Tête à tête avec une membre du staff

Entretien avec Noémie Danthine, Directrice Sustainable Hospitality Services

Veuillez vous présenter et nous parler de ce que vous faites à l’EHL ?

ND: J’ai commencé en tant que chef de projet pour le Secrétariat général de l’EHL. Ensuite, j’ai eu l’occasion de créer et de diriger le service de durabilité, où j’ai supervisé le développement de la stratégie de durabilité pour l’ensemble du Groupe EHL ainsi que son déploiement. Depuis janvier, je dirige les services d’hospitalité durable de l’EHL. Ce nouveau segment comprend nos services immobilier, bien-être et développement durable, service dont je reste la directrice.

Que signifie le développement durable pour le Groupe EHL ?

ND: Il n’existe pas d’approche unique de la durabilité, ni de définition unique. La durabilité est un sujet complexe et systémique qui englobe de nombreux aspects différents. À l’EHL, nous avons décidé de nous en tenir à la première définition proposée pour la durabilité, celle du rapport de Brundtland de 1987, qui est communément acceptée. La durabilité est alors définie comme « répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins ». Et comme on le voit avec cette définition, la durabilité est un vaste sujet !

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Je tiens à souligner que lorsque nous parlons des besoins, nous nous concentrons non seulement sur l’environnement et les ressources, mais nous prenons également en compte les éléments sociaux. Nous essayons d’adopter une approche holistique et d’intégrer notre réflexion sur l’éducation, nos collaborateurs, les communautés locales et nos parties prenantes.

L’EHL a défini 4 piliers pour contribuer au-delà de la pédagogie. Comment les mesurez-vous ? Quel impact avez-vous observé jusqu’à présent ?

ND: En effet, nous avons décidé d’articuler notre stratégie de durabilité autour de quatre axes principaux, nos piliers. Le premier, c’est bien s û r l’éducation. En tant qu’école, il est essentiel pour nous de nous assurer que nos élèves apprennent à conna î tre le développement durable tout au long de leur programme, à la fois dans la salle de classe et en dehors. Notre deuxième pilier, c’est notre communauté : nos étudiants, nos collaborateurs et nos professeurs, sans oublier bien s û r les alumni ! Ici, nous voulons favoriser un environnement sain, s û r et propice pour tous nos membres en soutenant la diversité et l’inclusion. Notre troisième objectif est de nous concentrer sur les communautés et de voir comment nous pouvons redonner aux communautés locales et mondiales et avoir un impact plus important. Enfin, notre dernier pilier, et non le moindre, est le souci de l’environnement : nous avons un objectif clair, à savoir de limiter l’impact de nos activités sur l’environnement et notamment l’impact de nos infrastructures.

Comment nous mesurons nos progrès ? Eh bien, nous avons d’abord effectué une analyse d’impact chaque fois que cela s’avérait pertinent et possible. Nous avons calculé l’empreinte carbone d’un large éventail d’activités sur notre Campus de Lausanne, mais également à Passugg et à Singapour. Ces calculs nous permettent d’avoir une vision claire de notre position et d’identifier les leviers les plus efficaces. Cela nous aide à définir des objectifs ambitieux et à suivre nos progrès.

Pour d’autres aspects, si un calcul de l’empreinte carbone risque de s’avérer inexact, nous avons identifié d’autres types d’indicateurs à prendre en compte. Par exemple, le rapport entre les genres, le nombre de cours liés à la durabilité ou les différents partenariats établis avec des organisations locales ou des ONG travaillant dans l’éducation hôtelière, etc.

En matière de responsabilité et de transparence, nous rendons compte de nos efforts en matière de développement durable via la publication de notre Rapport social et environnemental. Ce rapport compile nos progrès et affiche ces indicateurs clé de performance. Il présente également des projets concrets pour donner un peu de substance aux chiffres et aux graphiques. Depuis l’an dernier, nous suivons les normes GRI, un cadre largement adopté pour les rapports sur le développement durable afin de nous aider à identifier les domaines dans lesquels nous pouvons améliorer nos performances. Notre rapport social et environnemental 2022 vient tout juste de paraître et nous vous encourageons à le consulter (ici).

Quel est l'impact de la construction du nouveau campus sur les efforts de l'EHL en matière de développement durable ?

ND: Il est extrêmement difficile de construire un nouveau campus sans laisser d’empreinte carbone. Les émissions de la construction ont été mesurées et un plan sur 5 ans établi pour les compenser. À ce jour, 58% des émissions de carbone générées par les travaux de construction ont déjà été compensées, et notre objectif est de compenser entièrement toutes nos autres émissions d’ici 2024.

