Bruxelles Culture 15 août 2019

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BRUXELLES CULTURE 15 aoรปt 2019 Brussels Diffusion asbl Contact et abonnement gratuit : pressculture4@gmail.com

RENCONTRE : SARAH LOUNICI


Âgée d’un peu plus de dix-huit ans, Sarah Lounici a eu l’occasion d’exposer ses travaux au Musée des Instruments de Musique (M.I.M.). C’était l’été dernier ! Aujourd’hui, elle revient avec ses photographies retouchées et ses dessins, invitée par le patron d’Espace Art Gallery, soucieux de donner sa chance à une jeune artiste prometteuse. Rencontre ! Où et quand êtes-vous née ? Je suis née le 4 octobre 2000 à Bruxelles, une ville où j’ai grandi. Quel est votre parcours scolaire ? En maternelles et en primaires, j’ai étudié dans une super école de Jette. J’y ai rencontré des enseignants possédant mille compétences, dont de nombreuses dispositions en art. Ensuite, en secondaires, j’ai suivi un cursus de l’Athénée royal de Ganshoren en section arts plastiques et ce, dès la quatrième année. Aujourd’hui, je suis bachelière en arts graphiques à Saint-Ghislain. A quel âge avez-vous commencé à vous intéresser à l’art ? Je dessine énormément depuis que je suis petite. Mes parents ne savaient que faire de mes œuvres, tant il y en avait. En première primaires, ils m’ont inscrit à une activité artistique parascolaire proposée. En fait, je me suis toujours passionnée pour le dessin et, depuis quelques années, pour l’art en général, avec de la curiosité autant que le désir de m’améliorer. Avez-vous des artistes de référence ? Lesquels et pourquoi ? Je m’inspire beaucoup de ce que j’observe dans le quotidien, de ce qui a nourri mon enfance comme mon adolescence et de tout ce que je vois sur les réseaux sociaux. Toutefois, les artistes que j’aime particulièrement et qui m’inspirent sont Alphonse Mucha, Pablo Picasso, Jean-Michel Folon et Luc Schuiten. Des univers bien différents, mais extrêmement personnels ! Quelles techniques pratiquez-vous ? J’adore la simplicité. Un crayon et une gomme me suffisent pour créer, même si j’apprécie aussi énormément l’aquarelle, la photographie, le fusain, etc. En fait, je n’ai aucune restriction. En septembre dernier, vos photographies ont été exposées au Musée des Instruments de Musique (MIM). En quelle circonstance avez-vous été invitée à y accrocher vos travaux ? En juin 2018, pour mon jury de fin d’étude, j’ai dû créer une mini-exposition avec des photos abstraites sur un thème libre. J’ai choisi celui des instruments de musiques. Comme le dessin est ma passion et que présenter uniquement des photographies me frustrait un peu, je les ai enrichies de lignes graphiques qui, pour moi, prolongeaient le réel. Le jury externe et mes professeurs ont été enthousiasmés par mon travail et m’ont vivement conseillé d’aller le montrer au MIM. Les responsables ont également été conquis et ont proposé d’exposer mes œuvres. C’était un magnifique cadeau pour quelqu’un comme moi, qui ne s’attendait pas à un pareil encouragement. J’étais très fière.


Vous êtes toujours étudiante. Quel cursus scolaire suivez-vous et quel futur job ambitionnez-vous ? Je suis en effet en première année en arts graphiques à Condorcet. J’espère que, lors de mon stage en troisième, j’aurai l’occasion d’approcher le monde de l’illustration, car mon rêve est de devenir illustratrice. Quand j’étais plus jeune, j’adorais les petits dessins présents dans les revues pour pré-ados que je lisais. Avec mon travail, je voudrais offrir la même joie aux lecteurs. A côté de la photographie, vous adorez le dessin et la peinture. Avez-vous été encouragée à persévérer dans cette voie par votre famille, vos amis ou vos professeurs ? Mes proches, même s’ils ont des inquiétudes sur mon avenir professionnel dans le domaine de l’art, m’ont toujours encouragée, car ils savent que c’est avec un crayon dans la main que je m’épanouis. Certains de mes professeurs en secondaires ont été de véritables coaches. Ils m’ont apporté confiance en moi, ont décuplé mes capacités et m’ont prouvé que, avec du travail, de l’ouverture d’esprit et de la débrouillardise, tout devient possible et qu’il ne faut jamais baisser les bras. Vous serez présente à Espace Art Gallery durant tout le mois d’août. Quels travaux y exposerezvous ? Je n’ai appris que récemment que je pourrais y présenter des œuvres et malheureusement, cette année, j’ai eu très peu de temps pour produire autre chose que ce qui était demandé dans le cadre de mes cours. J’exposerai donc principalement des œuvres que j’ai réalisées l’an passé sur les instruments de musique, ainsi qu’un triptyque intitulé « Bouffe et moi, bouffez-moi ! » et quelques dessins. Comme jeune artiste, que pensez-vous de la place accordée à l’art dans la capitale ? Je trouve formidable que nous ayons une capitale aussi vivante sur le plan artistique. Il y a bien sûr les nombreux musées, les fresques sur les façades et les expositions temporaires. Comme le temps m’a cruellement fait défaut, j’ai malheureusement été limitée pour aller à la rencontre de tout ce qui a été proposé. Par contre, je suis allé découvrir à la Bourse de Bruxelles « Van Gogh : the immersive experience ». Un plongeon à 360° dans l’univers d’un des plus grands génies du siècle dernier. J’adore aussi les parcours d’artiste organisés dans différentes communes. Des rendez-vous qui permettent de rencontrer les créateurs, d’échanger et de se familiariser avec leur démarche. Chaque fois, je ressens un immense plaisir au point de me répéter que je possède une chance incroyable d’habiter ici. Y a-t-il certains lieux culturels que vous appréciez particulièrement à Bruxelles ? J’apprécie tout particulièrement le Botanique, le RougeCloitre et les Halles Saint-Géry. J’aime aller au-devant d’expositions dans des lieux chargés d’histoire. L’esthétique de l’endroit apporte une énergie aux œuvres accrochées aux cimaises. Un peu comme s’il s’agissait d’une transmission, d’une continuité entre l’ancien et le moderne, le vieux et le nouveau. Je compte profiter de juillet et août pour rattraper un peu mon retard et m’offrir quelques visites souhaitées.


Pourquoi faut-il venir découvrir vos œuvres à Espace Art Gallery ? Oh, il s’agit d’une question très difficile. Peut-être parce que créer reste un acte un peu égoïste mais rassurant. On le fait pour s’offrir des instants de bonheur et le seul juge de la qualité ou non de l’œuvre est l’artiste lui-même. Tandis qu’exposer devient un acte plus risqué mais chargé de générosité. Bien entendu, j’ai envie que mon travail plaise et j’espère que tous ceux qui viendront le découvrir à Espace Art Gallery ressentiront la même satisfaction que j’ai eue lors de la réalisation et percevront la délicatesse, la poésie et la beauté des formes que j’ai voulu partager. Découvrez les travaux de Sarah Lounici jusqu’au 30 août 2019 à Espace Art Gallery du mercredi au samedi de 11h 30 à 18 heures. Plus de détails sur le site www.espaceartgallery.eu Rue de Laeken, 83 à 1000 Bruxelles Propos recueillis par Daniel Bastié

ATELIERS D’ÉCRITURE AVEC BRUNO COPPENS Bruno Coppens, le plus francophonissime des humoristes belges, jouant de Montréal à Avignon en passant par Bucarest, Dakar ou Waremme, a réussi en une quinzaine d’années à tracer une voie unique dans le domaine de l’humour belge. De « Ma déclaration d'humour » (joué près de quatre cents fois) à « Ma terre happy ! » (spectacle nommé « meilleur seul en scène » de la communauté française 2007), sans oublier « Loverbooké » (où l’homme lègue son corps à la séance), il séduit toutes les générations en réinventant la langue, formidable pâte à moduler ! Avant de reprendre le chemin de l’école ou de turbiner au bureau, les amateurs de beaux mots, de phrases disloquées et de formules choc peuvent s’atteler en compagnie de l’artiste à un atelier d’écriture. Une manière de tutoyer le bonhomme et d’apprendre en sa compagnie à faire rimer les vers ou de chercher une voie pour exprimer telle ou telle idée. Faute de temps, il ne s’agit pas de rédiger un show, mais de s’essayer à la confection de quelques répliques résonnantes et jamais trébuchantes, des poèmes sonores pas soporifiques et, surtout, de passer un agréable moment. Quarante euros est exigé par séance ou 70 euros pour les deux dates. Réservations et paiement à effectuer au préalable. Cela se déroulera le mardi 27 août de 14 heures 30 à 17 heures et le mercredi 28 août 2019 de 18 heures 30 à 21 heures à Espace Art Gallery. Voyez plus de détails sur le site www.espaceartgallery.eu Rue de Laeken, 83 à 1000 Bruxelles


THÉÂTRE : CARMEN Adapter Carmen a nécessité quelques concessions faites au récit original. Si le Théâtre royal de Toone se réfère davantage à l’opéra de Bizet plutôt qu’à la nouvelle de Prosper Mérimée, Nicolas Géal n’oublie jamais que chaque transposition se doit d’être autant fidèle que personnelle. L’idée a été de reprendre la trame initiale et de la saucer d’expressions bruxelloises, autant pour faire rire le public habitué à la swanze de l’enseigne que pour raconter un récit connu par tous. Dans cette parodie, Carmen reste évidemment la figure centrale, fière et bravache, ne reculant devant aucun défi pour obtenir ce qu’elle réclame. Don José, caporal des dragons, succombe à sous son charme sauvage. Incapable de réprimer ses désirs, il renonce à son avenir dans l’armée et aux valeurs qu’il défendait jusqu’alors. Devenu contrebandier, il glisse lentement sur la voie du crime. Sans trahir le travail du compositeur, les marionnettes chantent à tue-tête. Il y a les soldats qui proclament : "Wâle zaan van Meulebeek !" et les contrebandiers qui entament fièrement : "Lup, lup, lup, de garde-ville es doe…" La marionnette Woltje prend les traits de Don José et les péripéties qui le conduisent à devenir contrebandier font l’objet d’une succession de tableaux désopilants. Comment résister au ketje qui chante : "La bloem que tu m’avais jetée" ? Dès lors, la troublante cigarière de Séville ne peut plus rien lui refuser lorsqu’elle lance : "Allei ket,viens ici, je vais te donner une baise qui va te faire biberer (trembler) jusqu’à tondikken tien… (gros orteil) !". Avec un talent qui lui est propre, Nicolas Géal passe allègrement d’une tessiture à l’autre et interprète toutes les voix des personnages qui interviennent sur scène. S’il n’ambitionne pas de concurrencer les ténors de La Monnaie, on devine qu’il se régale de sa prestation sans avoir le dikkenek ni croire qu’il est devenu subitement le Pavarotti des Marolles. Comme toujours, le récit original prend de l’eau dans le gaz. En venant assister à une représentation de marionnettes folkloriques, chacun sait (ou le découvre très tôt) qu’on se situe dans le domaine de la parodie et pas sur les bancs de l’ULB pour décrocher une licence de littérature. L’histoire ressemble à celle qu’on connaît, alors que la forme ne lui est plus totalement fidèle. Les décalages savoureux, les détournements savoureux, les anachronismes, les jeux de mots pratiqués au premier degré et les références multiples à la vie bruxelloise représentent les principaux ressorts qui alimentent la bonne humeur et qui provoquent de grands éclats de rire. On l’ignore peutêtre mais Nicolas Géal (Toone VIII) a été formé au Conservatoire de Bruxelles en étudiant les classiques, avant de suivre les traces de son papa José (Toone VII) et de reprendre les rênes du théâtre familial. Le spectacle « Carmen » est à voir chez Toone jusqu’au 31 août 2019. L’opportunité de découvrir un classique dans une version irrésistible qui sent bon la gueuze et le sachet de frites de chez Zuske. Plus brusseleir que ça, tu meurs une fois ! Davantage de détails sur www.toone.be Rue Marché-aux-herbes 66 (Impasse sainte Pétronille) à 1000 Bruxelles Daniel Bastié


LOISIRS : LE LABYRINTHE DE JULES VERNE Jules Verne a toujours fasciné le public avec des romans qui mêlent aventure et mystères. « Vingt mille lieues sous les mers », « De la terre à la lune », « Le tour du monde en quatre-vingt jours », « L’île mystérieuse », « Deux ans de vacances », voilà le sommet de l’iceberg ! Inspirant la littérature, le cinématographe et tout un pendant de la culture populaire, il reste le chantre éternel bien qu’involontaire du rétro-futurisme, et par extension de l’esthétique steampunk. Oracle romanesque qui préfigurera autant les voyages spatiaux que les évidentes dérives du monde moderne et mécanisé, Jules Verne est avant tout un poète de l’impossible, raconteur d’histoires fantastiques trouvant ses racines dans la science balbutiante de son époque. “Jules Verne & le Labyrinthe Fantastique” propose aux visiteurs de découvrir l’univers de l’auteur de Voyage au centre de la terre au travers d’un labyrinthe dont les parois, réinterprétant l’iconographie vernienne, ont été réalisées par des artistes d’exception. Tout en se baladant dans un monde étrange, le visiteur voit sa déambulation agrémentée d’un quizz centré sur la vie et les écrits du romancier. Indices et notices pédagogiques sont disséminés sur l’ensemble du labyrinthe et viennent aider à la résolution de ce questionnaire accessible et familial. Cette œuvre collective propose ainsi au public de découvrir dans la convivialité une notion à la fois artistique et ludique du monde de Jules Verne. Cette animation est également disponible à la location. A découvrir jusqu’au 1er septembre 2019. Plus d’informations sur www.fantastic-museum.be Rue Américaine 7 à 1060 Bruxelles Sam Mas

LOISIRS : MINI-GOLF IMAGINARIUM Installé au Centre d’Art Fantastique, le « mini-golf imaginarium » est un golf miniature de dix-huit trous qui demeure spécifique en Europe. Le joueur évolue au sein d’un décorum à thématique horrifique, où les serpentins frigorifiques parcourent le plafond des anciennes glacières de Saint-Gilles. Doté d'un décor fantasque réunissant créatures étranges, araignées sortant du green, châteaux hantés et éléments steampunk, ce parcours atypique se veut semé d'embuches dans une ambiance de brouillard digne des vieux films de Roger Corman et diverses projections vidéo agrémentées de sons bizarroïdes. Cette expérience ludique est à découvrir en famille et entre amis jusqu’au 1er septembre 2019 dans un lieu chargé d’histoire et d’authenticité, inscrit dans le patrimoine bruxellois pour son architecture unique. Autant le savoir, il importe de réserver au préalable via le lien suivant www.fantastic-museum.be Rue de la glacière, 18 à 1060 Bruxelles Sam Mas


