Saint Claude La Colombière

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CORRESPONDANCE ET DIRECTION

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« Mon frère ne m’écrit que fort rarement ; … je ne lui en sais point mauvais gré. Dans le dessein qu’il a de se donner tout à Dieu, je suis ravi d’être le premier qu’il oublie. » Et plus loin : « Quoique je vous aime tendrement, je consentirais volontiers d’être effacé de votre mémoire, si je n’en sortais que pour faire place à Jésus Christ, qui mérite seul votre tendresse 215. » Si la plume du jésuite dénote parfois quelque humeur, c’est quand il a lu dans une lettre : Quel dommage que vous ayez quitté Paray ! « Ne me parlez plus, s’il vous plaît, de la perte que vous avez faite à mon départ ; c’est trop regretter un misérable qui était plus capable de vous nuire par lui-même que de vous servir 216. » A l’égard de sa sœur visitandine, qui lui est pourtant si chère, Claude ne se sert pas d’une encre différente. « Vous me marquez que, si j’avais le temps de vous voir souvent, vous seriez meilleure que vous n’êtes. Peut-être n’avezvous pas bien fait réflexion que vous avez, dans votre solitude, Celui duquel vient toute grâce spirituelle, sans le secours duquel nul homme ne peut vous être utile et qui n’a que faire de moi ni de nul autre pour vous sanctifier. Examinez bien ce point et ne répliquez rien à cette pensée, parce que vous n’y pouvez rien répondre de solide : il n’y a que notre peu de confiance qui nous empêche de profiter de la présence de Jésus Christ, qui n’est pas parmi nous pour n’y rien faire ; mais on a si rarement recours à lui et on y va avec si peu de foi que ce n’est pas merveille si on a si peu part aux trésors de lumière et de bénédictions qu’il communique à ceux qui s’adressent à lui comme au Maître et à la source de toute perfection 217. »


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