#4 Fluxus Mundi

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FLUXUS MUNDI Routes de la soie / 2

Travaux / Atelier Marc Vaye Printemps 2011


Il était une fois les routes de la soie... Une princesse de l'empire des Han / Huang-Ti confectionne une étoffe de fils secrétés par le Bombyx Mori, la soie. Sa fabrication restera, plus de six siècles, un secret d'état jalousement gardé. Article industriel de luxe, peut-être le premier, la soie est d'abord offerte aux nomades, en tribut pour la paix. Dès le IIe siècle avant notre ère, au même titre que l'or, elle est une monnaie d'échange entre les peuples de l'Antiquité : Han, Perse, Syrien, Romain. Un géographe allemand / Au XIXe siècle, Ferdinand Von Richthofen donne un nom au réseau de communication qui traverse l'Eurasie depuis deux milles ans, les routes de la soie. Celles des caravanes, aux trajets fluctuants, celles des navigateurs si incertaines. Route des religions, des sciences, des arts et des techniques. Routes d'échanges, de dialogues parfois tumultueux. Un navigateur génois / Au XVe siècle, Byzance est cernée par les turcs, la route est coupée. En Europe, de nouvelles conceptions du


monde voient le jour. Le 3 Août 1492, Christophe Colomb quitte un port du sud de l'Espagne. Il espère atteindre le Japon et la Chine, par la mer, en naviguant vers l'Ouest. À la recherche de Cathay, il emporte une des premières éditions imprimées du livre de Marco Polo, Le devisement du monde. À défaut d'atteindre les contrées décrites par le marchand vénitien, il révèle à l'Ancien Monde, celui que l'on dira Nouveau, l'Amérique, et ouvre la voie à un nouveau tracé de la route de la soie. À partir de 1571 et pendant deux siècles, les galions de Manille, Nao de China, relient les Philippines à Acapulco. Puis la soie traverse l'isthme mexicain par caravanes et est embarquée à Vera Cruz pour Séville. La route s'inverse, devient transocéanique et globale. Le voyage de Christophe Colomb inaugure les Temps Modernes. Les flux d'échanges sont désormais circumplanétaires introduisant dans le même temps la finitude du monde. La boucle est bouclée. Cinq siècles plus tard, après en avoir fait le tour à la vitesse de la lumière, nous le quittons pour aller le regarder depuis la lune.

Et que voit-on depuis la Lune ? La Terre, notre nouveau paysage.


Scénario Pour des villes légendaires. Pour les cosmonautes, à voir du ciel, la nuit. Pour les promeneurs solitaires, à parcourir, en silence. Pour vivre mieux, à l'image du Paradis. Pour rendre visible les immatériaux.


Global Le dispositif à concevoir est un hommage aux routes de la soie considérées comme l’archétype des réseaux d'échanges planétaires. Il est chaîné, circumplanétaire et composé d'éléments ponctuels téléconnectés. Local Chacun est implanté dans une ville située sur un des tracés historiques et décliné selon le génie de l’aire culturelle. Autres thèmes Il traite la question de l'espace public et du monument à l'époque de la téléprésence, évoque l'écoulement des flux et tisse une relation poétique entre espaces des lieux et espaces des flux. C’est un péripatoi, lieu pour déambuler à plusieurs, et un otium, lieu pour s’isoler de l’agitation du monde, où est cultivé le sens et le goût d'être à la fois, là et le messager de l'ailleurs. C’est aussi un territoire d'expériences, un support physique et symbolique du temps partagé, et enfin une allégorie de l’urbain.

Chaussée La chaussée introduit une rupture dans le paysage autant qu'elle le révèle. Elle instaure dans le territoire une continuité entre les hommes. Connexion de l'ici à l'ailleurs, du seuil et de l'horizon. La chaussée est réversible, ce qui la distingue de la piste de l'errance. Artefact contre l'insoumission primitive des espaces. La chaussée est un socle, dur, pesant, un hymne à la matière. Lit de pierre, cailloux cassés, sables, goudrons et bitumes. Univers minéral. Aqueduc et bassin à débordement Figure classique de l'écoulement canalisé. Véhicule statique. L'aqueduc défie la topographie, simplement, par gravité. Murmure frais de l'eau qui coure et miroir fragile pour se rafraîchir ou contempler le reflet du ciel. Lumiduc Réseau de points, lignes et surfaces. Message lumineux à voir du ciel la nuit. Éoliennes et capteurs photovoltaïques Capter les flux du soleil et du vent, l’énergie climatique renouvelable. Fabriquer l’électricité pour conquérir la nuit.



