Bruxelles Culture janvier 2021

Page 1

BRUXELLES CULTURE 5 janvier 2020 Brussels Diffusion asbl Contact et abonnement gratuit : pressculture4@gmail.com

RENCONTRE : GEORGES LEBOUC


RENCONTRE : GEORGES LEBOUC Georges Lebouc est né à Bruxelles en 1936. Après une longue carrière dans l’enseignement, il se prête à la rédaction de méthodes d’apprentissage des langues pour les Editions Marabout, puis il s’initie au bruxellois pour mitonner des ouvrages qui, rapidement, font de lui « Monsieur Brusseleir », un spécialiste des patois et des coins de la capitale. Rencontre Où et quand êtes-vous né ? Je suis né en 1936, voici quatre-vingt-quatre ans et je m’en étonne encore. Non d’être né, cela va de soi, mais d’avoir vécu aussi longtemps ! Mon père évoquait un oncle qui lui répétait, ayant atteint son cinquantième anniversaire : « Tu te rends compte, Roger, un demisiècle … Un demi-siècle !» Aujourd'hui, les septuagénaires font presque figure d’adolescents. Chose qui n’était pas le cas voilà quarante ou cinquante ans ! Quant à mon lieu de naissance, et j’en suis fier, il se situe rue des Eperonniers, où se trouvait autrefois une clinique. C’est là que travaillait notre médecin de famille. Il s’agissait d’un ancien hôtel qui, vers 1850, a été le plus huppé de la ville. C’est aussi là qu’habitaient beaucoup des exilés qui fuyaient le régime de Napoléon III. Récemment, j’ai appris que Victor Hugo leur y rendait de fréquentes visites. Après vos études en philosophie et lettres à l’Université Libre de Bruxelles, pourquoi vous êtesvous orienté vers l’enseignement ? Je pourrais vous répondre, à l’instar du vieil Horace dans la pièce de Corneille, à qui Julie demandait « Que vouliez-vous qu’il fît ? » Logiquement, que peut faire un licencié en philosophie et lettres sinon devenir enseignant. Sauf s’il dispose d’une fortune personnelle, situation qui était loin d’être mon cas ! Par ailleurs et avant mon diplôme, j’avais exercé quantité de petits boulots, ayant même réparé des crics hydrauliques dans l’atelier de mon père. Après ces multiples expériences, je croyais que j’étais fait pour l’enseignement et c’était bien le cas ! A quel moment les éditions Marabout ont-elles fait appel à vous pour une méthode d'apprentissage de l'italien ? En 1989, les éditions Marabout m’ont demandé de leur envoyer quelques pages qui leur permettraient de juger si je pouvais écrire une grammaire de l’italien. Je me suis attelé à la tâche et je leur ai envoyé cinq pages rédigées avec un des premiers traitements de texte. Silence total qui a duré un an et, au terme duquel, les mêmes éditions Marabout m’ont téléphoné pour me demander de leur fournir une méthode d’italien. Ils ne voulaient plus de grammaire, mais bien d’une méthode d’apprentissage et ils ont eu raison, puisqu’elle s’est vendue à soixante-trois mille exemplaires. Pour vous, que s’est-il passé sur le plan de l’édition dès 1990 ? Inutile de préciser que ce succès totalement inattendu m’a donné le goût de l’écriture et de la publication. J’ai proposé d’autres ouvrages à Marabout sur les langues que j’enseignais : le français, l’espagnol et l’italien. Je leur ai fourni deux livres par an. Je m’en réjouissais d’autant plus que j’approchais de mes soixante ans et que je voyais la possibilité d’occuper une prochaine retraite.


De père français et de mère belge, comment êtes-vous devenu un fervent défenseur de Bruxelles et du bruxellois ? J’avais livré huit ouvrages chez Marabout et une grammaire espagnole chez Duculot, quand je me suis rendu à la Fnac (alors récemment ouverte), où j’ai rencontré une de mes anciennes étudiantes qui y travaillait. Elle m’a demandé tout à trac pourquoi je n’écrirais pas un dictionnaire de bruxellois. J’ai appris, bien plus tard, qu’elle notait dans un petit carnet les ouvrages demandés par les clients de la Fnac et qui n’étaient pas disponibles ! A l’époque, je n’avais que des connaissances rudimentaires du bru-xellois : Inutile de préciser que mon père, Français, n’avait appris que deux mots en brusseleir, malgré une vie passée à Bruxelles. Ma mère, elle, parlait ce qu’elle appelait le bourgontche, croyant qu’il s’agissait d’un idiome remontant à la Belgique bourguignonne, mais elle ne me l’avait jamais enseigné. En revanche, j’adorais l’argot français et j’avais eu la chance de rencontrer Alphonse Boudard, grand spécialiste qui avait écrit avec Luc Etienne une « Méthode à Mimile », qui feignait d’enseigner l’argot selon les principes de la fameuse méthode Assimil. Je me suis dit que, à défaut d’écrire un dictionnaire du bruxellois, je pourrais livrer une pseudo méthode d’apprentissage de ce dialecte. Cela est devenu « Le bruxellois en septante leçons » et, par ce biais, j’ai été baptisé Monsieur brusseleir aux éditions Racine qui venaient de naître. Le bruxellois est-il une langue ou un patois ? Ni l’un ni l’autre ! Il s’agit d’un des nombreux dialectes flamands qui se parlent en Belgique. Entreprendre une étude sur les différences entre langue, dialecte et patois nous entraînerait vraiment trop loin et dans des considérations trop savantes. Je préfère y renoncer, d’autant plus que Jean d’Osta (le « père » de Jef Kazak) avait dénombré, à raison, sept « langues » parlées à Bruxelles. Existe-il encore des endroits dans la capitale où on parle bruxellois ? Cette question m’a été posée quantité de fois et toujours par des francophones. Oui, le bruxellois est encore parlé au nord de la capitale, dans des communes comme Jette (prononcée Iette, d’ailleurs !), Koekelberg et autres. On le parle aussi dans des familles originaires de ces communes qui ont émigré vers les autres points cardinaux de la capitale, mais ce n’est plus le dialecte dominant, pas plus que l’accent de Paname, dont Maurice Chevalier était le représentant, n’est resté l’accent typique des Parisiens. Cette déperdition est due à une volonté politique d’éradiquer les dialectes et elle s’est faite sans peine sous l’influence de la radio puis, surtout, de la télévision. Pourquoi faut-il sauver le bruxellois et de quelle manière s’y employer ? Il ne faut pas sauver le bruxellois. Je ne connais aucune tentative de sauver une langue, un dialecte ou un patois qui a réussi ! Il s’agit d’organismes vivants et, comme tels, ils naissent, se transforment et, parfois, meurent sans qu’on puisse rien y faire. Qu’est-ce qui caractérise le bruxellois ? C’est une excellente question mais bien difficile. Que diriez-vous si je vous demandais ce qui caractérise le français ? Je vais toutefois tenter de répondre. La première caractéristique me semble être le côté « zwanzeur » que l’on pourrait traduire par « blagueur ». Encore que le zwanzeur est d’abord l’individu qui fait un ou des canulars. Viendrait ensuite une certaine méchanceté, notamment contre ceux qui voudraient p… plus haut que leur cul ! Voilà un exemple de ces deux tendances dont je ne vous donne que la


traduction en français : « C’est un type de bonne famille, son père occupe une situation élevée : il est cocher ! » Autre tendance, déjà perceptible dans l’exemple livré ci-dessus, d’une cruauté certaine et, notamment, au sujet des femmes : « Ce n’est qu’une planche avec deux raisins secs » dit-on parfois de celle dont la poitrine n’est pas avantageuse … Avec votre livre « Le bruxellois en 70 leçons », est-on capable de suivre une conversation sans problèmes ou de devenir traducteur ? J’ai expliqué au sujet de ce livre qu’il se voulait un pastiche de la méthode Assimil, sans avoir la prétention d’essayer de faire croire qu’il s’agissait d’une réelle méthode. D’ailleurs, viendrait-il à l’idée de quiconque de vouloir devenir traducteur de ou vers le bruxellois ? Existe-t-il des cours de bruxellois ? Ces cours sont donnés par un parfait quadrilingue (il n’en fallait pas moins pour ce faire !), à savoir Jean-Jacques De Gheyndt, qui manie parfaitement le bruxellois flamand, le beulemans, le néerlandais et le français. Il est, notamment l’auteur de « Schieven Architek ! Les langues endogènes à Bruxelles » et vient de publier une traduction du « Petit Prince » d’Antoine de Saint-Exupéry en bruxellois flamand. Il convient de distinguer, mais ce n’est pas l’avis de tous les spécialistes, deux bruxellois : le bruxellois flamand qui est, comme je l’ai dit précédemment, un des nombreux dialectes flamands de Belgique et ce que j’ai appelé le « beulemans », d’après le nom de la célèbre pièce de Fernand Wicheler et Frantz Fonson. Tous ceux qui ont vu la pièce savent que les acteurs y parlent français, avec l’accent de chez nous, mais recourent au bruxellois flamand dans deux cas : quand ils ne trouvent pas le mot qu’ils voudraient dire en bon français ou quand ils veulent engueuler un protagoniste. Notons, pour être tout à fait précis, que Fonson et Wicheler emploient surtout des belgicismes (comme « crolles »). C’est surtout dans « Bossemans et Coppenolle » que l’on trouve ce mélange de français et de flamand (comme « mon hettefretter de mari ! »). Avec des titres tels que « Comment engueuler son prochain en bruxellois » et « Bruxelles coquin ou sa littérature olé-olé », ne craignez-vous pas d’être snobé par une certaine presse ? Si je pouvais vous dire le fond de ma pensée, j’emploierais des mots assez grossiers et je n’y tiens pas. Le premier ouvrage que vous mentionnez vient de reparaître aux éditions Samsa, que je remercie pour cette réédition qui se fera d’ailleurs en deux temps : in extenso sous forme de livre et, partielle, dans une revue qui a paru sous les auspices de ce même éditeur. Quant à « Bruxelles coquin », c’est une de mes nombreuses anthologies et quand j’écris « coquin », cela ne veut pas dire « porno » ! On y trouve, par exemple, une version de « La drague », qui a fait le succès de Guy Bedos et Sophie Daumier adaptée en bruxellois par José Géal (Toone VII) de façon remarquable. Votre « Dictionnaire du bruxellois vient de ressortir dans une version étoffée. Quel type de modifications peut-on y trouver par rapport à la version de 2005 ? Est-il exhaustif ? Malgré son épaisseur, ce dictionnaire ne sera pas exhaustif ! Je ne connais qu’un seul dictionnaire qui puisse prétendre à l’exhaustivité et c’est le dictionnaire anglais d’Oxford ! Il contient la bagatelle de cinq cent mille mots, en ce compris les pidgins, autrement dit les mots anglais mêlés de mots des anciennes colonies britanniques. Quand vous pensez que Racine a décrit tous les sentiments humains à l’aide de mille deux cents mots, que signifie « exhaustivité » ? Mon dictionnaire correspond à la langue parlée par certains Bruxellois et qui a trouvé un écho littéraire chez les auteurs que j’ai évoqués. J’ai voulu profiter de sa réédition pour y introduire les mots que j’ai pu relever notamment chez deux auteurs et des traducteurs. Le premier que je cite est Jean-Paul Boyazis, qui a fourni une excellente pièce de théâtre intitulée « Les caprices de l’ami Théo », jouée pour la première fois en 2010. et proche par l’esprit de « Mademoiselle Beulemans ». J’en ai repris maints exemples dans mon dictionnaire. Puis cela a été la découverte, à tous les sens du terme, de Dominique Dognié alias Joske


Maelbeek, que j’ai rencontré pour la première fois à la bibliothèque de Saint-Josse. Il m’avait demandé de venir animer une petite soirée autour du bruxellois et, à la fin, timide et quelque peu rougissant, il m’a proposé de lire une foebelke (petite fable) de sa composition. Je m’attendais au pire et cela a été le meilleur ! Je croyais entendre Virgile ressuscité, souvent mieux encore que le dialoguiste. Depuis lors, Joske est devenu le seul auteur bruxellois écrivant en brusseleir et il méritait, évidemment, que je lui ouvre toutes grandes les portes de mon dictionnaire. Il a eu la gentillesse de relire la nouvelle mouture de A à Z (comme zot) et d’y apporter corrections et ajouts. Je lui en suis plus que reconnaissant. Enfin, last but not least, les éditeurs de bédé que sont Casterman et Dupuis ont tenu à ce que Hergé et les successeurs de Franquin fassent parler leurs héros comme dans la Marolle. J’ai aussi tenu compte de ces traductions souvent hilarantes. Pourquoi faut-il se procurer vos ouvrages ? Pour une double raison : j’ai tenté de préserver un patrimoine littéraire qui se perd et, sans fournir de gros efforts, de transmettre les quelques « choses » que je connais sans m’appesantir. C'est à dire avec le sourire ! Si j’y suis parvenu, j’ai atteint mes buts. Dans quels coins de la capitale aimez-vous vous balader et pour quelles raisons ? Quoique je sois né à Bruxelles-ville, j’ai toujours vécu à Ixelles et je reste 100 % Ixellois. J’aime donc me promener dans cette commune et, principalement, autour de ses étangs à côté de Flagey. Néanmoins, je bouge un peu partout pour découvrir de nouveaux coins, par plaisir ou pour collecter des informations en vue d’élaborer de nouveaux ouvrages. Retrouvez Georges Lebouc sur Wikipedia Propos recueillis par Daniel Bastié


EXPOSITION : COLLECTIF INTERNATIONAL DE LA GALERIE Serons-nous bientôt débarrassés de la seconde vague de la Covid19 ? La société s’y emploie, même si les experts savent que le virus circule toujours avec célérité. Peu à peu, les musées et les galeries sortent la tête de l’eau pour, lentement, reprendre leurs activités, alors que le reste du secteur culturel demeure complètement à l’arrêt. Espace Art Gallery, comme tous ses confrères, a vu son agenda se laminer, avec un cortège de suppressions, voire d’annulations. La situation est telle qu’aucune activité ne peut être prévue à échéance plus ou moins brève, puisque tout un chacun sait que les projets peuvent capoter et que les commerces pourraient fermer à nouveau en cas de remontée des contaminations ou de troisième vague. Pour faire face à l’imprévisible (un euphémisme !), Jerry Delfosse, patron d’EAG, a décidé de monter un salon qui pourrait se définir comme étant un best-off des expositions précédentes, avec une sélection d’œuvres laissées en dépôt par les artistes et destinées justement à être ressorties en cas de nécessité. Il est donc concevable de parler de cet accrochage et de le détailler en soulignant qu’il s’agit d’un raccourci d’une partie de ce qui a été présenté durant les années passées. Réparti sur tout le rez-dechaussée du bâtiment, il permet de revenir sur vingt-deux créateurs, connus ou qui le sont moins, et qui, chacun avec leur talent et leur technique, ont permis au lieu de respirer, de souffler et de vivre. Soit une trentaine d’œuvres issues d’ateliers répartis dans une dizaine de pays différents, dont la Roumanie, l’Equateur, l’Espagne, La France, la Corée du Sud, La Tchéquie, l’Ukraine, le Venezuela, les Pays-Bas et bien sûr la Belgique. Une brochette de plasticiens poussés par un besoin d’expression et de tutoiement, jamais en perte de vitesse et dont le travail mérite qu’on s’y intéresse. En cette période particulièrement chahutée par la pandémie, il importe de leur accorder la place qu’ils méritent et de les encourager dans leur discipline respective, tout en sachant que la ou les œuvres présentes à Bruxelles ne sont qu’un échantillon de leur production, même si elle(s) reflète(nt) leur tempérament. Se juxtaposent donc une toile colorée de Victor Barros, malheureusement décédé récemment, aux créations épurées de Danielle Dielle, les contrastes marqués de Skaii de Vega aux paysages nimbés de lumière de Robert Denis ou, encore, une composition abstraite d’Alexandra De Graeve qui donne suite aux points de vue de Gyslaine Pachet Micheneau. Par ordre alphabétique, voilà la liste des participants : Mihai Bara, Victor Barros, Marie Céline Bondue, Edouard Bouchaniec, Anne Canneel, Chanon, Ju Chou, Alexandra De Grave, Skaii de Vega, Robert Denis, Dielle, Carole Duffour, Christian Kubalu, Frédérique Lacroix Damas, Jiri Maska, Alvaro Mejias, Igor Misyats, Gyslaine Pachet Micheneau, Anne-Marie ParisLeroy, Cristian Sainz Marin, Pierre Staquet et Aimé Venel. Un événement à voir à Espace Art Gallery jusqu’au 31 janvier 2021. Plus de détails sur le site www.espaceartgallery.eu Rue de Laeken, 83 à 1000 Bruxelles Daniel Bastié


PORTRAIT D’ARTISTE : GILLES BEYER DE RYKE Voilà un peintre passionné et passionnant, diplômé des BeauxArts de Bruxelles ! Venu d’une famille d’aristocrates, Gilles Beyer de Ryke a baigné dès son plus jeune âge dans un milieu artistique. Un lieu rempli de sensibilité, qui a été son élément déclencheur. Ses peintures à l’huile nous font voyager dans un univers très coloré, où la couleur n’est pas qu’esthétique, car elle souligne une émotion bien présente, encouragée par un dessin géométrique qui renvoie aux mondes surréalistes. L’artiste ne se définit jamais comme étant proche de la synesthésie, en opposition avec les poètes Baudelaire et Rimbaud, mais insiste sur l’importance du chromatisme, lié à la force de la transcription. Chaque toile lui permet d’exprimer un engagement pour une société meilleure, avec moins d’inégalités sociales et davantage de justice. Féru de musique transe, cette dernière le stimule au point de l’inspirer et de l’habiter lorsqu’il retrousse ses manches pour créer. Evidemment, ses œuvres font référence à l’artiste Giorgio de Chirico, qu’il adule, et au film « Le cabinet du docteur Caligari » (1920) du réalisateur allemand Robert Wiene, duquel il a retenu l’esthétique en noir et blanc et les formes picturales des décors qui ont contribué indirectement à alimenter son inspiration. Parmi ses objectifs, il souhaite que le public se sente autant concerné que lui-même par ses travaux. Il aime à préciser que le regard des spectateurs le nourrit et qu’il ne pourrait pas vivre sans lui. Enfin, il envisage de partir à la conquête de nouvelles inspirations, en emportant ses valises vers des destinations qui lui sont encore étrangères. Vraisemblablement et lorsque la situation sanitaire sera réglée, il débutera ce périple par Naples, afin de profiter du soleil et du poudroiement de ce dernier. Retrouvez Gilles Beyer de Ryke sur le site www.gillesbeyer.com Jennifer Schreiner

