Travailler pour nous à Caylus

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(Travailler pour nous). Caylus

Vue aérienne de Caylus depuis un drone, janvier 2017. Crédits photographiques : Jean-Marc Evezard.


I. Enjeux théoriques et pratiques de l’atelier (1) Note d’intention de l’atelier (2) Travailler avec le design à Caylus

II. Caylus, ses habitants, leurs maisons (1) Thématique de l’observation (2) Description de l’organisation et du dispositif de travail (3) Recueillir des anecdotes auprès des habitants

Mener une enquête sur les manières d’habiter une ville médiévale Conduire des entretiens

(4) Les entretiens Habiter une ancienne ferme sur le Causse. Entretien avec M. Jacques Yeny Habiter une ancienne grange sur le Causse. Entretien avec Mme Michelle Péricas être jeune à Caylus dans une maison du XIXe. Entretien avec Tanguy Mitchell et Justin Miguel La maison coupée. Entretien avec M. Jacques Gaida Habiter une maison du XIXe. Entretien avec M. Jacques Barroul La maison en travaux. Entretien avec Evelyne et Alain Dupont Habiter une maison place de la Mairie. Entretien avec M. Christian Nicolas Avoir un commerce à Caylus. Entretien avec M. Jean-Paul Puydebois La maison double médiévale. Entretien avec MM. René Médal et Philippe Maury

III. Gestes, histoire (1) Relevés photographiques (2) Collecter des documents d’archive pour comprendre l’organisation urbaine de la ville

Caylus : une bastide annexée à un bourg castral Les caractéristiques des bastides Un plan rigoureux La place du commerce dans la ville Les maisons de marchands Les venelles

(3) élements de la maison urbaine au Moyen-âge

Les toilettes, dites « latrines » Les éviers Les cheminées Les caves, leurs formes et leurs fonctions


IV. Transmettre et créer du commun (1) Construire ensemble du commun sur un territoire spécifique en fonction des habitants La poignée à vanne - Jeanne Macaigne Nœud de circulation - Marie Maganuco Au gré des pluies - Hanin Salama & Antoine Leduc Jardin de pluie - Yaru Gao Parcours sonore - Aurélie Perderizet Module de camouflage - Victoire Souviron Tuyaux mobiles - Maude Tremolière, Margaux Zuppel & Pablo Figueroa


I.Enjeux I.Enjeuxthéoriques théorique et pratique pratiques

Moment de travail entre professeurs et étudiants, Le Propulseur, janvier 2017 - Crédits photographiques : Jean-Marc Evezard.



(Travailler pour nous). Caylus est un atelier inscrit entre théorie et pratique, le thème du travail étant l’axe de recherche choisi pour 2016-2017 en design à l’institut supérieur des arts de Toulouse (isdaT). À partir de réflexions sur la différence entre le travail et l’emploi, le cycle « Travailler pour nous » met l’accent sur les pratiques laborieuses développées en marge du monde professionnel et qui, si elles ne génèrent pas de profit immédiat, n’en demeurent pas moins d’importantes sources de richesse et de créativité. Responsables du projet de recherche pour 2016-2017 Nathalie Bruyère (designer), Jean-Marc Evezard (infographie 2d et 3d) Laetitia Giorgino (théorie). Étudiants associés Pablo Figueroa, Charlotte Frison, Yaru Gao, Karen Hookerlosada, Beverley Lassagne, Jeanne Macaigne, Marie Maganuco, Hanin Salama, Maude Tremoliere, Paula Schuster, Victoire Souviron, Margaux Zuppel. Partenaire Le Propulseur - Science Animation Interventions ponctuelles Licence Artisan-Designer Luc Adolphe et Samuel Balti (L’Institut de la Ville)

« Travailler pour nous » vs « travailler pour l’usager » L’organisation du régime productif soumis à toujours plus de rentabilité a considérablement affecté le champ des activités humaines (dont le travail fait partie). Avant la révolution industrielle, celui qui travaille, c’est celui qui est en rapport direct avec les instruments, qui se tourmente par les choses qu’il fait (parmi les différentes origines du mot travail, on retrouve cette signification liée au tourment). Aujourd’hui, le travail s’est transformé, il est devenu l’affaire d’un marché généralisé et perd la plus grande partie de ses attributs1. Signe de cette transformation, le fait qu’à notre époque, « le temps de la fabrique compte moins que le temps de la distribution, du commerce, de la consommation ». Progressivement le travail disparaît pour laisser place à l’emploi, lequel se caractérise par « le productif pré-défini, à l’initiative absente, à la marge de manœuvre réduite ». L’emploi est planifié, dirigé, contrôlé par un agent professionnel. « Nous ne sommes pas dans le même état si nous sommes employés au profit d’une logique systématique et si nous travaillons avec nos modes de production avec les techniques en cours. »2 Malgré tout, des efforts productifs subsistent sous la forme d’un labeur non rémunéré, qu’un auteur comme Ivan Illich nomme le chômage créateur, en prenant notamment l’exemple de la construction de son habitat. Tout en avançant néanmoins que « la faculté d’être utile à soi-même et aux autres ailleurs que dans son métier ou son poste a été efficacement paralysée. Tout labeur non rémunéré est méprisé, sinon ignoré. »3 1.

On se référera pour comprendre ces mécanismes à la conférence de Mireille Bruyère, intitulée « Vers une société de travailleur sans travail » prononcé à l’isdaT en 2016 à l’occasion de la journée d’études « Précarité et habitat ». Dans cette conférence, elle met en relation les mutations du travail avec la transformation du capital sous la forme liquide. 2. Pierre-Damien Huyghe, « Travailler pour nous » in À quoi tient le design, Grenoble, Éd. de l’Incidence, 2014, p.61 3. Ivan Illich, « Le chômage créateur » in Œuvres II, p.76 (1977)

I. Notes d’intention de l’atelier


La société industrielle telle qu’elle s’est organisée tend à fournir en surabondance des biens et des services, cette sur-production laissant peu de place aux initiatives humaines. Dans un tel contexte, rares sont les échanges productifs échappant au commerce marchand. Pour Illich, l’augmentation de la production s’accompagne de la diminution de cette capacité innée qu’ont les hommes de faire ce qu’ils peuvent pour eux-mêmes et pour les autres. L’homme est ainsi tendanciellement mis à l’écart des opérations productives. Cela se manifeste par exemple dans le fait qu’il n’est pas en situation de pouvoir comprendre les outils avec lesquels il travaille, ce qui le place dans une relation de servitude vis-à-vis de ces outils. Les outils et les techniques sur lesquels ils reposent ne sont pas ici à mettre en cause en tant que tels, c’est bien le régime de productivité intensive astreignant l’homme qui pose question. La formulation « travailler pour nous » est une alternative à une autre formulation très répandue dans le champ du design qui consiste à dire pour certains designers qu’ils travaillent pour l’usager. Cette façon de dire et de parler de l’orientation de la tâche du designer pose différents problèmes. D’abord parce qu’elle réduit tout un pan de la population à l’état d’usager, c’est-à-dire de personne qui ferait d’un objet, d’un outil, d’un service un usage conformément à ce qui aurait été anticipé, par avance (par devers lui), par un concepteur. Cette formulation sous-entend une séparation entre d’un côté un designer-concepteur qui se charge de penser pour ou à la place des gens et de l’autre côté un usager qui a recourt à un outil, un service, un espace que l’on aurait pensé à sa place. Remplacer le terme « usager » par « nous » renvoie à une entité plus vaste et permet de réunir celui qui pense, conçoit, dessine, fabrique et celui qui se trouvait jusqu’alors habituellement désigné par le vocable (terme) « usager ». Cette formule alternative unit au lieu de diviser, celui qui conçoit, dessine, fabrique est susceptible d’être à son tour celui qui fait avec ce qui a été conçu, dessiné, fabriqué. Ce faisant il peut être amené à ouvrir l’outil, l’espace ou le service à de l’imprévu, à lui découvrir de nouvelles fonctions par exemple. Laetitia Giorgino

Présentation à partir des mots du titre :


Travailler : Que signifie Travailler aujourd’hui ? Pour nous : Quelles questions cela pose au design ? à Caylus : Partir du réel, comment ?

Travailler : que signifie Travailler aujourd’hui ? Le travail est central dans notre société, il est au centre des activités. Mais que signifie le travail aujourd’hui ? Généralement, il est associé à sa capacité d’être une activité capable de productivité mesurable et donc quantifiable. « Travailler pour nous » à Caylus, questionne cette dimension du travail. Ce travail-productif est une dimension historique née au début du capitalisme, il était la base du lien social. Autour du travail se crée un lien social, un pacte inscrit dans l’organisation de la société. Il s’agit de la solidarité créée autour du travail, ces solidarités garantissent le lien social, un bien commun immatériel. Nous partirons de la définition dite « moderne » du travail, car elle permet de restituer les choses dans l’histoire et de s’extirper du déterminisme programmé, cette définition dite « moderne » du travail, donc, qui l’associe au début de l’industrialisation. Il faut souligner que rien du pacte social qui a émergé au cours du 20e siècle ne fut possible sans les luttes ouvrières. D’autre part, ce travail-productif assurait la progression de la consommation et donc de la protection sociale, socle institutionnel de la solidarité, mais aussi de la progression des profits et des investissements. De ces faits, le travail est devenu central en s’inscrivant dans le salariat, comme mode ‘d’échange’. Ce qui s’échange, c’est la soumission à l’objectif de rentabilité contre la solidarité via la protection sociale (les retraites, l’assurance maladie etc …) D’autre part, ce travail-productif assurait la progression de la consommation et donc de la protection sociale, mais aussi de la progression des profits et des investissements. En conséquence, le travail est devenu central en s’inscrivant dans le salariat, comme mode ‘d’échange’. Pour que cette vision du travail fonctionne, cela repose sur deux piliers : la croissance et la productivité. De fait, ces deux piliers, dès 1974, au vu de la saturation de la consommation de masse, ont commencé à fléchir, confrontés aux limites de la Terre, mais aussi aux limites humaines. L’homme est de plus en plus remplacé par des machines, car plus productives, ou par une main d’œuvre moins coûteuse ; on casse le lien social issu du travail pour pouvoir mieux manager. Le néo-management ayant comme objectif de transformer chaque individu comme un petit bureau du temps et des méthodes. L’autre transformation est la liquidité du Capital à travers la financiarisation, laquelle réussit un contrôle à travers l’autonomisation de la finance par rapport au reste de la société. L’ensemble de ces éléments a fragmenté les entreprises et les liens collectifs initialement inscrits dans le travail ; ce démantèlement a été possible grâce à des pilotages à distance (actionnaires) et par un sous-investissement productif, déplaçant le travail comme lien social vers le travail aliénant. Il n’y a plus d’échange entre soumission et solidarité collective, mais il ne reste que de la soumission. Cette transformation est passée par des techniques de management du travail en management des subjectivités isolées avec l’aide des technologies de l’information. Ensuite, le développement des technologies de l’information, de la digitalisation et du numérique a accentué la flexibilité de l’emploi et de l’individualisation des performances en diffusant le travail

II. Travailler avec le design à Caylus


partout dans tous les moments de la vie (répondre aux mails, au téléphone, partout, par exemple…). Nous devons tous être tout le temps efficaces et productifs, dans le travail et ailleurs. Accentuant / sustentant la mise en concurrence. Le nouveau « agir en commun » sera une coordination algorythmique aveugle et sans projet. Il émerge d’un « ordre spontané » des marchés sur lesquels ne s’échangent que des informations dénuées de sens qui ne servent qu’à quantifier l’activité humaine pour la transformer en matière première de la performance du travail.

