Aman dine
C’est lundi, c’est grand soleil, mais c’est distanciation sociale obligée, toujours pareil on le voit écrit on nous le dit, on nous le crie. La distance recommandée ce sont deux bras, avec lesquels justement on voudrait ce dont notre cœur et notre âme ont besoin, s’apprivoiser à nouveau, se parler de près, voir en vrai nos visages et le son de nos voix. Dans la maison d’Amandine, il y a Amandine, il y a le mari d’Amandine et quatre petits dont un très petit bébé. Dans cette maison confinée l’intérieur Bible a un très bon goût qu’on réapprend à partager. Et donc ? Et donc, on est tous ensemble à vivre les uns sur les autres mais on y était déjà un petit peu habitués parce que je leur faisais l’école à la maison depuis septembre et on a appris, on s’est rodés déjà à se frotter les uns aux autres, à apprendre à se connaître, à s’écouter et à s’aimer tels que l’on est avec nos forces et nos faiblesses. Ce confinement donc ne change pas grand-chose pour nous si ce n’est qu’on ne peut plus sortir au resto. Pour le reste, on a toujours nos moments ensemble, nos
temps bénis parce que je trouve que ce confinement est un temps vraiment mis à part par Dieu dans sa grâce pour nous, pour qu’on apprenne à se recentrer. C’est donc un temps de grâce et de miséricorde que l’on vit très bien. Quand ça va mal dehors, regardons ce qui va bien dedans, disent tous les pédopsys qui donnent de la voix ces jours-ci. Au lieu de nous centrer sur la menace, n’est-ce pas bon de tracer notre horizon dans la reconnaissance ? D’être ensemble, de tisser des liens nouveaux de tendresse, de réapprendre à aimer mieux pour ne pas être assourdis par la peur, la panique ou l’impuissance. A quoi donner la place, qu’est-ce qui donne du sens à tout ça, quel choix, quelle grâce ? La place de la Bible dans notre foyer ? On essaie de lui donner la place centrale, enfin la place centrale à Dieu et donc, on essaie de se nourrir de la Parole de Dieu mais quand on a une grande famille, il faut trouver le temps. Donc là, je puise dans mes réserves d’adolescente parce que je lisais beaucoup la Bible et donc à chaque fois qu’il y a quelque chose de bien ou pas bien, des versets me reviennent dans la tête et je voudrais donner cet encouragement aux jeunes tant qu’ils ne sont pas parents : « profitez, lisez la Bible ! Puisez, puisez, faites des réserves parce qu’après on n’a plus trop le temps ! »
Profitez, lisez la Bible ! Puisez, puisez, faites des réserves parce qu’après on n’a plus trop le temps !
A part ça, c’est notre gps, on essaie de se laisser guider par elle. Par exemple, quand ma fille m’a dit : « maman, tu vas faire l’école à la maison ? », j’ai dit : « Seigneur, t’es sûr de ça ? » ou quand je suis tombée enceinte de la quatrième, j’ai dit : « Seigneur allez, t’es sûr ? » Et voilà, Il m’a répondu avec un verset qui m’a vraiment fait du bien et que je vais vous partager : « N’aie pas peur car je suis moimême avec toi, ne promène pas des regards inquiets car je suis ton Dieu. Je te fortifie et je viens à ton secours. Je te soutiens par ma main droite, la main de la justice ». C’est lundi. Amandine joue la transparence. Elle a envoyé une photo d’une pièce de la maison. Sur la photo on voit des boites, des sacs, des bols qui ont tous déversé sur le sol tout partout des livres et des jouets, des tiroirs vidés de leurs crayons, semés sur le parquet les indices désordonnés de cette insoutenable légèreté de la vie qui continue, c’est le titre qu’Amandine a donné à la photo. Dans le tas une Bible pour enfants, avec un verset dedans, qu’elle a choisi. Je lui demande pourquoi, pourquoi celui-là. En ces moments de confinement, il y a un verset qui revient beaucoup et que j’aimerais vous partager, c’est le Psaume 91 : « celui qui demeure à l’abri du Très-Haut repose à l’ombre du Tout-Puissant. Je dis à l’Eternel : Tu es mon refuge, ma forteresse, mon Dieu en qui je me confie car c’est Lui qui te délivre du filet de l’oiseleur, de la peste et de ses ravages. Il te couvrira de ses ailes et tu trouveras un refuge à l’ombre de son plumage. Sa fidélité est un bouclier et une cuirasse. Tu ne redouteras ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui vole durant le jour, ni la peste qui rôde dans les ténèbres ».
Dans cette famille, y-a-t-il quelqu’un qui a peur de la peste qui rôde, ou du filet de l’oiseleur, ou de la flèche qui vole durant le jour ? Amandine a demandé ça à son grand garçon et il a répondu. Quand j’ai peur la nuit, je prends ma Bible, je me mets à lire et puis, je lâche ma Bible, je tombe dans mon lit et je dors. Et quel passage ? Le Psaume 23. Il parle de quoi ? D’un bon berger qui me conduit dans des eaux paisibles. Quand on marche dans la vallée de l’ombre et de la mort, on n’a pas peur. Voilà. Pourquoi on n’a pas peur ? Parce qu’Il est avec nous. Et t’as peur pour le moment ? Euh un peu, un tout petit peu. Avec le corona ? Et tu crois que Dieu va te protéger ? Oui. Amen. Avant de se coucher, attraper dans le petit filet de son cœur les quelques mots de confiance que Dieu donne, comme un poussin sous les plumes de la couette dont le couvre sa mère. Et Dieu murmure encore, je lui donnerai une vie longue et belle, je lui montrerai que je suis son Sauveur.
