manuel d'élevage félin

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3 - Pédiatrie : de la naissance au sevrage

Lait et allaitement

Concentration du colostrum et du lait en anticorps Chez la chatte comme dans les autres espèces, le colostrum est très riche en anticorps. Mais la particularité de l’espèce féline est de sécréter un lait tout au long de la lactation qui est encore assez concentré en immunoglobulines, même s’il l’est moins que le colostrum. Ce phénomène particulier permet de rendre les adoptions efficaces, quel que soit le stade de lactation de la nourrice.

Le colostrum Durant les deux à trois premières semaines de vie, les nouveau-nés ont la particularité d’avoir un système immunitaire apte à fonctionner, mais encore incapable de produire des anticorps. Ils ne peuvent donc pas se défendre seuls contre les agressions microbiennes extérieures.

En fonction des études et des auteurs, le passage des immunoglobulines est décrit comme étant possible durant les premières 16 à 24 heures de vie. Néanmoins, en pratique et en particulier lors de suivi de cas d’érythrolyse néonatale, il a pu être observé des signes cliniques chez des chatons ayant été séparés 24 heures de la mère.

Pendant toute cette première période de la vie c’est la mère qui va suppléer à cette incapacité en transférant au chaton une partie de ses défenses. On parle “d’immunité passive”. La façon dont la mère transmet ces anticorps diffère en fonction des espèces.

Le remplacement du colostrum

Dans certaines espèces, particulièrement les primates (dont l’homme !) et les rongeurs, le passage des anticorps de la mère aux petits se fait principalement durant la gestation : le placenta, organe d’échange entre la mère et ses fœtus permet le transfert de ces éléments. Le jeune à la naissance est déjà pourvu de 75 % de ses défenses immunitaires. Chez le chien et le chat, la placentation est différente - on parle de placentation endothéliochoriale - le passage durant la gestation est alors très limité et moins de 5 % des défenses nécessaires au chaton sont présentes dans son sang à la naissance. C’est le colostrum, chez la chatte, qui va contribuer à la mise en place des défenses immunitaires du nouveau-né. Mais la mère ne peut, bien entendu, transmettre que les anticorps qu’elle possède. Elle confère donc à ses chatons une protection contre les germes de son environnement et contre les maladies qu’elle a contractées auparavant ou contre lesquelles elle a été régulièrement vaccinée. Par conséquent le statut vaccinal de la chatte doit être à jour au moment de la mise à la reproduction.

Absorption des anticorps par le chaton Les anticorps sont des protéines. Elles sont donc théoriquement susceptibles d’être digérées au cours du transit. Mais un phénomène particulier existe chez le jeune chaton, appelé “perméabilité intestinale”. 154

Pendant quelques heures après la naissance, le taux d’enzymes intestinales destiné à digérer les protéines est plus faible et les cellules intestinales appelées entérocytes permettent le passage des immunoglobulines directement dans la circulation sanguine. Puis, ce phénomène cesse et les anticorps absorbés n’ont plus qu’un rôle de protection locale du tube digestif ou ils sont digérés.

Le colostrum est le produit secrété par les glandes mammaires durant les jours suivant la mise bas. Il est très riche en anticorps, également appelés immunoglobulines, qui sont des éléments de défense de l’organisme contre les agressions.

En pratique

Pédiatrie : de la naissance au sevrage - 3

Dans quels cas ? Le colostrum a plusieurs rôles : il permet de nourrir le chaton pendant les deux premiers jours de vie ce qui est également le cas du lait, mais il permet en plus le transfert d’une immunité systémique quand il est absorbé dans les 16 premières heures de vie.

En pratique Pour être sûr que le chaton absorbe les anticorps il faut s’assurer qu’il ingère du colostrum pendant les 12 premières heures de vie, Mais, pour empêcher strictement l’absorption du colostrum en cas de risque d’érythrolyse néonatale, une séparation de 18 à 24 heures semble, en pratique, plus sûre.

Les situations de déficit de transfert de l’immunité passive maternelle sont classiquement : - les chatons orphelins, - les chatons rejetés par la mère, - les chatons issus de portée importante et ayant peu accès aux mamelles, - les chatons petits ou trop faibles à la naissance, incapables d’avoir un accès correct à la mamelle et une succion efficace, - les chatons dont la mère n’a pas de montée de lait (assez fréquent en cas de césarienne), - les chatons séparés volontairement de la mère pour éviter une maladie hémolytique néonatale. Dans tous ces cas il faut non seulement nourrir le chaton en lui administrant un lait de remplacement, mais également assurer un transfert de l’immunité. Pourquoi remplacer le colostrum ? Les maladies infectieuses sont sans aucun doute l’une des premières causes de morbidité et mortalité chez le chaton. Les nouveau-nés n’ayant pas absorbé efficacement le colostrum seront particulièrement sensibles de la naissance à 6 semaines. Bien souvent ils succombent à une infection contre laquelle ils ne peuvent pas se défendre. Chez le veau, l’absence de l’absorption de colostrum multiplie le taux de mortalité par un facteur de 50 à 75. Chez le cheval, des kits vétérinai-

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