Pour nous : quelles questions cela pose au design ? Soit, comment travailler pour le reste de la société si on ne peut plus s’adosser à ce principe de travail condition de la solidarité car celui-ci a été démantelé ? (Le travail est resté travail-productif mais sa contrepartie en terme de solidarité s’évanouit). Comment le designer peut être lui : comme individu qui doit décider pour construire le projet pour les autres, mais aussi comment peut-il savoir ce que veut l’autre, surtout s’il n’en fait pas la demande. Qu’y a-t-il de commun à tous les designers dans le métier de désigner ?

Moment de travail entre professeurs et étudiants, Le Propulseur, janvier 2017 - Crédits photographiques : Jean-Marc Evezard.

Le designer prend-il part à une subjectivité ou à un lien social ? Comment prendre part à une subjectivité qui n’est pas la sienne ? Comment répondre à un besoin qui n’a pas été identifié ? Quels outils mettre en place pour répondre à des besoins réels ? Le design est un acteur important de ce défi. Si je veux revenir sur la question du terme du design, sur ce qu’il veut dire, c’est qu’il reste à éclaircir, de mon point de vue. Pour cela, nous nous appuierons sur l’ouvrage de Robert Prost sur les « Pratiques de projets en architecture »4. Ainsi, on éliminera dès le départ l’usage courant en France du terme design : « c’est design », « c’est très design », ou « style design ». On parlera du design comme méthode et enjeu théorique. En France, en dehors du terme courant que nous avons mis à part, c’est la notion de concepteur qui demeure. On notera qu’en anglais on parle d’architecture design, d’intérieur design, d’industrial design et lorsque l’on parle de design, cela s’adresse à la création de pièces uniques à vocation et ambition artistique. Le design, à la différence d’autres disciplines qui travaillent dans ou avec la technique, apporte non seulement un point de vue critique mais aussi une vue sur l’étude d’objets « socialement » praticables et non uniquement techniques et commercialement fonctionnant. Donc, deux points fondent la discipline du design : une méthode entre pratique et théorie et une étude d’objets « socialement » praticables. Cela impose, au sein de notre travail, de ne pas penser en terme de « ce qui est » et de « ce qui doit être », car cela n’est ni linéaire, ni hiérarchique, mais 4.

Robert Prost, Pratiques de projets en architecture, Préface de François Chaslin, Infolio, Collection Archigraphy Poche, 2014. La prolifération des pratiques de design : un réel bouleversement, p.119


plutôt en terme de la pratique « ce qui pourrait être » et « comment le faire», en questionnant l’équilibre permanent entre socialement, techniquement, économiquement, formellement, entre les différents interlocuteurs : les Caylusiens (leur rapport à l’habitat), les artisanats, vous (jeunes designers) et nous (les professeurs) le responsable du Fablab de Caylus et du Propulseur, les politiques locaux... En bref, une réalité à saisir pour faire Histoire en acte, celle d’un projet commun. Il n’y a donc pas de méthode préétablie, mais une approche face au design, une attitude vis-à-vis du réel. Trouver les outils pour se saisir du réel (par la carte, les entretiens, la photographie, le son…). C’est une aspiration à la liberté qui ouvre les champs des possibles, pour vous, pour un aller-retour pédagogique dans un dialogue ouvert, critique et nourri. Il vous faut arriver à exposer les questions clairement, les doutes, pour co-construire ensemble. De fait, travailler à l’autonomie de pensée, c’est échanger autour de nos expériences et savoirs, partir dans le doute, accepter nos propres limites. Ce n’est pas une liberté qui se construit sur le rapport maître-élève ou designer-usager, mais sur l’échange de compétences, de regards, de cultures différentes. Si nous parlons de liberté, ce n’est pas une liberté qui se construit autour d’une idée de l’extension potentiellement illimitée de la propriété privée et du profit, autour de l’idée de profit individuel. Car la liberté que l’on nous vend aujourd’hui rabat l’homme à sa condition animale. Pire, elle l’invite à se penser comme une machine, en vue justement de réduire sa pensée à l’obsession accumulatrice ou consommatrice et la liberté dont il est question dit son contraire : il s’agit de soumettre l’individu à l’injonction surmoïque, devenue tyrannique – car sans limite –, du « jouis ! »,« jouissez donc, on s’occupe du reste ! Les animaux, eux, se foutent pas mal de faire du profit. La spécificité de l’Homme contrairement à l’animal est qu’il parle : pas de lien social sans langage et la parole (subjective) qui lui fait cortège. Mais il ne s’agit pas de faire ce que l’on veut. La conception de la liberté sur laquelle je m’appuie, suivant Hannah Arendt, est la liberté comme capacité de faire que quelque chose de nouveau advienne. La liberté est l’expérience quotidienne qui permet que la politique soit possible. Elle est l’attribut de la dimension politique des sociétés humaines. Il s’agit de mettre en place un bien commun, un outil convivial, comme le définit Ivan Illich. Ce qui est convivial est ce qui est manipulable par nous, dont on peut choisir l’usage et la finalité librement.

Se saisir du réel ? Il est important de noter en amont la différence entre l’intuition comme « connaissance directe et immédiate d’une vérité qui se présente à la pensée avec la clarté d’une évidence, qui servira de principe et de fondement au raisonnement discursif. » 5 et non à partir de la subjectivité « Qui est propre à un sujet déterminé, qui ne vaut que pour lui seul. »6, surtout quand nous parlons d’un travail créatif, mais aussi pour bien signifier qu’il n’est pas question d’un design-marque mais d’un design au service d’un bien commun, s’éloignant radicalement de la marchandisation de son nom, de ses produits, en créant une surenchère autour de la communication, du buzz et du marketing.

Observer, analyser : la méthodologie de la pensée complexe 5 6

Trésor de la Langue Française Informatisé Trésor de la Langue Française Informatisé


Pour arriver à questionner les notions de relation, de qualité des espaces et des perspectives de demain, nous devons questionner le design et son rapport à l’économie, aux outils de production et de diffusion, en le situant dans le contexte de la ville, de l’urbanité. À chaque regard sur un problème de notre monde, s’ouvre une chaîne de questionnement sans fin interrogeant une multitude de disciplines. Alors comment faire ? Il s’agit d’ouvrir la pédagogie vers la complexité, comme défini par Edgar Morin. La réalité qui nous entoure est constituée d’informations socio-politiques, économiques, complexes car imbriquées dans des sciences séparées. « Les sciences humaines n’ont pas conscience des caractères physiques et biologiques des phénomènes humains. Les sciences naturelles n’ont pas conscience de leur inscription dans une culture, une société, une histoire. Les sciences n’ont pas conscience de leur rôle dans la société. Les sciences n’ont pas conscience des principes occultes qui commandent leurs élucidations. Il leur manque une conscience. Mais de partout naît le besoin d’une science avec conscience. Il est temps de prendre conscience de la complexité de toute réalité – physique, biologique, humaine, sociale, politique – et de la réalité de la complexité. Il est temps de prendre conscience qu’une science privée de réflexion et qu’une philosophie purement spéculative sont insuffisantes. Conscience sans science et science sans conscience sont mutilées et mutilantes. » 7 Comment placer l’homme au centre des projets de design ? Ainsi, comprendre le socio-politique signifie articuler socio et politique. Le terme politique défini par les grecs de politikos, indiquant le cadre général d’une société organisée et développée, est donc en rapport direct avec le social. Les sciences humaines et sociales forment un ensemble de disciplines étudiant divers aspects de la réalité humaine sur le plan de l’individu et sur le plan collectif. La société d’aujourd’hui s’articule sur des relations économiques tirées du grec ancien oikonomía signifiant administration d’un foyer. Elle relève d’une activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l’échange et la consommation de biens et de services (marchands ou non). De fait, placer l’homme au centre des projets de design signifie ne jamais pouvoir se saisir de la science comme une réalité immuable. Les réalités des hommes sont toutes différentes, nos actes, nos styles et manières d’être diffèrent. Objet, espace, cadre de vie sont des matérialisations sensibles et esthétiques de ce que nous sommes et de nos rapports collectifs. L’expérience esthétique est notre outil de travail comme médium de transmission. Le sensible est le langage utilisé par le design pour créer les artefacts reliant les individus, les savoir-faire et les divers échanges, marchands ou non. En conséquence, se saisir de réalités est le départ de tout projet centré sur l’Homme. La réalité permet de « tirer » les imbrications de connaissances pour les comprendre, en les réorganisant différemment ; le rapport politique (politikos), économique (oikonomía), social, à travers des artefacts sensibles, créant un nouveau lien entre toutes les composantes. La question de la méthodologie et de l’organisation des savoir-faire de tous ordres, savoir-faire issus des cultures territoriales, des cultures industrielles, des cultures professionnelles, des cultures artisanales..., se pose ici comme élément fondamental pour la création de ces types d’observation. La méthode sur la pensée complexe permet de créer des conditions de vision inventives et sensibles, une méthode se construisant par l’auto-organisation « Que signifie le radical auto d’auto-organisation ? Qu’est-ce que l’organisation ? Qu’estque la complexité ?» Face aux discours identitaires, aux crises écologiques,

7 Edgar Morin, Science avec conscience, éditions Points Fayard, collection Sciences, mai 1990, 4e de couverture.


aux tensions, il faut trouver le sens d’une humanité, un ensemble, du commun. Sur la base des communs, le premier réside bien entendu dans les biens naturels, la Terre, l’Eau... Ce commun préhumain est de fait constitué avant lui. L’Homme doit son existence à la nature grâce à l’usage des ressources naturelles. Pour vivre en société, les activités humaines se sont développées pour devenir le socle des communs auto-constitués qui relèvent de l’agir ensemble, comme le langage, la culture, le savoir, la connaissance. D’autre part, les communs auto-institutionnalisés, relevant de décisions institutionnalisées, sont créés pour garantir un socle partagé à travers la fonction publique, comme l’école et le secteur de la santé, par exemple. C’est sur cette base que l’économie a développé la centralité de l’organisation du travail en l’associant à sa capacité d’être une activité capable de productivité mesurable et donc quantifiable, qui garantit la croissance. Pour travailler, il faut de la connaissance, du savoir, que l’on acquiert à l’école afin d’apprendre un métier qui permettra de produire un bien ou un service. Ce système est fondamentalement en crise pour plusieurs raisons : écologique, enclosures multiples, capitalisations financières, même dans le supérieur et la recherche...