Il convient de noter que notre nouveau campus respecte les normes Minergie-P, des normes suisses hautement reconnues en matière d’efficacité énergétique et de bâtiments à faible consommation d’énergie. Nous avons investi dans le renouvellement des sources d’énergie en nous appuyant sur 44 sondes géothermiques, en mettant en place un système innovant de récupération de la chaleur des eaux usées et en installant de nouveaux panneaux solaires couvrant l’équivalent de trois piscines olympiques. Pour autant, nous poursuivons notre chemin vers l’intégration de la durabilité à plus grande échelle dans le cadre de nos opérations générales, et nous continuons à faire des efforts pour réduire notre impact environnemental.

Pourquoi introduire la thématique de la durabilité dans le domaine éducatif ? Quel en est l’objectif ?

ND: Comme nous l’avons dit précédemment, l’éducation est au cœur de notre stratégie de durabilité. Nous nous engageons à intégrer la durabilité dans le parcours éducatif de nos étudiants à l’EHL en proposant des cours dédiés, mais également en instillant la durabilité dans les différents cours et dans le nouvel avenir de notre approche pédagogique.

Nous proposons également des initiatives et des activités sur le campus pour compléter l’apprentissage en classe et continuer à éduquer nos étudiants à la responsabilité environnementale et sociale. Nos étudiants doivent vraiment comprendre que le développement durable est un sujet complexe, mais aussi réaliser que chaque petite étape peut contribuer à un objectif plus large. Nous espérons vraiment qu’ils prendront cette perspective avec eux partout où leur carrière les mènera.

En termes de durabilité, que pensez-vous mettre en œuvre dans les 5 prochaines années ?

ND: C’est une excellente question ! Pour le moment, nous travaillons sur la stratégie 2030 pour notre segment, et il est clair que la durabilité en sera au centre. Parallèlement à ce travail stratégique, nous définissons également des objectifs à court terme, et voici quelques exemples que j’aimerais partager avec vous

Nous continuerons à calculer nos émissions de ES, en essayant toujours d’affiner le calcul et d’identifier des moyens concrets de réduire nos émissions. Nous travaillons également à l’établissement d’un plan climatique complet pour notre campus de Lausanne, en fixant des objectifs ambitieux de réduction de l’impact. Le plan climatique inclura nos autres campus dans les années à venir

Sur le plan social, nous travaillons à la rédaction d’un plan pertinent pour la diversité et l’inclusion au sein de l’EHL. Ce plan établira un cadre qui permettra à l’ensemble de la communauté EHL, alumni inclus, de se sentir valorisée, respectée, engagée et responsabilisée. Nous espérons qu’il renforcera également le sentiment d’appartenance de tous nos membres

Au cours du mois à venir, nous lancerons un projet de circularité axé sur certains produits et services sur notre Campus de Lausanne en mettant l’accent sur un cycle de vie prolongé des produits, en évitant les articles à usage unique et en réduisant notre consommation d’énergie.

Y a-t-il autre chose que vous aimeriez partager avec la communauté ?

ND: Je tiens à souligner que l’innovation est un sujet important pour l’EHL. Nous pensons qu’il est essentiel de soutenir le développement de solutions durables et innovantes dans le secteur. Nous aimerions que nos campus soient utilisés comme laboratoires vivants, où les étudiants, la faculté, les membres du personnel et même les parties prenantes externes pourraient tester leurs idées, puis les affiner pour pouvoir ensuite proposer des solutions concrètes. Avoir des campus comme terrain d’essai renforce la créativité, l’émulation et les synergies. Cela permettrait également à nos étudiants de bénéficier d’opportunités d’apprentissage expérimentales uniques et d’éveiller chez eux un sens profond de l’entrepreneuriat.

Enfin, en ce qui concerne nos alumni, nos campus pourraient devenir des plateformes idéales pour développer de nouvelles technologies et de nouveaux services durables.

L’EHL a-t-elle travaillé avec des entreprises d’alumni ou des start-ups en ce sens ?

ND: Absolument ! Nous travaillons en étroite collaboration avec notre centre d’innovation et sommes en contact avec l'équipe Alumni a l'interne. Comme je viens de le mentionner, nous sommes profondément intéressés par le fait de tester de nouvelles idées, de nouveaux concepts ou des innovations, en particulier lorsqu’ils proviennent de nos alumni ou de start-ups de l’EHL.

Un exemple concret ? Notre partenariat avec Beelong, une start-up de l’EHL fondée par deux alumni. Beelong propose une application robuste qui calcule l’impact environnemental des produits alimentaires et des repas. En utilisant cette solution, nous avons pu mesurer avec précision l’empreinte carbone de nos produits de restauration achetés, mais nous avons identifié des moyens efficaces de réduire leur impact en sélectionnant des alternatives plus respectueuses de l’environnement. Beelong nous a également aidés à mettre en œuvre un système d’éco-scores pour tous les repas servis dans notre nouveau restaurant végétalien, le Shadwood.