MARIONETTES : GUIGNOLET DANS LE PARC Lorsque les beaux jours reviennent, Guignolet sort de sa retraite hivernale et regagne le Parc de Bruxelles pour y couler un été ensoleillé et ravir les enfants qui ne sont pas trop pressés de retourner à l’école. L’occasion de découvrir avec la Cie du Théâtre royal des Cœurs de Bois des mondes enchanteurs, où les histoires aident chacun à grandir. Tendres, poétiques et toujours positifs, les spectacles se déroulent en plein air dans un cadre verdoyant, menés depuis plusieurs décennies par des manipulateurs qui savent de quelle manière susciter l’attention des petits. Rien à voir avec le théâtre folklorique de Toone, qui se caractérise par des marionnettes à tringle et qui adopte volontiers le second degré et use d’expressions locales ! Guignolet et ses amis s’inscrivent dans l’univers de l’enfance, plus feutré et empreint de douceur, sans aucune ambiguïté, et sont animées par une main qui se glisse dans une gaine souple. Une cinquantaine de représentations se déroulent du mercredi au dimanche à 15 heures 30 et ce jusqu’au 25 août 2018. Je vous invite à découvrir toutes les informations pratiques sur le site www.guignolet.brussels Parc de Bruxelles à 1000 Bruxelles Jean Lhassa

SPECTACLE POUR ENFANTS : MÊME PAS PEUR ! C’est devenu une tradition. Chaque mercredi durant les congés scolaires, les enfants sont invités à rencontrer le clown Pignolo au Centre d’Art Fantastique, l’un des rares artistes qui mélange l’art du cirque à l’univers du café-théâtre. Seul sur les planches, il jongle avec les mots, pratique quelques tours de magie qui s’inscrivent dans une histoire rédigée au préalable et entraîne le public (constitué d’enfants de moins de douze ans) sur les pistes de mondes concoctés spécialement à leur intention. Puisqu’on se trouve au sein de la dépendance du Musée d’Art Fantastique, chacun de ses spectacles a été nourri d’une touche d’ésotérisme, avec une sorcière qu’on ne voit jamais, mais dont la malédiction est suggérée par quelques anecdotes, des formules incantatoires et la présence d’un vieux chaudron, d’un grimoire ou de crânes maléfiques. L’effroi n’est certes pas au rendez-vous et le rire vient décrisper les enfants qui redoutent d’être secoués par l’une ou l’autre prédiction. Que les mamans se rassurent. Au programme : rien d’effrayant ni de déstabilisant ! L’artiste connaît trop le monde des petits pour les angoisser et leur raconter de quoi les empêcher de dormir. D’ailleurs, le conservateur du Musée veille personnellement à ce que tout se déroule dans une ambiance familiale et sympathique. Homme de scène depuis plus de trente ans, le clown Pignolo s’est notamment retrouvé avec ses oneman show en ouverture de plusieurs festivals, sur les planches de Wolubilis, de Flagey, du Centre culturel de Schaerbeek, des Ecuries de la Maison Haute et, parmi beaucoup d’autres, du Petit théâtre Mercelis. Le rencontrer sur scène doit rester un plaisir. Celui-ci est garanti grâce à la proximité qu’il entretient avec son public (jamais à plus de deux mètres des premiers spectateurs !), à l’interprétation de sketches interactifs et aux bons mots qui fusent entre mimiques désopilantes et séquences de mime. Le clown Pignolo est en représentation au Centre d’Art Fantastique les mercredis 14, 21 et 28 août 2018 à 13 heures. Plus d’infos sur le site www.fantastic-museum.be ou via le 0475 41 29 18 Rue de la glacière 18 à 1060 Saint-Gilles Jean Lhassa


VISITONS LA MAISON D’ERASME À ANDERLECHT Après la visite du Palais de Charles Quint place Royale, intéressons-nous à présent à son maître Erasme, et entrons dans la maison qui accueillit l’auteur de « L’Eloge de la Folie » en 1521. Cette maison d’aspect Renaissance est située au 31, à la croisée des rues du Chapitre et de Formanoir à Anderlecht. Elle fêtait ses 500 ans d’existence en 2015. Après être passés devant la collégiale des SS. Pierre-et-Guidon et le béguinage de la place de la Vaillance, vous la découvrirez en suivant la rue du Chapitre sur laquelle s’ouvre son vaste portail caché sous le lierre. On est frappé par la majesté de cette demeure patricienne où s’est abrité Erasme durant l’été et l’automne 1521. Pendant six mois donc où il a échappé aux foudres de l’inquisition religieuse qui sévissait au lendemain de la « protestation » de Martin Luther à Worms. Il s’y était réfugié chez une de ses connaissances, l’écolâtre Pierre Wichman chargé de l’enseignement à la collégiale toute proche, et détenteur d’une Bible du Moyen Age qu’Erasme voulait consulter pour finir la 3 e édition du Nouveau Testament. Au centre de la belle cour pavée, nous pouvons admirer cette demeure qui est à la charnière de deux époques : au donjon bourguignon, carré et tout en hauteur, percé de petites fenêtres, le propriétaire Pierre Wichman avait fait ajouter en 1515 une spacieuse maison bâtie dans le style Renaissance flamande – toute en longueur et éclairée par de grandes fenêtres. De l’intérieur, vous remarquerez d’ailleurs un saisissant effet de perspective : l’espace entre les fenêtres allant en s’amenuisant vers la somptueuse cheminée et nous donnant ainsi l’illusion d’une fuite en avant comme dans les tableaux de la Renaissance (par exemple chez Andrea Mantegna, qui a travaillé les effets de profondeur). En faisant le tour de la bâtisse, vous découvrirez, donnant à l’arrière, un beau jardin de plantes médicinales – qu’on appelait à l’époque les simples. Il fut dessiné par le paysagiste René Pechère, auteur des jardins du mont des Arts, et il est orné d’une centaine de plantes qui traitaient (et traitent encore) les affections comme les maux de tête, les maux de ventre, la tension, la diarrhée ou la goutte dont mourut Erasme en 1536. Ce jardin se prolonge par un vaste parc d’un hectare, où vous serez amenés à la méditation en lisant ou en relisant les Adages d’Erasme qui parsèment les petites vasques en forme de barques d’eau. Peutêtre aurez-vous-même envie de vous asseoir et de converser sur les bancs qui occupent le centre du parc, comme le faisait Erasme lui-même dont les amis étaient la seule richesse. A l’intérieur de la maison, tout est d’époque et respire la Renaissance à plein nez. Laissez-vous guider au fil des pièces, de bahut en bahut et de tableaux en tableaux qui appartiennent au XVIe siècle. Dans la salle Renaissance, là où l’effet de perspective nous surprend, nous serons surpris en effet par un tableau de Peter Huys, La Tentation de saint Antoine : on y voit le saint homme soumis aux tentations de la chair qu’incarne, sous ses yeux, une femme nue escortée de ses suivantes qui l’aident à se baigner dans une mare répugnante. Tout autour s’agitent les monstres de l’enfer. Si on les écoute, on se fera percer l’oreille par la flèche de Dieu. Observez, au-dessus de cette flèche, le mât d’un bateau en forme d’animal marin, qu’un cochon escalade vers une ruche de miel qui représente la parole de Satan – ou de Luther, excommunié en 1520 pour avoir pris position contre les richesses de l’Eglise et ses « indulgences ». Vision effrayante qui terrorisait les bonnes âmes de l’époque et qui a trouvé maintes adaptations chez les peintres, notamment chez Jérôme Bosch dont on verra,


dans la même salle, l’Adoration des Mages. Ces tableaux nous ont été commentés avec finesse et un rare don de l’observation par Jean-Pierre Vanden Branden, conservateur honoraire de la Maison d’Erasme, aujourd’hui encore conférencier émérite malgré son grand âge. On finira la visite par le cabinet de travail d’Erasme, qui a composé une de ses œuvres majeures, Le Nouveau Testament, et une vingtaine de lettres sur l’écritoire près de la fenêtre. Il était acharné au travail et s’y tenait debout, dès six heures du matin, car debout il pouvait mieux se concentrer sur sa matière, réservant l’après-midi à ses promenades et aux entretiens avec les amis qui venaient le voir. Vous verrez à l’étage ses ouvrages censurés par l’époque de mille et une manières. Erasme, le prince des humanistes Qui était donc ce vieillard affable, ou feignant de l’être, qu’on voit sur la toile de Félix Cogen dans la première pièce de la demeure, dite Chambre des rhétoriqueurs ? Erasme est assis dans un fauteuil, avec sa barrette noire de prêtre et sa longue robe de laine, et il converse avec les notables de la ville de Bâle où il est venu finir ses jours. Des jeunes gens, ses famuli, notent précieusement ses propos. Derrière lui et au fond du tableau, on aperçoit les deux frères imprimeurs, les Froben qui l’ont accueilli. L’un d’eux, assis derrière le fauteuil, relit les notes de Désiré Erasme de Rotterdam. Malgré son prénom, Erasme n’était pas du tout désiré quand il naquit en 1467 ou 1469. Et il n’était pas « aimable » non plus (du grec erasmios), comme on peut le découvrir dans Le Manuscrit de la Giudecca, le roman d’Yvon Toussaint qui nous raconte sa vie d’errance à travers l’Europe. Fils illégitime d’un prêtre médecin, il s’appelait en réalité Geert Geerts, Gérard, fils de Gérard. Il entre au couvent de Steyn près de Gouda, où il est ordonné prêtre à 20 ans. Connaissant très bien le latin (il a écrit la première méthode Assimil avec ses Colloques), il devient le secrétaire particulier de l’évêque de Cambrai, Henri de Berghes grâce à qui il pourra voyager aux Pays-Bas, faire des études à Paris (il étudie le grec au Collège de Montaigu) et se fixer un temps à Bologne, en Italie, où il assiste au triomphe du pape Jules II. C’est en revenant de Bologne à cheval, sur la route qui le conduisait en Angleterre, qu’il rédigera les premières pages d’un ouvrage qui fera sa renommée, l’Eloge de la Folie. Vaste satire de la société où il s’en prend aux superstitions de l’époque, aux grands du monde qui abusent de leur autorité et à tous ceux qui profitent lâchement de la faiblesse d’autrui. En Angleterre, où il enseigne le grec, il se lie d’amitié avec Thomas More, l’auteur de l’Utopie. A Louvain, chez nous, il fonde le Collège des Trois Langues dans lesquelles la Bible est écrite. Il y poursuivra la traduction, du grec en latin, du Nouveau Testament avec son commentaire. Ceci lui vaudra la rancœur de ses collègues, car il touchait au texte de la Vulgate de saint Jérôme, dont on voit le portrait au-dessus de la cheminée de la salle Renaissance : le saint se gratte la tête et il indique un crâne, semblant dire « Qui sommes-nous pour faire la leçon aux autres ? » dans un contexte funèbre. Le contexte de l’époque.


C’est la raison pour laquelle, en 1521, Erasme doit fuir l’université de Louvain. Il se réfugie un moment dans la maison de Pierre Wichman qui détenait, disions-nous, un exemplaire précieux de la Bible. Il y mettra la dernière main à la troisième édition du Nouveau Testament, avant de quitter définitivement les Pays-Bas pour s’installer à Bâle, chez l’imprimeur Jean Froben qui avait déjà édité plusieurs de ses livres. Par son abondante correspondance avec les humanistes de la Renaissance (Guillaume Budé, par exemple), par sa clairvoyance et sa tolérance d’esprit envers les autres, par son érudition, Erasme fut certainement le prince des humanistes, comme on le surnomma plus tard. Il a réussi à faire la synthèse entre la foi chrétienne et le retour aux sources antiques qu’il a célébrées dans ses Adages. Par-dessus tout, il détestait la guerre et la rupture religieuse qui se préparait entre catholiques et protestants, entre le pape et Luther au XVIe siècle. Il disait notamment : Bellum dulcissimum est inexpertis, la guerre n’est très douce que pour ceux qui ne la font pas ! Cela fait toujours mouche. Plus d’informations sur le site www.erasmushouse.museum ou en téléphonant au 02/521 13 83. Adresse : 31 rue du Chapitre à 1070 Anderlecht. Michel Lequeux

PORTRAIT SUCCINCT DE JEANNINE VANDENSANDE Jeannine Vandensande est Anderlechtoise et a effectué ses premiers pas artistiques dans l’atelier de Mirèze Aerts, où elle a pu se familiariser avec le crayon, les pinceaux et le fusain. Ensuite, elle a intégré l’atelier de Françoise Bellière, lieu de découverte des techniques mixtes (peinture et matériaux hétéroclites). Sans jamais avoir été inscrite dans l’une ou l’autre académie, elle pratique une peinture spontanée, loin des étiquettes et se fie à son bon goût pour générer des œuvres colorées, généreuses et qui mettent en avant sa sensibilité. Bien entendu, puisqu’il s’agit d’abstraction (même si on y devine l’esquisse de l’un ou l’autre objet !), les visiteurs n’ont pas besoin de piste de lecture. A chacun de se laisser envahir par ses suggestions les plus intimes pour, s’il le souhaite, donner un sens à ce qu’il perçoit. Disons-le tout de go, on se situe ici au plus profond de l’émotion, avec des toiles qui jouent l’équilibre entre le tangible et ce qui ne l’est pas et proposent des points de vue purement subjectifs, bien loin du terme « réalité ». Existe-t-il un seul point de vue tangible ou, au contraire, de multiples interprétations à un paysage abstrait, dissimulé derrière les mouvements de couleur et l’appel au rêve ? Récemment, Jeannine Vandensande était présente dans le cadre du Parcours Itinérart, où j’ai pu découvrir ses toiles récentes. Une rencontre sympathique. Daniel Bastié


RENCONTRE : AUDREY DEVOS Fille de violoniste, Audrey découvre dès l’âge de quatre ans une première forme d’expression artistique à travers la pratique de la musique et de cet instrument. Adolescente, attirée par le stylisme, elle suit des études secondaires en « Art Plastique » à l’Académie des Beaux-Arts de Namur et affine ses désirs de créations par l’intermédiaire du dessin. A cette même période, elle découvre ce qui deviendra sa quête artistique principale, le théâtre. Elle entame des cours du soir en « Théâtre et déclamations » au Conservatoire de Jambes. Un cursus scolaire qu’elle finalise en entrant au Conservatoire Royal de Bruxelles section Art dramatique. La voici sur scène où elle débute avec des pièces de Vaudeville et diverses comédies. Remarquée pour ses aptitudes de comédienne, elle est engagée par la chaîne RTL-TVI pour interpréter Rosetta, l’un des personnages clés du téléfilm en 3 volets « Panique au Palais » aux côtés,entre autres, d’André Lamy, Frédéric Dubus et Olivier Leborgne. Elle enchaîne plusieurs tournages « En fait », « Soin à domicile » ou encore la série « Adèle » pour Betv et RTL-TVI. Audrey participe également à la tournée de pièces de théâtre comme « Géhenne », second volet de la trilogie d’Ismaël Saïdi, « La coloc » de Patrick Chaboud au Magic Land Théâtre et « Olala Lola » d’Antoine Beauville au Comédie Centrale de Liège et de Charleroi. Parallèlement, elle offre sa voix à de nombreux doublages de films, séries, animations pour différents studios : « Orange is the New Black », « Soy Luna », « Barbie », ... Actuellement, elle laisse parler sa plume sur ce qui sera sa seconde pièce écrite, après « Les histoires d’@ » co-écrite avec Juan Marquez Garcia. « Diva » est une comédie entre café-théâtre et show burlesque. Allez découvrir cette artiste talentueuse dans la pièce « Si c’était à refaire » de Laurent Ruquier au théâtre de « La flûte enchantée » à Ixelles du 29 novembre 2019 au 5 janvier 2020. En attendant, vous pouvez aller faire un petit tour sur son site : www.audreydevos.com Silvana Minchella