Le design comme recherche-action Aller de l’avant dans une pensée précise avec une méthode s’articulant à travers des nœuds (rencontre de convergences entre plusieurs disciplines) et entre les manières de faire, les sensibilités, pour créer un réel différent, tel est l’enjeu. Ces nœuds se trouvent à la croisée de 3 points fondamentaux pour notre discipline : le rapport homme-architecture, le rapport hommeconnaissances, comment transmettre une forme ouverte dont on peut se saisir, le rapport à la bienveillance que l’on doit avoir face à la nature comme un bien commun. Identifier les savoir-faire, développer les processus, imaginer d’autres rapports au travail à travers le projet de design. Il s’agit d’un processus d’expérimentation sur 3 piliers qui s’inscrit dans un continuum progressif1 pour se saisir des subjectivités des habitants de Caylus. Nous travaillerons dans un contexte à tisser des liens, des analyses, dans la complexité entre penser et faire. L’observation (en terme simple) avec la mise en situation, l’observation de ce qui est donné à voir ou à traiter. L’objectif étant de bien comprendre les différents éléments constitutifs du ou des projet(s) à partir d’une vision globale (occupation spatiale, ressentis, usages et fonctions, couleurs, textures, matériaux, principes de mise en œuvre, etc.). Il faudra trouver les analogies et interprétations pour comprendre les spécificités quant aux modes de fabrication (espace et objet). Le village médiéval de Caylus a été choisi comme lieu d’observation. La mesure : savoir évaluer ce que l’on voit et perçoit. Il s’agit d’approfondir sa première approche en repérant le plus précisément les différents éléments, les différentes articulations. L’objectif est d’appréhender l’espace et les objets. La description : donner vie au projet grâce à des outils de représentation diversifiés, en utilisant l’imagination pour définir les termes. La finesse de ce travail permet la richesse du projet et de l’expérience (à l’autre). L’analyse : indispensable pour s’assurer de la compréhension du processus. Elle 8 Cette partie est issue de Vers une pédagogie dynamique et créative, d’A, déc. 2016/fév. 2017, p.79 – Entretien Patrice Doat.


permet de distinguer ce qui est de l’ordre de la théorie et de l’ordre de la pratique pour orienter la réflexion et l’expérimentation vers des solutions originales. C’est la partie d’évaluation du travail. L’analyse est passée par une attention particulière de l’évolution des villes, vis-à-vis de l’élément qui les a structurées – l’eau, comme bien commun ; mais aussi sur un autre point le protocole de travail où les outils des fablabs s’inscrivent sur un territoire et sont partagés entre plusieurs éléments : les habitants, les designers, les artisans pour améliorer un cadre de vie. De fait, on travaille pour un salaire qui nous permet de créer ou faire bâtir notre cadre de vie, mais si cela était autrement ? Du point de vue de la pratique du projet, cela pose la question de la rémunération des designers calculée sur le nombre des ventes (royalties), ou la rémunération des architectes calculée sur le montant des travaux, donc comment dans un tel processus les échanges s’effectuent, comment trouver les moyens pour les créateurs de partir vers d’autres chemins que ceux déjà tracés ?

Nathalie Bruyère



Pendant notre séjour à Caylus nous n’avons pas seulement traité la manière d’habiter les maisons médiévales aujourd’hui, mais nous avons pratiqué également une autre manière de travailler en tant que concepteur. La communauté du village était notre client mais n’a pas fait de demande spécifique. Notre tâche est de concevoir un objectif social et non commercial en suivant la notion de “human- centered design”.

Paula Schuster & Beverley Lassagne Illustration : protocole - comment avons-nous procédé ?


Thématique de l’observation Le village de Caylus se compose de bâtisses et autres constructions qui ont vu le jour il y a maintenant plusieurs siècles, nombres d’entre elles ayant émergé à l’époque du Moyen-Âge. Ces constructions ne sont pas seulement le témoignage d’un lointain passé, elles sont encore habitées et animées de la vie des Caylusiens. Depuis la date de leur conception, les conditions de vie ont changé : les conditions d’hygiène mais aussi les moyens de se chauffer, de s’approvisionner en eau, etc. Pour que les constructions d’hier puissent accueillir les modes de vies d’aujourd’hui, les hommes ont successivement transformé leurs demeures. Or, chaque étape de transformation d’un héritage ainsi reçu soulève son lot de questions. Quelles sont les parties que nous pouvons garder en l’état, renforcer, quelles sont celles que nous ne pouvons pas ne pas modifier ? Comment les constructions d’autrefois peuvent-elles supporter les installations d’aujourd’hui ? Lors de ces chantiers, des décisions sont parfois prises à la hâte, les opérations menées pour adapter la maison à l’ère du temps se traduisent par des ajouts inesthétiques, obéissant ainsi au seul souci de fonctionnalité, pour faire notamment circuler les nombreux flux qui transitent désormais dans nos habitations modernisées (système de canalisation des eaux, réseaux de chauffage, de câblages électriques, de télécommunication, etc.). Sans chercher à comprendre les structures internes, on perce des points d’entrée, on ajoute des gaines qui au fil du temps dénaturent l’aspect des maisons. Il y a là un enjeu pour une démarche de designer qui s’efforcerait le plus possible de faire avec l’existant. Ajouter un système de conduits pour faire circuler de l’air implique-t-il nécessairement de venir condamner irréversiblement un système plus archaïque mais non dénué de qualités ? Pourrait-on trouver des manières de faire cohabiter un système de chauffage moderne avec la cheminée ?

Description de l’organisation et du dispositif de travail L’atelier de recherche-action s’est déroulé en trois phases.

I. Caylus, ses habitants, leurs maisons 1er temps : multiplier les modes d’observation d’un lieu et les spécificités liées à ce lieu Durant leur premier séjour à Caylus (du 3.01.17 au 6.01.17), le groupe d’étudiants en option design à l’isdaT, participant à cet atelier de recherche, a observé les bâtisses de la cité médiévale de Caylus, leurs machineries internes, leurs « tripes », et tout particulièrement leurs réseaux de tuyaux. Les étudiants se sont entretenus avec les habitants, ils ont évoqué les différents chantiers par eux entrepris pour modifier leur habitat, les problèmes qu’ils ont rencontrés, etc.


II. Gestes, histoire 2e temps : les savoir-faire et la recherche historique à la suite de cette première semaine d’immersion, les étudiants ont retranscrit les entretiens, rassemblé les données collectées et mené des recherches documentaires afin de mieux comprendre l’organisation de cette cité médiévale.

III. Transmettre et créer du commun 3e temps : tirer des hypothèses à partir de la matière collectée, concevoir des maquettes et des prototypes à partir hypothèses formulées Pour la deuxième session de cet atelier (du 13.03.17 au 17.03.17), le groupe de départ a été rejoint par deux étudiants de la licence 3 professionnelle ArtisanDesigner (Université Toulouse – Jean Jaurès, site de Montauban), venus rejoindre les étudiants de l’isdaT pour participer au travail de conception dans le camion, pendant que d’autres étaient occupés à la mise en place d’un vidéomapping sur les gestes des artisans. Cette semaine a été consacrée au travail de conception de divers projets en lien avec les hypothèses formulées suite à la première semaine. Grâce aux machines présentes à bord du camion, les étudiants ont pu réaliser des prototypes de pièces et des éléments de maquette. La machine de découpe laser leur a permis de réaliser des planches de communication de leurs projets.

Cette dernière semaine à Caylus s’est clôturée par une présentation publique des recherches et des ébauches de projets réalisées dans le cadre de cet atelier. Pour cet événement, les étudiants avaient réalisé dans le camion un affichage des entretiens, de leurs recherches documentaires et organisé la présentation de leurs projets. La plupart des personnes qui avaient pris part au projet de près ou de loin – les habitants, certains élus, les personnes en charge de l’inventaire du patrimoine, le responsable du Fablab de Caylus, les étudiants de l’isdaT et certains de la Licence Artisan Designer – étaient à cette occasion réunis dans le camion et ils ont pu s’entretenir autour des dessins et des maquettes. Ce soir là, dans ce studio mobile situé sur la place publique, les conditions étaient réunies pour qu’aient lieu des discussions à propos de ce qui pouvait être là-bas entrepris, de ce qui serait susceptible de modifier, même très légèrement, le cadre matériel d’existence de la vie des habitants.


Participants

Charlotte Frison, Beverley Lasagne, Kareen Hookerlosada, Yaru Gao et rajout à gauche de Pablo Figueroa et de Margaux Zuppel (Toujours ailleurs). Crédits photographiques : Théo Lacroix.

Jean-Marc Evezard, Aurélie Perderizet, Marie Maganuco, Victoire Souviron, Hani


in Salama, Théo Lacroix. Crédits photographiques : Théo Lacroix.

Paula Schuster, Maud Trémolière, Laetitia Giorgino, Nathalie Bruyère, Alain Grycan. Crédits photographiques : Théo Lacroix.


Changer les modes de travail : travailler dans un tiers-lieu Pendant deux semaines, les étudiants ont été invités à travailler dans un bureau mobile dans la commune de Caylus. Ce bureau mobile est contenu dans un camion disposant d’un plateau modulable d’une surface de 60m2 et proposant un espace de prototypage composé de diverses machines à commande numérique. Le camion appartient à l’association “Science Animation“ avec qui un accord s’est engagé pour inscrire une partie de leurs activités dans une démarche commune avec l’isdaT en design. Cette association considère le camion (nommé Le Propulseur) comme un tiers-lieu mobile. Cette notion de tiers-lieu a été introduite par le sociologue américain Ray Oldenburg et désigne « un espace qui n’est ni tout à fait un domicile ni tout à fait un lieu de travail, un lieu hybride qui présente les caractéristiques des deux univers et où se fabriquent et s’assemblent des connaissances. » Cet espace de travail mobile a permis aux étudiants d’habiter provisoirement ce territoire et de l’observer de plus près. Un tel dispositif offre l’avantage de rapprocher, voire d’unir lieu de conception, de fabrication et de diffusion. L’installation de ce bureau dans une zone rurale participe également d’une volonté de penser et de mettre en œuvre la décentralisation des lieux de fabrique et de production.

Le Propulseur, place de la Mairie, janvier 2017 - Crédits photographiques : Jean-M


III. Présentation du Propulseur et du FabLab

Marc Evezard.

Le Propulseur, place de la Mairie, janvier 2017 - Crédits photographiques : Jean-Marc Evezard.

Le Propulseur vue des halles, place de la Mairie, janvier 2017 - Crédits photographiques : Jean-Marc Evezard.

Alain, responsable du Propulseur chez Science Animation, janvier 2017 - Crédits photographiques : Jean-Marc Evezard.


Habiter le lieu du projet L’une des visées de cet atelier de recherche était d’installer un cadre de travail différent du cadre de travail classique du designer en agence dans lequel le lieu de conception est généralement séparé du lieu auquel se destine le produit de la conception. Le fait de pouvoir séjourner sur place le temps du projet amène une approche différente. Dans ces conditions, le designer, ou l’apprenti designer, ne se contente pas d’observer le cadre matériel d’existence des Caylusiens et les usages qu’’ils peuvent en faire, il pratique lui-même cet espace, il le traverse, l’éprouve, en fait une expérience directe et ne l’appréhende pas seulement au travers de représentations. Il s’agissait aussi de donner aux étudiants un temps d’observation plus long, en vivant momentanément sur le lieu du projet. Ainsi les étudiants ont pu se livrer à une observation plus approfondie, ce temps était nécessaire pour repérer les problème spécifiques liés à ce type de territoire. D’autant plus que le principe de cet atelier reposait en partie sur l’absence de commande, les étudiants n’étaient pas mis en situation de répondre à une demande prédéfinie, mais de considérer la manière dont les choses étaient faites, les éventuels problèmes qui pouvait découler de cet état de chose, et ce qu’il serait bon d’entreprendre pour améliorer l’existant.

Le studio sur la place publique La présence du bureau mobile sur la place publique a joué un rôle important, le camion, de par sa taille et son emplacement, a suscité la curiosité des habitants qui n’ont pas hésité à en franchir le seuil pour venir voir ce qui s’y passait. Le bureau mobile a été tour à tour plateforme d’échange et de discussion pour la première étape du projet – le moment de l’enquête – puis lieu de conception, de réalisation de maquette et de prototype, et enfin lieu de diffusion des idées et des prémices de projets.

Un temps d’échange avec l’artisanat dit « dur » à venir Le premier jour permettra de partager l’état et l’analyse des recherches entreprises la 1re semaine qui a eu lieu du 3 au 6 janvier 2017. De leur côté, les Artisans-Designers montreront le recensement et les décryptages des techniques « métiers » mises en œuvre.

