africain ULB : Unité Laitière de Bamako UNICEF: United Nation Children’Fund USA: Etats Unis d’Amérique VSF: Vétérinaire sans Frontière ZAP : Zone Agro Pastorale

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LISTE DES ANNEXES

Annexe I: Lettre d’introduction auprès des éleveurs…………………………93 Annexe II: Questionnaire à l’intention des éleveurs …………………………94

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LISTE DES FIGURES Figure 1 : Parc d’élevage pastoral……………………………………………………………..6 Figure 2 : Campement temporaire des pasteurs nomades au Mali………………………. …...8 Figure 3 : Schéma de définition d’un système d’élevage…………………………………......9 Figure 4 et 5: Etable d’une ferme moderne à la périphérie de Bobo-Dioulasso et d’une Parcelle de Brachiaria ruziziensis (culture fourragère) dans l’élevage…………………...…11 Figure 6: un taureau zébu Gobra……………………………………………………………..13 Figure 7 : Un taureau zébu maure……………………………………………………………14 Figure 8: Vache Azaouack…………………………………………………………………...15 Figure 9: Vache Goudali……………………………………………………………………..17 Figure 10 : Vache Djéli et son veau………………………………………………………….18 Figure 11 : Un taureau white fulani………………………………………………………….19 Figure 12 : Vache M’Bororo…………………………………………………………………19 Figure 13: Vache Ndama…………………………………………………………………….20 Figure 14 : Vache de type sanga……………………………………………………………..22 Figure 15 : une vache Sahiwal……………………………………………………………....24 Figure 16 : un taureau Red Sindhi………………………………………………………..….24 Figure 17: Vache Montbéliarde………………………………………………………...……25 Figure 18 : Vache Jersiaise………………………………………………………………......27 Figure 19 : Vache de race Holstein………………………………...………………………..28 Figure 20 et 21: des vaches métisses Holstein et Montbéliard au pâturage en zone périurbaine de Bamako au Mali………………………………………………………………………...…30 Figure 22: Première catégorie des acteurs de la filière lait……………………………...…...33 Figure 23 : Deuxième catégorie des acteurs de la filière lait ……………………………..…34 Figure 24: Les filières laitières au Mali……………………………………………………...38 Figure 25 : Carte de localisation de la zone d’etude................................................................51 Figure 26 : Représentation de la région de Koulikoro sur la carte du Mali……………….....52 Figure 27 et 28 : Bâtiments ouvert et fermé d’élevage semi intensif en zone périurbaine de Bamako au Mali…………………………………………………………………………….. .56 Figure 29 et 30 : Parcs de nuit d’élevage pastoral sédentarisé……………………………....58 Figure 31 : Parc villageois d’élevage traditionnel agropastoral en zone périurbaine de Bamako au Mali……………………………………………………………………………....59 Figure 32: Composition ethnique et activités principales des éleveurs………………….….60 Figure 33 : Mode d’acquisition du cheptel par ethnie……………………………………….62 Figure 34 : Mode d’acquisition du cheptel par ethnie et par commune……………………..63 Figure 35 : les différentes modalités de la commercialisation du lait…………………...72

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LISTE DES TABLEAUX

Tableau I: Caractéristiques des systèmes de productions traditionnelles en Afrique……......7 Tableau II : Production de lait de quelques races locales en pays tropicaux……………..…23 Tableau III: Production laitière de la race montbéliarde dans différents pays……………...26 Tableau IV. Performances de production laitière de la Jersiaise dans quelques pays…….....27 Tableau V. Performances laitières de la Holstein dans certains pays……………………..…29 Tableau VI : performances de production laitière et de reproduction des principaux métis en station à Sotuba au Mali…………………………………………………………………..….31 Tableau VII : Paramètres de productivité des vaches locales et métis montbéliards à Bamako……………………………………………………………………………………….32 Tableau VIII : Les performances laitières de demi-sang Ndama x Jersiais…………............32 Tableau IX : Composition ethnique des éleveurs……………………………………………60 Tableau X : Composition ethnique et niveau d’instruction des éleveurs………………... …61 Tableau XI : Taille moyenne du troupeau par espèce……………………………………….63 Tableau XII : Proportion d’éleveurs en fonction des effectifs de femelles laitières………64 Tableau XIII : Production laitière par vache / par ménage………………………………….65 Tableau XIV : Production journalière moyenne de lait par vache et par race (litre)………..66 Tableau XV : Conduite alimentaire au niveau des différentes communes…………………..67 Tableau XVI : Paramètres de reproduction………………………………………………….69

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TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION ........................................................................................................1 PARTIE I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE ....................................................3 CHAPITRE I : ELEVAGE BOVIN EN AFRIQUE SUB SAHARIENNE………………………………………………………………………..….4 I.1. CHEPTEL ET IMPORTANCE ........................................................................................4 I.1.1. CHEPTEL BOVIN ..............................................................................................................4 I.1.2. IMPORTANCE DE L’ELEVAGE BOVIN .................................................................................4 I.2. SYSTEME D’ELEVAGE .................................................................................................5 I.2.1. SYSTEMES TRADITIONNELS .............................................................................................5 I.2.1.1. Systèmes pastoraux.....................................................................................................6 I.2.1.1.1. Nomadisme ..............................................................................................................7 I.2.1.1.2. Transhumance .........................................................................................................8 I.2.1.2. Système Agro-pastoral................................................................................................9 I.2.2. SYSTEMES MODERNES ................................................................................................... 11 I.3. RACES BOVINES EXPLOITEES ................................................................................. 12 I.3.1. RACES LOCALES ............................................................................................................ 12 I.3.1.1. Les zébus .................................................................................................................. 13 I.3.1.1.1. Les zébus à cornes courtes ..................................................................................... 13 I.3.1.1.1.1. Le zébu Gobra..................................................................................................... 13 I.3.1.1.1.2. Le zebu Maure .................................................................................................... 14 I.3.1.1.1.3. Le zébu Azawak .................................................................................................. 15 I.3.1.1.1.4. Le zébu foulbé de l’Adamaoua ............................................................................ 16 I.3.1.1.1.5. Le zébu Touareg ................................................................................................ 16 I.3.1.1.1.6. Les zébus Peulhs du Mali .................................................................................... 16 I.3.1.1.1.7. Le zébu Gudali ou Sokoto ................................................................................... 16 I.3.1.1.1.8. Le zébu Djéli ....................................................................................................... 17 I.3.1.1.2. Les zébus à cornes longues ........................................................................... 18 I.3.1.1.2.1. Le zébu White Foulani ........................................................................................ 18 I.3.1..1.2.2. Le zébu Peulh Mbororo...................................................................................... 19 I.3.1.2. Les taurins ................................................................................................................ 20 I.3.1.2.1. Le Taurin N’dama .............................................................................................. 20

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I.3.1.2.2. La race des lagunes ........................................................................................... 21 I.3.1.2.3. Le taurin Kouri................................................................................................... 21 I.3.1.2.4. Le taurin Baoulé ................................................................................................ 21 I.3.1.3. Produits de croisement entre zébu et taurin ou race Sanga ........................................ 22 I.3.1.3.1. Les races Borgous .............................................................................................. 22 I.3.1.3.2. La race Diakoré ................................................................................................. 22 I.3.1.3.3. La race Méré ...................................................................................................... 23 I.3.2. RACES SPECIALISES ETRANGERES PURES ....................................................................... 23 I.3.2.1. La pakistanaise ......................................................................................................... 24 I.3.2.2. La Montbéliarde ....................................................................................................... 25 I.3.2.3. La Jersiaise ............................................................................................................... 26 I.3.2.4. La Holstein ............................................................................................................... 28 I.3.3. PRODUITS DE CROISEMENTS ENTRE RACES SPECIALISEES ETRANGERES ET LOCALES.29 I.3.3.1. Les métisses montbéliarde ........................................................................................ 31 I.3.3.2. Les métisses Jersiais ................................................................................................. 32

CHAPITRE II : ANALYSE DE LA FILIERE LAITIERE AU MALI………………………………………………………………...33 II.1. NOTION DE LA FILIERE .............................................................................................. 33 II.2. ACTEURS ET CIRCUITS DE LA FILIERE LAIT………………………………….....33 II.2.1. ACTEURS DE LA FILIERE .............................................................................................. 33 II.2.1.1. Les acteurs de la première catégorie ........................................................................ 34 II.2.1.1.1. Producteurs ....................................................................................................... 34 II.2.1.1.2. Acteurs de la collecte et de la commercialisation ...................................... 34 II.2.1.1.3. Acteurs de la transformation et de la commercialisation ......................... 35 II.2.1.2. Les acteurs de la deuxième catégorie ....................................................................... 36 II.2.2. CIRCUITS DE LA FILIERE ............................................................................................... 38 II.2.2.1. Circuits de distribution et de commercialisation du lait local .................................. 39 II.2.2.2. Circuits de distribution et de commercialisation du LPL importés............................ 41 II.3. POLITIQUE LAITIERE AU MALI .................................................................................. 42 II.3.1. INTERVENTIONS DE L’ETAT ET DES PRIVES ................................................................... 44 II.3.2. PLANS D’ACTION ......................................................................................................... 45 II.3.3. STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT ET DE VALORISATION DU LAIT LOCAL ........................ 45 II.4. CONTRAINTES DE DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE .............................................. 46 II.4.1. ALIMENTATION DU BETAIL .......................................................................................... 46 II.4.2. POTENTIEL GENETIQUE DES RACES EXPLOITEES ............................................................ 47

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II.4.3. GESTION DES EXPLOITATIONS ...................................................................................... 47 II.4.4. SUIVI SANITAIRE DES ANIMAUX ................................................................................... 48 II.4.5. ORGANISATION DES PRODUCTEURS .............................................................................. 48 II.4.6.

SYSTEMES

DE COLLECTE, TRANSFORMATION ET DE COMMERCIALISATION DU LAIT

LOCAL………………………………………………………………………………………...48

II.4.7. CONTRAINTE DE FINANCEMENT………………………………………………………...48 II.4.8. MISE EN ŒUVRE DES POLITIQUES LAITIERES…………………………………………....49

PARTIE II : ETUDE EXPERIMENTALE ......................................................50 CHAPITRE I : MATERIEL ET METHODES ..............................................51 I.1. ZONE ET PERIODE D’ETUDE……………………………………………………....... 51 I. 2. ÉCHANTILLONNAGE……………………………………………………………..…. 53 I. 3. COLLECTE DES DONNEES ………………………………………………………..... 53 I. 3.1. SUPPORTS DE L’ENQUETE ............................................................................................. 54 I. 3. 2. DEROULEMENT DE L’ENQUETE .................................................................................... 54 I. 3. 2. 1. Phase préparatoire ou pré-enquête………………………………………………….54 1. 3. 2. 2. Enquête proprement dite…………………………………………………………...55 I.4. ANALYSES STATISTIQUES DES DONNEES………………………………………...55

CHAPITRE II : RESULTATS ET DISCUSSION .......................................56 II.1. RESULTATS…………………………………………………………………………....56 II.1.1. TYPOLOGIE DES SYSTEMES DE PRODUCTION LAITIERE ................................................... 56 II.1.2. CARACTERISTIQUES SOCIOPROFESSIONNELLES

DES ELEVEURS LAITIERS……………....59

II.1.3. CARACTERISTIQUES DU CHEPTEL LAITIER……………………………………………....62 II.1.3.1. Modes d’acquisition du cheptel ............................................................................... 62 II.1.3.2. Composition et taille du troupeau ............................................................................ 63 II.1.3.3. Production laitière……………………………………………………………….......65 II.1.3.4. Conduite alimentaire……………………………………………………………...…..67

II.1.3.5. Conduite de la reproduction ..................................................................................... 68 II.1.3.6. Conduite sanitaire …………………………………………………………………....69

II.1.4. STRATEGIES DE VALORISATION DE LA PRODUCTION LOCALE ......................................... 71 II.1.5. LIMITES DE L’ENQUETE………………………………………………………………...73 II.2. DISCUSSION ................................................................................................................ 75 II.2.1.TYPOLOGIE DES SYSTEMES DE PRODUCTION……………………………………………..75

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II.2.2. CARACTERISTIQUES SOCIOPROFESSIONNELLES DES PRODUCTEURS LAITIERS ET DE LEURS ELEVAGES……………………………………………………………………………………..76 II.2.3. CARACTERISTIQUES DES EXPLOITATIONS LAITIERS ....................................................... 77 II.2.2.1. Troupeau et reproductivité ....................................................................................... 77 II.2.2.2. Alimentation ........................................................................................................... 78 II.2.2.3. Production laitière ................................................................................................... 79 II.2.4. COUVERTURE SANITAIRE ............................................................................................. 79 II.2.5. STRATEGIE DE VALORISATION DE LA PRODUCTION LAITIERE LOCALE ………………….79

CHAPITRE III : RECOMMANDATIONS .....................................................82 III.1. ORGANISATION DE LA FILIERE ............................................................................ 82 III.2. PRODUCTION LAITIERE. ………………………………………………………… 81 III.3. ALIMENTATION………………………………………………………………………...…82 III.4. CONDUITE DE LA SANTE ANIMALE .................................................................... 83 III.5. COMMERCIALISATION DU LAIT……………………………………………….….83 III.6. ENCADREMENT DES ACTEURS…………………………………………………... 83

CONCLUSION ................................................................................................................85 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ....................................................................88

ANNEXES ........................................................................................ 94

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INTRODUCTION

A l’échelle sous régionale, le Mali est l’un des plus gros pays d’élevage d’Afrique de l’Ouest. En effet, le cheptel national occupe le premier rang dans l’espace UEMOA et le second dans l’espace CEDEAO. Les effectifs sont estimés à 10 012 966 bovins, 13 735 523 ovins, 19 126 806 caprins, 978 980 camelins, 517 605 équins, 939 835 asins, 77 594 porcins et 36 850 378 volailles (DNPIA, 2013). Pays continental et sous développé, le Mali est situé au cœur de l’Afrique de l’ouest et couvre une superficie de 1 241138 km² dont près de 60 % appartiennent à la zone subsaharienne ou désertique pour une population de 16 744 000 habitants (RGPH, 2013). Le pays a connu un taux de croissance démographique de 3,6 % en 2005 et sera de 29 millions d’habitants en 2029. La population urbaine augmente à près de 4 % (LOA, 2008). L’élevage se doit donc de soutenir ce rythme démographique. Le Mali est caractérisé par un climat tropical sec et est traversé par deux grands fleuves: le Niger sur 1780 km et le Sénégal sur 709 km. L’économie du pays est essentiellement agrosylvo- pastorale. L’agriculture malienne assure près de 85 % des recettes d’exportation et joue un rôle prépondérant dans la formation nationale du PIB. Aussi, près de 85 % de la population malienne vivent en milieu rural et tirent l’essentiel de leur revenu et de leur alimentation du secteur (Bonfoh, 2006). L’élevage, pour sa part, contribue pour environ 15 % au PIB du pays et 44 % au PIB agricole (OCDE, 2008). D’après Alary et al. , (2011) cité par Corniaux (2013), la contribution de l’élevage pourrait d’ailleurs être revue à la hausse si la valeur de la traction animale et la fumure animale était comptabilisée Le sous-secteur de l’élevage occupe la troisième place après l’or et le coton avec un apport aux recettes d’exportation évalué à près de 50 milliards FCFA en 2012 (exportation d’environ 200 000 têtes de bovins, de moutons, de cuirs et peaux) soit environ 20 % des exportations totales (DNSV, 2013). Il constitue la principale source de subsistance et de revenus monétaire pour plus de 30 % des populations rurales et périurbaines. L’élevage est pratiqué par près de 80% de la population rurale malienne, en particulier par la couche la plus pauvre. Alors qu’autrefois, la pauvreté au Mali avait un visage essentiellement rural, il est devenu aujourd’hui un phénomène généralisé avec 21 % des populations vivant dans l’extrême pauvreté. Tous ces éléments sont en faveur de l’appui au développement de l’élevage en général et de la production laitière en particulier. En effet, le potentiel laitier national est considérable et est estimé à 1 641 788 213 litres dont 504 653 486 litres pour les bovins.

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Cependant, le disponible laitier se trouve être faible avec seulement 687 801 674 litres soit 44 à 50 % du potentiel. Sur la base de ces données, la consommation moyenne par habitant est de l’ordre de 43,88 litres soit 44 litres par habitant et par an, un chiffre encore loin de la norme (62 litres) de la FAO (DNPIA, 2013). Malgré ce potentiel laitier mobilisable sur l’ensemble du cheptel, les politiques et les stratégies en faveur de la promotion de la filière laitière, le pays reste l’un des plus gros importateurs de produits laitiers pour satisfaire les besoins de consommation. Les importations, d’après DNPIA (2012), représentent plus de 15 milliards FCFA et pèsent lourdes sur la balance commerciale. En effet, le lait est le troisième produit agro-alimentaire le plus importé au Mali avec les importations annuelles de lait en poudre évaluées entre 15 000 et 20 000 tonnes/an, soit 3 à 4 fois le chiffre officiel qui est de 5 000 tonnes/an (Pinaud, 2007 ; 2008) cité par Corniaux (2013). En dépit de toute l’importance de la production laitière au Mali et de toutes les multiples contraintes qui entravent son développement, très peu de travaux ont été menés sur les systèmes de production au niveau du bassin laitier de Kassela. Par conséquent, rares sont les données relatives aux systèmes de production des élevages situés au niveau de ce bassin laitier situé sur l’axe Bamako-Ségou et qui assure une part très importante de l’approvisionnement de Bamako en lait cru. C’est ainsi que, dans le but de faire un diagnostic des systèmes de production dans la zone, cette étude a été initiée par le Programme Bovin du Centre Régional de Recherche Agricole (CRRA) pour une meilleure connaissance de la situation de référence. Elle a été réalisée dans le cadre du projet d’amélioration de la productivité et de la valeur ajoutée du lait local pour renforcer la sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest « IMPROMILK ». L’objectif principal de ce présent travail est donc de contribuer à l’élaboration de référentiels techniques des exploitations laitières dans le bassin laitier de Kassela et d’analyser les différentes pratiques et stratégies mis en place pour la valorisation du lait local. De façon spécifique, il s’agit de décrire les systèmes de production laitière, les caractéristiques socioprofessionnelles des éleveurs et de leurs exploitations et enfin d’identifier et analyser les stratégies mis en œuvre pour le développement et la valorisation du lait local. Notre travail est présenté en deux parties : Une première partie relative à la synthèse bibliographique qui aborde les généralités sur l’élevage bovin en Afrique subsaharienne et l’analyse de la filière lait au Mali et une seconde partie consacrée à l’étude expérimentale qui développe le matériel et les méthodes de l’étude, les résultats, la discussion, la conclusion avant de proposer des recommandations.

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PARTIE I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

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CHAPITRE I : ELEVAGE BOVIN EN AFRIQUE SUB SAHARIENNE Ce premier chapitre comprend le cheptel bovin et son importance, les systèmes d’élevage, les races exploitées et leurs performances zootechniques en Afrique subsaharienne. I.1. CHEPTEL ET IMPORTANCE I.1.1. CHEPTEL BOVIN En Afrique, le cheptel constitue encore une forme de sécurisation du capital. Par conséquent, peu orienté vers la spéculation laitière. Néanmoins, l’élevage bovin connait depuis quelques années un regain d’intérêt et une nouvelle dynamique dans divers pays d’Afrique. En effet, les effectifs bovins d’Afrique de l’Ouest et du Sahel sont estimés à plus de 60 millions de têtes en 2005 (Kamuanga et al., 2008). Par contre, selon Akakpo et Ndour (2013), ces effectifs sont en moyenne, de 47 500 000 têtes en 2002 dans les pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Ces différences observées pourraient être dues à l’évolution dans le temps et au fait que le cheptel soit très variable selon les pays (selon qu’on soit au sahel ou en Afrique central). Ainsi, ces effectifs vont de 50 000 têtes au Gabon à 8 737 000 têtes au Niger et 8 141 000 têtes au Mali. Ces derniers étant considérés comme les cheptels les plus importants d’Afrique de l’Ouest. I.1.2. IMPORTANCE DE L’ELEVAGE BOVIN En Afrique de l’Ouest, la contribution de l’élevage au PIB varie entre 8 et 15 %. Ramenée au PIB agricole, cette contribution peut atteindre 44 % et près de 50 % si l’on tient compte de la force de travail et de la fumure organique. Ainsi, L’élevage apporte 34 % des revenus monétaires des ménages ruraux et constitue assez souvent l’élément central de la sécurité alimentaire, nutritionnelle et les moyens d’existence des populations rurales pauvres (Kamuanga et al., 2008). En effet, une étude de l’OIE en 2009 a monté que la part de l’élevage dans le PIB de certains pays est d’au moins 10 %. Cependant, elle est très variable selon les pays et va de 0,2 % au Gabon à 53 % au Tchad avec des taux de croissance aussi variables de 0,05 % au Sénégal à 5,48 % en République Démocratique du Congo. De même, la part de l’élevage dans les recettes d’exportation est aussi variable de 0,03 % au Benin à 24 % au Burkina Faso. Certains pays comme le Mali, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad sont potentiellement exportateurs d’animaux sur pied vers les pays voisins, ce qui leur permet des

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recettes substantielles de devises

Ceci témoigne de l’importance de l’élevage dans

l’économie de ces pays (Akakpo et Ndour, 2013). Malgré cette importance, l’élevage bovin subsaharien est tout de même menacé par des facteurs d’ordre alimentaire, pathologique mais surtout zootechnique. D’où la nécessité d’une attention particulière sur les systèmes de production pour un développement durable de l’élevage. I.2. SYSTEMES D’ELEVAGE L'Afrique subsaharienne est une région où les systèmes d'élevage sont variés et chacun caractérisant un mode de vie bien déterminé. Un système d’élevage est donc défini comme étant, un ensemble d’exploitations caractérisées globalement par une dotation similaire en ressources naturelles, avec les mêmes types de productions animales et moyens d’existence des ménages (Kamuanga et al., 2008). Par ailleurs, selon Lhotse et al. (1993), il se définit comme un ensemble de techniques et de pratiques mises en œuvre par une communauté pour faire exploiter dans un espace donné des ressources végétales par des animaux, en tenant compte de ses objectifs et de ses contraintes. Ainsi, chaque type d’élevage est, en fait, une interprétation de l’espace agraire qui est perçu, traité et exploité différemment selon la nature de l’organisation sociale, l’héritage culturel et technique et des objectifs poursuivis par le groupe humain qui s’y intéresse (Pagot, 1985). C’est pourquoi, la typologie des systèmes de productions qui lui semble la plus cohérente consistait à tenir compte de la finalité des objectifs des populations et cette typologie classe les élevages en élevage de subsistance, d’épargne, de rente et/ou d’utilisation des animaux comme moteur. En effet, selon Pagot (1985), Il n'y a pas de système d'élevage « meilleur» qu'un autre; chacun est le reflet d'un contexte particulier auquel il s'est adapté et a ses mérites et ses contraintes, qui doivent le faire évoluer. Par conséquent, il n'y a pas de voie universelle de développement mais il s'agit pour chaque système d'élevage de trouver le bon cheminement. Ainsi, en Afrique au sud du Sahara on distingue deux grands systèmes d'élevage au sein desquels se pratiquent différents modes d’élevage. I.2.1. SYSTEMES TRADITIONNELS Ces systèmes sont en général de type extensif et se caractérisent par un faible investissement tant physique que financier et une faible productivité (Diop, 1995). Aussi, la race locale est la

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plus exploitée dans ces systèmes en raison de sa rusticité (bonne tolérance du stress thermique de chaleur, bonne résistance aux maladies). Ainsi, en fonction des pratiques d’élevage, on distingue des systèmes purement extensifs ou pastoraux et des systèmes traditionnels sédentaires ou agro-pastoraux. I.2.1.1. Systèmes pastoraux De tout temps, selon LHOSTE et al. (1993), certaines sociétés ont vécu quasi-exclusivement de l'élevage. Les pasteurs ont pour traits communs, d'exploiter et de se déplacer sur de vastes territoires, parcours pourvus de steppes arides et semi-arides ou montagnes, de gérer de grands troupeaux constitués d'une ou de plusieurs espèces d'herbivores à l'instinct grégaire et migrateur (chameaux, moutons, chèvres, zébus et taurins) appartenant à un ou plusieurs' propriétaires (Figure 1).

Figure 1 : Parc d’élevage pastoral

Source : Lesnoff (2011)

Dans ces systèmes d’élevage, la production animale est tirée essentiellement de l’exploitation des ressources naturelles herbagères et arbustives pâturées par les animaux sur les terres non cultivées dans les zones arides et semi-arides. Ces zones s’étendent jusqu’en Ethiopie, au Kenya, en Tanzanie et à la façade atlantique (Nord du Sénégal et de la Mauritanie). Pour les bovins, le génotype zébu prédomine dans ces systèmes. Ainsi d’après Hans (1984), c'est le degré d'aridité de la zone qui conditionne ces systèmes, en général associés à la zone aride trop sèche pour être cultivée et pour servir de base de subsistance (Tableau I).