UN KET DE BRUSSELLES : DE LUIS À ALICE Quand j’étais un pagadder (gamin) moi et ma sœur on allait acheter des chansons en ville. C’étaient les partitions des tubes à la mode. Rassure-toi, c’était pas Alice Dutoit ou Hamza (potverdekke quel nom dis, c’est pour faire la beuzze ou quoi ?). Nous on achetait la partition de « La belle de Cadix » par Luis Mariano ou bien « L’hymne à l’amour » d’Édith Piaf, paroles et musique. Comme ça on savait la jouer et la chanter à la maison. Ma sœur sur son piano et moi avec ma belle voix de contreténor qui a pas encore mué. Tu vas me dire que le texte de La belle de Cadix, c’est pas franchement du Verlaine, à quoi je te réponds que la prose de nos rappeurs (de carottes) c’est pas du Rimbaud non plus. Ara. Donc, on avait une « platine » déjà électrique, hein, on devait pas la faire tourner avec une manivelle ; sur ce tourne-disque qu’on appelait ça, on posait un 78 tours en cire toute noire, on engageait l’aiguille dans le sillon extérieur et vas-y Luis : ♫ la belle de Cadix a beaucoup d’amoureux… À la fin, quand ça commençait à grincer tu devais retirer l’aiguille.


Le jour d’aujourd’hui tu as une boule Quiès (allo qui est-ce ?) dans ton oreille, tu lances ton smartphone et youpie tralala, on te chante des trucs amerloque baragouiné à te casser la trompe d’Eustache en mille morceaux. Bref, une zieverdera (futilité, pour rester poli) juste pour te sortir ton poen (fric) de ta poche. Nous, on écoutait, et puis on s’y mettait : la mélodie au piano (mais tu dois savoir jouer du piano) et la chanson (mais tu dois savoir lire la musique). À Brusselles comme à Paris en 1910, on vendait des partitions dans la rue, des chanteurs chantaient a capella (ça veut dire sans accompagnement musical), ça mettait de l’ambiance. Le jour d’aujourd’hui ils ont tous des bouchons dans les oreilles, pour tous écouter la même chose, mais individuellement, tu vois, c’est plus tendance. Et quand ils écoutent ensemble, ça gueule tellement fort que le sol en tremble jusqu’à six kilomètres tout autour. Toujours leur mott ! mott ! mott ! et un texte à te vomir dessus. En 1910, une jeune fille nommée Mariette Vanden Abeele avait écrit (à la main, fieu, pas avec un traitement de texte qui fait tout à ta place si tu sais t’en servir) tout un recueil de textes de chansons populaires. Parfois des pas piquées des makeivers (hannetons) je te prie de le croire, mais ici on va pas faire dans l’érotique. Tiens, je t’en copie une plutôt sur le mode des Deux Orphelines (sur ordi : à la main, Mariette l’a déjà fait) : Elle habitait rue Nuit et Jour Dans le quartier de la Putterie Sa mère tenait une épicerie Et son père ne valait pas lourd Il était devenu poitrinaire À force de boire de la bière Dans les cafés d’alentour Un jour son père trépassa Et sa mère perdit l’épicerie Car pour la Jonction on rasa Tout le quartier de la Putterie Bien sûr, ça ne fait plus pleurer dans les chaumières et je parle là de la mode d’il y a plus d’un siècle. Ne viens pas me dire que je tchoule sur ma jeunesse, hein, je dis seulement qu’à force de tendre vers la facilité, on oublie l’essentiel, ou simplement, l’évidence. On dirait que dans notre société « moderne » l’effort est banni. On ne sait pas faire trente mètres à pied pour déposer son enfant à l’école, mais on dépense son fric à la salle de musculation !! Moi quand je marche, je fais pas ça sur un tapis roulant, alors que je sais le faire chaque jour sans payer un centime. Ara ! Évidemment je ne mets pas la tenue idoine, pas de chauffe-chevil-les violet-fluo, pas de bandana-publicité, pas de chaussures dernière technologie avec semelles-kangourou et ressorts spéciaux sous les talons. Juste une chemise anonyme, un pantalon de toile et des tennis blancs. Je ne me sens pas l’âme d’un homme-sandwich. Le « bon sens rassis » de nos pères, nous le perdons et c’est là notre péril. Notre dépendance est telle que nous croyant invincibles et supérieurs, nous ne voyons plus notre fragilité devant des aventures aussi simples que le manque d’eau. On sera bientôt noyés dedans, mais elle sera salée, imbuvable. Potverdekke allez, corogge (courage) les jeunes ! On est passé de Luis à Alice et on ne s’est pas rendu compte qu’on avait vieilli d’un millénaire. Georges Roland Retrouvez les romans bruxellois de Georges Roland sur www.georges-roland.com Ses deux titres les plus vendus : « Le brol aux marolles » et « Manneken Pis ne rigole plus » sont maintenant disponibles en format poche, ara ! « Schouppe du jour ! ». Les chroniques du ket sont disponibles en format ultra-poche sur le site de l’auteur.


CINÉ-VACANCES : LES INDESTRUCTIBLES 1 et 2 Des super-héros comme on ne les a jamais vus dans un film feu d'artifices lancé à toute vitesse sur le grand huit de l'action, voilà ce que nous proposent les studios Pixar avec « Les Indestructibles » 1 et 2 ! Deux merveilles et, sans doute, les plus beaux dessins animés réalisés depuis longtemps, à la fois chargés de puissance, drôles et attachants, sans chansons bêtifiantes et servies par des personnages ordinaires dotés de pouvoirs qui les poussent à vivre mille aventures pétaradantes. Le début de l’histoire nous propose une description du quotidien, dévoilant progressivement un monde rétro-futuriste dont les détails nous plongent dans un avenir que nous devinons proche. Puis arrive l'appel, impliquant les protagonistes dans une fantaisie réclamant beaucoup à l'univers exotique des James bond première période. La famille Parr est chaque fois contrainte de répondre à une mission, poussée à défier les plans les plus machiavéliques d’ennemis retors. L'air de rien, ce basculement (loin des mondes clos des précédentes créations de cette annexe des studios Disney) ouvre une infinité de perspectives. Jamais Brad Bird (réalisateur) n'avait atteint une telle noirceur, sans pour autant ralentir son avancée dans le territoire des images de synthèse. Bien entendu, depuis la sortie en salle du premier opus (2004), beaucoup de choses ont évolué. Certain de fédérer à nouveau un public d’inconditionnels, l’artiste a donné une suite à cette première mouture en créant en 2018 le second volet. Entre les deux, il s’est notamment investi dans « Ratatouille » et les effets digitaux de « Mission impossible : protocole fantôme », de gros succès au box-office. Conjuguer burlesque et énergisant permet au rythme de ne jamais faiblir, servi dans un écrin splendide. Le Centre culturel Escales du Nord nous propose de revoir « Les Indestructibles » le mardi 20 et le mercredi 21 août et « Les Indestructibles 2 » le mardi 27 et le mardi 28 août 2019 à 14 heures à la salle Molière, entièrement reliftée. Prix d’accès à chaque projection : 1, 50 euro. Plus de détails sur le site www.escalesdunord.brussels Rue d’Aumale, 2 à 1070 Bruxelles Daniel Bastié

THÉÂTRE : LA CONVIVIALITÉ Quoi ! Une conférence-spectacle sur l'orthographe donnée par deux ex-profs ? Détendez-vous ! Sous une forme ludique, instructive et interactive, ces iconoclastes de la langue française décortiquent ses absurdités avec beaucoup d'humour. Que vous soyez des traumatisés du Grévisse ou fassiez partie des puristes assidus au Robert, ils vous convient à débattre des préjugés durement ancrés concernant la langue, l'instruction et l'écriture. Pour ne pas trop dévoiler le contenu de la pièce, débutons par un rébus : mon premier est comme le silence, mon second est le contraire de tard, mon troisième est un graffiti et mon tout est affaire d’écriture… Disons aussi : un moine copiste, des petites saucisses, un tatouage, un hibou, Albert Einstein et la pataphysique. Soyez confiants, il s’agit d’une soirée entre amis, où sera mis au pilori un dogme qui s’ignore. Un dogme intime lié à l’enfance. Un dogme qui détermine notre rapport à la culture et à la tradition. Avec Arnaud Hoedt et Jérôme Piron, on prend conscience que l'orthographe française, en plus d'être un vrai casse-tête, est tout sauf logique. Et surtout, que ses racines sont plus fantasmées que l'on veut bien l'admettre. On s'amuse autant que l'on s'interroge sur notre attachement à cette fameuse orthographe, adoration pour les uns, parcours du combattant pour les autres. Tout le monde a un avis sur la question. Et pourtant, il ne s'agit peut-être que d'un énorme malentendu. Allez vous rendre compte de leur performance et forgez-vous un avis au Karreveld le lundi 19 août 2019 à 20 heures 45 ! Plus de détails sur le site www.bruxellons.be Avenue Jean de la Hoese, 32 à 1080 Bruxelles


FIESTA LATINA Durant trois jours, le festival le plus caliente de la capitale vous plonge dans une ambiance tropicale et festive. Quarante mercadillos définiront les pourtours d’une rue éphémère aux couleurs de l’Amérique du Sud animée de concerts, spectacles ambulants, cours de danses et autres surprises. Vivez en live des performances explosives et épicées de groupes musicaux et Djs latinos. Ajoutez à cela une pincée de Lucha libre, une louche de danseuses de samba, des animations pour enfants, une Batuqueria déambulant dans tout le festival, et goûtez aux plaisirs exotiques. Un événement à ne pas manquer le vendredi 23, le samedi et le dimanche 25 août 2019. Plus de détails sur le site www.fiesta-latina.be Bois de la Cambre à 1050 Bruxelles Sam Mas

BRUSSELS GAMES FESTIVAL La septième édition du « Brussels Games Festival » aura lieu dans l’écrin verdoyant du Parc du Cinquantenaire et offrira un panorama de tout ce qui se fait de mieux dans le domaine du jeu de société. Populaire, familiale et gratuite, cette rencontre étalée sur trois journées a pour vocation de rassembler tous les amateurs (ainsi que les curieux) dans un cadre convivial. L’opportunité de découvrir et de tester des centaines de nouveautés et des classiques (peut-être pas tous connus ?) avant un potentiel achat en magasin. Sur place, des animateurs seront là pour conseiller, diriger et familiariser les visiteurs avec un monde pas uniquement destiné aux enfants. Aussi, une zone spécialement conçue pour présenter à quoi joueront les adultes de demain, car l’avenir se prépare aujourd’hui. Egalement la présence de nombreuses boutiques spécialisées, de ludothèques et de clubs. Il y aura bien sûr de quoi perdre la tête, avec des stands tous azimuts et des éditeurs venus pour se présenter. Enfin, des tournois, une bourse aux jeux de seconde main, une nuit du jeu et des surprises à gogo seront organisés Le thème de cette année porte sur l’écologie, question de ne pas ignorer les graves problèmes qui plombent notre monde et se montrer citoyen. Ce sujet sera traité à travers une publication (BGF Mag), des animations, des rencontres-débats, des conférences et des productions audiovisuelles. Intéressé ? Le « Brussels Games Festival » se déroulera du 23 au 25 août 2019 sur l’esplanade du Cinquantenaire. Plus de détails sur le site www.brusselsgamesfestival.be Parc du Cinquantenaire à 1000 Bruxelles Paul Huet EAT ! BRUSSELS DINK ! BORDEAUX Le festival des amateurs de bonne chère est de retour avec la présence de nombreuses enseignes gourmandes bruxelloises. Un festival unique en son genre qui invite les visiteurs à se familiariser avec la gastronomie d’ici et d’ailleurs. Une idée qui a vu le jour voilà quelques années et qui se veut un événement à la fois gustatif, urbain et créatif, puisqu’il invite à partager une série d’expériences culinaires dans les allées verdoyants du parc de Bruxelles sans se prendre la tête et en laissant la morosité de la rentrée accrochée à une patère de vestiaire. De grands chefs, des œnologues et d’excellents vins de Bordeaux vous fixent rendez-vous pour titiller les palais. A découvrir du 5 au 8 seprembre 2019 au parc de Bruxelles. Plus de détails sur le site www.eat.brussels.fr Parc de Bruxelles à 1000 Bruxelles Sam Mas