4 Monolithes - Jardins de solitude Un jardin parfait doit contenir rien moins que l'univers entier, c’est un index planétaire et un enclos qui rassemble le meilleur. C'est un clos ouvert, c’est-à-dire à la fois une clôture réelle qui protège et une ouverture virtuelle qui favorise la navigation du pollen, le brassage des espèces en vue de la conquête de l'étendue des territoires et de l'altérité. Quatre jardin-monde, comme figure du Paradis. Quatre jardins de solitude comme une collection coordonnée : différentes traditions culturelles, jardins secs ou humides, jardins pour des plantes nourricières, d’agrément ou médicinales. Entre-deux Chaque jardin de solitude est précédé d’une anti-chambre dotée d’une assise qui instaure un entre-deux entre la chaussée et le jardin de solitude. 1 Monolithe - Musée en abîme Masse mystérieuse sans fenêtre. Accès dérobé. À l'intérieur, dans la pénombre, des fenêtres sur le monde. Fresques électroniques, cartes animées, chambres de téléprésence. L’univers de la soie, son histoire et sa fabrication, ses variétés. Une exposition pour le plaisir du toucher.

Antenne téléport Au XIXe siècle, le télégraphe électrique est une révolution qui rompt avec les anciennes messageries au profit d'une impalpable propagation. Déterritorialisée. Immédiate. Immatérielle. Le téléport transmet des signaux. Point visible de routes invisibles. Relais comme le port ou l'aéroport. Routes maritimes dans l'océan des courants et des vents. Routes célestes dans l'océan atmosphérique. Le téléport de l'océan informationnel. La route qui se sait, qui relève du logiciel, un savoir plus qu'un artéfact. Figure de l'espace des flux, le téléport induit la suprématie de la distance-vitesse sur celle de l'espace-temps, induit la suprématie de l'unité bit /seconde sur celle du kilomètre/heure. Les connaissances transmises à la vitesse absolue.


Villes étapes sélectionnées

Acapulco La Havane Vera Cruz

Séville


Almaty

Och

Istambul

Turfan Tbilissi Tashkent Kashgar Tyr Samarcande Damas Rome Nishapour Kaboul Alexandrie Agra Venise

Xian

Manama Sanaa Surabaya

Canton Manille


La carte et le territoire Arpenter

Google Earth

Mesurer la superficie des terres. Parcourir à grands pas, rapidement.

Initialement connu sous le nom de Earth Viewer, Google Earth est un logiciel permettant une visualisation de la Terre avec un assemblage de photographies aériennes ou satellitaires.

Par extension c’est la méthode concrète de découverte des territoires par le déplacement. Cela suppose une présence physique, l’engagement du corps, ainsi que la mobilisation plus ou moins intense de tous les sens. Arpenter est la procédure de lecture sensible et raisonnée, sous une forme codée ou normée, des caractéristiques existant concrètement dans un territoire ou un espace. Vient ensuite l’interprétation paysagère qui, à ces indices concrets, associe des considérations plus libres de l’ordre de l’imaginaire : des embrayeurs d’imaginaire.

Il permet pour tout utilisateur de survoler la Terre et de zoomer sur un lieu de son choix. Selon la région géographique, urbaine ou rurale, la précision de la photographie, la résolution, est plus ou moins bonne. Les fictions cinématographiques et les médias télévisuels l’utilisent couramment pour situer le lieu de l’action ou de l’évènement. Tant les militaires, espionnage, que les voleurs, cambriolage, ont su en faire bon usage. Les cadrages choisis peuvent être téléchargés et devenir des cartes qui comblent de joie géographes et architectes.


Xian Arpenter versus Google Earth Comment comparer l’immersion dans un milieu concret et l’observation froide d’une représentation virtuelle ? Confondre la carte et le territoire est une grossière erreur d’appréciation, mais il n’est pas interdit de tester les potentiels qu’offrent, en temps direct, les vertiges de l’ubiquité. À défaut de pouvoir parcourir les routes de la soie, de ressusciter des villes légendaires aujourd’hui disparues, 26 étudiants se sont plongés dans les délices d’une virtualité sophistiquée à la recherche d’un lieu propice à être seul et à être ensemble. Espace des lieux. Espace des flux.