Intérieur du FabLab Origami, 15 avenue du Père Evariste Huc, janvier 2017 - Créd


Mickael Postolovic, responsable du FabLab de Caylus, janvier 2017 - Crédits photographiques : Jean-Marc Evezard.

Emplacement du Propulseur, Place de la Mairie, 82160 Caylus

FabLab 15 Avenue du Père Evariste Huc, 82160 Caylus

dits photographiques : Jean-Marc Evezard.


Observation II. Caylus, du ses Caylus réel habitants, . Caylus leurs maisons II.Observer Observer Caylus

Vue aérienne de Caylus depuis un drone, janvier 2017 - Crédits photographiques : Jean-Marc Evezard.



Le haut de Caylus avec les lotissements et commodités

Recueillir des anecdotes auprès des habitants

Portraits d’habitants, Le Propulseur, janvier 2017 - Crédits photographiques : Jean-Marc Evezard.


Le haut de Caylus avec les lotissements

La partie moyennageuse de la ville de Caylus

L’orphelinat et la maison Zekine

L’église

Les maisons coupées

Le bas de Caylus avec le cimetière

Le Château

La Halle et la Place de la Mairie

« {...} ancienne commerçante d’une charcuterie familiale à Caylus depuis 1924,

fermée il y a un an à cause de la conjoncture économique et » du dépeuplement {...}


Claudine Mendal, Chantal Tibau et leur amie. Date : 03/01/2017 Entretien effectué par : Victoire Souviron, Hanin Salama, Marie Maganuco et Aurélie Perderizet. Claudine est retraitée, ancienne commerçante d’une charcuterie familiale à Caylus depuis 1924, fermée il y a un an à cause de la conjoncture économique et du dépeuplement, l’apparition des supermarchés etc. Elle habite depuis 50 ans dans le même logement à Caylus, logement datant du XIII/XIVe siècle. Elle est également propriétaire de plusieurs immeubles à Caylus. Mme Medal a fait réaliser des travaux d’isolation et de rénovation mineurs à chaque fois par des artisans locaux, l’extérieur n’est pas trop modifiable car son logement est classé. Elle a gardé en état la cheminée d’époque, elle est d’ailleurs disproportionnée par rapport à la taille de la pièce, mais elle se chauffe avec un chauffage central au fioul.

Structuration Il y a eu trois enceintes à Caylus, qui se sont aujourd’hui transformées en trois quartiers bien disctincts : le centre-ville, le haut (le Causse, là où il y a les lotissements et la conserverie. D’ailleurs toutes les commodités tels que la pharmacie et les cabinets médicaux ont été déplacés dans le haut, ce mouvement a été difficile pour les habitants du centre-ville et a participé selon certains au déclin du centre.) Puis il y a le bas, où le cimetière se situe. Le centre de Caylus est peu habité, mais il y a beaucoup de monde dans les fermes d’alentour.

Le château de Caylus a 200 ans. Le plus ancien quartier de Caylus est le quartier du château. L’un des quartiers le plus ancien de Caylus a été détruit, il était constitué de maison en bois et en tuf (roche résultant de la consolidation de débris volcaniques), il était en bas de l’église. Les pierres des bâtiments détruits ont été réutilisées pour les constructions de nouveaux bâtiments. à l’époque, il était possible de passer d’une maison à l’autre par les caves. Le nom de Caylus est un héritage romain, il signifie « pierre de lumière ». Dans le haut de Caylus, les égouts en pierre ont été rénovés il y a 10 ans, depuis les odeurs d’égouts sont bien plus présentes. D’ailleurs les écarts entre les maisons, appelés des venelles, servaient à l’époque d’écoulement pour aller ensuite dans les caniveaux, dans la rue. La suite de l’entretien se passe plutôt sous la forme d’histoires, d’anecdotes que Chantal nous raconte. Claudine nous a fait visiter une de ses propriétés, dans laquelle il y a une cheminée d’époque et le plus grand escalier hélicoïdale de Caylus. Chantal nous amène voir la façade de l’ancien orphelinat. Elle nous explique que c’est un bâtiment très ancien. Les femmes célibataires de l’époque qui avait un enfant l’abandonnait en le glissant dans le trou de la façade, derrière ce trou se trouvait un panier pour que les bonnes sœurs récupèrent les enfants. Avant, il y avait un marché immense, une foire une fois par mois. Avant, il y avait beaucoup de commerces, tout était ouvert, aujourd’hui beaucoup moins de choses ouvrent, mais il y a tout de même l’essentiel à disposition, si l’on veut on n’a pas besoin de sortir de Caylus.

Relevés photographiques


Vue extérieure du château de Caylus, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.

Caylus, janvier 2017 - Crédits photographiques : Pablo Figueroa.


Relevés photographiques

Le lavoir de Caylus, janvier 2017 - Crédits photographiques : Jean-Marc Evezard.

Marché de Caylus, place de la Mairie, janvier 2017 - Crédits photographiques : Pablo Figueroa.


Vue aérienne de Caylus depuis un drone, janvier 2017 - Crédits photographiques : Jean-Marc Evezard.

L’école de Caylus, janvier 2017 - Crédits photographiques : Jean-Marc Evezard.


Relevés photographiques

Le plus grand escalier hélicoïdale, rue Droite, janvier 2017 - Crédits photographiques : Victoire Souviron.

Intérieur de l’église de Caylus, janvier 2017 - Crédits photographiques : Jean-Marc Evezard.


Façade de l’orphelinat et de la Maison « Zadkine », janvier 2017 - Crédits photographiques : Pablo Figueroa.


Mener une enquête sur les manières d’habiter Caylus Lors des moments d’échanges avec les habitants, vous pourrez conduire votre entretien en deux temps. Dans un premier temps vous orienterez l’échange vers les manières d’habiter la cité moyenâgeuse de Caylus pour vous focaliser dans un second temps sur les manières d’habiter une ancienne bâtisse et questionner votre interlocuteur sur la présence des systèmes de circulation de l’air, de l’eau, de l’énergie, des télécommunications, etc.)

Manière d’habiter une cité moyenâgeuse aujourd’hui • Depuis quand habitez-vous à Caylus ? • Pourriez parler de l’organisation particulière de la cité de Caylus ? • Comment décririez-vous l’influence de l’organisation particulière de la ville de Caylus sur vos habitudes ?

Mobilité • Quels sont les trajets que vous effectuez quotidiennement sur une semaine ? • Quels sont les moyens de transport que vous utilisez ?

Approvisionnement • Quels sont les modes d’approvisionnements alimentaires ? (marché, vente directe ?)

Perception de l’évolution du village • Avez-vous perçu une évolution du village depuis votre arrivée ? Avez-vous eu connaissance des chantiers majeurs entrepris pour adapter la cité aux conditions de vie de notre époque ? • Quel regard portez-vous sur ces modifications ?

Manière d’habiter une bâtisse moyenâgeuse • Depuis combien de temps occupez-vous votre logement ? Connaissezvous son histoire ? • Êtes-vous propriétaire ou locataire ? • Quelle est la date (approximative) de construction de votre habitation ? • Quelles sont les qualités de cette bâtisse ? Quelles en sont les inconvénients ?

Manière de se chauffer • Quel est votre système de chauffage ? • Comment fonctionne-t-il ?

Conduire des entretiens


• Vous convient-il ? • Offre-t-il des possibilités de réglages ? • Que pouvez-vous dire de la consommation énergétique de votre habitation ? • Le circuit du système de chauffage est-il apparent ? Pourriez-vous le décrire ?

Accès à Internet • Avez-vous une connexion Internet ? Savez-vous par où passent les câbles de télécommunication ?

Modification de l’habitat • Y a-t-il eu des modifications apportées à votre habitation depuis que vous y vivez ? Si oui lesquelles ? • Avez-vous fait des travaux dans le logement que vous occupez ? • De quels types de travaux s’agit-il ? (Intérieur ? Extérieur ?) Quelles sont les raisons qui ont motivé ces travaux ? • Avez-vous rencontré des difficultés pour réaliser ces travaux (ex : Estce que la façon dont le bâti est structuré a posé problème pour le bon déroulement des travaux ? Est-ce que les normes et les réglementations du Plan local d’urbanisme ont constitué un obstacle ?) • Votre habitation est-elle inscrite au registre des bâtiments historiques ? • En quoi les modifications apportées révèlent les qualités propres du bâti ? En quoi elles les cachent et les obstruent ? • Votre logement a-t-il fait l’objet d’un programme de rénovation énergétique ? • Avez-vous bénéficié d’aide de la mairie pour financer ces travaux ? • Avez-vous réalisé vous-même vos travaux ou les avez-vous faits réaliser par un professionnel ?

Si la personne a fait faire ses travaux par un tiers : • Avez-vous fait appel à un artisan de Caylus ? • Ce professionnel était-il spécialisé dans l’entretien des bâtiments moyenâgeux ? • Comment avez-vous travaillé avec ce professionnel ? Avez-vous été impliqué dans le chantier ? Comment ? • Ce professionnel vous a-t-il montré son « projet de rénovation » au travers d’un visuel 3D ? d’un dessin ? d’une maquette ?

Si la personne a fait ses travaux elle-même : • Où vous êtes-vous approvisionné en terme de matériaux et d’outils ? • Avez-vous eu recours à des matériaux de récupération ? • Comment avez-vous acquis le savoir-faire nécessaire pour réaliser ces travaux ?

Merci à Samuel Balti Maître-assistant associé ENSA Toulouse et Docteur Laboratoire Interdisciplinaire Solidarités, Sociétés, Territoires.

Pour son aide sur la construction d’un entretien.


Une ancienne ferme sur le Causse

Portraits d’habitants, Le Propulseur, janvier 2017 - CrÊdits photographiques : Jean-Marc Evezard.


Vue extérieure de chez M. Yeny, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.

«

{...} à l’époque le pigeonnier était un marqueur social et » servait principalement à produire de l’engrais.