THÉÂTRE : ILS SE SONT AIMÉS Rien n’est plus fragile qu’un couple. Alors qu’ils s’étaient juré fidélité, deux êtres sont soumis aux vicissitudes de l’existence et passent par tout le nuancier des émotions, accumulant des souvenirs pas toujours somptueux et d’autres qui réveillent l’un ou l’autre souvenir amène. A mesure que le temps a passé, la frustration s’est cimentée, les reproches se sont durcis, l’habitude a tué le plaisir et les mensonges (petits et grands !) ont élimé la confiance. Possède-t-on toujours la capacité de pardonner et de remettre le compteur à zéro ? Isabelle et Martin n’ont évidemment jamais été d’accord sur tout même si, au départ, ils croyaient à la perfection et à l’indéfectibilité de leur union. Progressivement, le quotidien les a rattrapés pour faire son œuvre en marquant les gestes ordinaires de lassitude ou d’agacement, en rétrécissant la vision qu’ils avaient de l’avenir, en alourdissant les pensées et les choix à poser. Aujourd’hui ont-ils envie de poursuivre la route à deux ? Muriel Robin et Pierre Palmade nous proposent un spectacle conçu comme une succession de saynètes ou sketches indépendants qui analysent la vie conjugale et auscultent les imbroglios qui font qu’on est amené à régler ensemble une série de difficultés qui ne se seraient jamais présentées en demeurant célibataire. Il ne suffit pas de s’aimer, mais de s’accorder sur une pléiade de points aussi basiques que la relation au reste de la famille (ah ! la belle-mère), l’aménagement de l’appartement, l’organisation des repas, la priorité ou non des vacances ou l’achat d’une voiture neuve. Alors que les auteurs auraient pu tremper leur plume dans l’encre de la tragédie, ils choisissent le ton de l’humour, avec des répliques qui ricochent tous azimuts, des jeux de mots, un zeste de mauvaise foi et une vision pas si déformante du quotidien d’un ménage, avec ses hauts et ses bas, ses enthousiasmes et ses énormes instants de solitude. Si vivre seul ressemble parfois à un drame, en tandem la situation ne devient pas forcément une sinécure. Bien entendu, « Ils se sont aimés » n’entend pas psychanalyser le couple ni apporter l’une ou l’autre réponse face aux dissensions inévitables. Il se contente de brosser le portrait d’une femme et d’un homme qui sincèrement ont mis tout en œuvre pour réussir leur mariage et qui, malgré leurs efforts, se sont abîmés au contact l’un de l’autre. Maria del Rio est impeccable de spontanéité et de fraîcheur pour donner la réplique à Pierre Pigeolet qui, ici, interprète un époux fier et un brin naïf, mais tout aussi attachant. Sociologiquement, cette pièce nous renvoie le reflet de notre vécu et évoque moult situations connues, vues ou entendues. On rit énormément de se reconnaître ci et là, de voir les comédiens donner corps à nos réactions et de les prolonger parfois jusqu’à l’absurde. Si vous souhaitez passer une belle soirée à vous dégeler les zygomatiques sans honte de vous laisser aller, je ne peux que vous conseiller l’acquisition d’un ticket. « Ils se sont aimés » est à applaudir les 16, 27 et 28 août 2019 à 20 heures 45 au Karreveld. La mise en scène de David Michiels, dans un décor épuré, contribue grandement à ce bon moment de détente et de satisfaction. Retrouvez tous les détails pratiques sur le site www.bruxellons.be Avenue Jean de la Hoese, 32 à 1080 Bruxelles Daniel Bastié


CYCLE AGNES VARDA Agnès Varda nous a quittés à l'âge de 90 ans en mars dernier. Photographe, cinéaste puis plasticienne, elle a marqué de son empreinte le monde des arts (et le cinéma en particulier), au point d'être la première femme réalisatrice à recevoir un Oscar d'honneur pour l'ensemble de sa carrière. Une carrière que la Cinematek vous propose de revisiter en quelques trente-quatre films. Figure annonciatrice de la Nouvelle Vague, elle laisse peut-être une des filmographies les plus originales et singulières du cinéma français. Dès son premier film, « La Pointe courte », dans lequel elle raconte les déboires conjugaux d'un couple, elle adopte un ton libre et audacieux qui annonce le jeune cinéma français des années 1960. En 1961, avec « Cléo de 5 à 7 », qui suit en temps réel les déambulations d'une jeune femme qui angoisse dans l'attente des résultats d'un examen médical, elle rencontre succès public et critique et scelle définitivement son destin de cinéaste. Dès ses débuts, elle alterne courts et longs métrages, documentaires et fictions, films poético-ludiques et sujets plus graves. Que ce soit à Paris (« L'OpéraMouffe », « Daguerréotypes », « Les Dites Cariatides », « L’une chante, l’autre pas »), à Los Angeles (« Mur murs »), à San Francisco (« Oncle Yanco ») ou à Ispahan (« Plaisir d'amour en Iran »), elle promène sa caméra par des chemins singuliers et livre des créations qui résistent à toute classification. Militante, elle se fait également témoin de son époque. Sur un mode plus intime, elle signe « Jacquot de Nantes », un portrait plein d'amour et de tendresse de son défunt mari, le cinéaste Jacques Demy. En 2000, avec « Les Glaneurs et la glaneuse », dans lequel elle relève les manquements de la société de consommation, elle adopte le format ultra léger de la caméra mini DV, ce qui lui permet d'être au plus proche des personnes qu'elle filme. Inlassable, trois ans avant sa mort, à l'âge de 87 ans, elle sillonnait encore les routes de France en compagnie de l'artiste-photographe JR, improvisant un film au gré des rencontres. En guise de testament, elle nous laisse « Varda par Agnès », un périple biographique qui retrace plus de soixante ans de vie et de carrière. On a surtout oublié qu’elle tenait à ses liens avec la Belgique, puisqu’elle était née à Ixelles en 1928 et y avait passé son enfance, avant de fuir le pays au moment de l’invasion allemande pour aller vivre à Sète, puis à Paris. Naturellement, la Cinematek ne pouvait pas demeurer insensible à son décès et propose une formule de rattrapage en projetant l’essentiel de ses courts et longs métrages. Ces derniers sont à (re)voir jusqu’au 23 août 2019. Plus de détails sur le site www.cinematek.be Rue Baron Horta, 9 à 1000 Bruxelles


CYCLE LAUREL ET HARDY Stan Laurel (de son vrai nom Arthur Stanley Jefferson) est né le 16 juin 1890 à Ulverston dans le Lancashire en Angleterre du nord. Sa mère Madge Metclafe et son père Arthur Jefferson étaient comédiens de théâtre. Oliver Norvell Hardy est né le 18 janvier 1892 à Harlem en Georgie aux Etats-Unis. À l'âge de deux ans, ce dernier a perdu son père. Passionné pour le chant lyrique, sa mère n’a jamais cessé de l’encourager. On l’a oublié, mais il a décroché un diplôme de droit pour devenir avocat, métier qu’il n’a jamais exercé. Leur duo s’est formé officiellement à l'occasion du film « The Second Hundred Years » en 1927, même si leur première rencontre à l’écran a eu lieu en 1917 dans « The lucky dog ». Ils ont formé un couple unique dans la sphère du cinéma basé sur un rapport de force et de protection, souvent dans des bagarres ritualisées. Ils ont joué dans de nombreux films burlesques muets et parlants qui ont enchanté les spectateurs d’avant-guerre et qui sont aujourd’hui devenus des classiques. Par sa corpulence, Hardy s’est imposé comme le chef de l'association, l'incarnation du Père et dirigeant toujours les opérations, mais également éternelle victime des maladresses de son co-équipier. Quant à Laurel, il a acquis une place de grand enfant, de naïf rêveur, de curieux ébahi et de chétif. Dans la vraie vie, il s’est pourtant marié à cinq reprises, authentique séducteur. Il a été rapporté qu’il était le gagman, celui qui inventait les sketches, extrêmement doué pour le mime, le décalage et le tempo à imposer à un moyen ou à un long métrage. Dès le milieu des années 40, ils sont amenés à prendre conscience que la mode a changé et, fauchés, ont terminé péniblement leur existence, parce qu’ils n’ont jamais pris soin de préciser qu’ils percevraient u cachet dans le cadre des diffusions de leurs vieux films à la télévision comme dans les cinémas de quartier. En quelques mois d’intervalle, la maladie les a frappés durement. En 1955, Stan Laurel est terrassé par une hémiplégie. En 1956, c'est Oliver Hardy qui est transporté d'urgence à l'hôpital pour une hémorragie cérébrale. Une fin beaucoup moins drôle que les souvenirs qu’ils nous ont laissés. La Cinematek leur consacre jusque fin août 2019 un cycle qui prouve à quel point leur niveau de jeu avait atteint un point d’excellence et représente, au-delà du mythe, une œuvre riche devenue culte. Plus de détails sur le site www.cinematek.be Rue Baron Horta, 9 à 1000 Bruxelles Paul Huet


EXPOSITION : MULTIPLE TRANSMISSIONS - ART IN THE AFROPOLITAN AGE Cet événement prend comme point de départ les artistes africains ayant participé au programme de résidences du Wiels entre 2015 et 2019. Aujourd’hui composantes à part entière du paysage artistique mondial, les résidences mettent les créateurs en mouvement de par le monde, tout en les immergeant en un endroit donné pendant une période déterminée. Les plasticiens, et plus particulièrement les plasticies africains, sont devenus les habitants successifs de plusieurs lieux et villes. Principalement développé par le penseur Achille Mbembe, le concept fait référence aux cultures et esthétiques transnationales du XXIe siècle s’identifiant comme africaines. À la fois à l'intérieur et hors du continent, leurs itinérances physiques et mentales ont développé chez eux des géographies radicalement plurielles. Créées entre Kinshasa, Lubumbashi, Johannesburg et Bruxelles, leurs travaux sont ici présentés à côté d’autres pratiques artistiques tout autant imprégnées de ces mouvements globaux. Le mérite de l'Afropolitanisme est de nous forcer à reconnaître la multiplicité des influences et héritages transversaux et globaux qui sont ceux des artistes africains d’aujourd'hui. À une époque où les régimes politiques dans le monde témoignent d’une montée alarmante de la xénophobie, lorsque les frontières se dressent partout et les migrants sont abandonnés à leur sort, l’Afropolitanisme offre un formidable modèle de cohabitation harmonieuse et de métissage, loin du repli sur soi et de la peur de l’autre. Cette exposition est à découvrir au Wiels jusqu’au 18 août 2019. Plus de détails sur le site www.wiels.org Avenue Van Volxem, 354 à 1190 Bruxelles EXPOSITION : MARIO GARCÍA TORRES - ILLUSION BROUGHT ME HERE Voici la première exposition muséale de Mario García Torres en Belgique. À cette occasion, l'artiste mexicain présente sa propre version condensée d'une rétrospective. A savoir, une nouvelle pièce intitulée Silence’s Wearing Thin Here, composée de voix et de bandes sonores de ses œuvres antérieures. L’artiste y dévoile des histoires mineures ou obscures, avec une prédilection pour l'art et la musique d'avant-garde des années 60 et 70. Il recrée des expositions historiques et complète des travaux inachevés tout en floutant les originaux et les reconstitutions, le passé et le présent. Il entre en dialogue avec des personnalités énigmatiques et radicales qui étaient surtout actives avant sa naissance, comme l'artiste bruxellois Marcel Broodthaers ou le compositeur américano-mexicain Conlon Nancarrow. Il y a environ quatre ans, García Torres a cessé de dater ses créations, comprenant des performances et des installations cinématographiques, sculpturales et picturales. Ce faisant, il sape encore plus le récit d'un travail et d'une carrière en tant qu'évolution progressive au fil du temps. Cet événement est à voir au Wiels jusqu’au 18 août 2018. Voyez tous les détails sur le site www.wiels.org Avenue Van Volxem, 354 à 1190 Bruxelles


COMÉDIE MUSICALE : MY FAIR LADY A Covent Garden et par un soir pluvieux, une jeune vendeuse de fleurs (Eliza Doolittle) tente d’écouler quelques violettes aux riches bourgeois qui sortent de l’opéra. Un jeune homme se heurte à elle par nonchalance et abime ses fleurs. Elle est néanmoins soulagée quand un vieil homme, M. Pickering, lui achète une fleur. Mais elle s’inquiète parce qu’un autre gentleman prend des notes au sujet de la manière dont elle parle. Il se présente à M. Pickering et parie qu'il peut faire d’Eliza une lady, rien qu’en améliorant sa façon de s’exprimer. L’histoire débute. La pièce de George Bernard Shaw (Pygmalion) a d’abord été jouée dès 1914, avant de devenir un film en 1938 sous la réalisation d’Anthony Asquith et Leslie Howard, puis une comédie musicale à Broadway sous le titre « My Fair Lady » (1956). Naturellement, le cinéma s’est emparé de ce triomphe en chanté avec Rex Harrison et la fascinante Audrey Hepburn. Un succès planétaire qui brosse un portrait assez féroce de la haute société londonienne. Créer « My fair lady » à Bruxelles a été un challenge dont on découvre aujourd’hui le résultat. Pour ce faire, il fallait des comédiens qui sachent à la fois jouer la comédie, danser et chanter. A cela, « My fair lady » ne représente pas un décor mais cinq ou six. Il a donc fallu organiser des changements rapides et permettre, au milieu des accessoires en mouvement, aux comédiens de sortir de scène (éventuellement de faire un changement rapide de costume ou de perruque en coulisses n'ayant pas le temps de retourner jusqu'aux loges, ...). Quant à la partition, elle a été décryptée note par note, afin de définir, en accord avec les options dramaturgiques, son rythme et ses équilibres. Lorsqu’on assiste à une représentation, on n'imagine pas le travail qui a été nécessaire en amont pour qu'un orchestre live et vingt-cinq chanteurs soient à l'unisson dans le cadre d’une représentation en plein air. Un spectacle à découvrir au Karreveld jusqu’au 7 septembre 2019. Plus de détails sur le site www.bruxellons.be Avenue Jean de la Hoese, 32 à 1080 Bruxelles Paul Huet THÉÂTRE : L’EMMERDEUR « L’Emmerdeur », ce classique de Francis Veber revient sur les planches avec Pierre Pigeolet, Daniel Hanssens, Victor Scheffer, Pierre Poucet, Laurence D’Amélio et Michel Hinderyckx. Un bel exemple de comique de situation qui oppose deux hommes qui, jamais, n’auraient dû se rencontrer. Si le rire naît du contraste entre un vendeur dépressif, cocu de surcroît, et un tueur à gages venu éliminer une cible, une part du succès vient des dialogues ciselés par le maître-d’œuvre. On se souvient évidemment de la prestation de Jacques Brel dans le rôle de François Pignon et de Lino Ventura en « monsieur Milan ». Un peu moins de la version cinéma avec Patrick Timsit et Richard Berry. Qu’importe ! Il s’agit ici d’oublier tout ce qu’on a vu précédemment pour se laisser embarquer par une adaptation bien de chez nous et qui n’a pas à rougir avec ce que les Français sont capables de proposer. Si ce ne sera peut-être pas la surprise du récit qui vous poussera à assister à ce spectacle, sachez que le jeu des comédiens vaut mille fois le déplacement. Daniel Hanssens campe ici un emmerdeur incontournable, qui va empoisonner la mission de son voisin de chambre. « L’emmerdeur » (ou comment tenter de se défaire de quelqu’un qui ne pense qu’à se suicider et s’accroche obstinément à vous) est à voir les 2 et 3 septembre 2019 à 20 heures 45 au Karreveld. Un régal ! Plus de détails sur le site www.bruxellons.be Avenue Jean de la Hoese, 32 à 1080 Bruxelles Daniel Bastié


LOISIRS : HELLO SUMMER Après dix-sept ans de bons et loyaux services, Bruxelles-lesBains ne pourra pas prendre place sur les berges du canal (station Yser), car ces dernières seront en chantier durant tout l’été. Pour remplacer cet événement incontournable de la capitale, l’échevine de la Culture et du Tourisme Delphine Houba a concocté plusieurs longs week-ends festifs qui, chaque semaine, seront décentralisés. Au menu : projection de films, danse, activités familiales et sport … mais accompagnés de sable fin, de transats et de paillotes ! L’agenda a été fixé comme suit : le square Ambiorix (du 8 au 11 août), la place Peter Benoît (du 15 au 18 août) et le square Léopold (du 22 au 25 août). Baptisé « Hello summer », il a pour objectif d’apporter un air de vacances dans la métropole et d’oser du neuf. A tester pour se faire une idée …