EXPOSITION : DANSER BRUT Danser brut éclaire le lien entre danse et mouvements involontaires ou répétitifs. L’expo étudie les formes d’expression du corps, du visage ou des mains, comprises comme une forme d’accès à notre être-au-monde. Mélange d’art brut, d’art moderne et contemporain, de documents d’archives médicales ou d’extraits de films, l’exposition défie toute catégorisation. Se refusant à raconter une histoire de la danse, elle vise à élargir notre vision et à mettre la modernité sous un jour différent. Avec des œuvres d'Ulrich Bleiker, Michael Borremans, Charlie Chaplin, Aloïse Corbaz, Henri de Toulouse-Lautrec, Michel François, Valeska Gert, Rebecca Horn, Henri Michaux, Vaslav Nijinsky, Arnulf Rainer, Philippe Vandenberg, Mary Wigman, Adolf Wölfli, ainsi qu'une sélection de documents d'archives, manuscrits, magazines et fragments de films. Un événement à découvrir à Bozar jusqu’au 10 janvier 2021. Plus de détails sur le site www.bozar.be Rue Ravenstein, 23 à 1000 Bruxelles


EXPOSITION : PHILIPPE VANDENBERG – MOLENBEEK L’exposition Philippe Vandenberg. Molenbeek est un témoignage oculaire de grandes et petites observations couchées sur papier par Philippe Vandenberg lors de ses dernières années passées à Molenbeek. Dans ses dessins et ses assemblages, il nous fait découvrir un Molenbeek burlesque : un site imaginaire où les traumatismes privés et collectifs se confondent avec les problématiques des grandes villes et les conflits mondiaux. À travers cet univers satirique, Vandenberg dénonce les structures récurrentes de la répression, du fondamentalisme et de la pensée unique. Molenbeek est la première exposition solo dédiée aux dernières œuvres sur papier de Philippe Vandenberg (19522009). Un parcours artistique à découvrir à Bozar jusqu’au 24 janvier 2021. Plus de détails sur le site www.bozar.be Rue Ravenstein, 23 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : FACING VAN EYCK Facing Van Eyck. The Miracle of Detail examine les œuvres extraordinaires de Jan van Eyck à travers un prisme contemporain. Grâce aux techniques numériques novatrices et aux nouvelles recherches scientifiques de l'Institut royal du patrimoine artistique (KIK-IRPA), vous pourrez vous rapprocher de Van Eyck et de ses secrets comme jamais auparavant. Plongez dans le microcosme pictural de Van Eyck en zoomant sur les paysages, l'architecture, les textiles, les figures humaines et les objets du quotidien, et découvrez des détails fascinants à peine visibles à l'œil nu. Vos oreilles ne seront pas en reste, grâce à la nouvelle composition de Benjamin Glorieux, écrite spécialement pour l’exposition. Cette œuvre musicale inspirée de l’art de Van Eyck vous réserve une expérience synesthésique unique ! Un film richement illustré présente les images de dévotion de Jan van Eyck et le relie à l'icône byzantine. En approfondissant la réception et l'appropriation des modèles byzantins dans l'œuvre de Van Eyck, le film explore les échanges religieux et artistiques entre l'Orient et l'Occident au XVe siècle. Cette nouvelle façon de percevoir l’art de Jan van Eyck au travers de 20 œuvres numérisées souligne l’originalité et la fraîcheur de son langage visuel fascinant. Un parcours artistique à découvrir à Bozar jusqu’au 24 janvier 2021. Plus de détails sur le site www.bozar.be Rue Ravenstein, 23 à 1000 Bruxelles


EXPOSITION : HÔTEL BEETHOVEN 250 ans après sa naissance, Ludwig van Beethoven est plus que jamais une icône. Bozar s’associe aux nombreuses commémorations en l’honneur de cet anniversaire en ouvrant les portes de l’hôtel Beethoven. Cette exposition dédiée au compositeur, à sa musique et à ses idées montrera à quel point son œuvre et son action ont gardé toute leur pertinence et restent pour nous une source d’inspiration. Génie musical innovant, Beethoven sert de point de départ à l’exploration de questions sur la puissance démocratique et physique du son. Comment « écouter » avec le corps lorsqu’on ne peut entendre ? On sait que l’art peut changer notre vision du monde, mais peut-il aussi nous faire écouter autrement ? Comment les artistes visuels traduisent-ils les sons et la musique en images, lignes et mouvements ? Hôtel Beethoven nous fait remonter le temps en musique, pour un voyage à la découverte de différentes époques et idées : de la culture populaire à l’art conceptuel. De 1770 à 2020. Une exposition qui propose également des manuscrits et des instruments ainsi que des œuvres d’artistes comme Antoine Bourdelle, Andy Warhol, Katie Paterson et John Baldessari. Nous vous invitons à déposer vos bagages et à faire une pause. L’occasion de découvrir des artistes et des personnalités, mais aussi des œuvres d’art et des idées du monde entier dont la source d’inspiration est cette icône universelle. Bienvenue à l’hôtel Beethoven jusqu’au 14 février 2021 à Bozar. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.bozar.be Rue Ravenstein, 23 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : BACK TO BRUEGEL Vous pouvez à nouveau profiter du magnifique panorama sur Bruxelles, de la visite de l’exposition « Back to Bruegel » et de l'incroyable architecture du célèbre vestige de la seconde enceinte de la capitale. Un nouveau parcours vous permet de découvrir l’intégralité de la Porte de Hal et de son exposition, de même que des escaliers médiévaux habituellement fermés au public. À ne pas manquer ! Les organisateurs ont prévu des protections individuelles pour les casques de réalité virtuelle, des audioguides désinfectés, et l’accès à des endroits habituellement inaccessibles du bâtiment ! La réouverture du Musée de la Porte de Hal vous offre la possibilité d'une (re)découverte passionnante du Bruxelles médiéval et du XVIe siècle en toute sécurité. Effectuez donc un plongeon surprenant dans une version en réalité virtuelle des peintures mondialement connues d’un des plus grands peintres de notre région. Quatre œuvres du maître prennent vie et vous entraînent, pour un instant, dans la vie quotidienne d’il y a 450 ans. Voyagez au cœur du XVIe siècle, face à d’authentiques trésors du Nouveau Monde, des armes et armures, des instruments de musique et d’autres œuvres des Musées royaux d’Art et d’Histoire, du Rijksmuseum, du Musée de la Ville de Bruxelles, du Coudenberg, etc... Au sommet du bâtiment, profitez aussi du magnifique panorama sur Bruxelles et laissez-vous transporter dans le temps de Bruegel grâce aux longues-vues virtuelles. Une exposition à voir jusqu’au 18 avril 2021 à la Porte de Hal. Plus de détails sur le site www.kmkgmrah.be Boulevard du Midi, 150 à 1050 Bruxelles


EXPOSITION : THE LIGHT HOUSE Au travers de nombreuses installations et sculptures contemporaines, l’exposition The Light House invite les visiteurs à vivre une succession d’expériences personnelles et collectives avec la lumière. L’exposition couvre près de soixante ans de représentations artistiques et aborde différentes manifestations de la lumière. Elle invite le public à remettre en cause, à partir d’expériences pour la plupart immersives, les informations fournies par les sens. The Light House se développe sur trois sites. La première partie constitue l’accrochage à la Villa Empain et réunit les œuvres de dix-neuf artistes contemporains majeurs exposés individuellement dans des espaces qui leurs sont dédiés. Hormis les œuvres en néon, la majorité des artistes invités, originaires du Japon, du Liban, de Corée du sud, de Palestine, du Maroc, des États Unis ou de Belgique ont réalisé des pièces et installations in situ, spécifiquement pour cette exposition. Le second volet du projet The Light House prend la forme d’un chemin de lumière qui transforme l’avenue Franklin Roosevelt. Enfin, dans son souhait de défendre l’idée que la culture est à l’image de la lumière, l’essence même de ce qui nous éloigne des ténèbres, The Light House, se développe également en réseau avec des musées publics et privés. Le projet investit symboliquement d’autres lieux culturels de premier plan, à Bruxelles et dans le monde avec l’édition limitée de Dennis Parren. Un événement à découvrir jusqu’au 18 avril 2021 à la Villa Empain. Plus de détails sur le site www.villaempain.com Avenue Franklin Roosevelt, 67 à 1050 Bruxelles

EXPOSITION : ALEP – VOYAGE AU CŒUR DE 5.000 ANS D’HISTOIRE Depuis 2012, la guerre civile syrienne ravage la ville d’Alep. Bombardements et combats au sol firent payer un lourd tribut à la population civile, mais également au patrimoine. On estime à plusieurs centaines le nombre d’édifices historiques endommagés ou détruits. Aujourd’hui encore il est difficile de répertorier ce qui a été perdu dans ces destructions et ce qui peut être sauvé. Grâce à plusieurs missions de terrain en 2017, les équipes d’Iconem, spécialisées dans la numérisation du patrimoine menacé, sont parvenues à établir des modèles 3D de plusieurs monuments majeurs de la vieille ville d’Alep. Ce travail, en plus de sauvegarder virtuellement ce patrimoine et d’en permettre l’analyse à distance, rend accessible au grand public les vestiges martyrs de l’architecture syrienne. Plongé dans une lente déambulation au sein des modèles 3D des principaux monuments d’Alep, le visiteur est confronté tour à tour à la dureté des dommages infligés au cœur historique de la ville et à la beauté des portions intactes de ces monuments. Une aventure à vivre jusqu’au 18 avril 2021 à la Villa Empain. Plus de détails sur le site www.villaempain.com Avenue Franklin Roosevelt, 67 à 1050 Bruxelles


EXPOSITION : ASSAF SHOSHAN - HOME Home constitue la première rétrospective consa crée au travail d’Assaf Shoshan (1973), photographe et vidéaste qui vit et travaille entre Paris et Tel Aviv. Cette exposition inédite retrace le fil d’une œuvre sensible et engagée, réal isée sur une dizaine d’années entre le Moyen-Orient et l’Europe, avec l’Afrique en toile de fond. Formé à la philosophie, av ant de se consacrer à la photographie, Shoshan sonde inlassablement le monde, à travers les notions de territoire, d’identité et d’appartenance, au-delà des frontières tangibles. Habitée par le thème du déracinement, son œuvre porte un regard subtil et dél icat sur une humanité en errance. Ses paysages et ses portraits évoquent une attente an cestrale, dénuée de mélancolie. Son approche empathique, à la fois documentaire et autobiographique, donne naissa nce à des images énigmatiques à mi-chemin entre réalité et fiction. En mettant en perspective la réalité des exilés d’aujourd’hui, Shoshan évoque en filigrane l’histoire du peuple juif, traversé par l’exode et les questions de l’abandon et de l’acceptation . Mais son obsession pour le thème de l’exil rejoint aussi sa propre histoire : appartenant à la troisième génération d’exilés juifs installés en Israël, ayant lui -même fait le choix d’aller vivre dans un pays étranger, Shoshan est intimement travaillé par la question de l’attachement à un lieu. À partir de l’expérience d’un sentiment d’étrangeté, l’artiste israélien déploie une œuvre visuelle uni que. Il invente une poétique de la clandest inité, impulsée par cette interrogation : à quel territoire se vouer dans un monde aux contours flous ? Une exposition à découvrir jusqu’au 21 février 2021 au Musée juif de Belgique. Plus de détails sur le site www.mjb-jmb.org Rue des Minimes, 21 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : KURT LEWY S’appuyant sur le patrimoine du Musée Juif de Belgique, mais aussi sur des œuvres de la galerie anversoise Callewaert-Vanlangendonck, cette exposition sort de l’ombre une figure inconto urnable, mais aujourd’hui tombée dans l’oubli, de la peinture belge d’après-guerre. S’y révèle une œuvre qui, saisissant précipité de l’évolution dès l’histoire de l’art au 20 e siècle, montre un chemin qui part de la figuration pour aboutir à l’abstraction. Peintre, émailleur et illustrateur, Kurt Lewy (1898 – 1963) est né à Essen (Allemagne), où il enseigne les techniques graphiques à la Folkwang Schule de 1929 à 1933. Dès l’avènement du nazisme, cet artiste juif est destitué de ses fonctions. Deux ans p lus tard, il fuit l’Allemagne hitlérienne pour s’installer à Bruxelles. Incarcéré comme sujet ennemi par les autorités belg es en mai 1940, Kurt Lewy est interné dans les camps de Saint-Cyprien et de Gurs. En 1942, il parvient à s’évader et revient à Bruxelles, où il se cache durant une vingtaine de mois. En juin 1944, il est arrêté par les nazis, qui l’internent à Malines jusqu’à la Libération. Après la Seconde Guerre mondiale, Kurt Lewy renonce aux thèmes figuratifs qui guidaient jusqu’alors sa production, marquée à ses débuts par l’expressionnisme allemand. Il se tourne vers l’abstraction, qu’il explorera jusqu’à son décès. S oucieuse d’éliminer le superflu, l’éphémère, le chaotique, sa recherche géométrique le dégage des angoisses que lui avaient causés le cauchemar de la guerre comme son isolement d’émigré. Une exposition à découvrir jusqu’au 7 février 2021 au Musée juif de Belgique. Plus de détails sur le site www.mjbjmb.org Rue des Minimes, 21 à 1000 Bruxelles


EXPOSITION : MASCULINITÉS En Belgique, les créateurs de mode masculine comptent parmi les plus influents au monde. Pourtant, aucun musée belge n’avait encore traité le sujet de la mode masculine. À travers Masculinities, la nouvelle exposition du Musée, venez découvrir les codes de la masculinité et son évolution. De la « Grande Renonciation Masculine » de la fin du 18e siècle à la mode non genrée de 2020 en passant par le costumecravate, découvrez les codifications de la masculinité. Tout comme la féminité, qui est son miroir, la masculinité évolue. Au fil des siècles, les hommes ont changé d’apparence. Jusqu’au 18e siècle, le vêtement masculin se parait encore de formes brillantes et raffinées, bien loin des costumes sobres qui se sont imposés par la suite. Depuis les années 1980, l’homme a reconquis une certaine liberté vestimentaire. Mais les tabous sont-ils vraiment tombés ? Laissez-vous guider par cette exposition jusqu’au 13 juin 2021 au Musée de la mode et de la dentelle et découvrez les codes de la masculinité et son évolution. Davantage de détails sur le site www.fashionandlacemuseum.brussels Rue de la Violette, 12 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : ATOMIUM 58 Le 17 avril 1958, la dernière Exposition universelle et internationale organisée par la Belgique est inaugurée sur le site du Heysel à Bruxelles. Evénement riche en couleur, porteur d'un message d'optimisme sans limite et miroir d'une société confiante en son avenir, L’Expo 58 constitue un élément privilégié de notre mémoire collective. L’exposition permanente retrace plus de soixante ans d'histoire de l'ancien pavillon de l'Expo 58 aujourd'hui devenu le symbole international de la Belgique et de Bruxelles. Un second volet est consacré au déclin de l'édifice dans les années nonante, suivi de sa réouverture en 2006 pour aboutir au projet actuel. Depuis le 21 juillet 2020, l'exposition permanente s'est enrichie d'une maquette du site de l’Expo 58 réalisée par Etienne Tollenaere en marque de son soutien à l'Atomium. Derrière cette initiative se cache une très belle histoire, celle d'un passionné de dessin et de modélisme, qui, une fois pensionné, s'est mis à travailler sur la maquette de ce lieu qu'il a visité plus de 40 fois avec sa petite sœur alors qu'il avait 12 ans, en 1958. Sur base des dessins qu'il a réalisés à l'époque et évidemment avec l'appui de nombreuses recherches, Etienne Tollenaere s'est lancé dans une méticuleuse aventure. Il a passé plus de 1.700 heures à réaliser une maquette d'une précision extrême, à l’échelle. Jusqu'au moindre détail, rien ne manque : les pavillons, les couleurs, les visiteurs sont là... même le nombre d'arbres présents en 1958 devant les bâtiments est respecté. Si tout le monde a déjà vu l'Expo 58 en photo, en vidéo, parfois même en couleurs, il s'agit de l'unique représentation 3D du site de l'exposition universelle qui s'est tenue en Belgique en 1958. Un événement à découvrir sur trois niveaux. D'une part dans la sphère de base (niveaux 1 & 2) où, à travers des documents d'archives, des photographies, des vidéos d'époque et de nombreuses maquettes, le visiteur fera une plongée au cœur de cette prestigieuse et inoubliable aventure. Et d'autre part au panorama (niveau 7) où le visiteur aura l'occasion de comparer la vue actuelle avec celle que ses prédécesseurs pouvaient avoir en 1958. Pour les uns, ce sera l'occasion de redécouvrir cet événement enchanteur; pour les autres à qui l'Expo 58 et sa quête de progrès et de bonheur n'évoque rien de familier, de comprendre ce rêve qui fait encore aujourd'hui la magie de l'Atomium. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.atomium.be Place de l’Atomium, 1 à 1000 Bruxelles


EXPOSITION : BE MODERN L'exposition BE MODERN se focalise sur la collection d'art moderne et contemporain des MRBAB, regroupant des artistes belges et internationaux de renom. Un choix de quelque 150 peintures, sculptures, œuvres sur papier, installations et vidéos retrace l’histoire moderne des arts visuels. La sélection est aussi variée et riche que la collection elle-même et propose un aperçu chronologique. La liberté et l'expérimentation constituent le fil rouge de l’exposition qui présente trois grands thèmes. Le premier est l'émancipation de la ligne et de la couleur et l'évolution vers un langage visuel radicalement abstrait. Un second thème porte sur l'utilisation des matériaux, le changement du rapport à l'objet et la perspective de l'art conceptuel. Enfin, l'accent est mis sur l'évolution des rapports entre l'homme et le monde au XXe siècle et les questions existentielles qui en découlent. Visuellement dynamique, cette exposition aborde les collections sous un nouvel éclairage et invite à une redécouverte des grands noms du modernisme international et de ses représentants belges. Au Patio +2, un volet complémentaire évoque le bouleversement esthétique engendré par le courant minimaliste américain. Cette partie de l’exposition bénéficie du prêt de trois œuvres exceptionnelles de l’artiste Frank Stella (né en 1936), issues d’une collection privée. À découvrir aussi, dans la Salle Bernheim : « Purification » de Bill Viola, une impressionnante installation vidéo sous forme de diptyque. Au niveau -3, les récentes acquisitions en art contemporain du musée seront exposées, parfois pour la toute première fois : Roger Ballen, Georges Meurant, Chéri Samba, Agnès Guillaume, Rinus van de Velde, Emmanuel Van der Auwera, etc. A voir jusqu’au 24 janvier 2021 aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. Plus de détails sur le site www.fine-arts-museum.be Rue de la Régence, 3 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : BILL VIOLA Pionnier de l’art vidéo, Bill Viola a révolutionné le genre en investissant très tôt le champ des possibilités offert par la technologie numérique. Il a développé ces dernières décennies un style reconnaissable entre tous, marqué par son admiration pour les grands maîtres de la peinture ancienne. Ses installations plongent le spectateur dans un univers contemplatif, imprégné de mysticisme, et dans lequel la figure humaine occupe une place centrale. Purification, une double projection réalisée pour la mise en scène par Peter Sellars de l’opéra de Wagner Tristan et Isolde en 2005, offre une parfaite synthèse de tous ces éléments. Avec des gestes ralentis à l’extrême, un couple se livre à un rituel de purification, qui évoque une renaissance. Ainsi que le décrivait l’artiste : « Depuis le début, je n'essaie pas de créer des images en moi, mais de trouver l'origine des choses, des gens, des situations. J'ai donc commencé à écrire ce que j'avais en tête sur un morceau de papier, et là c'est devenu très simple d'avancer. Je me suis plongé de plus en plus profondément dans le livret, et c'est de là que sont venues toutes ces images. » Un événement à découvrir jusqu’au 24 janvier 2021 aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. Plus de détails sur le site www.fine-arts-museum.be Rue de la Régence, 3 à 1000 Bruxelles


