Bruxelles Culture décembre 2018

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BRUXELLES CULTURE 15 décembre 2018 Brussels Diffusion asbl Contact et abonnement gratuit : pressculture4@gmail.com

RENCONTRE : MARIA PALATINE


RENCONTRE : MARIA PALATINE L'histoire de Maria Palatine est intimement liée à la harpe, qui vient du folklore et qui a trouvé sa place dans les grands orchestres. Peu connaissent le patrimoine de cet instrument et la bibliothèque qui lui est consacrée demeure fort mince. Pour beaucoup, elle reste un son fondu dans la masse de l’orchestre, certes brillant, mais trop souvent ignoré. Inspirée et sensible, Maria Palatine a fait d’elle le prolongement de ses doigts et l’expression de son tempérament. Rencontre. Où êtes-vous née ? J’ai vu le jour à Kaiserslautern, une petite ville située dans le sud de l’Allemagne. J’y ai passé une enfance heureuse et une adolescence studieuse avec des parents aimants. Je conserve toujours d’excellents souvenirs de cette période où je n’ai manqué de rien. D’où vous est venue la passion de la musique ? J’ai eu la chance de pouvoir compter plusieurs artistes dans la famille. Ma grand-mère paternelle dirigeait un théâtre itinérant et a transmis l’amour du spectacle à tous ceux qu’elle côtoyait. Elle était intarissable dès qu’elle parlait de son métier. Quant à la musique, je tiens cette passion de mon grandoncle, qui a préféré déserter plutôt que de servir le régime nazi. Durant les longues années de guerre, il s’est caché dans un petit village des Alpes. Bien qu’il n’y ait jamais été résident officiel, il s’est familiarisé avec le folklore régional et a appris à jouer de la harpe populaire, en vogue dans la région. En 1945, lorsqu’il est revenu chez lui, il a fait découvrir à ses proches cet instrument aux sonorités majestueuses. Ma mère a été la première à se laisser séduire et à se perfectionner pour atteindre une qualité de jeu excellente. Le virus m’a ensuite été transmis, d’abord en dilettante, puis en cherchant une maîtrise parfaite. A mon tour, j’ai fait passer cet engouement à mes deux filles. Vers quel choix d’études vous êtes-vous orientée ? Naturellement, j’ai embrayé pour le registre artistique, car une petite voix intérieure me répétait qu’il ne pouvait pas en être autrement. J’ai suivi un solide cursus au Conservatoire tant à Mannheim qu’à Francfort. Ensuite, j’ai bénéficié d’une bourse qui m’a permis de consolider ma formation à Nice. Ainsi, j’ai débuté ma carrière de chambriste. Néanmoins, assez vite, j’ai senti que je ne pourrais pas faire uniquement cela toute ma vie. Que s’est-il ensuite passé ? J’ai décidé d’utiliser mes connaissances en chant et en composition pour donner un essor à ce que je faisais. Pourquoi ne pas sortir la harpe de la fosse d’orchestre et lui permettre de s’exprimer dans d’autres registres : le jazz, le folk, la variété ? J’ai fondé un ensemble avec un saxophone, une basse et des percussions. L’idée était de faire quelque chose de différent, qui soit nouveau, original et personnel. Pour ma part, il était important de bousculer les habitudes et d’essayer une autre esthétique. De quelle manière s’est déroulée cette aventure ? Le succès a été au rendez-vous et le groupe a été sollicité un peu partout. D’abord en Europe, puis dans le reste du monde jusqu’aux Etats-Unis et une apothéose en Sibérie. Des souvenirs incroyables ! Pourquoi vous êtes-vous installée en Belgique et à SaintGilles en particulier ? Je suis tombée amoureuse d’un de vos compatriotes, l’artiste Bernard Tirtiaux, et je l’ai suivi en Belgique. Plutôt que de m’installer à la campagne, loin de toute vie culturelle, j’ai


choisi la capitale. Par contre, c’est un peu par hasard que je me suis retrouvée à Saint-Gilles, une commune dynamique et pleine de ressources. Je n’ai jamais regretté ce choix. En tant que compositrice, d’où vient l’inspiration ? Tout et rien peut générer des idées. Toutefois, je m’inspire souvent de poésies que j’apprécie même si, parfois, je prends la plume pour écrire mes textes. Je me refuse à toute censure et à tous clivages. Un texte me plaît par essence ou ne me séduit pas. Bien sûr, je suis également tenue par sa rythmique. Techniquement, il faut que ma musique puisse l’épouser et inversement. Il doit s’agir d’une véritable communion. Parce que j’ai passé l’essentiel de mon enfance dans une maison au milieu des bois, je reste très attachée aux thèmes qui traitent de la nature. Quels auteurs avez-vous mis en musique ? Mes goûts sont éclectiques et passent des anciens aux nouveaux. En écoutant mes disques, vous retrouverez les noms de Mary Elisabeth Frye, Herman Claudius, George Meredith, Rainer Maria Rilke, Pablo Neruda, George Gordon Byron, Gioconda Belli, Joumana Haddad, Bernard Tirtiaux et beaucoup d’autres. Sans oublier que plusieurs textes sont de ma plume. Une de vos caractéristiques est de ne pas vous limiter à votre langue maternelle. Je suis citoyenne européenne et je crois fortement à cette union entre pays voisins, même si elle n’est pas parfaite. Dès lors, je me refuse à pratiquer une seule langue. Lorsque je suis en tournée, je rencontre des publics de cultures différentes et qui s’expriment autrement. Puis, j’aime beaucoup les langues pour leur beauté et leur musicalité. C’est aussi cet aspect un peu Tour de Babel qui m’a séduit à Bruxelles. On y parle français, arabe, turc, italien, espagnol, roumain ou polonais dans une même rue. Récemment, vous avez reçu le prix Bruckner Golden Artistic pour l’ensemble de votre carrière. Oui, en 2017, Marie Arena, ex-ministre belge et membre du Parlement européen, m’a remis cette distinction. Même si je ne cours pas après les honneurs, une telle reconnaissance fait toujours plaisir et m’encourage à persévérer dans ce que je fais. Il ne s’agit pas de votre première reconnaissance officielle ? En 2005, je me suis retrouvée lauréate du « Music Award for Young song-poets » de la RundfunkSeidl-Stiftung et de la Bayerischer Rundfunk. En 2008, j’ai été préférée afin de représenter la Belgique à l’Exposition universelle sur l’eau à Saragose. A cette occasion, j’ai créé « Water celebration » pour récitant, chœur et petite formation orchestrale. Vous êtes également réputée comme pédagogue. Pourquoi avoir fondé à Saint-Gilles le « Harp Center Brussels » et en quoi consiste la formation que vous y prodiguez ? J’ai toujours enseigné. J’aime le contact et rien n’est plus gratifiant que de voir évoluer un élève. En 2009, j’ai ouvert le « Harp Center Brussels ». Il suffit de s’y abonner pour un semestre. Chaque membre est suivi en session individuelle ou collective. Maintenant, par manque de temps, je délègue une partie de cette formation à deux collègues : Françoise Marquet et Martina Antognozzi.


Votre dernier Cd « My voice is my plea » est sorti durant l’été. Quelle place les albums ont-ils dans votre existence ? Actuellement, j’ai signé une dizaine de disques et chacun d’eux a été un enfantement, souvent serein, parfois douloureux, mais toujours heureux. Le CD est le vecteur qui permet de prolonger la découverte d’une œuvre dans l’intimité de chaque foyer ou de retrouver des morceaux qu’on a appréciés en concert. Si certaines personnes se familiarisent immédiatement avec le contenu d’un programme, d’autres l’assimilent beaucoup plus lentement. Le support physique est donc nécessaire pour cette seconde catégorie d’individus. Maintenant, le CD ne vaut jamais l’ambiance d’une salle et d’une performance live, même si techniquement rien ne peut lui être reproché. Y a-t-il un coin de la capitale que vous appréciez particulièrement ? Je suis très attachée à la place du Luxembourg. Là, je me baigne dans un flot de langues étrangères avec les fonctionnaires du Parlement européen et ceux des Communautés européennes. Les phrases virevoltent et je m’en réjoui. Sur le plan gastronomique, je me fais un plaisir de vous conseiller le restaurant « Mont Liban » à Ixelles, un refuge chaleureux pour y découvrir des spécialités dans un cadre sobre et stylé. Retrouvez Maria Palatine sur le site www.mariapalatine.com Propos recueillis par Daniel Bastié

CONCERT : STAR 80 Suite à l’immense succès remporté à Forest National, la tournée « Stars 80 » ajoute une nouvelle date bruxelloise à son agenda et reviendra fêter avec nous le Triomphe de ces chanteurs qui sont toujours présents dans l’esprit des adultes d’aujourd’hui ! Venez revivre la magie des années 80 avec une kyrielle de visages et de voix connus. « Triomphe » se veut un nouveau spectacle, avec une nouvelle mise en scène, davantage de chansons, une tonne d’euphorie et plus de son, de light et d’effets spéciaux. Un spectacle à ne pas manquer, avec vos stars préférées le dimanche 16 décembre 2018 à 17 heures à Forest national ! Plus de détails sur le site www.forest-national.be Avenue Victor Rousseau, 208 à 1190 Bruxelles Sam Mas


EXPOSITION : SABINE BINDSCHEDLER

MOVAN-

Sabine Movan-Bindschedler est née au Maroc d’une mère artiste et d’un père aviateur. Naturellement, dès son plus jeune âge, elle se familiarise à la beauté des formes et au mouvement, traînant discrètement dans l’atelier familial, avec pour corollaire de se lancer à son tour et plus tard dans la création. Plutôt que de sortir des crayons et des pinceaux d’une pochette en cuir ou d’une boîte métallique, elle manipule les matières pour faire germer entre la pulpe de ses doigts des œuvres tout en beauté et en précision, laissant s’exprimer l’émotion autant que la maîtrise de la technique. Si elle ne renie jamais ses premiers essais, elle est arrivée aujourd’hui à une maturité faite de constance et de travail. L’occasion d’offrir au regard des visiteurs qui franchissent la porte des galeries qui accueillent ses compositions une sensation d’équilibre et de dynamique. Si elle préfère ne pas parler de son parcours en-dehors du monde des arts ni de sa vie privée (actuellement en Espagne), elle focalise toute l’attention sur ses sculptures en bronze qui génèrent une sensation de légèreté, faisant paradoxalement oublier la lourdeur du métal. Sabine Movan-Bindschedler développe des lignes gracieuses, où la courbe fait partie de la grammaire mise en place, ainsi que des configurations abstraites qui sollicitent l’imagination et se prêtent à de multiples supputations. Quoique figées, ses réalisations semblent dotées d’une force cinétique, grâce à un modelé qui joue sur les contrastes entre volumes. Autant que l’esthétique, l’équilibre reste le fil conducteur de ses élaborations. Sans jamais chercher à impressionner, elle renoue avec un certain classicisme, tout en se dégageant de l’académisme qui, parfois, bride le geste dans ses élans de liberté. Il s’agit assurément de supports esthétiques, faits pour être exposés et achetés afin de décorer un appartement ou un ensemble de bureaux. Chaque pièce, qu’elle réponde ou non à une commande, est imprégnée de l’ardeur d’un moment, proche de l’artisanat et de l’art tel qu’il se conçoit loin des stéréotypes, pourvu qu’il puisse répondre à une sensation fugace ou durable et recueillir des avis vrais de la part des amateurs. Sans jamais se laisser abuser et en refusant la procrastination, la sculptrice use d’une technique ancienne qui consiste à concevoir des volumes dans la cire avant de les couler dans le bronze. Pratique également appelée technique de la cire perdue. Au-delà de toute extrapolation, il est ici avant tout question de jouer sur diverses dimensions et de se servir du support pour créer des pièces uniques allant du grand au petit format. On le sait, les modèles conséquents sont généralement utilisés pour attirer le regard et faire montre du savoir-faire, tandis que les compositions plus petites se destinent à la vente, faciles à être emportées pour ravir les membres d’un ménage ou être offertes lors d’un événement festif. L’artiste présente ses travaux les plus récents jusqu’au 30 décembre 2018 à Espace Art Gallery, dans un cadre lumineux mis au service de nos interprétations. Plus de détails sur le site www.espaceartgallery.eu Rue de Laeken, 83 à 1000 Bruxelles Daniel Bastié


CINÉ-DIMANCHE : L’ÉCHANGE DES PRINCESSES La raison d’État demeure la plus forte. Afin de consolider la paix entre la France et l’Espagne, une idée naît dans l’esprit de Philippe d’Orléans, Régent de France. Nous sommes en 1721 et Louis XV, alors âgé de onze ans, va bientôt accéder au trône après des années de guerres meurtrières qui ont laissé les deux royaumes exsangues. Pour cimenter les relations diplomatiques, rien ne vaut un mariage. De la sorte, il est décidé d’unir officiellement le futur souverain à l’Infante d’Espagne, Anna Maria Victoria (âgée de quatre ans !) et de promettre la fille du Régent, mademoiselle de Montpensier (douze ans), à l’héritier d’Espagne. Sacrifiés sur l’autel des intérêts nationaux, les enfants sont arrachés à leur quotidien et envoyés dans un monde dont ils ignorent tout (langue, traditions, culture). Bien entendu, ils paieront cette décision au prix fort et au détriment de leur innocence. Pour son deuxième long métrage, Marc Dugain signe un film historique qui nous transporte en plein XVIIIe siècle, sans romantisme et parfaitement reconstitué. Gilles Porte, directeur de la photographie, a volontairement cherché à créer une atmosphère esthétique proche des huiles de Georges de La Tour, avec des clair-obscur qui annoncent le drame et une ambiance tapissée de violence tacite. Lambert Wilson, Olivier Gourmet, Catherine Mouchet et Thomas Mustin donnent corps à des personnages ambigus, préoccupés par leurs intérêts et capables de prévarication pour atteindre leur objectif. Le règne de Louis XV a fort peu intéressé le cinéma, qui lui a préféré son successeur, passé à la postérité pour avoir eu le cou tranché. Cet échange de princesses passe aujourd’hui pour un scandale de plus dans l’Histoire et reflète le peu de considérations des puissants pour leurs semblables. Une réalisation certes académique, mais qui ne manque jamais de profondeur. « L’échange des princesses » est à voir ou à revoir le dimanche 20 janvier 2019 à 10 heures 15 au Centre culturel d’Uccle. Plus de détails sur le site www.ccu.be Rue Rouge 47 à 1180 Bruxelles Daniel Bastié

THÉÂTRE : L’EMMERDEUR « L’Emmerdeur », ce classique de Francis Veber revient sur les planches avec Pierre Pigeolet, Daniel Hanssens, Victor Scheffer, Pierre Poucet, Laurence D’Amélio et Michel Hinderyckx. Un bel exemple de comique de situation qui oppose deux hommes qui, jamais, n’auraient dû se rencontrer. Si le rire naît du contraste entre un vendeur dépressif, cocu de surcroît, et un tueur à gages venu éliminer une cible, une part du succès vient des dialogues ciselés par le maître-d’œuvre. On se souvient évidemment de la prestation de Jacques Brel dans le rôle de François Pignon et de Lino Ventura en « monsieur Milan ». Un peu moins de la version cinéma avec Patrick Timsit et Richard Berry. Qu’importe ! Il s’agit ici d’oublier tout ce qu’on a vu précédemment pour se laisser embarquer par une adaptation bien de chez nous et qui n’a pas à rougir avec ce que les Français sont capables de proposer. Si ce ne sera peutêtre pas la surprise du récit qui vous poussera à assister à ce spectacle, sachez que le jeu des comédiens vaut mille fois le déplacement. Daniel Hanssens campe ici un emmerdeur incontournable, qui va empoisonner la mission de son voisin de chambre. « L’emmerdeur » (ou comment tenter de se défaire de quelqu’un qui ne pense qu’à se suicider et s’accroche obstinément à vous) est à voir du 19 au 31 décembre 2018 au Centre culturel d’Uccle. Un régal ! Plus de détails sur le site www.ccu.be Rue Rouge 47 à 1180 Bruxelles Daniel Bastié