EXPOSITION : BRUEGEL - THE ORIGINALS A l’occasion du 450e anniversaire de la disparition de Pieter Bruegel l’Ancien, les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique honorent le grand maître flamand à travers divers projets. Pieter Bruegel l'Ancien est l'un des peintres les plus célèbres de la Renaissance. Pourtant, seulement une quarantaine de tableaux de sa courte carrière (il mourut en 1569 vers l'âge de quarante ans) ont été conservés, ce qui les rend rares et extrêmement précieux. Les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique abritent le deuxième plus grand ensemble de peintures de cet artiste. Au Musée des Maîtres Anciens, vous pourrez admirer plusieurs de ses travaux : La chute des anges rebelles (1562), le Paysage d'hiver avec patineurs et trappe aux oiseaux (1565), Le dénombrement de Bethléem (1566) et L'adoration des mages. De plus, de nombreuses copies créées par ses fils et d'autres disciples (anonymes) vous permettent d'explorer encore plus en profondeur l'œuvre de ce brillant dessinateur et coloriste. Pour dynamiser cet événement, la Bruegel Box vous emmène au cœur de son œuvre avec trois vidéos – chacune concerne une peinture – qui proposent une immersion par projection HD sur les murs (du sol au plafond). Les peintures concernées sont Les Proverbes, La Prédication de Saint Jean-Baptiste et La chute des anges rebelles. Une exposition à admirer jusqu’au 31 décembre 2019. Plus de détails sur le site www.fine-arts-museum.be Rue de la Régence, 3 à 1000 Bruxelles


THÉÂTRE : L’HEUREUX ÉLU La dernière pièce aux deux Molière d’Eric Assous se retrouve cet été au Karreveld. Auteur prolifique et réputé, celui-ci signe avec « L’heureux élu » une nouvelle variation qui met à mal l’amitié et les relations humaines. Après « Les belles-sœurs », « Nos femmes », « Les hommes préfèrent mentir », etc., il nous plonge au cœur d’une soirée au cours de laquelle la jolie Charline présente celui avec lequel elle envisage de se marier. Un homme trop beau, trop riche et trop bien éduqué pour le clan de vieux beaux qui se revendiquent de gauche. Très vite, la belle déchante en se confrontant aux réflexions de ceux sur lesquels elle croyait pouvoir s’appuyer. Eric Assous livre une pépite où le verbe fuse, où les répliques se révèlent d’une vibrante acuité et où les caractères s’emballent. Il nous parle également des liens indéfectibles (ou qui devraient l’être !) qui unissent des connaissances de toujours et qui voient leur sphère perturbée par l’irruption d’un intrus, étranger aux codes et aux modes de fonctionnement du groupe. Que faire ? Taire les ressentis, feindre le silence ou prononcer un avis qui, forcément, risque de heurter ? L’amitié implique-t-elle de clamer haut et fort ce qu’on a sur le cœur, de se livrer sans limites ou, plutôt, de veiller à ménager celles et ceux qu’on apprécie ? Puis, un avis relève-t-il toujours de la pertinence et de l’objectivité ? Enfin, aimer réellement un proche n’impliquet-il pas de respecter ses choix ? Comme on se situe sur le monde des planches, les tempéraments s’exacerbent, les répliques fusent et la situation emprunte une piste savonneuse pour le plus grand bonheur du public venu assister à un jeu de massacre jubilatoire. Ce qui pourrait tourner à la seule joute orale se double d’une véritable épaisseur sociale. Lorsque les masques tombent, chacun se révèle dans toute sa petitesse, avec son esprit étriqué et son égocentrisme. Au lieu de se réjouir du bonheur de Blandine, les copains se renfrognent et adoptent un réflexe grégaire, qui fait la force et pose les limites de la meute. L’occasion de darder quelques poignards bien acérés et d’exhumer d’anciennes rancunes. « L’heureux élu » se situe au niveau d’une comédie bien troussée et non du drame. Durant une heure trente, les spectateurs naviguent en eaux troubles et découvrent jusqu’où chacun est capable de s’enfoncer. Du coup, ils deviennent témoins d’un feu d’artifices de mauvaise foi, d’arguments acidulés et d’échanges qui, fatalement, tournent au pugilat. A mesure que le venin se distille, l’auteur abat ses cartes avec méthode et nous réserve moult retournements de situations. A nouveau, il nous parle de quarantenaires, engoncés dans leurs principes, incapables de se projeter en avant et convaincus d’être dans le vrai. Avec humour, il balaie les certitudes et montre chacun sous son vrai visage, au demeurant peu reluisant. Martine Willequet propose une mise en scène pleine de rythme et de couleur et se sert merveilleusement du mimétisme de Christel Pedrinelli, Nicole Oliver, Frédéric Nyssen, David Leclercq et Nicolas Buysse pour décrire les lâchetés ordinaires et l’exubérance de protagonistes qui n’ont de leçons à donner à personne. Un miroir de notre quotidien ? « L’heureux élu » est à voir ou à revoir le 1er septembre 2019 à 20 heures 45 au Karreveld. Plus de détails sur le site www.bruxellons.be Avenue Jean de la Hoese, 32 à 1080 Bruxelles Daniel Bastié


CONCERT : BRUSSELS SUMMER FESTIVAL Le festival de musique urbaine revient au cœur de la capitale avec une affiche fantastique. Il est l’un des seuls en son genre en Europe et un incontournable de l’été en Belgique. Les vedettes s’y bousculent, côtoyant répertoire attendu et découvertes. La programmation se veut à chaque fois plus éblouissante et très représentative des tendances du moment : rock, pop, rap et électro. Des artistes comme Christine & The Queens, Booba, Kyo, Lost Frequencies, Alvaro Soler, Rudimental, Feu! Chatterton, Blanche, MØ, Caballero & JeanJass, Mustii, Alice et Moi, Ozya, The Magician, Giorgio Moroder, Les Fatals Picards, Hooverphonic, Son Lux et, parmi d’autres, Hyphen Hyphen viennent enflammer le podium, apportant de grands élans de vitalité au quartier royal, à la Place des Palais au Mont des Arts et à la place du Musée. On le sait, les décibels vibreront durant cinq jours de fête quasiment ininterrompue. Cinq jours d’euphorie avec une ambiance unique dans un décor unique ! Cela se déroule du 14 au 18 août 2019. Voyez le programme complet des réjouissances sur le site www.bsf.be Sam Mas

FESTIVAL BOTERHAMMEN IN HET PARK Chaque jour de la dernière semaine d’août, Le « festival Boterhammen in het park », organisé par l’Ancienne Belgique, revient cette année au Parc de Bruxelles durant la dernière semaine d’août. L’occasion de manger leur pique-nique (pour ceux qui sont en congés) et leur sandwich ou leur tartine (boterham, en néerlandais) pour ceux qui ont repris le chemin du boulot en écoutant des artistes se produire dans le kiosque historique du lieu. Non contraignant, cet événement a été pensé comme une transition sympathique vers la rentrée de septembre. Cela se passe chaque midi et est tout à fait gratuit. L’occasion de découvrir successivement Eva De Roovere, Lenny & De Wespen, Ertebrekers, Berlaen, Kapitein Winokio & Nekia, Bart Peteers et, parmi plusieurs autres, Jan De Wilde. Des artistes plutôt connus en Flandre et dont le talent ne demande qu’à traverser la frontière linguistique. On le sait, la musique est universelle et permet aux peuples de fraterniser. Cela se déroule du 26 au 30 août 2019. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.abconcerts.be Sam Mas


EXPOSITION : WASTERLAIN Depuis qu’il a découvert le talent de Wasterlain, Franquin collectionne ses pages et ses dessins dans une chemise qu’il montre un beau jour à notre auteur éberlué, lui qui peine à se faire publier. Assistant de Peyo qui, submergé par le succès des Schtroumpfs, ne peut plus lui fournir assez de travail, il a tenté de lancer deux séries dans Tintin sans bénéficier de leur édition en albums. Les encouragements de Franquin arrivent au moment où le magazine Spirou l'accueille enfin, lui ouvrant la porte des éditions Dupuis. Alors qu’il démarre dans des conditions rocambolesques les aventures poétiques, fantastiques et humoristiques du Docteur Poche, Wasterlain se casse la main droite. Du coup, son trait rond et régulier devient plus sec et anguleux, au point que sa nouvelle manière de dessiner va faire des émules. Dans cette période où une nouvelle génération d’auteurs arrive sur le marché avec l’intention d’échapper au style « gros nez », son influence est très visible, surtout chez les nouveaux auteurs du journal Spirou. Très vite, avec son Docteur Poche plein de fantaisie, sensible et écologique avant l’heure, Wasterlain est catégorisé comme « le poète de la BD », une renommée qui lui vaut de nombreux prix mais qui l’accable. Prenant le contre-pied, il crée alors Jeannette Pointu, une, photographe de presse parcourant le monde pour témoigner des guerres lointaines et des peuples oubliés ou en souffrance. Ses récits aventureux, très documentés, sont racontés avec une profonde empathie. Mais le parcours de Wasterlain n’est pas un long fleuve tranquille. Très attaché à la prépublication de ses histoires dans la presse hebdomadaire, il vit difficilement les bouleversements qui secouent les maisons d’éditions traditionnelles qui passent d’un propriétaire à l’autre. Alors que son Docteur Poche s’adresse désormais à un public plus jeune, il retrouve sa verve fantastico-humoristique avec Gil et Georges, puis crée les Pixels pour un public juvénile auquel il n’a finalement jamais cessé de s’adresser. Avec Marc Wasterlain, c’est toute une page de la BD belge qui est évoquée dans cette exposition qui rend justice à son immense talent. Une exposition à découvrir jusqu’au 15 septembre 2019 au Centre belge de la Bande dessinée. Plus de détails sur le site www.cbbd.be Rue des Sables, 20 à 1000 Bruxelles EXPOSITION : SIGNÉ GRIFFO Avec SOS Bonheur ou Monsieur Noir, l’auteur de la série Giacomo C a dessiné quelques jalons parmi les plus importants de la BD des trente dernières années. Formé à l'Académie des Beaux-Arts d'Anvers, Griffo reprend brièvement les personnages de Modeste et Pompon dans Tintin avant de bourlinguer dans le vaste monde. De retour en Belgique au début des années ‘80, il abandonne le dessin publicitaire où il excellait pour s'aventurer dans la bande dessinée réaliste, imposant d’emblée un style original inspiré des grandes signatures françaises Moebius, Tardi et Bilal. Dès sa première tentative, l’efficacité de son dessin séduit des scénaristes comme Dufaux, Van Hamme ou Cothias. Tout le monde s'arrache désormais le dessinateur de "Giacomo C.", une série qu'il vient de relancer pour le plus grand bonheur de ses fans. Une exposition est consacrée à son œuvre jusqu’au 24 novembre 2019 au Centre belge de la Bande dessinée. Plus de détails sur le site www.cbbd.be

Rue des Sables, 20 à 1000 Bruxelles Sam Mas


EXPOSITION : #SPIROU4RIGHTS Saviez-vous que l'Atomium, créée pour l'Expo 58, symbolisait l’expression de la volonté démocratique d’entretenir la paix entre toutes les nations et de la foi dans le progrès ? Elle incarnait une vision optimiste de l'avenir d'un monde neuf, moderne et hyper-technologique qui devrait permettre à tout humain de vivre mieux. Et aujourd'hui encore, le symbole de Bruxelles et de la Belgique perpétue ces valeurs humanistes à travers ses évènements et expositions. C’est pourquoi, lors de votre visite de ce monument, vous pourrez redécouvrir la Déclaration universelle des droits de l’homme via Spirou et 29 autres héros de la bande dessinée. Spirou, créé il y a 80 ans par Robert Velter, est un grand héros de la bande dessinée belge et est reconnaissable d’entre tous avec sa tenue de groom rouge. Il a en effet toujours prôné des valeurs telles que le respect de l'autre, le refus de la tyrannie, la justice, le courage, la générosité et la liberté. Le choix parfait pour être nommé défenseur des droits de l'homme par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme. Certainement pour cette année commémorative de la Déclaration, conçue il y a 70 ans au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, afin de créer un ensemble commun de réalisations pour tous les peuples et toutes les nations, et de définir les droits fondamentaux qui doivent être universellement protégés. Une exposition temporaire à découvrir jusqu’au 4 novembre 2019. Plus de détails sur le site www.atomium.be Place de l'Atomium, 1 à 1020 Laeken

THÉÂTRE : VOUS AVEZ DIT BROADWAY ? Avec Julie Delbart, sa complice et formidable pianiste, sous le regard du metteur en scène de « Cabaret », Antoine Guillaume vous fera chavirer tant il possède l’art et la manière pour nous entrainer à sa suite dans les coulisses de « Hair », les dessous de « Cats », les anecdotes de « Fame », les succès usurpés, les vrais chefs-d’œuvre … Sur les traces de Julie Andrews et Gene Kelly, redécouvrez ces airs qui nous habitent. Promis, ça vous donnera l’envie de chanter ! « Vous avez dit Broadway ? »... Ce sont des retrouvailles. Ça va swinguer pour l’été ! Do you want to sing in Molenbeek ? L’histoire de la comédie musicale est foisonnante, elle plonge ses racines dans la grande Histoire de la société américaine du XVIIIe pour arriver jusqu’à nous. Antoine Guillaume, passionné et passionnant, raconte et chante les premiers pas, les grands moments, tous les courants et les étapes majeures de cet art dit « mineur ». Parce qu’à toutes les époques, cette grande sœur du Music-Hall, sous ses dehors d’entertainment a souvent dit en chansons ce qui n’était plus audible sans musique. Elle illumine les périodes sombres et fait la nique au climat, en dansant dans les flaques sous un parapluie, par tempête et grand vent, en attendant qu’il tourne ! Un show live à revoir au Karreveld les 15 et 25 août 2019 à 20 heures 45. Retrouvez tous les détails pratiques sur le site www.bruxellons.be

Avenue Jean de la Hoese, 32 à 1080 Bruxelles


LA FOIRE DU MIDI EST DE RETOUR ! Tradition oblige, la Foire du Midi revient tous les étés dans le centre de Bruxelles pour offrir aux citadins des attractions chaque fois plus impressionnantes. Une fois encore, elle prend ses quartiers le long du boulevard du Midi, entre la porte de Hal et la porte d'Anderlecht. Au programme : cent trente-cinq attractions pour les petits et les grands, à la fois traditionnelles et de la dernière génération. Il y a en aura pour tous les goûts avec la traditionnelle baraque de tir, la grande roue, la pêche aux canards, les stands de dégustation, les autos tamponneuses, le labyrinthe, le jeu des miroirs, le toboggan de la mort et, bien entendu, des nouveautés que les visiteurs découvriront avec plaisir. Parmi celles-ci, le Outbreak, manège à sensation extrême, unique en France et en Belgique. Assis dans une nacelle, les passagers tournoient dans les airs à grande vitesse. De quoi faire le plein d’adrénaline en quelques minutes. L’édition 2019 de la Grande foire du Midi se déroulera jusqu’au 18 août 2019. Un rendez-vous annuel qui ravive le cœur de la capitale ! Plus de détails sur le site www.foiredumidi.be Sam Mas