Jacques Yeny Date : 03/01/2017 Entretien effectué par : Théo Lacroix, Marie Maganuco, Hanin Salama et Aurélie Perderizet. Monsieur Jacques Yeny est propriétaire d’une ferme sur le Causse (plateau de calcaire) depuis 1979-80 (17 ans), il en fait l’acquisition quand il habite en Afrique pour des raisons professionnelles, il fait faire les travaux à distance, les travaux sont longs puisqu’il n’est pas pressé et que la communication entre Caylus et l’Afrique est difficile. Cette ferme est abandonnée en 1940, après l’écroulement d’un mur, dû au non entretien de la pierre sèche en mouvement. La propriété contient 3 bâtiments, une habitation principale (principalement utilisée pour l’activité agricole à l’époque, la vie se faisait dans seulement 2 pièces), un pigeonnier et une bergerie. à l’époque le pigeonnier était un marqueur social et servait principalement à produire de l’engrais. Les bâtisses ont été construites en plusieurs étapes, sur plusieurs années, mais la seule date présente sur le devant de la maison est 1789. M. Yeny avait le désir de garder au maximum l’extérieur d’époque, (il n’a pas pu conserver un toit ancien pour des raisons d’imperméabilité). Pendant la rénovation, des travaux de taille et de récupération de pierres ont été réalisés afin de remplacer les pierres absentes ou détériorées. Il fait faire le gros œuvre lorsqu’il est en Afrique, une fois qu’il décide de venir vivre à Caylus il fait faire le petit œuvre en étant sur place, cette fois-ci par une entreprise générale afin d’éviter les problèmes de coordination entre différentes entreprises. Les petits travaux tel que le chauffage, l’eau, l’organisation des pièces se font à son arrivée, parce qu’il ne savait pas à l’avance le style de vie qu’il allait mener. M. Yeny a gardé la cheminée d’époque, mais à l’intérieur il a mis un poêle à gaz (il a aussi en supplément le chauffage central). Il a reçu une aide financière pour l’installation de la citerne à gaz à micro-ventouses (chaudière dont la sortie se fait dans les murs et non dans les toits), parce que c’est un système de chauffage plus écologique. Il nous explique aussi que dans la région il existe une aide pour la réfection des façades. Sa maison n’est pas inscrite au patrimoine historique et il en est soulagé, car cela amène trop de contraintes. Il nous explique qu’habiter dans une vieille bâtisse exige de faire des concessions notamment sur la fonctionnalité et que ce ne sont pas des habitats écologiques (chauffage par exemple). Aujourd’hui M. Yeny utilise le bâtiment principal comme habitation, le premier étage de la bergerie comme atelier, le deuxième comme studio photo et le pigeonnier comme débarras. Sa femme a transformé le jardin en roseraie, 400 roses différentes, une prouesse sur un terrain tel que le Causse. Concernant la connexion Internet difficile à avoir, M. Yeny parle d’une « guerre d’internet », de ces régions dégroupées qui n’avaient pas accès au réseau, ignorées par les opérateurs. Lui et d’autres personnes concernées ont écrits des articles dans les journaux pour se faire entendre. En attendant avec son voisin ils ont partagé une parabole. L’accès à Internet par la suite n’a pas modifié l’espace de son habitat, mais plutôt ses habitudes de vies.

Une ancienne ferme sur le Causse Illustration encyclopédie de Viollet le Duc.


Pigeonnier, chez M. Yeny, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.

Pigeonnier à gauche et bergerie à droite, chez M. Yeny, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.


Ancien puits, chez M. Yeny, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.

Vue sur la « balet », chez M. Yeny, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.

Rénovation charpente, chez M. Yeny, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.

Studio photo, chez M. Yeny, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.


Histoires relatives à Caylus Caylus est un ancien village construit autour d’un château et d’une église, à l’origine ceinturé par un mur d’enceinte. Le village a fortement évolué en 30 ans. En 17 ans, M. Yeny a vu certains changements, avant le patois était très pratiqué, la vie d’antan était plus présente. Il y a eu un moment, où beaucoup d’anglais ont racheté des propriétés, aujourd’hui à peu près 50% des habitants sont des personnes qui ne sont pas originaires de Caylus, ce changement a permis une sorte de sauvetage du village. à l’époque les fermiers du Causse avaient une propriété dans le village et vendaient leur production dans le centre du village. Sur le Causse il n’y avait pas d’eau, il fallait marcher pendant 1 heure pour aller jusqu’à l’Aveyron à StAntonin pour prendre de l’eau. Les habitations étaient modulées en fonction du travail. à l’époque, le patrimoine c’était les terres et non le bâti, du coup les habitants laissaient leur maison se détériorer, mais il était hors de question de délaisser les terres. à cette époque le chauffage était le cantou, En occitan les termes cantóu ou contóu désignent un coin, un recoin, un morceau, un lopin et par extension, « le coin du feu ».

Petit plus Les premières toilettes de Caylus sont encore visibles dans le pigeonnier du château.

Pierre gravée sur la maison du voisin de M. Yeny, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.


Ancienne grange sur le causse

Portraits d’habitants, Le Propulseur, janvier 2017 - CrÊdits photographiques : Jean-Marc Evezard.


Vue extérieure de la maison de Mme Pericas, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.

«

Michelle se fait livrer des produits bio par des producteurs locaux « Les jardins de Cocagne » et profite du marché de Caylus et de Saint-Antonin, » deux villages voisins {…}


Michelle Pericas Date : 03/01/2017 Entretien effectué par : Théo Lacroix Michelle est native de Caylus (fille de paysan), mais a habité Toulouse pendant plusieurs années. Infirmière à domicile, elle décide tout de même de revenir en 1989 et tenter l’expérience d’un cabinet dans le village. Elle était locataire un premier temps, puis achète une maison dans l’enceinte du village dans laquelle peu de choses sont à refaire. Elle se déplace quotidiennement en voiture et son fils utilise le transport en bus pour se rendre au collège. Michelle se fait livrer des produits bio par des producteurs locaux « Les jardins de Cocagne » et profite du marché de Caylus et de SaintAntonin, deux villages voisins, néanmoins une fois par mois elle fait ses courses aux supermarchés. Etant dans le métier, cette infirmière constate une évolution sur le plan social et médical. Un service d’aide-soignante et d’aide à domicile est plus affirmé aujourd’hui malgré les difficultés qu’ont les médecins généralistes à se déplacer à domicile. à la suite d’une rencontre elle décide avec son compagnon d’acheter un terrain avec une maison modeste à 800m de Caylus et de revendre son ancien logement, mais la crise financière a rendu difficile la cession de leur bien. Ce dernier avait bénéficié d’un ravalement de façade en crépis uniquement de la façade donnant sur rue et d’une isolation en laine de verre. À son achat le bien était déjà composé d’une double cloison en brique, d’un système chauffage au fioul et d’un poêle à bois d’appoint qui a permis la préservation de la cheminée. Sur leur nouvelle propriété le couple à décider de restaurer la modeste maison qu’ils mettront en location et construisent une nouvelle maison sur le même terrain pour eux, ils ont récemment revendu deux parcelles à des amis qui ont comme projet de construire, petit à petit, eux-même des maisons en bois. Concernant son exercice professionnel Michelle a du fermer son ancien local en raison d’un manque d’accès handicapé, son nouveau local est à présent voisin d’une pharmacie.


Ancienne grange sur le Causse. Illustration encyclopédie de Viollet-le-Duc.

Photographie argentique de la maison avant rénovation, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.


être jeune à Caylus dans une maison du XIXe

Portraits d’habitants, Le Propulseur, janvier 2017 - Crédits photographiques : Jean-Marc Evezard.

Portraits d’habitants, Le Propulseur, janvier 2017 - Crédits photographiques : Jea


an-Marc Evezard.

«

En quelques années, ils ont considérablement remarqué une fréquentation moindre. Tant d’un point de vue des » habitants que des touristes.


Tanguy Mitchell Date : 06/01/2017 Entretiens effectué par : Victoire Souviron, Beverley Lassagne

Tanguy a 17 ans, natif de Caylus. Ses parents sont propriétaires de la bâtisse, achetée il y a 18-19ans. Quasiment tout l’ensemble était à refaire lors de l’achat. Plusieurs petites bâtisses en ruine se trouvent au fond du jardin. Auparavant, deux sœurs occupaient la maison. Sur une querelle, elles décidèrent de séparer les étages et les relier par un grand escalier central, distribuant les différentes pièces. à leur décès, la maison resta telle quelle et fût occupée par différentes familles. Un abandon soudain dans les années 1980 mit à mal le bâtiment. Peu avant 2000, la maison fût en vente par lots déjà présents. Tanguy est étudiant au lycée de Caussade, à 20km de Caylus, ce qui l’oblige à utiliser le bus tous les jours pour faire le trajet. Concernant l’approvisionnement, ses parents se déplacent au grand supermarché de Caussade pour les courses importantes, mais font également travailler les commerçants du village. En effet, ils achètent leur viande uniquement chez le boucher de Caylus et les fruits et légumes au marché, le mardi et samedi matin. En quelques années, ils ont considérablement remarqué une fréquentation moindre. Tant d’un point de vue des habitants que des touristes. De plus, le lac dans lequel il avait l’habitude d’aller en été proche de Caylus a été fermé récemment. Il était autorisé à la baignade et attirait bon nombre de gens, touristes ou habitant aux alentours. Quant aux magasins, ils ferment les uns après les autres (le dernier étant la grande épicerie bio au bout de la rue du Long). Tout le pôle santé déplacé à l’extérieur de la ville a également été pour lui un mal pour le centre de Caylus. Les personnes âgées doivent maintenant prendre la voiture pour se déplacer et les anciens locaux restent désormais fermés. Lui et ses parents boycottent donc le récent projet. Dans le futur, Tanguy n’aurait pas envie de revenir habiter sur Caylus. Pour lui, le village représente davantage une cité dortoir...


Justin Miquel Date : 06/01/2017 Entretiens effectué par : Victoire Souviron, Beverley Lassagne

Justin,17 ans, étudiant, natif de Caylus. Son père habite en tant que locataire dans l’ancien orphelinat de la ville, ayant également été occupé par le sculpteur Zadkine et sa femme peintre. Leur atelier respectif se trouvait derrière la maison. Justin est étudiant au lycée de Caussade et prend tous les jours le bus pour faire les trajets. Dans Caylus, il effectue tous ses déplacements à pied. Pour le reste, lorsqu’il veut se déplacer dans les villages voisins, il utilise son vélo ou la voiture. Concernant l’évolution de l’activité dans Caylus, il constate en effet que de plus en plus de volets se retrouvent fermés. Rares sont les activités et évènements dans l’enceinte du village. Il se déplace souvent vers Caussade et Montauban pour les piscines, stades de foot, cinémas, par exemple. Son père habite le premier étage de l’orphelinat depuis environ 10 ans mais n’en est que locataire. Il n’y a eu aucun travaux depuis son arrivée. À cet étage, deux cheminées sont existantes et beaucoup utilisées. Pour le reste, le chauffage au fioul est présent et semble convenir à l’occupant. Dans tous les cas, des systèmes dits écologiques comme les panneaux photo-voltaïques sont interdits au sein du village. Au sujet d’Internet, aucune connexion n’est présente, par choix. Justin ne sait pas s’il se voit revenir sur Caylus dans le futur, tant d’un point de vue professionnel qu’affectif. S’il le peut, il souhaiterait la conserver comme maison secondaire. Concernant l’ancien orphelinat, la question ne se pose pas à la vue de la location.


La maison coupée

Portraits d’habitants, Le Propulseur, janvier 2017 - Crédits photographiques : Jean-Marc Evezard.


Rue des maisons coupées, avenue du 8 mai 1945, janvier 2017 - Crédits photographiques : Pablo Figueroa.

«

Toutes les maisons de Caylus possèdent un jardin, mais pas forcément accolé à la maison, tout particulièrement » pour les propriétaires des « maisons coupées ».