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Tableau I: Caractéristiques des systèmes de production traditionnels en Afrique Degré d’aridité

Indicateurs

Pluviométrie annuelle (mm) Type d’élevage

Migration

Espèces dominantes

Très élevé

Elevé

Moyen

0-200

200-400

400-600

Pastoralisme

Pastoralisme

Agropastoralisme

nomadique

transhumant

Irrégulière et de

Moyenne à

longue distance

longue distance

Chameaux, caprins

Mélange

De petite distance

Bovins, Ovins

SOURCE: Hans (1984) Aussi, dans ces systèmes traditionnels extensifs, la disponibilité en pâturage commande les mouvements des troupeaux, définissant ainsi le mode de production nomade ou transhumant (Kamuanga et al., 2008). En effet, les contraintes de la production dans ces systèmes demeurent principalement la régularité des ressources alimentaires, en particulier pendant la saison sèche et l’insuffisance de la couverture sanitaire des animaux. Alors qu’en hivernage, période pendant laquelle les conditions alimentaires sont améliorées, l’augmentation de la production de lait se heurte à un problème d’écoulement lié à l’enclavement des zones de productions (Diao, 2005). Cependant, malgré ces contraintes, les systèmes pastoraux selon Seré (1995) cité par Kamuanga et al. (2008), détiennent le tiers des bovins et la moitié des petits ruminants en Afrique Subsaharienne. Ils fournissent 60% de la viande bovine, 40% de la viande des petits ruminants et 70% du lait de cet ensemble de pays. Par contre, d’après Marichatou et al. (2005), la principale fonction du bétail est d'offrir à l'homme un moyen de subsistance car la production laitière dans les systèmes d’élevage pastoraux reste faible et se situe autour de deux (2) à trois (3) litres par vache et par jour. I.2.1.1.1. Nomadisme Le nomadisme, selon Lhotse et al. (1993), est le déplacement de tout un groupe avec bétail et personnes (Figure 1). Ainsi, on distingue le nomadisme apériodique pour lequel le déplacement semble être au hasard sans que l'on ne puisse discerner le circuit particulier et le nomadisme périodique qui représente le déplacement d'une zone à une autre sans conserver les mêmes campements d'une année à l'autre. Les semi-nomades se déplacent d'une habitation

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fixe à une autre habitation fixe ou temporaire. Le nomadisme est donc de règle au Sahel subdésertique (sud de Nouakchott, Tombouctou, sud de la boucle du Niger, sud d'Agadez du Niger) où la production potentielle peut atteindre 500 kg par hectare de matière sèche sur pénéplaines sableuses et limoneuses, correspondant à 25 jours de pâture d'une UBT (Boudet 1991). Ainsi, les déplacements du cheptel sont motivés par la recherche des pâturages en abondance, ce qui limite le plus souvent le séjour sur les mêmes pâturages pendant longtemps d’où la nécessité d’habitat temporaire (Figure 2).

Figure 2 : Campement temporaire des pasteurs nomades au Mali Source : Cliché Koné (2014) (non publié) I.2.1.1.2. Transhumance La transhumance est le déplacement saisonnier de troupeaux sous la garde de quelques personnes, généralement bergers salariés ou de jeunes hommes de la famille (Figure 3). Elle est généralement pratiquée dans les régions des steppes (zone sahélienne, désert du Kalahari…). Le mélange constant des animaux de deux sexes et de tout âge aboutit alors fréquemment à des phénomènes de consanguinité dus aux saillies effectuées entre les parents et leurs progénitures (Lhotse et al., 1993). L'élevage, est de type transhumant au Sahel (Louga, lac Debo, Hombori frontière Mali-Niger, sud du lac Tchad) où le tapis herbacé peut atteindre 50 cm de haut avec un recouvrement de 40 % sur dunes sableuses. Ainsi, la production potentielle de pâturage dans ce système est estimée en moyenne à 1 000 kg par hectare de matière sèche et la charge moyenne à l'hectare peut être estimée à 55 jours de pâture d'un bovin pesant 250 kg ((Dufumier, 1996).

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Toutefois, chaque fraction d'éleveurs effectue un périple précis assurant ainsi un équilibre entre la production des pâturages et les besoins des troupeaux. En effet, cette transhumance est traditionnellement nécessaire pour utiliser le potentiel fourrager régional, varier les types de fourrages consommés, profiter de cure salée et assurer l'abreuvement des troupeaux (bovins, ovins, caprins) dans les meilleures conditions d'approvisionnement en eau et d'économie de travail pour l'exhaure (Boudet, 1991). Par conséquent, la transhumance est reconnue comme une activité nécessaire pour la valorisation des parcours naturels et c’est pourquoi elle est prise en compte dans les schémas d'aménagement du territoire conformément aux dispositions de la charte pastorale qui consacre et précise les droits essentiels des pasteurs, notamment en matière de mobilité des animaux et d'accès aux ressources pastorales. Elle définit également les principales obligations qui leur incombent dans l'exercice des activités pastorales, notamment en ce qui concerne la préservation de l'environnement et le respect des biens d'autrui. Elle s'applique principalement à l'élevage pastoral (MDR, 2013). A côté du pastoralisme qui est un système extensif pur, on distingue l’agropastoralisme qui est un système extensif sédentaire. I.2.1.2. Système Agro-pastoral Le système agropastoral est un système dans lequel la production animale et la culture sont pratiquées en association (Figure 3).

Figure 3 : Schéma de définition d’un système Agropastoral

Source : Landais (1987)

D’après Hans (1984), ce système embrasse trois zones écologiques, notamment la zone semiaride, la zone subhumide et la zone humide. Les systèmes de production, selon Diao (1991), varient en fonction des zones écologiques. Ainsi, en zone soudano-guinéenne où agriculture et

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élevage deviennent les composantes d'un même système, le système est de type agropastoral. Ce système est aussi dénommé système paysan et est dominé par le paysage des savanes

subhumides dans les pays du champ d’action du club du sahel et de l’Afrique de l’Ouest. Il est donc le plus répandu et utilise une combinaison de pâturage sur des terres non cultivées, de cultures fourragères, de sous-produits agricoles et agroindustriels et d’aliments achetés, dans une exploitation de polyculture et d’élevage (Kamuanga et al., 2008). Ainsi, en combinant agriculture et élevage pour l’autoconsommation et pour la vente, ce système a connu une croissance importante, en raison de la poussée démographique. Plusieurs auteurs, notamment (Bonfiglioli., 1992 ; Seré., 1994) cité par (Kamuanga et al., 2008), constatent la progression du système d’élevage agropastoral au détriment du système purement pastoral. Il est donc, de plus en plus rare de trouver des pasteurs qui ne pratiquent pas une certaine agriculture. L’intégration agriculture-élevage a pris une plus grande envergure avec l’introduction et l’essor de la traction animale particulièrement là où elle a été associée à la culture du coton, devenue le moteur du développement agricole dans les savanes de la région. D’après Diao (2005), ce système serait né de la sédentarisation des pasteurs traditionnels Peulh mais aussi de l’intérêt manifeste des agriculteurs traditionnels d’autres ethnies vis à vis de l'agropastoralisme, favorisant ainsi l'utilisation accrue des productions animales (fumure et traction animale) à des fins agricoles et une valorisation des résidus de récolte par le bétail. Par ailleurs, Mamadou et Sanon (2005) pensent que le système est né de la volonté des pouvoirs publics de sécuriser et d’accroître la production des élevages des pasteurs Peulh en favorisant leur sédentarisation suite à la forte migration au lendemain des sécheresses des années 1970 et 1980. Cette sédentarisation a été donc rendue possible grâce à l’aménagement des Zones Agro Pastorales (ZAP) dans lesquelles, d’importantes infrastructures (puits, couloirs de contention et parcelles fourragères) ont été réalisées. Cependant, ce système est centré sur l’exploitation des races locales dont les zébus pour la majorité des cas. Les traits communs à tous ces systèmes traditionnels d’élevage sont le manque de spécialisation et la faible orientation vers le marché. Selon Bonfoh (2006), les systèmes d’élevage traditionnel ont aussi connu d’importantes évolutions au cours des trois dernières décennies avec des changements remarquables. En effet, pour diversifier les revenus des éleveurs, des élevages laitiers se sont développés autour des villes secondaires à la faveur de l’urbanisation (Bonfoh, 2006). C’est ainsi qu’aujourd’hui, dans la majorité des pays d’Afrique se sont développés des ceintures laitières

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autour des centres urbains avec des systèmes modernes d’élevage, dans le but de rendre la production laitière plus productive et plus rentable. I.2.2. SYSTEMES MODERNES Les animaux sont élevés le plus souvent dans des bâtiments avec apport de nourriture par l’éleveur. Il s’agit de systèmes urbains et périurbains représentés majoritairement par le système semi-intensif et dans une moindre mesure le système intensif. Selon Bonfoh (2006), au Sénégal et au Mali, les élevages de ce type appartiennent à des citadins de statut social élevé à relativement élevé qui disposent de moyens financiers importants. Par ailleurs, ces systèmes modernes se développent de plus en plus à cause de l’insuffisance des pâturages, les longues distances à parcourir à la recherche de pâturages plus riches et la chaleur (Bonfoh, 2006). Cependant, le système intensif se trouve encore peu développés en Afrique au sud du Sahara en raison de ses exigences. A cet effet, selon Diao (1996), il utilise des aliments achetés sur le marché ou produits sur des grandes surfaces (fourrages cultivés, sous-produits agro-industriels, céréales…) et des animaux de races exotiques pures ou leurs métisses (Figure 4 et 5)

Figure 4 et 5: Etable d’une ferme moderne en périphérie de Bobo-Dioulasso et d’une Parcelle de Brachiaria ruziziensis (culture fourragère) dans l’élevage Source : Mamadou et Sanon (2005) Ainsi selon Diao (1996), le système intensif a les caractéristiques suivantes: -

l'alimentation: les vaches reçoivent une alimentation de base composée de fourrage cultivé, distribué en semi-vert (ensilage, foin). Le concentré est composé de sousproduits agro-industriels ;

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-

la reproduction: la fécondation est assurée par l'insémination artificielle avec des semences importées (Holstein, Montbéliard, Jersiaise). Des essais de transferts d'embryons sont souvent réalisés ;

-

la prévention sanitaire: les animaux sont régulièrement vaccinés et déparasités ;

-

le contrôle laitier: le contrôle laitier est fait au moins trois (3) fois par semaine.

L'objectif de ce système intensif étant d'approvisionner régulièrement les villes en lait, c’est donc le lieu privilégié d'utilisation des races croisées et des races exotiques pures. En effet, selon Branchi et al (1999), le système intensif est plus exigeant, même si sa productivité est supérieure, c’est-à-dire qu’il valorise mieux les efforts réalisés par les producteurs. Par contre, le système semi intensif, d’après Lhotse et al. , (1993), est moins exigeant et correspond beaucoup plus aux réalités Africaines et s’est beaucoup plus développé en ville ou à sa périphérie dans presque tous les pays d’Afrique. Ces élevages modernes ont donc pris de l’essor au cours des 25 dernières années au vu de l’urbanisation croissante et d’une demande en produits d’origine animale que les défaillances des circuits longs de commercialisation ne permettent pas d’approvisionner à partir des systèmes paysans ou pastoraux plus lointains. Il s’agit surtout des systèmes à visée commerciale dont les plus répandus sont les entreprises familiales ou collectives de production de lait et les exploitations d’embouche. La production animale est donc assurée par l’exploitation des races exotiques et leurs produits de croisement plus productifs que les génotypes locaux (Kamuanga et al., 2008). F

I .3. RACES BOVINES EXPLOITEES En Afrique, il existe une grande diversité de races bovines et un fort différentiel de productivité entre elles selon les pays et les conditions d’élevage. De même que les races, leurs paramètres zootechniques sont aussi variables d’un pays à un autre, mais surtout d’une race animale à une autre. Ainsi, nous allons les décrire de la manière la plus exhaustive possible. I.3.1. RACES LOCALES Les races locales rencontrées et exploitées en Afrique au sud du Sahara sont représentées par les zébus (bos indicus) en zone sahélo-saharienne, les taurins (bos taurus) en zone soudanoguinéenne et leurs croisements appelés Sangas qui s’adaptent plus facilement à toutes les zones.

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I.3.1.1. Les zébus Les zébus sont des animaux de grande taille qui vivent dans les zones sèches sahéliennes et rarement soudaniennes. Ils supportent bien la sécheresse et les températures élevées mais tolèrent mal l'humidité. Ils sont sensibles à la peste bovine, à la péripneumonie contagieuse bovine, très sensibles aux trypanosomoses et peu sensibles aux piroplasmoses. Selon la classification des zébus Ouest Africains proposée par Mason (1951) cité par Domingo (1976), nous avons des zébus à cornes coutes (zébu Maure, zébu Azawak, zébu Touareg, zébu Gobra, zébu Foulbé de l’Adamaoua, zébus Peulhs …) et des zébus à cornes longues, repartis en lyres moyennes (zébu White Fulani) et en lyres hautes (zébu Mbororo). I.3.1.1.1. Les zébus à cornes courtes La majorité des zébus exploités en Afrique subsaharienne sont caractérisés par des cornes courtes. I.3.1.1.1.1. Le zébu Gobra Le zébu Gobra, d’après Cirad et Gret (1991), est un zébu à cornes plus courtes chez la vache et moyennes chez le bœuf, originaire de l'inde et qui aurait été introduit au Sénégal par les migrations sémites de la deuxième moitié du huitième siècle. Il est cantonné au niveau du Sénégal occidental (baol, cayor), le long du fleuve Sénégal, dans le sud de la Mauritanie et le nord-ouest du Mali. La robe est généralement blanche ou blanc rayé, souvent froment (Figure 6).

Figure 6: un taureau zébu Gobra

Source : (Cirad, 2013)

Au Sénégal, le Gobra se localise au Nord et dans le centre du pays, en particulier dans la zone sylvo-pastorale et son extension vers le sud est freinée par sa sensibilité à la trypanosomose (Diao, 1991). L’aptitude laitière du Gobra est faible avec une production

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estimée en moyenne à 1,5 à 2 litres par jour, soit 450 à 500 litres de lait par période de lactation de 185 jours et un taux butyreux compris entre 4 à 4,5% (Awadallah, 1992). La race est donc exploitée pour la production laitière en milieu traditionnel où la production est maximale de juillet à octobre avec 2 à 4 litres par jour du fait de l'abondance d'aliments (pâturage). Elle est minimale de mai à juin puis de novembre à janvier, elle est de 1,25 litre par jour à 0,5 litre par jour de février à avril (Sery, 2003). Par ailleurs, selon Pagot (1985), l'aptitude laitière du zébu Gobra est estimée à 500 – 600 kg pendant une lactation de 7 mois. Chez le Gobra adulte le poids varie entre 340 à 450 kg. Le rendement carcasse est de 50 à 53%, c'est le meilleur des zébus de boucherie parmi les zébus Ouest-africains (Cirad et Gret, 1991). I.3.1.1.1.2. Le zébu Maure Le zébu Maure est un animal dont l'aire d'extension se situe en Mauritanie, au nord du Sénégal et au Mali dans la boucle du Niger ainsi que dans le delta central du fleuve Niger. Sa corpulence est fine, ses cornes généralement courtes, des mamelles développées avec des trayons longs. C’est un animal de grande taille, à la robe rouge pesant entre 300 à 500 kg chez les taureaux (Figure 7) et entre 250 et 300 kg chez la vache.

Figure 7 : Un taureau zébu Maure

Source : Rapport annuel DNPIA 2011(Mali)

Sa production laitière se situe à 1200 litres pour 200 jours de lactation (Séry, 2003). Par contre, selon certains auteurs, notamment (Doutressoule, 1947 ; IEMVT, 1973), sa production laitière serait plus basse et se situe entre 800 et 1000 kg de lait en 240 jours de lactation. Elle est néanmoins réputée être une des meilleures laitières au Mali. La race zébu Maure est aussi reconnue pour sa résistance et sa grande adaptation aux milieux chauds, secs et difficiles. Par conséquent, c’est un grand marcheur et un excellent porteur. Selon Dao (2005), la couleur rouge de sa robe, généralement foncée et parfois noire est caractéristique de la race.

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I.3.1.1.1.3. Le zébu Azawak D’après Marichatou et al. (2005), le zébu Azawack est originaire du nord-ouest du Niger et tire son nom de la vallée de l’« Azawakou ». Cette vache se rencontre au Mali, au BurkinaFaso et au Niger, jusqu’au fleuve qui constitue sa limite d’extension à l’est. On en trouve aussi au nord- ouest du Nigeria. Ces zébus sont élevés par les Touaregs, les Arabes et les Peulhs. En outre, c’est une race bovine commune au Mali et au Niger de par la provenance de son nom (Azawak région éponyme du nord Mali et d’une région du Niger). Elle est issue de zébus introduits en Afrique de l'est et qui ont progressivement conquis l'Afrique subsaharienne à la faveur de l'assèchement du climat (Wikipédia, 2015). C’est un zébu à cornes courtes et de robe fauve ou rouge foncée avec un ventre de biche (Dao, 2005). Alors que, selon Sery (2003), la taille moyenne et la robe uniformément brune serait caractéristique de l’animal (Figure 8).

Figure 8: Vache Azaouack.

Source : Marichatou et al. (2005)

La réputation première de la femelle Azawak est d'être bonne productrice de lait parmi les zébus de la zone sahélienne d’Afrique et lui a valu l'appellation de la «jersiaise de l’Afrique de l'ouest >>. La race est donc considérée comme la plus grande laitière de l’Afrique de l’Ouest et dans de bonnes conditions d'élevage, sa production laitière journalière moyenne peut atteindre 7 à 8 litres en élevage extensif voir 12 litres en station. Ce zébu présente également de bonnes aptitudes bouchères avec un rendement carcasse de 50% (Marichatou et al., 2005). En effet, c’est une race mixte qui donne 500-600 litres par lactation sur 250 à 270 jours en système extensif traditionnel et station avec une nourriture plus abondante, la production atteint 800-1100 litres sur 270-300 jours avec un rendement carcasse supérieur à 50 %. C'est aussi une race très bien adaptée au milieu semi-aride du Sahel (Wikipedia, 2015).

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I.3.1.1.1.4. Le zébu foulbé de l’Adamaoua Le zébu Foulbé de l’Adamaoua est un animal de taille moyenne avec des cornes courtes qui vit sur le plateau de l’Adamaoua à 100 mètres d'altitude en climat soudano-guinéen. Sa production laitière est évaluée à 775 litres de lait en 216 jours de lactation (Sery, 2003). I.3.1.1.1.5. Le zébu Touareg C’est un zébu à cornes courtes qui se rencontre dans la boucle du Niger et au Nord du delta central du Niger. La robe est de couleur très variable. Le bœuf est utilisé comme porteur et son aptitude est très développée (CPS, 2003). I.3.1.1.1.6. Les zébus Peulhs du Mali D’après CPS (2003), Ce sont des zébus aux cornes courtes à moyennes qui comportent plusieurs variétés dont dépend la couleur de la robe. Son aire de répartition correspond à l’habitat des populations Peulhs qui les élèvent. Ces zébus se rencontrent dans la boucle du Niger, dans le plateau central et dans les zones de Nioro et Nara au Mali. C’est une race non trypanotolérante qui a cependant franchit son milieu habituel et s’est étendu au sud- soudan avec le progrès de la médecine vétérinaire, notamment l’utilisation des produits trypanocides. Ils ont une bonne aptitude bouchère avec des rendements carcasses d’environ 45 % en élevage extensif et 55 % en embouche. Les principales variétés sont : 

le zébu Peulh Soudanais : la robe est grise, noire, noire-pie ou pie- noire. C’est le type standard du sahel et se rencontre dans la région de Ségou au Mali ;

le zébu Peulh du Macina : la race comporte plusieurs sous variétés à savoir, le zébu

Peulh Warbé, le zébu Peulh du Goudo-Moudoro, le zébu Peulh du delta et le zébu Peulh du sénou. Il se rencontre surtout dans la région de Mopti ; 

le zébu Peulh Toronké : Il présente d’excellentes aptitudes bouchères par rapport aux autres et se retrouve au Nord de la région de Kayes au Mali.

I.3.1.1.1.7. Le zébu Gudali ou Sokoto Le Goudali, ou Gudali, est une race bovine d'Afrique occidentale et le mot Gudali signifie "à cornes et pattes courtes" en langue Haoussa. Cependant, le berceau de la race se situe dans une zone de climat tropical semi-aride entre le Ghana et la Centrafrique (Wipekidia, 2015). En effet, d’après Marichatou et al. (2005), le zébu Gudali est d’origine Nigériane, du nordest de la province de Sokoto, ce qui lui donne souvent le nom de Sokoto-Gudali. Il est aussi

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appelé Bokoloji (nom de la tribu qui l’élève) et est surtout présent dans le nord du Bénin, au Niger, au Cameroun, en RCA et à l’est du Nigeria d’où il est originaire. C'est une race de taille moyenne avec des cornes courtes. D’après Wipekidia (2015), la couleur de sa robe est généralement d'un blanc sale avec des renforcements de couleur gris sombre au-dessus de la tête, du cou, des épaules et de la queue. (Figure 9).

Figure 9: Vache Goudali

Source : Marichatou et al. (2005)

Selon Domingo (1976), le zébu Gudali donne une double aptitude à la fois bouchère et laitière et fournit de bons rendements (50 à 52 %) soit un poids carcasse de 295 à 317 kg à la boucherie. Elle est aussi assez bonne laitière avec une production de 2.047 à 2.275 litres de lait pendant une période de lactation de 246 à 300 jours. Par ailleurs, d’après Marichatou et al. (2005), au Niger, il est utilisé à triple fins et coexiste avec le zébu M’bororo élevé par d’autres rameaux de l’ethnie Peulh. En effet, il est bon laitier avec une production moyenne de 1 000 à 1 100 kg en 230 jours, il est engraissé sur les pâturages et c’est un animal docile pour la traction. En outre, il est aussi connu pour sa résistance aux dermatoses et aux nombreuses maladies des régions intertropicales africaines Ainsi, cinq variétés de zébus Gudali ont été signalé à savoir Sokoto Goudali au Nigéria, au nord du Bénin, Mali et Ghana, Adamawa Goudali, Banio Goudali, Yola Goudali et Ngaudere Goudali autour de N’Gaoundéré au Cameroun ((Wipekidia, 2015). I.3.1.1.1.8. Le zébu Djéli C’est le zébu Peulh nigérien qui est traditionnellement élevé par les Peulhs. D’après Wipekidia (2015), la race est issue de zébus introduits en Afrique de l'Est vers 1800 et qui ont progressivement conquis l'Afrique subsaharienne à la faveur de l'assèchement du climat. Leur meilleure adaptation à ce climat les a favorisés par rapport aux bovins européens. Il a une robe généralement blanche mais qui varier de la pie rouge à la pie noire avec des cornes

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de taille moyenne, en lyre haute. La vache pèse de 250 à 300 kg et le taureau de 300 à 350 kg et il mesure entre 115 et 130 cm au garrot (Figure 10).

Figure 10 : Vache Djéli et son veau

Source : Marichatou et al. (2005)

Cette race se rencontre également au Burkina-Faso, au Tchad, au Cameroun, en Centrafrique et dans les régions voisines du Nigeria. Le bœuf est utilisé pour la traction animale et la culture attelée, c’est aussi un bon animal de boucherie. Son aptitude laitière est très faible avec une production qui varie entre 2 à 3 litres/jour en début de lactation et une durée de lactation de 160 à 200 jours pour une production moyenne de 400 à 450 litres (Marichatou et al., 2005). En effet, la race est élevée essentiellement pour sa viande en nomadisme et est si bien adaptée à son milieu hostile du Sahel (Wipekidia, 2015). I.3.1.1.2. Les zébus à cornes longues Ils sont représentés principalement par deux races. I.3.1.1.2.1. Le zébu White Foulani C’est un zébu à cornes longues en lyres moyennes, d’origine Nigériane. Il est encore appelé Buna ou Bunaji par les Haoussa et Yakanaji par les Peulhs. C’est le zébu le plus répandu au Nigeria. Il s’adapte mieux que les autres zébus dans la zone guinéenne car il a été signalé, qu’il est moins sensible que les autres à la trypanosomiase. C’est peut être l’une des raisons de sa préférence aux autres zébus pour l’amélioration du format des taurins dans certains pays. La robe est blanche à fond noir et parfois avec des points noirs. C’est un animal de moyenne à grande taille qui parait squelettique, mais possède une aptitude bouchère avec un rendement carcasse de 50 % et pèse 500 kg pour le taureau et 330 kg pour la vache (Figure 11). Il peut fournir 1820 kg à 2595 kg de lait par lactation de 300 jours (Domingo, 1976).

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Figure 11 : Un zébu White Fulani

Source : Cirad.fr (2015)

I.3.1.1.2.2. Le zébu Peulh Mbororo Il s'agit d'une race zébu à grandes cornes en lyres hautes arrivée d'Inde en Afrique par l'Océan Indien et qui a été introduite par les Arabes. C’est l'assèchement du Sahel au XIXe siècle qui a entrainé l'extension de ces zébus, plus résistants à la sécheresse. La race occupe de vastes territoires en pastoralisme migratoire de l'est du Niger au Soudan et est d’origine Nigérienne (Wikipedia, 2015). Il est encore appelé Rahaji, Red Fulani ou Red Longhorn. D’après Marichatou et al. (2005), il peuple tout le Niger jusqu’au Tchad. C’est un animal de grande taille pesant 350 à 450 kg ou plus avec un rendement carcasse moins important que celui des autres zébus (50 %). Il se présente en deux variétés dont dépend la couleur de la robe, il s’agit du Diafoun de robe acajou ou rouge sombre (Figure 12) et de l’Akou de robe blanche ou grise (Domingo, 1976),

Figure 12 : Vache M’Bororo

Source : Marichatou et al. (2005)

Sa production principale est donc le bœuf de boucherie de plus de 4 ans alors que le lait est produit en faible quantité, soit 2 litres/jour au maximum (Marichatou et al., 2005). En effet, d’après CPS (2003), la femelle est mauvaise laitière avec une lactation qui s’étale sur 6 mois en moyenne et varie entre 2,5 litres en début et 1,5 litre en fin de lactation.