CINÉ-VACANCES : LE GRAND RENARD ET AUTRES CONTES

MECHANT

Ceux qui ont aimé « Ernest et Célestine », co-réalisé par Benjamin Renner, seront ravis de retrouver l’homme aux commandes de « Le grand Méchant Renard et autres contes », un long métrage en forme de triptyque, qui enchaîne trois histoires fédératrices et conçues pour interpeller les enfants. Bien entendu, le résultat n’aurait pas été le même sans la complicité de Patrick Imber, fidèle bras droit et professionnel accompli. Tout débute dans un théâtre, avec praticables, scène en planches et rideau rouge. Les protagonistes s’affairent à lancer le spectacle. Lorsque la situation commence à s’organiser, un enfant disparait. L’occasion d’envoyer le premier récit, tout simplement intitulé « Un bébé a disparu », sorte de court-métrage complètement indépendant de tout ce qui va suivre et durant lequel un canard accepte de remplacer une cigogne livreuse de nouveau-nés puisque, depuis « Dumbo l’éléphant », tout le monde sait que les filles ne naissent pas dans les roses ni les garçons dans les choux, mais sont déposés dans les foyers par des oiseaux transporteurs. Après cet instant de poésie, les spectateurs découvrent les aventures d’un grand Méchant Renard qui, à l’image de son confrère le grand Méchant Loup, aimerait terroriser la région, mais n’arrive pas à effrayer ceux qui vivent dans la forêt. Enfin, les personnages découverts durant les premières minutes du film nous racontent de quelle façon ils ont été amenés à sauver Noël. Plein de fraîcheur et d’inventivité, « Le grand Méchant Renard et autres contes » se veut un bel imagier aux couleurs attendrissantes, à la gentillesse innée et qui doublé de belles leçons de vie sur les rapports que les gens tissent entre eux. Mieux, il aide les petits à grandir et à se situer dans un monde qu’ils ne comprennent pas toujours à leur échelle. La magie fonctionne au quart-de-tour et les intermèdes qui servent de lien entre les différentes saynètes opèrent avec justesse. Voilà un film à revoir le mardi 26 et le mercredi 27 décembre 2018 à 14 heures à la salle Molière. Plus de détails sur www.escalesdunord.brussels Rue d’Aumale, 2 à 1070 Bruxelles Daniel Bastié

CINÉ-VACANCES : BLUE Les documentaires n’ont pas toujours la cote qu’ils méritent et la chose est bien dommageable. Loin des réalisations tonitruantes qui font fureur en salle, ils déploient souvent des tonnes d’élégance et un discours modérateur qui nous invite à prendre conscience des réalités du monde. Aujourd’hui, ce sont naturellement les films animaliers qui ont le vent en poupe, avec des images éblouissantes, un commentaire soigné et une partition idoine. « Blue » fait partie de ces grands projets conçus pour nous emmener au large et nous faire oublier le ronron. Il ne s’agit pas non plus d’un long métrage formaté, mais d’un poème visuel enchanteur, où tout a été conçu pour la beauté des yeux, plein de sensibilité et d’émotion. Naturellement, certains spectateurs peuvent se lasser en voyant évoluer interminablement la faune marine et en oubliant que le bleu représente l’espoir, le ciel, la mer et l’eau, sans laquelle nul ne pourrait vivre. En ce sens, voilà une expérience rare à découvrir à la salle Molière le mardi 2 et le mercredi 3 janvier 2019. Plus de détails sur www.escalesdunord.brussels Rue d’Aumale, 2 à 1070 Bruxelles Daniel Bastié


THÉÂTRE : « LA NATIVITÉ » CHEZ TOONE ! Alors que le sapin illumine la Grand-Place voisine, que le Marché de Noël prend possession de la Bourse et de ses environs, le Théâtre royal de Toone ne pouvait pas omettre de placer « La Nativité » au menu de ses représentations. Les marionnettes bruxelloises proposent une relecture de la naissance de Jésus. Il ne s’agit évidemment pas d’adapter les évangiles de Luc et de Matthieu de manière fidèle, mais de partir du récit originel et de s’imprégner de l’univers de Michel de Ghelderode qui a rédigé sur le sujet. Avec tout son professionnalisme et son sens de la synthèse, Nicolas Géal est l’âme de son théâtre, issu d’une longue tradition à la tête du même endroit. Sans heurter les croyants, il transpose le récit dans notre capitale et respecte sa chronologie, omettant certains passages pour en accoler d’autres. Qu’importe ! Il s’agit d’un spectacle récréatif, d’une pure distraction qui a pour vocation de raviver la gouaille des Marolles et qui n’a pas peur de placer un mot plus haut que l’autre. L’occasion aussi de permettre à Woltje (marionnette fétiche de l’enseigne !) d’intervenir au détour de l’une ou l’autre saynète et d’asséner des vérités très terre-àterre. Le comique tient autant du langage que des anachronismes volontaires que les spectateurs s’amusent à relever. Dans l’ordre, on passe de la visite de l’Ange à la naissance de Jésus dans une crèche, pour aboutir au massacre des premiers-nés mâles. Contrairement à ce que beaucoup pensent, l’idée de départ a été de s’inspirer de la littérature de Michel de Ghelderode plutôt que de se référer à la Bible. Homme de lettres un peu oublié aujourd’hui, le célèbre écrivain était essentiellement réputé pour la qualité de son théâtre, ainsi que pour ses contes scabreux qu’il affectionnait beaucoup. Chez lui, l’étrangeté se mêlait le plus souvent au folklore et il puisait son inspiration dans le religieux, les traditions séculaires et ses angoisses métaphysiques. On retrouve un peu ce schéma dans la mise en scène du présent spectacle, avec des têtes (de poupées) qui volent lors de la boucherie finale, du mysticisme vite oublié et des références à notre société moderne. Avec des décors qui représentent Bruxelles, on voyage dans le temps et on se délecte des bons mots assénés à tour de bras. « La Nativité » version Toone est un spectacle haut en couleur, avec des costumes chamarrés, un zeste d’impertinence qui ne choquera que les pisse-froid et un respect des choses apprises au catéchisme. Un récit traditionnel mixé à la sauce locale que l’on découvre ou revoit afin de s’assurer un quota de bonne humeur pour la semaine en cours et ce jusqu’au 30 décembre 2018. Plus de détails sur le site www.toone.be Entrée : Impasse Sainte Pétronille / rue du Marché-aux-Herbes, 66 à 1000 Bruxelles Georgie Bartholomé


LE THÉÂTRE DE TOONE S’AGRANDIT ! Deux ans de travaux ont été nécessaires à l’aménagement de trois maisons adjacentes au traditionnel Théâtre de Toone. Un million trois cents mille d’euros ont été injectés par Beliris pour mener le chantier à terme. Actif dans la capitale, Beliris est né d’un accord de coopération économique daté du 15 septembre 1993 passé entre le pouvoir fédéral et la Région de Bruxelles-Capitale ayant pour objectif d'élargir les moyens mis à disposition de la ville afin de développer et promouvoir son rôle de capitale nationale et européenne. Désormais, le célèbre théâtre de marionnettes bruxelloises dispose d’un véritable musée où exposer près de mille pièces, des manuscrits et des décors parfois fort anciens (stockés jusqu’ici dans des malles et des caisses dans le bâtiment dit « La maison des Arts » à Schaerbeek), mais aussi disposer sur place d’un atelier de confection et de réparation, de loges, d’une salle polyvalente afin d’accueillir les groupes, d’une nouvelle conciergerie et d’un ascenseur. L’impasse et la cour ont également bénéficié d’un lifting sans pour autant ôter leur cachet original. Le 14 novembre dernier, les VIP ont été conviés à l’inauguration en fanfare, rassemblant artistes et politiciens de tous bords. Parmi les invités, nous avons pu reconnaître Didier Reynders, Fadila Laanan, Rudi Vervoort, José Duchant et, parmi beaucoup d’autres, le Baron de Laminne de Bex. Nicolas Géal (Toone VIII) s’est avéré un hôte ravi et aux petits soins pour tout le monde, secondé par son papa José (Toone VII) toujours coiffé de sa casquette sans laquelle il ne serait pas lui-même. Inscrites au patrimoine folklorique, les marionnettes bruxelloises sont l’un des divertissements pour adultes prisés par les touristes. Il s’agit du type marionnettes à tige. Le manipulateur tient la tringle en métal fixée sur le crâne du personnage en bois, tandis que des fils permettent de bouger les bras, les jambes étant entraînées par le mouvement de la tête. Leur taille varie de soixante centimètres à un mètre selon leur importance. Alors que les manipulateurs veillent à articuler les marionnettes, le montreur interprète toutes les voix, en se calant sur un texte écrit à la virgule. Plus qu’un lieu de détente, le poechenellekelder de Toone s’avère un véritable ambassadeur de Bruxelles et sa réputation rayonne aux quatre coins du monde. Le nombre d’étrangers qui transitent par l’Impasse Sainte Pétronille lui apporte une importance non négligeable pour l’aura de la Belgique loin de ses frontières. Daniel Bastié

EXPOSITION : AINSI DIRE Trois auteurs, trois artistes, trois traits qui diffèrent, voilà le programme de cette exposition fédératrice qui rassemble Eric Lambé, Christophe Poot et Florian Huet à la Bibliotheca Wittockiana. Tous représentatifs –ou non, comme ils aiment à se définir- de la bande dessinée de création et d’œuvres graphiques et narratives, ils offrent à voir des planches, des installations et des dessins (nouveaux ou anciens) qui témoignent d’un souci évident de fusion entre le médium et la narration, entre la matérialité de l’œuvre et son caractère intangible. Cet événement a pour objectif d’exposer les potentialités d’interactions entre le livre et la neuvième art. De la sorte, ces créateurs inspirés ne produisent pas seulement des planches de B.D. mais complètent véritablement leurs dessins par la forme qu’ils donnent au livre qui les contient. Cet aspect devient dès lors partie intégrante de la réalisation et justifie le récit. Un catalogue est disponible à l’accueil. « Ainsi dire » est à découvrir à la Bibliotheca Wittockiana jusqu’au 20 janvier 2019. Plus de détails sur le site www.wittockiana.org Rue du Bemel 23 à 1150 Bruxelles


THÉÂTRE : LA MÉNAGERIE DE VERRE Cette pièce raconte l’histoire d’une famille ordinaire vivant dans une Amérique où tout est possible après la crise des années 30 mais où, en même temps, la montée du nationalisme annonce la guerre 40-45. La mère, issue d’un milieu riche, se trouve seule avec deux jeunes qui ont dépassé la vingtaine. Il est donc facile à comprendre que l’ambiance n’a rien du paradis terrestre ! Tom, le fils poète, rêve de partir pour concrétiser ses espoirs de félicité, même s’il travaille dans une usine de chaussures pour aider les siens. Sa sœur Laura, son aînée, complètement renfermée sur elle-même, se réfugie dans sa ménagerie où pullulent les figurines de verre. Sa mère, Amanda, étale son passé en se vantant des amants qu’elle avait à ses pieds, mais regrette de s’être mariée avec un homme qui, après lui avoir fait deux bébés, est parti à l’autre bout monde. Elle, qui n’avait jamais travaillé, doit maintenant se débrouiller pour assurer la (sur)vie du foyer. Elle refuse que sa fille Laura se considère comme handicapée. Pour l’aider à s’intégrer, elle l’a obligée à participer à la chorale de la paroisse, avant de l’inscrire dans une école de dactylographie. Malgré sa détermination, la jeune adulte n’est jamais parvenue à trouver des repères. Aussi, lorsque sa maman découvre qu’elle n’allait pas aux cours, elle fait une crise d’hystérie. Cinquante dollars dépensés pour rien ! Afin de fuir l’ambiance familiale, Tom passe les nuits dehors. Face à un avenir précaire, la mère cherche des solutions et déploie une énergie incroyable. L’idée de trouver un prétendant à sa fille pourrait les tirer d’embarras. Peut-être le fils connaît-il un homme capable de la rendre heureuse ? A force de recherches, Tom trouve un hypothétique amoureux, avec pour corollaire de mettre les petits plats dans les grands et de saisir la chance qui se présente. L’arrivée de Jim bouleverse les habitudes. Laura, totalement traumatisée par la venue du fiancé plus ou moins imposé, finit par se laisser docilement apprivoiser. La scène où ce dernier la fait danser relève du sublime. Radieuse, la future épousée se laisse transporter par l’amour qui la métamorphose. Néanmoins, Jim refuse de s’engager et décide d’aimer ailleurs, faisant que le monde imaginé (espéré ?) de Laura s’effondre avec fracas, renvoyant l’héroïne à sa solitude et à ses angoisses. La maison de verre de Tennessee Williams est en quelque sorte une pièce autobiographique, écrite en 1940. Avec le recul, l’auteur a pris conscience que son histoire était aussi celle de plusieurs familles. Son analyse des comportements se veut pleine d’intelligence et d’acuité. Elle parle de ceux qui se débattent dans la misère, se révoltent et imaginent un monde meilleur. Sa vision de notre humanité en devient intemporelle et touchante, car elle reflète le quotidien de beaucoup de nos concitoyens. Une étude de ONAFTS (2008) estime que, en Belgique, 20,48% des familles peine à boucler les fins de mois. Une situation alarmante, qui se reflète à la télévision par le biais des actions des gilets jaunes qui hurlent leur désespoir face à une société de plus en plus inégalitaire et régie par les nantis. Vous avez jusqu’au 31 décembre 2018 pour aller voir ce classique au Théâtre Le Public. En cette année socialement perturbée, elle demeure un vibrant appel à choisir l’amour pour se débarrasser de la haine, la solidarité pour éradiquer l’égoïsme, le bonheur pour contrecarrer le malheur. William Clobus, Patricia Ide, Sarah Lefèvre et Louis Sylvestrie sont bouleversants de vérité dans des rôles qui leur collent à leur épiderme. Plus de détails sur le site www.theatrelepublic.be Rue Braemt 64-70 à 1210 Bruxelles Maurice Chabot


THÉÂTRE : LES TROIS GLORIEUSES L’histoire commence dans une misérable pension parisienne qui n’est pas sans rappeler celle du père Goriot de Balzac. Véritable carrefour des détresses humaines et des aspirations souvent sans lendemain, la demeure voit défiler des résidents que rien ne prédestinait à se rencontrer au vu de leurs différences sociales. Aristocrates désargentés, aventuriers, anciens bagnards ou révolutionnaires s’y côtoient sans pouvoir s’ignorer. Malgré leurs masques ils s’efforcent de cohabiter. Pendant ce temps à l’extérieur, le peuple gronde, les barricades bloquent Paris, le peuple marche sur les Tuileries et le Palais Bourbon. Après une longue période d’agitation ministérielle, parlementaire et journalistique, le roi Charles X tente par un coup de force constitutionnel de freiner les ardeurs des députés libéraux par ses ordonnances du 25 juillet 1830. En réponse, les Parisiens se soulèvent et affrontent les forces armées, commandées par le maréchal Marmont, au cours de combats qui font environ deux cents morts chez les soldats et près de huit cents chez les insurgés. L’histoire a retenu cet épisode sous le nom des « Trois glorieuses » ou de « Révolution de juillet ». Patrick Chaboud imagine une parodie dynamique de cet épisode dramatique et l’offre à voir jusqu’au 29 décembre 2018 au Magic land Théâtre. Vous trouverez tous les renseignements concrets sur le site www.magicland-theatre.com Rue d'Hoogvorst, 8 à 1030 Bruxelles Sam Mas

THÉÂTRE : RAPHAËL, LES SIRENES ET LE POULET Six personnages et un pianiste entament un récital de duos célèbres (« Adam et Eve » de Haydn, « Œdipe et le Sphinx » de Stravinsky, « Blanche Neige » de Walt Disney...). Tandis que certains acteurs chantent et que le pianiste joue les thèmes musicaux, d’autres donnent à voir, en contrepoint, des facettes différentes de ces grands sujets. Ainsi les tentatives de séduction, l’amour, la jalousie, la solitude, le désir, l’horreur, le sentiment de l’absolu et de la mort vont submerger et bousculer les comédiens, faisant de leurs interventions une performance peu protocolaire. Baroque, grotesque et dérision s’unissent pour montrer la beauté des failles, des dérapages, des fragilités. Leur drôlerie aussi ! Avec un sens du rythme, de la pulsation, des énergies et du découpage particulièrement fin, où la tragédie vire à la comédie et où le romantisme prend de drôles d’air de gags à la Buster Keaton, Ingrid von Wantoch Rekowski propose un décalage visuel, sonore et organique sur les figures de style et confère à la musique une puissance subtilement ironique. La dramaturgie est assurée par Jean-Marie Piemme. Un gage de qualité. « Raphaël, les sirènes et le poulet » est à découvrir du 26 au 30 décembre 2018 au Théâtre des Martyr. Plus de détails sur le site www.theatre-martyrs.be Place des Martyrs, 22 à 1000 Bruxelles