CINÉ-CONCERT : AMADEUS Le film « Amadeus » a été réalisé par Milos Forman en 1984. Il retrace de manière quelque peu romancée la vie du grand compositeur autrichien Wolfgang Amadeus Mozart et procure une vision inédite (pour l’époque) du grand musicien, plus proche d’une rock star que d’un gentilhomme. A travers le récit de Salieri, compositeur de la Cour de Vienne, le cinéaste dépeint la vie du jeune génie avec une photographie extrêmement soignée et deux acteurs plein de charisme (Tom Hulce et F. Murray Abraham). Flagey vous invite à revoir ce long métrage comme vous ne l’avez jamais vu : en haute définition sur un grand écran avec une interprétation en direct de la partition par le Brussels Philharmonic et le Vlaams Radio Koor sous la direction du chef Dirk Brossé. Trente-cinq ans après sa sortie en salle, « Amadeus » n’a rien perdu de sa puissance. Même disponible en DVD et maintes fois télédiffusé, il gagne naturellement à être redécouvert en public. Ce ciné-concert se déroulera le vendredi 13 et le samedi 14 septembre 2019 à Flagey. Plus de détails sur le site www.flagey.be Place Sainte-Croix à 1050 Bruxelles


CINÉMA : ANNA Thriller de Luc Besson, avec Sasha Luss, Helen Mirren, Luke Evans, Cillian Murphy et Éric Godon. France 2019, deux heures. Sortie le 10 juillet. Résumé du film – Anna Poliatova a 24 ans, mais qui est cette jeune femme et combien d’autres se cachent en elle comme les poupées russes ? Est-ce une simple vendeuse de matriochka sur le marché de Moscou ? Une top-modèle qui défile à Paris dans les salons ? Une tueuse à gages recrutée par les services secrets, qui ensanglante les bars de Milan ? Un agent double, voire triple ? Ou tout simplement une joueuse d’échecs ? Il faudra attendre la fin de la partie pour savoir qui est vraiment Anna, la poupée russe qui va mettre le KGB et la CIA échec et mat sur le carreau. Commentaire – Cette poupée redoutable est incarnée par Sasha Luss, la top-modèle russe qui a défilé dans les revues de mode et dont Luc Besson a employé la silhouette pour camper une princesse dans Valérian et la Cité des mille planètes (2017). Il lui donne ici son premier rôle au côté d’Helen Mirren méconnaissable, copié-collé de Jeanne Moreau dans Nikita qu’il revisite de fond en comble. Il revient donc à son film culte des années 90. Les scènes sont époustouflantes pour cette espionne qui défie les lois du genre et les règles de la pesanteur : course-poursuite infernale en voiture dans les rues de Moscou, combat sauvage dans un bar où Anna vient à bout d’une quinzaine de tueurs, cascades spectaculaires ou sûreté de la détente quand elle abat d’une balle entre les deux yeux toutes les cibles qu’elle a dans le collimateur. Et il y en a beaucoup. C’est rapide et cinglant. Sanglant aussi. C’est la synthèse d’une carrière cinématographique que signe Luc Besson avec cette Bond Girl qu’il hisse au rang d’une star des films d’action. C’est aussi la synthèse de tous les clichés qui lui collent à la peau, avec le travelling d’ouverture bien connu sur le premier plan du film. Ces clichés lui font produire en série des films réalisés pour la rentabilité commerciale, moins il est vrai pour la qualité artistique. Au détriment de ce film choc, aux images spectaculaires, on notera le montage rocambolesque que signe Julien Rey : armez-vous d’une solide mémoire et d’un agenda à l’épreuve des anachronismes pour maîtriser le yo-yo des anticipations et des retours en arrière à partir de 1985, qui scande tout le film. C’est vraiment une descente périlleuse, dans une chronologie délirante qui vous mettra le cerveau en feu et à l’envers. On en sort groggy mais, je l’avoue, séduit quand même par les acrobaties du réalisateur et de sa vedette qui joue avec l’action comme sur des montagnes russes. Le film a été tourné à Moscou, Belgrade, la Guadeloupe, Milan et dans les studios de Paris qui sont la propriété de Luc Besson. Petit tour du monde garanti au moment des vacances. Avis – Des images choc en cascade dans ce thriller époustouflant qui vous tiendra en haleine durant deux heures de spectacle. Même décrié par la critique, même poursuivi par les créanciers et par le fisc, le système Besson a encore de beaux jours devant lui. Michel Lequeux


CINÉMA : LA FEMME DE MON FRÈRE Comédie sentimentale de Monia Chokri, avec Anne-Élisabeth Bossé, Patrick Hivon, Evelyne Brochu, Sasson Gabai, Micheline Bernard et Mani Soleymanlou. Canada 2019, 1 h 57. Sortie le 17 juillet. Résumé du film – Sophia, une jeune et brillante diplômée sans emploi, vit chez son frère Karim qui l’héberge depuis un certain temps. Leur relation fusionnelle est mise à rude épreuve lorsque le frère, séducteur invétéré, tombe sous le charme d’une autre femme, Eloïse, la gynécologue de Sophia qu’il accompagnait pour une IVG. Le couple fraternel va-t-il s’effacer devant le couple amoureux ? Commentaire – La Femme de mon frère est le premier film de Monia Chokri, actrice québécoise reconvertie dans la réalisation après avoir joué pour les cinéastes les plus connus du Canada, Denys Arcand et Xavier Dolan. Elle a fait ses premiers pas d’actrice dans L’Age des ténèbres sorti en 2007. Le film, tourné à Montréal, oscille entre la comédie et l’émotion, ne sachant quel registre adopter. On est à la croisée des genres, ce qui rend le sujet caduc et finit par taper sur les nerfs. Sophia, interprétée par Anne-Élisabeth Bossé, a incontestablement le don de la répartie comique, qui lui fait feindre le détachement sous un rire sardonique. Mais ce détachement est mal servi par l’hystérie des caractères qui lassera le spectateur tenté par les films de la « Belle Province ». On tient la chandelle devant ce couple fraternel, hésitant à franchir le pas de l’amour incestueux (le frère accompagne la sœur chez la gynécologue), comme Sophia la tient, cette chandelle, face à Karim et à sa nouvelle conquête. Seuls les repas familiaux avec les parents, des intellectuels engagés et passionnés (le père est maghrébin, la mère québécoise comme ceux de la réalisatrice), ménagent quelques moments drôles au milieu d’un film nombriliste et bavard, très bavard. Cette comédie en devient une logorrhée qui suscitera finalement l’ennui. On est avec les images, avec les dialogues et les allusions sexuelles qui reviennent de bout en bout, au seuil d’une névrose filmée. Comme les protagonistes, ce premier film s’agite tous azimuts, tour à tour attachant et exaspérant jusque dans sa forme : montage hystérique, brassage des références allant de la Nouvelle Vague française à Xavier Dolan, réalisateur canadien pour lequel Monia Chokri a déjà tourné. La réalisatrice n’échappe donc pas au maniérisme d’un premier long métrage qui est trop long, trop découpé, avec des plans audacieux mais inutiles. Elle l’a scénarisé et monté elle-même. Il s’en dégage pourtant une énergie débordante, un humour certain et une sensibilité pleine de fraîcheur qui a fait remporter à La Femme de mon frère le prix « Coup de cœur » au Jury de Cannes 2019. Avis – Comédie féministe souvent drôle mais aussi agaçante par le nombrilisme des personnages qui tournent en rond sur eux-mêmes. Toujours à la limite de l’émotion sans l’atteindre. On attend le second essai de cette réalisatrice canadienne. Michel Lequeux


CINÉMA : PLAYMOBIL, LE FILM Film d’animation de Lino DiSalvo, avec les voix françaises de Kad Merad, Franck Dubosc, Jennifer Bartoli et Jérôme Commandeur. USA 2019, 105 min. Sortie le 7 août. Résumé du film – Lorsque son petit frère Charlie disparaît dans l’univers magique et animé des Playmobil, au rayon jouets d’une grande surface où ils se sont aventurés la nuit, Marla se lance dans une quête éperdue pour le retrouver. C’est le début d’une aventure pleine d’action et d’humour avec des rencontres : un vendeur ambulant qui vit dans son food truck, un agent secret élégant et charismatique, un affectueux petit robot et une bonne fée fantasque. Ses nouveaux amis l’aideront à retrouver Charlie, capturé par les Romains pour affronter l’empereur Maximus dans l’arène du Colisée. Commentaire – Cette animation en 3 D d’une marque allemande de jouets brasse en effet toutes les figurines d’un catalogue qui n’a pas fini de s’étoffer depuis sa création. Il compte aujourd’hui plus de 650 personnages, avec 15 000 accessoires qui peuvent être manipulés. En plastique ABS très résistant, on les voit s’animer et tenir des objets au bout de leurs membres articulés. Marla, la grande sœur, n’en revient pas elle-même en voyant son poignet tourné sur lui-même. Ils sont fous, ces Allemands ! C’est le but que poursuivaient les concepteurs du jeu, Hans Beck et Horst Brandstätter, lorsque les figurines de plastique virent le jour en 1974 pour remplacer les soldats de plomb. Lino DiSalvo, animateur, réalisateur et acteur américain aujourd’hui installé à Paris, en a fait un film d’animation en 3 D qui emmène nos jeunes têtes dans l’aventure. Commencé sur le mode life, avec deux enfants en chair et en os, le film tourne brusquement dans le monde des jouets où les deux jeunes se transforment en figurines animées. La grande sœur va devoir chercher son petit frère, aidée d’une bonne fée qui nous rappelle celle de Peter Pan, et d’un petit robot sympathique sorti tout droit de la série Star Wars. Ils vont affronter les cow-boys, les pirates, les Romains et les dinosaures dans un mélange d’époques divertissant. Toute la panoplie des jouets y passe, qui ont bercé notre enfance et qui continuent de divertir petits et grands, avec Pégase et la soucoupe volante. C’est toute l’histoire de notre enfance qui est revisitée ici, avec de savoureux clins d’œil au cinéma et à la culture : Peter Pan affrontant au sabre les pirates de la mer, le monde du western qui s’agite pour deux pièces d’or (et pour quelques dollars de plus, avec les yeux qui se plissent), les gladiateurs qui luttent dans l’arène pour satisfaire l’empereur ou encore James Bond. Partie sur le tapis volant des Mille et Une Nuits, la sœur reviendra avec son petit frère sur le tyrannosaure bienveillant qui a enchanté les familles. Tout cela est rapide, bien mené, bien filmé (notamment avec une steadicam), à travers nos deux personnages qui finiront par se rejoindre au terme de mille et une aventures. Même si l’histoire n’est pas très développée et qu’on aurait pu espérer d’autres rebondissements. Un régal néanmoins pour les petits et pour les grands qui verront ce film d’animation avec leurs propres yeux, chacun y apportant ses souvenirs. Avis – C’est une tournée spectaculaire dans le monde des jouets qui s’animent. En route pour de nouvelles aventures, comme dit le slogan de Playmobil sous chaque figurine. Michel Lequeux


PORTRAIT DE NOTRE RÉDACTEUR JEAN LHASSA Jean Lhassa a été enseignant, conférencier et journaliste spécialisé dans le cinéma. Il est également romancier et nouvelliste. On lui doit notamment un essai sur le western italien (« Seul au monde dans le western italien ») et une biographie du compositeur Ennio Morricone publiée chez Pierre Favre. Depuis plusieurs décennies, il écrit à quatre mains des fictions avec le célèbre scénaristique de bandes dessinées Mythic, ami de jeunesse. A deux, ils ont publié de nombreux ouvrages aux éditions du Centre d’Art d’Ixelles. Actuellement, il achève un essai sur Clint Eastwood et son rapport avec le grand écran. Un livre qu’on devine déjà fort documenté et enrichi de points de vue personnels. Régulièrement, il collabore à Bruxelles Culture dans le cadre d’interviews ou de rencontres avec des personnalités bruxelloises. Ses prochains ouvrages sont annoncés aux éditions Ménadès (deux recueils de nouvelles et un essai sur Clint Eastwood).

PORTRAIT DE NOTRE RÉDACTEUR PAUL HUET Paul Huet est né et vit à Bruxelles. Après avoir été membre d’un comité de lecture dans une maison d’édition célèbre, il a longtemps travaillé dans une bibliothèque. Deux activités qui ont généré un grand amour des livres et de la lecture, faisant de lui un bibliophile avisé toujours à la recherche de la pièce précieuse. Il n’est donc pas rare de le rencontrer chez les marchands de seconde main comme sur les brocantes. Il participe à l’aventure de Bruxelles Culture depuis ses presque débuts. Homme rigoureux, il se charge principalement de la présentation de nouveaux ouvrages, ainsi que de l’expédition de la revue à une grosse partie des abonnés. Il adore vivre retiré dans sa maison non loin du ring à Anderlecht, profitant de son jardin dès les beaux jours et du site naturel du Neerpede pour des promenades pédestres, seul ou en compagnie. Il possède trois chiens qui sont ses enfants de substitution.

PORTRAIT DE NOTRE RÉDACTRICE AMÉLIE COLLARD Amélie Collard travaille dans l’enseignement secondaire et, comme de nombreux professeurs, a besoin de s’épanouir en-dehors de la sphère scolaire. Amoureuse de théâtre et de littérature, elle met ses temps libres à profit pour se rendre dans les salles bruxelloises et aller à la rencontre des comédiens qui font les spectacles d’aujourd’hui. Femme engagée, elle milite également pour l’égalité hommes-femmes. Depuis trois ans, elle présente chaque mois quelques ouvrages au féminin ou jeunesse qu’elle a découverts en bibliothèque ou qu’elle s’est procuré pour ne pas mourir stupide. Elle adore les voyages et profite des vacances d’été pour se faire plaisir. Récemment, elle s’est rendue à Boston pour débuter une visite des États-Unis en compagnie de son époux. Son slogan : toujours sur le qui-vive ! Elle est également férue de musique classique et collectionne les CD comme d’autres accumulent les poupées de collection ou les timbres-poste. Si vous êtes familiers de Flagey et de Bozar, vous l’y croiserez peut-être dans le cadre de l’un ou l’autre concert. A vous de voir !