EXPOSITION : JUANJO GUARNIDO Connu pour sa remarquable série Blacksad, Juanjo Guarnido est un auteur dont le talent a vite traversé les frontières. Né en Espagne en 1967, il est depuis toujours féru de dessin. Après des études aux Beaux-Arts de Grenade et de nombreuses collaborations dans les fanzines, il travaille pour des séries télé à Madrid puis rejoint l’équipe des studios Walt Disney de Montreuil. Avec Juan Diaz Canales comme scénariste, il crée son premier album « Quelque part entre les ombres » (Dargaud, 2000) et entraîne le lecteur au cœur de l’Amérique des années 50 et des enquêtes du détective privé John Blacksad. Cette série animalière compte à ce jour cinq volumes traduits en plusieurs langues et de nombreux aficionados. Guarnido excelle dans ses dessins à l’aquarelle et la création d’ambiances. Que ce soit dans la noirceur de ruelles sombres ou sous la lumière éclatante de la Nouvelle-Orléans, le pinceau du maestro fait merveille. Il dessine également Sorcelleries (Dargaud), les aventures d’une fée au pays de sorcières écrites par Teresa Valero. Avec Alain Ayroles au scénario, il se consacre à un nouvel album, Les Indes Fourbes (Delcourt), qui fait revivre le Siècle d’Or espagnol et le Nouveau monde. Des premiers crayonnés aux planches finales, l’exposition permettra de découvrir l’univers fascinant d’un auteur contemporain majeur ! Une exposition faite pour titiller la rétine jusqu’au 15 mai 2021 au Centre belge de la Bande dessinée. Voyez toutes les informations pratiques sur le site www.cbbd.be Rue des sables, 20 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : MIDAM De ses premiers dessins aux œuvres les plus récentes, l’auteur belge Midam cultive l’art du rire et met son talent au service du gag. Les albums de Kid Paddle, connus et traduits dans le monde entier, symbolisent à eux seuls cet univers humoristique devenu un incontournable de la bande dessinée européenne. S’il dessine depuis toujours, Midam entre dans la profession en rejoignant l’équipe de Spirou, pour lequel il crée de nombreux dessins afin d’animer les rubriques du journal. À partir de 1993, il met en scène le personnage de Kid Paddle dont les aventures en mode jeu vidéo connaissent un succès grandissant auprès du public. Dès 2003, l’univers se prolonge avec la série Game Over, présentant les aventures du « Petit Barbare », l’avatar virtuel de Kid. Retraçant plus de vingt ans de création, l’exposition revient sur les grandes étapes de la carrière de Midam et lui donne la parole. A travers « l’itinéraire d’un Kid de Bruxelles », les visiteurs sont conviés à (re)découvrir l’univers d’un auteur créatif, qui ne cesse de réinventer son approche artistique pour nous surprendre et nous faire rire, encore et toujours… Une exposition faite pour titiller la rétine jusqu’au 28 août 2021 au Centre belge de la Bande dessinée. Voyez toutes les informations pratiques sur le site www.cbbd.be Rue des sables, 20 à 1000 Bruxelles


EXPOSITION : CAMIEL VAN BREEDAM Camiel Van Breedam aime les livres, les arts du livre et tout ce qui les concerne. Ils forment le fil conducteur de son œuvre. C’est pourquoi la Bibliotheca Wittockiana, musée des Arts du Livre et de la Reliure, lui tient tant à cœur. Une cinquantaine d’œuvres, sélectionnées par l’artiste lui-même, seront exposées jusqu’au 31 janvier 2021 et dialogueront avec des reliures exceptionnelles de la collection du muséee. Camiel Van Breedam a eu carte blanche pour donner forme à ce dialogue fascinant. Pour rappel, Camiel Van Breedam est un artiste flamand né à Boom en 1936. Peintre et sculpteur, il réalise des collages et des assemblages de matériaux différents et d’objets multiples. Il est un constructeur, héritier du constructivisme russe et du Bauhaus, influencé par Paul Klee. Trouvez toutes les informations idoines sur le site www.wittockiana.org Rue du Bemel, 23 à 1150 Bruxelles

EXPOSITION : YOEL PYTOWSKI Yoel Pytowski a grandi dans plus de cinq pays, ne se sentant lié à aucun d’eux, son rapport au lieu et à l’identité est marqué par les déplacements, les repères mobiles et flous, ainsi que les contrastes culturels et sociaux. Son enfance et adolescence ont eu lieu dans des maisons en chantier, développant ainsi son intérêt envers la construction, la déconstruction et l’espace. Il tente une remise en question de leurs paradigmes par l’exploration des domaines de l’architecture, de l’écrit et du dessin. Au cours des cinq dernières années, la pratique de Yoel Pytowski s’est principalement concentrée sur des installations architecturales à grande échelle. En introduisant de nouveaux éléments physiques, ou en créant des vides dans un lieu, il brouille la lecture de l’espace préexistant dans lequel alors des éléments -pour la plupart en béton- semblent s’ensevelir ou émerger du sol. Se crée dès lors une situation ambiguë où il devient parfois difficile de discerner le travail de l’artiste. Que regarder, où se trouve-t-on, qu’y avait-il ici avant et depuis combien de temps ? Les structures et éléments construits dans les installations semblent à première vue être des façades en brique, en pierre, ou en béton, matériel rappelant l’immuable et l’inaltérable. Mais dans un deuxième temps on s’aperçoit qu’il s’agit d’un travail de faussaire, les murs sont souples et légers, construits en bois ou plâtre, puis, recouverts d’une fine couche de béton gris. Les matériaux proviennent dans leur majorité des installations précédentes que l’artiste déconstruit dans le but d’être réutilisés dans une installation future. Ce processus est lié d’une part à l’importance de la réutilisation et du recyclage des matériaux. D’autre part il est lié à l’idée d’une installation qui devient presque organique et change de forme d’exposition en exposition. Après son démontage l’installation ne disparaît pas. Le fait de la défaire n’est pas la détruire, cela revient plutôt la repositionner ! L’architecture qui contient ses installations, ainsi que celle qu’elle représente, devient poreuse pour reprendre le terme de Walter Benjamin. Un phénomène d’interpénétration apparaît alors. Non pas comme amalgame, mais plutôt comme un continuel jeu de relations complexes redéfinissant les différences entre l’espace et le temps. Comme le remarque Andrew Benjamin : « Space become timed as time acquires spatiality ! ». L’espace et le temps s’interpénètrent, l’espace acquérant une temporalité et le temps une spatialité simultanément. Une exposition à voir au Botanique jusqu’au 31 janvier 2021. Davantage de détails concrets sur le site www.botanique.be Rue Royale, 236 à 1210 Bruxelles


EXPOSITION : YOUNG BELGIUM Depuis plusieurs années, La Patinoire Royale / Galerie Valérie Bach s’attache à promouvoir la scène artistique belge moderne et contemporaine, à travers de vastes expositions historiques, autant par des « group-shows » (Sculpting Belgium, Painting Belgium, Belgian Women) que par des expositions individuelles d’artistes belges (Koen Van Mechelen, collectif artistique Lab[au], Jan Dries, Antonia Lambelé, Francis Dusépulchre, etc). Avec « Young belgium », la galerie souhaite montrer une scène émergente belge, constituée d’artistes de moins de quarante ans, nés ou installés durablement en Belgique, cautionnés par une certaine visibilité, et constituant ensemble un socle possible d’artistes belges internationaux dans le futur. La galerie entend annuellement donner la parole à ces jeunes artistes, dans l’objectif d’une moisson de talents dans les années à venir, à travers des expositions collectives, structurées en espaces individuels dans les vastes locaux de La Patinoire Royale / Galerie Valérie Bach, au cœur de Bruxelles. Mettre La Patinoire Royale à disposition de ces jeunes artistes, c’est aussi soutenir la jeune création, dans une sélection thématique, annuelle et par opus distincts. Un événement à découvrir jusqu’au 27 février 2021. Plus de détails sur le site www.prvbgallery.com Rye Veydt, 15 à 1050 Bruxelles

EXPOSITION : SUPERSTUDIO MIGRAZIONI Démarrée en 1966, l'aventure de Superstudio a conduit ses membres à s'interroger pendant plus d'une décennie sur les manières d'habiter le monde transformé par l es forces capitalistes et les évolutions techniques. C'est ce que l'exposition se propose d'étudier, à travers le prisme des « migrations » (migrazioni). Empruntée au vocabulaire de Superstudio, cette notion sert de clé conceptuelle et poétique pour plonger dans l'architecture du groupe, que ses membres comprenaient comme une activité de production, élaboration et tr ansmission permanente d'idées. L'exposition propose au visiteur un voyage thématique et chronologique à travers ce qui reste d'un des corpus les plus radicaux et les plus originaux de la production architecturale du XXe siècle. Faisant fi des divisions traditionnelles entre les disciplines et des frontières géographiques, les projets de Superstudio ont voyagé dans le monde globalisé qu'ils dépeignaient, de Florence à Tokyo. Les visions critiques et outrancières de Superstudio ont largement circulé et ont été au cœur des dialogues que Superstudio a entretenus avec quelques-uns des protagonistes de la scène architecturale de la seconde moitié du xxe siècle. Parallèlement à l'œuvre du groupe, l'exposition présente le travail de 9999, Archizoom, Hiromi Fujii, Hans Hollein, Arata Isozaki, Rem Koolhaas, Ugo La Pietra, Leonardo Ricci, Aldo Rossi, Leonardo Savioli, Ettore Sottsass Jr, Bernard Tschumi. Superstudio Migrazioni met l'accent sur des œuvres inventives et artistiques (photos-collages, dessins, installations, maquettes et films) ainsi que sur des objets et des meubles relevant davantage du design industriel, révélant ainsi la grande diversité des projets du groupe. L'exposition bénéficie du prêt exceptionnel des œuvres originales de la collection du Centre Pompidou et des archives de Superstudio, dont certaines n'ont plus été montrées depuis plus de quinze ans. Une série d'évènements et de visites guidées permettent d'aborder l'œuvre de Superstudio de multiples façons et de constater à quel point elle trouve, cinquante ans après sa création, des résonances saisissantes avec notre monde d'aujourd'hui. Un événement à découvrir au Civa du 15 janvier au 16 mai 2021.Voyez plus de détails sur le site www.civa.brussels Rue de l’Ermitage, 55 à 1050 Bruxelles


CINÉMA : LE PATRON DE WALLIMAGE S’EN VA ! Après vingt ans de bons et loyaux services, Philippe Reynaert nous quitte avec ses fameuses lunettes blanches, son front jovial et ses bons mots qui le distinguaient sur le petit écran. Il nous quitte après avoir été l’animateur du Ciné-Club de Minuit sur la chaîne 3 de la RTBF. Il s’amusait et nous amusait des films qu’il présentait. Mais le bébé qu’il a fait grandir, c’est à coup sûr Wallimage, le Fonds d’investissement wallon pour l’audiovisuel. Philippe Reynaert prend donc aujourd’hui sa retraite, heureux du travail accompli. Dans la Wallonie des images et du son, il a su mettre sa patte et faire rentrer de l’argent, le nerf de la guerre. Il a imprimé une impulsion nouvelle aux films tournés en Wallonie en devenant le directeur de Wallimage en 2000. C’était au lendemain du triomphe des frères Dardenne couronnés par la Palme d’or de Rosetta au Festival de Cannes 1999. Personne ne s’y attendait. Ce fut l’étincelle qui marqua le début du Fonds d’aide à la Wallonie des images, pour lequel il fallait trouver la perle rare : un directeur d’entreprise connaissant bien le cinéma et ses moyens de production. Philippe Reynaert, animateur, présentateur et ex-publicitaire, fut retenu par la Communauté française de Belgique. Il a dirigé ce fonds d’investissement pendant vingt ans. Un Fonds pour le cinéma Que fait donc cette société de production ? Elle investit de l’argent public dans les films qui se tournent en Wallonie pour qu’ils rapportent quatre fois la mise à la Région via un retour financier : la TVA, l’impôt sur les personnes physiques et morales, l’engagement de la main d’œuvre, les sociétés d’animation, le matériel et tout le reste. Bref, une entreprise que Philippe Reynaert a décrite en 2016 dans son livre d’entretiens et de souvenirs avec Jacques Bredael, intitulé Par ailleurs, le cinéma est une industrie. Il y explique son rôle à la tête de Wallimage et comment une industrie du cinéma purement wallonne a pu se développer sous sa gestion. C’est à travers cette entreprise que le cinéma wallon s’est mis à rayonner en Belgique mais aussi en Europe et jusqu’aux Etats-Unis. En vingt ans donc, plus de 89 millions d’euros ont été investis dans 430 projets avec un retour sur investissement de près de 400 p.c. Un euro en rapporte quatre. Ce sont des films, des séries télévisées, des documentaires ou des animations en 3D comme Bigfoot Family et Royal Corgi de Ben Stassen qui est à la tête de la nWave Pictures. Ou La Trêve, Ennemi public, Unité 42 ou Invisible coproduits par la RTBF et Wallimage. Ou encore Les Visiteurs 3 de JeanMarie Poiré, tourné à Namur en 2016. « Ce qui compte, explique Philippe Reynaert, c’est que la balance commerciale soit en faveur des films produits par Wallimage chaque année. » Et elle l’a été, cette balance, puisque les quinze premières années ont dépassé le bénéfice de deux cents millions d’euros en Région wallonne. Les Bruxellois s’y sont mis à leur tour avec Duelles, et puis la Région flamande qui a produit Girl.


Itinéraire d’un Liégeois Né près de Liège, dans une famille protestante, Philippe Reynaert ne s’intéressait pas au cinéma, sinon pour fréquenter occasionnellement les salles obscures au cœur de l’hiver. C’est en consacrant son mémoire de fin d’étude au surréalisme qu’il a découvert André Delvaux avec Rendez-vous à Bray qui est devenu son film culte tiré d’une nouvelle de La Presqu’île de Julien Gracq. Après deux ans passés dans l’enseignement technique, il devient journaliste en créant la revue de cinéma Vision dont il fut le rédacteur en chef de 1982 à 1988. Pigiste dans de nombreux titres de la presse écrite, il fait ses débuts à la RTBF en 1983 en reprenant la présentation du Ciné-Club de Minuit après le décès de Dimitri Balachoff. Philippe Reynaert a été aussi le président de la télévision publique locale Télé MB, avant de se mettre en congé suite à l’incompatibilité entre la chaîne locale et la chaîne publique qui l’avait engagé. Il a animé ensuite l’émission mensuelle de la RTBF L’envers de l’écran avant de prendre la direction de Wallimage. Il est membre également de l’Académie Delvaux qui organise le concours annuel des Magritte du cinéma depuis 2011. Aujourd’hui retraité, il garde intacte la passion du 7e Art. Il aime tous les films belges, de la veine réaliste au surréalisme, à commencer par les films de Jaco Van Dormael (Toto le héros ou Le Huitième Jour). Des souvenirs, il en a plein que vous lirez dans son recueil. Des bons comme sa rencontre avec Sylvester Stallone qu’il n’appréciait guère mais qu’il rencontra un jour à Bruxelles. Des années plus tard, il le revit aux Etats-Unis où Sylvester le salua en l’appelant « son cher copain » suite aux lunettes blanches qu’il avait remarquées. Son plus mauvais souvenir : son interview d’Harrison Ford qu’il vénérait et qui le snoba avant et après la rencontre télévisée, en se montrant courtois seulement devant la caméra. Triste moment pour notre interviewer. Sa retraite prise, Philippe s’en va en emmenant ses lunettes blanches, sa gouaille, ses bons mots et son appétit de faire partager les images. De nouvelles aventures l’attendent. Il sera remplacé par Virginie Nouvelle qui donnera, on l’espère, une « nouvelle » avancée à Wallimage en matière de diffusion numérique sur les plateformes. Michel Lequeux