THÉÂTRE : UN PIED DANS LE PARADIS Création d’une comédie douce-amère au Théâtre des Martyrs. Elle est interprétée par un trio d’actrices qui s’entendent comme des larrons en foire pour résister aux accidents de la vie qu’elles ont dû affronter. « Un pied dans le paradis » où elles espèrent aller, et le reste en enfer. Car le reste, c’est l’enfer des laissés pour compte que décrit la pièce sur un mode humoristique. C’est celui des marginaux que la vie n’a pas épargnés et qu’elle a laissés choir sur le trottoir. Alors, plutôt que de mendier au coin de la rue, ils se lancent dans les arnaques de toutes sortes. Ils volent au petit bonheur la chance. Ils squattent les immeubles abandonnés. La pièce nous conte l’histoire de trois sœurs qui se retrouvent dans le cinéma désaffecté de leur père, qu’elles occupent illégalement et qui est sur le point de devenir insalubre. Elles ont tout essayé déjà pour survivre : du chien enlevé dont elles espéraient tirer une rançon, jusqu’aux vases de granit qu’elles volent dans les cimetières pour les revendre à la brocante du quartier. En passant par les grandes surfaces où elles jouent au chat et à la souris avec le vigile pour chaparder leur nourriture et les vêtements qu’elles portent. Mais la fin approche pour elles trois : un huissier est venu les avertir qu’elles seraient bientôt expulsées du vieux cinéma où elles logent. Que faire alors ? Arriveront-elles à « plumer » un vieux beau qu’elles ont rencontré au cimetière, et sur lequel l’une d’elles a mis le grappin ? Il roule en Jaguar et habite un somptueux appartement au troisième étage d’un bel immeuble. Elles l’ont invité pour lui faire les honneurs du cinéma de leur père, dont quelques tuiles tombent, y compris celle de l’huissier de justice qui a fixé une date d’expulsion. Toute la misère sociale défile dans cette comédie qui dure une bonne heure, au gré de petites scènes où les trois sœurs nous font vivre leurs exploits d’arnaqueuses. Parfois avec l’agrément de quelques chansons qui émaillent leur vie quotidienne et qu’elles chantent d’ailleurs fort bien, menées par l’une d’elles, France Bastoen, formée aux Ateliers de la chanson. Elles ont su garder à leur misère, à leur détresse, une note drôle qui fait d’Un pied dans le paradis une comédie douce-amère qui nous interpelle sur le sort des démunis. Sur tous les sans-le-sou qui se terrent à côté de nous et qui usent de mille stratagèmes pour s’en sortir. C’est la force du texte de Virginie Thirion, l’auteur de la pièce portée par les trois comédiennes qui se sont glissées dans la peau de leur personnage comme des poissons dans l’eau. Et qui ont revu le texte avec l’auteur. On est touché par l’inventivité dont elles font preuves pour arnaquer le client, avant qu’elles ne se sauvent dans la Jaguar de leur ami qu’on ne verra jamais. C’est fort bien joué. Un seul regret néanmoins, la fin, car c’est souvent la fin qui pose problème dans les comédies. Comment terminer la pièce sur un ton juste qui reste humoristique ? Tant qu’à faire, et puisque les comédiennes avaient droit au chapitre de la comédie qu’elles ont revue, on aurait pu espérer que cette fin ne vire pas au burlesque, comme dans les films de Fellini. « L’homme est bon, disait Bertolt Brecht, et le veau est meilleur encore. » Mais la caricature finale est à la mesure des déshérités que campe la comédie, et qui crèvent souvent de faim à côté des restaurants. Avec France Bastoen, Delphine Bibet et Laurence Warin qui forment un vrai trio infernal. A voir et à savourer, caricature oblige, au Théâtre des Martyrs jusqu’au 15 décembre 2018. Plus d’informations sur le site www.theatre-martyrs.be Place des Martyrs 22 à 1000 Bruxelles Michel Lequeux


UN KET DE BRUSSELLES : OÙ EST PASSÉ CE TEMPS, POTVERDEKKE ! Dans ma rue vivait un accordéoniste qui s’appelait Édouard, nous on l’appelait Ware. Il avait acheté son instrument à la Vosseplaan (Marché aux Puces de la Place du Jeu de Balle) pour trois paquets de tabac de Semois (grosse coupe) et deux bières sans faux col chez Jan de Schaaveiger (Jean le Ramoneur), qui tenait un café dans la rue Blaes. En okkogge (une occase !) Du coup, Ware s’était entouré d’un batteur et d’un saxophoniste, histoire de constituer un orchestre pas symphonique pour « faire les bals ». Ware et ses Klachkoppe (Édouard et ses Chauves), que s’appelait Édouard sa formation. Les samedi et dimanche soir, tu les retrouvais animant des soirées dansantes dans les bistrots et les salles paroissiales des environs. Danser, c’était un peu plus compliqué qu’aujourd’hui, ça je dois te le dire. D’abord, on devait apprendre à danser, avec des pas, des attitudes, de la galanterie. Le jour d’aujourd’hui tu entends un tamtam, ça fait : « Mott-mott-mott ! » tu te lèves (ou pas) et tu te trémousses comme si tu avais une compagnie de puces dans ton dos. Tu fais ça tout seul, avec tes yeux révulsés comme si tu voyais le petit Jésus en culotte de velours et les mains qui rammel (remuent) comme quand tu veux cueillir des fruits qui lâchent pas leur arbre ou que tu veux couper le ruban d’inauguration de la salle des fêtes avec des ciseaux. Les keums comme les meufs. Individuellement. Car c’est ça le nœud, fieu : l’individualisme. Avec Ware et ses Klachkoppe, le garçon se levait, allait s’incliner devant une jeune fille bien sagement assise entre sa moema et son poepa, et tu demandais comme Adamo : « Vous permettez, Monsieur ? » Quand ta tête lui revenait, il te répondait oui mais je te tiens à l’œil, tu prenais la fille dans tes bras, elle posait la tête sur ton épaule et Vas-y Toto ! Un, deux, un, deux, trois, ça est un tango. Et de temps à autre, Ware stoppait le tempo, lançait son ordre : « Une baise ! » et les danseurs s’embrassaient (sur la joue, hein, ket, oublie pas que poepa te tient à l’œil). Le jour d’aujourd’hui, qu’on t’a poussé à l’individualisme, les pas, l’attitude, la galanterie, c’est tellement ringard qu’on ose même plus emmener son poepa au bal, de peur qu’il fasse un AVC ! Si tu n’emballes pas le deuxième soir c’est que tu es bon pour le petit séminaire. La jeune rosière avec les mains croisées sur sa robe d’organdi, tu vois plus ça que dans les films de Renoir. Maintenant c’est la meuf qui dirige les opés. Elle a ses Durex dans la poche arrière de son jeans, histoire de voir venir. Potverdekke où il est passé, ce temps où tu allais chez poepa et moema avec tes gants blancs pour demander la main de leur fille ? Le jour d’aujourd’hui tu n’as plus que sa main à demander car le reste tu l’as déjà. Arra ! Tu avoueras que ça manque quand même de romantisme. « Je vous ai apporté des bonbons » qu’on disait à sa mokke (petite amie) et on allait faire le tour du parc de Brusselles avec la tante Gilberte comme chaperon. Une dame patronnesse dont les yeux pointus te disaient : A pûute van da kind (littéralement : tes mains en bas de cette enfant). Et justement tu lui prenais la main (celle de la jeune fille, la main que tu venais de demander à poepa) et elle rosissait (toujours la jeune fille, hein, pas la vieille) jusqu’au cou (plus loin tu pouvais quand même pas voir). Le jour d’aujourd’hui, tu danses à côté (pas avec) d’une meuf, tu la regardes et elle te répond : « Chez toi ou chez moi ? » Je ne sais pas si c’est de l’évolution, tu sais. Pourtant j’ai fait mai 68, remarque. On pensait pas qu’on irait jusque là, tu vois ? C’est pas qu’on est coincé des hormones, mais ça fait drôle. C’est comme quand tu arrives au centre de la bascule et que tout d’un coup, le sens de la pente s’inverse, et ça s’emballe. Amaï, voilà que je verse dans la nostalgie. Où est le temps de poepa ? Le temps où sur la Vosseplaan on parlait bargounch, on achetait un accordéon pour trois paquets de Semois grosse coupe et deux bières sans faux-col chez Jan de Schaaveiger. Le temps où les jeunes filles allaient au bal encadrées de poepa et moema. Bref un temps qui ne reviendra pas, un temps où j’étais jeune. Georges Roland (Retrouvez les romans bruxellois de Georges Roland sur www.georges-roland.com)


THÉÂTRE : LA REVUE 2018 Moment attendu comme le vin nouveau, la Revue demeure l’événement phare qui clôture l’année civile et qui prélude aux fêtes. Impossible de passer outre et de ne pas avoir l’esprit titillé par l’envie de découvrir la cuvée 2018, avec une équipe au meilleur de sa forme et des personnages récurrents qui ont fait l’actualité politique belge et étrangère. Pour ceux qui ne connaissent pas la formule, il s’agit de regarder dans le rétroviseur, de résumer les douze mois écoulés et de s’amuser avec tout ce qui a alimenté les médias (même si plusieurs sujets ne prêtent pas toujours au rire !). Sans méchanceté et avec un sens contagieux de la dérision, les comédiens du Théâtre royal des Galeries s’offrent sans complexe dans des numéros de cabaret et des parodies déjantées, toujours drôles, en abordant des domaines qui ne sont a priori pas les leurs : imitation, chanson et danse. Il y a un peu d’Hollywood sur scène, avec du strass, des paillettes et des numéros qui visent avant tout l’efficacité. Maintenant, l’objectif consiste avant tout à offrir deux heures de détente pure et de décontraction en laissant au vestiaire les tracas quotidiens et en se gardant d’abandonner les codes du genre, au risque de parfois se répéter de saison en saison. Pas de crainte en amont ! La troupe sait parfaitement ce que le public attend et redemande. Avec une bonne humeur tangible, un rythme trépidant et un mimétisme qui permet d’endosser de nombreuses personnalités, les acteurs changent de costume à chaque saynète, enchaînent les prestations et débordent d’enthousiame. L’occasion de découvrir, entre autres, Bernard Lefrancq, Angélique Leleux, Perrine Delers, Marie-Sylvie Hubot, Frédéric Celini dans des rôles loin des comédies et des classiques auxquels ils nous ont habitués. La mise en scène est signée Alexis Goslain, tandis que les multiples costumes ont été conçus par Ronald Beuma et Françoise Miessen. Du show total à applaudir sans modération jusqu’au 27 janvier 2019. Vive la satire politique, le music-hall et les grands élans de liberté ! Plus de détails sur le site www.trg.be Galerie du Roi, 32 – 1000 Bruxelles Daniel Bastié

EXPOSITION : BERLIN 1912-1932 « Berlin 1912-1932 » met en lumière cette période charnière. En partant du regard belge sur la scène artistique allemande, l’exposition s’intéresse à une réalité quotidienne oscillant entre crises et utopies, ravage et euphorie, misère et décadence. Ces « Années folles » reprennent vie à travers plus de 200 œuvres d’artistes majeurs tels que Otto Dix, Raoul Hausmann, Ernst Ludwig Kirchner, Kasimir Malevich, Aleksandr Rodchenko, Max Beckmann, George Grosz, Hannah Höch… Découvrez, à partir d’une sélection mêlant peintures, sculptures, dessins, photographies, films et éléments d’architecture, un panorama saisissant d’une des époques les plus fascinantes de notre histoire. Un événement à découvrir sans modérations aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. Plus de détails sur le site www.fine-arts-museum.be Rue de la régence, 3 à 1000 Bruxelles Sam Mas


THÉÂTRE : CROISIÈRE COCONUTS Cette création, estampillée Laurence Bibot, joue avec les codes du théâtre de boulevard et invite les spectateurs à embarquer pour une croisière paradisiaque. L’occasion de provoquer un huis clos maritime, qui met en exergue une panoplie de personnages plus barges les uns que les autres et presque aptes pour l’hôpital psychiatrique. Le ton se veut assurément caricatural, avec tous les poncifs inhérents au genre et des individus extrêmes, à la fois complètement dingues et touchants, drôles malgré eux et très fragiles. Malgré le masque que chacun affiche, les fêlures se manifestent dans les attitudes, les comportements et la manière d’exprimer les préoccupations. Le paquebot n’est pas le Titanic, mais le naufrage n’est pas loin ! Fait de saynètes qui se succèdent, « Croisière Coconuts » tient de la farce énorme, où les jeux de mots crépitent, les quiproquos se multiplient et où chaque protagoniste joue un jeu. Impossible de ne pas tenir compte des sentiments qui naissent car, on le sait, une grande histoire sans épanchements amoureux n’a aucune chance d’aboutir ! Julie Deroisin, vue il y a deux ans au Théâtre royal du Parc dans « Zazie et le métro », prouve une nouvelle fois sa capacité à tout jouer avec une énergie démonstratrice. Comme toujours, elle se veut tour à tour émouvante et sympathique, mimant chacune des expressions qu’elle emprunte. Accompagnée sur les planches par Emmanuel Dell’Erba, Aurelio Mergola, June Owens, Marie-Hélène Remacle et Abel Tesch, elle est impeccable de justesse et s’amuse à se déguiser pour rompre la monotonie du voyage et s’éclater. Spécialisée des one-womanshow, Laurence Bibot est une habituée du Théâtre de la Toison d’Or et elle choisit ce lieu pour créer chacun de ses nouveaux spectacles, familiarisée avec son infrastructure et pleinement confiante dans la qualité de l’accueil qui lui est réservé. Bien entendu, toute nouvelle création est une gageure et le verdict du public fait office de sanction ou de récompense. Cependant, avec le palmarès qu’elle affiche, plus de vingt-cinq ans de présence sur les planches, une maîtrise de la mécanique du rire et des idées à revendre, elle sait qu’elle ne risque rien de désagréable. Les applaudissements qui crépitent sont là pour la conforter. Cette pièce inédite est à découvrir au Théâtre de la Toison d’Or du 19 décembre 2018 au 19 janvier 2019. Plus d’infos sur www.ttotheatre.com Galeries de la Toison d’Or, 396-398 à 1050 Bruxelles Daniel Bastié

SPECTACLE : FRÉDÉRIC Jean-François Breuer est un visage régulier du Théâtre de la Toison, enseigne où on a pu le découvrir dans des pièces devenues des standards (« Ça fait rire les oiseaux », « Dernier coup de ciseau »). Cette fois, il se retrouve seul à fourbir les planches, servi par la prose de Dominique Bréda, un auteur de chez nous formé à Bruxelles et à qui on doit notamment « Emma », texte qui a été créé chez Huguette à La Samaritaine. On sait beaucoup moins que ce dernier est également un excellent guitariste, chanteur et compositeur et qu’il a fait partie d’un groupe (Royal Hotel). Pourquoi ne pas rendre hommage à Freddie Mercury, figure de proue du groupe Queen et trop tôt disparu, victime du VIH ?