Pourquoi on n’a pas peur ? Parce qu’Il est avec nous.
Puisque la volonté de Dieu est d’engendrer en nous une parole vraie, pour que nous soyons pleinement ses enfants, alors devenons des réalisateurs de la Parole, que ce temps où nous nous approchons de lui à nouveau soit un temps qui nous enfante, et nous fasse pleinement goûter au vivant.
Compte patiemment sur le Seigneur. Sois fort et reprends courage, oui, compte patiemment sur le Seigneur ! 70
Psaume 27 : 14
Fré déric
Personne ne lâche plus maintenant ce qui est devenu une habitude, disons un rendez-vous, cette chose qui traduit avec joie ce qui nous manque : être ensemble, joyeusement. Alors tous les soirs à vingt heures on ouvre les fenêtres, on applaudit, on joue de la guitare ou du trombone, on tape dans les mains on gigote on sautille on danse. Hier à Tournai, ce soir à Douai ou Marseille, et aux fenêtres et dans la rue les enfants. Parce que c’est ça, les écoles sont fermées depuis deux semaines, et seulement 3% environ des enfants y vont quand même, les enfants de ceux que tous les soirs on applaudit, justement. Frédéric est directeur d’une école dans laquelle il n’y a personne, sauf lui, tous les matins il se lève et il va à l’école. Ce matin, il y est, je lui dis bonjour, il me répond. Bonjour ! C’est vrai que quand je vais à l’école tous les matins, ça fait assez bizarre de voir une école vide. Nous n’avons pas d’enfant en garderie mais on est présents pour eux, en tout cas pour les personnes qui auraient absolument besoin de
garderie comme le Ministère l’a souhaité. Sinon, je prends du temps pour moi. Je vais plus souvent me balader et j’apprécie cette liberté que nous avons encore, à vélo, à pied et je prends aussi beaucoup plus de temps pour de chouettes jeux de société en famille, avec les enfants. Puis, on peut vraiment profiter aussi de ce confinement, que je ne vis pas du tout comme un problème puisqu’il y a encore cette marche de manœuvre, et cette liberté qui nous est accordée. Ces trois semaines de suspension représentent l’équivalent de 10% du temps d’apprentissage d’une année scolaire, ce qui est considérable. Ajoutées aux deux semaines de vacances de Pâques qui suivront, cela représentera au total cinq semaines de rupture de cours, soit la moitié des vacances d’été. C’est beaucoup, pour les enfants. C’est inquiétant, pour le corps enseignant. Ce qui se joue, c’est la confiance. La confiance elle se nourrit. Pour Frédéric, c’est la lecture de la Bible qui nourrit la confiance. Et Frédéric avoue qu’il avait disons, du retard. Effectivement, j’ai pu rattraper le retard que j’avais sur mon petit guide de lecture quotidienne édité par les sociétés bibliques francophones. Ça me fait beaucoup de bien. Je redécouvre la Bible. On l’a déjà lue plusieurs fois quand on est
Je redécouvre la Bible, je prends plus de temps, plus régulièrement.
tombé dedans quand on était petit, comme moi. Mais vraiment, je prends plus de temps, plus régulièrement, tous les matins dès que je peux, on vit au ralenti et c’est une bonne chose pour cela. La cour de récré est vide. Plus de pieds qui secouent les graviers de la cour. Plus loin il y a les classes posées dans le jardin où poussent les fleurs de pissenlit, mais personne qui joue dans le gazon, rien ne bouge pas de jeux, pas de cris, pas de joie. Restent les arbres et les oiseaux dedans, parce que quand même, c’est le printemps. Pour le directeur d’école, c’est stressant, il me le dit. Mais Frédéric me parle d’une séquence biblique qui lui fait du bien, en ces temps stressants. En fait, elle m’avait déjà tapé dans l’œil, si je peux dire cela comme ça, il y a quelques semaines mais je suis très heureux de l’avoir mise par écrit sur la première page de ma Bible pour m’en rappeler tous les jours et en particulier dans ces temps qui peuvent être stressants pour certains. Ces quelques mots dans le Psaume 27 : 14 disent : « espère en l’Eternel ». La situation actuelle du confinement et de toutes nos restrictions mais aussi dans tous les projets de ma vie, de mon ministère, c’est quelque chose qui me donne beaucoup de force et de courage. Un jour les choses reprendront leur cours dans cette cour. Le chahut joyeux des graviers secoués et des jeux, tout reviendra. En attendant ce temps, se confier en celui qui écoute, qui est un sol sûr, ce Dieu qui bénit ceux qu’il chérit, en inspirant dans leur cœur la patience, la paix, la joie simple de se savoir en vie.