ÉPIPHANIE : LA GALETTE DES ROIS À TABLE Elle se déguste chez nous le 6 janvier. Les enfants vous la réclameront sûrement. Ils l’attendent depuis le Nouvel An. Ils y chercheront la fève qui fera d’eux, s’ils la trouvent, le roi ou la reine de la journée. Mais savez-vous d’où vient cette fête que nous célébrons le jour de l’Epiphanie ? Elle nous vient de très loin. Elle nous vient des fêtes romaines consacrées à Saturne. L’esclave y tirait au sort la royauté d’un jour. Entre la fin du mois de décembre et le commencement de janvier, les Romains permettaient à un esclave de devenir le roi des lieux, le roi des dieux, et de se moquer ainsi de son maître. Ces fêtes favorisaient l’inversion des rôles dans la société afin de déjouer les jours néfastes de Saturne, divinité chthonienne du monde souterrain dont on se méfiait à Rome. Une fois par an, on rendait grâce au maître des Saturnales. Au cours d’un banquet familial où les esclaves de la maison étaient invités, les Romains utilisaient la fève d’un gâteau pour tirer au sort le prince du désordre. Le roi de l’anarchie. Le roi d’un jour, appelé « Saturnalicius princeps », pouvait exaucer tous ses désirs d’esclave pendant la journée, comme celui de donner des ordres à son maître, avant de retourner le lendemain à la vie servile qu’il venait de quitter. Cela permettait aussi de resserrer les affections domestiques autour de la maison. Pour assurer la distribution aléatoire de la galette, il était de coutume que le plus jeune esclave se place sous la table et nomme, sans le voir, le bénéficiaire de la part de gâteau qu’on attribuait à chaque participant. Celui qui recevait la fève était déclaré roi de la compagnie, laquelle se mettait à boire, manger et danser au son de la musique. Plus tard au Moyen Age, l’usage voulait qu’on partageât la galette en autant de parts qu’il y avait de convives, plus une laissée au hasard. Cette dernière, nommée la « part de la Vierge » ou la « part du pauvre », était destinée au premier venu qui se présenterait à la porte. On espérait que ce fût un pauvre hère qui partagerait la galette et deviendrait le roi de la journée en tirant la fève. La fève La tradition de « tirer les rois » à l’Epiphanie passe par la dissimulation d’une fève dans la galette. Son emploi remonte aux Grecs, qui l’utilisaient pour tirer au sort leurs magistrats. Car la part du hasard était inscrite dans la démocratie athénienne. Les Romains se servaient du même moyen pour élire le maître des Saturnales. Le christianisme, devenu religion d’Etat, remplaça la fève par l’enfant Jésus, longtemps cherché par les Rois mages. Les premières fèves en porcelaine apparurent à la fin du XVIIIe siècle. Si l’emploi de la fève est toujours d’actualité, il en existe d’autres de fantaisie que collectionnent les adeptes de la « fabophilie ». Ils en ont toute une collection. La galette est souvent faite d’une pâte feuilletée cuite au four. Elle peut être fourrée avec de la frangipane, des fruits, du chocolat ou de la compote de pomme. On dit que près de 70 p.c. des convives trichent pour donner la fève aux plus jeunes. Chiche que vous faites parties des tricheurs, et vos enfants vous en savent gré. Les boulangers fournissent avec la galette une couronne en papier doré ou argenté. Cette couronne porte sur elle le mot Epiphanie pour désigner la galette des rois. Ce mot, signifiant en grec « la manifestation divine », évoque les trois rois qui vinrent saluer la naissance du Christ à Bethléem. En Flandre, le gâteau s’appelle la driekoningentaart : la tarte des trois rois. Les trois rois Ils figurent dans l’Evangile selon Matthieu qui ne cite ni leur nom, ni leur nombre. Ils sont venus d’Orient, guidés par une étoile pour rendre hommage au « roi des Juifs » et lui apporter trois présents


d’une grande valeur : l’or, l’encens et la myrrhe. L’idée de leur origine royale apparaît chez Tertullien au début du IIIe siècle, et celle de leur nombre est évoquée un peu plus tard par Origène. Leurs noms seront fixés au VIIIe siècle dans une chronique universelle en latin, l’Excerpta Latina Barbari : Melchior, Gaspard et Balthazar. Ce sont les personnages traditionnels de la Nativité. Le thème de l’Adoration des Mages deviendra très populaire dans l’iconographie chrétienne. Selon Matthieu, ils se présentèrent à Jérusalem pour rechercher le « roi des Juifs qui venait de naître » et dont une étoile, peut-être la comète de Halley, leur avait montré le chemin. Causant ainsi le plus grand trouble auprès d’Hérode qui craignait pour sa royauté et auprès des habitants de Jérusalem qui ne voulaient pas déplaire à leur roi. Guidés par cette étoile, ils découvrirent l’enfant à Bethléem « avec Marie, sa mère », et lui offrirent trois présents. Après cet hommage, les mages furent avertis par Dieu de ne pas retourner auprès d’Hérode, et ils regagnèrent leur pays par un autre chemin. L’histoire se poursuit avec l’épisode de la fuite en Egypte et le massacre des Innocents. L’origine incertaine des mages de l’Evangile a pu faire songer à des prêtres perses venus de Médie (comme le veut le mot mage désignant des magiciens), à des astrologues babyloniens appelés « chaldéens » par les Grecs et les Romains, ou encore, vu leurs présents, à des voyageurs d’Arabie ou de Syrie. Les Romains y voyaient des devins venus vénérer la naissance d’un enfant sacré. Leur royauté semble avoir été forgée par la tradition à partir de divers passages de l’Ancien Testament. C’est Origène qui fixe le premier, dans ses Homélies sur la Genèse, leur nombre à trois, se fondant vraisemblablement sur les trois présents qu’ils apportaient avec eux. Des fouilles archéologiques dans le delta du Nil ont mis à jour un graphite peint à la fin du VIIe siècle, qui propose les noms de « Gaspar, Belkhior et Bathèsalsa » dans lesquels nous reconnaissons nos trois Rois mages. Les trois présents L’or évoque la royauté du Christ, l’encens son caractère liturgique, et la myrrhe, un parfum qui servait à embaumer les morts en Egypte. Gaspard, jeune prince aux traits asiatiques, offrit l’encens. Melchior, représenté comme un roi âgé, donna l’or. Et Balthazar, au visage noir portant toute sa barbe, offrit la myrrhe. La Renaissance italienne nous a révélé leurs visages avec Giotto, Fra Angelico, Hans Memling, Botticelli, Léonard de Vinci ou Albrecht Dürer. On peut les admirer dans nos musées. Michel Tournier leur a joint, dans son roman Gaspard, Melchior et Balthazar (1980), un quatrième roi mage, Taor, prince de Mangalore dans le sud de l’Inde. Eternel retardataire à la poursuite d’une recette du loukoum à la pistache, il vient troubler et vivifier le mythe en devenant le premier à recevoir l’eucharistie. Lisez ce beau roman qui vous plongera dans les senteurs parfumées de l’Orient, à l’époque du Christ. Vous offrirez donc la galette des Rois à vos enfants ce 6 janvier, en vous arrangeant pour que le plus jeune tire la fève et soit proclamé roi ou reine de la journée. Bon appétit aux tout petits autour de cette galette royale et sempiternelle. Michel Lequeux


UN KET DE BRUSSELLES : J'AI MÊME RENCONTRÉ ZINNEKE PIS Un zinneke, c'est quoi,ça ? Ouille ouille fieu, c'est un peu compliqué. Une fille de Bruxelles, une Brusseloise donc, c'est aussi une Zinneke (une hein, pas un, potverdekke !) et puis des autres choses mais je te dis le principal. Le vrai zinneke, qu'on appelle aussi stratond, c'est le clebs que tu vois courir sur les trottoirs et lever la patte sur tout ce qui sent pas comme lui. Un zinneke, c'est un hybride (si tu sais pas, va pas voir dans mon lexique, mais plutôt chez la Rousse) entre un chien et un réverbère. D'où son surnom : stratond (straat hond en brussels vloms). Le Zinneke fait le complément avec le Manneken et la Janneke : ils pissent tous les trois à leur façon. La différence, c'est que le Zinneke Pis est celui des trois qu'on croit le plus vrai. Tu arrives au coin de la rue des Chartreux et tout d'un coup tu vois un clebs occupé à arroser la patte levée un poteau du trottoir. Tu penses que c'est un vrai et tu vas pour lui flanquer un coup de pied au cul, mais ocherme mes orteils ! c'est du solide comme du bronze ! Quand tu viens de contempler la gentille mijole de Janneke, t'être fait arroser par la floeit de Manneken, cette fois-ci c'est ton gros orteil qui déguste. Brusselles, c'est la zwanze à tous les étages. Quand mon orteil était un peu guéri, je suis été voir qui était le metteko (singe) qui avait flanqué un clebs en bronze sur le trottoir. Eh ben, on a comme ça un faiseur de postures (un sculpteur, alleï) qui a la zwanze chevillée au corps, fieu. Il s'appelle Tom Frantzen. Car le Zinneke, c'est pas sa seule zwanze, tu sais ? Quand tu passes place Sainclette à Meulebeek qu'est-ce que tu vois, potverdekke ? Un brave ajouën (agent de police) qui casse sa gueule sur les pavés car un sale petit ket qui sort d'une plaque d'égout lui a attrapé son pied ! J'en étais flapigeol de rire quand je l'ai vu. Deux jours plus tard, je suis rue du Midi avec ma crotje et elle me dit tout d'un coup : « Ara ! Madame Chapeau est là, elle frouchel (chipote) dans son cabass. » Et moi je réponds comme ça pour zwanzer : « Tu vois passer la tête de son lapin Jefke ossi, sans doute ? — Oué, et même qu'elle a acheté des poraux pour sa soupe de midi. » » Mais non, je zwanze mais elle avait raison, cameroet ! Madame Chapeau, en chair (un tout petit peu) et en os (beaucoup) était là devant moi ! Mais comme le flic, comme le clebs, elle était en bronze ou quelque chose comme ça (Dur, tu peux le savoir, mon orteil le sait aussi). Et puis un jour, je me promène place de la Chapelle, car c'est quand même un peu le cœur du Brusselles des petits, et comme je mesure juste 1,70m, ça tombe bien. Je zwanze, nature ! Donc, place de la Chapelle, qui j'ai vu, qui ça ? Tu donnes ta langue à Minneke Poes ? Ben Pieter Brueghel, tiens ! Le peï de la Chute d'Icare qu'on voit même pas où il est tombé (encore un zwanzeur comme l'autre, il aurait dû appeler son tableau : « Ceci n'est pas la chute d'Icare ») Le peintre est en train de peinter juste à côté de l'église, net là où il installait son chevalet du temps où il y avait pas de tram qui passait par là. Alors dans la semaine, et là je t'assure j'ai quand même un peu eu les poepers (la trouille) c'est quand j'ai vu Jacques Brel. J'arrive à la place de la Vieille Halle aux Blés et qui est là, au milieu, occupé à chanter Madeleine qui arrive pas ? Lui. Les bras grands ouverts comme s'il m'avait reconnu et qu'il me crie : « ♫Mon beau ket est revenu ♫ ! » J'allais pour lui donner une baise quand j'ai sentu de nouveau ce froid contre ma joue ce coup-ci : du bronze, janvermille. Du bronze partout ! Je tire mon chapeau à ce monsieur Tom Frantzen, car ses postures reflètent tellement bien l'esprit de Brusselles, que je pense que c'est aussi un vrai ket de chez nous. Georges Roland Retrouvez les romans bruxellois de Georges Roland sur www.georges-roland.com Ils sont maintenant disponibles en format poche !


AU GUI L’AN NEUF POUR 2021 ! Il est de tradition le 1er janvier – du moins, ce l’était, car les traditions se perdent dans nos grandes villes – d’offrir un rameau de gui en disant « Au gui l’an neuf ! ». Les amoureux qui s’embrassent sous une branche de gui le 31 décembre à minuit scellent, dit-on, un amour qui durera toujours... Mais d’où vient cette coutume qui associe le gui porte-bonheur aux fêtes du Nouvel An ? C’est une longue histoire, aussi vieille que cette plante parasite qui pousse en hiver sur certains arbres comme le pin, le sapin ou, plus rarement, le chêne. Ses feuilles toujours vertes et charnues abritent de petites baies blanchâtres dont se nourrissent les oiseaux au cœur de l’hiver. C’est d’ailleurs en se nettoyant le bec sur les branches, qu’ils transportent les graines d’un arbre à l’autre. La verdure éternelle du gui, associée au chêne, a toujours été un symbole d’immortalité. Les Gaulois, qui croyaient en l’immortalité des âmes, le cueillaient en hiver, à l’époque de la floraison, « lorsque la plante est le plus visible et que ses longs rameaux verts, ses feuilles et les touffes jaunes de ses fleurs, enlacés à l’arbre dépouillé, présentent l’image de la vie au milieu d’une nature morte et stérile », comme l’écrit si joliment Michelet dans son Histoire de France. La cueillette de cette plante magique ne pouvait se faire qu’au moyen d’une faucille en or, le plus noble des métaux et selon un rituel que rapporte Pline l’Ancien, écrivain latin du 1er siècle de notre ère. Chaque année, le sixième jour de la nouvelle lune succédant au solstice de l’hiver (c’est-à-dire fin décembre), les druides, qui étaient les prêtres des Gaulois, se rendaient en cortège dans la forêt auprès d’un grand chêne. Vêtu d’une longue robe blanche, l’un d’eux montait dans l’arbre sacré et coupait le gui avec une serpe d’or pour reprendre « l’eau du chêne » : la vitalité et la force de l’arbre dérobées par la plante parasite. César, dans La Guerre des Gaules, le confirme : « Un prêtre en robe blanche monte sur l’arbre et coupe avec une serpette d’or le gui. Les druides croient que l’eau où l’on a fait tremper le gui rend féconds tous les animaux qui en boivent et qu’elle est un remède efficace contre toute espèce de poisons. La cérémonie pour cueillir le gui est la plus solennelle de toutes celles que pratiquent les druides. » Les rameaux étaient recueillis au vol dans un drap blanc tendu au pied du chêne, car pour garder leur pouvoir magique, ils ne devaient pas toucher le sol. Le gui était alors distribué parmi l’assistance nombreuse, et chacun emportait sa part de porte-bonheur pour la nouvelle année, tandis que deux taureaux blancs étaient immolés aux cris de « O ghel an heu ! », ce qui signifiait dans la langue celtique « Que le blé germe ! ». Rituel associé au renouveau de la nature. L’adage populaire, en transposant l’expression celtique, en a fait : Au gui l’an neuf ! La superstition tenace du gui n’était pas du goût des chrétiens qui, au 4 e siècle, tentèrent de l’éradiquer. La vénération du gui fut décrétée païenne. Lorsque la fête de Noël remplaça la fête païenne du « Sol invictus », le Soleil invincible (fête de Mithra, dieu solaire), le houx fut substitué au gui. Un remède universel Souvenez-vous, dans les aventures d’Astérix, le druide Panoramix en coupe sur les chênes avec sa serpe d’or. Le gui fait partie de ses ingrédients pour préparer la fameuse potion magique qui délivrera les Gaulois de tous leurs maux, y compris les Romains, leurs pires ennemis. On sait que pour les Gaulois le gui était une panacée, une sorte de remède universel. Ils l’appelaient d’ailleurs la plante « qui guérit toutes les maladies ». Ils croyaient que, prise en tisane, elle rendait les animaux féconds et constituait un puissant antidote contre les poisons. Cette croyance a survécu dans la médecine naturelle, qui recommande toujours le gui en pommade ou en tisane. Broyé avec du


saindoux, on en fait un onguent pour les engelures. En tisane, le gui agirait sur le métabolisme en général et sur le diabète en particulier. Il règlerait les troubles vasculaires, les pertes trop abondantes et pourrait même supprimer la stérilité... Il y a sûrement du vrai dans tous ces boniments deux fois millénaires. Les légendes ont la vie longue. Voilà pourquoi vous offrirez cette année, avec vos meilleurs vœux pour 2021, un rameau de gui à ceux que vous aimez. Et moi, au lieu de vous dire simplement « Bonne année », je vous dis : Au gui l’an neuf ! Michel Lequeux

CONTE D'HIVER Réveillez-vous Seigneur Hiver ! Votre ami Blizzard frappe à la porte de votre château. Bise l'accompagne, pour vous réveiller d'un baiser piquant sur vos lèvres gelées. Venez, Sire, votre règne est arrivé ! La dernière feuille a été emportée par les vents de Dame Automne. Le sol s'est refermé et est entré en méditation. Réveillez-vous Seigneur Hiver ! Sortez de vos coffres les neiges immaculées, polissez les glaces, affûtez les vents, convoquez les tempêtes, vérifiez les éclairs, ne laissez rien aux mains de l'incontrôlable Hasard, ce troubadour faiseur de pétards mouillés et de vents qui tournent mal. Que votre règne soit impitoyable! Et que jamais ne parviennent à vos royales oreilles les mots offensants "L'hiver est doux cette année". Prenez, Majesté, les clés que Blizzard a arrachées des mains de votre cousine, la reine Automnia. Regardez-la s'enfuir épouvantée dans son carrosse aux couleurs rutilantes. Les bruits de couloirs glacés vous conteront, Sire, que votre cousine s'est laissée séduire par un bel été indien... Ecoutez les portes qui claquent vous raconter qu'il y eut plus de soleil que d'ondées, plus de chants d'oiseaux que de grondements de tonnerre. Ridicule! dites-vous ? Il semblerait pourtant, selon mes sources encore vives, que ce fut très apprécié par toutes les créatures vivantes. Lors de vos inspections des forêts, chaque craquement de bois vous contera les secrets de cette idylle et les charmes de cet Indien qui a embrasé les rousseurs de sa belle. Non, non, ne me raccompagnez pas, Sire, je sors! Silvana Minchella


DU CÔTÉ DE LA MONNAIE Suite à la décision prise par le gouvernement d’interdire les manifestations théâtrales jusqu’à nouvel ordre, La Monnaie est une nouvelle fois contrainte de repenser sa programmation en profondeur. Puisque nous ne sommes plus autorisés à accueillir de public dans nos bâtiments, toutes les représentations sont annulées et reportées à une date ultérieure. Cette décision n’est en aucun cas un aveu de défaite, et encore moins la preuve que nous regrettons d’avoir choisi de lancer la saison 202021, malgré ces temps d’incertitude. Nous avons fait le choix, il y a quelques mois, de laisser nos artistes et nos employés faire leur travail et ainsi d’offrir au public ce qu'il désire. Nous avons souhaité rester fidèle à notre mission, malgré cette période singulière. Et c'est précisément parce que nous avons conscience du rôle crucial de la culture dans de tels moments d'adversité, que nous préparons, dès aujourd’hui, la suite de notre saison. Emplis d’espoir et de bonne volonté, nous repensons cette saison une nouvelle fois, selon les protocoles que nous avons établis et qui ont été approuvés par les autorités officielles. Comme au printemps, nous profiterons des semaines à venir pour travailler discrètement en coulisses afin de satisfaire dès que possible notre fidèle public avec des opéras, de la danse, des concerts, des récitals et des concertini. L’équipe de la Monnaie

UN MOT DU T.T.O. Chers spectateurs, chères spectatrices, Vous l’avez certainement appris comme nous samedi midi (vendredi matin ou était-ce finalement vendredi soir ? On s’y perd !). Nous nous voyons dans l’obligation de fermer à nouveau temporairement nos portes à notre public. C’est un nouveau coup de massue pour nous et pour le reste du monde de la Culture, mais nous espérons tout de même contribuer à l’effort commun pour endiguer cette maladie ! Durant ces derniers mois, nous n’avons eu de cesse de tenter de nous réinventer et de trouver des solutions pour continuer d’exister, même ailleurs, même autrement. Rassurez-vous, derrière les portes fermées, notre équipe est pleine de ressources et fait son maximum pour que la lumière revienne. La situation est difficile et nous vous demandons de l’indulgence, car nous travaillons d’arrache-pied pour vous permettre d’assister bientôt à nouveau à nos spectacles et pour nous permettre encore d’exister. D’un point de vue organisationnel, nous vous demanderons de ne pas saturer nos lignes téléphoniques. Nous reviendrons à vous avec de bonnes nouvelles. Aujourd’hui, si nous existons encore, c’est grâce à vous, grâce aux dons que nous avons reçus, grâce à celles et ceux qui ont fait l’acquisition de l’un ou plusieurs de nos masques solidaires… Merci à eux, merci à vous ! Avec un public pareil… Qui a besoin d’une armée ? Haut les cœurs ! Prenez surtout soin de vous et des autres, et si vous sortez, n’oubliez pas votre masque ! Enfin, pour conclure nous avons une pensée émue pour le personnel soignant sur les genoux, se remettant à peine de la première vague et que nous sollicitons à nouveau. Ce sont eux et elles les vrais héros et les vraies héroïnes de notre Histoire. L’équipe du Théâtre de la Toison d’Or


ET À LA COMÉDIE CLAUDE VOLTER ! Chères spectatrices, chers spectateurs, Au vu de la situation sanitaire actuelle, la réservation de tickets par téléphone et sur place est momentanément suspendue. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à contacter notre secrétariat à l’adresse mail suivante : secretariat@comedievolter.be Nous vous invitons aussi à consulter notre site web et à visiter notre page Facebook pour d’éventuelles mises au point. Nous nous réjouissons à l’idée de vous revoir à l’occasion du spectacle “Le noir te va si bien” que nous espérons jouer prochainement. Prenez bien soin de vous et de ceux qui vous entourent. Bon courage à tous ! L’équipe de la Comédie Claude Volter