Turfan

Kashgar

Och


Almaty

Tashkent

Samarcande


Kaboul

Agra

Nishapour


Damas

Tyr

Alexandrie


Tbilissi

Istambul

Rome


Sanaa

Manama

Venise


Canton

Manille

Acapulco


Vera Cruz

La Havane

Séville


Istambul Jerry Pelerin


Hommage

Jardins porteurs

ChaussĂŠe

Ensemble


Parcours linéaire

Parcours descendant

Parcours souterrain

Parcours ascendant

Monolithes porteurs Parcours minéral Végétal+eau



Rome

Secretus

Vanessa Stassi Vestiges Fouilles Indices

Chambre de téléprésence

Jardin du miroir lisse

Jardin de la fontaine jaillissante

Jardin de la cascade

Jardin des jeux d’eau



Samarcande Stéphane Girold

Fracturation

Séparation

Dis

S

Jardin de l’air

Jardin de l’eau


spersion

Air Eau

Terre

Feu

Soie

Jardin du feu

Jardin de la terre


Tashkent Melissa Chiche



Manama Abdullah Al Muraiqeb



Turfan Clotilde Roger de Campagnolle

Jardin de l’odorat

Jardin du goĂťt


Chambre de téléprésence

Jardin du toucher

Jardin de l’ouie


Alexandrie Franck Dugué

Chambre de téléprésence



Séville Laurie Decarre

Chambre de téléprésence


“Le parfum reste la forme tenace du souvenir.“ Marcel Proust



Manille Moumnani Tagnaouti


Canton Charles Vaneph

Jardin de la montagne

Jardin de l’isolement

Jardin de la flore Chambre de téléprésence



Tbilissi Olivier Pozzo di Borgo

Jardin du lac

Chambre de téléprésence

Jardin des sources chaudes


Jardin des thermes



La Havane Audrey Seraline


Venise Marwane Hsaine

Chambre de téléprésence



Sana’a Najib Wakhmis


Jardin de l’eau

Jardin du relief


Damas Mohammed Youness Berrada

Jardin arabe


Jardin mongol

Jardin chinois

Jardin persan


Xian Adil Abadi

Cocon


Och Axel Allione

Monolithe de l’eau

Monolithe du feu

Monolithe de la terre


Kashgar Sofia Bennani

Jardin persan Jardin chinois

Potager Verger


Kaboul Clément Donnefort

Pisé

Jardin de la terre Jardin de l’eau

Jardin du vent


Almaty Marc-Emmanuel Privat

Jardin parabolique


Nishapour Elnaz Aryan


Agra Dina Bennani

Pliage


Tyr Pauline Alexandrou

Chambre de téléprésence


Acapulco Diana Pinilla Romero


Vera Cruz Ali Khalidi

Chinanpas / Jardin Aztec


#4 FLUXUS MUNDI Routes de la soie / 2

Travaux / Atelier Marc Vaye Printemps 2011 Assistant Matthieu Bréau Invités du jury Lina Gotmeh Jean-Claude Moreau Étudiants Cycle Master Adil Abadi Pauline Alexandrou Axel Allione Abdullah Al Muraiqeb Elnaz Aryan Sofia Bennani Dina Bennani Mohammed Youness Berrada Melissa Chiche Laurie Decarre Clément Donnefort Franck Dugué Stéphane Girold Marwane Hsaine Ali Khalidi Jerry Pellerin Diana Pinilla Romero Olivier Pozzo di Borgo Marc-Emmanuel Privat Clotilde Roger de Campagnolle Audrey Seraline Vanessa Stassi Jamil Tagnaouti Moumnani Charles Vaneph Heliana Venancio Santos Giuliari Najib Wakmis École Spéciale d’Architecture Scénographie de l’exposition des travaux / juin 2011 110 formats A1 réduits et assemblés sur un format A3

Bibliographie conseillée Jean-Pierre Drège / La route de la soie / Bibliothèque des Arts 1986 Luce Boulnois / La route de la soie / Éditions Olizane 1986 Jean-Pierre Drège / Marco Polo et la route de la soie / Découvertes Gallimard Histoire 1989 Manuel Castells / La société en réseaux / Fayard 1998 Les cahiers de médiologie N°2 / Qu'est ce qu'une route / Gallimard 1997 Les cahiers de médiologie N°7 / La confusion des monuments / Gallimard 1999


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