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I.3.1.2. Les taurins Ils sont de petite taille vivant dans les zones humides. Ils supportent mal la sécheresse mais tolèrent les températures élevées, supportent bien l'humidité et sont très sensibles à la peste bovine, à la PPCB, aux piroplasmoses et aux rickettsioses. Ils sont remarquablement trypanotolérants dans les conditions normales de leur existence. La couleur de la robe est fonction de la race. Par contre, il est parfois difficile de distinguer les taurins les uns des autres. I.3.1.2.1. Le Taurin N’dama La Ndama est un bovin sans bosse, de taille inférieure à la moyenne de 0,95 à 1,10 mètres au garrot. La robe est fauve, uniforme, décolorée sous le ventre. Les extrémités (tête, membres, queue) sont plus foncées. Elle est rustique, adaptée à son berceau (Fouta Djalon) et possède une très grande résistance à la trypanosomose. (Cirad et Gret, 1991) (Figure 13)

Figure 13: Vache Ndama

Source: Wikipedia (2015)

Le berceau de cette race se situe au Fouta-Djalon (en Guinée) d'où elle s'est étendue à toute la zone de l'Afrique Occidentale et Centrale : Sénégal, Mali, Togo, Burkina Faso, République démocratique du Congo, Gabon, Angola, Cameroun, Côte d'Ivoire, Ghana. Cette extension s'explique en grande partie par ses bonnes aptitudes bouchères, sa rusticité et sa résistance aux maladies (trypanosomose et piroplasmose). Son expansion est cependant limitée à l'Afrique Occidentale et Centrale, du fait de sa faible résistance à des conditions sèches prolongées (Wikipédia, 2015). En effet, Elle est essentiellement exploitée pour ses aptitudes bouchères avec un poids à la naissance d'environ 17 kg pour un poids adulte de 250 à 330 kg (Laminou, 1999). Son rendement carcasse est supérieur à 50% et peut atteindre 55% (Pagot, 1985). Par contre sa production laitière est faible et se situe entre 2 et 3 litres par jour soit 500kg par lactation (Cirad et Gret, 1991). Selon Doutressoule (1947), cette production est plus faible

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et varie entre 1 à 2 litres par jour pour 180 jours de lactation. Ce lait est cependant très riche en matière grasse (Ba, 1992). La durée de lactation varie en fonction des saisons. En effet, les vaches qui mettent bas au cours des mois de juin, juillet et août, réalisent les meilleures performances (148 litres de lait en 220 jours). Son rendement carcasse, d’après Sery (2003) se situe entre 45 et 50 %. I.3.1.2.2. La race des lagunes On parle de Lagunaire au Dahomey et au Togo alors qu’au Ghana, elle est appelé Lagooncattle ou Dwarf West africain shorthorn. C’est une race taurine de petite taille allant de 0 à 0,80m chez les veaux d’1 an à 0,95 m chez la vache adulte de 5 à 10 ans et pouvant exceptionnellement atteindre 1,05 m. La robe est souvent noire, généralement pie noire mais souvent pie rouge ou rouge. Le poids d’un adulte de 5 ans varie de 180 à 280 kg pour atteindre 320 kg chez les animaux plus âgés. Ce sont des animaux utilisés seulement pour la production de viande avec un rendement de 48 à 52 %. Le premier vêlage est de 3ans à 3ans et demi pour un intervalle de vêlage de 18 mois au début puis se réduit à 12 mois chez les vaches âgées. Elle est mauvaise laitière avec 1,5 à 2 litres par jour et par vache (Domingo, 1976). I.3.1.2.3. Le taurin Kouri Le taurin Kouri est une race originaire des régions limitrophes du lac Tchad. On la trouve donc au Cameroun au Niger, au Nigeria, et au Tchad. Leur nom de Kouri leur a été donné par la tribu Boudouma qui pratique l'élevage du côté tchadien (Wikipédia, 2015). C’est un animal de grande taille (1,40 à 1,50 m), caractérisé par des cornes énormes en formes de gourdes dont la circonférence à la base atteint en moyenne 95 cm. La couleur de la robe est généralement blanche avec souvent des sujet rouges. Il est surtout exploité pour la boucherie. La vache pèse 550-700 kg et le taureau 820-1 100 kg (Wikipédia, 2015). En effet, sa production de lait, s'établit à 1650 litres de lait en 280 jours de lactation (Daher, 1995). I.3.1.2.4. Le taurin Baoulé Cette race est élevée dans le centre et le nord de la Côte d'Ivoire, le sud du Mali et le sudouest du Burkina Faso. Elle appartient à la branche africaine des vaches sans bosse et à courtes cornes (Bos taurus). Sa robe est bariolée, souvent pie noire. Les cornes sont courtes et fines. C'est une race bovine de la savane à climat tropical sec. Moins bien adaptée à la

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sécheresse que les zébus, elle borde la frange sud du Sahel, entre zone aride et forêt équatoriale. Selon Sery (2003), la race se rencontre aussi ailleurs sous d’autres noms notamment au Bénin (race Samba), au nord du Nigeria (Nigeria shorthorn), au Cameroun (race Namchi et race Bakosi) et que sa production laitière est estimée à 308,9 litres de lait en 160 jours de lactation. I.3.1.3. Produits de croisement entre zébu et taurin ou race Sanga Ils résultent du croisement de zébus et taurins (Pagot, 1985). Le terme Sanga désigne selon Domingo (1976), un groupe de bovin en Afrique, chez qui on retrouve des caractères qui indiquent qu’ils ne sont ni de purs zébus, ni de purs taurins à longues cornes. Mais, ils sont un mélange variable des caractères des deux races parents (situation et taille de la bosse, dimension des cornes et conformation de la tête et du corps) (Figure 14).

Figure 14 : Vache de type sanga

Source : Wikipédia (2015)

I.3.1.3.1. Les races Borgous Dans les zones de contact entre les zébus White Fulani et les taurins à courtes cornes (race Samba) sont observées des populations métissées qui sont appelées Borgou au Benin et Sanga au Ghana et sont recherchés en raison de leur taille supérieure à celle des taurins et de leur caractère trypanotolerant acquis. Comme le White Fulani dont la couleur dominante est le blanc, les Borgous sont typiquement blancs même si des sujets noirs peuvent être rencontrés (Pagot, 1985). I.3.1.3.2. La race Diakoré Au Sénégal, dans le sud du bassin arachidier, zone de contact entre les zébus Gobra et les taurins N’dama se développe une population bovine métissée, les Diakoré très appréciés pour la culture attelée et pour leurs qualités bouchères (Pagot, 1985). En effet, la race est aussi très élevée traditionnellement par les Peulhs dans le nord du Sénégal. Sa robe est claire, blanche à froment. Les muqueuses sont claires et le cornage en lyre haute. D’après Wikipédia, 2015), la

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vache pèse 550-700 kg et le taureau 820-1100 kg. C'est une race multi usage qui est apte à la production de lait, viande et cuir et a une valeur sacrée chez les Peulh. Elle est adaptée à la sécheresse et peut se passer de boire plusieurs jours. En revanche, ils sont sensibles aux maladies véhiculées par les insectes, ce qui justifie leur absence dans le sud du pays plus humide (Wikipédia, 2015). I.3.1.3.3. La race Méré Au Mali, dans la zone sud du pays, s’est développée une race métisse appelée Méré. C’est une race issue du croisement de la Ndama et du zébu Peulh malien. La race possède des caractères ethniques bien fixés (meilleure laitière et bouchère que la Ndama ; plus trypanotolerante que les zébus). Son aire géographique est le Kaarta, le bélédougou, le Mandé et le Miankala au sud du Mali. La vache donne 300 à 800 litres de lait par lactation et le rendement carcasse est de 45-50 % (CPS, 2003). Les vaches locales d’après Cirad et Gret (2006), produisent en général entre 2 et 5 litres par jour et les mauvaises performances sont liées à une alimentation insuffisante, particulièrement à certains moments de l’année (Tableau II) Tableau II : Production de lait de quelques races locales en pays tropicaux Races

Production de lait par lactation (kg)

Production maximale signalé (kg)

Zébus Maure 600-800 1200 Azawak 800-1000 1460 Gudali 600-1200 2275 Gobra 500-600 Peulh du soudan 500-650 750 White Fulani 600-1000 1500 Boran 400-850 1800 Taurins Kouri 1200 2440 N’Dama 300-600 1150 Baoulé 200-600 Lagunaire 125-300 Sanga Ankolé 600-650 1500 Source : Memento de l’Agronome (2006)

Durée de lactation (mois)

Production de lait (l/j)

Taux butyreux

6-7 7-8 7-10 6-7 7-8 8 5-10

3-5 6-8 (début) 2-3 -

4,1-6,8

6-10 5-8 7-8 5-9

3-8 2-3 1,5-2,5

3-3,5 4,75

7-8

4-5

-

I.3.2. RACES SPECIALISEES ETRANGERES PURES Plusieurs races étrangères ont été introduites en Afrique depuis des décennies pour l’amélioration de la productivité. Elles sont désignées sous le terme générique de « race

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exotique ». Ces races étrangères sont majoritairement importées d'Europe dans le cadre de l'amélioration de la production laitière à partir des années 1960. Il s'agit essentiellement de la Pakistanaise, la Holstein, la Jersiaise, et la Montbéliarde. I.3.2.1. La pakistanaise La race Pakistanaise est représentée d’après Wikipédia (2015) par les deux variétés Red Sindhi et Sahiwal. En effet, les deux variétés ont d’abord été exportées vers l'Australie au début des années 1950 (Sahiwal) et 1954 (Red Sindhi) où elles ont servi de support à des croisements pour créer des races laitières performantes adaptés au climat tropical sec, puis elles sont arrivées en Amérique centrale et du sud ainsi qu'en Afrique. Alors que Red Sindhi est une race pakistanaise qui provient de la province de Sind au Pakistan, Sahiwal est une race indo-pakistanaise en provenance de la province du Penjab. La pakistanaise porte une robe rouge à rouge intense (Figure 15) au brun avec des possibilités de nuances du fauve clair au brun foncé chez la Red Sindhi (Figure 16)

Figure 15 : une vache Sahiwal

Figure 16 : un taureau Red Sindhi

Source : Wikipédia (2015) La Sahiwal est une race de taille moyenne élevée pour sa production laitière, accessoirement pour sa viande et sa force de travail. C'est une des meilleures laitières des races de zébu avec 2 300 kg par lactation en moyenne. Par contre, la Red Sindhi est une race laitière de petite taille à production secondaire de viande aussi. La vache donne entre 1700 kg de lait par lactation (élevage traditionnel) et 3400 kg (en station avec nourriture abondante) (Wikipédia 2015). En outre, la race pakistanaise a été introduite au Sénégal où le vocable PAK est donné à l’ensemble de ses variétés dans les années 1960. Cette introduction s'est faite à partir de la

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Tunisie en 1963 et 1966. D’après Pain (1987), au Sénégal, les primipares PAK ont une production de 4,6 litres par jour alors que les multipares sont à 20 litres par jour. Les PAK sont très rustiques, leur aptitude est avant tout laitière et elles sont meilleures productrices de lait par rapport au zébu Sénégalais. Ainsi, selon Denis (1984), le niveau de production obtenue est de l'ordre de 1 200 litres et 1 700 litres en 350 jours de lactation. Par ailleurs, les vaches vêlent à 2 ans et 11 mois et l'intervalle vêlage-vêlage est de 16 mois. I.3.2.2. La Montbéliarde La Montbéliarde est une race qui a son berceau en France, dans la région Montagneuse du Doubs dans le Jura. C’est un animal bien conformé, le plus souvent exploité pour la production de lait que de viande L'adaptation de la Montbéliarde en Afrique du nord est remarquable, où des milliers de têtes importées chaque année par l'Algérie, la Tunisie et le Maroc donnent de bons résultats pour la production laitière (Sery, 2003). D’après (Wikipédia 2015), la Montbéliarde est une race de grande taille et de robe pie rouge avec des taches bien délimitées, à la tête blanche et aux oreilles rouges (ainsi que le ventre, les membres et la queue), et à muqueuses claires(Figure 17). Les cornes sont très courtes, en croissant.

Figure 17: Vache Montbéliarde

Source : Wikipédia. (2015)

Réputée grande laitière en France, la Montbéliarde a une production comprise entre 12,3 l/jour pour la primipare et 21,38 l/jour pour les multipares alors que les femelles nées au Sénégal donnent entre 6,55 et 11,5 l/ jour pour une lactation de 305 jours avec un taux butyreux de 3,2% mais sa rusticité lui permet de s’acclimater facilement (Denis et al., 1986). En effet, la Montbéliarde est une excellente laitière et fromagère et les moyennes générales des paramètres de reproduction sont estimées à 276 jours pour la durée de gestation, 117 jours pour l’intervalle vêlage-vêlage (Diouf, 1995). Les vaches montbéliardes

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sont aussi appréciées pour leurs qualités d'élevage : fertilité, longévité, capacité à valoriser des fourrages grossiers et résistance aux maladies (particulièrement aux mammites). Vaches de montagne, elles supportent bien le plein air intégral et sont de bonnes marcheuses. Leurs onglons durs leur permettent de supporter la stabulation sur aire bétonnée en élevage intensif. C'est donc une race universelle (Wikipédia, 2015). Par ailleurs, d’après Ouologuem (2009), au Mali, l’introduction de la race a commencé depuis 1938 à la station de recherche de Missibougou (zone office du Niger) par trois géniteurs puis deux en 1962 et deux autres en 1979, qui sont tous morts de maladies. Cette situation a conduit à l’introduction de 2 000 doses de semences congelées en 1975. Plus tard, dans les années 1980, la coopérative laitière de Bamako (COLAIBA) a fait une autre tentative, mais sans succès car ces animaux ont aussi été perdus. Ainsi, la seule voie pour l’intensification de la production animale au Mali à travers cette race montbéliarde restait le croisement par insémination artificielle avec des semences congelées importées. Selon Diouf (1995), les Montbéliarde sont arrivées au Sénégal et ont connu une réussite depuis leur arrivée en décembre 1976. En effet, le premier lot se composait de 26 animaux dont 24 femelles et 2 mâles dans le cadre d'un projet de recherche. C’est ainsi qu’à Sangalkam, les moyennes générales des paramètres de reproduction sont estimées à 276 jours pour la durée de gestation, 117 jours pour l'intervalle insémination-fécondante, 478 jours pour l'intervalle vêlage-vêlage. La production laitière est donc variable selon que la vache soit primipare ou multipare et selon le pays (Tableau III). Tableau III: Production laitière de la race montbéliarde dans différents pays Pays

Algérie

France

Sénégal

Vaches primipares

12,8

12,3

8,39

Vaches multipares

13,8

15,6

9,39

Source : Sery (2003) I.3.2.3. La Jersiaise

La Jersiaise est une race Anglo-Normande originaire de l'île de Jersey (Angleterre) et constitue aujourd'hui l'une des races les plus répandues dans le monde. C’est un animal de type concave, longiligne, elligométrique et de petite taille (1 ,25 à 1,32 mètre) pour un poids moyen de 300 kg pour les femelles et de 450 kg pour les taureaux (Quittet, 1963). Elle porte une robe fauve plus ou moins foncée, généralement unie ou pie. La tête est toujours plus

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foncée avec des muqueuses sombres. Le tour du mufle est blanc. Les cornes, en croissant serré, sont dirigées vers l'avant et le bas (Figure 18) (Wikipédia, 2015).

Figure 18 : Vache Jersiaise Source: Wikipédia (2013) La Jersiaise est le type même des races spécialisées en vue de la production laitière et beurrière. La femelle Jersiaise est une bonne laitière malgré son format réduit (poids moyen des vaches légèrement inférieur à 400 kg), sa précocité lui permet de commencer ses vêlages à 2 ans. Aussi, son aptitude beurrière est remarquable avec un taux butyreux d’environ 50 % (Quittet, 1963). En effet, sa production moyenne est de 5 100 kg par lactation en France avec un lait plus riche de toutes les races bovines (4,60 % de matière grasse et 3,59 % de protéines). Elle est réputée la meilleure des beurrières (Wikipédia, 2015). En outre, selon Ouologuem (2009), C’est la race la plus productive au regard de son poids et elle maintien une production élevée même avec une alimentation médiocre. Elle est aussi une race très rependue à cause de sa résistance et de sa grande souplesse d’adaptation (Quittet, 1963). C’est pour ces multiples raisons qu’on la retrouve dans beaucoup de pays notamment aux USA, au Canada, en Scandinavie, au Danemark, en Inde, en Afrique du sud et plus récemment en Côte-d’Ivoire et au Sénégal où elle a été importée du Danemark en 1988 par la société alimentaire (SOCA). La race a aussi été introduite au Mali depuis le 5 juin 1960, mais le programme n’a pas connu de réussite car les animaux sont tous morts de maladies (Ouologuem, 2009). La Jersiaise est donc une race haute productrice de lait avec des performances appréciables à travers le monde (Tableau IV). Tableau IV. Performances de production laitière de la Jersiaise dans quelques pays Pays

Production de lait (kg)

Durée de lactation (jours)

Turquie

2605

365

USA

4080

305

Danemark

4870

305

Sénégal

3281

305

Source: Sow (1991)

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I.3.2.4. La Holstein La race Holstein est originaire de Frise et est actuellement diffusée partout dans le monde. En raison des changements de souveraineté dans sa région d’origine, elle a pris d’autres noms, notamment la frisonne ou la hollandaise… C’est une race de grand format avec une robe pie noire aux taches bien délimitées mais ponctuellement, une robe pie rouge peut apparaitre. Ses cornes sont courtes en forme de croissant et sont souvent supprimées dans les élevages intensifs. Sa mamelle est très volumineuse, bien veinée et les trayons adaptés à la traite mécanique. Son tronc est anguleux et son abdomen développé pour pouvoir digérer la plus grande masse de nourriture possible (Figure 19).

Figure 19 : Vache de race Holstein

Source : Wikipédia (2015

La Holstein a été sélectionnée très tôt sur ses aptitudes laitières et a donné la race la plus efficace au monde. En effet, elle atteint une production moyenne annuelle qui frôle les 10 000 kg avec ponctuellement des individus qui dépassent les 17 000 kg (Wikipédia, 2015). Selon Benlekhal (1996), elle est exploitée pour la production laitière et peut produire 6000 kg par lactation en zone tropicale alors que des productions de 8000 à 10000 kg ne sont pas exceptionnelles en zone tempérée. Au même moment sous les tropiques, sa production moyenne est de 5715 kg. Ainsi, les productions laitières obtenues dans certains pays d’Afrique et d’Europe ont été reportées dans le tableau V pour comparaison.

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Tableau V. Performances laitières de la Holstein dans certains pays Pays

Production de lait (kg)

Durée de lactation (jours)

Suisse

6420

305

France

4050

305

Maroc

3412

305

Egypte

4580

305

Source: Daher (1995) L’importation

de races pures issues de pays tempérés peut sembler la meilleure solution pour

augmenter la productivité. Elle n’a cependant,

réussi en Afrique, que dans les régions

d’altitude comme le Kenya ou lorsque les conditions environnementales sont parfaitement contrôlées. Il est donc important de savoir que la race pure étrangère est celle qui produit le plus dans le cadre d’une intensification importante, mais aussi celle qui produit le moins dans un élevage non intensifié (Branchi et Denis, 1999). Ainsi, malgré les performances spectaculaires qu’ont montrées les races étrangères pures, les difficultés d’adaptation dans nos conditions d’élevage ont conduit à de nombreux types de métissages (croisements). I.3.3. PRODUITS DE CROISEMENTS ENTRE RACES SPECIALISEES ETRANGERES ET LOCALES Les croisements permettent d’augmenter rapidement la production laitière à partir de races locales peu productives, en conservant une certaine rusticité permettant l’élevage en conditions moyennes. En effet, dans les zones infestées de glossines, le croisement peut être opéré entre bovins importés et bovins trypanotolerants locaux (Cirad et Gret, 2006). Néanmoins, d’après Branchi et Denis (1999), le danger des croisements est que les éleveurs locaux, attirés par la forte production des F1, n’abandonnent complètement les animaux de race locale, et que celle-ci disparaisse. Avec un niveau de sang étranger de 50 %, la production passe de 5 à 7 voire 10 litres de lait par jour. Bien que très souvent, en système moyennement intensifié, le niveau de sang étranger qui réalise le meilleur compromis entre production laitière et rusticité se situe entre 50 et 75 %. Il est cependant, mal aisé à atteindre dans la mesure où les races importées nécessaires pour obtenir les ¾ de sang étranger survivent mal en milieu difficile (Cirad et Gret, 2006). De nombreux croisements ont donc été effectués entre les races locales africaines et les races étrangères hautes productrices de lait pour l'amélioration de la production laitière en Afrique subsaharienne.

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En effet, depuis 1927, d’après Ouologuem (2009), une introduction de plusieurs génotypes de races exotiques pur-sang (Charolais, Normand, Montbéliard, Tarentais, Jersiais, Rouge des steppes, Isker gris, Tacheté de l’Est, Schwitz, Brahman, Brune suisse et Holstein) a commencé à la station de recherche zootechnique de Soutra au Mali. Cette introduction a été réalisée sous forme de semences et d’animaux sur pied pour des croisements avec principalement deux races locales (Zébus Maure et Ndama). Elle n’a cependant pas été couronnée de succès jusqu’en 1978 à cause des efforts trop éparpillés par la diversité des races exotiques utilisées et pour des raisons techniques et financières. C’est ainsi que le Conseil National de la Recherche Agricole (CNRA) du Mali a décidé de maintenir les races Rouge de steppe et Montbéliarde comme amélioratrice au Mali, suivies plus tard de la Jersiaise et de la Holstein. Ces races ont été croisées avec le zébu Maure et la N’dama pour la création de races synthétiques. Aujourd’hui, seules les métisses Montbéliarde et Holstein sont réellement rencontrés dans les zones périurbaines du Mali (Figure 20 et 21).

Figure 20 et 21: des vaches métisses Holstein et Montbéliarde au pâturage en zone périurbaine de Bamako au Mali.

Source : DNPIA (2013)

En effet, les métisses Jersiaises se sont révélées plus précoces que leurs homologues Rouge des steppes et Montbéliarde mais l’intervalle entre vêlages est plus court chez les métisses Rouge des steppes que chez les deux autres génotypes (Tableau VI) (Ouologuem, 2009).

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Tableau VI : performances de production laitière et de reproduction des principaux métisses en station à Sotuba au Mali Jersiais X Ndama

Montbéliarde X Ndama

Age au premier vêlage (mois)

32,9

54 ,4

Rouge des steppes X Ndama 48,4

Intervalle entre vêlages (jours)

527

539

466

Production laitière par lactation (litres)

1 167

1 659

1 194

Production moyenne journalière (litres)

3,6

4,2

4,1

Durée de lactation (jours)

294

336

292

Source : Ouologuem (2009) En définitive, ces introductions ont nettement modifié la structure du cheptel bovin de la zone périurbaine. En effet, Coulibaly et al. (2004) ont dénombré dans 30 troupeaux suivis par la recherche 57 types de bovins croisés. Ce nombre démontre l’absence de schéma cohérent d’amélioration génétique chez nos éleveurs. Ainsi, d’après (IER, 1998) cité par (CPS, 2003), plus de 80 génotypes différents ont été recensés dans la zone périurbaine de Bamako. En effet, avec le programme de diffusion génétique, on notait déjà autour de Bamako près de 8 400 métisses, dont 85% de Montbéliarde, 8% d’Holstein, 6% de Rouges des Steppes et 1% d’autres métisses. La proportion des métisses était évaluée à 5% (PDAP, 1994). Cependant, le degré ¾ de sang exotique est un seuil critique qu’il conviendrait de ne pas dépasser (CPS, 2003). I.3.3.1. Les métisses montbéliarde La couleur de la robe et la texture des poils, lisses et brillants permettent aux métisses Montbéliarde de bien résister aux conditions climatiques tropicales. Ainsi, les métisses Montbéliarde se rencontrent dans tous les pays de l’Afrique subsaharienne et dans presque tous les élevages modernes et même souvent traditionnels (Ouologuem, 2009). Au Mali, les résultats des programmes d’amélioration génétique en milieu réel avec le sang Montbéliard, sont très intéressants ces dernières années. Il a été constaté que l’accroissement du degré de sang exotique entraîne une augmentation conséquente de la production laitière, sans effet de plafond lorsque l’on atteint des taux de métissage importants (3/4). Le taux de sang exotique a également un effet très positif sur la durée de lactation, et dans une moindre mesure sur la fertilité des animaux (appréciée par le critère intervalle entre vêlages). Ainsi, ces résultats induisent des effets significatifs sur la production de lait avec une augmentation

31


par rapport aux races locales de 3,5 litres/vache par jour (997 litres de gain par lactation), une augmentation de la durée de lactation de 90 jours, une réduction de l’intervalle entre vêlage de 25 jours (PDAP, 1994). Bref la production de lait/vache /an en est triplée (Tableau VII). Tableau VII : Paramètres de productivité de vaches locales et métisses montbéliarde à Bamako Paramètres

Races

¼ sang

½ sang

¾ sang

Moyenne

locales

montbéliard

montbéliard

montbéliard

(¼ ½ ¾)

Lait/jour (litres)

3,57

4,5

5,79

7,63

6,0

Durée lactation (jours)

165

180

284

302

255, 3

Lait/ lactation (litres)

589

810

1644

2304

1586,0

Intervalle entre vêlage (jours)

383

370

355

350

358, 3

Lait/ an/ vache (litres)

561

799

1690

2402

1630,3

Source : PDAP(1994) I.3.3.2. Les métisses Jersiais En Côte d'Ivoire, au centre d'élevage de Korhogo, les vaches demi sang Jersiais x Ndama produisaient 1277,3 ± 51,8 kg alors que les races pures avaient une production de 400 à 600 kg (Pagot, 1985). En élevage intensif, la Ndama peut produire 680 à 700 kg/ lactation et les vaches demi sang Jersey x Ndama produisent 1133 kg à 1495 kg de lait à 4% de matière grasse (Cirad et Gret, 1991). Tableau VIII : Les performances laitières de demi-sang Ndama x Jersiais Elevage

N’dama

N’dama x Jersiais

Semi – intensif

588 ± 158 kg

1277,3 ± 51,8 kg

Extensif

400 - 600 kg

Source : Pagot (1985) L’exploitation des races bovines en Afrique subsaharienne est fortement dépendante des systèmes d’élevage. Ainsi, les races locales sont surtout rencontrées dans les élevages traditionnels alors que dans les élevages modernes, on trouve principalement des métisses et des races pures étrangères. Pour extérioriser son potentiel génétique, l’animal a nécessairement besoin d’un environnement favorable.