Dix ans que cette idée couvait, avant de la concrétiser et de s’immiscer, l’espace d’un show, dans la peau du leader surdoué d’une des formations les plus emblématiques de la scène pop. Bien entendu, caresser ce fantasme implique de se donner à fond au rôle, au point de s’identifier au personnage. Un challenge relevé haut la main par Jean-François Breuer, qui devient à la fois un fan de Mercury et son sosie. Physiquement, il convenait d’adopter un certain mimétisme. L’acteur ressemble à Freddie tout en demeurant lui-même. Quant au pitch, il relève simultanément de la farce et de l’hommage. Convié à se produire face au public, le protagoniste découvre que ses musiciens ne sont pas au rendez-vous. Que faire ? Se lancer en solo et a cappella ou fuir sans demander son reste ? Evidemment, lorsqu’on se prétend une star ou qu’on s’identifie à l’une d’elles, on prend sur soi d’être crédible et de ne pas décevoir les spectateurs qui se sont pressés pour assister à la représentation. Dès lors, s’improvise (du moins voilà ce qui est prétendu !) un dialogue au cours duquel le comédien expose ses espoirs, exprime ses rêves, raconte son cheminement et, surtout, nous fait partager le bonheur contagieux d’une plongée dans l’univers sonore de Queen. Pas de playback ! L’artiste assouvit sa passion et, accompagné d’un piano, égrène, évoque et partage son engouement pour un répertoire toujours présent dans la mémoire collective. Une révérence qui se veut également une pièce inédite, qui agite la mécanique de l’émotion et de la nostalgie. « Frédéric » est à applaudir jusqu’au 12 janvier 2019. Plus de détails sur www.ttotheatre.com Galeries de la Toison d’Or, 396-398 à 1050 Bruxelles Catherine Clerbois

EXPOSITION : VARIATIONS Grand Prix d'Angoulême en 2012, Jean-C. Denis (1951) est un auteur majeur de la bande dessinée contemporaine, qui maîtrise avec force le scénario, le dessin et la mise en couleur. Il est l'un des maîtres de la bande dessinée d'auteur née dans les magazines Charlie, Pilote, (À Suivre) et Métal Hurlant. Chroniqueur sensible et subtil de son époque, il a aussi offert des pépites graphico-narratives à Aire Libre et Futuropolis. Au moment de la création de ses albums, il imagine de grandes illustrations qui sont autant d'éclairages magiques sur l'univers du récit en cours, mais qui ne trouvent pas forcément place dans la logique du découpage et du cadrage. Parfois, il s'offre une digression artistique entre deux planches mais, le plus souvent, c'est lorsque l'album est achevé qu'il réalise certaines de ces images pour le plaisir. Avec l'exposition « Variations », la Galerie Champaka présente des ensembles très graphiques composés de planches originales de première force et d'illustrations envoûtantes qui en sont inspirées. Et cerise sur le gâteau, elles sont quasiment toutes réalisées en couleurs directes ! Un événement à découvrir jusqu’au 29 décembre 2018. Plus de détails sur le site www.galeriechampaka.com Rue Ernest Allard 27 à 1000 Bruxelles Sam Mas


THÉÂTRE : LE PORTEUR D’HISTOIRE L’idée de cette pièce est née dans l’esprit d’Alexis Michalik, alors qu’il visitait un vieux cimetière où il a découvert une tombe abandonnée, totalement anonyme. En tant que comédien, il a imaginé un personnage : un homme venu enterrer son père au fond des Ardennes et qui n’avait plus de relation avec ce dernier depuis trop longtemps. Par manque de place, le fossoyeur, ami du défunt, suggère d’inhumer le disparu dans une tombe préexistante, où réside déjà un corps tombé en poussière. Dans la maison familiale, le fils découvre une vaste bibliothèque, ainsi qu’un manuscrit qui l’intrique. Il est loin de se douter que le présent va l’entraîner à la poursuite de fantômes passés et le mener à entamer une quête à la recherche de livres précieux et d’une vérité qui s’est détricotée au fil du temps. Passionné par l’œuvre de Shakespeare, l’auteur choisit cinq comédiens et les met en scène pour interpréter « Le porteur d’histoire ». Cette chasse au trésor littéraire nous fait découvrir des personnages bien tangibles qui, sur le plateau, existent et extériorisent leurs sentiments. Avec cette pièce, nous sommes saisis sur le vif et entraînés dans une cavalcade fantastique, amenés à parcourir tous les continents pour dérouler une intrigue défendue par des artistes bourrés de charisme et qui, avec leur tabouret et leurs costumes différents, bombardent notre imaginaire d’un feu d’artifices d’inventivité. Ce tourbillon frénétique jongle avec les siècles. Il s’agit d’une sorte de machine à remonter le temps qui nous permet de rencontrer, au cœur du désert algérien, deux femmes (la mère et la fille) qui disparaissent et sont entraînées par le récit d’un quidam, à la poursuite de textes rares et d’un super trésor laissés par une légendaire société secrète. Des personnages insignes croisent leur route : la Joconde de Léonard de Vinci, le Comte de Montecristo d’Alexandre Dumas, etc. Le récit suit une trame qui n’hésite jamais à emprunter des chemins de traverse, s’offre toutes les libertés et nous gratifie d’un spectacle dense et intelligent, qui célèbre le vrai sens du théâtre, là où les intervenants ont la possibilité de jouer, avec un talent incroyable, une multitude de personnages. Allan Bertin, Baptiste Blampain, Nicolas Buysse, Julia Le Faou et Sherine Seyad sont excellents et prouvent qu’ils possèdent plusieurs cordes à leur arc. Avec cette pièce, Alexis Michalik a obtenu en 2014 le Molière du meilleur metteur en scène. Cette coproduction belge, mise en scène par celui qui l’a écrite et assistée par Patrick Blandin, mérite bien ses trois étoiles. Vous avez jusqu’au 31 décembre 2018 pour effectuer ce périple bouillonnant et initiatique à travers les fuseaux temporels ! Un spectacle magnifique à applaudir sans réserves au Théâtre Le Public. Voyez plus de détails sur le site officiel www.theatrelepublic.be Rue Braemt, 64-70 à 1210 Bruxelles Maurice Chabot


RENCONTRE : THIERRY-MARIE DELAUNOIS Que serait le monde sans la musique, la danse, la poésie ? Que serions-nous, sinon des robots incapables d’émotions ? Les artistes nous offrent leur cœur, leurs tripes, leur imaginaire, leur temps… et leur joie est immense quand d’un mot, d’un regard, d’un sourire, nous les remercions pour le bonheur qu’ils nous ont procuré. Bruxelles est un nid de talents. Thierry-Marie Delaunois est l’un d’eux. Il est écrivain, chroniqueur littéraire et événementiel, lecteur-animateur, auteur de neuf publications dont six romans et une pièce en trois actes, membre d’Arts et lettres, sociétaire de l'Association des Ecrivains Belges de langue française et présélectionné aux prochains Sabam Awards. Retrouvez-le sur le site www.thierry-mariedelaunois.com Bonjour Thierry-Marie. Vous êtes un auteur prolixe. Quels sont vos thèmes de prédilection, ceux que vous aimez principalement aborder au cœur de vos ouvrages ? La complexité des rapports humains me fascine. Certaines personnes sont plus guidées que d’autres par la raison, ce qui conduit parfois à de grandes solitudes allant jusqu’à l’isolement total. Le fait que l’union fait la force dans la recherche du « mieux », le pouvoir et la puissance des souvenirs qui, à l’occasion, nous minent ou nous handicapent dans notre bien-être et cette paix vers laquelle nous tendons dans notre existence. Et le mot paix peut parfois avoir des significations différentes d’une personne à l’autre. Quels sont les mots-clés, ceux qui vous importent le plus dans votre parcours d’auteur ? Respect, rencontre, écoute, compassion, transmission et humour. Ces mots étant également primordiaux dans ma vie privée et dans mes rapports avec les autres. Vous êtes également chroniqueur. Comment choisissezvous les livres que vous « analysez » ? Je fonctionne au feeling, ne me cantonnant pas dans un genre bien précis comme le polar par exemple. Après avoir terminé une lecture, je rédige toujours une chronique qui consiste en mon ressenti face à l’œuvre que j’ai découverte. Mon site internet recèle actuellement plus de 80 chroniques et cela va de Eric-Emmanuel Schmitt à Lisa Gardner en passant entre autre par Jim Harrisson et Bernard Werber. Une autre de vos passions est l’animation de soirées littéraires. Que pouvez-vous nous en dire ? Il m’arrive de présenter des écrivains ou des auteurs dont j’ai suivi le parcours, tentant de découvrir ce qui les anime principalement. Je fais aussi partie d’un petit groupe amateur de lecture qui se réunit une fois par mois pour partager nos coups de cœur. Quels sont les éléments déclencheurs qui vous inspirent une histoire ? Par exemple le personnage de Séréna, l’héroïne de « Auprès de ma blonde » qui remporte beaucoup de succès. Lors de l’attente d’un bus par un temps lumineux, une jeune grande et belle blonde m’est apparue. Le regard énigmatique et le comportement méfiant. Elle est devenue Séréna. Qu’est-ce-qui fait, selon vous, qu’un livre remporte du succès auprès du public ? Le succès ne dépend pas uniquement de l’originalité de l’histoire, il est également du ressort de l’éditeur qui s’investit, ou pas, dans la promotion maîtrisée et la médiatisation apportée à l’ouvrage.


Des projets sur le feu ? Quelque chose de neuf est attendu en décembre et deux autres projets dont un septième roman qui vient d’être accepté. Un mot pour terminer ? Le chemin est long, souvent parsemé d’obstacles, mais il vaut largement la peine d’être suivi si on s’y engage le cœur et les mains tendus vers les autres. Merci Thierry-Marie. Je vous souhaite de belles rencontres et un succès mérité pour vos ouvrages, lors de vos nombreuses apparitions dans les foires et salons littéraires en Belgique et aussi à Paris. Propos recueillis par Silvana Minchella (Retrouvez les livres de Silvana Minchella sur le site www.silvanaminchella.com)

CINÉMA : RENDEZ-VOUS MÈ DIEU Court métrage de Kevin Van Doorselaer, avec lui-même, Chloé Van Doorselaer, Youri Garfinkiel, Duane Cooper, Kathleen Segers, Charley Pasteleurs et Josy Restiaen. Belgique, 2018. Résumé – Comment un frère et une sœur, inspirés par Dieu, décident de passer une dernière nuit avec leur père qui vient de décéder, avant les obsèques qui auront lieu le lendemain matin. Commentaire – Mè Dieu, avec Dieu en dialecte bruxellois sous-titré en anglais. Ce court métrage en couleur de 15 minutes a été présenté en mai dernier au Festival de Cannes, avant de concourir ailleurs dans le monde, notamment à Los Angeles où il a obtenu le prix du meilleur court métrage étranger. Il vient de remporter la palme au 4e Festival international du Film de Bruxelles le 18 novembre dernier. Son réalisateur Kevin Van Doorselaer, connu aussi sous le nom de Kevin Le Forain, a grandi dans une famille de forains qui remonte à plusieurs générations. A l’âge de 20 ans, il quitte cet univers de foire et s’envole pour New York, où il étudie le théâtre et le cinéma. Il sera le premier Belge à obtenir un diplôme à la prestigieuse Neighborhood Playhouse School of the Theatre. Il sera choisi pour interpréter le rôle d’Aramis dans la pièce The Three Mosketeers produite par The National Company. Kevin participe ensuite à de nombreuses productions théâtrales, séries télévisées et films aux Etats-Unis, avant de revenir en Belgique pour y tourner son premier court métrage, Rendez-vous mè Dieu. Il est aussi l’auteur d’une pièce de théâtre, Chez Charlotteke. Avis – Un court métrage qui a fait l’unanimité à Los Angeles et à Bruxelles sur une veillée funèbre, revue avec une touche de « zwanze » bruxelloise. Surréaliste et bien belge comme toute l’équipe. Michel Lequeux


CINÉMA : RÉMI SANS FAMILLE Film d’aventure d’Antoine Blossier, avec Daniel Auteuil, Maleaume Paquin, Virginie Ledoyen, Jonathan Zaccaï, Jacques Perrin et Ludivine Sagnier. France, 2018. Sortie le 12 décembre 2018. Résumé – Rémi, un jeune orphelin abandonné bébé sur les marches de l’église, est arraché à sa mère adoptive pour être revendu à un saltimbanque qui passait dans le village. Aux côtés du Signor Vitalis, un mystérieux musicien ambulant, il va découvrir la vie des gens du voyage. Il apprendra à chanter en public pour gagner son pain quotidien au fil des routes. Accompagné du fidèle chien Capi et du petit singe Joli-Cœur, il entreprend un long voyage à travers la France et l’Angleterre pour découvrir le secret de ses origines. Commentaire – Rémi sans famille est tiré d’un roman d’Hector Malot, écrit en 1878 et plusieurs fois adapté au cinéma et à la télévision. Voulant décrire la France du XIXe siècle, sa misère et ses injustices sociales, ce roman d’initiation confrontait le jeune héros à une série d’aventures, de mésaventures et de drames poignants. Le réalisateur français Antoine Blossier, qui signe ici son troisième film après La Traque et A toute épreuve, a recentré l’intrigue sur la relation filiale qui s’établit entre Rémi et le vieux Signor Vitalis. Il a ainsi ramené le récit à l’essentiel, l’allégeant de la suite de l’histoire et des nombreux personnages que croise le garçon en chemin. Rémi est incarné par Maleaume Paquin, une star en herbe issue du Chœur de l’opéra de Paris, qui épouse à la perfection son personnage. Il se faufile dans la peau d’un orphelin de dix ans ayant du cœur et de la voix, qui cherche sa famille et finira par la retrouver. Quant à Daniel Auteuil, il est magistral sous son chapeau de saltimbanque qui cache le violoniste émérite qu’il est et qu’il révélera à la fin du film dans une page d’anthologie. On est subjugué par la beauté des paysages tournés en France, près de Penne, dans le Tarn, par le rythme des saisons qui accompagnent nos deux voyageurs, et par le charme du chien et du petit singe qu’ils exhibent sur la place des villages. Tout cela nous est conté par Jacques Perrin qui se souvient du temps de son enfance où il était ce petit garçon, et qui a ouvert un orphelinat au nom de son maître Vitalis. Les images empruntent à la veine des récits romanesques, parus en feuilletons, avec de grands panoramiques sur les villages, les montagnes et la neige qui ensevelit nos héros au cœur de l’hiver. Avis – Une belle aventure en perspective, faite de rebondissements et d’inattendus, que les enfants découvriront en suivant le jeune Rémi sur le chemin de ses origines. Un film à voir en famille à la veille de Noël, qui ravira petits et grands. Michel Lequeux


CINÉMA : ROBIN HOOD (ROBIN DES BOIS) Film d’aventure d’Otto Bathurst, avec Taron Egerton, Jamie Foxx, Jamie Dorman, Eve Hewson et Ben Mendelsohn. USA 2018. Sortie le 28 novembre 2018. Résumé – De retour de la troisième Croisade où il a guerroyé durant quatre ans, Robin de Loxley retrouve son manoir dévasté, sa fiancée Marian aux mains d’un autre, et toute la ville de Nottingham sous la coupe du shérif qui a fait main basse sur sa fortune et qui tient les habitants à sa merci. Que va faire l’ancien lord ruiné, sinon devenir voleur à son tour et tenter de restaurer l’ordre corrompu par l’Eglise. Il y sera aidé par un Sarrasin qu’il a combattu en Syrie et qui est devenu son ami au fil des épreuves traversées par les deux hommes. Bientôt, on entendra parler d’un certain voleur à la capuche... Commentaire – Un Robin des Bois de plus, à ajouter à la longue liste des adaptations inspirées du célèbre roman historique de Walter Scott, Rob Roy, écrit au début du XIXe siècle. La dernière mouture en date fut interprétée par Russel Crowe en 2010. Le réalisateur britannique Otto Bathurst, plus connu pour ses films de gangsters (Peaky Blinders 1), a mis le récit au goût du jour. Ce faisant, il use et abuse des anachronismes qui laissent pantois l’amateur des reconstitutions historiques. Quelques exemples relevés au passage : l’arbalète qu’affronte Robin en Syrie est une arme à répétition qui ressemble furieusement à la mitrailleuse Gatling munie d’un chargeur rotatif. La scène semble extraite de La Chute du Faucon noir qui a inspiré le réalisateur. Les costumes oscillent entre la veste de cuir des motards, façon Marlon Brando, et l’armure des samouraïs. Les mineurs de Nottingham (inconnus des récits antérieurs) portent les uniformes des soldats de la Royal Air Force de 1945. Quant aux bas-fonds de la ville, ils s’inspirent des favelas du Brésil, ces bidonvilles chaotiques où s’entassent les pauvres. Plus de trois mois ont été nécessaires à la construction des trois étages de bois sur lesquels passent en trombe les chevaux, dans les studios Korda de Budapest où le film a été tourné, avant que la production ne fût déplacée à Paris à la suite d’un incendie. Ce ne sont là que quelques anachronismes qui faussent le contexte historique du film. Il y en a d’autres et on vous laisse le plaisir de les découvrir, comme la course de chars héritée de Ben Hur. Robin des Bois est incarné par Taron Egerton, un acteur physique qu’on a pu découvrir dans les deux Kingsman, mais qui fait un peu poupin ici aux côtés du viril Jamie Foxx, musicien et acteur qu’on a vu dans Ray Charles de Taylor Hackford (2005) et, surtout, dans le western Django Unchained de Quentin Tarantino (2012). Tout cela nous est servi dans un crépitement de flèches et de flammes censé remettre à l’honneur la légende de Robin Hood, détrousseur des riches et protecteurs des pauvres. Le film est produit par Leonardo DiCaprio. Avis – Un Robin des Bois au goût du jour, avec plein d’anachronismes et d’effets pyrotechniques. C’est un feu d’artifice, au propre comme au figuré. Les amateurs d’histoire avec un grand H s’abstiendront. Les autres se laisseront emporter par le voleur à la capuche. Michel Lequeux