Jacques Gaîda Date : 03/01/2017 Entretien effectué par : Paola Figueroa, Margaux Zuppel et Maude Tremoliere M. Jacques Gaïda est natif de Caylus, officier de marine, puis secrétaire de la Mairie pendant 25 ans. Jacques entre à la mairie en 1968 au moment où l’école publique brûle. En 1970 la nouvelle école est construite en même temps que l’urbanisation du versant Est de la colline (au niveau du village vacances). La famille Gaïda fait l’acquisition de la maison au 12 avenue du 8 mai 1945 dans la zone protégée, en 1800. Le père de Jacques, maçon spécialisé dans les bâtisses en pierre, la rénovation de bâtiments anciens et tailleur de pierre rénove entièrement la maison. Cette maison possède une cheminée ancienne, accompagnée d’un système plus récent de chauffage central au fioul. Jacques est équipé d’une connexion wifi, mais afin d’avoir la télévision il a dû mettre sur le toit une antenne parabolique et un râteau, puisque le relai TV présent non loin du village vacances est de par son ancienneté inadaptée. Jacques n’a pas eu besoin de faire des travaux d’isolation, les murs de 60 cm d’épaisseur sont suffisants mais il a dû changer les menuiseries afin d’installer le double vitrage. Lorsque la route de St-Antonin longeant sa maison a été construite aux alentours de 1837, la maison de Jacques s’est retrouvée en partie coupée et son jardin de l’autre côté de cette route. Une telle déformation de la maison engendre des angles spécifiques et des pièces difficilement aménageables. Toutes les maisons de Caylus possèdent un jardin, mais pas forcément accolé à la maison, tout particulièrement pour les propriétaires des « maisons coupées ». Par la suite, Jacques nous fait part de son savoir à propos du village. Il nous raconte que l’écoulement des eaux pluviales au Moyen-Âge se faisait sur les côtés grâce à la courbure des rues. Par la suite, les sortes de caniveaux sur les côtés des rues ont servi à enterrer/placer les canalisations du tout à l’égout. En 1905 la halle a été déplacée de l’autre côté de la place car elle gênait la descente de la rue droite. Caylus est une ville de 1500 habitants, à une époque le camp militaire fournissait beaucoup de travail, mais avec le temps il est devenu autonome et le manque d’activité économique pèse sur les petits commerces qui ferment les uns après les autres. Caylus est un village classé, tous les travaux sont donc contrôlés par la tutelle des bâtiments de France et il contient quatre monuments historiques particulièrement protégés. Afin d’éviter des perturbations visuelles, particulièrement dans la rue droite, d’important travaux d’enfouissement ont été réalisés pour cacher les câbles (électricité, téléphone, …) dû à l’évolution des modes de vies. Les couleurs des volets et des toitures sont également surveillées, pour uniformiser, sauvegarder et respecter l’aspect moyenâgeux du village.

Deux plans cadastraux de Caylus, avant et après la création de la route. Plans fou


Vue extérieure d’une maison coupée, avenue du 8 mai 1945, janvier 2017 - Crédits photographiques : Margaux Zuppel.

urnis par M. Gaïda.

Croquis de la maison de M. Gaïda, janvier 2017 - Crédits : Pablo Figueroa.

Découpe de la maison vue de l’intérieur, avenue du 8 mai 1945, janvier 2017 - Crédits photographiques : Pablo Figueroa.


La maison du XIXe

Portraits d’habitants, Le Propulseur, janvier 2017 - CrÊdits photographiques : Jean-Marc Evezard.


Facade de la maison de M. Jacques Barroul, avenue du 8 mai 1945, janvier 2017 - Crédits photographiques : Beverley Lassagne.

« Il a fait appel à des artisans locaux maîtrisant les

particularités techniques des matériaux de la région. »


Jacques Barroul Date : 03/01/2017 Entretien effectué par : Beverley Lassagne, K areen Hookerlosada, Yaru Gao et Charlotte Frison. M. Jacques Barroul est né à Caylus et cela fait 61 ans qu’il y habite. Il a travaillé au sein du syndicat des eaux et a exercé la fonction de président durant 19 ans. Il a été élu adjoint au maire de Caylus pendant 6 ans. Cet homme de responsabilité exerce actuellement une activité commerciale dans le village. Voulant quitter le cocon familial, M. Jacques Barroul achète une bâtisse sur trois niveaux (RDC et 2 étages), non-habitable en 1980. Ce bâtiment accueillait un garage automobile, ainsi qu’un atelier d’horlogerie. Les travaux de réhabilitation et d’aménagement entrepris par M. Jacques Barroul se sont déroulés pendant deux ans et demi. Ces travaux ont permis la consolidation et la restructuration de la bâtisse. Les grandes portes d’entrées typiques des commerces de l’époque ont fait place à des fenêtres plus récentes car cloisonnées par un mur en pierre d’un mètre de hauteur. Cet élément et le reste de la façade ont été imaginés par un architecte respectant les règles d’urbanisme propre au village, chères à M. Jacques Barroul. Il a fait appel à des artisans locaux maîtrisant les particularités techniques des matériaux de la région. Les poutres, alors cintrées, lors de l’achat, ont été remplacées puis une chape béton coulée pour consolider la structure. Au cours des deux dernières années, M. Jacques Barroul a fait réaliser des travaux de confort impliquant le recouvrement des pierres intérieures par des plaques de placo. Ces aménagements ont eu pour effet la diminution de la poussière, une amélioration des qualités thermiques et une augmentation de la luminosité. Pour rappeler l’escalier bois en colimaçon d’origine, M. Jacques Barroul a fait poser des poutres en bois, notamment une, creusée, cachant les conduits d’eaux usées au niveau de la pièce à vivre. Il a également préféré changer de système de chauffage, passant d’une chaudière à bois (contraignante pour son stockage et son réapprovisionnement quotidien) par une chaudière au fioul. Les derniers travaux ont permis de dissimuler, derrière les plaques de placo, les conduits d’alimentation des radiateurs. Toutes ces dissimulations ont permis l’uniformisation des pièces. M. Jacques Barroul a pris le temps de nous faire visiter son village natal et ses anecdotes. Au long de cette promenade, nous avons pu constater les différents types de rénovations de façades plus ou moins en adéquation avec l’historique du village.

Photographie de la façade lors de l’achat par M. Barroul en 1980, avant rénovation. Photographie fournie par M. Barroul.

Plans avant rénovation faite par l’architecte engagé par M. Barroul. Plans fournis par M. Barroul.


Photographie de la façade de M. Barroul après première rénovation. Photographie fournie par M. Barroul.

Nous remarquons les grandes portes de l’ancien atelier, qui après la première rénovation sont remplacées par des fenêtres. Lors de la deuxième rénovation, nous notons une modernisation du cadre des fenêtres avec l’ajout d’un coffre en aluminium cachant le volet roulant.


Vue du salon de chez M. Barroul, avenue du 8 mai 1945, janvier 2017 - Crédits photographiques : Beverley Lassagne.

Poutre d’origine

Poutre passe câbles

Ajout d’une poutre creusée à côté de la porte d’entrée, afin de dissimuler l’évacuation des eaux usées.

Poutre d’origine, entrée de chez M. Barroul, janvier 2017 - Crédits photographiques : Beverley Lassagne.

Poutre passe câbles, entrée de chez M. Barroul, janvier 2017 Crédits photographiques : Beverley Lassagne.


Chez Monsieur Barroul, les murs en pierres ont été recouverts de placoplâtre posé sur rail. Cette rénovation récente a été faite pour des raisons thermiques mais aussi esthétique puisque cela a permis d’y dissimuler les câblages. Contrairement à cette technique, on trouve la possibilité de venir camoufler un mur en placoplâtre avec du papier peint représentant un mur de pierres (ou quoi que ce soit d’autre) mais aussi de venir fixer des plaques de pierres. La poutre existante sert maintenant à cacher le coffre du volet roulant chez monsieur Barroul.

Vue extérieure des volets roulants, avenue du 8 mai 1945, janvier 2017 - Crédits photographiques : Beverley Lassagne.


La maison en travaux

Portraits d’habitants, Le Propulseur, janvier 2017 - CrÊdits photographiques : Jean-Marc Evezard.


Chantier de la facade de M. et Mme Dupont, place de la Mairie, halles à droite, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.

« Ils s’intéressent à l’ensemble associatif du village et souhaitent vraiment s’impliquer dans les événements. {…} Ils ont l’image d’un village qui bouge et qui veut s’en sortir. »


Eyveline et Alain Dupont Date : 04/01/2017 Entretien effectué par : Théo Lacroix et Victoire Souviron. Natifs de Caylus, ils habitaient dans la région parisienne avant de prendre leur retraire dans le village natal. Ils viennent d’hériter d’une petite maison sur la place centrale. Ils s’intéressent à l’ensemble associatif du village et souhaitent vraiment s’impliquer dans les événements. Mais ils avouent ne pas penser et voir les mêmes choses que les habitants permanents. Ils ont l’image d’un village qui bouge et qui veut s’en sortir. Comment s’organisent les commodités au sein de Caylus pour le couple ? Le marché du mardi et samedi leur permettent de s’approvisionner un maximum, tout comme les boucheries et la boulangerie présents dans le centre. Pour le reste, concernant les grosses courses, ils se déplacent jusqu’à Caussade (20km) pour les grandes surfaces. De plus, ils constatent que tout le pôle santé s’est délocalisé à l’extérieur du village (infirmières, pharmacies et médecins), ce qu’ils déplorent. En effet, cela leur permet de constater qu’en 30 ans, un dépeuplement fût nettement observable. Ils arrivent tout de même à dire qu’à l’heure d’aujourd’hui l’effet inverse se produit ; un petit nombre de retraités reviennent petit à petit « finir leurs vieux jours ». Quelques-unes des maisons en centre ont été achetées récemment et rénovées pour l’occasion. Pour eux, la qualité de vie à Caylus n’a pas changé, mais ils constatent beaucoup moins d’animation, été comme hiver. Les foires mensuelles de Caylus ne sont plus réalisées. De quel bâtiment ont-ils hérité ? Nous parlons d’une maison située place de la Mairie, d’environ 150-200m2. La construction date de l’époque de la révolution française et a permis différentes habitations au sein de ces murs. Il n’y a pas si longtemps, le premier étage était encore loué par un homme âgé.


1er étage, vue sur la salle, fenêtres donnant sur les halles, place de la Mairie - Crédits photo : Théo Lacroix.

Démontage et récupération des pierres par une entreprise locale, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.


Lors de la récupération, le constat était assez alarmant : il fallait tout rénover. Les travaux ont commencé en septembre 2016, comprenant la reconstruction totale de la toiture, ne conservant que la ferme centrale encore en bon état, la redistribution des pièces sur trois étages, la rénovation de la façade en pierre de taille et un aménagement de l’ensemble comprenant au maximum des méthodes et moyens contemporains (isolation, etc.…). Quelques jours après le commencement, ils se sont rendus compte que le mur côté jardin était en très mauvais état. La ferme centrale mal placée à l’origine a poussé sur le mur pendant plusieurs années, créant un trou de quasiment 10cm. L’écart entre le plancher du grenier et la toiture était trop important, le mur s’est donc écroulé. Il a donc fallu rajouter au projet la reconstruction de celui-ci. Tout le reste est en cours et suit son chemin. Seule la déception de la façade côté rue se fît ressentir : en effet, comme le bâtiment se trouve sur la place classée, les Bâtiments de France obligent les propriétaires des habitations environnantes à beaucoup de contraintes. Leur mur en belles pierres de taille apparentes a dû être entièrement recouvert par un enduit. Ils ont également dû peindre de couleur les pierres constituant les encadrements des fenêtres et de la porte d’entrée. Concernant le chauffage, ils envisagent un chauffage central composée d’une pompe à chaleur apparente dans le jardin. Ils souhaitent également mettre du double vitrage partout, refaire l’isolation intérieure, etc. La fin des travaux est prévue avant l’été 2017.

Cave avec ouverture sur la guauche, composant le système des toilettes de l’époque, place de la Mairie, janvier 2017. Crédits photographiques : Théo Lacroix.

Clé de la maison, place de la Mairie, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.


Vue sur la future cuisine et salle à manger, place de la Mairie, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.


La maison de la place de la Mairie

Portraits d’habitants, Le Propulseur, janvier 2017 - CrÊdits photographiques : Jean-Marc Evezard.


Vue extérieure de face, place de la Mairie, janvier 2017 - Crédits photographiques : Beverley Lassagne.

Vue extérieure latérale, place de la Mairie, janvier 2017 - Crédits photographiques : Beverley Lassagne.