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CHAPITRE II : ANALYSE DE LA FILIERE LAITIERE AU MALI II.1. NOTION DE LA FILIERE La filière est d’abord un système, c'est-à-dire un ensemble d’éléments en interaction dynamique, organisé en fonction d’un but (ajout de la valeur à un produit ou à un groupe de produits). Elle retrace la succession des opérations qui, partant d’une matière première ou d’un produit intermédiaire, aboutit en aval après plusieurs stades de transformations et valorisation à un ou plusieurs produits finis au niveau du consommateur (DNAMR, 2002). II.2. ACTEURS ET CIRCUITS DE LA FILIERE LAIT

II.2.1. ACTEURS DE LA FILIERE Au Mali, les acteurs de la filière lait local sont regroupés en deux groupes ou catégories selon les fonctions qu’ils assurent. La première catégorie est formée de ceux qui interviennent dans les fonctions de production et d’échanges à savoir les producteurs, les livreurs ou collecteurs, les revendeurs, les transformateurs ou agents de laiteries, les distributeurs et les consommateurs (Figure 22) (SISSOKHO et al., 2003).

Producteurs Propriétaires, bergers Collecteurs

Transformateurs Individuels, mini laiteries ou coopératives d’éleveurs Commerçants et distributeurs

Consommateurs

Figure 22: Première catégorie des acteurs de la filière lait

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Source : DNPIA/DRPIA(2006)


La deuxième catégorie est représentée par les agents des structures étatiques ou privées, qui exercent selon les cas, les fonctions de facilitation à travers un appui direct ou indirect à la filière (structure de la recherche, d’encadrement et de vulgarisation, de crédit, de fournisseurs d’intrants alimentaires et de produits vétérinaires), ou des fonctions de règlementation, de contrôle hygiénique (services de santé publique) et économique (agents de services municipaux et des établissements financiers) (Figure 23) (SISSOKHO et al., 2003). Etablissements Financiers

Services communaux

(Crédit) ACTEURS DE LA FILIERE LAIT

Structures d’encadrements

Fournisseurs d’intrants

Publiques et privés

-Aliments bétail

Services de santé publique

-Produits vétérinaires Figure 23 : Deuxième catégorie des acteurs de la filière lait Source : DNPIA/DRPIA. (2006)

II.2.1.1. Les acteurs de la première catégorie II.2.1.1.1. Producteurs Au Mali, deux types de producteurs sont identifiés ; les Bambaras qui ont leur troupeau à proximité des villages avec une tendance au remplacement des bergers Peulhs par les membres de la famille car ceux-ci sont accusés d’escroquer les propriétaires (sur les veaux et le lait). On a également les Peulhs qui pratiquent la transhumance (Burkina Faso, Côte d’Ivoire…) (Bonfoh et al., 2006). II.2.1.1.2. Acteurs de la collecte et de la commercialisation La disponibilité du lait sur le marché passe avant tout par un réseau de collecte adapté et une réorientation des objectifs de production vers l’intensification de « type noyau laitier » (Bonfoh et al., 2006). En effet, le commerce du lait et produits laitiers locaux d’après Bonfoh et al. (2003) s’exerce à travers deux formes : la forme traditionnelle

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exclusivement réservée aux femmes de producteurs et la forme de distribution intégrée avec les producteurs et les intermédiaires chargés d’approvisionner les transformateurs, les commerçants et parfois les consommateurs. Au même moment, trois types de circuit de commercialisation ont été identifiés selon Vias et al. (2003); un circuit direct dans lequel le lait est directement vendu au consommateur. Un deuxième dit « circuit intégré » qui prend en compte les unités de transformation comme un maillon entre les producteurs et les consommateurs. Enfin, un troisième circuit dit « semi-intégré » dans lequel les unités de transformation et les collecteurs jouent respectivement un rôle intermédiaire entre le producteur et le consommateur. II.2.1.1.3. Acteurs de la transformation et de la commercialisation D’après MEP (2008), la transformation du lait aussi bien que la vente des produits se font à quatre niveaux : - la transformation traditionnelle qui est surtout pratiquée en milieu rural loin des grands centres de consommation. En effet, de façon individuelle la fraction de la production non autoconsommée est transformée soit en lait caillé, en beurre, en ghee, en crème maturée, en fromage et ou en yaourt. Ce type de transformation revient exclusivement aux femmes d’éleveurs ; - la transformation artisanale qui a un caractère souvent familial, voire individuel et consiste en une simple modification de la structure du lait par pasteurisation, fermentation par l’emploi de ferments spécifiques à l’aide d’équipements simples et d’emballages. Pratiquée le plus souvent dans les villes par des revendeurs individuels, cette transformation utilise surtout comme matière première le lait en poudre importé et rarement le lait local ; - la transformation semi industrielle qui est effectuée par les mini laiteries constituées en réseau, ces mini laiteries sont le fruit de partenariats entre des partenaires financiers d’une part et des éleveurs et Gouvernement, d’autre part. Elles ont une capacité individuelle de transformation de moins de 1000 litres/jour et sont implantées dans certaines villes secondaires du pays. Actuellement on dénombre au Mali cinq mini laiteries implantées grâce à l’appui financier du CIDR dans les villes de Koutiala, Fana, Sikasso, San et Niono. A ces mini laiteries on peut ajouter l’unité Kossam Mopti créée en 1988 sur financement du Conseil Régional de la Franche Comté dans le cadre de la coopération décentralisée et la réhabilitation de la laiterie Sanuya Nono de Koumantou sur financement de VSF Suisse ;

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- la transformation industrielle qui est pratiquée par Mali -lait SA, GAM, SOLAIMA etc… Elle concerne les unités capables de transformer plus de 1000 litres de lait par jour. Ces unités industrielles (Mali-lait SA et GAM) sont orientées essentiellement vers la reconstitution du lait en poudre. Par exemple Mali-lait transforme à partir du lait en poudre près de 20 000 litres d’équivalent lait par jour. Aujourd’hui compte tenu du caractère peu rémunérateur du prix proposé par les unités laitières aux producteurs de lait, c’est seulement une infime quantité de lait cru qui est livrée aux unités industrielles implantées. II.2.1.2. Les acteurs de la deuxième catégorie Les principaux services publics ou privés d’appui à la filière lait sont constitués des unités industrielles, fournisseurs d’intrants (Huicoma, GMM, Sukala, rizeries locales, et tout récemment une fabrique d’aliment bétail à Koutiala) ; les officines de pharmacies vétérinaires privées fournisseurs de produits vétérinaires et les établissements de crédits comme la BNDA et les réseaux de caisses d’épargne et de crédit (Kafo Jiginew, Kondo Jigima, Piyeli, Niesigiso, …). L’appui technique et financier est largement assuré par les projets de développement à travers les ONG. Depuis 1989, la Coopération Française et le Ministère du Développement Rural ont mis en place à travers trois projets successifs (PDPL : 1989-1990 ; OAEP : 1992-1994 ; puis PDAP : 1998-1999), un programme d’amélioration génétique du cheptel bovin périurbain par le biais de l’insémination artificielle. Cela constituait un accompagnement à la politique de développement laitier. Cependant, les projets de développement laitier sont aujourd’hui très rares ou peu existants. Les seuls acteurs dans ce domaine sont les promoteurs de centres de collecte ou de mini-laiteries et les chercheurs qui les accompagnent. Le constat est que les options techniques proposées jusque-là aux acteurs sont timidement appliquées du fait de leur forte consommation d’équipement et d’intrants extérieurs, des coûts élevés de transaction et le peu d’assurance technique et scientifique des faiseurs de politiques. Ainsi, le CIDR est une ONG française avec des actions au Mali et qui a pour vocation de promouvoir le développement de petites laiteries par une organisation de producteurs, la mise en place d’un système de collecte de lait et d’appui conseil. Il a été rejoint dans ces actions par VSF-France (Tombouctou), VSF-Belgique (Koumantou) et VSF-Suisse (périurbain de Bamako). Dans le cadre institutionnel de la gestion de la question du lait au Mali, quelques institutions sont chargées d'assurer, dans une optique plus intégrée , les

politiques et stratégie de

production, de la commercialisation, du contrôle et de la réglementation. Il s’agit de :

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-la Direction des Productions et des Industries Animales (DNPIA) qui a pour mission d’élaborer les éléments de politique nationale dans les domaines des productions animales et de la valorisation des produits et sous-produits animaux et d’assurer la coordination et le contrôle de sa mise en œuvre. La DNPIA est une structure décentralisée jusqu’au niveau des communes en unités d’appui aux productions et industries animales ; -la Direction Nationale des Services Vétérinaires (DNSV) qui a pour mission d’élaborer les éléments de politique nationale dans les domaines de la protection de la santé animale et de la santé publique, de suivre et coordonner la mise en en œuvre de ladite politique. La DNSV est une structure décentralisée jusqu’au niveau des communes ou groupes de communes en postes vétérinaires ; -la Direction Nationale du Commerce et de la Concurrence (DNCC) qui est une structure rattachée au Ministère de l’Economie et des Finances. Elle est chargée de la mise en œuvre de la politique commerciale au Mali, du contrôle et de la réglementation (prix) ; -l’institut d’Economie Rurale (IER) qui est une institution ayant pour mission de contribuer à la productivité agricole par des recherches mieux adaptées aux besoins du monde rural, de préserver les ressources naturelles, d’accroître la sécurité alimentaire et le revenu des agriculteurs et d’assurer un développement rural durable. L’IER comprend 16 programmes de recherche et 3 laboratoires centraux parmi lesquels 4 programmes et un laboratoire interviennent dans des domaines touchant la

production laitière. Il s’agit notamment

des programmes : bovin (amélioration génétique à travers le croisement et la sélection des races, l’alimentation) ; petits ruminants ; système de production et gestion des ressources naturelles ; économie des filières pour les aspects en amont et en aval de la production laitière (intrants, transformation, commercialisation et consommation) ; laboratoire de nutrition animale (LNA) pour l’analyse des aliments de bétail, la qualité lait et produits laitiers et le Laboratoire Central Vétérinaire (LCV), qui est une institution de production de vaccins, de recherche et de diagnostic en santé animale. Il intervient dans le contrôle des denrées d’origine animale, les boissons et les eaux. Il n’a pas de démembrement sur l’ensemble du pays mais intervient de façon ponctuelle sur le terrain pour des études et le diagnostic (Bonfoh, 2006).

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II.2.2. CIRCUITS DE LA FILIERE Selon Napo et al. (2004), la filière lait au Mali est organisée de la façon suivante : - Offre de lait et produits laitiers : producteurs locaux et importateurs de lait. -Demande de lait : Transformateurs semi industriels, mini laiteries, grossistes, revendeurs, détaillants et consommateurs Il existe plusieurs circuits au Mali dont les uns plus complexes que les autres dans l’acheminement du lait et produits laitiers jusqu’à la consommation. En gros, nous distinguons au Mali deux filières laitières dont l’une locale et l’autre d’importation (Figure 24).

Figure 24: Les filières laitières au Mali

Source : Corniaux (2013)

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Les relations entre les différents acteurs ne sont pas en général des contrats fermés. En effet, elles sont de natures informelles et la rentabilité financière au niveau des différents maillons est mal connue. Cependant, au niveau global, la filière est économiquement rentable. Ainsi, la filière lait au Mali dans sa généralité, se caractérise par des circuits relativement courts pour le lait local et de plus en plus complexes pour le lait en poudre qui est de plus en plus transformé dans les laiteries industrielles et artisanales. La consommation du lait est de l’ordre de 44 l/an/hbt. Elle est couverte pour 60 à 75 % par la production locale dont une faible fraction est commercialisée par les laiteries (1 à 2 %). 25 à 40 % de la consommation totale sont donc aujourd’hui couverts par le lait en poudre et des produits issus de sa transformation (plus de 90 % du lait importé). Ce chiffre est à revoir à la hausse dans les villes et notamment à Bamako où il atteint près de 95 %. La part du lait en poudre est un peu plus faible à Ségou, Sikasso et Mopti avec respectivement 85, 80 et 50 % (Corniaux, 2013). II.2.2.1. Circuits de distribution et de commercialisation du lait local

Les ventes des produits de l’élevage ne s’effectuent qu’au rythme des besoins d’argent pour se nourrir, se vêtir et s’acquitter des taxes et impôts. Le commerce du lait et produits laitiers (LPL) locaux s’exerce à travers deux principales formes : une forme traditionnelle exclusivement réservée aux femmes de producteurs et une forme de distribution intégrée avec les producteurs, les intermédiaires chargés d’approvisionner les transformateurs, les commerçants et parfois les consommateurs. La complexité des circuits dépend du système de production, de la nature du produit, des préférences des consommateurs et des débouchés. D’après Debrah et Sissoko (1993), on distingue quatre principaux circuits (figure 24) :  circuit C0 : c’est le circuit traditionnel simple avec vente directe du producteur aux consommateurs ou aux transformateurs sans intermédiaire. Cette vente simple peut concerner les produits issus de la transformation du lait de ferme (lait fermenté, ghee, fromage). Exemple femme Peul (foires hebdomadaires dans les zones rurales) ;  circuit C1 : c’est le circuit dans lequel il existe un intermédiaire entre le producteur et les consommateurs. Cet intermédiaire est un détaillant qui achète du lait au niveau d’un ou de plusieurs producteurs pour le revendre ensuite aux consommateurs. C’est par exemple le cas des revendeurs cyclistes vendeurs ambulants (Bamako et villes secondaires notamment à Sikasso) ;

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 circuit C2 : est le circuit des collecteurs chargés du ramassage du lait destiné aux unités semi industrielles ou industrielles. Cette collecte est souvent organisée auprès des producteurs réunis en groupements ou en coopératives. Le lait collecté est livré directement à l’unité ou dans des centres de collecte choisis à cet effet ; Exemple : centres de collecte et mini-laiteries  circuit C3 : c’est le circuit de distribution du lait et des produits laitiers directement ou indirectement auprès des consommateurs. La distribution concerne principalement les unités industrielles notamment Mali lait SA qui dépose leurs produits dans les pâtisseries ou sur les grandes surfaces et kiosques. La filière traditionnelle de distribution est efficace en ce sens qu’elle parvient à acheminer sur des distances considérables et dans un délai assez bref un produit hautement périssable. Elle travaille en flux tendu, et avec des investissements minimums. Elle est très souple, s’adaptant aux variations de l’offre et de la demande. Elle est aussi génératrice et distributrice de revenus, avec des marges parfois très confortables. Mais elle se compose d’une multitude de petits agents, manipulant chacun de toutes petites quantités. L’efficacité du système est limitée par la faiblesse des moyens mis en œuvre et la précarité du système traditionnel. On a à faire presque toujours à des petits opérateurs, dépourvus des moyens de transport et de conservation adaptés aux LPL, très peu formés, généralement dans l’incapacité d’observer les normes d’hygiène requises. Cette absence de moyens et la haute instabilité des produits poussent les agents à ne faire porter leurs transactions que sur de faibles quantités, qu’ils doivent être sûrs d’écouler dans la journée. On ne voit pas encore émerger de structures collectives reposant sur une réelle mise en commun des moyens de production, partage des charges et des bénéfices.

La production locale parvient au consommateur en quantité

largement inférieure à la demande, à des prix prohibitifs pour une large frange de la population, sous une forme brute, non conservable et devant être consommée immédiatement. Le service offert au consommateur est un service minimum ! (Bonfoh, 2006). Il est difficile dans ces conditions d’espérer une augmentation importante de la collecte des zones de production vers les zones de consommation. Il n’est pas non plus question dans cette configuration, d’envisager la

généralisation d’un équipement en matériel technique de

stockage ou de transport. Cette étape technologique représenterait pourtant le seul moyen pour accroître notablement le volume de lait en provenance des zones rurales et amorcer un véritable développement laitier (Thomas, 1994). Cette insuffisance du système actuel justifie le recours à une filière de

substitution, celle des LPL d’importation et alimente l’idée

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couramment admise que le secteur de la production laitière nationale est potentiellement incapable de relever l’autosuffisance malienne en LPL. Dans l’organisation actuelle du secteur laitier malien, l’inadéquation des systèmes de collecte et de transport des produits laitiers maliens apparaît comme la contrainte majeure à l’essor de la production nationale : la demande est importante, le potentiel de production est important et désormais compétitif avec les importations. Une refonte des systèmes traditionnels de collecte pourrait avoir comme but d’accroître l’efficacité en terme de volumes et de vitesse d’écoulement des flux, d’améliorer le service en assurant un transport hygiénique et en préservant la qualité du produit, de diminuer le coût de la distribution et répercuter ce gain sur la consommation et la production. Pour réaliser ces objectifs, 4 principes sont à adopter : 

collecteurs à vélo, moto ou à pied dans les zones isolées (récipients adaptés + Lactoperoxydase) : Exemple des vendeurs

ambulants de Bamako et des villes

secondaires ; centre de collecte (tank s réfrigérés, tank de pasteurisation) : Exemple : Ouelessebougou, Sélingué, Kéleya ; 

mini-laiterie : Réseau Danaya nono (Fana, San, Ségou, Koutiala…), Koumantou, Kassela ;

kiosques de distribution.

Il est intéressant de noter que pour la mise en place de tels principes une bonne connaissance du bassin laitier est nécessaire, en termes de localisations des productions, des points de collecte et de direction des flux. II.2.2.2. Circuits de distribution et de commercialisation du LPL importés La poudre de lait est un palliatif obligé dans l’état actuel du secteur laitier malien, pour compenser les irrégularités d’approvisionnement de lait local, les insuffisances quantitatives et qualitatives de la distribution, la faiblesse de l’équipement de la chaîne de froid au niveau des ménages et de la filière. Le marché d’importation est différent du traditionnel. Il est réglementé et intégré dans un plan d’ensemble de prévisions tenant compte des indications générales du commerce extérieur et des effets de la conjoncture économique nationale et internationale. Ainsi, après la fermeture de l’union laitière de Bamako (ULB), plusieurs mini-laiteries ont proliféré à Bamako. Cependant, elles connaissent souvent des méventes à cause de la qualité de certains produits. Leur principale fonction tient à la reconstitution de la poudre de

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lait, la


transformation assistée en yaourt, au

conditionnement des produits, en

particulier, de

l’emballage. Ces mini-laiteries offrent des perspectives pour le développement laitier. Il est opportun de les orienter vers la maîtrise des techniques de fabrication, le suivi de la qualité des produits et la gestion des aléas dans l’approvisionnement laitier. Ces efforts peuvent être faits à condition que les mini-laiteries

travaillent aussi avec du lait local. Alors

qu’aujourd’hui, les transformations laitières au Mali sont effectuées par Mali-lait sa (ex ULB), GAM, les mini-laiteries d’une capacité dépassant rarement une tonne d’EQL par jour et de nombreuses unités artisanales. La poudre de lait importée est donc la principale matière première utilisée par les grosses industries et les mini-laiteries. Les proportions de lait local diminuent d’année en année jusqu’à s’annuler. Le circuit industriel (laiteries semi- modernes): Mali-Lait, GAM, Ségou-lait transforme donc à des proportions diverses la poudre de lait importé. Ce sont des unités de transformation du lait de capacité moyenne (1000 à 20000litres/jour) possédant des équipements techniques modernes avec une production assez diversifiée (lait frais pasteurisé, lait caillé sucré, yaourt brassé, crème et fromage blanc, sucré, non sucré aromatisé en pots… ) (Bonfoh, 2006) II.3. POLITIQUE LAITIERE AU MALI La politique de développement du secteur laitier est tout naturellement une partie intégrante de la stratégie alimentaire dont l’objectif fondamental est d’atteindre l’autosuffisance alimentaire à l’horizon 2015. Aussi, malgré les immenses ressources animales dont dispose le pays, le Mali reste un importateur chronique de lait et produits laitiers. La valeur de ces importations est estimée à plus de 15 milliards de francs CFA aujourd’hui contre 5 milliards avant la dévaluation du franc CFA (DNPIA, 2009). En 1983, l’analyse des performances de l’industrie laitière faisant apparaître une tendance contraire aux missions de départ, à savoir que l’accroissement important de la quantité de lait importé et transformé allait de pair avec une diminution tout aussi importante de la part du lait local dans les produits finis de l’union laitière de Bamako (ULB) (Bonfoh, 2006). Ainsi, le 12 juin 1985, le conseil des ministres pour remédier à la situation d’autosuffisance et de sécurité alimentaire d’une part et d’autre part, dans le souci de prévenir les importations exagérées de LPL dont les conséquences sur la balance des paiements sont évidentes a adopté un document de politique laitière nationale (PLN) en 1985 par le gouvernement d’alors. Pour favoriser les meilleures conditions de vie par l’augmentation des revenus des paysans, les

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grandes lignes de la politique se fondent actuellement sur l’amélioration de la filière par l’intensification (amélioration de la santé, des pâturages, de la génétique) et la modernisation des structures et des circuits de commercialisation (maîtrise des facteurs de collecte, de transformation et de conservation). En effet, selon Bonfoh (2006), les objectifs généraux assignés à cette politique étaient de :  réduire les importations de lait et de produits laitiers ;  améliorer la productivité des systèmes d’élevage ;  développer les petites exploitations laitières ;  augmenter la consommation nationale de lait. Les objectifs spécifiques étaient : A court terme : assurer le ravitaillement correct de la ville de Bamako en lait frais par la promotion des petites exploitations laitières, ceci en vue de réhabiliter l’Union Laitière de Bamako (ULB). A moyen terme : étendre le ravitaillement aux autres agglomérations régionales où les conditions écologiques le permettent et où la demande de lait se fait également présente. A long terme : dans le plan de l’exécution de la politique laitière, deux grands types d’actions seraient envisagées, à savoir les actions d’intensification dans les zones à forte potentialité et les actions de support et de promotion dans les zones arides et semi-arides. Les actions prévues pour l’atteinte des objectifs se résument à : -la production : Maîtriser la production laitière dans le système d’élevage péri-urbain par la maîtrise des principaux facteurs du milieu (santé, alimentation, organisation des éleveurs) ainsi que l’amélioration génétique. De même, des actions de soutien aux zones pastorales et agro- pastorales ; -la commercialisation : Organiser la filière laitière grâce à l’amélioration de la collecte, la distribution, et à l’introduction des techniques de transformation et de conservation ; -la gestion : Monter des programmes et projets de développement face à une dégradation continue des conditions de vie des populations

rurales ; à la persistance des pratiques

ancestrales, à la rigueur climatique et à l’inorganisation pastorale dont la conséquence directe est l’exode rural et la famine.

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II.3.1. INTERVENTIONS DE L’ETAT ET DES PRIVES Le développement de la production laitière est un axe important des politiques publiques dans le domaine agricole au Mali (Corniaux, 2013). La première orientation des politiques reposait sur l’industrialisation laitière suivant le modèle flood développé en Inde avec la mise en place de l’union laitière de Bamako (ULB) à l’aide de l’UNICEF. Dans le cadre de la politique d’autosuffisance et de sécurité alimentaire, le gouvernement du Mali a adopté la politique laitière le 12 juin 1985, dans le but de réduire les importations de lait et produits laitiers, d’améliorer la productivité des systèmes d’élevage, de développer les petites exploitations laitières et d’augmenter la consommation nationale de lait. La mise en œuvre de cette politique a été appuyée par la coopération française à travers le projet de développement de la production laitière (PDPL) de 1989 à 1990, puis l’opération d’appui aux éleveurs périurbains (OAEP) de 1992 à 1994 et le projet de développement de l’agriculture périurbaine (PDAP) de 1994 à 1998. A partir des années 1990, l’appui aux mini laiteries s’est renforcé. Les coopérations suisse, belge, italienne se sont de plus en plus investies pour soutenir les initiatives dans ce domaine. Il faut notamment souligner la création du réseau Danaya Nono dans les villes secondaires maliennes avec l’ONG nationale ICD (Initiative des conseils au développement) ainsi que l’installation d’un réseau d’une vingtaine de kiosques de vente de lait local dans la ville de Bamako avec l’ONG nationale CAB-Demesso (Conseils d’accompagnement de base). C’est à partir de 2008 que fut créé le PRODEVALAIT (programme de développement et de vulgarisation de la production laitière), suivi d’autres programmes et projets tels que PRODEZM, PADEPA-KS et PROGEBE sous la tutelle du Ministère de l’élevage et de la pêche. Le PRODEVALAIT est un programme national élaboré en concertation avec tous les professionnels de la filière lait. Face au poids croissant des importations de lait en poudre et compte tenu du potentiel laitier théorique du pays. Ce programme vise d’une part à mettre en place une filière laitière capable d’assurer l’autosuffisance en lait et produits laitiers et d’autre part, à renforcer la contribution de la filière lait dans la lutte contre la pauvreté. Notons enfin, l’appui de plusieurs coopérations bilatérales et d’ONG (nationales et internationales) qui interviennent sur des financements relativement courts et de façon ponctuelle (appui aux mini laiteries notamment) telles qu’Islamique Relief, CIV, AVSF, Millenium Village, AFDI, Coopération italienne, Bonne fontaine….