ANIMATION ENFANTS : CHASSE AU TRÉSOR Aussi forts que dans un roman de Robert Louis Stevenson, les forbans, flibustiers et pirates en culotte courte sont lâchés sur la terre ferme pour s’emparer d’un mystérieux trésor enterré quelque part en aval du promontoire de la place Maurice Van Meenen, à un coup de mousquet de la prison de SaintGilles où a été enfermé le féroce Barbe-Grise, marin d’eau douce et bretteur devant l’éternel. Plusieurs énigmes sont proposées aux enfants qui se lancent à la recherche du précieux butin. Selon des sources avérées, le pactole du célèbre Frère de la Côte a été dissimulé quelque part dans le terrain qu’occupe aujourd’hui le Musée d’Art fantastique. Malgré des fouilles répétées, le conservateur du lieu, le professeur émérite Michel Dircken, n’a toujours pas réussi à récupérer le contenu d’un coffre regorgeant de reliques précieuses, de Louis d’or et autres bijoux d’une valeur inestimable. Peut-être les enfants, aidés par leurs parents ou amis, parviendront-ils à résoudre un mystère jusqu’ici insoluble ? En se basant sur tout ce qui alimente leur imagination, le déchiffrage de codes secrets et une mise en pratique de leurs connaissances, ils partiront à la recherche du magot disparu pour (qui sait ?) solutionner une énigme qui taraude les chercheurs les plus chevronnés depuis deux décennies. La chasse au trésor est ouverte chaque week-end du mois de décembre de 14 à 17 heures au Musée d’Art Fantastique. Un jeu de piste 100 % ludique, doublé d’un quizz, dans un cadre original qui laissera de bons souvenirs à toute la famille. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.fantastic-musem.be Rue Américaine 7 à 1060 Bruxelles Sam Mas

GOLF TERROR Installé au Centre d’Art Fantastique, le « golf terror » est un golf miniature de dix-huit trous, qui reste unique en Europe. Le joueur évolue au sein d’un décorum à thématique horrifique, passant par le cimetière aux poupées, un château hanté à l’allure antédiluvienne et le refuge inquiétant des sorcières de Tharkham. Cette animation, logée dans un ancien grand frigo des glacières de Bruxelles, est idéale pour s’amuser durant les congés scolaires et par temps de pluie. Brouillard, bruits suspects et projections agrémentent un parcours semé d’embûches, où spécialistes adroits dans le maniement du putter, nabots, nains, amateurs néophytes et enfants de tous âges s’amusent de concert. Cette animation temporaire est accessible plusieurs fois durant l’année et se dévoile parfois en version nocturne. L’occasion de faire intervenir l’un ou l’autre monstre crépusculaire. A la demande générale, elle est de retour au Centre d’Art Fantastique de Bruxelles durant le mois de décembre 2018. Toutes les informations pratiques sont à découvrir sur le site www.fantastic-museum.be Rue de la glacière 18 à 1060 – Bruxelles Sam Mas


UN ETRANGE BELGES

PAYS

ET

TERRITOIRES

Le pays de la mer, en langue anglaise Sealand naquit le 2 septembre 1967 grâce à la volonté d’un ancien major de l’armée anglaise animateur d’une radio pirate. Paddy Roy Bates proclama l’indépendance du lieu-dit « Fourth Roughs » une plate-forme militaire désaffectée construite pendant la Deuxième Guerre mondiale au large de l’estuaire de la Tamise afin de contrer les raids aériens ennemis. Son histoire est étonnante. Cette île artificielle de cinq cents mètres carrés possède sa constitution, hisse son propre drapeau. Une micro nation (cinq habitants en moyenne) qui émet des timbres et bat sa propre monnaie : le dollar sealandais. Décédé en 2012, le prince Roy Bates passa la couronne à son fils Michaël. Les îles britanniques étonnent à plus d’un titre : Sark ne manque pas de sel et à ses règles, son parlement, une large autonomie. Les îles anglo-normandes de Jersey et Guernesey où l’on parle français, bénéficient des « facilités ». A Guernesey, Victor Hugo banni possédait sa demeure. Il y fit tourner les tables et vibrer, infatigable amant, les sens de sa patiente maîtresse Juliette Drouet. Il l’hébergea à deux verstes de sa villa d’assez mauvais goût. Ce célèbre exilé, fuyant les foudres de « Napoléon le Petit », habita à Bruxelles Grand’ Place et place des Barricades. Il dessina plusieurs paysages lors de son séjour à Diekirch. On visite sa demeure érigée en petit musée, et située face à la jolie Sûre. La Belgique conserve plusieurs enclaves aux Pays-Bas : Bar-le-Duc et les champs, pâtures, droits de passage. Le territoire de Moresnet eut un statut particulier. Il fut la convoitise des Allemands dès 1914. A l’issue de la Première guerre. Il y a peu, résidus du Traité de l’Escaut, notre pays perdit quelques hectares rétrocédés aux Pays-Bas. Nous possédâmes une île : Comacino au lac de Côme. Comacino sera offerte (1919) par son propriétaire italien à Albert 1er après la Grande Guerre en remerciement pour « l’héroïque résistance belge ». Le Roi des Belges la rétrocédera à l’Italie (1921) sous la condition que les artistes belges choisis puissent y séjourner. Ils bénéficient d’une bourse d’études et ont le devoir de produire ou de terminer des travaux littéraires ou artistiques et logent dans trois pavillons restaurés. On mange bien à Comacino au restaurant « La Locanda ». Imaginez un élève de secondaires ayant à faire une dissertation ayant pour thème « Quels furent ou demeurent les territoires belges hors le Congo ? » Cet étudiant en terminales citerait-il nos extra territorialités, nos enclaves bataves et nos protectorats africains hérités de la Grande Guerre ? Les rois Léopold 1er et Léopold II tentèrent l’aventure coloniale et patronnèrent d’hasardeuses expéditions coloniales. Les souverains voulaient ouvrir des comptoirs en Chine ou au Guatemala. Les implantations, l’envoi outre-mer du navire « La LouiseMarie » coûta les yeux de la tête à la nation citée deuxième ou troisième puissance économique mondiale. Léopold II acquit sur sa cassette personnelle un territoire africain grand comme quatre-vingt fois la Belgique : le Congo. Il cèdera son bien à la Belgique peu avant son décès. Nous reçûmes, en guise de dommages de guerre, en 1919, le Rwanda (ou Ruanda) et le Burundi (ou Urundi), ex colonies allemandes. Protectorats et non colonies et les « cantons de l’Est ». Ces derniers deviendront la prospère Communauté germanophone. Onze communes acquirent leur autonomie et un parlement. Une communauté qui, par référendum, maintient avec succès le français à l’école en sus de l’allemand. La Communauté germanophone possède sa radio (BRF), sa télévision locale, sa presse, le « Grenz Echo ». Jean-Louis Cornellie


DEUX MUSÉES CONSACRÉS À MANNEKEN-PIS Indéniablement, Manneken-Pis appartient au patrimoine culturel de la Ville de Bruxelles dont il est aujourd’hui, avec l’Atomium et Saint-Michel, un des symboles les plus connus. Chaque nouveau costume fait l'objet d'une remise officielle à la fontaine. La nouvelle tenue rejoint ensuite les collections du musée au même titre qu'un tableau ou une pièce de porcelaine. La garde-robe de Manneken-Pis comprend aujourd'hui plus de mille tenues. Les exigences de conservation (certains costumes ont très mal résisté à l’épreuve du temps) empêchent de tous les exposer. Une sélection d'une centaine d’entre elles est donc présentée et les autres costumes sont visibles par le biais d’une borne interactive. Il s’agit également de la seule statue au monde à disposer d’une pareille garde-robe et à être habillée plus de cent trente jours par an. Désormais, vous avez l’occasion de découvrir l’histoire de l’étrange tradition des habillages de ce petit bonhomme dans deux lieux uniques destinés à révéler les coulisses de cette collection extraordinaire. Habiller Manneken-Pis se révèle loin d’être une sinécure et il n’est pas question de réaliser n’importe quoi. Pour le prix d’un seul ticket, vous pouvez combiner deux visites, afin de tout savoir sur le plus vieux citoyen de la capitale. Le premier arrêt s’effectue à la Maison du Roi (Musée de la Ville de Bruxelles) sur la Grand-Place, tandis que le second entraîne les visiteurs rue du Chêne, numéro 19, toujours à 1000 Bruxelles. Plus de renseignements via le site www.brusselsmuseums.be Sam Mas

BALLET : CASSE-NOISETTE Basé sur un conte d’Hoffman, « Casse-Noisette et le Roi des souris » est un récit qui narre la singulière histoire de Clara Stahlbaum. Lors du réveillon de Noël, elle reçoit (de son mystérieux parrain) un casse-noisette en forme de soldat, paré d’un magnifique costume d’apparat. Durant la nuit, l’objet s’anime et se métamorphose en prince. Bien sûr, tous deux ne tardent pas à tomber amoureux, mais le Roi des souris ne l’entend pas de cette oreille et met tout en action pour les séparer. Tchaïkovski a ici composé l’une de ses partitions les plus populaires et les plus appréciées, même si rien ne laissait présager ce succès retentissant. Lors de sa création, qui a eu lieu en 1892 à SaintPétersbourg, les critiques ont trouvé qu’il s’agissait d’une pantomime sans grande signification et ont reproché le manque de pas de danse. Il a fallu attendre le milieu du XXe siècle pour que l’œuvre soit appréciée à sa juste valeur et ne disparaisse plus de l’affiche. Aujourd’hui, ce ballet magnifique et féérique revient en Belgique dans l’adaptation proposée par Franco Dragone, qui a soigné les effets visuels tant que le découpage de la narration. Quant au chef Matt Dunkey, il s’est attaché à la direction musicale et, sous sa baguette, nous livre une version pleine de tonicité qui réveille en chacun de nous la part d’enfance somnolente. Ce ballet enchanteur sera présenté à Forest national le vendredi 28 décembre 2018 à 20 heures, ainsi que le samedi 29 décembre 2018 à 14 heures. Un magnifique spectacle de fin d’année à découvrir en famille ! Plus de détails sur le site www.forestnational.be Avenue Victor Rousseau, 208 à 1190 Bruxelles


OPÉRA : NABUCCO Nous sommes en 586 avant notre ère et le peuple juif est rassemblé dans le temple de Salomon, dernier bastion lors du siège de Jérusalem par le roi babylonien Nabuchodonosor (Nabucco). La puissance ennemie est telle que la cité va tomber. Le grand prêtre Zacharie encourage le peuple à ne pas se lamenter et rappelle les bienfaits de Dieu. Au moment où les impies forcent le lieu sacré, il ne s’avoue toujours pas vaincu, car il tient en otage Fenena, la fille de Nabucco qui avait fui vers Jérusalem avec son amant Ismaël, le neveu du roi juif Sédécias. Zacharie menace de tuer Fenena si les Babyloniens violent le Saint des Saints. Lorsque la dague du prêtre s’apprête à transpercer le cœur de la malheureuse, Ismaël l’en empêche. Une fois son enfant hors de danger, Nabucco ordonne de détruire le temple et de bannir les Juifs en Babylonie. Tout le monde connaît ou a entendu parler de « Nabucco », opéra en quatre actes de Giuseppe Verdi, sur un livret de Temistocle Solera, créé en 1842 à la Scala de Milan. Néanmoins, il convient de replacer cette œuvre dans son contexte. Verdi était un compositeur engagé et, au milieu du XIXe siècle, la population milanaise subissait la férule de l’Autriche. On peut donc lire cet opéra comme un appel à l’indépendance et au soulèvement. Quelques passages font aujourd’hui partie des joyaux de la musique classique. Comment oublier le formidable thème des esclaves, véritable hymne à la liberté, également connu sous le titre « Va, pensiero ». Ce chef-d’œuvre lyrique sera présenté à Forest national le vendredi 21 décembre 2018 à 20 heures, servi par une mise en scène à la fois grandiose, moderne et poétique dans des décors impressionnants. Le Music Hall Classical Orchestra and Chorus sera placé sous la baguette du Borislav Ivanov. Plus de détails sur le site www.forest-national.be Avenue Victor Rousseau, 208 à 1190 Bruxelles André Metzinger

OPERA : DON PASQUALE Après un court séjour à Naples en 1842, Gaetano Donizetti était de retour à Paris, afin d’y travailler son dernier opéra, qui allait devenir « La reine de Chypre ». Le critique Jules Janin lui proposa alors d’écrire la partition d’un opera buffa, genre très prisé au XIXe siècle. Giovanni Ruffini se chargerait du livret, gage du sérieux de l’entreprise, et les meilleurs chanteurs lyriques se mettraient au service de l’œuvre. Il a été rapporté que le compositeur travailla avec acharnement et boucla cette commande en moins de deux semaines, avant de diriger les répétitions. Là, encore, la rumeur a affirmé que l’atmosphère était particulièrement tendue et que les exigences des comédiens eurent pour effet que le musicien claqua la porte à maintes reprises, menaçant de retirer son nom de l’affiche. Au final, créé en 1843, l’opéra connut un triomphe gigantesque, malgré l’avis mitigé de la presse. Depuis, le succès a accompagné chaque représentation un peu partout dans le monde. Quant à la trame, elle repose sur un thème galvaudé, mais toujours fédérateur : un vieux célibataire désire se marier pour mettre son héritage en sécurité, mais est contrarié dans son projet, de manière parfois hilarante, par un jeune couple qui pourrait s’en retrouver désavantagé. Tout en recourant aux recettes connues de l’opera buffa, le compositeur a rehaussé cette farce d’une intrigue compacte, de personnages crédibles et de récitatifs mélodieux. Pour le bonheur des spectateurs, le metteur en scène Laurent Pelly en assaisonne l’humour et la tendresse acerbe avec une dose de surréalisme, dans une production qu’il vient présenter à la Monnaie avec une nouvelle distribution et le chef Alain Altinoglu. Un opéra à voir jusqu’au 23 décembre 2018. Plus de détails sur le site w w w . l a mo n n a i e .b e Place de La monnaie à 1000 Bruxelles Daniel Bastié


EXPOSITION : TEXTILES ANDES

ET

PARURES

DES

Les collections « Amériques » du Musée Art & Histoire sont considérées parmi les plus belles et les plus riches des musées européens. Si le public connait assez bien les différentes cultures des Andes (Pérou, Bolivie et Chili) grâce, notamment, à leurs céramiques, leur orfèvrerie et leurs momies, il n’a pas une image claire de la manière dont ces gens vivaient et étaient habillés. Le textile avait un statut particulier, car il était considéré comme un bien extrêmement précieux : il servait non seulement à se vêtir, mais était aussi symbole de pouvoir et d’identité et pouvait servir comme offrande ou bien d’échange. Cette exposition donne la possibilité d’admirer la magnificence de certains textiles, la qualité de l’orfèvrerie et la beauté de la plumasserie du passé précolombien. Cet événement devient aussi l’occasion de découvrir la maîtrise de l’art du tissage, la sophistication de certains motifs, les couleurs très diversifiées et éclatantes (encore aujourd’hui !) de ces fibres et plumes. En découvrant leur garde-robe (chaussures, vêtements, coiffes et bijoux), les visiteurs peuvent côtoyer ces gens du passé dans leur quotidien et admirer des pièces exceptionnelles, de grande qualité, très colorées ainsi que des bijoux impressionnants. De surcroît, l’ensemble des œuvres est disposé dans une scénographie attractive, grâce à la reconstitution de morceaux d’architecture des Andes mais aussi de champs de coton et de sépultures. Pédagogiquement, un parcours destiné aux enfants ainsi que des animations éducatives ont été conçus pour dynamiser l’ensemble. Environ deux cents objets ont été extraits des collections bruxelloises, ainsi que de celles du Linden-Museum de Stuttgart, du MAS d’Anvers et de particuliers belges. Une manifestation à voir jusqu’au 24 mars 2019. Plus de détails sur le site www.kmkgmrah.be Parc du cinquantenaire à 1000 Bruxelles

THÉÂTRE : #ODYSSÉE Pierre Megos est un acteur professionnel gréco-belge. Depuis plusieurs années, il écrit et met en scène ses propres spectacles. Avec « Vision », sa dernière création qui a époustouflé à la fois par sa beauté, son interprétation et sa réalisation, il trouve sa marque de fabrique : confronter en temps réel théâtre et cinéma. Il pousse la prouesse technologique plus loin encore dans « #Odyssée » qui est une performance théâtrale et visuelle et une incroyable épopée. « L’Odyssée » d’Homère – ce texte fondateur des genres et codes narratifs, présent depuis la nuit des temps dans toute notre littérature -, devient le terrain de jeu de l’artiste protéiforme, et Ulysse devient Mister Peter, le héros ou anti-héros d’une autofiction. Après des déboires avec la justice, ce dernier tente de faire son come-back à Hollywood. Tel un Charlie Chaplin, Il gesticule dans la tétralogie des temps modernes art-argent-sexepouvoir et affronte une multitude de personnages (extra)ordinaires. Véritable poème vivant alliant comédie, tragédie et surréalisme, il démultiplie les points de vue et les mises en abymes. La quête de sens se heurte aux extrêmes d’une société néolibérale où les relations humaines sont des connexions aux machines idéalisées à coups de hastags compulsifs et où il devient presque héroïque de laisser une place à l’amour. « L’odyssée » est à découvrir au Théâtre Varia jusqu’au 20 décembre 2018. Plus de détails sur le site www.varia.be Rue du sceptre, 78 à 1050 Bruxelles