DES NOUVELLES DU THÉÂTRE ROYAL DU PARC Je voulais encore vous remercier pour la confiance que vous nous témoignez et tous ces magnifiques retours qui nous sont parvenus suite au spectacle « To play or not to play ». La situation évolue de jour en jour et il est bien difficile de savoir ce qui se passera dans quelques semaines. Nous attendons la prochaine conférence du Conseil national de Sécurité et nous reviendrons vers vous dès que possible … Nos équipes restent mobilisées pour répéter, créer des spectacles afin de pouvoir ouvrir dès qu’il nous le sera permis ! Votre patience, votre compréhension et votre solidarité nous vont droit au cœur. Prenez soin de vous ! Nous espérons vous retrouver très vite. Thierry Debroux, directeur

ET AU THÉÂTRE ROYAL DES GALERIES ? Chers spectateurs, Suite aux mesures prises en octobre dernier par le gouvernement, nous sommes contraints d’annuler toutes nos représentations jusqu’à nouvel ordre et nous mettons tout en œuvre pour les reporter au cours de la saison 2020/2021. Nous reviendrons vers les abonnés avec un calendrier de report de leur série. Quant aux spectateurs qui ont acheté des places, nous leur proposons plusieurs solutions. Le transfert pour de nouvelles dates qui leur seront communiquées prochainement ou le transfert de leurs places sur l’un des autres spectacles de la saison en cours. Pour toutes informations, vous pouvez vous adresser à notre service de billetterie par courriel à location@trg.be ou par téléphone au 02 / 512 04 07 (du mardi au samedi, de 11h à 17h). Le Théâtre des Galeries suit de près les évolutions des mesures et vous en informera via son site internet et ses réseaux sociaux. Merci pour votre compréhension. Nous espérons vous retrouver très vite. L’équipe du Théâtre royal des Galeries


LA BALSAMINE SUSPEND TOUTES SES ACTIVITÉS ET REPRÉSENTATIONS PUBLIQUES Chers spectateurs et spectatrices, En raison des mesures prises par le gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale pour limiter la propagation du coronavirus, la Balsamine est momentanément contrainte de cesser toutes activités et représentations publiques. A compter d’aujourd’hui, les bureaux du théâtre seront également fermés. Pour toutes vos questions ou vos demandes, nous sommes joignables uniquement par email aux adresses : info@balsamine.be et reservation@balsamine.be Les membres de l’équipe de la Balsamine sont également joignables sur leurs adresses e-mails. En tant que lieu de création et d’accompagnement des artistes, la Balsamine maintient les répétitions des projets « les lianes » et « Au pied des montagnes », tout en respectant les normes sanitaires en vigueur. Nous travaillons pour reporter au maximum tous les spectacles et activités qui n’auront pu être maintenus. Nous vous tiendrons informés dès que possible. Les détenteurs de billets déjà achetés et/ou les personnes ayant réservé pour l’un ou l’autre des spectacles et activités prévus seront contactés par la billetterie dans les prochains jours et seront tenus au courant des démarches à suivre. Merci pour votre compréhension. Au plaisir de vous retrouver bientôt ! L’équipe de la Balsamine

MESURES AU RIDEAU DE BRUXELLES Chères spectatrices et chers spectateurs, Suite aux mesures prises par le gouvernement pour limiter la propagation du coronavirus, nous sommes contraints d’annuler nos représentations et mettons tout en œuvre pour reporter l’ensemble des spectacles au cours de la saison 20-21. Vous qui êtes abonnés ou qui avez réservé des places, plusieurs solutions s’offrent à vous : le transfert de vos places sur les nouvelles dates qui vous seront communiquées prochainement pour ces mêmes spectacles, le transfert de vos places sur l’un des autres spectacles de la saison en cours ou le remboursement de vos places. Il est également toujours possible de reverser l’entièreté ou une partie du montant de vos places au fond de solidarité destiné au soutien des travailleurs du secteur culturel, créé en mars 2020 (contribution non déductible fiscalement). Merci de communiquer votre choix en mentionnant explicitement vos nom et prénom ainsi que vos coordonnées bancaires en cas de remboursement, auprès de notre service billetterie par courriel à reservation@rideaudebruxelles.be ou par téléphone au +32 (0)2 737 16 01 (du mardi au vendredi, entre 14h30 et 18h). Le Rideau de Bruxelles suit de près les évolutions des mesures et vous en informera via son site internet et par ses lettres d’infos. Merci pour votre compréhension. Nous nous retrouvons dès que possible. En attendant, restons en lien. Soyons prudents et solidaires. L’équipe du Rideau


LE POINT AU THÉÂTRE LE PUBLIC ! En écho aux décisions du gouvernement pour limiter la propagation du virus, c’est décidé : les théâtres ferment. Nous allons donc baisser le rideau pour une période indéterminée. Nous sommes désolés de devoir interrompre une saison qui s’annonçait joyeuse. Mais la pandémie nous a rattrapés. Sachez, cependant, que toutes les équipes restent mobilisées. Dès à présent, nous recherchons des alternatives pour rester en contact avec vous. Nous vous tiendrons au courant régulièrement des initiatives que nous allons prendre. Car il nous parait essentiel de nous fixer des perspectives. Nous pouvons déjà vous dire que nous allons faire le maximum pour que vous puissiez avoir accès à tous les spectacles tels qu’ils ont été programmés. En attendant, sachez que vos places ne sont pas perdues : vous pouvez les conserver en attente d’une reprise du spectacle suspendu. Vous pouvez également les utiliser sur un autre spectacle au choix de cette saison ou de la suivante. Vous pouvez aussi nous téléphoner pour que nous puissions tenter de répondre à toutes vos questions. Nous profitons de la présente pour vous remercier encore de votre soutien indéfectible depuis le mois de mars dernier. Vous revoir, chaque soir, dès la réouverture a décuplé notre énergie et notre motivation. Vous êtes nos meilleurs alliés auprès des pouvoirs publics. C’est vous qui avez fait comprendre que la culture est une activité essentielle à vos vies, à vos moments de loisirs et de libertés. Nous avons la volonté de maintenir ce lien qui nous unit. Et qui vous unit aussi aux artistes. Nous allons rechercher tous les moyens qui nous permettront de rester en mouvement pour continuer à préparer l’avenir. Pour maintenir vivants les lieux vivants. Les lieux qui favorisent la liberté de penser, la confrontation des idées et des points de vue. Les lieux qui favorisent les divertissements vivifiants. Votre présence, votre fidélité, sont notre meilleure motivation. Les artistes restent donc mobilisés pour répéter, fabriquer des spectacles afin de pouvoir lever le rideau dès que possible. Nous allons tenter de mettre en place des streamings pour que vous puissiez « assister » aux spectacles qui se sont arrêtés. Nous espérons que vous et votre entourage serez préservés le plus possible de cette crise profonde et violente. Plein de courage à toutes et tous. À vous revoir très vite autour des scènes, pour de nouveaux récits. Patricia Ide, Michel Kacenelenbogen et toute l’équipe du théâtre Le Public

MÊME AMBIANCE AU THÉÂTRE DES MARTYRS ! La nuit est tombée brutalement. Come chaque fois, au passage à l’heure d’hiver, recouvrant ainsi de son voile noir les cinémas, les centres culturels, les musées et les théâtres, fermés par les autorités pour cause de covid-19, jusqu’à une période indéterminée. Devant la pandémie redoublant de force, devant notre système de soins de santé toujours aussi faibles, il n’y avait guère d’alternative pour soulager des vies, pour en sauver d’autres … Et nous nous associons pleinement à cette décision, même si nous déplorons les cacophonies qui l’ont précédées. La nuit est tombée, mais le jour reviendra. Il ne faut point en douter. Nous nous retrouverons et nous nous applaudirons, prenant plaisir au partage des intelligences et des émotions des arts de la scène. Nous travaillons aujourd’hui à évaluer au mieux la situation et, dès qu’elle se décantera, nous mettrons en place un nouveau calendrier de représentations, toujours dans le respect des consignes sanitaires. Nous reprendrons prochainement contact avec les spectateurs détenteurs de billets ou d’abonnements pour leur présenter les modalités d’échange ou de remboursement. Prenez soin de vous. L’équipe du Théâtre des Martyrs


DVD – BLU-RAY : AVA Jessica Chastain est cette rousse flamboyante qui, depuis une décennie, a conquis Hollywood. Pas pin-up de magazine, mais actrice nuancée, flanquée d’une véritable capacité de jeu et de présence authentique, sorte de funambule capable de camper les vamps autant que les femmes dangereuses. Le réalisateur Tate Taylor la retrouve devant la caméra neuf ans après « La couleur des sentiments » et lui offre un rôle proche de ceux qu’Eric Besson a offert à ses égéries, avec une histoire pétaradante de tueuse à gage au service d’une association anonyme et qui, suite à une mission avortée, devient la cible de ses employeurs. De prédatrice à proie, il n’y a qu’un pas avec pour seul mot d’ordre : tuer pour survivre ! La réalisatrice se borne à suivre un schéma classique, avec poursuites et séquences de castagne à profusion, qui réclament des aptitudes physiques certaines de la part des prestataires. John Malkovich et Colin Farrell prouvent une nouvelle fois qu’ils ne sont pas manchots et tirent leur épingle du jeu en donnant de l’épaisseur à leur rôle. Maintenant, il ne faut pas s’attendre à un long métrage qui va révolutionner les codes du genre. On se situe à mi-chemin entre « Nikita » et « The Chacal », avec un montage serré et une lecture au premier degré. Malgré un script un peu maigre, le scénariste Matthew Newton parvient a insérer une romance qui se noue avec le beau Common, malgré des flingues prêts à surgir de partout. Le but n’est évidemment pas de coller à la vraisemblance du récit, mais d’humaniser un personnage qui en a grandement besoin. Puis, il y a également une couche de noirceur qui apparaît au fil des dialogues. A mesure qu’elle s’enfonce dans son besoin de disparaître des radars, Ava fait référence à ses anciens démons qui l’ont plongée dans la consommation de drogue. Enfin, une menace réelle pèse sur sa famille, avec des représailles potentielles. Mélangeant avis nuancés, cet opus a été diversement accueilli par la critique, lui reprochant de surfer sur la vague de l’action pure sans jamais aller au bout des choses, avec de la faiblesse dans l’analyse de la psychologie des protagonistes, tout en se voulant un film conçu pour fédérer les amateurs d’adrénaline. Au menu : explosions, effets pyrotechniques, cascades, ecchymoses, éraflures et empoignes qui ne mettent jamais en doute les qualités de l’actrice principale. Daniel Bastié

DVD – BLU-RAY : PINOCCHIO Après la version mise en scène en 2002 de Roberto Benigni, on retrouve ce dernier devant la caméra de Matteo Garrone pour camper Geppetto, le papa de Pinocchio. Il s’agit bien sûr d’un récit archiconnu, écrit en 1881 par Carlo Collodi et devenu rapidement un classique de la littérature, qui raconte de quelle manière un pauvre menuisier italien sculpte un pantin dans une bûche de bois. Contre toute attente, la marionnette s’anime et se met à jouer mille tours pendables au pauvre homme. Chacun de ses mensonges se manifeste par un allongement de la taille de son nez. Finalement et après avoir vécu moult aventures plus cocasses les unes que les autres, il prend chair et devient un véritablement petit garçon. Pour visionner sans a priori cette énième version, il convient d’oublier tout ce qui a été vu précédemment, dont la fameuse déclinaison des studios Disney (1940) qui a figé dans l’imagination populaire le personnage et ses tribulations. Plutôt que d’en effectuer une énième adaptation, l’idée a été de retourner aux sources de l’histoire, en évacuant les clichés répandus auprès des jeunes spectateurs pour revenir à un ton baroque qui représente concrètement une prise de risque. En balayant ce qui a été raconté depuis des lustres, on assiste à une balade féérique, parfois sombre, dans un monde qui renvoie par instants aux univers de Federico Fellini, avec une photographie de toute beauté et une partition stylée de Dario Marianelli, qui joue la touche de la nuance plutôt que de scander le film de manière syncopée. Alors que Disney vient d’annoncer la mise en chantier de son remake live par Robert Zemeckis et que Guillermo del Toro s’attaque à une transcription en stop-motion pour Netflix, « Pinocchio » de Matteo Garrone sonne comme une parenthèse bénéfique dans l’univers aujourd’hui grandement aseptisé de l’Entertainment mondial. Régalonsnous donc sans avoir honte d’y prendre plaisir ! Daniel Bastié


EDGAR ALLAN POE REVISITÉ PAR LE CINÉMA DE ROGER CORMAN Assez curieusement et hormis Roger Corman, peu de réalisateurs ont investi les territoires balisés par Poe. Si on s’amuse à recenser à travers le monde les adaptations de ses textes tant pour le cinéma que pour la télévision, on découvre avec un certain effarement que le nombre n’excède guère quatre-vingts, voire quatre-vingt-cinq projets. Un comble pour un auteur majeur du XIXe siècle ! La responsabilité échoit à une prose qui fluctue sans cesse entre songes et réalité, qui se veut descriptive et souligne des atmosphères lugubres nées dans le creuset des hantises d’un individu malade de sa consommation et de lui-même, présomptueux et paradoxalement d’une tristesse effroyable. Personne ne souhaite vivre son existence, sorte de tragédie déclinée en plusieurs actes et étalée sur quatre décennies. Davantage qu’un exutoire, l’écriture se voulait pour lui un viatique ou moyen d’exorciser les démons qui l’assaillaient sans arrêt, reflétant ses obsessions et un état psychologique de plus en plus délabré autant qu’un moyen de faire chauffer la marmite. Chaque fois qu’il a été transposé à l’écran, il a s’agit d’insérer ses univers dans une sphère qui oscillait entre traditions victoriennes et éléments gothiques (codifiés par la suite !), connotant son patronyme de terreur pure ou de détresse névrotique. Force revient de constater qu’il a particulièrement inspiré certains artistes modernes, établissant une nomenclature du folklore macabre que se sont particulièrement approprié Mario Bava et Jean Rollin, avec toujours des éléments qu’on refuse d’omettre lorsqu’on finance aujourd’hui un film de genre (caves poussiéreuses, ferronneries oxydées, cryptes obscures, engins de torture). A l’instar de nombreux confrères, il a pris conscience des bouleversements qui s’opéraient dans la société. L’austérité des habitudes et du mode de vie a été confrontée avec soudaineté aux avancées foudroyantes des sciences pour chambarder les certitudes et donner naissance à de fulgurantes théories sur l’humanité, ses origines et son avenir. Aucun intellectuel ne pouvait nier que quelque chose de neuf se mettait en saillie. Restait à détailler certaines positions et à trier le bon grain de l’ivraie, car tout et n’importe quoi était entériné au nom du progrès. Dans les laboratoires, on testait et on cherchait à tirer des lois. Dans les bibliothèques, on s’évadait. Dans les écoles, on enseignait ce qui devait l’être. Dans les ateliers, on créait. Ce n’est pas pour rien que le XIXe siècle a laissé éclore quelques pépites de la manne fantastique avec « Frankenstein » (1816) de Mary Shelley, « Le vampire » (1817) de John William Polidori, « L’étrange cas du docteur Jekyll et de Mister Hyde » (1886) de Robert Louis Stevenson, « Carmilla » (1887) de Sheridan le Fanu et, bien sûr, « Dracula » (1897) de Bram Stoker. L’époque était propice à ce type de récits et les esprits prêts à les encenser sans sourciller, malgré les ciseaux d’une censure vivace et vigilante. Pour échapper à cette dernière, il incombait de ne pas décrire certains comportements amoraux (adultère, inceste, viol) ou à les parer du sceau de la folie, de les attribuer à un dément ou à un monstre pour, en fin de lecture, rétablir le droit en faisant triompher le Bien. Chose à laquelle Edgar Allan Poe s’est toujours employé, puisque la lumière disperse les ténèbres. Malgré des efforts répétés, le septième art a rarement bénéficié à Poe, n’ajoutant peu ou prou de lustre à sa réputation d’enfant terrible et de chrétien non pratiquant, perverti par des addictions dangereuses. A sa manière, Roger Corman a enclavé l’écrivain dans une série de poncifs pour engendrer des chocs visuels, passant de personnages décadents à la matérialisation d’angoisses métaphysiques, sans omettre le motif iconique du chat noir. D’une façon réductrice, on peut également retenir que le cinéaste a joué avec le thème de la culpabilité pour justifier les agissements de ses protagonistes, ramenant du coup le récit à un niveau de compréhension beaucoup plus accessible que l’apparition de Morella ou de Ligeia dont on-ne-sait-pas-trop-où ? Avec son cycle de sept longs métrages, Roger Corman s’est targué de devenir l’ambassadeur de l’écrivain et il est vrai qu’il a réussi à sceller d’une pierre blanche le souvenir de ce dernier dans la mémoire collective, en poussant le public à découvrir chacune de ses réalisations et à attendre la suivante. Ed. Ménadès – 238 pages Sam Mas


JULOS BEAUCARNE Julos Beaucarne a été l’artiste belge dont on parlait lorsque l’étais jeune. Un homme dont on étudiait les textes au cours de français et dont on acclamait la non-violence au cours de morale. Le meurtre de sa compagne Loulou par un déséquilibré avait marqué les esprits. En travaillant en artisan, il était parvenu à s’entourer d’un public fidèle, féru de sa musique et de sa prose, même si les médias ne lui ont jamais offert un piédestal pour se faire connaître loin de ses terres. Nelly Gay, amie de longue date de ce chanteur hors-normes, revient sur l’homme, son parcours et son immense humanité. Plutôt que de proposer une biographie, elle a choisi de présenter ses talents multiples en les installant au cœur même de ses préoccupations, qui demeurent l’écologie, le respect d’autrui et la liberté sans périmètre restrictif. L’opportunité de se familiariser aves ses mondes, mais également de voir apparaître d’autres aspects de sa personnalité : sculpteur, peintre, écrivain, acteur, conférencier, … Cet ouvrage est bénéfique dans la mesure où il nous fait momentanément oublier la pandémie et nous invite à suivre un être de chair qui ne parle que d’amour à partager sans calcul. Un créateur qui, avec une guitare, chante ce qu’on a envie d’entendre, nous berce et nous fait réfléchir en même temps. Bien entendu, ses voyages et ses rencontres multiples enrichissent ce volume agrémenté de nombreuses photographies en couleur. Né à Bruxelles en 1936, le bonhomme n’a pas fini de nous étonner en répétant inlassablement : « Il faut s’aimer à tort et à travers ! ». Un slogan à adopter sans modération ! En guise de bonus : une préface signée Philippe Delerm, le père de l’autre … Ed. La Renaissance du Livre – 158 pages Paul Huet