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A ceux-ci s’ajoutent les organisations professionnelles qui œuvrent activement pour la promotion du lait local. Il s’agit de la FENALAIT (Fédération nationale des producteurs de lait local), l’AOPP (Association des organisations professionnelles paysannes) et plusieurs coopératives d’éleveurs laitiers. II.3.2. PLANS D’ACTION L’approche sera basée sur la mise en commun des compétences afin de procéder à une analyse diagnostic de la filière. Les informations à collecter porteront sur les statistiques de production, les fonctionnalités des organisations d’acteurs de la filière et les circuits commerciaux…. Les partenaires concernés par ces plans seront les services publics et privés, les fournisseurs d’intrants, les consommateurs et les institutions de financement. Globalement, l’objectif est d’améliorer les conditions de production et de commercialisation du lait local. Pour atteindre cet objectif principal, les objectifs spécifiques sont : -renforcer les capacités institutionnelles et organisationnelles des associations et coopératives de la filière lait ; -améliorer la production et la productivité ; -offrir sur le marché de la consommation un produit de qualité et accessible. II.3.3. STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT ET DE VALORISATION DU LAIT LOCAL La stratégie de développement et de valorisation de la production laitière est adoptée par le conseil de Ministre en Novembre 2008 (Konaté, 2009). De ces réflexions, plusieurs plans d’action ont été initiés sur la base des trois principaux axes stratégiques définis comme suit: -l’augmentation des aménagements pastoraux et la gestion des pâturages ; -l’intensification et la diversification des productions animales ; -la relance et la modernisation de la commercialisation des produits de l’élevage. Par ailleurs, selon Diakité et al. (2010), la stratégie de valorisation du lait local est bâtie autour de cinq composantes, à savoir : -l’organisation des bassins laitiers mise en œuvre par l’identification et l’organisation de 41 bassins laitiers sur l’ensemble du territoire national ;

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-l’appui à la production laitière en terme d’amélioration du potentiel génétique des races locales par la sélection, le croisement, l’introduction de races exotiques laitières spécialisées et l’amélioration du niveau nutritionnel des animaux. Il ressort de cette composante, la création d’un centre national d’amélioration génétique avec possibilité d’élevage de taureaux reproducteurs et la production de semence congelée ; -le renforcement et la création de 41 centres de collecte de lait bien équipés ; -l’implantation ou la réhabilitation de 9 unités de transformation laitières dans les capitales régionales et le district de Bamako de capacité de 2000 à 10000litres/jour. L’appui institutionnel à travers le renforcement des capacités d’intervention des structures d’encadrement de la filière. L’objectif principal de cette stratégie était de mettre en place une filière laitière capable d’assurer l’autosuffisance en lait et produits laitiers à l’horizon 2013 et de renforcer la contribution de la filière dans la réduction de la pauvreté. Cependant, de façon globale, les moyens mis en œuvre pour la réalisation de cette stratégie étaient insuffisants car il fallait prendre en compte l’ensemble des préoccupations des zones périurbaines alors que les actions et programmes jusque-là n’ont pris en compte que le district de Bamako et les régions de Koulikoro et Ségou (deux régions sur huit) (Diakité et al., 2010) II.4. CONTRAINTES DE DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE

Au Mali, les filières laitières en général et celle du lait local en particulier rencontrent d’énormes difficultés qui constituent un véritable frein à leur développement. Ces difficultés se situent à différents niveaux (production, collecte, commercialisation et transformationconservation du lait local). En somme, les contraintes liées au développement de la filière laitière au Mali sont de plusieurs ordres : II.4.1. ALIMENTATION DU BETAIL Le problème essentiel des troupeaux traditionnels demeure l'accès au pâturage et la survie des troupeaux de plus en plus nombreux. Les pressions agricoles et urbaines et la sécheresse ont induit la régression de la biomasse végétale disponible dans les zones périurbaines.

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C’est ainsi que, d’après (Table ronde, 2008 ; Diakité et al., 2010), les parcours naturels, avec la poussée démographique et l’urbanisation croissante se trouvent de plus en plus rétrécis au profit de l’agriculture et de l’habitat. La production laitière étant un grand consommateur d'intrants alimentaires, un approvisionnement régulier en produits de qualité est l'une des conditions de réussite des unités de production. Les sous-produits utilisables par les animaux sont nombreux et variés mais posent pour la plupart un problème d'accessibilité et de disponibilité en raison de leur prix et des conditions de livraison (son de blé, coque d'arachide, mélasse, tourteaux d'arachide et de coton) (Table ronde, 2008 ; Diakité et al., 2010). En effet, selon Wombou (2009), les éleveurs utilisent comme concentrés le son des céréales (SC) (de mil, sorgho, maïs et riz), la farine basse de riz (FBR), le tourteau de coton (TC) pour la complémentation des animaux. Leur utilisation serait due au fait qu’ils sont les plus disponibles et facilement accessibles dans les systèmes d’élevage extensifs. Le cas du tourteau de coton est une exception car son utilisation est guidée par un souci d’amélioration de la production. La distribution de ces concentrés se fait le plus souvent une fois par jour. Les quantités de concentrés distribués dépendent beaucoup plus des objectifs de production et du revenu de chaque éleveur que des besoins des animaux (soit environ 1-2 kg) de son seul, de tourteau seul ou bien du mélange son-tourteau. II.4.2. POTENTIEL GENETIQUE DES RACES EXPLOITEES Au Mali, quelques-unes des races bovines ont une assez bonne aptitude laitière. Il n’en demeure pas moins que le cheptel national, toutes espèces confondues, se caractérise essentiellement par une faible aptitude laitière (Table ronde, 2008 ; Diakité et al., 2010). Au Mali, la production laitière moyenne des vaches est de 1,5 l/j celle des dromadaires de 4 l/j et des chèvres/brebis de 0,3 l/j. Ainsi, l’absence d’un plan de sélection des races autochtones et de choix des semences importées pour l’amélioration génétique est une contrainte notoire de la production laitière. II.4.3. GESTION DES EXPLOITATIONS La majeure partie des élevages périurbains appartient à des citadins qui en confient la gestion à des bergers salariés. Le comportement de certains de ces propriétaires caractérisé par le suivi irrégulier de leur exploitation, le non-respect des conseils donnés par l'encadrement, le changement fréquent de bergers non formés, laisse supposer que leur intérêt se situe parfois au niveau du simple loisir. Selon Konaté (2009), le mode de conduite du troupeau est de type

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élevage non spécialisé à caractère extensif, ayant souvent une fonction d’épargne familiale dans les zones agropastorales sud. II.4.4. SUIVI SANITAIRE DES ANIMAUX La situation zoosanitaire du Mali est caractérisée par la présence de certaines maladies infectieuses, parasitaires et métaboliques qui affectent la production laitière (Table ronde, 2008 ; Diakité et al., 2010). Selon Konaté (2009), on assiste à la persistance de certaines maladies endémiques (brucellose, tuberculose et fièvre aphteuse) au coût élevé des produits vétérinaires et au sous-équipement des cliniques vétérinaires. II.4.5. ORGANISATION DES PRODUCTEURS Actuellement, il existe très peu d’organisation d’éleveurs de type laitier au Mali. Les quelques rares organisations dynamiques se rencontrent à Bamako et environ (Table ronde, 2008 ; Diakité et al., 2010). De plus, selon Konaté. (2009), la majorité des coopératives et associations d’éleveurs est confrontée à des problèmes de gestion et de fonctionnement. Ces organisations sont en général caractérisées par la faiblesse du capital social, le faible niveau de formation des coopérateurs et des associés et l’insuffisance des moyens matériels et financiers. II.4.6. SYSTEMES DE COLLECTE, TRANSFORMATION ET DE COMMERCIALISATION DU LAIT LOCAL

Au Mali, les systèmes extensifs qui représentent 98 % de la production laitière nationale et la mobilité des troupeaux laitiers vers les centres de consommation (cas des agglomérations du delta et de la vallée du fleuve Niger) rendent difficile la collecte du lait et son transport vers les villes pour la consommation. Aussi, les procédés techniques permettant une meilleure conservation du lait du producteur (l’utilisation de lactoperoxydase) au consommateur final sont peu développés et la chaine du froid est généralement inexistante. La production du lait et sa transformation au niveau familial, dans les unités artisanales et semi-industrielles se fait souvent dans des mauvaises conditions d’hygiène suite à la connaissance insuffisantes des règles élémentaires d’hygiène (Diakité et al., 2010). II.4.7. Contrainte de financement L’intervention de l’état en faveur de la filière lait a diminué de manière drastique depuis la privatisation de l’ULB, en 1994. Malgré la place importante occupée par l’élevage dans l’économie nationale, les investissements et appui en faveur du secteur de l’élevage d’une manière générale ont été relativement faibles (Table ronde, 2008 ; Diakité et al., 2010).

48


Ainsi, la part de l’élevage dans le budget spécial d’investissement a été de 6,8% de l’ensemble du secteur rural pendant la période 1993-2002 et au titre du programme triennal d’investissement 2004-2006 sur 261 milliards de FCFA prévus pour le développement rural 91,6 % ont été destinés à l’agriculture contre 3,6% seulement à l’élevage (Table ronde, 2008). II.4.8. MISE EN ŒUVRE DES POLITIQUES LAITIERES La politique laitière adoptée en 1985 a connu une mise en œuvre insuffisante et ses objectifs n’ont pas tous été atteints, notamment ceux visant l’augmentation de la production du lait cru. A cet effet, la poursuite de la mise en œuvre de cette politique vieille de 20 ans s’impose. Ainsi, les politiques adoptées par la CEDEAO ont évidemment un impact direct sur le développement des filières dans l’ensemble de la sous-région. Cependant, comme dans les politiques nationales, la politique douanière adoptée par la CEDEAO avec un tarif douanier très faible pour les produits laitiers, 5 % pour le lait en poudre et 20 % pour les autres produits laitiers, rend très compétitif les produits laitiers importés au détriment des produits laitiers de la filière lait local. Il ressort de tous ces constats, que la filière lait local soufre énormément d’une mauvaise organisation qui interpelle les politiques. Le potentiel laitier national reste faiblement valorisé et le potentiel génétique des animaux mal exploité pour des raisons de manque d’une politique laitière dynamique. Pour prétendre à une filière porteuse, il faut une volonté et un programme politique national visant à faire face aux contraintes citées ci-dessus et à mieux organiser les circuits en faveur des producteurs locaux.

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PARTIE II : ETUDE EXPERIMENTALE

50


CHAPITRE I : MATERIEL ET METHODES L’étude a concerné les éleveurs du bassin laitier de Kassela qui ont fait l’objet d’un recensement tout au long de l’axe routier Bamako-Ségou, de Diallokorobougou à Marca coungo dans la région de Koulikoro. I.1. ZONE ET PERIODE D’ETUDE Notre étude s’est donc déroulée dans les communes rurales de Mountougoula, BaguinedaCamp et Zan Coulibaly situées en zone périurbaine de Bamako, du côté Est de la commune VI du District de Bamako (Figure 25). Elle a concerné les élevages laitiers localisés dans un rayon de 50 km autour de la mini-laiterie de Kasséla, village situé à 42 km de Bamako. L’étude a eu lieu d’aout 2014 à juin 2015 en différentes étapes.

Figure 25 : Carte de localisation de la zone d’étude. Source : ICM (2015)

51


L’étude a donc concerné 28 villages (sites laitiers) et 100 élevages au niveau du bassin laitier. Un bassin laitier par définition est une zone où les ressources naturelles et le potentiel de production animale sont en mesure de mieux valoriser de façon durable la filière nationale lait en termes de production, de transformation et de commercialisation (Diakité et al., 2010). Autrement dit, c’est tout simplement une zone de production et de collecte de lait pour approvisionner une unité de transformation de lait. A cet effet, le bassin laitier de Kassela est constitué par les trois communes rurales de Mountougoula, Baguineda-Camp et Zan Coulibaly, toutes situées dans les cercles de Kati et Dioila et dans la région de Koulikoro (deuxième région administrative du Mali).

Région de Koulikoro

Figure 26 : Représentation de la région de Koulikoro sur la carte du Mali Source : DNPIA (2014)  La commune rurale de Mountougoula : Elle couvre une superficie de 369 km² pour une population de 11 814 habitants (Recensement 2009) répartis entre 16 villages. Elle est située dans le cercle de Kati.  la commune rurale de Baguineda-Camp : Elle couvre une superficie de 987,04 km² pour une population de 58 661 habitants (Recensement 2009) répartis entre 32 villages. Elle est située dans le cercle de Kati.

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 La commune rurale de Zan Coulibaly : Elle couvre une superficie de 387km² pour une population de 25 061 habitants (Recensement 2009) répartis entre 9 villages. Elle est située dans le cercle de Dioila. La zone présente un relief accidenté au niveau des communes de Mountougoula et Baguineda-camp, avec des chaines de collines disséminées un peu partout constituant les prolongements du Mont Manding. Il est peu accidenté du côté de Zan Coulibaly, avec des glacis d’épandage occupant l’extrême Nord, le Nord-Ouest et l’Ouest. Le reste de la commune est occupé par des glacis d’accumulation et des basfonds. Le climat est de type soudano sahélien avec une saison pluvieuse allant de juin à octobre. Les sols sont à majorité sablo-argileuse et la végétation moins dense, avec une savane arborée. L’essentiel de la flore est constitué de karité, baobab, tamarin, calcédrat, balanzan et certaines graminées qui constituent le pâturage. Une forêt classée (la faya) est située en plein cœur de la commune de Baguineda-Camp sur une superficie de 80 000 hectares. Les trois communes sont traversées par des cours d’eau naturels (mares et marigots) et par la route nationale (RN6). La majeure partie des villages sont cependant d’accès difficile, surtout pendant l’hivernage à cause de l’état des pistes routières. Zone d’élevage par excellence, l’élevage est de type extensif à semi extensif. I.2. ÉCHANTILLONNAGE Pendant deux mois allant du 15 août au 15 octobre 2014, après nos rencontres avec les services techniques, nous nous sommes rendu sur le terrain où nous avons rencontré les coopératives d’éleveurs, les vétérinaires mandataires, les inséminateurs intervenants dans la zone, les agents de l’état basés dans la zone et les gérants de mini laiteries et centres de collecte de lait pour l’identification des éleveurs et leurs élevages. Ces rencontres, nous ont permis d’identifier 200 éleveurs laitiers dans la zone. Les 200 élevages identifiés ont été répartis selon les villages et l’appartenance des éleveurs à de coopératives. Après cette identification, sur la base de 50 % des élevages identifiés par village, l’étude s’est donc appliquée à 100 élevages (72 à Baguineda-Camp, 5 à Mountougoula et 23 à Zan Coulibaly), choisis au hasard sur la base de l’accessibilité, la disponibilité et la volonté de coopération de l’éleveur dans 28 villages situés dans les trois communes. I.3. COLLECTE DES DONNEES Elle s’est déroulée sous la forme d’entretiens libres dans les exploitations qui ont été visitées. Les données qui ont ainsi été collectées se sont rapportées aux élevages.

53


I.3.1. SUPPORTS DE L’ENQUETE Une lettre de recommandation de collaboration à l’endroit des coopératives d’éleveurs de la zone signée de la structure d’accueil et d’encadrement a permis de faciliter l’introduction dans la zone (annexe 1). A cet effet, l’agent de l’unité d’appui des productions animales basé dans la zone a été également sollicité et associé à l’enquête par la structure d’accueil et d’encadrement. Nous avons utilisé un appareil Photo pour la prise d’images et un GPS pour la localisation des élevages. Un questionnaire sous forme de guide d’entretien à l’intention des éleveurs a constitué l’essentiel du matériel que nous avons utilisé pour la collecte d’informations au niveau des exploitations ciblées. Il prend en compte trois pôles : l’éleveur, l’exploitation et le troupeau. I.3.2. DEROULEMENT DE L’ENQUETE I.3.2.1. Phase préparatoire ou pré-enquête Cette phase a durée deux mois (du 15 août au 15 octobre 2014). Elle a débuté par une prise de contact avec les acteurs impliqués dans le programme national de la production laitière, notamment la Direction Nationale des

Productions et Industries Animales (DNPIA), la

Direction Nationale des Services Vétérinaires (DNSV),l’institut d’économie rurale (IER), le programme bovin du centre de recherche agronomique de Sotuba, le projet de développement et de valorisation du lait local (PRODEVALAIT), les coopératives et organisations d’éleveurs, les gérants de la mini-laiterie et des centres de collecte, les vétérinaires mandataires, les inséminateurs et les ONG intervenant dans la zone, etc. Ces rencontres ont permis de recueillir les informations préliminaires. Une revue documentaire aussi exhaustive que possible des études déjà effectuées a été faite pour mieux s’informer des grandes orientations définies à l’échelle nationale et sous régionale concernant la filière et pour prendre connaissance de la zone d’étude. Au cours de cette phase, nous avons procéder à :  l’identification des élevages laitiers du bassin laitier de Kassela à partir d’un recensement des éleveurs de façon la plus exhaustive possible ;  l’échantillonnage qui a été réalisé au hasard sur la base de l’accessibilité, la disponibilité et la volonté de coopération de l’éleveur. Cet échantillon a été formé par les 50% du nombre d’élevages préalablement identifiés avec une population animale de 4170 têtes.

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A l’issue de cette phase, nous avons finalisé la fiche d’entretien élaborée à l’intention des éleveurs qui a été validée plus tard pendant l’exécution de l’enquête. I.3.2.2. Enquête proprement dite Elle s’est déroulé en cinq (5) mois, allant du 15 octobre 2014 au 15 Mars 2015 et a couvert toute la zone du bassin laitier de Kassela. Cette enquête a été organisée sous

forme

d’entretien direct avec les propriétaires des exploitations laitières au niveau des élevages identifiés et retenus comme échantillon de l’étude sur la base du questionnaire. La localisation des élevages a été facilitée grâce à la collaboration pendant toute la durée de l’enquête, de l’agent de l’unité d’appui des productions animales de la zone. Elle a constitué donc à réaliser une collecte de donnée. Finalement, la bonne collaboration des éleveurs a constitué un facteur qui a favorisé la réussite de cette enquête. Les aspects qui ont été abordés dans le questionnaire ont concerné (annexe 2) : -

le statut socio-professionnel des éleveurs ;

-

la nature des élevages ;

-

la structure des troupeaux ;

-

la conduite des élevages ;

-

la production de lait ;

-

la gestion du lait ;

-

les contraintes majeures rencontrées dans la pratique ;

-

les perspectives d’avenir.

I.4. ANALYSES STATISTIQUES DES DONNEES Toutes les variables ont été préalablement codifiées et les données ont d’abord été saisies à l’aide du tableur Excel puis transférer sur le logiciel SPSS 20 (IBM SPSS Statistics 20) pour les besoins de traitements statistiques. Sur SPSS, des analyses descriptives des variables et de corrélation entre les différentes variables ont été effectuées afin d’obtenir le choix des variables à introduire dans le traitement statistique. Une typologie de sites laitiers a été faite à partir des critères liés aux caractéristiques socio-professionnels des éleveurs, à la conduite des troupeaux (alimentation, soins vétérinaires, mode de reproduction…) et les stratégies des éleveurs (conception des bâtiments, mode de production, de commercialisation…)

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CHAPITRE II : RESULTATS ET DISCUSSION II.1. RESULTATS II.1.1. TYPOLOGIE DES SYSTEMES DE PRODUCTION LAITIERE Au sein du bassin laitier de Kassela, notamment les trois communes concernées (BaguinédaCamp, Mountougoula et Zan Coulibaly), les caractéristiques des sites laitiers (pratiques d’alimentation, de reproduction, type d’habitat des animaux, soins animaux, degré d’intensification, stratégie de production, de commercialisation, lieu de résidence et activité principale de l’éleveur, distance du site par rapport au district de Bamako d’une part et à la route nationale (RN6) reliant Bamako à Ségou

d’autre part…) ont fait ressortir une

classification en trois couronnes ou profil ou encore strates d’élevages, chacune définissant un système d’élevage particulier. Couronne 1 : Ce sont des élevages de type « moderne » périurbains (situés dans un rayon de 50 km). Ce sont les élevages localisés entre 20 et 50 km du district de Bamako et situés à une distance maximale de 5 km de la route nationale (RN6). Ils représentaient environ 70 % des élevages enquêtés au niveau des communes de Baguineda-Camp et Mountougoula et 45 % de l’ensemble des élevages enquêtés. Ces élevages appartiennent à des citadins résidents de Bamako qui étaient essentiellement des commerçants, des fonctionnaires, des retraités (37 %) dont 3 % étaient des femmes et possédant très souvent de gros moyens. Le logement des animaux était en majorité, des bâtiments ouverts ou fermés (24 %) qui ne respectaient pas les normes de conception. Aucun spécialiste n’a été associé à leur construction (Figure 27 et 28) ou des Clôtures en ciment contenant un hagard couvert de tôle (13 %).

Figure 27 et 28 : Bâtiments ouvert et fermé d’élevage semi intensif en zone périurbaine de Bamako au Mali

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Dans ces élevages, se pratiquent la complémentation à base d’aliments (concentrés, fourrage grossier, vitamines et minéraux), la reproduction par insémination artificielle et le suivi sanitaire. En effet,

les élevages dans lesquels la totalité du troupeau reçoit de la

complémentation (50,7 %) et ceux qui pratiquent l’insémination artificielle (IA) (45 %) sont issus de cette couronne. Par conséquent, 100 % des élevages concernés par cette couronne possédaient des métisses et 2 à 7 personnels permanents pour la main d’œuvre. Cependant, le suivi sanitaire est plus ou moins assuré avec seulement quatre (4) élevages possédant un vétérinaire permanent ; treize (13) autres possédant un vétérinaire contractuel et les autres se débrouillent avec le vétérinaire mandataire de la zone. Celui-ci est très peu disponible et ses compétences sont remises en cause par les éleveurs. L’objectif de ces élevages est à visée commerciale, c’est pourquoi des stratégies étaient mises en place pour l’amélioration de la production et de la commercialisation qui se fait à la mini laiterie (47 % des élevages des deux communes). Ces sites laitiers sont localisés au niveau de deux villages dans la commune rurale de Mountougoula, (Mountougoula village et Diallokorobougou) et de 20 villages dans la commune rurale de Baguineda-Camp ( Baguineda-camp, Mounzon, Dicko, Yayabougou, Sébéla, Kognini, Kakabougou, Tanima, Soundougoubacoura, Tieguena, Kassela, Farakan, Kabalacoura, Soro, Dougoulakoro, Soundougouba, Sadjouroubougou et Kokoun). Toutes ces caractéristiques font de ces sites laitiers des élevages périurbains ou semi intensifs. Couronne 2 : Ce sont des élevages de type « traditionnel » éparpillés dans les trois (3) communes enquêtées. Les élevages de cette couronne appartiennent le plus souvent à des pasteurs Peulhs qui se sont sédentarisés dans le terroir (environ 29 % des élevages enquêtés) et ne gardent qu’une partie de leur troupeau pendant la période de soudure, notamment les laitières pour la subsistance. Pour une meilleure gestion des animaux le reste du troupeau se déplace avec une partie de la famille à la recherche de pâturages plus riches. Les éleveurs de cette couronne ne pratiquent que l’élevage comme activité (19 % des élevages enquêtés), les animaux sont nourris au pâturage et parqués à leur retour dans un enclos à proximité du domicile de l’éleveur. En effet, dans ces élevages, seul le sel est souvent distribué comme complémentation, mais quelques laitières reçoivent du son acheté dans le village (15 % des élevages enquêtés) et d’autres distribuent de la paille de brousse pendant la saison sèche (7 % des élevages enquêtés). La reproduction se fait à 100 % par monte naturelle et ces éleveurs ne font appel au vétérinaire qu’occasionnellement en cas d’urgence, sinon lors des campagnes de vaccination nationales. Le troupeau est constitué de race locale et la conduite est assurée par l’éleveur lui-même, avec souvent l’aide de ses enfants. L’objectif premier de ces élevages est

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l’autoconsommation pour la subsistance et c’est le surplus de lait qui est vendu pour satisfaire les besoins de première nécessité (grains, sel, vêtement…). Les sites laitiers de cette couronne ont donc un rôle plutôt social et se rencontrent dans toutes la zone enquêtée avec pour caractéristique principale leur implantation sur des terrains privés appartenant à la commune (espaces verts, terrains en voie de lotissement, parcelles privées). Les animaux sont parqués dans des enclos en bois, en branches épineuses ou même sous les arbres en divagation. Ces élevages correspondent au type d’élevage pastoral sédentarisé.

Figure 29 et 30 : Parcs de nuit d’élevage pastoral sédentarisé Couronne 3 : Ce sont des élevages de type « traditionnel » situés dans toutes les trois (3) communes enquêtées mais majoritairement dans la commune de Zan Coulibaly, appartenant à des agriculteurs et représentent 60,83 % des élevages enquêtés dans ladite commune contre seulement 36 % de l’ensemble des élevages enquêtés dans toutes les trois (3) communes. Cette couronne regroupe des élevages d’épargne, c'est-à-dire le fait de ceux qui investissent leur économie dans les troupeaux d’une part et d’intégration Agriculture-Elevage d’autre part. Contre toute attente, ces élevages appartiennent à des Peulhs (66,66 %) contre 27,7 % de Bambaras, tous résidants dans le terroir. L’ethnie Peulh est majoritaire dans cette couronne alors qu’au Mali, les agro-éleveurs sont en général des Bambaras. Cette tendance s’explique par le fait que les pasteurs Peulhs se sédentarisent de plus en plus et deviennent progressivement des agro-éleveurs. Chez ces agro-éleveurs avec l’agriculture comme activité principale, les animaux sont conduis au pâturage par un berger salarié ou un membre de la famille, le plus souvent Peulh et sont complémentés au retour par des résidus de récolte, de la paille de brousse et du son pour les laitières. Le logement des animaux est un parc de nuit dans lequel les animaux sont gardés au retour du pâturage et dont le hangar sert à conserver la paille de brousse et les résidus de récolte. Le parc est généralement situé dans le domicile de l’éleveur ou à sa proximité. En plus du rôle d’épargne, le troupeau offre l’engrais pour

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l’agriculture et les résidus de récolte servaient pour l’alimentation des animaux. Cette couronne correspond au type d’élevage agro-pastoral

Figure 31 : Parc villageois d’élevage traditionnel agropastoral en zone périurbaine de Bamako Par rapport au nombre d’exploitants laitiers enquêtés, la couronne 1 était la plus peuplée car elle concentrait la majorité des éleveurs interviewés par rapport aux deux autres, soit environ 45 % d’élevages modernes dont un seul était intensif et à 98 % localisés dans la zone périurbaine de Bamako. Venait ensuite la couronne 3 qui comptait environ 36 % du nombre total d’élevages et représentait 60,26 % des élevages enquêtés dans la commune rurale de Zan Coulibaly et enfin la couronne 2 qui a concerné 19 % des élevages enquêtés avec les 10 % localisés dans la commune de Baguineda-Camp. Ces deux couronnes montraient la situation globale de ces élevages laitiers avec 55 % de type traditionnel. Par ailleurs, L’âge moyen des éleveurs était de 55 ans et seulement 10,7 % de ces éleveurs étaient âgés de 28 à 40 tandis que 26,51 % étaient âgés de 61 à 80 ans. II.1.2. CARACTERISTIQUES SOCIOPROFESSIONNELLES DES ELEVEURS LAITIERS Le Peulh représentait l’ethnie majoritaire parmi les éleveurs laitiers enquêtés au niveau de toute la zone (52,52 %), suivis des Bambaras (24,24 %), des Soninkés (8,8 %), des Diawambés (5 %), des Sonrhais (4 %), des Malinkés (3 %) et des Miniankas (2 %). Dans chacune des trois communes, c’était

les Peulhs et les Bambaras qui dominaient et se

retrouvaient donc dans les trois couronnes (Tableau IX).