EXPOSITION : LÉONARD FREED, WORLDVIEW Le combat pour l’égalité raciale aux Etats-Unis, l’Europe à l’heure de la Guerre froide, le conflit israélo-palestinien, ou encore les policiers au travail : loin de choisir ses sujets au hasard, Leonard Freed, un des maîtres de la photographie documentaire (1929-2006), nous donne à voir les individus ordinaires pris dans le désordre du monde. En partenariat avec la prestigieuse agence Magnum, le Musée Juif de Belgique présente une rétrospective de l’oeuvre du photographe américain Leonard Freed (1929 – 2006). Outre des planchescontacts inédites, les visiteurs peuvent y découvrir cent soixante tirages noir et blanc de Freed. L’exposition s’achève par un film de treize minutes dans lequel le photographe revient, à la première personne, sur la manière dont il construisait ses sujets. Issu d’un milieu modeste, Freed naît à Brooklyn dans une famille juive originaire de Minsk, en Biélorussie. Jeune adulte, il rêve de devenir peintre, mais un voyage de deux ans en Europe et en Afrique du Nord au début des années 1950 le fait changer d’avis. Il sera photographe. Son œuvre, sensible, patiente et engagée, raconte la deuxième moitié du 20e siècle par le prisme des individus ordinaires. Rejoignant l’agence Magnum en 1972, Freed cherche à rendre intelligible le monde qui l’entoure. La reconstruction de l’Europe d’après-guerre, le mouvement des droits civiques aux États- Unis, le conflit israélopalestinien, la police et le maintien de l’ordre, la chute du communisme après 1989 : à travers ces événements auxquels il rend toute leur complexité et leur caractère désordonné, ce sont des thèmes aussi intemporels que la peur, l’amour, la violence, la révolte ou l’éphémère des choses que le photographe met en lumière. De ses débuts new-yorkais en 1954 à ses derniers clichés pris à Garrison depuis la fenêtre de sa chambre en 2002, « Leonard Freed : Photographier un monde en désordre » retrace le parcours d’une figure majeure de la photographie documentaire. Son regard nous invite à une plongée inédite dans l’histoire du monde depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. A voir jusqu’au 17 mars 2019 au Musée juif de Belgique. Plus de détails sur le site www.mjb-jmb.org Rue des Minimes 21, 1000 Bruxelles

CONCERT : SOUAD MASSI Souvent considérée comme la plus belle voix féminine d’Afrique du Nord, Souad Massi reprend la route, accompagnée de ses deux amis de cœur et de scène : le percussionniste Rabah Khalfa et le guitariste Mehdi Dalil. La réputation de la chanteuse s’est forgée au cours d’une carrière de plus de quinze ans, portée par une détermination sans faille pour le combat politique et le maintien des valeurs que sont la liberté et la justice. Ses chansons, empreintes d’amour, d’altruisme et de courage, sont autant de témoignages contre l’intolérance du monde d’aujourd’hui et le rôle de la femme dans une société qui, dans certaines régions du monde, cherche à leur ôter des acquis. Avec un charisme fou, l’artiste s’arrêtera à l’Espace Magh le 21 décembre à 20h00 pour un concert inédit au cours duquel elle proposera des titres de son sixième album studio El Mutakallimûn (Maître des mots), réponse aux menaces dont elle a fait l’objet et dans lequel elle redonne vie à une série de poèmes arabes remontant jusqu’au VIème siècle. Le choix des textes transcendés par la beauté de sa voix nous rappelle les richesses qu’a porté le monde musulman à travers les générations. Voilà une rencontre qui devrait faire place au ravissement. Plus de détails sur le site www.espacemagh.be Rue du Poinçon, 17 à 1000 Bruxelles Sam M as


EXPOSITION : REVOLUTIONS Voilà une exposition qui nous invite à monter dans une machine à voyager dans le temps et qui nous plonge au mitan des sixties. Un périple temporel qui fait revivre les idéaux, les aspirations, les utopies et les soifs de liberté de nos parents ou grands-parents, avec un regard sur le militantisme et les manifestations anti-establishment de l’époque. Ces révolutions culturelles, sociales, artistiques et technologiques (toutes survenues entre 1966 et 1970) ont influencé nos modes de vie actuels et impactent encore aujourd’hui la manière dont nous envisageons l’avenir. Baignés dans les vibrations des morceaux les plus emblématiques des Beach Boys, des Beatles, des Rolling Stones, des Who, de Janis Joplin, de Jimi Hendrix, de Joni Mitchell … qui sont diffusés à travers des écouteurs, vous êtes conviés à une immersion dans les rues du Swinging London, dans les remous de Mai 68 à Paris, au cœur du Summer of Love à San Francisco. Vous êtes également projetés dans la scène de la pochette du Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band des Beatles ou encore dans l’ambiance du festival de Woodstock et de la contre-culture des mouvements underground. Une occasion unique de découvrir plus de deux cent cinquante pièces représentatives et symboliques de cette décennie incluant la mode, le design, le graphisme et la photographie combinés à une scénographie tridimensionnelle dynamique incluant des clips vidéo. Cet événement a été créée par le Victoria and Albert Museum de Londres (qui a produit les expositions “Bowie is” et “Pink Floyd- Their Mortal Remains). Cette exposition initiale a été adaptée et complétée par des sujets spécifiquement belges, afin de permettre une meilleure imprégnation en Belgique. De la sorte, les visiteurs peuvent revivre les manifestations étudiantes à Louvain ou le festival d’Amougies, considéré comme le premier Woodstock européen, où se sont croisés de grands noms de la scène pop tels que Pink Floyd, Yes, Ten years After et Frank Zappa. Une madeleine de Proust à ne pas manquer à l’ING Art Center jusqu’au 10 mars 2019. Plus de détails sur le site www.ing.be ! Place Royale, 6 à 1000 Bruxelles

THÉÂTRE JEUNESSE : LA CLASSE DES MAMMOUTHS Ce matin, les élèves n’en croient pas leurs yeux : la cour de récré est transformée en champ de fouilles, le bois d’au-bout est condamné par un ruban de chantier. On y aurait retrouvé des défenses de mammouths ! Que va provoquer ce remue-ménage dans la vie de l’école ? Comment cette découverte va-t-elle influencer les filles et les garçons qui se plongent au cœur de la Préhistoire, au temps des chasseurscueilleurs ? Le Théâtre des 4 Mains a l’habitude de mêler marionnettes et comédiens pour nous raconter des histoires qui embarquent petits et grands. Pour cette toute nouvelle création, l’équipe tisse une nouvelle écriture à partir de paroles d’enfants recueillies dans des écoles primaires multiculturelles. Qu’est que cela représente d’être garçon ou fille ? À l’école, dans la société ? Une réflexion sur les rôles assignés à chacun et chacune, et leur évolution à travers les millénaires. Un spectacle où le fantastique, la préhistoire et le quotidien ne font plus qu’un, qui plonge dans nos origines pour tenter de se dégager des clichés du genre. Un spectacle jeunesse à applaudir du 22 au 29 décembre 2018 à l’Atelier 210. Toutes les informations sur le site www.atelier210.be Chaussée Saint-Pierre, 210 à 1040 Bruxelles


EXPOSITION : ALIX – L’ART DE JACQUES MARTIN De tous les personnages qui occupent le panthéon de la bande dessinée mondiale, Alix est assurément une figure à part. Avec ses 12 millions d’albums vendus, sa traduction en quinze langues, il fête en 2018 ses 70 ans d’existence, depuis sa première apparition dans le journal Tintin le 16 septembre 1948. Jusqu’en 1988, date de parution du Cheval de Troie et dernier album dessiné de la main de Jacques Martin, et même au-delà, ce jeune Gallo-Romain a traversé nombre de périls, s’est confronté aux civilisations les plus diverses, tout en conservant un idéal de droiture et de justice cher à son créateur. Alix est aujourd’hui reconnu comme le véritable précurseur de la «bande dessinée historique». Derrière ce vocable un peu flou, il faut reconnaître à Jacques Martin d’avoir été le premier à attacher à la vraisemblance historique une importance déterminante dans la conception de ses récits. L’exposition À l’occasion du 70e anniversaire de la création d’Alix, les Éditions Casterman, le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême et la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image ont mis sur pied une exposition exceptionnelle consacrée à l’art de Jacques Martin. Inaugurée le 25 janvier 2018, cette grande rétrospective s’est tenue au Musée de la bande dessinée d’Angoulême jusqu’au 13 mai 2018. Elle explore quatre décennies de création de Jacques Martin, de 1948 à 1988. Articulé autour de la figure centrale d’Alix, l’événement revient sur la singularité de l’esthétique de Jacques Martin, de ses premiers travaux publicitaires à l’affirmation d’un style graphique et narratif extrêmement personnel. Entièrement revue pour sa venue à Bruxelles, la scénographie est présentée au sein même des salles abritant les prestigieuses collections Antiquité du Musée Art & Histoire. 150 originaux rassemblés par thématique (références historiques, traitement de la femme, traitement de l’imaginaire, etc.) présentent ainsi l’œuvre du dessinateur au travers du prisme des aventures d’un héros fédérateur. Cette rencontre artistique est à découvrir jusqu’au 6 janvier 2019 au Musée Art et Histoire. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.kmkg-mrah.be Parc du Cinquantenaire, 10 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : THÉODORE VAN LOON Théodore van Loon (Erkelenz 1581 ou 1582 - Maastricht 1649) était l’un des premiers peintres des Pays-Bas méridionaux à se laisser influencer par l’art du Caravage. À l’instar de son contemporain Rubens, il a développé un style intense et original, s’inspirant tout au long de sa vie des maîtres italiens. L’exposition organisée à Bozar vous permet d’entrer en contact avec l’œuvre de cet artiste atypique. Grâce à la confrontation de ses créations avec des travaux de ses contemporains, elle précise son rôle dans l’art baroque flamand du XVIIe siècle. Dans notre société surinformée, il fait partie de ces cas qui suscitent de belles surprises aux férus d’art. Sombré injustement dans l’oubli, son talent a été éclipsé par trois contemporains dont la renommée a traversé le temps. Loin d’un demi-maître, on peut aujourd’hui le considérer comme étant égal à Rubens, Van Dijck et Jordaens, même si son nom demeure trop peu cité et cantonné dans l’ombre de ses confrères. Cette première grande exposition lui rend un hommage tardif, mais bienvenu jusqu’au 13 janvier 2019. Plus de détails sur le site www.bozar.be Rue Ravenstein, 23 à 1000 Bruxelles


EXPOSITION : VAN GOGH - THE IMMERSIVE EXPERIENCE A l’aide d’une technologie d’imagerie virtuelle dernier cri, vous serez plongés dans l’univers spectaculaire et inégalable de Vincent Van Gogh. Un parcours didactique qui vous permettra de découvrir la période de l’artiste passée tant comme pasteur qu’à Arles ou encore les secrets des lettres écrites à son frère Théo. Plus encore, vous assisterez à un spectacle gigantesque qui vous entrainera à travers l’imagerie familière de l’artiste et qui ne manquera pas d’émouvoir le public. « Van Gogh : the immersive experience » se veut un plongeon à 360° dans les créations d’un des plus grands génies du siècle dernier. Cet événement est dédié à un public large, familial ou scolaire, tout en restant ludique et didactique. Il passe en revue une large variété d’informations concernant la vie et les œuvres du célèbre peintre incompris de son temps et déclaré génie après son décès. L’opportunité d’en savoir davantage sur sa façon de peindre, sa fascination pour la lumière, les secrets de sa palette colorée, sa vision du paysage, son addiction pour l’absinthe, ses amours malheureuses, sa relation houleuse avec Paul Gauguin et son internement peu avant sa disparition. Voilà une remarquable exposition sur Van Gogh qui combine le plaisir de découvrir sa vie en profondeur et de s’immerger au cœur de son art. Un voyage sensitif qui génère le ravissement et qui permet de revoir quelques toiles maîtresses dont « La chambre de Van Gogh » et « La nuit étoilée » ! Cette manifestation a été présentée pour la première fois dans la Basilique San Giovanni Maggiore à Naples et elle est installée à Bruxelles dans les bâtiments de la Bourse jusqu’au 6 janvier 2019. Plus de détails sur le site www.expovangogh.be Place de la Bourse à 1000 Bruxelles

SPECTACLE : SOIS BELGE ET TAIS-TOI ! L’actualité est là pour nous rappeler à quel point la politique belge se prête à un show haut en couleur qui brocarde les travers de nos mentors, leurs promesses, leurs écarts et leurs défis face à des situations d’urgence qui réclament des réponses capables de satisfaire une population en manque de repères et qui croit de moins en moins aux slogans du 16 rue de la loi. Entre Charles Michel qui hurle « Job, job, job ! » à tout-va, une NVA qui menace de réveiller les démons communautaires alors que se profilent les élections de mai prochain, l’ombre du Vlams Belang qui regagne des voix au nord du pays, la crise des migrants et une conjoncture qui précipite davantage de ménages dans la précarité, la matière demeure une manne pour les humoristes en quête d’inspiration. Selon une formule extrêmement bien rôdée, « Sois Belge et tais-toi ! » revient pour une vingt-et-unième saison remplie de dérision et de causticité, en évitant la méchanceté gratuite et en ciblant ce qui ne va pas. C’est forcément à chaque fois différent des éditions précédentes, tout en maintenant l’ADN de ce qui fait son succès. Les auteurs André et Baudouin Remy savent quelle est la demande des spectateurs et caressent le public dans le sens du poil en multipliant sketches, pastiches et détournements de chansons célèbres. La drôlerie de l’écriture et son intelligence ont réussi à fidéliser les amateurs depuis deux décennies, évitant de se plagier toutes les quatre saisons, combinant les énergies pour rendre chaque représentation vivante et parlant d’une voix soudée pour se mettre au service de la démocratie et d’une nation unie. Cette année, l’équipe se renouvelle avec Stéphane Prard, Maxime Thierry, Benoit Charpentier, Manon Hanseeuw et Sandra Racco dans une mise en scène signée Christian Dalimier, sans abandonner l’idée maîtresse de faire rire de ce qui n’est pas forcément drôle. Continuer à surprendre demande du talent, de l’audace et de l’ambition. Challenge réussi ! « Sois Belge et tais-toi ! » est à applaudir au Thé âtre Saint-Michel jusqu’au 31 décembre 2018, à Wolubilis les 9 et 10 janvier 2019 et au Centre culturel d’Uccle le 15 du même mois. Voyez la liste complète des détails pratiques sur le site www.soisbelge.be Daniel Bastié


EXPOSITION : BEYOND KLIMT NEW HORIZONS IN CENTRAL EUROPE, 1914-1938 La fin de la Première Guerre mondiale et de l’Empire austrohongrois a marqué la reprise d’une série d’évolutions artistiques majeures. Les changements politiques et économiques ont entraîné des migrations d’artistes, ainsi que des idées et perspectives nouvelles. Les artistes ont développé de nouveaux réseaux, se sont rencontrés dans les centres artistiques par le biais d’associations internationales et ont utilisé les magazines pour communiquer pardelà les frontières politiques. Ils ont placé leur identité artistique avant leur nationalité. Dans cette exposition, découvrez une Europe centrale en pleine mutation à travers les yeux de Gustav Klimt, Josef Capek, Egon Schiele, Oskar Kokoschka, László MoholyNagy et 75 autres artistes. Un choc visuel qui fait effet de rétroviseur et nous fait découvrir la complexité d’un monde où l’art reste un moyen majeur d’expression. A voir jusqu’au 20 janvier 2019 à Bozar. Plus de détails sur le site www.bozar.be Rue Ravenstein, 23 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : JE VOUS REGARDE- TRACÉS DES LETTRES BELGES Tracer. Faire trace. Laisser des traces. Ce déploiement par lequel se fait la littérature atteste que contrairement aux idées reçues, les archives ne sont pas que du patrimoine inerte. C'est le paradoxe du littéraire, de la création en général et de sa conservation : ces traces-là ne sont pas que des vestiges du passé, elles sont vivantes. Depuis soixante ans, les Archives & Musée de la Littérature rassemblent, et font vivre ces documents pour ce qui est de la Belgique francophone. Croiser Verhaeren, Dotremon t, Plisnier ou Michaux, Nougé ou Crommel ynck au hasard d'une flânerie autour de la salle Henry Le Bœuf, à travers des reproductions de manuscrits, des photographies, des poèmes, des affiches de théâtre et même quelques bustes. Bozar invite à parcourir ses espaces de passage pour découvrir une présentation singulière de cette littérature francophone jusqu’au 3 mars 2019. Plus de détails sur le site www.bozar.be Rue Ravenstein 23 à 1000 Bruxelles