LE MONDE D’APRÈS ! Nous le savons, il y a eu un avant et il y aura un après Covid-19 ! Frédéric Dubus, caricaturiste du « SoirMag », de « La Libre Belgique » et de « La dernière Heure », n’a pas pu passer à côté de la pandémie. La saga des masques, le télétravail, la fermeture des commerces et, parmi d’autres, le confinement ont été une manne dont il ne pouvait que s’emparer. Si ses cartoons et mini-bédés ont été découverts par les lecteurs au jour le jour, les voilà à présent rassemblés dans un album cartonné fait pour devenir un numéro historique. Rappelez-vous, hier vous embrassiez encore vos collègues, vous vous donniez rendez-vous au restaurant et vous alliez écluser des bières les uns chez les autres. Depuis ce temps béni, dont personne n’évaluait à sa juste mesure la félicité, les règles ont changé, avec un couvre-feu, des bulles à respecter, une distanciation devenue obligatoire et le port du masque imposé. Alors, pour rire un peu de la situation (sans minimiser les patients qui meurent dans les hôpitaux et en saluant les efforts du personnel soignant !), ce recueil a le mérite de piquer là où il faut, en revenant sur une année pas du tout comme les précédentes et qui a vu le prix du gel hydroalcoolique multiplié par dix. Alors, pour bien débuter 2021, installez-vous confortablement dans un sofa, servez-vous un apéritif ou un café-crème et dévorez ces pages grinçantes et jamais méchantes. Une manière de relire l’actualité de manière simple et ludique ! Ed. La Renaissance du Livre – 68 pages Paul Huet


AU COEUR DE LA VAGUE Rarement la société a été chahutée avec une pareille virulence. Emmanuel Macron l’a clamé : Nous sommes en guerre ! En guerre contre une saloperie de virus qui a réussi l’exploit de paralyser toute notre civilisation. Une saleté venue de Chine et qui, en quelques semaines, a conquis tous les continents pour imposer sa loi avec célérité. Patrick Chappatte, dessinateur de presse, revient sur les mois que nous avons vécus en confinement, tandis qu’une partie de la population se battait sur les avant-postes dans les hôpitaux. Plutôt que de sombrer dans l’apathie, il a tenu un journal du déroulement des événements pour en faire un roman graphique, en prenant la peine de coller au plus près de l’actualité, en évitant les digressions et le pathos. Avec un professionnalisme qui n’est plus à démontrer, il a suivi le quotidien d’un épidémiologiste, d’un médecin, d’une infirmière, d’un policier, etc. pour se fondre au cœur de l’action. Non sans une pointe d’humour, il relate la saga qui a frappé l’Europe et les gestes idoines face à une pandémie inédite. Tout a été à inventer ! Si son récit se déroule en Suisse, on reconnaît d’emblée des situations vécues ici comme ailleurs, avec une portée universelle. Autant qu’une chronique, cet album peut être lu comme étant un hommage à tous les disparus, à celles et ceux qui ont mis leur santé en péril pour sauver des existences et aux malades aux soins intensifs. Ed. Les Arènes – 124 pages André Metzinger

WHISKY Whisky ou whiskey est le nom générique d'un ensemble d’eaux-de-vie fabriquées par distillation de céréales maltées ou non. L'origine du produit est encore aujourd'hui sujette à controverses entre Ecossais et Irlandais, chacun y allant de ses arguments. Par la suite, le whisky a été exporté vers le Nouveau Monde (notamment aux States et au Canada). Depuis le début du XXe siècle, des distilleries se sont développées en Asie, avant de donner des idées à des personnes entreprenantes un peu partout dans les deux hémisphères. Les scénaristes Stéphane Carrié et Arnaud Delalande reviennent sur l’histoire de ce breuvage à travers la personnalité de François-Xavier, ancien Trader déchu, qui a accepté de se lancer dans une enquête singulière. Engagé par le richissime Enrico Zanetti, il a pour mission de retrouver cinq whiskys légendaires disséminés aux quatre coins du globe. Pour ce faire, il s’adjoint les services de Giorgio Paviani, un palais expert, mais aveugle. Des Highlands au Kentucky, du Mont Fuji aux glaces de l’Antarctique, le duo s’affaire à tout explorer, conviant le lecteur à découvrir certains secrets de fabrication, l’origine de ces nectars et leur histoire à travers les âges. Stéphane Douay, dessinateur, a mis son crayon au service de ce script pour dresser un roman graphique rempli de rebondissements et qui se veut tour à tour ludique et pédagogique. Une tour de la planète pour se confronter aux meilleurs crus. Un livre qui n’intéressera pas que les amateurs de cuvées rares ! Ed. Les Arènes – 136 pages Paul Huet


L’INCROYABLE HISTOIRE DU SEXE La sexualité a toujours été le moteur qui fait tourner le monde, objet de toutes les attentions, de toutes les défiances, de tous les excès et de tous les plaisirs ! Selon les époques, la société a souhaité la régenter, la libérer ou l’enclaver, avec constamment deux notions importantes qui demeurent celles de l’ars erotica, qui relève du seul plaisir, et de la scientia sexualis, via laquelle, tout passe par la gestion des pulsions selon un code strict. Bien entendu, le sexe reste pour beaucoup vecteur de reproduction. Sans coït, pas d’enfantement ni de descendance ! Philippe Brenot, psychiatre, anthropologue et thérapeute de couples, a collaboré avec Laetitia Coryn, autrice de bédé, pour accoucher de ce double volume consacré à l’évolution de la sexualité à travers les âges. Une fameuse entreprise qui passe des temps les plus lointains à notre époque, avec pour objectif de dévoiler les mœurs dans les boudoirs et l’évolution des mentalités. Pour ce faire, ils se sont accordés sur l’idée de brasser large, en parcourant l’Occident depuis les temps préhistoriques pour, lentement, progresser à travers l’Antiquité, le Moyen-Âge, la Renaissance, les Temps modernes et aboutir à la période actuelle. Si une pointe d’humour permet de parler sans tabous, le premier volume apporte un éclairage précis sur ce que nos ancêtres vivaient au quotidien, loin des préceptes religieux, des modes en usage et des règlements. Quant au second volume, il traite de L’Afrique et de l’Asie, en partant à la rencontre de femmes et d’hommes pour qui la libido allait de pair avec les habitudes, inscrite dans la notion même du couple, avec l’acceptation de certains gestes, d’usages précis ou d’attentes réciproques. Si cet ouvrage livré en binôme n’entend pas se mesurer au Kama-Sûtra (chose qui n’est nullement son intention !), il n’est quand même pas à placer entre les mains de trop jeunes lecteurs. Les dessins livrent des scènes intimes, avec cuisses écartées et sexes en érection, jamais vulgaires, mais destinés à illustrer le propos. En un peu moins de deux cent cinquante pages, le lecteur a droit à une magistrale leçon d’histoire, qui mêle rigueur et anecdotes, et qui est présentée comme un tour du monde en quatre-vingts lits. Un roman graphique façon « Il était une fois l’homme », mais en version adulte ! Ed. Les Arène – 128 pages le volume Daniel Bastié


FUSION Les éditions Lamiroy se targuent de leur ancrage 100% belge, avec des bureaux situés à Bruxelles et un travail d’impression réalisé à l’intérieur du périmètre national. Une démarche courageuse à une époque où le monde du livre ne se porte au meilleur de sa forme et où le digital menace les libraires. Pour faire face, Eric Lamiroy a choisi de pratiquer la tangente, en offrant de la qualité à prix modeste, en mettant les auteurs locaux en avant et en invitant les lecteurs à faire preuve de curiosité. Une politique qui paie et qui lui permet chaque mois de sortir deux ou trois ouvrages physiques. Avec « Fusion », il a donné carte blanche à Sophie Flamand, notamment attachée de presse, autrice pour enfants et gestionnaire de projets culturels. Question : Que nous propose-t-elle de tellement original ? Son récit à l’heurt de chambouler les codes, en débutant comme du Nicole de Buron et en s’achevant à la manière de Stephen King. Sans dévoiler l’épilogue, on découvre les mœurs d’une maman idéale (du moins en apparence) et prête à tout pour combler sa fille chérie. Névrosée, elle est confrontée à une société qui met à mal les plus faibles, qui secoue les habitudes et qui, lorsqu’on agite le bocal qui contient les règles, les usages et les coutumes, peut provoquer un séisme pour le moins surprenant. Du paradis des Stepford wives, on plonge dans le cauchemar le plus abject, avec hémoglobine au menu et protagoniste en perte totale de contrôle. Sans avoir l’air d’y toucher, Sophie Flamand réveille nos peurs ordinaires. Abject et, paradoxalement, jubilatoire ! Ed. Lamiroy – 108 pages Daniel Bastié

ARNO, LE ROI DES BELGES Pour tout savoir sur le chanteur Arno (Hintjens), voilà un petit livre (12/14 cm) qui se présente comme un résumé de l’homme et sa carrière, sans toutefois suivre une chronologie précise. Thierry Coljon s’est attaché à l’un de nos artistes les plus déjantés pour brosser un portrait à son image : à savoir rock’n’roll ! L’objectif n’est pas ici de faire preuve d’exhaustivité ni d’offrir un panégyrique, plutôt de brosser succinctement ce qui tient l’artiste debout, le stimule et le fait vivre. Au fil des pages, on le retrouve au cœur de la ville d’Ostende, son unique maîtresse, mais également à côté de ses femmes successives : Sonia Du Four et Marie-Laure Béraud (chanteuse et maman de ses deux enfants), en passant par de nombreuses conquêtes d’une soirée, dont Sophie Dewulf qu’il a récemment sortie de l’ombre. Puis, il y a son look. Un look décalé de dandy imbibé, avec une voix rauque sans nulle autre pareille. Une vedette que les Français se sont empressés d’adouber. Un saltimbanque qui se veut d’une Belgique unie, loin des séparatistes de tous bords. Un belgicien. Et pas qu’à ses heures ! Puis, plutôt que de parler de lui à tous les modes et à tous les temps, il importe de se plonger dans ses musiques, d’écouter ses disques en boucle et de se gaver de ses arrangements pour se convaincre qu’il occupe une place particulière dans le domaine de la variété francophone. Enfin, un flamand qui chante en français, cela mérite d’être acclamé ! Ed. Lamiroy – 38 pages Daniel Bastié


DICTIONNAIRE DU BRUXELLOIS Elle est là dans sa nouvelle mouture ! Longtemps annoncée, cette réédition fait figure de Bible pour quiconque s’intéresse de près ou de loin au langage bruxellois, fruit de nombreux dialectes parlés autrefois dans la capitale. Bosseur infatigable, Georges Lebouc (souvent surnommé « Monsieur Brusseleir ») a refondu entièrement cette somme parue en 2006 aux Editions Le Cri et aujourd’hui épuisée. L’occasion de revoir son approche et d’y ajouter une série d’éléments, notamment des citations pour améliorer ce qui déjà représentait la référence parmi les références. Un travail titanesque pour un homme féru de linguistique et infatigable défricheur. Ce dictionnaire fait office de véritable … dictionnaire, avec la vocation de présenter chaque mot par ordre alphabétique et en fournissant pour chacun une définition, une explication ou une correspondance, avec toutes les variantes possibles. Il s’agit également d’une œuvre territoriale dont la vocation est de réunifier les différentes manières de parler à l’intérieur du périmètre de la capitale, tout en proposant diverses orthographes toutes légitimes. Il en ressort un énorme livre à insérer dans la bibliothèque ou à dévorer sans modération. Même s’il ne prétend pas à l’exhaustivité, ce dictionnaire possède le mérite de cerner un vocabulaire qui se meurt, des expressions en péril et de raviver le charme des sketches de Jeff Kazak et la prose de Virgile du « Pourquoi pas ? ». Un ouvrage dont la lecture peut s’accompagner d’une Mort Subite ou d’une portion de caricoles. A chacun de voir ! Ed. Samsa – 705 pages Daniel Bastié

COMMENT ENGUEULER SON PROCHAIN EN BRUXELLOIS Voilà un vade-mecum qui sera bien utile à quiconque souhaite engueuler son prochain en bruxellois. Un petit livre qui prêtera également à sourire, en songeant aux dialogues colorés de Simone Max sur les planches de feu La Gaieté (temple de l’humour de la capitale) et à ceux de Virgile dans les colonnes du défunt « Pourquoi pas ? ». S’il est de bon ton de recourir aujourd’hui au langage politiquement correct, il ne fallait pas compter sur une once de ménagement de la part des authentiques habitants des Marolles. Avec un franc-parler, ils se targuaient d’un vocabulaire souvent cru, chargé d’expressions imagées. Si l’exercice vous tente, Georges Lebouc y va de multiples conseils. Bien sûr, pour démarrer toute engueulade qui se respecte, il importe d’adopter un minimum de vocabulaire et quelques règles, même si on constate assez rapidement que n’importe (ou presque) quel mot en brusseleir peut servir d’invective. Plutôt que de proposer un dictionnaire, l’auteur a choisi de présenter une série d’expressions en les classant par thèmes : la tête, le corps, le maigre, le gros, le soul, etc., illustrées par des exemples imparables : zievereer, stoeffer, snotneuis, stameneivoote, aave kramacheleir, hettefretter, schieve lavabo et des meilleures ! Voilà donc un ouvrage qui sent bon la nostalgie, la zwanze et qui permettra de passer un repas de famille en se bidonnant. Aussi de comprendre tous les noms d’oiseaux dont vous pourriez être la victime. Le pari n’est pas ici de jongler avec le brusseleir, mais d’en saisir les fondements pour vous défendre verbalement au cas-où ! Ed. Samsa – 72 pages Daniel Bastié


LA FAMILLE KAEKEBROECK A travers ce roman, Léopold Courouble, docteur en droit, nous livre un recueil de mœurs bruxelloises au début de l’autre siècle. Un récit émaillé de personnages pittoresques qui gravitent autour de la famille Kaekebroeck, d’authentiques habitants de la capitale à qui on ne doit pas raconter des flauskes. Linéaire, le récit se veut un condensé des habitudes bruxelloises, qui sentent le terroir, avec des dialogues captés sur le vif et un sens de la répartie qui évoque le Pagnol de ses souvenirs d’enfance. Un livre qui se lit dans la bonne humeur et où se succèdent une série de saynètes agréables sans réel fil conducteur, mais qui se veulent une retranscription de l’existence à une période où, selon Jacques Brel, Bruxelles brussellait ! Le ton est naturellement fait pour engendrer des sourires, avec des situations cocasses et un ton qui évite toute vulgarité. Par la suite, il a été confirmé que l’auteur souhaitait ne pas choquer son lectorat féminin avec des expressions triviales. Il s’agit d’une grosse farce avec, en arrière-plan, une visée sociale qui en fait le témoignage d’une époque où flamands et wallons se mélangeaient jusque dans le patois qu’ils utilisaient. Maintenant, il est inutile de chercher des dialogues façon « Le mariage de mademoiselle Beulemans ». « La famille Kaekebroeck » bénéficie d’une écriture stylée, même si elle revient sur quelques tournures bien de chez nous et des jeux de mots Il s’agit de la nouvelle édition d’un livre publié initialement en 1902 chez Paul Lacomblé, réédité en 2004 aux éditions le Cri et que quelques personnes se prêtaient pour agiter le goupillon de la nostalgie. Ed. Samsa – 163 pages Paul Huet

CANÇION Les années 60, au Guatemala, la guerre civile fait rage et oppose le gouvernement à différentes phalanges marxistes. Dans ce contexte, les enlèvements se multiplient et les exactions sont monnaie courante. Plusieurs décennies plus tard, au cours d’un congrès d’écrivains à Tokyo, Eduardo Halfon revient sur le kidnapping de son grand-père, citoyen libanais qui avait émigré aux Etats-Unis avant de tomber entre les mains d’insurgés guatémaliens. L’occasion de revenir sur ce contexte particulier et ultraviolent et de mettre en exergue le visage de Cançion, guérillero sanguinaire et boucher à ses heures. En mêlant souvenirs familiaux, histoire de l’Amérique latine et anecdotes, il ravive un passé lointain mal connu en Europe. Un drôle de conflit qui a fait naître des visages légendaires, à généré des héros de la résistance et qui été présenté comme la révolte d’un peuple opprimé. Quant aux faits qu’il relate : il parle ici de trente-cinq nuits de captivité dans une résidence en attendant un deal. Sans doute un échange contre un ou plusieurs prisonniers politiques, de l’argent ou des armes ? La traduction française de David Fauquemberg frappe par sa précision et sa musicalité. Dans ce nouveau roman, l’auteur continue d'explorer les rouages de l'identité avec un récit dans lequel il s'avère toujours extrêmement complexe de distinguer les victimes des bourreaux. Ed. Quai Voltaire – 172 pages Daniel Bastié


COMPLOTS À VERSAILLES : L’AIGUILLE EMPOISONNÉE Dans ce troisième tome, nous retrouvons Cécile Drouet et Pauline de Saint-Béryl à Versailles. Tout va pour le mieux, même si les intrigues à la cour vont bon train et ne faiblissent jamais. Face au ragots, Pauline sait qu’elle ne doit pas baisser la garde. Lorsqu’une succession de morts bouleverse le ronron, une tension s’installe. A cela s’ajoute la disparition de la cassette de la reine, qui s’évapore en même temps qu'Agnès Bonneval, une jeune couturière amie de Cécile. Alors que tout le monde croit que la voleuse s’est enfuie avec les bijoux, nos belles héroïnes subodorent une tragédie. Bien décidées à dénouer les nœuds de cette affaire, elles se lancent dans une enquête serrée, afin de prouver l’innocence de celle-ci. Pour elles, tous les indices poussent à croire qu’il s’agit d’un kidnapping. Dans quel but ? Plus qu’une simple aventure dans l’entourage de Louis XIX, ce récit développe diverses thématiques, dont le rôle des femmes dans la société et celui des courtisans dans un monde complexe et codifié à l’extrême. Bénédicte Carbonell alias Carbonne s’empare avec bonheur de la série imaginée par Annie Jay et l’adapte sous la forme d’un roman graphique servi par le dessin d’une rare élégance de Giulia Adragna, partisane de la ligne claire. Un univers à mi-chemin entre « Les trois mousquetaires » d’Alexandre Dumas et la sage « Angélique, marquise des Anges » d’Anne et Serge Golon. Des références ! Ed. Jungle – 64 pages Daniel Bastié

AYATI : LE MYSTÈRE DU ROI DÉMON Dans une Inde mythologique et en proie à la magie, Ayati survit difficilement depuis le décès de ses parents. A quatorze ans, le monde s’apparente à une jungle, avec mille dangers qui rôdent. Après avoir trouvé le premier œil de Yama, une pierre précieuse aux pouvoirs immenses, dans un modeste temple de la côte, elle se lance à la poursuite du second. Toutefois, sa quête est interrompue lorsque la princesse la demande auprès d’elle. Sur place, elle découvre bien vite qu’un démon se terre. A nouveau, elle sera amenée à défendre sa vie. Fabien Fernandez (scénariste) et Sandra Violeau (dessinatrice) mettent en scène les aventures d’une héroïne qui s’initie aux secrets d’un univers hostile et où les apparences sont trompeuses. Après avoir appris certaines techniques ancestrales, Yanni au tempérament de feu progresse dans une société qui n’a rien à voir avec celle des Bisounours. Le graphisme est servi par des formes arrondies et des couleurs chaudes, qui contrebalancent avec la violence qui éclate çà et là. Toutefois, comme il est question d’un livre jeunesse, l’auteur et sa dessinatrice resserrent un périmètre familial, sans en bousculer les codes. Baptisé « Le mystère du roi démon », cet épisode se laisse rire sans déplaisir avec une mise en page façonnée pour flatter la rétine. Ed. Jungle – 68 pages Daniel Bastié