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Tableau IX : Composition ethnique des éleveurs Ethnie Peulh

Ethnie

total

Commune de l'enquête Baguineda-Camp Mountougoula Zan Coulibaly 36 2 14

Total 52

Bambara

16

2

6

24

Sonrhaï

4

0

0

4

Soninké

8

0

0

8

Minia ka

1

0

1

2

Malinké

2

0

1

3

Diawambe

3

1

1

5

Autres

1 71

0 5

0 23

1 99

Sur l’ensemble des élevages enquêtés, 36,73 % pratiquaient l’agriculture en plus de l’élevage et étaient majoritairement des Peulhs (24,48 %) et des Bambaras (16,32 %), tandis que seuls 19,38 % des éleveurs enquêtés ne pratiquaient que l’élevage. Cependant, dans la commune rurale de Zan Coulibaly où les agro-éleveurs représentaient 69,56 % des élevages laitiers enquêtés, l’ethnie Peulh était majoritaire (60,86 %) suivie des Bambaras (26, 08 %) ; Par ailleurs, 14,14 % de ces élevages étaient des fonctionnaires ; environ 14 % de commerçants ; 10,10 % de retraités et 6,6 % d’ouvriers (Figure 32).

Figure 32: Composition ethnique et activités principales des éleveurs

60


Globalement, les exploitants enquêtés étaient très faiblement instruits : 60,60 % étaient analphabètes dont 44,89 % étaient des Peulh et seulement 6,06 % étaient des Bambaras (Tableau X). Tableau X : Composition ethnique et niveau d’instruction des éleveurs. Ethnie

Ethnie

Niveau d'instruction formelle Secondaire Supérieur Alphabétisé

Total

Sans niveau

Primaire

Autre

Peulh

44

1

2

2

1

2

52

Bambara

6

1

6

8

2

1

24

Sonrhaï

0

0

0

4

0

0

4

Soninké

4

1

0

3

0

0

8

Minianka

1

0

0

1

0

0

2

Malinké

1

0

1

1

0

0

3

Autres

0

0

0

1

0

0

1

Diawambe Total

4 60

0 3

1 10

0 20

0 3

0 3

5 99

Parmi les 40 % d’éleveurs instruits, 47 % étaient de la Commune rurale de Baguineda-Camp, 40 % de la commune rurale de Mountougoula et seulement 17,39 % venaient de la commune rurale de Zan coulibaly. Cette modalité d’instruction s’est révélée être dominante dans la zone périurbaine au niveau des éleveurs de la couronne 1, qui sont majoritairement des fonctionnaires et retraités résidants à Bamako. La principale activité pratiquée par ces éleveurs dans l’exploitation était l’élevage laitier (100 % des élevages). Cependant, d’autres activités étaient aussi pratiquées, notamment, l’aviculture (56 % des élevages), embouche bovine (6 % des élevages), et l’exploitation des arbres fruitiers (23 % des élevages). Cependant, seulement 29 % de ces élevages ne pratiquaient que la production laitière. Les éleveurs de ce bassin laitier étaient très souvent bien structurés et appartenaient à des organisations socioprofessionnelles locales et 71% étaient membres de coopératives d’éleveurs et les 29 % étaient non membres. En effet, ces éleveurs, pour des raisons socioéconomiques et/ou des mesures de sécurité, s’organisaient en plusieurs coopératives d’éleveurs au sein d’une fédération nationale des producteurs laitiers (FENALAIT). Cela permettrait de renforcer d’une part, la collaboration avec toute la chaine de valeur lait et d’autre part, la mise en œuvre avec l’appui des autorités des actions communes en vue d’une meilleure organisation de la filière et par conséquent son développement. Par contre, la plus

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grande partie des éleveurs de la couronne 1 (37 % des éleveurs interviewés) résidaient à Bamako, la capitale et ne se rendaient à la ferme le plus souvent qu’une ou deux fois par semaine (25 %), voir occasionnellement (16 %). Ce qui représente une contrainte dans la gestion de l’exploitation. Ces sites laitiers étaient le plus souvent propriétés des éleveurs et étaient acquis soit par achat (61 %), héritage (6 %) ou par attribution et prêt traditionnel (33%). II.1.3. CARACTERISTIQUES DU CHEPTEL LAITIER II.1.3.1. Modes d’acquisition du cheptel

Le mode d’acquisition du troupeau laitier variait en fonction des ethnies présentes (69 % d’achat contre 31 % d’héritage). En effet, l’acquisition du troupeau était de 55,76 % par achat et 44,23 % par héritage chez les Peulhs contre 75 % (achat) et 25 % (héritage) chez les Bambaras contre 87,5 % (achat) et 12,5 % (héritage) chez les Sonrhais. Chez les autres ethnies présentes, le troupeau était à 100 % acquits par achat. Ainsi, chez les Peulhs, la formation du bétail était surtout fondée sur l’héritage alors qu’il ne se pratique guerre chez d’autres ethnies (Figure 33).

Figure 33 : Mode d’acquisition du cheptel par ethnie Par ailleurs, 73,61 % des élevages enquêtés étaient acquis par achat dans la commune de Baguineda-Camp contre 60 % à Mountougoula et 56,52 % à Zan Coulibaly (Figure 34).

62


Figure 34 : Mode d’acquisition du cheptel par commune Les deux modes d’acquisition du troupeau étaient pratiqués et rencontrés dans toutes les trois communes enquêtées, cependant, l’achat des animaux était plus important dans la couronne 1 (zone périurbaine de Bamako au niveau des communes rurale de Baguineda-Camp

et

Mountougoula). II.1.3.2. Composition et taille du troupeau Dans la majorité des sites laitiers enquêtés, le troupeau était composé de plusieurs espèces dont la taille moyenne est inférieure à 50 têtes, notamment les bovins (en moyenne 42,57 % du troupeau total), les ovins-caprins (15,18 %), la volaille (49, 03 %), équins (0,05 %) et asins (1,28 %) (Tableau XI). Tableau XI : Taille moyenne du troupeau par espèce Effectif au moment de L’enquête Effectif bovin Effectif équin Effectif asin Effectif volaille Effectif ovin/ caprin

N

Minimum

Maximum

Moyenne

Ecart type

100 100 99 100 98

8 0 0 0 0

166 2 6 2050 78

42,57 ,05 1,28 49,03 15,18

29,914 ,261 1,407 238,577 14,943

Par ailleurs, le troupeau bovin (environ 42 têtes en moyenne) était composé de races locales (en moyenne 25,11 têtes) et métisses (en moyenne 16,93 têtes), avec 41 % des élevages composés seulement de races locales, 3 % de métisses et 56 % d’un mélange des deux races.

63


Parmi les races locales, les races bovines zébus étaient les plus rencontrées dans ces élevages laitiers enquêtés, notamment les races zébu Peulh (18,75 %), zébu Maure (1,89 %), zébu Azawak (0,91 % ), zébu Mbororo (0,11 % ) et zébu Gudali (0,31 %) mais les race taurines comme la Ndama (0,16 %) et le Méré (2,91 %) ont aussi été rencontrées . Les races métisses exotiques rencontrées étaient des métisses Montbéliarde (21 %), Holstein (1,27 %) et Normande (0,13 %). Les métisses étaient surtout rencontrées dans les élevages de la couronne 1 qui pratiquaient essentiellement l’insémination artificielle (environ 77,27 %). L’effectif total des animaux présents dans les 100 élevages enquêtés était de 4 170 têtes dont les troupeaux constitués de 8 à 20 têtes et de 40 à 144 têtes représentaient respectivement 14 % et 37 %. Les troupeaux d’effectif moyen (20 à 40 têtes) étaient plus représentés (49 %). Ce résultat nous a amené à constater que le petit élevage (moins de 20 têtes) était moins développé dans la zone. Aussi, l’effectif de vaches en lactation était seulement de 827 têtes pour un effectif de 2 102 têtes de vaches en reproduction. Par conséquent, le taux des vaches lactantes (8,81 %) était très faible pour une taille moyenne d’environ 42 têtes dont 21,02 % de vaches en reproduction. Le tableau XII montre que les éleveurs de la Commune de Baguineda-Camp possédaient le plus grand effectif de femelles laitières (soit 73,19 % de l’effectif total des laitières dont 32,39 % étaient compris entre 0 et 5 vaches), alors qu’a Zan Coulibaly, les effectifs des laitières étaient moins importants (soit 22,69 % de laitières avec 59,09 % d’effectifs compris entre 0 et 5). Cela s’explique par le fait que l’insémination artificielle était surtout pratiquée dans la première commune couvrant les élevages semi intensifs (77,27 % des inséminations réalisées dans la zone). Tableau XII : Proportion d’éleveurs en fonction des effectifs de femelles laitières Effectif des vaches en lactation

Total

Proportion des ménages

Total

BAGUINEDA-CAMP

MOUNTOUGOULA

ZAN COULIBALY

(%)

(%)

(%)

0à5

23

2

13

38

6 à 10

33

1

3

37

11 à 20

9

1

5

15

21 à 40

6

0

1

7

71

4

22

97

64


II.1.3.3. Production laitière Par ailleurs, au niveau de toute la zone, certains éleveurs produisaient du lait en toute saison pour une production moyenne de 35 à 36,13l/ménage/jour selon les saisons (tableau IV) et commercialisaient davantage le lait frais (100 %), sans aucune transformation de leur part du fait de la présence d’une mini laiterie (destination directe de 17 % et indirecte de 56 % à travers les centres de collectes de lait) et de quatre centres de collecte de lait (destination de 56 % du lait des enquêtés) dans la zone. En effet, la production était plus importante pendant la saison sèche que l’hivernage du fait de la distribution importante de concentrés, notamment le tourteau de coton (TC) en substitution des fourrages (peu lactogènes), alors que la distribution des concentrés était limitée voire arrêtée pendant la période d’abondance (hivernage). Par contre, le nombre d’élevages en production étaient de 39,2 % et de 29,4 % des élevages enquêtés respectivement en hivernage et saison sèche. Ce résultat était lié non seulement à la pauvreté des pâturages en saison sèche mais aussi au fait qu’une grande partie des éleveurs n’apporte pas aux animaux le complément nécessaire permettant à la vache d’exprimer son potentiel. Ainsi, la production moyenne de lait/ vache/jour est de 3,5l dans les proportions moyennes de 2,8 l/vache locale /jour et de 6,27 l/vache /jour respectivement pour les races locales et les métis. Tableau XIII : Production laitière par vache / par ménage Productions

N

Production de lait/ vache/ jour (en litre)

36

1,0

Production de lait/ vache de race locale/ jour (en litre)

15

production de lait/vache race métisse/ jour (en litre) Production de lait/ ménage/jour pendant l’hivernage (en litre) Production de lait/ménage/jour pendant saison sèche (en litre)

Minimum Maximum

Moyenne

Ecart type

10,0

3,500

2,1613

1,0

6,0

2,800

1,4491

11

4,0

12,0

6,273

2,5334

40

3

220

35,00

47,379

30

0

250

36,13

49,909

N= Nombre d’élevages

65


Le volume de la production laitière par exploitant était variable en fonction des périodes de l’année (en moyenne 35 l/élevage/jour et 36,13 l/élevage/jour, respectivement pendant l’hivernage et la saison sèche) et était très souvent proportionnel à l’effectif des vaches en lactation présentes dans l’exploitation (en moyenne 8,81 % de l’effectif total des élevages enquêtés, réparti entre 5,84 % des races locales et 4,79 % des métis exotiques). Par ailleurs, la production laitière était aussi et surtout proportionnelle à la performance des vaches en production. En effet, les races améliorées étaient présentes dans 44 % des élevages enquêtés dans les proportions de race métisse montbéliarde seule (27 % des élevages enquêtés), métisses Montbéliarde et Holstein (15 % des élevages enquêtés) et métisses Montbéliarde, Holstein et normande (2 % des élevages enquêtés) avec des productions moyennes de 6,67 l/vache/jour (métisses Montbéliarde), 8 l/vache/jour ( métisses normande) et aucune vache métisse Holstein n’était en production lors de notre passage. Cependant, les races locales étaient en nombre plus important mais de plus faible production (Tableau XIV). Tableau XIV : Production journalière moyenne de lait par vache et par race (litre)

Races bovines présentes Zébu Peulh Taurin Ndama Zébu Maure Zébu Azawak Métis Montbéliarde Race Méré Zébu Gudali Zébu Mbororo Race Kuri Métis Holstein Métis Normande

N

Minimum

Maximum

Moyenne Ecart type

22 1 3 2 11 11 0 3 0 0 1

2 2 2 2 4 1

4 2 6 10 16 5

2,25 2,00 4,00 6,00 6,64 2,23

,650 . 2,000 5,657 3,529 1,330

2

17

7,00

8,660

8

8

8,00

.

N= Nombre de vache en lactation La traite était effectuée seulement une fois par jour dans la matinée (44 % des élevages) au profit de l’autoconsommation et pour ne pas retarder la croissance du veau. La durée de la lactation était de 7,36 mois en moyenne en vue de préparer le bon déroulement de la nouvelle conception (gestation).

66


II.1.3.4. Conduite alimentaire

L’analyse du tableau XV montre que les sous-produits agro-industriels aussi bien que les éléments minéraux et vitamines prenaient une part importante dans l’alimentation du bétail. Cependant, 2,9 % des élevages enquêtés ne pratiquaient aucune forme de complémentation contre 52 % qui faisaient la distribution à tout le troupeau bovin et 45,1 % qui distribuaient le complément seulement à une partie du troupeau, notamment aux vaches laitières, les gestantes, les veaux et les animaux maigres ou malades. Cependant, les combinaisons de la distribution étaient fonction de chaque élevage. Tableau XV : Conduite alimentaire au niveau des différentes communes complément alimentaire distribué dans l'élevage

COMMUNE DE L'ENQUETE BAGUINEDA-

MOUNTOUGOULA

CAMP

Total ZAN

COULIBALY

1

0

0

1

COMPLEMENT MINERAL

1

0

1

2

CONCENTRE

8

0

0

8

CONCENTRES ET COMPLEMENT MINERAL

4

1

0

5

CONCENTRES ET VITAMINE

1

0

0

1

57

4

22

83

72

5

23

100

CONCENTRES, FOURRAGE, VITAMINES ET MINERAUX Total

La distribution des aliments se faisait à volonté (95 % des élevages enquêtés) en fonction du disponible, sans aucune forme de rationnement. Cependant les 5 % des éleveurs faisaient une sorte de rationnement par mesure des quantités distribuées mais sans pour autant s’occuper d’avoir l’équilibre. Les animaux étaient alimentés en groupe (63 % des élevages) et individuellement (37 % des élevages). Les principaux aliments du bétail utilisés dans ces élevages étaient les concentrés (tourteau de coton, farine basse de riz et son de céréales), les fourrages grossiers (paille de brousse, résidus de récoltes et fane de niébé), les minéraux (sel) et les vitamines de croissance chez les veaux et de soutien chez les adultes maigres ou malades. L’approvisionnement en aliment bétail se faisait à la banque d’aliment bétail (BAB) de la coopérative des éleveurs de Kassela (45 % des éleveurs), au marché (48 %) et le reste des éleveurs le faisaient auprès des collecteurs locaux de son, des moulins du village et des usines

67


de fabrique d’aliment bétail à Bamako. Les prix des intrants zootechniques variaient en fonction des saisons. Ainsi, en saison sèche froide, les prix étaient plus bas puisque c’est la période d’abondance et le besoin est moins exprimé. C’était d’ailleurs en ce moment que les éleveurs en profitaient pour faire leurs stocks. Les éleveurs complémentent l’alimentation des vaches et généralement pendant la saison sèche (entre janvier et mai le plus souvent mais parfois de mars en mai). Pour cette raison, les éleveurs s’étaient organisés pour l’approvisionnement collectif du tourteau de coton. Par ailleurs, ils utilisaient aussi, la paille de brousse (PB), la paille des céréales (PC) (mil, sorgho et mais), le son des céréales (mil, sorgho, mais et riz), la farine basse de riz (FBR), le tourteau de coton (TC), le sel de cuisine, quelque fois les fanes de niébé, de panicum, des grains de maïs concassés et des vitamines incorporées dans l’aliment des veaux et des vaches maigres ou malades. L’utilisation de ces aliments serait due au fait qu’ils sont les plus disponibles mais le cas du tourteau de coton était une exception car son utilisation est guidée par un souci d’amélioration de la production. Pour couvrir les besoins des animaux pendant la période de disette, les éleveurs réalisaient un stock conséquent d’aliments et tous les agro-éleveurs enquêtés construisaient des hangars de dimension variable sur lesquels étaient stockés la paille de brousse et les résidus de récolte. Par contre, le son autoproduit ou acheté progressivement et le tourteau de coton acheté en fin d’hivernage étaient stockés dans des magasins ou cases. La culture fourragère était pratiquée (28 % des éleveurs enquêtés) et la production moyenne de fourrage était de 1,77 hectares (superficie cultivée) alors que la superficie moyenne des exploitations ou superficie agricole utilisable (SAU) était de 6,01 hectares (ha) et la superficie réservée à l’élevage était seulement de 1,5 hectare en moyenne. Cet état de fait pouvait dire que des superficies agricoles utilisable (SAU) étaient disponibles mais peu importantes pour la culture fourragère en quantité suffisante (en moyenne 2,74 hectares de SAU par exploitation). En outre, les espèces fourragères cultivées dans cette zone étaient du maïs, panicum, dolique, niébé et sorgho avec la présence du niébé dans les 100 % des élevages. II.1.3.5. Conduite de la reproduction

Dans les élevages enquêtés, la reproduction se faisait par monte naturelle (54,9 %), insémination artificielle (IA) (3,9 %) et le mélange des deux pratiques (39,2 %). Les races amélioratrices étaient la Montbéliarde (42,12 %), la Holstein (16,7 %) et la Normande (2 %). L’insémination (IA) était pratiquée par un inséminateur privé installé dans la zone pour se rapprocher des élevages (38, 3 %), soit par un vétérinaire privé (2 %) ou par un technicien d’élevage (1 %). En effet, le taux de réussite moyenne de l’IA était de 47 %. Il avait été

68


constaté aussi que l’âge moyen de mise en reproduction des génisses était d’environ 3 ans et celui de la première mise-bas d’environ 4 ans. Le veau est sevré à environ 7 mois et ½ et les vielles vaches étaient réformées à 15 ans et ½ environ (Tableau XVI). La reproduction était contrôlée seulement dans 3,9 % des élevages enquêtés (IA stricte) et dans les 18 % qui notaient les références des taureaux utilisés comme géniteurs. Par contre dans les autres élevages, la reproduction était non contrôlée et tous les taureaux de l’élevage étaient utilisés pour la reproduction (31 % des élevages) par monte naturelle alors que le géniteur n’avait pas été choisi. Aussi, la vache en chaleur était souvent envoyée dans un élevage en possession d’un géniteur métisse de génome mal connu ou à la suite de rencontres de vaches en chaleurs avec des géniteurs inconnus sur les pâturages étaient à l’origine d’une création anarchique d’une multitude de génotypes encore mal connus. Tableau XVI : Paramètres de reproduction N

Minimum

Maximum

Moyenne

Ecart type

Taux de réussite obtenu (%)

33

0

100

47,00

30,804

Age de sevrage des veaux (mois)

46

5

12

7,40

2,128

62

2

5

3,23

,578

Age moyen de la première mise-bas (années)

52

3

6

4,30

,554

Age de la réforme des vieilles vaches (années)

19

12

18

14,58

1,710

Age moyen de mise en reproduction des génisses (années)

69


2.1.3.6. Conduite sanitaire

La fièvre aphteuse constituait la pathologie dominante (82 %). Cette pathologie se manifeste cliniquement par un état fébrile, des éruptions vésiculeuses (les aphtes) surtout dans la bouche, les espaces inter digités, sur la mamelle et une contagiosité à la fois très rapide et très subtile due

à

la

promiscuité des

animaux. Elle était la cause d’un

amaigrissement rapide des animaux et par conséquent, la baisse de la production laitière. Elle était suivi par les parasitoses sanguines notamment la trypanosomose (58 %) ; la dermatose nodulaire cutanée bovine (DNCB) (27 %) ; la pasteurellose bovine (20 %) ; les parasitoses externes notamment les tiques (14 %) ; le charbon symptomatique (13 %) ; les pathologies respiratoires

notamment

la péripneumonie contagieuse

bovine (PPCB)

(11%). La distomatose et le charbon bactéridien étaient aussi rencontrés en proportion non négligeable (respectivement 7 et 6 %). A côté de ces pathologies, d’autres avaient été rapportées en des proportions peu importantes (1 à 2 %) telles que la diarrhée, la dysenterie hémorragique, le stress thermique, l’intoxication et surcharge alimentaire, la tuberculose, la conjonctivite, les maladies métaboliques, la piroplasmose, la pneumonie, l’otite, l’œdème, les abcès et la rickettsiose. Dans ces élevage, la présence du vétérinaire était très souvent occasionnelle (82,82 %), c'està-dire en cas d’urgence et seulement 17,18 % de suivi régulier. Ainsi, pour des raisons de disponibilité du vétérinaire (2 mandataires pour 57 villages) d’une part et financières (coût de la prestation) d’autres part, les éleveurs pratiquaient l’automédication. Cependant on avait observé la présence de vétérinaire permanent (4,04 %) et contractuel (13,13 %) et d’une boite à pharmacie vétérinaire dans les élevages (31 %). Les cas de mortalités observées (au niveau de 45 % des élevages enquêtés) étaient liés à des maladies ou accidents. Egalement, des cas de zoonoses liées au lait avaient aussi été mentionnés au niveau de 19 % des élevages, notamment la brucellose, la tuberculose et les mammites mais qui se trouvaient très peu connus des éleveurs. En effet, 26 % des éleveurs avaient déjà entendu parler de la brucellose et seulement 14 % avaient connaissance de son mode de contamination et de ses manifestations cliniques ; De même, 60,8 % avaient déjà entendu parler de la tuberculose et seulement 36,3 % avaient connaissance de son mode de contamination et de ses manifestations cliniques et enfin, 50 % avaient déjà entendu parler des mammites, aussi 36,3 % avaient connaissance de leur mode de contamination et de ses manifestations cliniques. En effet, le lait qui était consommé cru dans 63,26 % des élevages enquêtés pourrait devenir un véritable problème de santé publique.

70


Parmi les élevages visités, la prophylaxie sanitaire était assurée à 86 %. En effet la vaccination était réalisée à 91 % et le déparasitage à 92 %. Cependant, la désinfection et la dératisation étaient très peu pratiquées. La campagne nationale de vaccination était réellement mobilisée autour de la PPCB et de la Pasteurellose Bovine dont les vaccins sont fabriqués par le laboratoire central vétérinaire (LCV) du Mali. Par contre, les animaux n’étaient pas en général vaccinés contre la fièvre aphteuse qui se trouvait être la pathologie dominante dans cette zone, pour des raisons financières d’une part (le vaccin coûte cher) et de disponibilité (vaccin importé). II.1.4. STRATEGIES DE VALORISATION DE LA PRODUCTION LOCALE Sur l’ensemble de l’échantillon, il y avait deux traites quotidiennes (56 %) contre une seule (44 %), mais la traite matinale représentait la plus importante en termes de volume. Cette production de lait était vendue à l’état frais par la majorité des éleveurs (88 %) et le reste était majoritairement destiné à l’autoconsommation et aux dons chez les éleveurs des couronnes 2 et 3 chez qui la traite du soir était moins importante en terme de volume. La vente du lait au centre de collecte et à la mini laiterie était payable par mois et permet d’économiser. Ainsi, la plus grande partie des ventes à la laiterie portait sur la traite du matin, tandis que la traite du soir était l’objet de vente par les femmes faisant du porte-à-porte ou à domicile. Le prix du litre de lait frais était fonction du lieu de vente et était de 250 et 300 FCFA, respectivement en saison des pluies et saison chaude pour les couronnes 2 et 3 situées entre 6 et 25 km de la laiterie (vente chez les collecteurs et au centre de collecte qui le revendent à 350 FCFA à la mini laiterie). Par contre ce prix de ventre était de 350 FCFA en toute saison pour la couronne 1 située à moins de 5 km de la laiterie (vente directe du lait à la mini laiterie). La vente directe à la laiterie est surtout observée dans la commune rurale de Baguineda-Camp, par contre dans la commune de Zan Coulibaly située à plus de 20 km de la mini laiterie, deux centres de collecte ont été installé à Marca-coungo et Koro-koro conduisant à la vente intégrale du lait à ces centres. Egalement, dans la commune de Baguineda-Camp à Sadjouroubougou et Baguineda village ont été installés deux autres centres pour la collecte du lait provenant des villages éloignés de la laiterie situés dans les deux autres communes. Par ailleurs, au niveau des villages lointains des communes de Baguinéda-camp et de Mountougoula, la vente du lait est effectuée par l’intermédiaire des collecteurs (Figure 35).