CHARLIE CHAPLIN – LE RÊVE Adolphe Nysenholc est aujourd’hui considéré comme l’un des experts lorsqu’il s’agit d’analyser l’œuvre de Charlie Chaplin, un fin connaisseur à qui on doit le fort précieux « Charlie Chaplin ou la légende des images » (1987), essai qui plonge le lecteur dans un univers à la fois poétique et réaliste et qui cerne les trente dernières années de l’artiste. Un second opus semblait nécessaire pour circonscrire un thème passionnant. Création cinématographique et vie réelle se jouxtent-elles ou s’interpénètrent-elles au point de constituer un tout ? Chaplin a-t-il rêvé sa vie ou a-t-il vécu son rêve ? L’analyse des films et l’approche de la biographie de ce génie mondialement reconnu permettent une approche singulière de l’homme et de son travail, au point d’autoriser certaines conclusions et de toucher au plus intime de la personnalité d’un faiseur gâté par les muses. Les personnages mis en scène, les décors et la musique participent à la magie visuelle. On le sait, l’homme ne croyait pas au cinéma parlant et a regimbé avant de s’y soumettre. Même ancré dans une époque précise, le vagabond paraît décalé, poétique, éthéré, venu de nulle part et prêt à repartir en emportant avec lui la ligne d’horizon. Ce cinéma expose une réalité tangible, comme un miroir sans tain, mais révèle très vite une autre dimension faite de sensibilité, de pudeur et de dignité. En ce sens, Chaplin a toujours été Charlot et inversement. Ses films sont riches en enseignement, toujours profonds malgré l’humour. Il est notoire que le clochard le plus célèbre du septième art renvoie aux traits de l’enfance, aux blessures de l’existence, à la nostalgie du temps perdu et à la recherche de l’émerveillement. Bien sûr, Chaplin était le seul à savoir de quelle manière naissaient ses rêveries et lesquelles se dépliaient sur la toile du grand écran. S’il a fait de son double de fiction un personnage adulé, celui-ci a fait entrer son géniteur dans la légende de son vivant. L’évoquer dans sa relation au rêve qui l’animait et qu’il suscite toujours auprès des admirateurs revient à le révéler tel qu’en lui-même. L’auteur illustre ses arguments par maints exemples tirés des courts comme des longs métrages laissés en héritage et ponctue sa thèse de photographies toujours bienvenues. Une approche singulière et heureuse ! Ed. M.E.O. – 242 pages Daniel Bastié LES AMOURS INTEMPORELLES J’ai rencontré Barbara Flamand totalement par hasard à Espace Art Gallery, à l’époque où elle venait de proposer un manuscrit à « Mon Petit Editeur ». Une dame charmante, pleine d’humour et dotée d’une plume racée. La courte discussion qui s’est ensuivie a essentiellement porté sur le rôle des écrivains en Belgique francophone et la nécessité de transmettre des émotions. C’est dire que le plaisir de découvrir « Les amours intemporelles », son dernier ouvrage, a ravivé un souvenir plaisant. Artiste engagée, pasionaria scintillante, auteure à la plume acerbe et tendre à la fois, poétesse virulente, elle ne laisse jamais indifférent et pose un regard lucide sur l’humain, ses qualités et ses travers. Sans jamais opter pour la facilité, elle ose des mots forts, des phrases nourries de passion et aborde les relations amoureuses comme on mord dans la vie, sans calcul et avec intensité. En ne sombrant pas dans la mêlée, elle chante l’existence en collant à l’épiderme de ses personnages et nous parle de l’évolution (voire de la révolution !) des sentiments dans ce qu’ils possèdent de plus intimes et de plus profonds. Ed. Bernardiennes – 182 pages Daniel Bastié


PILOTE DE CHASSE EN 14-18 Tout débute autour d’une table, par le truchement d’une conversation entre Robert Sainte et un ami brocanteur, qui lui remet deux gros cahiers en assez mauvais état, dont les couvertures ont été écornées et dont les feuillets ne tiennent plus à la reliure que par des ficelles usées, d’autres s’en détachent, tous jaunis sur les bords. Il s’agit cependant d’une manne pour tout historien ou amateur d’aviation. Les manuscrits révèlent un authentique trésor, puisqu’il s’agit du témoignage de première main de Carlo Verbessem, sergent de l’armée belge entraîné dans le premier conflit mondial pour défendre son pays agressé par le rouleau-compresseur allemand. Etudiant à l’Université de Gand, il est mobilisé comme tant d’autres jeunes gens et participe à moult campagnes, de la retraite d’Anvers aux tranchées de l’Yser, avant de suivre une formation de pilote de chasse et de prendre part aux combats aériens sur le front flamand. Abattu par un obus, son appareil s’écrase dans les lignes amies en 1917. En se basant sur les carnets rédigés au jour le jour par ce jeune héros oublié, Robert Sainte entraîne le lecteur dans les coulisses de la Grande Guerre et nous parle des débuts de l’aviation et de la vie en escadrille au temps où le conflit entrait dans une phase de modernité en utilisant tous les moyens techniques pour anéantir l’ennemi. Il s’est également servi d’une partie des quatre cents photographies qui lui ont été transmises pour illustrer cet album de campagne et redonner vie à une kyrielle d’anonymes abandonnés dans les méandres du passé. Il constate enfin que les commémorations aux soldats morts pour la patrie s’amenuisent et que le sang sèche trop vite lorsqu’il entre dans l’Histoire. Il achève son récit en parlant de la tombe de Carlo Verbessem, qui se dresse toujours dans le cimetière de Gand, sur une parcelle retirée et que personne ne vient honorer. Ainsi s’achève le récit d’un homme ordinaire appelé à un destin hors du commun et soumis au rythme d’une mémoire fatiguée et oublieuse. Qui se souvient encore du nom des compatriotes inscrits sur le marbre du monument aux morts ? Combien d’officiels sont-ils présents le jour des cérémonies et où se trouve la jeunesse actuelle ? L’Histoire a enfin comme vertu de ne pas engendrer les mêmes erreurs que celles commises par le passé et de veiller à ce que les hommes parviennent à vivre dans un véritable esprit de concorde. Un défi loin d’être gagné ! Ed. Belg-O-belge – 250 pages Daniel Bastié

DICTIONNAIRE DES ROMANCIERS ALGÉRIENS Après un « Dictionnaire des écrivains marocains » publié en 2005 aux éditions Méditerranée, Salim Jay s’est trouvé opposé à l’idée qu’aucun Algérien ne lirait un dictionnaire des romanciers locaux écrit par un Marocain. Voilà de quelle manière il explique les réticences des éditions du Seuil lorsqu’il est venu leur proposer son projet. Pourtant, il y avait fort à faire pour exporter cette littérature tantôt rédigée en français et en arabe. Née d’une aventure boulimique de près d’un demi-siècle, ce dictionnaire thématique permet de découvrir des littérateurs peu ou mal connus loin de chez eux, passionnés, engagés et qui invitent le lecteur à la découverte chaleureuse de textes le plus souvent explicites, chargés d’histoire et secoués de surprises. Jamais stériles, ils se veulent le plus souvent une invitation à la rencontre et au dialogue, posant des questions sur l’identité, la liberté et la fantaisie de créer, avec un ton sans censure. Hors de tout carcan, ils livrent une prose qui témoigne de leurs jugements et de leur choix. Avec une honnêteté qui n’exclut ni l’enthousiasme ni la critique, Salim Jay propose un travail forcément non exhaustif, mais accorde une priorité aux romanciers qui ont offert des classiques, mais également des poètes et quelques comédiens qui ont su faire preuve d’un authentique talent de plume. Au demeurant, voilà un ouvrage raisonné à lire pour se familiariser avec plus de deux cents auteurs à reconsidérer ou à découvrir. Ed. Serge Safran - 480 pages Daniel Bastié


CONNEXION IMMÉDIATE Sam traîne dans son existence autant que dans ses émotions. Avec moins de vingt dollars en poche et un matériel informatique cacochyme, il bosse dans un café en attendant de voir ses espoirs de gloire se concrétiser. Comme beaucoup de jeunes, il aimerait devenir une star ou, du moins, entamer une carrière de comédien. Penny vient d’entrer à l’université, loin de chez elle et de ses habitudes d’hier. Le choc est brutal. Lorsque ces deux êtres fragiles se croisent, ils se mettent à partager leurs rêves par SMS, en évitant de s’éprendre l’un de l’autre. Mary H.K. Choi signe un roman d’aujourd’hui qui parle d’une jeunesse en manque de repères, confrontée à une société en mouvement perpétuel, où les connexions par IPod sont instantanées et engendrent des désillusions souvent importantes. Rencontres, non-dits, faux départs, réconciliation, chemins de traverse, « « Connexion immédiate » ne ménage pas les rebondissements pour décrire la maladresse de protagonistes mal dans leur corps et qui aspirent à davantage de sérénité et au bonheur selon leurs critères. Les petits riens qui façonnent le quotidien sont également bien traduits à travers des textos fictifs qui cernent chacune des personnalités avec une acuité belle à découvrir. Voilà une romance 2.0., pop, lucide et chargée de fantaisie dans laquelle les jeunes lecteurs se reconnaitront sans déplaisir. Le ton y est toujours léger et proche du tutoiement. Ed. Gallimard Jeunesse - 456 pages Daniel Bastié

LES ROYAUMES DE FEU – TOME IX Le deuxième cycle de « Les royaumes de feu », une des sagas les plus populaires de la littérature jeunesse, revient en grande forme avec « Les serres du pouvoir ». Après maintes péripéties, Tsunami, Argil, Gloria, Comète et Sunny (cinq jeunes dragons issus de différents clans) décident de réconcilier leurs aînés. Une fois la paix revenue, ils profitent d’une concorde bien méritée et profitent des beaux jours. Toutefois, un nouveau danger menace. Recroquevillé dans les crevasses de la montagne de Jade, le terrible Spectral émerge d’un sommeil millénaire et, précédé d’une réputation sulfureuse, suscite maintes inquiétudes. Est-il vraiment aussi cruel que certains l’annoncent ? Est-il pétri de vices ou, au contraire, sait-il faire montre d’empathie ? Malgré les appréhensions, nombreux succombent à son charme. D’un naturel prudent, Triton se méfie, préférant ne pas baisser la garde et se savoir prêt à rebondir à la moindre alerte. Tui T. Sutherland propose à nouveau une intrigue captivante qui parle d’amitié et de rites nécessaires pour bien grandir. Avec un art mesuré de la narration, elle compose un monde chimérique où les dragons règnent en maîtres, capables d’agiter le goupillon du Bien autant que celui du Mal, dotés de sentiments humains et d’une force herculéenne. Pour aider le lecteur à ne pas se perdre dans la complexité (certains écriront « richesse ») de cet univers, un guide des dragons de Pyrrhia est proposé en avant-propos, avec une description des créatures rencontrées en cours d’aventure, ainsi que l’énoncé de la prophétie augurant la renaissance de Spectral. Voici un voyage plein de promesses au pays des monstres ailés cracheurs de flammes qui s’adresse en priorité aux adolescents férus de fantasy. Ed. Gallimard Jeunesse – 400 pages Daniel Bastié


NOS VIES EN MILLE MORCEAUX Pas facile de grandir lorsque les événements se liguent contre le quotidien et que chaque instant de vie s’étiole au contact d’une âpre réalité. Griff et Dylan, âgés respectivement de treize et quinze ans, voient leur univers s’écrouler lorsqu’un accident les laisse orphelins. Plutôt que d’être confiés à l’Assistance publique, les frères sont pris en charge par Blessing, une collègue des disparus, avant d’être accueillis chez une tante et un oncle au pays de Galles. Confrontés à de nouvelles habitudes, ils doivent s’adapter et réapprendre à vivre. Obsédé par l’idée de réconforter son cadet, Dylan sait qu’il ne doit pas fléchir. Hayley Long propose une histoire qui colle à l’épiderme et qui se singularise par une écriture contemporaine ciselée. Alors que le pitch ne prête pas à l’euphorie, elle parvient à le sertir de moments d’humour et d’émotion qui font chaud au cœur. Après « Sophie Someone », elle parle à nouveau du poids étouffant des secrets et de la puissance des mots pour évacuer les ressentis. Voilà un roman doux et triste, mais surtout chargé d’espoirs ! Ed. Gallimard Jeunesse – 336 pages Amélie Collard

LE JAZZ DE LA VIE Deux êtres que rien ne prédestinait à se rencontrer s’apprivoisent par le truchement du jazz. Une passion qui illumine leurs jours et dépose un baume sur les meurtrissures du quotidien. Steffi est une étudiante harcelée par ses copines de classe et qui s’évade en jouant de la basse, toujours prête à décoller au quartde-tour. Alvar vit dans une maison de retraite, las de ses 90 ans et de la solitude qui l’emmure dans un état proche de la prostration. Il survit grâce à ses souvenirs de musicien-vedette durant les années de guerre. Quand leurs routes se croisent, passé et présent se télescopent et une amitié sincère naît de leurs échanges. Premier roman pour jeunes adultes de Sam Lovestam, star adulée de la littérature suédoise, « Le jazz de la vie » évoque tour à tour le choc des générations, le rapprochement de cellesci, la quête du bonheur et la tolérance. En toile de fond, l’auteure décrit la ville de Stockholm loin des poncifs et des fascicules distribués par l’Office locale du Tourisme. Elle offre un récit efficace qui engendre de beaux instants d’émotion, tout en faisant souffler un vent de liberté lénifiante à mesure que l’histoire progresse et desserre l’étau qui, jusque-là, entravait la poitrine des protagonistes. Ed. Gallimard Jeunesse – 336 pages Daniel Bastié


MOWGLI DE LA JUNGLE L’enfant perdu grandit au sein d’un clan de loups, entouré par l’affection de l’ours Baloo et la tutelle de la panthère Bagheera. Pourtant, le tigre Sheere Khan rôde et entend s’offrir le petit humain en guise de cassecroûte. L’histoire est archi-connue et a fait l’objet de maintes adaptations pour l’écran. La question demeure celle-ci : que faire pour renouveler l’intérêt de la jeunesse par rapport à un roman qui a fait rêver des millions de foyers et qui date de plus d’un siècle ? Michel Laporte semble avoir trouvé la solution en adaptant le texte original et en le séquençant en saynètes courtes écrites dans un style vif et contemporain, sans descriptions excessives et en renonçant aux formulations désuètes qui endiguent la narration, conscient que l’attrait nait autant du récit que du contexte. Bien sûr, il s’agit toujours d’une quête sur l’identité, de survie en milieu hostile et du bonheur de se savoir proche d’amis fidèles. Cet ouvrage a été sublimé par des planches découpées au laser et imaginées par Olivier Latyk. Un classique dépoussiéré et présenté dans un écrin agréable à découvrir ! Ed. Flammarion Jeunesse – 60 pages Paul Huet

LA LÉGENDE DES QUATRE – LE CLAN DES TIGRES Entre les humains et les animaux, la guerre est imminente. Pourtant, il aurait suffi de s’accorder pour vivre en pleine concorde. Est-ce trop demander ? Malgré de nombreux efforts et des interdits, les tensions fusent dans chaque clan. Ne pas s'adresser la parole et ne pas mettre les pieds sur le territoire des autres devraient être des règles faciles à respecter, mais la tentation de braver tout ce qui est ordonné taraude certains. Alors, quand les événements se précipitent, les plus sages mettent tous leurs efforts en œuvre pour éviter la catastrophe. L’action tient en haleine de bout en bout, même si elle s’encombre de clichés propres au genre. Il s’agit avant tout d’un livre pour adolescents, qui prendront plaisir à s’identifier aux protagonistes, tout en se laissant bercer par un message écologique sympathique. On passe simultanément d’un univers à un autre, sans que la transition ne soit dérangeante. Il y est enfin grandement question de la part d’animalité qui sourd en chacun de nous puisque, ici, les hommes sont capables de prendre une forme animale. Aventure, complots, enquêtes, suspense, amour, amitié, émotion, affrontement, etc., Cassandra O’Donnell maîtrise les rouages du roman populaire et sait se servir de sa plume pour susciter l’intérêt. Une suite qui plaira à toutes celles et qui ceux qui ont adoré « Le clan des loups » ! Ed. Flammarion Jeunesse – 428 pages André Metzinger