« Le but, avant tout, était de garder les éléments d’époques pour les restaurer et les remettre en situation pour garder le cachet de la bâtisse. »


Christian Nicolas Date : 03/01/2017 Entretien effectué par : Kareen Hookerlosada, Beverley Lassagne, Yaru Gao et Charlotte Frison. Ancien médecin généraliste, Christian Nicolas est né et a fait ses études à Toulouse, il a déménagé à Caylus en 1975, suite à une demande de personnel de santé dans le canton. Actuellement il est à la retraite, mais continue à travailler au sein de la maison de retraite Saint-Orens à Montauban ainsi qu’à la régulation du SAMU de Caylus et Montauban. Sa bâtisse, datant du début du XIXe siècle, se trouve sur la place centrale du village. Auparavant habitée par un épicier, il l’a achetée lors de son déménagement. Non habitable au moment de l’achat les travaux ont été effectués par Monsieur Nicolas (ancien maçon) et son frère (maçon), il a aussi fait appel à des artisans locaux pour la plomberie, pose de carrelage et électricité. Les travaux d’aménagement ont été fait progressivement, dans un premier temps le cabinet médical localisé au rez-de-chaussée, puis petit à petit les étages supérieurs. Le but, avant tout, était de garder les éléments d’époques pour les restaurer et les remettre en situation pour garder le cachet de la bâtisse. On note comme élément d’époque les tommettes par exemple, les pierres apparentes ainsi que les poutres. Le premier étage qui sert de salle de vie avec le séjour, a été décloisonnée pour augmenter la superficie de la pièce afin de l’aérer, mais aussi de façon à faciliter les passages des nouvelles canalisations. Les murs des chambres qui se situent dans les étages supérieurs sont recouverts de tapisseries tissées pour des raisons thermiques. Le cabinet médical, où exerçait le docteur Nicolas, n’est plus actif aujourd’hui, mais sert toutefois l’été à l’ouverture de boutiques éphémères, tenues par des artisans pour garder l’animation culturelle du village. Ce retraité actif chauffe sa bâtisse à l’aide d’une cheminée d’origine dans le salon. La répartition de la chaleur se fait en deux temps. D’une part par l’énergie thermique directe du feu dans le salon et d’autre part à l’aide d’un moteur électrique dissimulée sous le foyer qui diffuse l’air chaud dans d’autres pièces. Ce chauffage est agrémenté d’un insert installé dans la salle à manger qui réchauffe la pièce et la pièce du dessus. En complément, le propriétaire a installé des radiateurs électriques régulés par un thermostat centralisant leur activité et le contrôle de la température. Aujourd’hui, Christian Nicolas envisage la possibilité de poser des panneaux photovoltaïques sur ses toits. La place de la Mairie fait partie des monuments classés de Caylus, les maisons donnant sur celle-ci peuvent se voir refuser ce type d’aménagement.


Insert présent dans la cuisine de Mr Nicolas, place de la Mairie, janvier 2017 - Crédits photographiques : Charlotte Frison.

Plan de l’insert présent dans la cuisine de M. Nicolas, janvier 2017. Crédits : Yaru Gao.

Chéminée du salon, place de la Mairie, janvier 2017 - Crédits photographiques : Charlotte Frison.

Schéma du fonctionnement de la cheminée de M. Nicolas, janvier 2017 - Crédits : Yaru Gao.


Vue de la salle à manger de chez M. Nicolas, place de la Mairie, janvier 2017 - Crédits photographiques : Charlotte Frison.

Localisation d’entrée d’air de la cheminée de M. Nicolas, place de la Mairie, janvier 2017 - Crédits photographiques : Karen Hookerlosada.


Plan du salon de chez M. Nicolas, janvier 2017 - Crédits : Kareen Hookerlosada

Schéma de la répartition de la chaleur au premier étage et deuxième étage par l’insert placé dans la salle à manger de chez M. Nicolas. Crédits : Yaru Gao.


Avoir un commerce à Caylus

Portraits d’habitants, Le Propulseur, janvier 2017 - Crédits photographiques : Jean-Marc Evezard.


Schéma issu de l’article : De la cuisine à la table, vaisselle en terre du Languedoc aux XIIIe et XIVe siècle. Marie Leenhardt et Lucy Vallauri. Archéologie du Midi médiéval. Année 1997, volume 15, numéro 1, pp. 215-233. [http://www.persee.fr/doc/amime_0758-7708_1997_num_15_1_1325]

« Il est arrivé à Caylus après avoir trouvé une propriété vraiment pas chère sur la place de la Mairie. Il ne connaissait pas le village avant, il ne faisait que passer par là de temps en temps. »


L’histoire de Jean-Paul Puydebois Date : 04/01/2017 Entretien effectué par : Marie Maganuco, Hanin Salama et Aurélie Perderizet. Jean-Paul est potier autodidacte depuis 40 ans (il y a deux potiers à Caylus). Avant d’arriver à Caylus, il y a 20 ans, il était dans le Lot. Avant d’être potier, il fabriquait des pièces d’avions pour Air France. Il est arrivé à Caylus après avoir trouvé une propriété vraiment pas chère sur la place de la Mairie, il ne connaissait pas Caylus avant, il ne faisait que passer par là de temps en temps. Il a saisi l’opportunité, achète ce bien et le rénove entièrement. Le bâtiment était en ruine. Autodidacte dans la construction, M. Puydebois n’a fait appel à aucun entrepreneur, il a réalisé l’intégralité des travaux seuls. Par la suite, grâce aux gains des ventes de ses réalisations, il a pu acheter un deuxième bien au bout de la route principale, un bien également en ruine. Il décide de le rénover seul pour y créer un atelier plus spacieux avec un meilleur aménagement plus adapté à son travail. Il n’y avait que les murs et le toit, à l’intérieur tout était à faire, l’eau, le gaz, l’électricité, il se raccorde seul au tout à l’égout. Il lui semble que l’ancien propriétaire n’avait pas les toilettes. Par la suite il décide d’en faire son habitation, il vend son premier bien et s’installe dans le même bâtiment que son atelier, d’une superficie d’environ 180 m2, les travaux durent environ deux ans.


Commerces de Caylus dans des bâtiments de style médiéval.

Commerces, rue Droite, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.

Commerces, rue Droite, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.


Commerces, rue Droite, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.


Commerces, rue Droite, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.


Maison double médiévale

Portraits d’habitants, Le Propulseur, janvier 2017 - Crédits photographiques : Jean-Marc Evezard.


Façade de chez MM. Medal et Maury, rue Droite, janvier 2017 - Crédits photographiques : Margaux Zuppel.

« Une des particularités de la rue Droite est que toutes les maisons communiquent entre elles jusqu’à l’église, par des ouvertures ou des simples fenêtres qui permettaient de traverser par les caves. »


René Medal et Philippe Maury Date : 04/01/2017 Entretien effectué par : Pablo Figueroa, Margaux Zuppel et Maude Tremolière. René Médal, retraité, anciennement traiteur sur Caylus est propriétaire d’un immeuble de quatre étages depuis 1980, mais n’y habite pas. La bâtisse date du XIIIe ou XIVe siècle, elle est en pierre, en partie rénovée. René suppose que l’immeuble a subi un incendie, car certains éléments ont été remplacés notamment les fenêtres de style renaissance. Entre le XVIIIe et XIXe siècle, l’immeuble appartenait à la famille Bruelh, famille noble, coseigneurs de Cas. La dernière activité connue pour le numéro 24 au rez-de-chaussée était occupé par un sabotier, fermé depuis 1970. René a vendu la partie droite du numéro 22 à Philippe Maury. Le rez-de-chaussée n’est pas investi toute l’année, mais pour redynamiser la rue, des boutiques éphémères s’y installent pendant la période estivale, plutôt pour les touristes. Philippe Maury travaille dans le bâtiment et rénove lui-même des bâtiments anciens. Propriétaire de la partie droite du numéro 22 depuis 2016, il habite un des appartements, au deuxième étage, en attendant de rénover une maison qu’il a achetée sur le Causse. Une des particularités de la rue droite est que toutes les maisons communiquent entre elles jusqu’à l’église, par des ouvertures ou des simples fenêtres qui permettaient de traverser par les caves. Le rez-de-chaussée est toujours composé d’un local commercial côté rue et derrière des caves dotées de puits de jour amenant la lumière extérieure, mais aussi beaucoup d’humidité et de fraîcheur. Il n’y avait aucun système de chauffage central, mais des cheminées à chaque étage. René Médal a fait des travaux de rénovation entre 1985 et 1990 par le biais d’un architecte à qui il a donné carte blanche. Il a fait ce choix, car travailler avec un architecte était plus simple, ainsi c’est lui qui soumet les plans pour le permis de construire et qui applique les normes des bâtiments protégés. Le numéro 22 s’ouvre sur une grande tour munie d’un escalier à vis qui dessert tous les appartements de René et de Philippe. L’électricité a été installée dans l’escalier en colimaçon vers 1985, avec des fils apparents qui courent dans la tour. En 2012 la toiture a été en partie refaite, les combles ne sont pas aménagés, le plancher est seulement recouvert de laine de verre. De l’autre côté du pallier, toujours au quatrième et dernier étage, on trouve une autre vaste pièce vide d’environ 70 m2, non rénovée. Les murs sont en pierre brute, les planchers en bois, les fenêtres sont de simples vitrages, il n’y a pas d’électricité ni de chauffage. Dans les travaux de rénovations, René a voulu essayer de préserver le cachet de la maison moyenâgeuse, il a conservé les constructions d’origine telles que les cheminées, les pierres de tailles, les poutres, qu’il a gardés apparents en décoration. Au niveau de l’extérieur du bâtiment, la bâtisse est dans une zone protégée, il doit respecter les normes des bâtiments historiques du côté de la rue Droite et ne pas faire de modifications. De l’autre côté les normes à respecter sont moins rigoureuses, par exemple les volets doivent se trouver à l’intérieur de l’appartement côté de la rue Droite, alors que du côté arrière les volets sont extérieurs avec une vue sur les jardins. L’appartement du 3e étage, côté René Médal, a été rénové en 1990, pour le louer. L’architecte lui avait fait plusieurs propositions dont une qui regroupait


Plan de l’immeuble de M. Medal, réalisé par l’architecte lors des rénovations. Plan fourni par M. Medal.

Escalier de l’immeuble de M. Medal, janvier 2017 - Crédits photographiques : Pablo Figueroa.