GEORGES GARVARENTZ ET LA MUSIQUE DE FILM Il existe peu de littérature à propos du compositeur Georges Garvarentz, musicien hyper doué qui a mis son inspiration au service de la variété avant de se lancer avec succès dans la musique de film et devenir le témoin privilégié d’une époque, reflet des modes et des artistes qui s’y sont produits avec talent. Si nombreuses sont ses mélodies définitivement ancrées dans la mémoire collective, peu d’auditeurs sont néanmoins capables d’accoler le nom de celui qui les a fait naître sur la nacre de son piano aux thèmes qui ont été des hits voilà cinquante ou quarante années. « Les plaisirs démodés », « Retiens la nuit », « Daniela », « La plus belle pour aller danser » … voilà le sommet de l’iceberg ! Alors qu’il n’avait jamais souhaité collaborer (hormis avec Pierre Roche !) sur le plan artistique, Charles Aznavour a rapidement dû se rendre à l’évidence des facilités de son beau-frère et qu’il fréquentait chaque fois qu’il en avait la possibilité entre deux tournées de concerts : dans le bureau pour la découverte de nouvelles mélodies et la mise en forme de ses textes, lors des repas de famille ou des loisirs partagés. Durant plus de trente ans, leur vie a été un incessant va-etvient. Il a souvent suffi de voir Aznavour acteur sur la toile de l’écran pour découvrir le nom Garvarentz inscrit au générique comme compositeur. Passionné par le monde de l’image, ce dernier a bénéficié des relations de son alter ego pour se voir imposer lors de la mise en place du casting. La chose serait évidemment dommageable si l’homme n’avait pas les capacités requises pour mener chaque projet à terme. Heureusement, il parvenait à trouver des solutions aux problèmes qui se présentaient. De longues discussions avec le metteur en scène, des suggestions d’ordre chromatique (quelle texture orchestrale utiliser ?) ou le choix de l’interprète pour la chanson du générique ont fort vite conquis les professionnels. Puis, comme les disques se vendaient bien, tout le monde y trouvait son compte. Notre rédacteur Daniel Bastié signe le premier ouvrage consacré à cet artiste un peu trop vite oublié et qui a hissé son nom au menu de génériques tels que « Un taxi pour Tobrouk », « Le tonnerre de Dieu », « Le tatoué », « Le voyage du père », « Du rififi à Paname », « Caroline chérie », « Pétain », etc. Pour vous procurez cet ouvrage, ayez le réflexe de vous rendre sur Amazon.fr. Ed. Ménadès – 174 pages Jean Lhassa

LE BISCUIT INTERNATIONAL Zuska Kepplova est Slovaque et aime parler du pays où elle a vu le jour, un monde en mutation depuis la chute du mur de Berlin et l’ouverture des frontières. Un moment d’espoir qui a vu bien des rêves de liberté se concrétiser. Son œuvre a essentiellement pour thèmes la recherche de l’identité dans un environnement différent, loin de chez soi, et le rapport aux autres. « Le biscuit international » pourrait être le prolongement de « L’auberge espagnole », avec des protagonistes qui ont abandonné le passé pour s’essayer aux attraits de l’Europe de l’Ouest. Entre les grandes capitales, cette génération (qui n’entend pas rater le coche du monde libre) se confronte à la réalité du terrain, avec des grands instants d’apathie, de la nostalgie et, parfois, des regrets. Dans la première partie, l’auteure nous invite à suivre le parcours de Mika en Finlande, de Natalia et Petra à Paris, de Juliana à Budapest et d’Anka à Londres en quête de repères et qui tentent de comprendre la jeunesse actuelle. La seconde partie nous plonge dans la relation triangulaire qui unit une Slovaque, une Roumaine et un Hongrois. Un nœud bien fort pour combler un besoin amoureux et diluer l’impression qu’on s’étiole à des centaines de kilomètres de ses racines culturelles. Il faut le charme de l’écriture et un humour jamais pesant pour rendre ces rencontres attachantes et se remettre soi-même en question. Comment réagirais-je dans un pays étranger ? Finalement, l’existence continue et surprend sans cesse, fière de contacts imprévus, d’attachements durables et de surprises rarement larmoyantes. Des itinéraires traduits du slovaque par Nicolas Guy. Ed. Intervalles – 206 pages Amélie Collard


ET LES BEATLES MONTÈRENT AU CIEL Le 30 janvier 1969, les Beatles se sont produits pour la dernière fois en concert. Une prestation digne de la légende dont le groupe mythique a été auréolé. Imaginez le sommet d’un immeuble du quartier de la mode du centre de Londres, avec quelques spectateurs privilégiés et une météo glaciale, sans groupies hystériques. En un peu moins de trois-quarts d’heure, ils ont effectué neuf prises de cinq chansons, avant que la police métropolitaine ne vienne leur demander de réduire le volume de la sono. Les conjectures sont allées bon train. Qui a eu l’idée de cette entreprise un peu folle ? Quand le projet a-t-il été décidé ? L'audio a été fixé sur deux enregistreurs huit pistes dans le studio au sous-sol d'Apple par l'ingénieur Alan Parsons. Quant au réalisateur Michael Lindsay-Hogg, il a fait appel à une équipe de techniciens pour capturer divers angles de la performance et en faire ce qui allait devenir « Let it be ». Valentine Del Moral revient sur cet événement unique dans les annales des Fab Four et en tire un récit décalé, où la musique possède autant de place que chaque protagoniste : Ringo Starr y apparaît en Saint-Esprit, Paul McCartney et John Lennon en Pères et George Harrisson en Fils. Certains exégètes affirment que le quatuor a achevé sa carrière en montant au ciel. Jolie métaphore ! Ed. Le Mot et le reste – 152 pages Paul Huet

SAN FRANCISCO L’UTOPIE HIPPIE La guerre du Vietnam a suscité maints commentaires et a durablement marqué les Etats-Unis. En prise avec un conflit qui a très vite dépassé tout le monde, la jeunesse s’est mise à rêver d’un monde meilleur pour sortir de l’impasse. Fruit de l’activisme et de l’idéalisme, la révolte a pris forme en refusant toute violence et en parlant de paix et d’amour. Une utopie ? Steven Jezo-Vannier, spécialiste de la contre-culture et des mouvements rock, revient sur l’action des hippies et autres beaknits, plus psychédéliques les uns que les autres, portés à faire librement l’amour, à fumer de la drogue et à défendre toutes les libertés. De leur imagination est né un monde chimérique qui continue de propager ses effets aujourd’hui et qui, après chaque crise, ressort des slogans vieux d’un demi-siècle. En 1967, le Summer of Love battait son plein et les jeunes débarquaient de partout. Leur objectif : se réunir dans le quartier de HaightAshbury et refaire la société. Cri dans le silence ou vraie révolution des mentalités en rupture avec les générations passées, les enfants de ceux qui étaient sortis vainqueurs de la seconde guerre mondiale revendiquaient leur droit au rêve, à une prise en main de leur existence et à un monde fraternel. Ed. Le Mot et le Reste – 252 pages Paul Huet


HINAULT : OBJECTIF MAILLOT JAUNE Bernard Hinault est un champion venu de Bretagne, réputé pour ses performances cyclistes autant que pour son tempérament bien trempé. Convaincu qu’il pouvait remporter le maillot jaune, il a mis tout en œuvre pour atteindre cet objectif. Cinq fois vainqueur du Tour de France, trois fois du Tour d’Italie et lauréat du Tour d’Espagne, il n’a pas eu à rougir de ses exploits. Après avoir rédigé une autobiographie en 2015, il supervise aujourd’hui une bande dessinée qui revient sur son parcours. Scénarisé par Jeff Legrand et concrétisé graphiquement par Fabien Ronteix, ce roman en images nous parle de l’intimité du sportif et s’attache à comprendre les motivations qui l’ont poussé à devenir un pro des deux-roues. Persévérance et rencontres déterminantes se trouvent à la base d’une des plus grandes aventures sportives du XXe siècle et témoignent d’une aventure humaine hors normes, pleines de péripéties, de chutes et de retours au premier plan. Âgé de soixante-deux ans, il devient héros de bédé. Rien ne se perd et la mémoire perdure ! Ed. Mareuil – 48 pages André Metzinger

FEMME DE POLICIER D’ÉLITE On aurait pu mettre le titre au pluriel, puisque deux femmes racontent leur quotidien à côté d’un homme du RAID et (pour l’autre) du BRI, ces forces d’intervention actives un peu partout et dont la télévision nous fait découvrir les assauts dans le cadre de l’une ou l’autre mission périlleuse. Au fil des pages, Véronique Fauvergue et Catherine Salinas parlent de leurs appréhensions face aux dangers que leurs maris affrontent régulièrement, les longues heures d’attente, l’absence de l’homme aimé et le risque permanent de le perdre à jamais. Elles ne se connaissent pas et se sont, tour à tour, confiées à la journaliste Caroline de Juglart. L’occasion d’apprendre de quelle manière elles gèrent le stress, comment elles sont parvenues à surmonter la tension des attentats de 2015 et de 2016. Parler à cœur ouvert ne sert pas seulement d’exutoire, mais permet de livrer une expérience afin de partager des instants forts, où le cheminement personnel fait foi. Les souvenirs sont vivaces dans leur mémoire (la tuerie de Charlie Hebdo, le massacre du Bataclan, etc.) Comment vit-on après avoir traversé (même par procuration) de telles horreurs ? La vie doit se poursuivre. Il faut protéger les enfants. Croire que la société n’est pas pire ici qu’ailleurs. Se convaincre que l’être humain possède sa part de bonté. Plus que jamais, cet ouvrage renforce le précepte du philosophe : « L’ombre et la lumière alternent en fonction de la position mouvante du soleil. » Une métaphore certes, mais qui mérite qu’on s’y attarde ! Ed. Mareuil - 220 pages Amélie Collard


BÉBÉ BÉABA LE TOUT PREMIER DICO Couché sur épais carton, voilà un dictionnaire spécialement fait pour les petits. Celui des expressions telles que cracra, areuh, bobo, cuicui, doudou, glagla, floc floc, etc. Des mots qui ne durent qu’un temps et qui permettent à bébé de s’exprimer. Ceux que les parents récupèrent pour engendrer la communication et entretiennent plus ou moins longtemps, qu’on oublie ensuite en grandissant et qu’on feint avoir totalement perdu lorsqu’on devient un adulte sérieux. Corinne Dreyfuss et Kei Lam ont rendu la vie à ce vocabulaire et refusent de lui apporter une définition. Elles l’exposent simplement par ordre alphabétique et l’illustrent avec un dessin aux couleurs vives. Un peu comme des découpages. C’est beaucoup plus drôle que réellement utile, mais cela correspond parfaitement à notre époque qui remet les enfants au centre de toutes les préoccupations et insiste sur le fait qu’il faut comprendre bébé pour comprendre ses besoins. Maintenant, on ne pourra plus dire que les parents ne sont plus à l’écoute ! Ed. Thierry Magnier – 38 pages Sylvie Van Laere

LES OISEAUX Dans une immense maison vit Monelle, une exploratrice connue de tous. Elle partage sa demeure avec des oiseaux de toutes les couleurs, recueillis au cours de ses aventures lointaines, et les a baptisés de prénoms humains : Emile, Eva, Marcel, Gustave, etc. Chaque soir, elle leur lit un de ses périples à travers le monde et ses amis à plumes ne peuvent pas s’empêcher de rêver à de grands voyages. Un jour, ils prennent leur existence en main et décident de visiter la terre. Après avoir traversé la mer, ils entrent dans une forêt luxuriante et se trouvent menacés par un tigre. Bien sûr, ils songent à leur bonheur auprès de Monelle et, à peine sauvés des crocs du prédateur, empruntent le chemin du retour en se laissant porter sur la ouate d’un nuage. Quel bonheur de retrouver les choses familières ! Sans s’être aperçue de leur disparition, la maîtresse de maison revient les bras chargés de livres précieux, tous empruntés à la bibliothèque, son lieu d’exploration favori. Ce soir-là, en regagnant son coin pour dormir, chacun se met à penser à cette journée pleine d’exaltation. Chloé Alméros signe un livre pour enfants plein de fraîcheur, qui se veut à la fois une fable sur les apparences et le ravissement de vivre dans un lieu connu avec des gens aimés. Bons sentiments, petites émotions et frayeurs minimales, les gosses adoreront ! Ed. Thierry Magnier – 28 pages Sylvie Van Laere


BITCOIN ET CRYPTO-MONNAIES Les monnaies virtuelles ont aujourd’hui la cote et servent à pallier la méfiance de certains citoyens vis-à-vis des banques et ce depuis la crise de 2008, qui a mis à mal le monde de l’investissement. Alors, la question se pose : Pourquoi ne pas investir dans un système alternatif ? Attention, certaines règles s’imposent en amont : on ne se jette pas aveuglément là où ne connaît rien et on s’informe avant d’y placer ses économies. Gilles Quoistiaux nous propose un guide pragmatique à l’usage du néophyte et du débutant, qui se veut un résumé de tout ce qu’il faut savoir avant de casser sa tirelire, autant pour restreindre les risques (car il y en a toujours, parce qu’on ne jongle pas avec des placements garantis !) et faire fructifier l’épargne. En se mettant dans la peau d’un apprenti « crypto boursicoteur », l’auteur relate étape par étape les succès, les difficultés et les échecs rencontrés. Le tout avec un style décomplexé et accessible. Au fil des chapitres, le lecteur comprendra de la sorte les dangers à éviter et, surtout, les opportunités à saisir dans sa course aux bitcoins. Et si la dissidence monétaire était l’avenir ? Créer un portefeuille de crypto monnaie est, bien sûr à la portée de chacun, encore faut-il posséder suffisamment d’instinct pour se frayer un passage idoine. Plus que la chance, tout repose sur les connaissances et le flair. Nul ne possède de boule de cristal et annoncer demain relève du pieux mensonge. A chacun sa méthode ! Ed. Mardaga – 196 pages Sam Mas

THÉORIES DU LANGAGE : NOUVELLE INTRODUCTION CRITIQUE L’être humain se distingue des animaux grâce à un langage structuré. Mais qu’appelle-t-on langage ? Cette question n’a jamais cessé d’être débattue depuis plusieurs générations, opposant grammairiens, philosophes, psychologues, linguistes et accros de la sémantique. Les chercheurs de ces diverses disciplines ont, tour à tour, fourni des analyses et descriptions particulièrement riches, mais qui se révèlent particulièrement complexes et, parfois, antagonistes. Face à pareille cacophonie, Jean-Paul Bronckart a choisi de tout mettre à plat et de proposer un ouvrage qui vise à présenter les thèses des principaux courants théoriques, anciens ou en cours, afin de les examiner sous l’angle d’une critique positive et non-aliénante. Pour ce faire, il a procédé à l’inévitable sélection d’auteurs, en tenant compte de critères tels que la cohérence, la neutralité et l’exposition de modèles explicites. Ensuite, une attention particulière a été de se focaliser sur des mouvements susceptibles de produire un impact sur les divers champs d’application que sont les programmes et les méthodes d’enseignement mais, aussi, les techniques de rééducation du langage et la critique littéraire. La première partie de cet essai se focalise sur les travaux de Skinner, Piaget et l’école soviétique. La seconde porte essentiellement sur les travaux de chercheurs familiers de linguistique générale tels que Saussure, Sapir et, parmi quelques autres, le cercle linguistique de Copenhague. Ce livre a déjà fait l’objet d’une première édition en 1977. Depuis, il a été actualisé et certains chapitres (dont le 4 !) ont bénéficié de nouveaux apports, ainsi que de l’introduction de nouvelles parties. Ed. Mardaga – 323 pages Sam Mas