71


Figure 35 : les différentes modalités de la commercialisation du lait Après pasteurisation, sous la gestion de certains éleveurs, une partie du lait frais était vendue à la laiterie en fonction du besoin exprimé mais la plus grande partie de ce lait (plus de 1 000 litres) était transportée sur Bamako pour une distribution chez les revendeurs (unités industrielles et artisanales) au prix de 400F CFA le litre. Seule la mévente de lait du soir était transformée en Féné (caillé d’une nuit) puis en caillé lorsque le Féné du jour à son tour, n’arrive pas à être vendu. Le manque de diversification des produits était lié à l’absence de source d’électricité à la mini laiterie. Les recettes occasionnées par la vente du lait étaient plus importantes en saison des pluies et en début de saison froide, du fait de l’abondance de la production laitière et de la baisse de l’utilisation d’intrant alimentaire dans tous les sites visités, voire sa suppression complète dans les couronnes 2 et 3. En outre, le croisement des races locales avec les races exotiques était aussi une alternative utilisée pour l’amélioration de la production et cela le plus souvent par utilisation de géniteur métisse à défaut d’avoir accès à l’insémination artificielle. Les Peulhs, majoritaires dans la zone étudiée, sont par tradition des éleveurs et ils possèdent par conséquent une certaine maîtrise des pratiques d’élevage. Pour eux, la diversification réside dans l’option laitière au niveau de l’élevage, notamment comment elle peut être un moyen efficace et durable de diversification des revenus et dans quelles conditions. Leur installation à la périphérie des villes leur permet de passer d’une économie pastorale dominée par l’autoconsommation, à une économie de marché tournée vers la vente du lait. Ces éleveurs de la couronne 2 pour la majorité sont donc adhérés aux coopératives de producteurs de lait, dans le but de trouver des voies et moyens d’améliorer leur production et

72


leurs revenus. Chez les éleveurs des couronnes 1 (majoritairement citadins résidants à Bamako) et 3 (agro éleveurs), l’élevage laitier représente une diversification des sources de revenus. Ainsi, les innovations observées chez les éleveurs enquêtés portaient non seulement sur la conduite du troupeau, mais aussi sur la

recherche

du

meilleur

profit.

La

complémentation de la vache laitière était assez largement répandue et permettait de produire même en saison sèche. Néanmoins, l’insuffisance des quantités distribuées ne permettait pas aux femelles de produire de façon optimale d’où la pratique de la culture fourragère par certains producteurs disposant des grandes superficies agricoles, d’une main d’œuvre et des intrants importants. Par ailleurs, la nécessité de fournir du lait de bonne qualité aux industries laitières a entraîné le développement de la collecte de cette denrée, dont l’efficacité reste à améliorer. Etant donné l’existence du marché, la possibilité de conserver le lait frais (produit le plus rémunérateur) aussi longtemps que possible a amené les producteurs à le chauffer avant de le destiner à la vente. C’est pour cette raison qu’avec l’appui d’une ONG (CAB-demesso), une minilaiterie et trois centres de collecte ont été installés dans la zone. Le lait est préalablement chauffé chez les éleveurs situés à une distance de 5 à 21 km de la laiterie ou du centre de collecte (couronne 2) soit par le collecteur ou l’éleveur en attendant l’arrivée du collecteur. De même, sous l’impulsion de la FAO, le système lactopéroxydase a également été introduit dans la zone, mais son utilisation n’a pas eu de succès. Dans la zone enquêtée, les éleveurs se sont organisés en coopératives puis en fédération de sorte que les centres de collecte sont gérés par des coopératives d’éleveurs et la laiterie par la Fédération Nationale des Producteurs de lait (FENALAIT). A la mini laiterie et au niveau des centres de collecte, les éleveurs gérants pratiquent des tests de contrôle de qualité, notamment le test à l’alcool pour vérifier si le lait n’a pas tourné, le test au lactodensimètre pour le mouillage et le lait de bonne qualité est enfin pasteurisé. A la base, les pailles, les résidus de récolte et le son étaient la totalité de la complémentation de la ration des vaches laitières, cependant, le développement et la valorisation du lait local conduit à une utilisation de plus en plus importante, voir obligatoire du tourteau de coton et des vaches laitières de races métisses exotiques hautes laitières. II.1.5. LIMITES DE L’ENQUETE Les éleveurs de la zone périurbaine étaient en grande partie des citadins, résidents de la capitale (Bamako) dont certains étaient des fonctionnaires. Alors que l’enquête nécessitait leur présence à la ferme car le berger était dans l’impossibilité de répondre à certaines questions plutôt personnelles. Cette situation nous a amené à prendre beaucoup plus de temps

73


que prévu sur le terrain parce qu’il fallait prendre rendez-vous avec les éleveurs avant de pouvoir les rencontrer et souvent pendant le week-end. Par ailleurs, la majorité des éleveurs de cette zone ignorent la structure réelle de leur troupeau et donc, pour pouvoir identifier les animaux, il nous fallait renter dans le parc et procéder à un comptage et une identification de tout le troupeau. Cela, nous prenait tellement de temps qu’on arrivait difficilement à enquêter trois élevages par jour. Par contre, l’exercice a été plutôt salutaire pour certains éleveurs qui ont finalement pu avoir une idée claire de la structure de leur troupeau. Le déplacement se faisait très péniblement à moto.

74


II.2. DISCUSSION II.2.1. TYPOLOGIE DES SYSTEMES DE PRODUCTION LAITIERE Vias et al. (2003) avait rapporté que le développement de la filière lait autour de Bamako au Mali est assez récent et, comme pour les autres grandes villes africaines, il répond à une augmentation de la demande urbaine, elle-même consécutive à l’accroissement de la population et à l’augmentation du niveau de vie. En effet, la structure du bassin laitier de Kassela reflète l’évolution du contexte qui est caractérisé par une juxtaposition de catégories d’éleveurs dont les objectifs sont le plus souvent différents. Ainsi, pour cette zone, les contraintes portent de façon globale sur la production et la conservation d’un lait frais de bonne qualité jusqu’au transformateur ou au consommateur. L’examen de la typologie des élevages a fait ressortir une répartition sous forme de couronnes concentriques de la ville vers sa périphérie. Ainsi, la couronne 1 était composée des élevages appartenant pour la plupart à des éleveurs dits du dimanche (commerçants, fonctionnaires…).

Ces

élevages étaient implantés dans la zone périurbaine de Bamako (Communes rurale de Baguineda-Camp et Mountougoula…), dans les propriétés des producteurs, généralement sous la garde d’un berger Peulh salarié. De façon spécifique, il a surtout été relevé le faible niveau d’implication dans l’activité et l’absence de l’éleveur de la ferme due à ses multiples occupations en ville. Ce qui laisse la gestion intégrale de l’élevage au berger qui le fait souvent à sa guise sans se préoccuper des objectifs ou de l’intérêt de l’éleveur. La couronne 2 était composée de nouveaux venus, en majorité de Peulh dont le début de l’installation remontait aux années 1974 et 1984, périodes correspondant aux dernières grandes sécheresses du Sahel. Ces élevages étaient caractérisés par une grande précarité car installés sur des terrains privés ou communautaires. Ainsi Vias et al. , (2003) avaient affirmé que l’objectif de ces élevages était peu économique et que les revenus tirés de la vente du lait représentaient le plus souvent la seule source de survie. La présence de ces derniers sur des terres appartenant à d’autres personnes, posait un problème foncier car ils ne

pouvaient faire un investissement durable dans des domaines comme l’habitat des

animaux. Aussi, l’approvisionnement en intrants zoo-vétérinaires faisait défaut. Cependant, la collecte du lait était bien organisée à cause de la présence des centres de collecte et de la mini laiterie.

75


La couronne 3 était majoritairement composée d’élevages au-delà de la zone périurbaine où les éleveurs pratiquaient un élevage traditionnel, du type agro-pastoral pour la plus part. La distance qui sépare ces élevages du centre urbain (70 à 85 Km de Bamako) rend difficile leur approvisionnement en intrants zoo-vétérinaires. Par contre, la présence de deux centres de collecte de lait dans la commune et de la mini laiterie dans la zone était un grand atout dans la vente du lait. Alors qu’il ressortait d’une étude réalisée par Vias et al. (2003) dans la périphérie de Bamako que ces éleveurs, à l’origine vendaient avec difficulté la totalité de leur lait au niveau du village et préféraient écouler leur production dans les marchés ruraux sous forme de lait caillé. Actuellement, avec le développement du réseau routier et des industries laitières qui garantissent l’achat à un prix compétitif, ils se tournent de plus en plus vers la ville et le lait est vendu à l’état frais. Néanmoins, le problème de couverture sanitaire et d’abreuvement des animaux demeure encore des difficultés majeures pour cette couronne. Pour les deux dernières couronnes, il s’agissait d’un système d’élevage à faible niveau d’utilisation d’intrants et géré selon le mode extensif. La productivité du cheptel était faible et liée aux fortes variations qualitatives et quantitatives des parcours, voire à leur extrême pauvreté, et aux énormes difficultés d’abreuvement en saison sèche. Il y avait ainsi une véritable saisonnalité de la production laitière avec une chute de production en saison sèche. De façon cruciale, c’est essentiellement le problème d’alimentation (par la restriction des espaces pastoraux) qui a été souligné par la presque totalité des producteurs. Etant donné l’occupation anarchique des espaces par les cultures et l’urbanisation. A cela s’ajoute le problème d’écoulement du lait à la mini laiterie en période hivernale avec le surplus de production par rapport à leur capacité de vente. La mini laiterie ne fait pas la diversification des produits laitiers par manque de source d’électricité et seul le lait non vendu est actuellement transformé en Féné (caillé d’une nuit) puis en caillé. II.2.2. CARACTERISTIQUES SOCIOPROFESSIONNELLES

DES PRODUCTEURS LAITIERS

La prédominance des éleveurs d’ethnie Peulh concernant la propriété des élevages pourrait s’expliquer par le fait de la nécessité et du besoin de tirer profit de leur activité et de leurs connaissances empiriques et culturellement héréditaires, les pasteurs Peulhs se sont donc sédentarisés dans la zone périurbaine de Bamako au niveau du bassin laitier de Kassela (52,52 %). Cette tendance est d’une proportion comparable aux observations de Hamadou et al. (2003), en zone périurbaine de Bobo-Dioulasso où les autochtones éleveurs sont de 2,69%

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et les Peulhs de 87,13%, mais d’avis contraire des résultats rapportés par Akaffou (2013) dans la région de Poro en Côte d’Ivoire où les éleveurs autochtones Sénoufo représentaient l’ethnie majoritaire (78,10 %) et les peulhs (21,90 %). L’emploi de bergers dans les élevages des couronnes 1 et 3 pourrait expliquer le fait que la main-d’œuvre dans la plupart des troupeaux visités soit de type salarial (53,%). Ainsi, Debrah et al. (1995) aborde dans le même sens en disant que le système amélioré contribue à augmenter le poste de dépense sur le berger de 30 % tout en professionnalisant les bergers. Cependant, Bonfoh (2006) a rapporté que dans l’ensemble, le berger n’est pas encore considéré comme un professionnel de l’exploitation et que dans le processus de développement de la filière, il est le maillon sensible de la chaine de l’exploitation. Alors que son intégration à part entière dans la gestion, contribuerait à améliorer le niveau d’adoption de certaines innovations (hygiène, formulation des rations alimentaires et la détection des chaleurs dans le cadre de l’amélioration génétique. L’achat est la principale modalité d’acquisition des animaux dans la zone étudiée (87,5 % des éleveurs enquêtés ont affirmé avoir acheté leurs animaux). Par contre, les résultats d’une étude réalisée par Vias et al. (2004) dans la commune urbaine de Niamey au Niger était contradictoire. En fait, dans cette zone l’héritage représente la principale modalité d’acquisition des animaux car 78 % de l’échantillon enquêté ont affirmé constituer leurs troupeaux par héritage. Cependant, ce troupeau hérité, se trouve agrandi par la suite soit par achat ou par confiage. Les éleveurs du bassin laitier de Kassela sont assez bien structurés et 71 % appartiennent à des organisations socioprofessionnelles (coopératives et fédération) dans le but d’améliorer la production et la commercialisation du lait, comme l’avait souligné Bonfoh (2006) en affirmant que les principaux acteurs sont souvent constitués en groupement, association ou coopératives d’éleveurs autour de l’approvisionnement d’intrants ou d’activités de production de centre de collecte ou de mini laiterie. II.2.3. CARACTERISTIQUES DES EXPLOITATIONS LAITIERES II.2.3.1. Troupeau et reproductivité L’effectif moyen du troupeau bovin (42 têtes en moyenne) est largement supérieur à celui rapporté par Vias et al. (2003) au Mali dans la zone périurbaine, qui est de 27 animaux. Cela pourrait se justifier par le fait que le bassin laitier de Kassela fait partie de la zone qui

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concentre la majeure partie des élevages bovins. Par contre, l’effectif des vaches en lactation (8,13 en moyenne) ne vaut pas la moitié de l’effectif des vaches en reproduction (21,08 en moyenne). En général, la reproduction a lieu par monte naturelle (54,9 %) toutefois, dans les élevages périurbains, l’insémination artificielle devient de plus en plus une pratique courante (environ 45 %) avec un taux de 47 %. Alors que, Bonfoh (2006) a rapporté un taux de réussite plus important dans la zone périurbaine du Mali (60 %), démontrant une large diffusion de l’amélioration génétique. Par contre Akaffou (2013) a rapporté que dans la région de Poro en Côte d’Ivoire, seuls 6,3 % des fermes enquêtées ont recours à l’insémination artificielle comme alternative à la saillie sur chaleur naturelle. Dans les élevages enquêtés, les résultats des paramètres de reproduction obtenus notamment, l’âge moyen de mise à la reproduction, de la première mise-bas et du sevrage des veaux (Tableau XVI) sont différents de ceux obtenus autour de Bamako par Coulibaly (2004) qui sont respectivement de 27 mois (2 ans et 3mois) ; 3,5 ans et de 6 mois pour le sevrage. Par contre, l’âge à la première mise-bas est comparable à celui rapporté par Bonfoh (2006) qui se situe entre 4 et 5 ans. II.2.3.2. Alimentation Le lait produit est influencé en grande partie par la quantité et la qualité de l’alimentation. Ainsi, Marichatou et al. (2004) avaient rapporté qu’en zone périurbaine de Bobo-Dioulasso, les pratiques d’alimentation sont intimement liées au mode de vie des éleveurs, en particulier dans les élevages traditionnels. A cet effet, l’utilisation du pâturage naturel est le type d’alimentation dominant, mais les types semi intensif et intensif l’associent au régime en stabulation. Par ailleurs, Vias et al. (2004) avaient affirmé que l’alimentation de base du troupeau laitier était constituée par les pâturages naturels proches de l’exploitation. Toutefois, les pressions agricoles et urbaines et la sècheresse induisent la régression de la biomasse végétale disponible dans la zone périurbaine. Cette accessibilité difficile des troupeaux laitiers aux parcours en zone périurbaine est aussi signalée par Ba Diao (1998) qui estime que cela constitue une contrainte majeure de la production laitière. Même si la grande majorité des éleveurs distribue du son de céréales (mil et mais essentiellement) en complément, les quantités distribuées ne permettent que de couvrir leurs besoin d’entretien à cause notamment de la mauvaise qualité des fourrages consommés. Aussi, Marichatou et al. (2004) rapportent qu’en dépit des multiples tentatives de promotion des cultures fourragères, cette pratique est

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très peu répandue dans la zone subhumide du Burkina Faso bien que les rendements obtenus avec la dolique soient bons (1035 kg/ha en culture et 1764 kg/ha en association avec le maïs) et le coût de production bas (respectivement 9,5 F CFA et 7,6F CFA par kg). II.2.3.3. Production laitière

La réduction du nombre d’élevages en production (39,13 % à 29,4 %) d’une part et du nombre des vaches lactantes d’autre part en saison sèche rapportée par les éleveurs s’expliquerait par la diminution de la quantité et la qualité du fourrage au cours de ladite saison. A cela s’ajoute éventuellement la distance de pâture pouvant atteindre quotidiennement 10 km. En effet, sur les 2102 vaches en reproduction (21,02 %), seules 827 vaches (8,27 %) étaient lactantes. Contre toute attente une production moyenne de 3,5 l par vache a été recueillie. Ainsi, la production journalière moyenne de 3,5 l/vache obtenue est supérieure à celle obtenue par Coulibaly (2008) et Akaffou (2013) qui est de 0,88 l/jour et 0,64 l/jour pour la même saison au Mali et en Côte d’Ivoire. Cependant, Bonfoh et al. (2007) avaient obtenu des quantités journalières comparables, variant entre 0,5 et 3,5 litres/vache. Ces résultats pouvaient s’expliquer par la présence massive de vaches métisses exotiques, ajoutée à la distribution très importante d’aliments concentrés dans les élevages périurbains semi intensif mais, pourraient aussi traduire une meilleure performance des races locales si les conditions adéquates d’élevage sont réunies. Par ailleurs, le niveau moyen de la production laitière (39,2 % et 29,4 % des élevages enquêtés respectivement pendant l’hivernage et la saison sèche) est dépassé de loin par la production nationale (45 %) rapportée par Bonfoh (2006). Ainsi, au regard des objectifs de production laitière qui est d’un veau/vache/an et du niveau peu satisfaisant de recours à l’insémination artificielle (45 %) pour améliorer la production, ce système d’élevage nécessite d’être amélioré. II.2.4. Couverture sanitaire La fièvre aphteuse était la pathologie dominante dans ce bassin laitier et se rencontrait dans la presque totalité des élevages enquêtés (82 %). Alors que dans la sous-région, la PPCB et la trypanosomose sont considérés comme les pathologies dominantes et avaient été évoquées par Marichatou et al. (2003) ; Coulibaly (2008) puis Akaffou (2013), respectivement, au Burkina Faso, au Mali et en Côte d’Ivoire. Cependant, comme l’ont affirmé ces auteurs, dans notre zone d’étude, la trypanosomose s’était placé au deuxième rang (58 %) après la fièvre

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aphteuse suivie de la PPCB (11 %). Du fait de la transmission de ces pathologies, leur forte prévalence pourrait s’expliquer d’une part par la forte proximité des animaux sur les pâturages et d’autre part, par la transhumance des animaux dans ces pays limitrophes lors des périodes de soudure. Le manque de vétérinaires et agents techniques d’élevage amène les éleveurs à recourir seulement aux campagnes de vaccination, effectuées par des techniciens d’élevage en vue de protéger leurs animaux. La propagation des pathologies notamment la fièvre aphteuse, la trypanosomose et la PPCB pourrait affecter la productivité du cheptel. Au regard des bergers qui effectuent eux-mêmes le soin de leurs animaux, l’on serait tenté de dire que ce système d’élevage consomme très peu d’intrants vétérinaires. Ce qui confirme les résultats obtenus par Vias et al. (2003) en zone périurbaine de Niamey au Niger où la majorité des éleveurs ont recours aux médicaments traditionnels. En outre, le nombre très insuffisant de vétérinaires, de techniciens qualifiés et d’ingénieurs d’élevage pourrait expliquer cette attitude. Ainsi, Bonfoh (2006) affirme qu’en raison des faibles couvertures vaccinales au Mali, ces grandes épizooties ne sont pas encore bien maitrisées. De même la présence des zoonoses majeures comme la tuberculose et la brucellose (60 % et 19 %) dans la zone est assez considérable et mérite une attention particulière. En effet, selon Bonfoh (2006), ces zoonoses représentent une menace pour la santé humaine et compromettent dangereusement la qualité des produits d’origine animale et de la santé publique. Ainsi, avec la perspective d’intensification et d’utilisation de biotechnologies d’amélioration génétique telles que l’insémination artificielle, le dépistage systématique des zoonoses présentes et l’élimination des animaux positifs s’imposent. Ce n’est qu’à ce prix que l’augmentation de la production laitière est concevable. II.2.5. STRATEGIE DE VALORISATION DE LA PRODUCTION LAITIERE

La distance constitue un facteur prépondérant dans le circuit de distribution du lait de ferme. En effet, lorsque la distance entre la ferme et le lieu de livraison du lait est inférieure à 5 km, la distribution du lait se fait suivant un circuit « Producteurs-consommateurs » ou « Producteurs-laiterie » du fait de la proximité. Tandis que pour les distances inférieures à 30 km, les collecteurs sont intermédiaires entre le producteur et le consommateur ou entre le producteur et la laiterie. Lorsque cette distance est longue (>30 km), les collecteurs deviennent rares. Ce système de collecte et de distribution artisanale correspond à celui décrit par Corniaux et al. (2007) qui mentionnent les contraintes dues au coût et à la durée du transport. En outre, cette forme de distribution avec les producteurs et les revendeurs comme intermédiaires correspond à la distribution dite « intégrée » décrite par Bonfoh

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et al. (2003). L’absence de collecteurs (distance supérieure à 30 km) rend difficile l’accès à la mini laiterie et pourrait d’une part, expliquer la vente du lait aux villages environnants et l’autoconsommation. Par ailleurs, les éleveurs sont souvent confrontés à d’énormes difficultés dans l’écoulement du lait au niveau de la laiterie, notamment en période hivernale au cours de laquelle la capacité de collecte est dépassée alors que la demande est moins importante. Ainsi, la laiterie par le biais des gérants effectue des pertes importantes de lait et se retrouve dans l’incapacité de payer les producteurs, qui par conséquent se verront dans l’obligation de réduire leur production. D’autre part, le coût lié au transport pourrait être un frein au commerce du lait de façon générale. La collecte du lait dans des bidons est une caractéristique propre à tous les collecteurs dans cette région. Cette pratique de collecte du lait correspond à celle décrite par Bonfoh et al. (2003) au Mali qui a par ailleurs justifié que les ustensiles sont beaucoup plus infectés par les germes que les pis. Par conséquent, la qualité hygiénique du lait n’est pas garantie. Par ailleurs, le bas prix d’achat du lait à la ferme dans les milieux ruraux et la faible production pourraient expliquer le désintérêt manifeste des propriétaires. Par ailleurs, ces prix sont inférieurs pour les différentes saisons à ceux obtenus par Bonfoh et al. (2003). Quant aux prix pratiqués au marché central, ils sont deux fois supérieurs aux prix d’achat à la ferme. Ce qui pourrait être dû à l’urbanisation avec une démographie sans cesse galopante.

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CHAPITRE III : RECOMMANDATIONS Au regard des résultats obtenus et des observations effectuées, il convient de suggérer un

certain

nombre

de

points

qui

permettront

d’entrevoir la valorisation et le

développement de la filière lait. Ainsi, nous recommandons : une meilleure organisation des acteurs de la filière, une étude permettant de déterminer les différents génotypes présents dans la zone, la formation et la sensibilisation des éleveurs dans la pratique de la culture fourragère et du rationnement des animaux, une intégration de la fièvre aphteuse dans le programme national de vaccination compte tenu de son importance et une implication de l’Etat à travers une politique d’élevage orientée vers le suivi, l’encadrement et le contrôle. III.1. ORGANISATION DE LA FILIERE La première recommandation concerne le niveau organisationnel de la filière. En effet, malgré les efforts déployés par les éleveurs autour de centres de collecte et de la mini laiterie pour la valorisation de leur activité, une meilleure structuration s’impose servant de canal de transmission de l’information entre les acteurs de la filière sur toute la chaine de valeur. Ainsi, La mise en place d’une plateforme coopérative, dynamique, solidaire et durable permettra aux différents acteurs d’exprimer leurs besoins et leurs difficultés entre eux d’abord, puis aux autorités compétentes. Les acteurs de la plateforme (producteurs, collecteurs, vendeurs de lait et d’aliment bétail…) devraient pour ce faire, se constituer en coopératives pour plus de crédibilité et de force dans l’action. III.2. PRODUCTION LAITIERE La production locale de lait et produits laitiers est une filière économiquement rentable bien qu’elle soit moins compétitive que l’importation de produits laitiers. Cette performance doit être supportée par une volonté politique affirmée de la part des décideurs. Ainsi, la politique laitière au Mali doit être perçue comme une partie intégrante de la politique générale de développement du pays pour l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire et la valorisation des productions locales et nationales. En effet, cette politique doit être définie pour le long terme et doit engager tous les partenaires et agents économiques, en particulier pour ce qui concerne la production laitière dans nos systèmes d’élevage. Par ailleurs, la production laitière au Mali repose sur des pratiques ancestrales avec des ressources génétiques très limitées en terme de production et donc la vulgarisation de l’insémination artificielle constituer l’alternative pour rehausser le niveau de production et se justifie par les performances observées chez

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les vaches métisse hautes productrices. En effet, le désir et la volonté de croiser les animaux pour l’amélioration de la productivité ont conduit à la création d’un nombre très important et mal connu de génotypes des bovins dans la zone étudiée suite à l’utilisation de géniteurs inconnus. Une étude permettant de déterminer les différents génotypes présents dans la zone serait d’une grande nécessité. III.3. ALIMENTATION L’un des maillons faibles de cette filière, qui constitue d’ailleurs la contrainte majeure de la production au Mali demeure l’alimentation surtout en saison sèche. En effet, la presque totalité des élevages, tous les types confondus utilisent les pâturages naturels même si c’est à des degrés divers. Cependant, la restriction des espaces pastoraux due aux spéculations foncières (cultures et urbanisation) et l’appauvrissement des pâturages en saison sèche (feux de brousse)

amènent les éleveurs à se rabattre sur les concentrés

industriels pour

l’alimentation animale. Ce qui constitue une préoccupation majeure pour les éleveurs car le tourteau de coton qui est utilisé devient une denrée rare en cette période de par sa disponibilité en qualité et coût. Il faut de ce fait sensibiliser les éleveurs d’une part, à constituer des réserves en fonction du nombre d’animaux et de la durée de la période de soudure et d’autre part, à promouvoir les cultures fourragères. La culture fourragère est peu pratiquée et non encore perçue comme facteur de production dans nos systèmes. A côté de cela, le rationnement des vaches n’est pratiqué que dans 5 % des élevages enquêtés, alors que pour extérioriser son potentiel, la vache laitière a besoin d’une ration équilibrée. Ces états de fait, imposent l’implication de l’état pour la formation et la sensibilisation des éleveurs dans la pratique de la culture fourragère et du rationnement des animaux. III.4. CONDUITE DE LA SANTE ANIMALE Malgré de nombreux efforts déployés depuis des décennies et l’existence de lutte contre certaines maladies, le cheptel paie encore un lourd tribu liée aux grandes épizooties et infections parasitaires tropicales et classiques comme la péripneumonie contagieuse bovine (PPCB), les charbons, la dermatose nodulaire ou la fièvre aphteuse. Ces pathologies affectent la productivité du cheptel, alors qu’en raison des faibles couvertures vaccinales, elles ne sont pas encore bien maîtrisées. En effet, la fièvre aphteuse a été déclarée dans 82 % des élevages enquêtés et nécessite une prise en charge d’urgence car elle ne fait pas partie des maladies couvertes par la vaccination au Mali et son vaccin non disponible sur place compte tenu du coût. L’état malien doit intégrer la fièvre aphteuse dans son programme de vaccination

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compte tenu de son importance. A défaut de l’intervention des autorités, les éleveurs doivent s’organiser pour l’approvisionnement du vaccin pour mieux valoriser la production laitière. Egalement, nous avons constaté une présence considérable des zoonoses majeures (tuberculose et brucellose) dans la zone et une consommation de lait cru d’environ 64 % des élevages enquêtés. Elles représentent donc une menace pour la santé humaine et compromettent dangereusement la qualité des produits d’origine animale. Vu l’importance que revêt aujourd’hui la consommation du lait local et les résultats de cette étude, nous recommandons une étude de la prévalence de la tuberculose et la brucellose sur la population humaine (les éleveurs, les bergers et familles) au niveau de ce bassin laitier. III.5. COMMERCIALISATION DU LAIT Suite à la perte due à la mévente surtout pendant l’hivernage et compte tenu du potentiel laitier existant en zone périurbaine de Bamako, notamment dans le bassin laitier de Kassela , une autre approche de la problématique serait la création d’une usine de transformation du lait local en partenariat avec les mini laiteries. Une telle initiative permettrait de garantir l’écoulement du lait en toute période de l’année et par conséquent, inciterait les propriétaires à mieux investir dans leur élevage en vue d’améliorer leurs productions et leurs revenus. En outre, la mise en place de prix homologués par zone de production pourrait avoir une incidence positive sur la production. III.6. ENCADREMENT DES ACTEURS Le manque crucial de personnels Ingénieurs

et techniques

qualifiées en terme de compétence (Vétérinaires,

d’élevage) pour la couverture sanitaire des animaux et

l’encadrement des éleveurs par rapport aux techniques de production constitue un frein au développement de la filière. L’implication de l’Etat à travers une politique d’élevage orientée vers le suivi, l’encadrement et le contrôle sera d’une très grande nécessité et d’un besoin urgent pour prétendre au développement de la filière.