20, ALLÉE DE LA DANSE – L’OMBRE D’UN FRÈRE Les romans d’Elisabeth Barféty servent de base à cette série de bédés qui s’inscrivent dans la collection Miss Jungle, des livres publiés pour la jeunesse. Plutôt que de confier les rênes de l’adaptation à un tiers, l’autrice a franchi le pas pour transposer elle-même ses récits et les proposer à la dessinatrice Laure Ngo, d’origine vietnamienne. L’opportunité de voir ses romans vivre une seconde existence sous la forme de planches caractérisées par un trait poétique et une palette pastel. Dans ce troisième opus, on retrouve Colas, toujours complexé par sa petite taille et incapable de progresser au cours de danse à la même vitesse que son copain Bilal. A cela, il ploie sous le faix de la comparaison avec son frère aîné, élève en deuxième division. L’arrivée de Nigel Miller, célèbre chorégraphe, pourrait tout changer. Si pour notre protagoniste, la danse est une certitude, il ne se sent pas reconnu à sa juste valeur. Pour prouver de quoi il est capable, il ira jusqu’à se donner à fond, au risque de se blesser. Au fil des pages, on entre dans le monde étrange d’une école de danse, avec ses codes, ses émulations et son adrénaline. A côté de l’exigence de l’apprentissage, le lecteur retient des amitiés sincères, des caractères forts et une leçon de vie qui invite à écouter son corps. Un livre qui parle d’adolescence, mais également d’endurance, de persévérance et d’espoirs. Ed. Jungle – 68 pages Daniel Bastié

LES VOYAGES DE LOTTA : LES RENARDS DE FEU Voilà un livre qui réveille l’esprit des contes d’autrefois, avec deux sœurs qui vivent en Laponie, une région glacée par les vents. Depuis la mort de leur mère, les jumelles habitent avec leur père, éleveur de rennes. Une existence compliquée. Si Solveig vit dans le mutisme, cloitrée dans son monde, Lotta se caractérise par un tempérament fort, déterminée à toujours aller de l’avant. Elle décide de se familiariser avec le chamanisme pour entrer en contact avec les mânes de ses ancêtres et tenter de retrouver l’esprit égaré de sa sœur. Un apprentissage long et difficile. Marie Zimmer a imaginé ce récit en songeant à ses rêves de petite fille, avec des princesses, des fées, des magiciennes et des marraines de Cendrillon. Ce voyage fabuleux dans un univers plein de surprises se veut une leçon d’amitié, mais également l’occasion de grandir en pensant à l’autre, en adoptant des gestes généreux et en luttant contre ses frayeurs. Ofride signe une mise en page soignée, avec un dessin agréable et des couleurs vives. Une bédé qui plaira aux petites filles sages, amis pas que ! Ed. Jungle – 68 pages Daniel Bastié


CHAMBRE AVEC VUE SUR L’OCÉAN Jasna Samic est une écrivaine bosnienne, malheureusement trop peu connue chez nous, et à qui nous devons une quantité de livres dont la majeure partie n’a pas été diffusée en français. Une erreur partiellement réparée avec ce présent ouvrage qui a été traduit par Gérard Adam, secondé par Jasma elle-même. « Chambre avec vue sur l’océan » est présenté sous la forme d’un triptyque ou d’une symphonie lyrique en trois mouvements. Un roman qui part du point de vue de Mira, violoniste. On la découvre en France, tandis que son pays entre en guerre et oppose Serbes, Croates et Bosniaques. Un conflit d’une rare atrocité. Comment se situer alors que les repères volent en éclat ? Un flash-back nous fait ensuite découvrir son parcours à travers ses études, sa vie familiale et ses amours. Enfin, lorsqu’elle retourne à Sarajevo, elle marche sur les braises d’une civilisation mise à feu, avec une résurgence des passions, qu’elles soient résilience, haine ou rage. Parce que Bosniaque, on l’assimile directement aux islamistes, mais il n’en est rien, car elle boit de l’alcool, se targue d’une farouche indépendance et vit de son art. Parmi les reproches qui lui sont formulés, on la pointe également du doigt parce qu’elle a vécu les années difficiles en exil, alors que les locaux souffraient. A travers l’histoire d’une femme du XXe siècle, ce récit nous emporte dans la tourmente d’une guerre fratricide, tout en parlant de résilience et de la nécessité de pardonner, afin que pareille boucherie ne se reproduise pas. Naturellement, Jasna Samic s’implique dans la narration, en puisant maints éléments dans ses souvenirs personnels. Un conflit qui a fait plus de cent mille morts, dont énormément de civils. Le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie a prononcé quatre-vingt-dix condamnations pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité et génocide. Il s’agit du conflit le plus sanglant en Europe depuis la seconde guerre mondiale. Ed. M.E.O. – 328 pages Sam Mas

LES EFFACÉS Le but de la philosophie est la clarification logique des pensées en vue d'éclaircissements, dont le résultat ne consiste pas à produire des propositions philosophiques, mais de rendre claires les susdites propositions. Mise en situation avec « Les effacés » ou que se passe-t-il lorsqu’une philosophe devient aide-soignante bénévole dans une maison de repos en pleine crise de la covid-19 ? Tout en évitant l’impudeur et la confession, Anne Staquet raconte son parcours auprès des résidents, entre peur et maladie, incertitude et manque de matériel idoine. Elle livre un texte à la première personne, qui mêle expérience personnelle, états d’âme et analyse de la situation. Un manuscrit court qui se veut à la fois didactique et simple, en évitant l’abondance de citations. Chaque chapitre revient sur un thème précis : la peur, le corps à corps avec la pandémie, les motivations, les bouleversements et les raisons d’être d’une séniorie. La démarche ne se limite pas ici à décrire des faits ni à poser un climat, mais à les penser en profondeur pour les relier à des thématiques philosophiques telles que le rôle du corps, les craintes et l’éthique. Un livre qui parle du le coronavirus sous un angle que les maisons d’édition n’ont pas abordé. Ed. M.E.O. – 75 pages Amélie Collard


LES FEMMES VIKINGS, DES FEMMES PUISSANTES Alors que la série « Vikings » séduit les téléspectateurs depuis quelques années, voilà un ouvrage qui permet d’analyser cette civilisation sous un angle particulier. Johanna Katrin Fridriksdottir s’est investie pour narrer le vécu de ce peuple par le prisme de leurs mères, épouses et sœurs. Une approche née de diverses sources, qu’elles soient archéologiques, historiques ou littéraires et qui à l’heur de remettre les pendules droites. Au fil des pages, on découvre un monde qui nous est totalement étranger, avec des femmes qui décident, exigent et entreprennent, loin de l’image de la compagne soumise véhiculée par certains films. On les retrouve donc écrivaines, poétesses, guerrières ou exploratrices, à des lieues des tâches domestiques et de l’imagerie populaire associée aux mâles virils, constamment prêts à batailler, pilleurs impénitents et barbares farouches. Pour mener à bien son essai, l’autrice s’est naturellement plongée dans la littérature scandinave et en a extrait plusieurs portraits d’héroïnes sans peur. Il ne s’agit évidemment pas de tout révolutionner ni de porter un regard féministe sur une époque qui ignorait le sens de ce mot, mais de remettre les choses là où elles doivent se trouver. Chez nous, on ignore les us et coutumes du monde des Vikings et on s’enflamme avec les stéréotypes, qui relèvent de l’imaginaire, de la fable ou des codes hollywoodiens. Au fil des pages, certains détails attirent l’attention du lecteur, notamment en ce qui concerne la personnalité des valkyries. Ainsi, il apparait qu’elles sont des envoyées d’Odin, dépêchées là où les mâles ferraillent, afin de sélectionner ceux qui auront l’honneur de combattre aux côtés des dieux lors de l’ultime affrontement. Une analyse éclairée qui fait office de machine à voyager dans le temps et qui se lit avec plaisir. Ed. Autrement – 410 pages Sylvie Van Laere

BILLETS EN GUERRE L’argent, avec ses billets qui circulent, témoigne de notre histoire. Jean-Claude Camus a décidé d’exhumer ce passé monétaire pour revenir sur une décennie terrible : 1938-1948, marquée par l’une des guerres les plus terribles de l’Histoire. Une approche singulière pour nous parler de la fin des années d’insouciance, des champs de bataille, de l’occupation, de la libération et du temps de la reconstruction. Par ce prisme, il expose un monde aux abois, en perte de repères et en quête d’espoir. Avec un art pointu du détail, il nous dévoile toutes les facettes de la monnaie fiduciaire, moyen de propagande, de paiement, d’épargne, etc. Pour ce faire, il s’est plongé dans les archives françaises autant que dans celles d’autres nations, dont les Etats-Unis. Naturellement, il n’entend pas exposer des événements que tout le monde connaît ou a entendu parler, mais relater des faits tels que la mise en service de billets clandestins pour lutter contre l’occupant, la création d’une monnaie gaulliste afin de reconquérir la France, des billets spéciaux créés à l’occasion du débarquement du 6 juin 44 et, parmi beaucoup d’autres, les bons de réquisition ou d’emprunt. Une manière de rappeler les grandes lignes d’une époque en prenant un chemin de traverse, tout en respectant ce qui a été enseigné depuis quatrevingts ans. Puis, enfin, lorsque les charniers ont cessé d’être alimentés, il a fallu songer à reconstruire ce qui avait été détruit. Afin d’aller de l’avant, quelle monnaie nouvelle adopter ? Cet ouvrage est illustré par près de deux cents illustrations en noir et blanc ou en couleur et décrypte les stratégies de la Banque nationale, de Winston Churchill, de Franklin Roosevelt et de Charles de Gaulle pour ne pas se voir déposséder du nerf de la guerre qui demeure l’argent liquide, objets de toutes les convoitises et de tous les possibles. Un éclairage inédit sur la seconde guerre mondiale ! Ed. Autrement – 137 pages Sylvie Van Laere


LE SACRÉ-COEUR DE MONTMARTRE Le quartier de Clignancourt, dans le dix-huitième arrondissement de Paris, accueille l’un des édifices les plus prisés des touristes : le Sacré-Cœur de Montmartre, avec ses quinze millions de visiteurs annuels, un haut-lieu de religion et sanctuaire de l'adoration eucharistique et de la miséricorde divine. Pourtant, beaucoup ignorent son histoire, malgré les cartes postales vendues par poignées et les photographies immortalisées sur son seuil. La construction de cette basilique, monument à la fois politique et culturel, suit la défaite de Sedan et est décidée unanimement par l’Assemblée nationale en 1871. Il s’agit ni plus ni moins d’expier les fautes de la France qui ont mené à une pitoyable défaite contre la Prusse, autant que pour oublier les affres de la Commune, avec ses barricades et le sang national qui a coulé à gros bouillons. Pour le chantier, un tertre situé à cent trente mètres à été choisi, question de dominer le quartier et d’imposer son dôme comme centre de recueillement et de communion. Un projet considéré comme ambitieux, voire démesuré. Jean-François Vivier relate cette saga authentique à travers un roman graphique de toute beauté, en s’emparant de la chronologie et en la relatant par le biais de l’anecdote autant que par celui des manchettes de presse de l’époque. Une bédé qui pourrait faire passer les cours d’histoire pour de vieux machins poussiéreux. Cet album paraît simultanément en version française, anglaise et espagnole pour célébrer le jubilé de la basilique ouvert en 2019, afin de fêter le centenaire de la consécration. Avis aux amateurs et aux curieux ! Ed. Artège - 52 pages Sam Mas

DOM DELAVEYNE, LE SAINT DE NEVERS Fils d’un chirurgien, Jean-Baptiste Delaveyne a été un Bénédictin né le 11 septembre 1653 dans le Nivernais et décédé le 5 juin 1719 à Nevers. L’Histoire a retenu son nom comme étant le fondateur de la congrégation des Sœurs de la Charité de sa région. Son action s’est principalement cristallisée sur le sort des plus démunis, afin de soulager leurs maux et de chercher à les faire respecter dans leurs droits. Une tâche ardue dans un monde violent et hostile. En suivant l’exemple de Saint Benoît, il n’a eu de cesse que de revenir aux fondements de l’Evangile et de proclamer l’amour des autres, dans le désintérêt des choses matérielles et une volonté d’ouverture réelle. Il s’est principalement occupé des femmes et des enfants, considérés comme étant extrêmement fragiles. Jamais satisfait de ses actions, il souhaitait aller toujours plus loin, multipliant les initiatives et innovant. Ainsi, face à une disette particulièrement grave, il a ouvert un réfectoire pour nourrir les indigents. Cet album propose de découvrir un homme peu ordinaire et de suivre ses traces au quotidien, en partant d’un vitrail que JeanBaptiste Delaveyne aurait contemplé durant de nombreuses heures à Saint-Saulge, avant de trouver un sens à sa vocation. Une bande dessinée catholique faite pour booster la foi et montrer que l’amour de Dieu s’exprime dans les gestes de tous les jours et dans le respect de tous. Ed. Artège – 56 pages Sam Mas


UNE SIMPLE ÉTINCELLE La vie fait office de parabole, avec une apogée et un déclin. Les relations personnelles suivent également un trait qui mènent les personnes du point A au point B, en arpentant bien des sentiers de traverse, en suivant des voies principales et en butant, parfois, dans des ornières. Marlee et Jacob en sont à tirer le bilan de leur vie commune. Après s’être mariés vingt ans plus tôt, une vieille de Noël, ils sont prêts à rompre les nœuds qui les unissent et à faire sonner le glas de leur hymen en divorçant. Pour s’assurer que tout soit effectué au mieux, ils contractent les services d’un avocat. Puis, contre toute attente, Jacob disparait mystérieusement. Confrontée à une extrême solitude et à l’angoisse de ne pas savoir, la femme rencontre un vieil homme dans une chaumière tout aussi vieille. Il lui présente trois pots d’or qui symbolisent le passé, le présent et le futur de son couple. Débute alors un voyage sensoriel qui la plonge dans son bonheur d’autrefois, ses doutes actuels et un avenir dont elle n’imageait pas les contours. Assurément, ce résumé peut faire songer à un décalque de « A Christmas Carol » de Charles Dickens, qui met en scène le désormais célèbre Scroodge, devenu l’archétype du ladre au même type qu’Harpagon de Molière. Mais, il n’en est rien, car Chris Fabry fait décoller son récit en l’enflammant d’une seule étincelle et montre à quel point il est nécessaire de ne jamais se précipiter, de se laisser emporter par ce qui nous raccroche à l’amour de l’autre et de mettre tout en œuvre pour sauver ce qui doit l’être. Pour Marlee, deux chemins lui ouvrent les bras : un avenir solitaire ou à deux. Lequel choisira-t-elle ? Voilà l’idée de ce petit roman écrit dans une langue simple, avec des chapitres courts et des mots musicaux pour nous parler de bonheur et d’espoir en ce début d’année nouvelle, toujours impactée par les ravages de la Covid ! Ed. Artège – 139 pages Daniel Bastié

1984 Dans un monde de plus en plus surveillé avec la crise de la corona, il n’est pas surprenant que ce roman de George Orwell ressorte des placards. À l’heure des fake news et de l’intrusion du Net dans nos existences, l’univers de 1984 ressemble de plus en plus à la société dans laquelle nous vivons. En 1949, quelques mois avant le décès de son auteur, ce livre prémonitoire est sorti de presse. Présenté comme une œuvre de science-fiction, il se voulait une analyse de notre monde, régi par des lois et des codes, ainsi qu’une mise en garde contre les totalitarismes, avec une censure omniprésente. Dans cette société aseptisée, quelques rebelles n’entendent pas perdre leur libre-arbitre et organisent la résistance, dont Wilson Smith, le protagoniste. Résumer ici le contenu de cet ouvrage est totalement inutile, puisque tout le monde a déjà entendu parler de Big Brother et de slogans tels que « La liberté, c’est l’esclavage » ou « La guerre, c’est la paix ». Il a donc fallu compter sur le talent scénaristique de Sybille Titeux de la Croix et du mimétisme du dessinateur Ameziane Hammouche pour adapter ce classique de la littérature mondiale, en respectant sa trame et en faisant, néanmoins, preuve d’originalité. Le travail de reconstruction plonge donc à nouveau les lecteurs dans les rouages terrifiants de Big Brother, avec un graphisme réaliste, une palette teintée de couleurs froides et une mise en page moderne. Il s’agit indéniablement d’une réussite, qui peut être lue comme une bédé de SF ou comprise tel un cri d’alarme, alors que, chaque jour et avec l’aval de la majorité d’entre nous, les libertés sont confisquées au nom de l’urgence sanitaire. Un roman salutaire qui décrit les nombreux dangers de la modernité politique et de l’essor des technologies de surveillance. Ed. du Rocher – 228 pages André Metzinger


ENQUÊTE ÉTRUSQUE AU LOUVRE Voilà un cosy à la française ou un délicieux thriller au féminin qui fait du crime un art suprême ! La pétillante Anna Stein vit dans la capitale, non loin de la tour Eifel, et elle vient d’ouvrir un cabinet d’expertise d’art. Sa jeunesse et son tempérament bien trempé suscitent bien des suspicions. Comment peut-on être crédible lorsqu’on ne traîne pas derrière soi deux ou trois décennies d’expérience. Qu’importe ! Elle croit dur comme fer au destin, qu’elle entend embrasser sans regimber et faire taire les médisants ! Lorsqu’un richissime collectionneur fait appel à ses services, elle crie victoire ! Mais voilà, l’homme meurt dans de curieuses circonstances, rapidement suivi par plusieurs proches. Refusant de croire au hasard, elle décide d’investiguer, afin de tirer cette affaire au clair. Secondée par un lord anglais, courtisée par un policier italien et harcelée par son ancien amoureux, elle ne sait plus quels saints invoquer. En provoquant un réseau de trafiquants d’art, elle subodore qu’un étau se resserre sur elle. Et si elle était la prochaine victime des tueurs sans scrupules ? Carole Declercq signe un roman léger qui pétille comme un bon champagne et qui distille une intrigue aux moult rebondissements. Malgré une écriture qui ressemble par moments à celle de Nicole de Buron, le lecteur n’oublie jamais que la mort rôde et qu’elle peut frapper de manière totalement silencieuse. L’art est une jungle qui dévore l’imprudent et le novice ! Ed. City – 288 pages Amélie Collard