MÉMOIRES INTIMES (SUIVI DU LIVRE DE MARIE-JO) Au début des années 80, Georges Simenon est au paroxysme de sa renommée et s’ennuie un peu. En regardant dans le rétroviseur, il découvre l’impressionnant catalogue qu’il a laissé derrière lui et les multiples adaptations tant cinématographiques que télévisées que ses romans ont généré. Ce serait mal le connaître que de croire qu’il pourrait cracher dans la soupe et malmener ce qui a fait sa fortune. Il est un des rares écrivains de langue française à pouvoir vivre de sa plume. Un constat qui tient à la fois d’un talent authentique et d’une force persévérante dans le travail. Pourtant, il a choisi de passer à autre chose et, après les vingtet-uns tomes consacrés à ses dictées, il se lance dans la rédaction de « Mémoires intimes ». L’occasion de raconter ses origines modestes et de narrer le chemin parcouru. Il ne s’agit certainement pas d’une hagiographie ni d’une statue qu’il souhaite élever à sa propre notoriété. Si sa carrière d’homme de lettres a été une incroyable réussite, sa vie privée s’est (selon lui) lamentablement rétamée. Légende vivante, il tente de déboulonner le socle sur lequel il est assis. En 1978, un drame a endeuillé son existence. Marie-Jo, sa fille chérie, s’est donné la mort, égarée dans un monde de facilités où tout était devenu trop. Trop d’argent, trop de luxe, trop de loisirs faciles ont fragilisé la jeune femme et favorisé la tragédie. A un journaliste du Daiy Express, il avait alors confié : « J’ai un peu honte de la vie que le succès m’a forcé à mener. » Un peu comme il l’avait déjà fait en 1945, alors qu’il se croyait atteint d’une maladie fatale, sous le titre « Je me souviens » et dédié à son fils Marc, il entreprend à nouveau d’exposer ses faiblesses, ses hésitations et ses remords pour édifier le tombeau de sa fille disparue. Sans se parer d’hypocrisie, il se dévoile et parle de son exil à New-York, des amours de sa vie, de ses divorces et de ses enfants (essentiels à ses yeux). Jamais, il n’aura été sincère, se mettant à nu comme jamais. En 1989, il décède à son domicile de Lausanne, rejoignant pour l’éternité ceux qui ne sont plus. Ed. Omnibus – 1156 pages Daniel Bastié Georges Simenon (1903-1989) est sans doute l'auteur francophone le plus traduit dans le monde. Et l'un des plus adaptés - au cinéma, avec plus de cinquante films rien qu'en France, et plusieurs dizaines à l'étranger - comme à la télévision, notamment pour les aventures du commissaire Maigret, qui seront diffusées en France - avec deux comédiens qui incarneront Maigret : Jean Richard, et Bruno Cremer mais aussi en Angleterre, en Italie et aux Etats-Unis. Né à Liège, il débute très jeune dans le journalisme et, sous divers pseudonymes, fait ses armes en publiant un nombre incroyable de romans "populaires". Cet apprentissage accompli, il écrit sous son nom à partir de 1931 et devient rapidement célèbre. Le lancement de Maigret dans le Tout-Paris, en février de cette année-là, va marquer la naissance d'un personnage qui fait aujourd'hui partie de la mythologie du roman policier. Dès 1928, Simenon effectue de très nombreux reportages, en France et en Europe, et entreprend même un tour du monde entre décembre 1934 et mai 1935. Reportages qui sont un observatoire de l'évolution de la société, et une formidable source d'inspiration pour le romancier. De 1945 à 1955, il vit au Canada puis aux Etats-Unis, période littérairement la plus riche qui marquera durablement son œuvre, celle où s'impose ce qu'il nomme le roman "quintessentiel". De son premier roman écrit sous pseudonyme en 1921 au dernier roman qu'il publie en 1972, ce sont cinquante ans de création, cinquante ans durant lesquels il écoute battre le cœur de la société. Sous le nom de Simenon, il a donné 192 romans, 158 nouvelles, plusieurs œuvres autobiographiques et de nombreux articles et reportages.


L’ÎLE DES ENFANTS PERDUS À la fin du mois de juin 1948, des baraquements sont créés à Haute-Boulogne situé à quelques pas de la citadelle à Belle-Île-enMer, qui sont devenus dès le 21 septembre de la même année, par décret du Ministre de l'intérieur, le dépôt de Belle-Île-en-Mer et qui s’est transformé en une colonie pénitentiaire avant de devenir une institution publique d’éducation surveillée pour enfants indisciplinés. Un lieu où la rigueur prévalait et où les punitions corporelles étaient monnaie courante. Le lieu est demeuré célèbre pour sa révolte survenue en août 1934, suite au décès d’un garçon, roué de coups pour avoir mordu dans un morceau de fromage avant de manger sa soupe. Profitant des échauffourées au sein de l’établissement, une cinquantaine d’enfants sont parvenus à fuir. Alertée, la presse s’est naturellement emparée de ce fait divers et, par le truchement d’articles, a provoqué un émoi général, dénonçant des conditions inhumaines de détention. Au printemps 1947, le réalisateur Marcel Carné et son scénariste Jacques Prévert sont allés dans la région, afin d’y tourner « La fleur de l’âge » ou « L’île des enfants perdus ». Il devait y être question de la susdite révolte au bagne, mais également d’une histoire d’amour entre Serge Reggiani et Arletty, Anouck Aimée et un mutin. Par les faits d’un hasard qui induit souvent fort mal les choses, le projet a été abandonné, alors que les premiers bouts avaient été montés et montrés à un panel de connaisseurs. Un long métrage prometteur selon plus d’uns. Aujourd’hui, que reste-t-il de cette aventure, hormis quelques photographies qui témoignent de la volonté de concrétiser le script ? Rien, sinon des souvenirs ! Tous les rushes ont disparu. Malchance ? Torpillage ? Il s’est enfin avéré que cette galère a entraîné la rupture des maîtresd ’œuvre. Marcel Carné se repliant sur des thèmes de seconde zone et Prévert abandonnant progressivement les plateaux de cinéma. Nicolas Chaudin nous propose une enquête palpitante, en partant à la recherche des bobines perdues, stimulé par de maigres indices et énormément de fausses pistes. L’opportunité surtout de remonter à l’âge d’or du septième art français, qui se pratiquait alors en noir et blanc et qui basait ses succès sur une kyrielle de comédiens célèbres. Ed. Actes Sud – 192 pages Daniel Bastié

S.M.S. SI MOURIR S'IMPOSE Vivez une passion amoureuse entre deux êtres que tout sépare : l’âge, la distance, le présent et les projets. Le S.M.S. devient alors un précieux et discret complice, un support moderne de partage d’émotions vives et de questionnements ultimes. Faut-il mourir à soi-même pour renaître ? Eric Fagny livre ici sa première autofiction qui parle d’initiation sentimentale et se double d’un conte épistolaire où l’intensité des mots (véritable poésie charnelle) surmonte les obstacles du quotidien entre plaisir et douleur. Une histoire d’amour tendre et cruelle signée par un prof qui se veut également un auteur prolifique, amoureux des mots et de l’histoire médiévale. Ed. Le Scalde – 253 pages


ENQUÊTE SUR EL COMANDANTE YANKEE Gani Jakupi nous plonge au cœur de la révolution cubaine s’opposant au régime mis en place depuis 1902 et représenté par Fulgencio Batista. Si l’Histoire a principalement retenu les noms de Fidel Castro et de Che Guevara, d’autres visages se sont singularisés dans l’action par leur détermination et leur courage. L’occasion de revenir sur la personnalité de William Alexander Morgan, ancien soldat Yankee ayant rejoint les rangs des opposants à la dictature par conviction et idéalisme. Déçu après la victoire de 1959, il a émis de nettes réserves concernant le nouveau système mis en place par ses compagnons de route. Afin de couper court à ses diatribes, Castro l’a fait fusiller pour trahison. Une victime de plus à épingler parmi les milliers de morts, victimes d’une purge impeccablement orchestrée par le nouveau pouvoir. Dès lors, Fidel Castro a annoncé qu’il identifiait son régime au communisme. Naturellement, un peu partout, un grand nombre d'intellectuels tiers-mondistes ont défendu la Révolution cubaine et le castriste sans réserve, même si certains ont déchanté par la suite. Pour brosser le portrait de Morgan, l’auteur s’est rendu à La Havane, en passant par Barcelone et Toledo, et s’est efforcé de retrouver des témoins dont Olga, la veuve de William Alexander, et de nombreux guérilleros. Au fil de ses entretiens, il a accumulé une manne, dont il s’est servi au moment de rédiger son ouvrage, faisant sortir des ténèbres une ombre oubliée des manuels scolaires pour parler du quotidien des soldats sans uniforme, de leur état d’esprit et de tous les sacrifices consentis pour accéder aux marches du palais présidentiel. Evidemment, un large pan de Cuba émerge de moult détails qui font entrer les récits individuels dans le projet collectif. Tout simplement passionnant ! Ed. La Table Ronde – 298 pages Daniel Bastié

JE NE FERAI UNE BONNE ÉPOUSE POUR PERSONNE Evelyn Francis McHale s’est suicidée en se jetant du quatre-vingt-sixième étage de l’Empire State Building le 1er mai 1947. Les médias qui ont relaté la mort de cette jeune femme de vingt-trois ans n’ont apporté aucun éclaircissement sur les raisons qui l’ont poussée à commettre l’irréparable. Pourquoi et à quel instant quelqu’un décide-t-il de mettre fin à ses jours ? Nadia Busato revient sur ce fait divers en fouillant le passé de cette héroïne tragique, en reconstituant partiellement ses motivations et sa jeunesse et en comblant les vides par une imagination fébrile. Très vite, il ressort que jamais elle n’a subi violences ni brimades. Simplement, elle se sentait mal dans sa peau, dans son corps, et ne se voyait pas épouser un charmant jeune homme qui lui faisait la cour et se félicitait de la demander en mariage. Barry Rhodes, le fiancé en question, était un ancien combattant et avait été étudiant au Lafayette College d’Easton en Pennsylvanie. Selon les témoignages de tous, il représentait un excellent parti. L’auteure parle ici d’une époque et d’un monde qui n’existent plus, avec ses traditions et un rythme particulier. Le récit (terrible) se déroule selon un schéma imparable, donnant la parole aux proches de la suicidée, faisant de ce roman une polyphonie d’une extrême précision et chargée d’empathie. A côté de la douleur, il y a surtout l’incompréhension. Et si la vérité était ailleurs ? Evelyn croyait faire une mauvaise épouse et refusait l’engagement matrimonial. Aux chaînes conjugales, aurait-elle choisi la liberté ? Celle de mourir plutôt que de subir un système au sein duquel les femmes sont enclavées ! Ed. Quai Voltaire – 264 pages Amélie Collard


A L’INSTANT MÊME OÙ L’ON BOUGE L’abandon amoureux peut provoquer une déchirure qui en appelle d’autres. Alors qu’elle se croyait forte, Ever (jeune danseuse classique) perd totalement pied et s’étiole en se remémorant les journées passées au bras de son aimé. Que faire ? Réagir ? Elle ne voit pas d’alternative. Pourtant, son corps regimbe et un passé douloureux lui revient en mémoire. Vera Seret signe un roman qui parle d’amour déçu et de la difficulté à réapprendre à vivre, à oublier celui qu’on a tellement adoré pour ne penser qu’à soi. Elle a été elle-même danseuse, avant d’avoir travaillé dans le cinéma et devenir coach en identité pour la société de casting qu’elle a récemment fondée. De l’écriture du scénario à la littérature pure, il n’y a qu’un pas. Vite franchi. Comme beaucoup d’êtres fragiles (ou fragilisés !), son héroïne a besoin d’une sérieuse reprise en main et de caresses positives, loin des bredouillements inaudibles qui décrivent son état de prostration. Avec un besoin d’amour en urgence, elle en a également assez d’entendre répéter : « Ce n’est pas çà, la vraie vie, Véronique ! ». Elle n’a jamais aimé son prénom, alors elle a décidé de le raccourcir, de l’américaniser. Bref, elle sait qu’elle doit se battre pour quitter l’île polaire de son loft et aller vers les autres : celles et ceux qui lui tendent les bras et attendent un signe de sa part. A nouveau, elle doit prendre le temps de respirer l’atmosphère qui valse autour d’elle et lever les yeux vers toutes les beautés du monde : une toile de Chagall, un ballet que l’on monte au palais Garnier. Surtout de se faire la promesse de ne plus s’éteindre face aux étoiles étincelantes qui irradient au firmament ! Un portrait de femme en demi-teinte, avec de grands élans d’espoir et des abattements contre lesquels il convient de lutter avec fermeté ! Ed. CarnetsNord – 257 pages Daniel Bastié

PLUS FORT QUE LES TÉNÈBRES Manille est la capitale des Philippines. Il s’agit aussi d’une ville surpeuplée, où il ne fait pas bon être pauvre et livré à la rue. Darwin ressemble aux enfants de son âge. A ceci près qu’il n’a pas de domicile et doit mener un combat de tous les jours afin de survivre. Heureusement, sa route croise l’Association Anak-Tnk. Il y trouve un foyer d’accueil. Malheureusement, sa santé décline et une maladie sérieuse est diagnostiquée. Matthieu Dauchez revient sur l’existence courte d’un garçon ordinaire, sur sa lutte contre les avanies et la paix retrouvée. A l’aide de témoignages de ceux qui l’ont côtoyé, il raconte l’accompagnement dont il a bénéficié, mais aussi les journées heureuses loin des trottoirs de la ville. Tout est vérité, sans pathos ni admiration exagérée. Le dimanche 16 septembre 2012, Darwin a fermé les yeux définitivement, emporté par le mal qui le tenaille insidieusement. Le lecteur ne manquera pas de constater que les derniers pas de l’enfant ressemblent étrangement à ceux du Christ au moment où il entame sa Passion. L’écriture a été séquencée en associant chaque jour de la semaine aux instants vécus par Jésus, condamné à monter au Golgotha. Parfois, la foi est plus forte que les ténèbres … Ed. Artège – 164 pages Sam Mas


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