SUPER MANUEL POUR (PRESQUE) TOUT SAVOIR SUR MOI Même s’il ne s’agit pas de la panacée, ce manuel a pour ambition d’aider le lecteur à se définir par rapport à luimême et aux autres ? Qui suis-je ? Où vais-je ? D’où estce que je viens ? Voilà grosso modo les trois grandes questions auxquelles il tente de répondre. Foin de blabla. Ici tout (ou presque) passe par le crayon du lecteur qui est invité à répondre à une série de quizz et de questions aussi ludiques que personnelles. Une manière sympa d‘autoriser une plongée dans le monde qui nous entoure et d’extrapoler notre devenir. Remonter à nos origines revient aussi à connaître nos racines, à prendre conscience de nos droits, à savoir que rien n’est acquis à la naissance, que des règles régissent la société et que les passions apportent du piment à chaque instant. Au fil des exercices, il apparaît nettement que l’identité n’est pas scellée une fois pour toutes, mais qu’elle se bâtit au fil des rencontres, des imprévus et des efforts. Elle devient également une façon de nous confronter au monde et de le rencontrer. Finalement, l’important ne consiste pas à être inscrit sur une liste d’Etat civil à la maison communale, mais de vibrer en son for intérieur, avec des capacités pour affronter les événements, s’affirmer et s’épanouir. In fine, apprendre à circonscrire nos limites revient à se respecter et à devenir un adulte agissant. Un exercice pas toujours facile lorsqu’on n’est pas encore totalement sorti de l’adolescence, mais qui mérite largement d’être entrepris. Ed. Flammarion Jeunesse – 144 pages Daniel Bastié

INCROYABLES MERVEILLES TECHNOLOGIQUES Depuis leur apparition dans la petite lucarne au début des années 80, Igor et Grichka Bogdanov sont des visages connus des téléspectateurs. Passionnés de sciences et de science-fiction, ils ont été les premiers à vulgariser les technologies destinées à améliorer notre existence. Loin de se reposer sur leurs lauriers, ils poursuivent leur exploration des machines, appareils et objets révolutionnaires qui existent sous forme de prototypes en attendant d’être commercialisés d’ici la fin de la décennie. Autant dire que le futur se situe à nos portes, avec des innovations incroyables pour faciliter nos habitudes. Organisé par thématiques (Hyper transports, E-Quotidien, Architecture 4-D, Homme 2.0.), cet ouvrage se présente sous l’aspect de fiches associant photographies et texte. Des dessins, des chronologies et le portrait des constructeurs complètent cet éventail très complet et témoignent des progrès humains. Si on ne comprend pas toujours l’usage que le particulier pourra tirer de chacune de ces inventions, elles possèdent le mérite d’offrir une vaste place au rêve et d’entraîner le lecteur dans une sphère où rien ne ressemble à hier et s’apprête à vivre (encore et toujours !) de grands renouvellements dans les domaines de la mobilité, de la communication et de l’habitat. Trois cents merveilles à découvrir mi impatient mi ébahi en attendant qu’elles débarquent dans nos commerces ou bousculent notre relation à la société : drone libellule pour livraisons à domicile, immeuble pliable, voiture dirigée par la pensée, souliers bioniques afin de se déplacer sans efforts, etc. Voilà ce qui nous est promis ! Ed. Flammarion – 400 Pages Paul Huet


MICHAEL JACKSON - LA TOTALE Depuis sa disparition tragique en 2009, Michael Jackson laisse un vide immense dans le cœur de la communauté des fans et est entré au panthéon des immortels. Il n’y a pas eu une année sans commémoration, documentaire ou livre consacré à sa carrière, à ses tubes ou à sa personnalité. Malgré les polémiques qu’il a suscitées, il n’en demeure pas moins un des rois de la variété, avec des chansons inoxydables et des clips révolutionnaires qui inspirent les artistes d’aujourd’hui. Pour combler le désir de tout savoir ou de retrouver la vedette au faîte de sa gloire, un énorme livre de plus de six cents pages vient d’être distribué en librairie et convie le lecteur dans les coulisses de la fabrication des hits, dans les secrets des concerts et dans la confidence de proches. Chanteur et danseur doté d’un charisme authentique, le show-man a fasciné le monde entier grâce à un professionnalisme à toutes épreuves, un sens inné de la communication et un don du marketing reconnu par ses pairs. Il reste également l’interprète ayant vendu le plus de disques avec « Thriller », clip qui a rendu les zombies populaires bien avant la série « Walking dead ». Musicalement, il a été l’un des premiers à métisser les genres, à faire tomber les barrières raciales et à s’adresser à plusieurs générations. S’il n’était peut-être pas nécessaire de revenir sur ses débuts au sein des « Jackson 5 » ni sur le rôle de son père, cet album fourmille de pépites faites de documents inédits, de photographies rares, d’une nomenclature de ses titres et d’interviews utiles pour cerner l’homme dans sa vie privée comme publique. Étayé par de très nombreuses confidences, « Michael Jackson - la totale » lève le voile sur la genèse, longuement gardée sous silence, des musiques et des images inscrites dans le marbre de la musique pop. Quoi qu’il en soit, ce livre épais comme une bible se targue d’une exhaustivité rarement atteinte. Même si de nombreux détails sont naturellement connus par les inconditionnels, il reste un imagier de toute grande qualité, bourré de surprises, de clichés fédérateurs et d’anecdotes qu’on prend plaisir à feuilleter pour se gaver de souvenirs toujours vivaces Ed. E/P/A – 608 Pages Daniel Bastié

LED ZEPPELIN – LA TOTALE Led Zeppelin fait partie des groupes qui ont marqué toute une génération. Fondé en 1968 par le guitariste Jimmy Page, il s’est fort vite singularisé par la virtuosité et les riffs de son mentor, la voix puissante de son chanteur pouvant aller jusqu'à des octaves très élevées et la puissance de son répertoire. Plus de trente ans après sa dissolution, causée par le décès de son créateur, Led Zeppelin est toujours considéré comme l’un des quatuors rock majeurs du XXe siècle. Il a également bâti sa renommée par le truchement de prestations scéniques légendaires, laissant une large part à l’improvisation. Avec plus de trois cent millions d’albums vendus, le groupe ne laisse personne indifférent. Certains le considèrent également comme étant le précurseur du hard rock. Il fallait un ouvrage de plus de six cents pages pour revenir sur son parcours et analyser une centaine de chansons, en s’appuyant pour l’essentiel sur les interviews des membres à l’époque où ont été enregistrés les vinyles, mais aussi sur les témoignages des producteurs et ingénieurs du son qui les ont accompagnés dans leur quête musicale. Bien entendu, un tel livre ne serait pas totalement séducteur sans une kyrielle de photographies rares, saisies sur scène et dans les coulisses des concerts, lors de répétitions et durant les instants de loisirs. Selon le musicologue Robert Walser, le son de Led Zeppelin est marqué par la vitesse et la puissance, des motifs rythmiques inhabituels, une dynamique nivelée et contrastée, les chants lamentés du chanteur Robert Plant et le grain lourdement distordu des cordes de Jimmy Page. Enfin, beaucoup de titres traitent de romance, d'amour non partagé ou de conquête sexuelle, thèmes récurrents dans ce registre. Ed. E/P/A – 608 pages Daniel Bastié


JOHNNY - L’INTÉGRALE On le croyait immortel et malgré des nouvelles récurrentes de son mauvais état de santé, Johnny Hallyday est demeuré debout pour poursuivre ses activités jusqu’au bout. On repense à lui avant sa disparition, accompagné de ses potes de toujours (Eddy Mitchell et Jacques Dutronc) lors de la tournée de « Les Vieilles canailles ». Alors qu’un album posthume vient de débarquer dans les bacs des disquaires (et se situe au sommet du hit-parade), un énorme livre fait son apparition chez les libraires. Une bible cartonnée de plus de trois kilos qui se veut exhaustive et qui revient sur soixante ans de métier au service de la variété, soulignant un succès qui ne s’est jamais démenti et de quelle manière ce boulimique de travail a su demeurer constant dans la ligne de conduite empruntée, tout en s’adaptant à chaque génération sans se renier. Gilles Verlant et Jean-William Thoury réveillent une légende et analysent l’ensemble de ses titres, de ses premiers 45 tours aux derniers CD, en se basant sur moult témoignages, en se référant à l’anecdote et en offrant un avis personnel basé sur l’admiration et le plaisir d’évocation. Illustré par près de huit cents pochettes (dont certaines extrêmement rares), cette somme apparaît à ce jour comme la plus exhaustive mise sur le marché. Année par année, elle suit l’artiste d’une session d’enregistrement à la suivante et cerne sa personnalité à travers ses rencontres, ses amours, ses défis, ses doutes et ses triomphes. Même si on croit tout connaître concernant l’idole des jeunes, on reste ébahi face à cette avalanche d’informations et on prend plaisir à revivre un pan de notre passé. Davantage qu’un Johnny pour les Nuls ! Ed. E/P/ A – 488 pages Daniel Bastié

50 TUBES DE JOHNNY HALLYDAY Fabien Lecœuvre est un visage récurrent des émissions qui agitent le goupillon de la nostalgie et des tubes d’antan (« La grand cabaret », « Les années Bonheur ») et sa connaissance des coulisses du monde de la variété fait office de sésame pour quiconque souhaite se rapprocher de l’intimité des stars. Avec la disparition de Johnny Hallyday, il a su qu’il devait revenir sur le parcours incroyable du chanteur et rappeler sa success-story unique dans l’Hexagone. Avec plus de cent vingt millions de disques vendus, l’artiste demeure le plus gros vendeur d’albums de ces cinquante dernières années et, durant presque six décennies, a accompagné les Français avec des mélodies ancrées durablement dans la mémoire collective. Plutôt que de rédiger une énième biographie (dispensable face à la manne existante !), il a choisi de sélectionner cinquante chansons (option forcément subjective) pour souligner à quel point l’homme est entré dans des millions de foyers pour apporter du bonheur et enchanter. Nourri par une multitude d’anecdotes, il propose un best-of à travers les titres connus et brasse passé et présent pour ne jamais oublier ce qui nous a tellement séduits. De « Souvenir, souvenir » à « Allumer le feu », en passant par « Je te promets », « Ma gueule », « Laura », « Requiem pour un fou » et beaucoup d’autres, ce recueil privilégie les coups de cœur à la chronologie et propose l’exhumation des pochettes des 45 tours originaux en guise d’illustrations. Une madeleine de Proust ! Ed. du Rocher – 112 pages Daniel Bastié


CENT FAÇONS DE NE PAS ACCUEILLIR UN MIGRANT Hyacinthe Léonide est un personnage de fiction imaginé par Yves Cusset qui, par le truchement de son stylo, aborde un sujet grave et d’actualité. Plutôt que de pleurer, il use d’un ton bourré d’ironie et nous parle de l’immigration avec un second degré empreint de références et gavé de poncifs, galvanisé par la rumeur et toutes les aberrations qui se multiplient sur le Net. Si le sujet remodèle l’échiquier européen, il en demeure pourtant exagéré, secoué par une phobie déraisonnable de l’étranger et une sensation que la société part en vrille. Le protagoniste n’est pas raciste au sens ordinaire. Il est même rempli d’empathie pour celles et ceux qui fuient la guerre, tout en clamant que la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde et qu’on n’est pas forcément ravis de cohabiter avec des femmes et des hommes qui ne partagent pas notre culture. Il ne tient pas ce raisonnement de ses origines familiales. Il a longuement lu, observé et conversé avec des proches pour appuyer ses convictions, remplies de naïveté ou bardées de cruauté. Assurément, une préface met le lecteur en garde, de manière à ce qu’il ne se méprenne pas sur le contenu de l’ouvrage. Il ne s’agit jamais d’une diatribe contre ceux qui viennent d’ailleurs ni d’un appel à la haine. Sous la forme d’un abécédaire, « Cent façons de ne pas accueillir un migrant » pique là où cela fait mal et pose des questions pertinentes pour engager le débat. On le sait, l’humour est un outil démocratique qui permet de dénoncer ce qui doit l’être, de remettre les pendules à l’heure et d’apprendre à accueillir la différence malgré nos différends. Ed. du Rocher – 208 pages Sam Mas

LA RÉPUBLIQUE EN PANNE En mai 2017, Emmanuel Macron focalisait tous les espoirs de changement et se prévalait de promesses ambitieuses pour la France, tout en bénéficiant d’un physique de jeune premier. Plusieurs mois plus tard, qu’en est-il du bilan de sa première année aux commandes de l’Etat ? La plupart des journalistes et des observateurs politiques s’accordent pour clamer que le résultat n’a rien d’euphorique. Encastré dans une communication en crise et des affaires qui maculent ses actions, il apparaît que les transformations promises n’ont pas eu lieu et que l’eau sale entretenue par ses prédécesseurs stagne toujours. Le Nouveau Monde n’est pas né des cendres des gouvernements Sarkozy et Hollande ! Après une élection sans fautes et une arrivée en fanfare à l’Elysée, la machine s’est grippée et la population découvre des dérapages à répétition au point que la situation ressemble à des sables mouvants où tout disparaît misérablement. L’insincérité plane sur le ministère de la Justice, sur celui de l’Intérieur et les économies annoncées posent un poids sur les vertèbres des agents de la Fonction publique. Le parti En marche peut-il réussir là où les autres se sont plantés ? Cet essai a pour modeste ambition, à travers le décryptage d’un homme et de ses proches, d’analyser qui est le vrai Président de la république et de dévoiler ses parts d’ombre. Nourri d’anecdotes et rédigé au plus près des acteurs de terrain, Pierre Dumazeau parle des coulisses du pouvoir et épingle sans concessions les mœurs de dirigeants qui se disent toutefois prêts au changement. Ed. du Rocher – 134 pages Paul Huet


SOYEZ FORTS POUR VOS FILLES Quelle place joue le père dans l’évolution d’une petite fille ? Quel rôle interprète-t-il au quotidien pour l’aider à grandir ? Quelle image doit-il refléter ? En s’opposant à certaines idées prônées par ses confrères, Meg Meeker, pédiatre spécialisée dans l’adolescence, rue dans les brancards et ose une théorie, fruit de trois décennies de pratique professionnelle auprès des jeunes. Pour elle, le doute n’existe pas. Le père, plus que n’importe quelle autre personne, trace la voie de la réalisation future de sa fille et lui transmet valeurs et courage idoines qui lui permettront d’affronter la vie tout en s’épanouissant. Il convient donc que l’exemple paternel soit solide et exigeant. Poser des limites, apprendre les notions manichéennes du bien et du mal, s’opposer au laxisme : voilà le minimum ! Toujours selon l’auteure, il importe de ne jamais lâcher la bride et d’enseigner l’humilité, le sens de l’effort, la dignité du travail et d’être présent afin d’apporter des réponses aux questionnements rencontrés en cours d’existence. Elle va jusqu’à parler de la nécessité d’être le reflet de l’homme qu’on souhaiterait qu’elle épouse. Parce qu’il est impossible de l’accompagner partout et qu’elle doit s’émanciper, l’apprentissage de la combativité se veut un vecteur non négligeable. Enfin, le temps accordé à l’écoute fait partie de ces instants précieux qui visent à harmoniser les relations familiales et l’équilibre de chacun. En partant d’exemples concrets, elle soumet dix conseils que tout père devrait (pourrait) lire pour se faire une idée des pistes à (éventuellement) suivre. Un demi-million d’exemplaires de cet ouvrage a déjà été diffusé aux EtatsUnis. Ed. Artège – 272 pages Amélie Collard

LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE En maître du suspense, Gaston Leroux invite ici le lecteur à une véritable partie de cache-cache sertie dans l’architecture du château du Glandier. Avec un art de la narration bien fourbi, il a le chic pour entremêler les pistes et faire surgir les indices. Le pitch de départ mérite à lui seul la lecture de ce roman devenu classique. Un assassin parvient à s’échapper d’une pièce sans aucune issue, dont la porte est demeurée obstinément close. A croire qu’il n’aurait jamais existé ou qu’il se serait évaporé ! Amené sur le lieu du crime, Joseph Rouletabille développe toute son acuité pour démêler les écheveaux de ce qui pourrait ressembler à un mauvais rêve, s’il n’y avait pas un cadavre bien tangible. Malgré un rythme qui a légèrement vieilli, « Le mystère de la chambre jaune » n’en demeure pas moins un bel exemple de virtuosité narrative qui met en scène un fin limier devancé par son flair et une propension au raisonnement. A mesure que les policiers s’enlisent dans des supputations abracadabrantes, il met en place le fil de déductions qui l’amènent à cerner le mobile du meurtre ainsi qu’à découvrir le coupable. Avec un découpage feuilletonnesque, ce récit multiplie passages descriptifs, réflexion psychologique et séquences nourries d’action. Un dossier intitulé « Gaston Leroux et les maîtres du crime impossible » vient conclure cette édition de luxe en quasi-facsimilé, avec quarante-trois dessins au trait et treize planches hors texte signées par l’incontournable illustrateur Simont. Un standard de la littérature populaire présenté dans un écrin à des lieues du traditionnel format de poche ! Ed. Omnibus - 384 pages Daniel Bastié


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