JEUX DE DUPES Maud Tabachnik est l’une des reines du thriller, sorte de Harlan Coben au féminin. Il s’agit d’une simple comparaison, car l’autrice possède un tempérament propre, avec des mondes personnels, loin d’avoir besoin de plagier ses confrères ou d’aller chercher son inspiration ailleurs ! Avec « Jeux de dupes », elle nous plonge dans une histoire singulière. Celle d’un écrivain incompris par les siens et qui trouve dans la rédaction de fictions un viatique à la morosité de ses jours. Alors qu’il vient de déposer le mot fin à son dernier manuscrit, il oublie celui-ci dans un taxi. Quelle n’est pas sa surprise de le retrouver en librairie, affublé du nom d’un imposteur. Acclamé par la presse, son roman devient de surcroît un best-seller et est en passe d’être adapté au cinéma. De quelle manière se réapproprier son travail ? Abbot en arrive à échafauder mille conjectures puis, après avoir pesé le pour et le contre, il entre en contact avec le voleur et, lentement, gagne sa confiance au point de devenir son secrétaire particulier. Bien entendu, il ne renonce pas à se venger. Mais liquider physiquement l’homme qui a endossé sa création ne lui permettrait plus de faire reconnaître ses droits. A moins que ? Au-delà du pitch de départ, ce thriller nous montre les dessous du monde de l’édition et se teinte d’une atmosphère glauque à souhait, avec des personnages ambigus et les rapports qu’ils lient entre eux. Loin des poncifs, Maud Tabachnik connaît son métier et se sert de la mécanique de la narration pour amener le lecteur dans ses filets, en se gardant bien de dévoiler l’épilogue en cours de route. Un livre addictif, qu’on dévore sans voir le temps s’égrener ! Editions City – 260 pages Daniel Bastié


L’ÂGE DE LA GUERRE La guerre est celle d’élections municipales dans un Nice chauffé à blanc. Candidats locaux s’opposent dans une lutte sans merci. Dans ce contexte particulier, Philippe Clerc, fringant septuagénaire, se réveille auprès d’une jeune femme, dans une chambre qui n’est pas la sienne. La fille, trop belle, ne respire plus. Naturellement, il est désigné comme coupable et n’a d’alternative que celle de clamer son innocence. Sans alibi, il peine également à se souvenir de la veille. Un énorme trou noir oblitère son cerveau. Pourtant, il sait qu’il n’aurait jamais été capable de tuer cette fille ou une autre. Une explication s’impose à lui : quelqu’un cherche à l’entraîner dans une histoire dont il ignore tout ! Dénouer les fils de la nuit reviendrait sans doute à le disculper, mais personne ne veut écouter son raisonnement. Pour sauver sa peau, il importe d’investiguer et de trouver les véritables coupables. Il convient également de saisir le mobile de cette fâcheuse affaire. Patrick Raynal signe un polar social au rythme serré, truffé de cynisme et qui décortique avec brio le Midi de la France, avec ses quartiers chics et ses affairistes véreux. Un voyage en enfer qui poudroie sous le soleil éclatant et qui met en lumière une société sans scrupules. Le style caracole, avec une acuité qui évite les effets cartes postales. Une manière de découvrir Nice différemment, loin des balises touristiques et du ronron de sa baie, tout en s’offrant une lecture qui adopte les codes du thriller. Ed. Albin Michel -264 pages Paul Huet

ÉMISSAIRES DES MORTS Voilà un récit qui s’apparente à de la science-fiction, mais qui emprunte également la voie du thriller ! Dans un futur très éloigné de notre sphère temporelle, l’Intelligence Artificielle régente tout et subordonne les êtres humains. Dans cet univers bien éloigné du nôtre, Andrea Cort se défie de chacun. A huit ans, elle a assisté au massacre des siens et a été recueillie par le corps diplomatique de la Confédération Homo-Sapien pour devenir une tueuse qualifiée. Expédiée dans un monde cylindrique, inhospitalier et qui tourne sur lui-même, elle doit résoudre deux crimes qui viennent d’être perpétrés. Il s’agit d’avancer sans ruer dans les brancards et, surtout, de ne pas créer d’incidents. Adam-Troy Castro nous permet de découvrir un personnage de femme-détective qui est devenu récurrent de plusieurs romans édités en langue anglaise, hantée par son passé et en proie à de multiples contradictions. Plutôt que d’enfoncer le clou des stéréotypes, l’auteur va à contre-sens et ouvre des pistes jusqu’ici inédites ou rarement usitées. Le récit se montre d’une belle efficacité, avec un rythme soutenu, une intrigue prenante et un épilogue auquel on ne s’attend pas. Pour ceux que les questions philosophiques chatouillent, cette aventure traite également de libre-arbitre, de résilience et du respect ou non du droit de vivre. A cela, on peut s’amuser à comparer ce monde imaginaire comme une critique acerbe du communisme ou de certaines dictatures en cours. Enfin, à une période où on parle de plus en plus d’Intelligence Artificielle, il peut s’agir d’une mise en garde. Ed. Albin Michel – 708 pages Paul Huet


ALICE, DISPARUE Voilà un polar qui n’en est pas ! Une enquête qui renvoie dans le passé, sur les traces d’une disparue, entre les affres de la douleur et le flux des souvenirs. Aude ne parvient pas à se dégager d’images prégnantes et qui, sans cesse, lui renvoient le visage d’Alice, son amie d’enfance, son double, sa confidente. Alors, pour faire taire les fantômes qui lui soufflent de ne pas abandonner et contre l’avis de ses proches, elle quitte Lyon, son époux, sa carrière et débarque à Venise, ville millénaire dans laquelle elle a fréquenté cette fille si chère voilà quatre décennies. Le choc est à la démesure de ses attentes. On ne bouscule pas l’horloge du temps sans mettre à mal sa mécanique ! Puis, confrontée aux éléments qui surgissent de brumes lointaines, ses certitudes se fissurent et la personnalité de la jeune femme se dévoile sous un autre prisme, moins idéalisée, ponctuée de contrastes et finalement beaucoup plus proche de ce qu’elle était réellement. En allant au bout de sa quête, Aude renaît à l’existence, se réconcilie avec elle-même et finit par admettre que le présent mérite largement d’être vécu. Chemin faisant, Dominique Paravel, admirative de la Cité Eternelle, clame bien fort son admiration pour Venise et sa lagune, son ambiance à nulle autre pareille et ses richesses qui éclosent dans des musées destinés à émerveiller les touristes. Une île multipliée d’îles, enlacées d’eau et de solitude. Jolie définition ! Ed. Serge Safran – 220 pages Daniel Bastié

MON PROF, CE HÉROS Samuel Paty est cet enseignant décapité en octobre dernier à Conflans-Sainte-Honorine, dans le cadre d’un attentat islamiste perpétré contre sa personne. L’occasion de revenir sur le rôle des professeurs et de se rendre compte de la difficulté d’exercer leur profession. Un engagement qui réclame de la compréhension, de la douceur, de l’exigence mais également de la fermeté. Chacun garde en lui le souvenir d’un homme ou d’une femme qui lui a servi de phare, qui l’a encouragé à poursuivre dans une voie ou qui l’a poussé à ne pas baisser les bras. Mieux, qui a suscité une passion, un zèle ou une vocation. Vingt auteurs racontent ici celle ou celui qui leur a servi de mentor ou de passerelle et qui a contribué à faire ce qu’ils sont devenus. Les années d’école restent souvent des moments d’intensité peu comparables à tout ce qu’on vit par la suite. Des textes courts, mais généralement forts, jamais empreints de nostalgie, qui rendent hommage à une profession de moins en moins respectée, en proie à des critiques venues de partout, et qui souffre globalement d’un manque de reconnaissance. Non, les profs ne sont pas ces empêcheurs de tourner en rond ni ceux qui profitent de vacances à rallonge ! Il faut voir en eux des personnes qui se veulent tour à tour des passeurs de savoir, mais également des acteurs de la démocratie. Mohammed Aïssaoui, Claude Aziza, Françoise Bourdon, Laure Buisson, Michel Bussi, Kamel Daoud, Marie-Laure Delorme, Franz-Olivier Giesbert, Christian Laborie, Philippe Labro, Sébastien Lapaque, Susie Morgenstern, MartineMarie Muller, Anthony Palou, Josyane Savigneau, Jean-Guy Soumy, Yves Viollier, Michel Winock et Sylvie Yvert ont trempé leur plume dans leur histoire pour effectuer un bon dans le passé et se dévoiler sans fard. Les bénéfices de ce recueil seront intégralement versés à la Fondation Egalité des Chances qui, depuis 2012, œuvre à réaliser le potentiel des élèves issus des zones urbaines et rurales les plus défavorisées. Ed. Presses de la Cité – 176 pages Sam Mas


LE MYSTERE SPILLIAERT Léon Spilliaert (1881-1946) est un peintre belge qui a fréquenté le milieu symboliste, proche de Maurice Maeterlinck et d’Emile Verhaeren. Il suffit de regarder ses toiles pour deviner l’influence de Fernand Khnopff et d’Edvard Munch. Un artiste brillant, qui a traversé la première moitié du XXe siècle en mettant son pinceau au service de l’art avec un gigantesque A, marqué par une profonde tristesse, de la nostalgique et représentant des univers crépusculaires directement identifiables. Plutôt que d’offrir une biographie du plasticien, Kate Milie, autrice du récent « Bruxelles Love » et de nombreux polars bruxellois, se lance à la recherche de l’homme derrière son œuvre et nous le livre par petites touches en mêlant passé et présent. Une dynamique qui sert admirablement le récit et permet d’alterner les époques. De Paris à Bruxelles, sans omettre les plages d’Ostende, cette enquête nous plonge dans les affres de la création, colle aux pas de l’homme, afin de découvrir un être chancelant, des amours dilués, des fantômes obscurs qui hantent sa mémoire et des établissements qui servent de l’absinthe. L’ouvrage est émaillé de plusieurs reproductions de toiles, tantôt en couleur ou en noir et blanc. L’écriture est intense, vivace et nimbée de générosité. Un roman qu’on peut définir comme une incursion dans le vécu d’un artiste multiple, trop peu sûr de lui et qui a achevé son existence en peignant inlassablement des arbres, disposés en cordon, spectraux, mais racés. Au fil des chapitres, les protagonistes se rencontrent, se tutoient et échangent des impressions. Un livre d’art qui n’en est pas et un roman qui refuse les stéréotypes ! Ed. 180° - 154 pages Daniel Bastié

ANAGRAMMES DANS LE BOUDOIR Une anagramme est une technique littéraire qui consiste à former un ou plusieurs mots en transposant les lettres d'un autre ou de plusieurs autres mots. Lorsque Jacques Perry-Salkow et Laurence Castelain décident de s’adonner à ce petit jeu pour égrener les grands et petits instants de la sphère amoureuse, cela engendre des réflexions intenses, coquines, frivoles, érotiques ou grivoises, voire légèrement triviales. En leur compagnie, les textes puisés dans des ouvrages classiques, les citations et les dictons prennent directement une dimension qui sort des chemins balisés, loin de la bluette et des sentiments à la guimauve, en faisant monter le mercure d’un cran. Il ne s’agit donc pas d’un dictionnaire ni d’un roman, mais d’un florilège de poèmes, de morceaux de prose et de maximes qui, brusquement, changent de cap. Quelques exemples valent beaucoup mieux que de grands discours : Tu me rends folle / Le mufle s’endort, Homme sincère, beau, fort et intelligent / Femme ethnologue, libertine, très catin, L’amour c’est comme une cigarette / Accoutumance, sommeil et regret, Coeur brisé / Sur ce boire !, Des poignées d’amour / Poésie de gourmands, L’immaculée conception / On cite un mâle complice, Qui dresse cette dame ? / Le marquis de Sade !, etc. Un livre gentiment érotique, qui ne va jamais trop loin et qui se veut le résultat d’un fameux exercice de voltige de la part de deux auteurs qui se sont pliés à l’art de la pirouette (masturbation) intellectuelle. Au passage, le lecteur peut admirer les dessins de Stéphane Trapier qui, à leur manière, illustrent également le génie de l’amour lorsqu’il ferme derrière lui la porte d’un boudoir ! Ed. Actes Sud – 130 pages Paul Huet


JOHNNY HALLYDAY ET SES ANGES GARDIENS Qui sont les susdits anges gardiens ? Sacha Rohoul (secrétaire particulier) et Jean Basselin (intendant) ont fait partie de la sphère des intimes, de ceux qui ont partout accompagné Johnny Hallyday et qui savaient tout de lui. Le premier a été son ombre de 1966 à 1983, avant que le second ne prenne la relève. Si le monde a changé, Johnny est demeuré égal à lui-même, intègre dans ses positions, honnête dans ses relations et fidèle en amour autant qu’en amitié. Ce livre n’a pas pour objectif de renouveler l’image du chanteur, mais de la peaufiner en donnant la parole à d’autres témoins que ceux habituellement sollicités. Plutôt que de choisir le ton de l’hagiographie ou de la biographie classique, cet ouvrage illustré de fort nombreuses photographies, dont la plupart inédites, a été conçu comme une succession d’anecdotes répertoriées en suivant un axe chronologique strict et en revenant sur certains événements majeurs. Des avis certes subjectifs, mais qui contribuent à alimenter l’image du rocker devenu légende ! Au fil des chapitres, on parle de concerts, de rencontres (Brel, Sardou, Hossein, Aznavour, Eastwood, etc.), de femmes aimées (Sylvie, Babette, Nathalie, etc.), d’enfants, de sa mère et de son père (le fameux Léon Smet), de son enfance, de sa passion pour les belles mécaniques, d’Hollywood et de bien d’autres sujets qui ne sont jamais approfondis, mais encadrés par le prisme des souvenirs. Un ton forcément nostalgique et qu’on apprécie quand on est fan de la star. Un bel imagier qu’on feuillette en s’attardant sur l’un ou l’autre cliché, qu’on lit respectueusement ou qu’on ajoute à la collection d’objets dédiés à l’idole des jeunes. Laurent Lavigne, biographie, producteur et journaliste, a imaginé ce travail qui couvre un demi-siècle de métier de scène. Ed. Casa – 208 pages André Metzinger

MA PETITE ENTREPRISE A ENCORE CONNU LA CRISE … Nicolas Doucerain nous raconte ses difficultés. Lancer une entreprise n’a jamais relevé de la sinécure. Même en disposant d’une gestion rigoureuse et d’une clientèle fidèle, des paramètres extérieurs peuvent endiguer la viabilité d’un projet. Au cours de ces deux dernières décennies, il a subi de plein fouet la crise financière de 2008, avec la faillite de Lehman Brothers, ainsi que l’impact imprévisible du Coronavirus sur le monde des affaires en 2020. Fort de sa réflexion, il a choisi d’écrire un nouveau livre, qui fait suite à celui intitulé « Mon entreprise a connu la crise » (couronné de succès en 2011), afin de transmettre son expertise aux lecteurs désireux de garder la tête hors de l’eau. Sous la forme d’un récit à suspense, il nous convie à le suivre dans ce qu’on peut nommer un parcours du combattant et découvrir de quelle manière il affronte la tourmente. Un ouvrage qui devrait permettre au lecteur de trouver des pistes, peut-être des issues, mais qui le poussera certainement à déclencher un processus de réflexion pour regarder son entreprise de manière différente. Assurément, il ne s’agit pas de panacée et l’auteur n’entend pas se faire passer pour le Messie ni résoudre ce qui ne peut pas l’être. Grâce à son témoignage, il espère délivrer un message optimiste et transmettre des conseils pratiques pour doper les responsables d’entreprises dans leur mission, actuellement terriblement mises en péril. Ed. François Bourin – 296 pages André Metzinger


LA LUMIÈRE DANS LES COMBLES Treize juifs sont cachés dans un grenier par une jeune Polonaise. Nous sommes au cœur de la seconde guerre mondiale et les codes ont été chahutées. La peur se veut omniprésente. Chaque présence peut devenir menace, chaque souffle se transformer en suspicion. Comment vivre avec la peur au ventre ? Sharon Cameron raconte un récit inspiré de faits réels, dont elle modifié les noms et les lieux, mais en respectant la chronologie. L’écriture est fluide et le ton s’adresse aux jeunes lecteurs, sans se vouloir didactique ou moralisateur. Fort vite, on se met dans la peau de l’héroïne qui sursaute à chaque coup cogné sur le chambranle de la porte. Et s’il s’agissait de la Gestapo, venue faire le ménage ? De nombreuses réflexions se bousculent dans son esprit. Puis, saisie dans le feu d’une période particulièrement instable, elle suit son instinct et son courage, sans penser à plus loin que de faire face en portant bien haut l’étendard de l’éthique qu’elle s’est fixée. A cela, les nazis ne pourront la tuer qu’une seule fois. Enfin, si ce n’est pas eux qui le feront, seront-ce les bombes déversées tous azimuts ou les obus qui s’abattent sur la ville ? Une plongée dans le ghetto de Przemysl, avec des personnages secondaires jamais dispensables et un climat prenant. Le roman s’achève par un dossier illustré de nombreuses photographies en noir et blanc et des notes de l’autrice qui conclut : L’héritage de la seconde guerre mondiale a développé des tentacules qui continuent de s’étendre profondément jusqu’à nos jours. Pour beaucoup de gens à qui j’ai parlé, cette guerre n’a pas pris fin. Les plaies ne se sont pas cicatrisées et et ses répercussions en chaîne continuent de se faire sentir. La perte d’une famille. La perte d’amis. lL perte d’histoires personnelles et d’avenirs. Des peurs qui ne peuvent pas être oubliées. Ed. Gallimard Jeunesse - 496 pages Amélie Collard

VOTRE AMOUR EST PLUS FORT QUE MA MORT L’existence a ceci de particulier qu’elle se ressemble partout, à des degrés plus ou moins semblables, avec, en ligne de mire, une quête de stabilité et la recherche du bonheur. Lise Birdy vit dans le ronron, sans déplaisirs mais sans réels bonheurs. Puis, un matin, en se levant, elle ne sait pas encore que son quotidien va être chamboulé. Existe-t-il une recette qui permet d’accéder à la félicité ? Pour elle, en l’occurrence, sans avertissement et sans préambule, tout transitera par Steve et Ben. Pour l’intrigue autant que pour soutenir l’attention des lecteurs, le récit passe par mille circonvolutions en agitant la clochette de l’émotion. Derrière tout visage aimant et aimé peut se cacher le spectre de la maladie, jamais humiliante mais handicapante dans le sens où elle peut effrayer, endiguer les perspectives d’avenir, mais également devenir rayonnement lorsqu’elle pousse à mordre dans l’instant présent, sans calcul et avec gourmandise. Il en ressort une merveilleuse leçon de vie présentée à la première personne et qui nous encourage à ne jamais baisser les bras, pour se convaincre que le moral fait office d’adjuvant à l’heure d’affronter les épreuves et que l’amour demeure la meilleure thérapie qui soit. En évitant le pathos, Elise Jane nous procure une bouffée d’espoir en ce début d’année nouvelle qui en a largement besoin. Un triangle amoureux, certes ! Mais pas que … Ed. Kindle – 454 pages Daniel Bastié


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.