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CONCLUSION Le Mali est incontestablement, l’un des pays d’élevage les plus importants de l’Afrique de l’Ouest avec une contribution de 15 % au PIB national. La filière lait pour sa part demeure une des filières porteuses du pays. En effet, le potentiel laitier national est d’une importance considérable, estimé à 1 641 788 213 litres

avec un disponible laitier de seulement

687 801 674 litres soit 44 à 50 % du potentiel. Sur cette base, la consommation moyenne par habitant est de l’ordre de 43,88 litres soit 44 litres par habitant et par an, un chiffre encore loin des 62 litres comme norme de la FAO. Malgré ce potentiel laitier mobilisable sur l’ensemble du cheptel, le pays reste l’un des plus gros importateurs de lait et produits laitiers pour satisfaire ses besoins de consommation. Ainsi, dans le but d’inverser cette tendance, l’Etat malien avait adopté, à partir de 1985 une politique laitière en faveur de la promotion et du développement de la filière laitière à travers la création d’un projet de développement et de valorisation du lait local (PRODEVALAIT). Cependant, malgré les progrès remarquables, les résultats ont été modestes par rapport aux besoins des populations. En effet, les importations étaient estimées à plus de 15 milliards de Francs CFA en 2010 et le lait représente le troisième produit agro-alimentaire le plus importé. La volonté politique nationale étant de faire de l’Agriculture le moteur d’émergence permettant une relance après la crise polico-sécuritaire que vient de connaitre le pays, il convient donc de faire l’état des lieux des systèmes de production laitiers du périurbain de Bamako en vue de mettre en place un modèle laitier adapté et dynamique. C’est dans ce contexte que cette étude a été initiée par le Programme Bovin du Centre Régional de Recherche Agricole du Mali. Cette étude dont l’objectif est de contribuer à l’élaboration de référentiels techniques des exploitations laitières dans le bassin laitier de Kassela a été réalisée dans ladite zone du 15 Aout 2014 au 28 mars 2015. L’approche méthodologique a été basée

sur une phase

préparatoire de deux mois et une enquête de sondage d’une durée de cinq mois, avec un accent particulier mis sur la description des éleveurs, des élevages , des pratiques d’élevage et des stratégies adoptées pour la valorisation du lait local. L’enquête a concerné un échantillon de 100 élevages comprenant 4 170 bovins répartis dans les 3 communes rurales du bassin laitier de Kassela et 28 sites laitiers. Les informations ont été collectées grâce à des entretiens libres sur la base d’un questionnaire. L’analyse des données par le logiciel SPSS statstics 20 a permis de dégager des statistiques descriptives et des corrélations des variables relatives

aux

caractéristiques socioprofessionnelles des éleveurs, de leurs

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exploitations et aux caractéristiques zootechniques ainsi que les pratiques et stratégies des éleveurs pour le développement de la filière. Cette analyse a fait ressortir une classification en trois couronnes ou profil ou encore strates d’élevages, chacune définissant un système d’élevage particulier. Ainsi, nous avons relevé que 45 % des élevages enquêtés sont améliorés appartenant à des citadins fonctionnaires, retraités et commerçants résidant à la capitale (37 %). Ils représentent la couronne 1 de type semi intensif périurbain contre 55 % d’élevages traditionnels. Parmi les élevages traditionnels, 19 % ne pratiquent que l’élevage comme activité et représentent la couronne 2 de type pastoral sédentarisé tandis que les 36 % des éleveurs pratiquent l’agriculture comme activité. Les Peulhs représentent l’ethnie majoritaire (52,52 %) suivis des Bambaras (24,24 %) avec 24 % des Peulhs étant des agro pasteurs. En effet, cette tendance inhabituelle au Mali, s’explique par le fait que depuis la sècheresse qu’a connu les pays du sahel au cours des années 19701980, les Peulhs se sont de plus en plus sédentarisés pour enfin devenir des agro pasteurs. Les éleveurs de la couronne 1 sont à 87 % instruits, alors que ceux de la couronne 2 sont à 100 % analphabètes.

Cependant, dans ce bassin laitier, les éleveurs étaient assez bien

structurés et 71 % étaient membres de coopératives et fédération d’éleveurs. Globalement, le troupeau a été obtenu par achat (69 %) et l’héritage (31 %) représente le mode d’acquisition majeur des Peulhs. Le mode d’alimentation des animaux était le pâturage. A cet effet, les animaux sont conduits au pâturage les matins après la traite et ne rentrent qu’au soir pour ensuite recevoir très souvent du complément alimentaire. A cet effet, plus de 97 % des éleveurs disaient apporter un complément alimentaire mais les 45 % ne le distribuaient qu’à une partie du troupeau. L’insémination artificielle était pratiquée dans 45 % des élevages avec un taux de réussite moyen de 47 %. L’âge moyen de mise à la reproduction des génisses était de 3 ans environ et celui de la première mise bas de 4 ans environ. L’intervalle vêlagevêlage était d’environ 17 mois alors que la proportion de vaches en lactation était de 8,81% pour 2I, 08 % de vaches en reproduction. Quant à la production laitière, 39,2 % des ménages affirment avoir du lait pendant l’hivernage contre 29,4 % pendant la saison sèche. Par contre, les

quantités

étaient plus importantes en saison sèche (36,2 litres/ménage/jour) qu’en

hivernage (35 litres/ménage/jour). Par ailleurs, la production moyenne journalière de lait obtenue est de 3,5 litres/vache soit 2,8 litres/vache pour les races locales et 6,27 litres pour les métis. Les

pathologies

dominantes

sont la fièvre aphteuse (82%), suivies

de

la

trypanosomose (58 %) puis de la dermatose nodulaire (27 %) et de la pasteurellose bovine (20

86


%). Concernant les pratiques de santé, respectivement, 86% et 59% des éleveurs disent effectuer la vaccination et avoir recours au vétérinaire mandataire en cas de maladie. Enfin, pour ce qui est de la commercialisation du lait, la collecte du lait est bien organisée grâce à la présence d’une mini laiterie et de quatre centres de collecte de lait gérés par les coopératives d’éleveurs. Toutefois la collecte au niveau des élevages lointains, situés à plus de 5 km environ des centres de collecte est encore effectuée par des jeunes peulh à vélo dans des bidons de 20 litres pour la revente à la mini laiterie. Cette dernière s’occupe de la collecte finale, de la pasteurisation et de la distribution chez les unités de transformation à Bamako. Par ailleurs, le prix d’achat du litre de lait varie de 250 à 300 FCFA chez l’éleveur à la ferme selon les deux saisons de l’année, cependant il reste le même toute l’année aux centres de collecte (300 FCFA) et à la mini laiterie (350 FCFA) qui le revend à 400FCFA. Au même moment, chez le revendeur à Bamako, le prix est de 500 à 600 FCFA. La capacité de collecte de la mini laiterie est d’environ 1 500 litres/jour. Il ressort de cette étude qu’en amont, les éleveurs sont assez bien organisés au niveau de ce bassin laitier, cependant, ils sont confrontés à d’énormes difficultés qui entravent le développement de la filière. En effet, les principales contraintes résident globalement dans la difficulté de l’alimentation, l’accès aux soins vétérinaires, l’absence de circuits de commercialisation fiables et performants et surtout la faible organisation des acteurs de la filière sur l’ensemble de la chaine de valeur.

Par

conséquent, des actions doivent être menées en vue d’opérer un changement visant à encourager et rassurer les producteurs qui pourraient mieux s’y intéresser et de ce fait investir davantage dans l’activité d’élevage. En outre, eu égard aux potentialités relevées en matière d’élevage dans cette zone, des actions visant l’amélioration de la production et la productivité sur toute la chaine de valeur doivent être entreprises. En effet, la filière doit être mieux structurée avec la mise en place d’une plateforme dynamique et performante, l’état doit créer une laiterie à Bamako qui n’utilise que le lait local et des unités de transformations locales. Enfin, un encadrement technique adéquat des agents de terrain et des éleveurs s’impose à l’état pour une gestion rigoureuse des troupeaux et des pratiques de santé. Aussi, la réflexion sur les stratégies de développement de l’élevage laitier et en particulier l’élevage périurbain, dont les objectifs ont été clairement affichés par les pouvoirs publics, doit tenir compte de certaines réalités, notamment la disponibilité alimentaire, les conditions techniques de production et l’homologation du prix d’achat du lait par zone.

87


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93


ANNEXES ANNEXE 1

94


ANNEXE 2

LES PRODUCTEURS LAITIERS DU BASSIN LAITIER DE KASSELA

ENQUETE TYPOLOGIQUE Date: …………………………………….        

          

Village :…………………………………

I.IDENTIFICATION DE L’ELEVEUR Nom et Prénom : …………………………………………………………………… Age:……… Ethnie :……………….. Région d'origine :………………………. Domicile :…………………… Niveau d’instruction formelle : sans niveau /__/ primaire/__/ secondaire/__/ supérieur/__/ alphabétiser/__/ Autres professions de l’éleveur : …………………………………………………….. Espèce élevée : ……………………………………………………………………….. Formation reçue de l’éleveur en élevage: non /__ / oui /_ _/ Aspects de la formation :……………………………………………………………… Possession de supports technico-économiques o Fiche d’identification oui/_ / non/_ / o Fiche de production oui/_ / non/_ / o Fiche de suivi de la reproduction oui/_ / non/_ / o Fiche de suivi sanitaire et de vaccination oui/_ / non/_ / o Fiche de suivi de l’alimentation, gestion de stocks d’aliments oui/_ / non/_ / o Cahier de dépenses et recettes (Compte d’exploitation) oui/_ / non/_ / II.IDENTIFICATION DE L’ELEVAGE Commune…………………………. Localité (village) ………………………………... Statut du site : propreté de l’éleveur/__/ location /__/ Prêt /__/ Permis d’occuper/__/ Date de création: ……………… Mode d’acquisition : achat /___/ héritage /___/. Autre à préciser /___/. Superficie de l'exploitation (ha) :……… Superficie réservée à l'élevage (ha): ……….. Distance par rapport à la route principale (km): …………….. Distance par rapport au centre de collecte du lait (km): …………………….. Distance par rapport à Bamako (km): …………………. Moyen de transport utilisé : …………………………….. Gestion technique de l’élevage: Eleveur/__/ un membre de la famille /__/ Employé/__/ Autres/__/ Présence de l’éleveur dans l’élevage: Permanence/__/ Tous les jours / _/

95


1-2 fois/semaine/__/ Occasionnelle/__/  Moyen de communication : …………………  Nombre du personnel employé: Permanent / _ / Temporaire / _ /  Formation du personnel : non /__ / oui /_ _/  Etes-vous membre d’organisations socio-professionnelles oui/_ / non/_ / o Si oui, lesquelles ?............................................................................................... o Si non pourquoi ?................................................................................................  Liens avec la recherche : oui/_ / non/_ / o Si oui, lesquelles ?............................................................................................... o Si non pourquoi ?.................................................................................................  Besoins d’informations/formation : Technique d’élevage/_/ Technique de commercialisation/_ / Autres/_/ 2.1. Activités réalisées dans l’exploitation: Activités agricoles

Occupation permanente

Occupation temporaire

occupation occasionnelle

Production laitière Embouche bovine/ovine Aviculture Apiculture Arbres fruitiers Autres (à préciser) 2.2. Habitat des animaux Type : ……………………………………………….. Matériau de construction : ______________________ Bâtiments d’élevage Présence Bâtiment pour veau Bâtiment pour mâles adultes Bâtiment pour femelles adultes Bâtiment pour veaux sevrés Bâtiment polyvalent Mur crépis Sol cimenté Sol paillé Zone de parcours

oui

non

Présence Aire de repos et d’alimentation Aire d’alimentation Aire d’exercice Couloir de pesée et de contention Salle de soin Laiterie Salle de traite Salle de fabrique d’aliments

96

oui

non


site d’implantation des bâtiments :

Orientation des bâtiments : ……………………………………………………………

Electricité

Existence de Source d’eau dans l’exploitation

Si oui, les quelles ?

terrain plat/__/

Bas-fond inondable/__/

oui/__/

Puits/__/

non/__/

oui/ _ / non/ _ / Forage/__/

Cours d’eau naturel /__/

Description de l’étable des vaches laitières           

Comment est le toit ? : double pente /__/ pente unique/__/ lanterneau /___/ Auvent/__/ Comment sont les matériaux de construction ? banco/__/ Ciment /__/ métallique /__/ Bois/__/ Comment sont les parois latérales des murettes ? ciment/__/ banco/__/ fer/__/ Quelle est la hauteur approximative des murettes ? /_________/ Quelle est la nature du sol ? en dur/__/ non en dur/__/ mixte/__/ Quel est le type des mangeoires ? : en groupe /___/ individuelles /__/ Quel est le nombre de mangeoires ? /_______/ Quel est le type d’abreuvoirs ? en groupe / / en individuelle / / Quel est le nombre d’abreuvoirs ? /_______/ Quel est le type de stabulation : Stabulation entravée/__/ Stabulation libre/__/ III. STRUCTURE DU TROUPEAU Effectif au moment du passage : bovins/____/ Ovins/Caprins/_____/ Equins/____/ Volailles/____/ asins/____/

Types génétiques des bovins présents : Locales/____/ Croisés exotiques (métis)/____/ Exotiques/____/

Structure du troupeau bovin

Races et génotypes

Vaches

Génisses

Taureaux Veaux Veaux Vaches mâles femelles en lactation

Total

97

Taurillons

Total


IV.CONDUITE DE L’ELEVAGE                

4.1. Reproduction Mode de reproduction : Monte naturelle/__ / Insémination artificielle/__ / Si insémination artificielle, quelle sont les races amélioratrices ?................................ ………………………………………………………………………………………… Qui pratique l’insémination…………………………………………………………… modalité de rémunération…………………………………………………………….. Taux de réussite obtenu……………………………………………………………….. Si non, pourquoi ?......................................................................................................... Age de sevrage des veaux :……………… Age de mise en reproduction des vaches:……………. o Critères de mise en reproduction : …………………………………………… Age à la première mise-bas : ……………………………………. Observez-vous de période de tarissement des vaches ? Oui/_/ Non/_/ Observez-vous des avortements ? Oui/_/ Non/_/ Observez-vous des dystocies Oui/_/ Non/_/ Utilisez-vous tous les taureaux pour la reproduction ? Oui/_/ Non/_/ Notez-vous les références des taureaux utilisés: Oui/_/ Non/_/ Si oui, Comment?................................................................................................... Gestion des mâles non retenus pour la reproduction ? ………………………….. Age de réforme des vaches :…………………………………. 4.2. Alimentation

     

 

 

Aliments distribués dans l’élevage : Concentré/__ /Fourrage/__/ Complémentation (Vit et minéraux)/__/ Mode de distribution : en groupe /__ / individuelle /__ / Si en groupe, quelle quantité pour combien de têtes ………………………………… Si individuelle quantité selon les catégories : Vaches …… Géniteur………. Génisse……….. Veau…. Source d’approvisionnement des aliments : ………………………………………… Production de fourrage Oui /__ / Non/__/ o Si non, Pourquoi ?.............................................................................................. o Si oui, quelle est la superficie cultivée……………………………………….. o Espèces cultivées……………………………………………………………... Quantité de fourrage produite ………………Coût de production……………………. Quel est le type de fourrage conservé ? foin/__/ ensilage/__/ Paille /__/ o Nombre de silo……………………………………………………. o Modalité de production : Manuelle/__/ Mécanique/__/ o Type d’équipement agricole : tracteur/__/ ensileuse/__/ Modalité de distribution des aliments : à volonté/__/ rationnée/__/ Ration type vache laitière : ration de base (kg) ……………. concentré (kg)……………

98


 

Modalité de distribution de l’eau : à volonté/__/ rationnée/__/ Quantité d’aliments achetée en 2014 : o Grossier………………………. Coût………………………… o Concentrés……………………….. coût :…………………………. 4.3. Santé. Présence de Vétérinaire dans l’élevage: Permanent /__/ Contractuel/__ / Occasionnel/__ / Pourquoi ?...................................................................................................................... Périodicité de passage du vétérinaire……………… Type de contrat………………..

Avez-vous rencontré des cas de mortalité ?

Nombre par catégorie animale : ……………………………………………………..

Si oui, à quelles fréquences ?........................................................................................

Oui /__/

Non /__/

 Quelle sont les causes de ces mortalités ?......................................................................  Quelles sont les pathologies rencontrées dans votre exploitation (depuis les trois(3) dernières années) ?...................................................................................................... 

Connaissez-vous les zoonoses liées à la production laitière ?

Si oui, lesquelles ? ………………………………………………………………..

Oui/__/

Non/__/

 Si non connaissez-vous ? Les mammites /__/ la Brucellose /__/ la tuberculose /__/ 

Connaissez-vous le mode de contamination? : des mammites /__/ la tuberculose/__/

Connaissez-vous les manifestations ? des mammites /__/ de la Brucellose /__ / de la tuberculose/__/

Que faite-vous devant un cas de ces maladies ?.............................................................

Que faite-vous d’un animal mort (cadavre) de ces maladies ?........................................

 Avez-vous déjà recensé des cas de ces zoonoses ? :

la Brucellose /__ /

Oui/__/

Non/__/

 Si oui, quand ? ………………………………………….  Quelle dispositions avez-vous prises: prophylaxie sanitaire/_ / Prophylaxie médicale/Antibiothérapie/__/  Avez-vous un programme de prophylaxie sanitaire oui/_ / non / _ / un calendrier de suivi médical ? oui/__/ Non/__/  Si oui, lequel ? Vaccination/__ / Déparasitage/__ / Dératisation/__ /

99

Désinfection/__ /


 A quelle fréquence ? Pratiques

hebdo

Bihebdo

mensuelle

bimensuelle trimestrielle semestrielle

Vaccination Déparasitage Désinfection Dératisation  Disposez-vous d’une clinique dans l’élevage?

oui/__ /

annuelle

non/__ /

 Sources d’approvisionnement en produits vétérinaires…………………………… 4.4. Contrôle et suivi zootechnique  Faites-vous un Contrôle du lait : Oui/_/ Non/_/  Si oui, Comment ?........................................................................................................................  Faites-vous un contrôle de performance du veau et de la vache à la mise-bas: Oui/_/ Non/__/ Si oui, Comment ?.......................  Faites-vous l’enregistrement des naissances: Oui/_/ Non/_/ Si oui, Comment ?................. V. Production de lait  Nombre de vaches en production : races locales Métis exotiques …………. Exotiques pures………………..  Comment se fait la traite ? Manuelle/__/ Mécanique/__/ à l’étable/__/ En salle de traite/__/  Quelle est la durée de la traite d’une vache : ……………………………………………  Pourquoi ?..........................................................................................................................  Quantités de lait produites Races ou génotypes Production/jour/vache Production/jour/vache Saison sèche Hivernage

 Quantité totale produite par jour : en saison sèche……………………………En hivernage…………..

100


       

VI. gestion du lait Qui gère le lait ?.......................................................................... Destination du lait produit : Vente/_ / Autoconsommation/_ / Dons/__ / Quantité en : Vente/__ / Autoconsommation/__/ Dons/__ / par jour Lieu de vente : …………………………………………………………………. Rythme de vente : …………………………………………. Est-ce que vous transformez le lait ? oui / / non / / Avez-vous une technique de conservation du lait entre la traite et la livraison? Oui /__/ Non/__/ Si oui, lequel :…………………………………………………………………………

VII.CONTRAINTES MAJEURES RENCONTREES  Est-ce que vous avez des contraintes ? oui/_ / non/_ /  Si oui lesquelles ? ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Comment comptez-vous solutionner ces contraintes ? ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------VIII. Perspectives  Quelles sont vos perspectives : o En alimentation :………………………………………………………………. o En amélioration génétique :……………………………………………………… o En reproduction…………………………………………………………………… o En santé animale:……………………………………………………………………… …………………………… o En transformation:……………………………………………………………………… …………………………………… o En gestion de l’exploitation :……………………………………………………… o En marketing :……………………………………………………………………….

101


SERMENT DES VETERINAIRES DIPLOMES DE DAKAR « Fidèlement attaché aux directives de Claude BOURGELAT, fondateur de l’enseignement vétérinaire dans le monde, je promets et je jure devant mes maîtres et mes aînés :

d’avoir en tous moments et en tous lieux le souci de la dignité et de l’honneur de la profession vétérinaire ; d’observer en toutes circonstances les principes de correction et de droiture fixés par le code de déontologie de mon pays ;

de prouver par ma conduite, ma conviction, que la fortune consiste moins dans le bien que l’on a, que dans celui que l’on peut faire ;

de ne point mettre à trop haut prix le savoir que je dois à la générosité de ma patrie et à la sollicitude de tous ceux qui m’ont permis de réaliser ma vocation.

Que toute confiance me soit retirée s’il advient que je me parjure »


RESUME

L’élevage et particulièrement la production du lait occupe une place prépondérante comme facteur de réduction de la pauvreté et de croissance économique au Mali. La présente étude qui vise à contribuer à l’élaboration de référentiels techniques des exploitations laitières dans le bassin laitier de Kassela au Mali a été réalisée dans 28 sites laitiers préalablement répertoriés dans un rayon de 90 km de la capitale du Mali (Bamako). Un choix raisonné de 50% des élevages identifiés a permis d’administrer le questionnaire à 100 éleveurs avec un effectif de 4 170 animaux dont 2 102 vaches en reproduction et 827 vaches en lactantion. Les résultats ont montré trois types d’élevages (semi intensif, pastoral sédentaire et agropastoral) sur la base des caractéristiques socio professionnelles des éleveurs et zootechniques. En effet, les éleveurs possédaient un très petit nombre de vaches laitières (en moyenne 8,81 % du cheptel bovin) tandis que les vaches en reproduction représentaient 21,08 % pour un troupeau moyen de 42 têtes. Par contre, la production s’étalait sur toute l’année (35 et 36,5l/élevage/jour pendant l’hivernage et la saison sèche respectivement). La totalité du lait produit (environ 1500l/Jour) était vendu frais en raison de la présence d’une mini laiterie et de quatre centres de collecte. Par ailleurs, les Peulhs constituent l’ethnie majoritaire (52,52 %) et représentent 24 % des agro-éleveurs sur un total de 36 % (Couronne 3) et 19 % des peulhs ne pratiquent que l’élevage (Couronne 2). En outre 37 % des éleveurs sont des citadins résidant à Bamako et qui sont de fonctionnaires, retraités et commerçant (couronne 1). Le mode d’alimentation est le pâturage mais 97% des éleveurs disent apporter un supplément alimentaire. L’insémination artificielle est effectuée dans 45% des élevages avec 47 % de réussite et l’intervalle vêlage-vêlage d’environ 17 mois. L’âge moyen de première mise à la reproduction était d’environ 3 ans et 4 ans pour la première mise-bas. Les pathologies les plus dominantes sont la fièvre aphteuse (82 %) suivi de la trypanosomiase (58 %). Cette étude révèle des contraintes qui nécessitent et exigent des actions concrètes à l’état malien visant à la mise en place d’une plateforme performante, dynamique et durable, d’une usine de transformations de lait local et un encadrement technique adéquat des agents terrain et des éleveurs. Mots-clés : Bovin laitier – Production laitière –type d’élevage – Bassin laitier – Kassela – Mali. Mme Coulibaly Diahara Himeidou Tel : 0022376362785/00221778228212 Mali-Bamako-Faladjé-Mali Univers, Rue 886 et Porte 714 Email : himeidou @yahoo.fr


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