Cave et puits de jour de chez M. Medal, rue Droite, janvier 2017 Crédits photographiques : Paola Schuster.


l’étage d’en dessous par un escalier à l’intérieur de l’appartement, comme on a pu le voir sur les plans que le propriétaire nous a fournis. Il est habitable, avec des chauffages électriques, il n’a pas effacé toutes les traces anciennes dans la partie historique où l’on trouve le salon et la cuisine en gardant la cheminée, un mur en pierre apparente et les volets intérieurs. Pour les chambres et la salle de bain, toutes les traces du passé ont été recouvertes par du placo-plâtre, pour des questions d’isolation et de chaleur. Par rapport aux travaux réalisés René Médal a reçu des subventions du conseil général et de la région, représentant 40% du coût total de la rénovation. Au même niveau on trouve l’appartement actuel de Philippe Maury auquel nous n’avons pas eu accès. L’habitation a été apparemment complètement rénovée et il ne resterait pas vraiment de traces du passé. Au deuxième étage, se trouvent deux vastes pièces complètement vides de 70 m2 où l’on note l’arrivée de fils électriques, gaines, câbles, pour un futur aménagement, mais aussi pour les monter aux appartements rénovés. Les pièces sont à l’état brut, avec les cheminées et les murs aux pierres apparentes. Au premier étage nous avons pu rentrer dans un autre appartement rénové par un architecte qui a créé trois niveaux en demi-étages. On rentre par l’espace salon, les murs sont en pierre et un poêle remplace la cheminée traditionnelle. En descendant quelques marches on arrive dans la cuisine et la salle de bain séparées par de petites cloisons, où les murs en pierre ont encore été conservés. De là, on a accès à une cour intérieure donnant sur l’arrière de la maison, puisque le niveau du sol de ce côté est décalé par rapport au niveau de la rue. En remontant maintenant on accède à la chambre entièrement cloisonnée. Le style de la rénovation est clairement daté bien que l’architecte ne soit vraiment intervenu que sur le bloc de séparation des trois espaces. Des radiateurs électriques ont été proprement posés sur les murs en pierre, on ne distingue aucun fil apparent. Sur le côté cour les menuiseries sont en aluminium, en double vitrage, assurant une meilleure isolation que du côté historique de la rue Droite. Le propriétaire Philippe Maury a soulevé ici un problème d’ordre thermique. Il a évoqué qu’au Moyen-Âge les murs étaient cachés pour garder la chaleur, mais aussi parce que les pierres des murs n’étaient pas jolies mis à part les pierres de tailles présentes au niveau des cheminées et des encadrements des fenêtres. Les parois étaient alors recouvertes par des enduits ou des tentures, comme les plafonds. René nous explique l’heureuse surprise qu’il a eu en découvrant ce plafond à la française qui avait été masqué. Concernant les murs Philippe pense que de cacher certaines parties par du placoplatre permet de conserver la chaleur dans le logement, mais aussi de mettre en valeur les parties laissées nues. Ainsi dans ces bâtiments anciens il y a des gros problèmes d’isolation dus au désir de conservation de l’aspect ancien et de la sauvegarde historique. Les propriétaires ne savent plus quel système de chauffage mettre en place. On se pose alors la question de comment rendre les murs en pierre réceptifs à la chaleur, sans les cacher ? Comment garder les traces de l’ancien et rendre d’endroit habitable et chaud ?


Plan du logement A réalisé par l’architecte lors des rénovations. Plan fourni par M. Medal.

Plan du logement B réalisé par l’architecte lors des rénovations. Plan fourni par M. Medal.

Début de l’escalier de chez M. Maury, rue Droite, janvier 2017 Crédits photographiques : Margaux Zuppel.

Plafond en bois de chez M. Maury. rue Droite, janvier 2017 - Crédits photographiques : Margaux Zuppel.

Premier étage de chez M. Maury, rue Droite, janvier 2017 - Crédits photographiques : Margaux Zuppel.


Historique : datation(s) principale(s) XIIIe, XIVe et XVe siècles ; époque contemporaine Notice historique : cette maison située rue Droite a vraisemblablement été construite lors de l’extension urbaine menée à l’initiative du Comte de Toulouse, notamment grâce à l’aliénation de terrains sur l’emplacement des fossés, à partir de 1226. Les vestiges sur l’élévation principale permettent d’appréhender la distribution de la maison du XIIIe siècle, qui contrairement à aujourd’hui, était à pignon sur rue. À l’Est, la construction de l’escalier à vis a été construit au XVe siècle, il a entraîné de nombreuses perturbations qui ne paraissent pas contemporaines telle que la porte percée qui date du 14e siècle, située au rez-de-chaussée. Les élévations et les intérieurs ont également fait l’objet de modifications à l’époque contemporaine. Le bâtiment occupe la moitié de la profondeur de la parcelle, perpendiculaire à la rue Droite au nord et à la rue du Portail Obscur au sud. Il est séparé de la parcelle 206 à l’ouest sur le plan par une androne, rue en escalier qui peut être couverte par des maisons. Sa maçonnerie est désormais liée à la parcelle 208 à l’est. La création d’un escalier a vis a permis de rattacher ces deux bâtiments distincts à l’origine. La largeur de la maison est de 6,60 mètres.

Description de la façade Le rez-de-chaussée conserve le vestige d’une arcade à gauche. Il existait peutêtre à droite une deuxième arcade similaire, ou une porte, remplacée ensuite par une arcade moderne (voir photo). Le premier étage comptait deux fenêtres géminées avec cordons d’appui et d’imposantes moulures. Elles ont toutes deux été modifiées au 15e siècle pour insérer une croisée et une demi-croisée. Le deuxième étage ne comptait qu’une seule fenêtre géminée à droite, qui sont des fenêtres groupées par deux sans être directement en contact, elle aussi, transformée par la suite. Des pierres avec de la suie se remarquent à gauche de cette ouverture, puis sur plusieurs assises (trois assises, disposées une assise sur deux). Ces blocs avec un côté biais dessinent une hotte pyramidale, vraisemblablement une cheminée. Cela explique l’absence d’une seconde baie géminée à ce niveau. Le troisième étage ne compte qu’une seule fenêtre quadrangulaire aux piédroits surmontés de coussinets. Cette ouverture est centrée sur la façade nord, si l’on considère la largeur d’origine de cette dernière. Cette unique ouverture au dernier niveau coïnciderait avec une couverture à pignon sur rue


Facade de l’immeuble de MM. Medal et Maury, rue Droite, janvier 2017 - Crédits photographiques : Margaux Zuppel.


ou une couverture à pignon adossée derrière un mur écran sur la rue. Le parti pris actuel d’un mur gouttereau (mur portant une gouttière) résulte d’une modification de la charpente et de la couverture à l’époque contemporaine. De part et d’autre de l’allège de la fenêtre (munie de coussièges à l’intérieur) deux trous traversants, dont un seul possède encore son bloc de bouchage vers l’intérieur. Sont-ils liés au montage de la fenêtre ? Ils ne paraissent pas devoir être associés aux deux autres trous, plus rejetés vers les côtés de la façade. Ceux-là ont peut-être la même fonction ou explication que les deux présents sur la façade de la maison des loups. La fenêtre devait avoir un support médian, le linteau n’étant pas monolithe et la largeur de la fenêtre le suppose également.

Escalier du jardin de M. Médal, rue Droite, janvier 2017 - Crédits photographiques : Margaux Zuppel.

Vue extérieure de l’immeuble côté cour, rue Droite, janvier 2017 Crédits photographiques : Margaux Zuppel.


Vue du jardin côté cour depuis la fênetre de M. Maury, rue Droite, janvier 2017 - Crédits photographiques : Margaux Zuppel.


Tuyau d’évacuation des eaux usées pour l’étage du dessus chez M. Medal, rue Droite, janvier 2017 - Crédits photographiques : Pablo Figuerao.

Salle de bain chez M. Maury, rue Droite, janvier 2017 - Crédits photographiques : Margaux Zuppel.

Câbles électriques chez M. Medal, rue Droite, janvier 2017 - Crédits photographiq

Cheminée du salon chez M. Maury, rue Droite, janvier 2017 - Crédits photographiques : Margaux Zuppel.


ques : Pablo Figuerao.

Dernier étage à l’abandon coté M. Maury, rue Droite, janvier 2017 - Crédits photographiques : Pablo Figuerao.

Structure du toit visible du dernier étage à l’abandon coté M. Maury, rue Droite, janvier 2017 - Crédits photographiques : Pablo Figuerao.


Relevés photographiques

Caylus, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.


Caylus, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.

Ces photographies mettent en évidence le caractère inesthétique d’installations électriques greffés à des corps de bâtiments anciens.

Caylus, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.


Caylus, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.

Caylus, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.


Caylus, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.

Ce relevé photographique met en évidence la manière dont les habitants du lieu ont adapté leurs nouveaux modes de vie (vmc, gouttières...) sur des bâtiments historiques.

Caylus, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.


Caylus III. Gestes, . Les histoire tuyaux

Venelle, rue Droite, janvier 2017 - CrĂŠdits photographiques : Pablo Figueroa



Caylus : une bastide annexée à un bourg castral Recherches documentaires

L’espace public au Moyen-Âge est conçu comme un espace homogène et continu. La porte principale donne sur une rue principale qui donne elle-même sur la place principale qui donne elle-même sur la halle. Il y a une approche, une perception de la ville par approche successive que n’offre pas la ville idéale de la Renaissance, dont la vue depuis la porte principale est directe, immédiatement sur le monument et la place centrale de la ville.

Nouvelle organisation du territoire : l’émergence des bastides, villes nouvelles Le successeurs des vieux comtes de Toulouse : le capétien Alphonse de Poitiers prend possession du Quercy en 1250. Il entend fonder une nouvelle organisation du territoire au travers de villes nouvelles. Comme il n’a pas de réserve foncière, il s’associe avec des propriétaires fonciers pour récupérer du terrain libre. C’est ainsi que naît Villefranche-du-Périgord à quelques kilomètres de Puy-l’Évêque qui est une ville, un nouveau bourg donc de toute pièce avec une organisation tout à fait particulière et nouvelle : absence de château, plus de structure pyramidale, une structure à plat, égalitaire diront certains, rationalisée, qui porte le nom de bastide1. à Caylus, Alphonse de Poitiers va élargir l’agglomération et procéder à des extensions dans les villes existantes, selon un plan concerté. Il donne aux habitants de Caylus une charte de coutumes définissant le type de maison implantée dans la bastide et les règles de vie communautaire, précisant les attributions des consuls comme celle du châtelain et mentionnant la place où se tenait le marché2. La nouvelle communauté s’organise autour d’une administration démocratique, la ville est administrée par des consuls, élus par les nouveaux habitants. Le vieux castoréum perd sa raison d’être en tant que noyau économique, le château cesse d’être le lieu central autour duquel s’organise l’agglomération. En même temps, la ville prend de l’importance économique – son marché existait depuis peu en 1247.

1 Gilles Seraphin, Les bastides, villes nouvelles du Moyen-Âge, conférence Cité de l’architecture et du patrimoine.

2 Dossier d’inventaire fondamental établie en 1982 par Michèle Eclache, docteur en histoire, consulté le 26/02/2017. http://patrimoines.midipyrenees.fr/fileadmin//DOC_LIE/IVR73/ IA82DVER/IA00065659_02.PDF


Situation géographique de Caylus

Vue aérienne depuis l’Est. Source : Dossier d’inventaire fondamental établie en 1982 par Michèle Eclache, service de la connaissance du patrimoine, Région Midi-Pyrénées (reproduction) (c) Inventaire général Région Midi-Pyrénées.


Les caractéristiques des bastides Dans cette partie nous allons maintenant nous intéresser aux caractéristiques des bastides, toujours poussés par la volonté de mieux saisir les spécificités de la ville de Caylus. D’après les historiens, une bastide a un plan témoignant d’une structure planifiée, c’est une sorte de ville idéale avec un tracé extrêmement rigoureux, planifié et rationnel. Pour identifier les bastides, les historiens s’appuient sur le plan cadastral napoléonien.

Plan du village de Grenade, archétype de bastide. Plan cadastral de 1827. Source : service de la connaissance du patrimoine, Région Midi-Pyrénées (reproduction) (c) Inventaire général Région Midi-Pyrénées.

Plans d’îlots binaires caractéristiques dans différentes villes médiévale du Sud-Ouest de la France. Îlot rue Droite, tiré de l’article de Gilles Séraphin « Un modèle de parcellaire médiéval, le parcellaire binaire. »

Plan cadastral de Caylus, 1836, D1, 1/1250e. Source : Dossier d’inventaire fondamental établie en 1982 par Michèle Eclache.


Un plan rigoureux Plusieurs caractéristiques émergent quand on regarde le plan d’une bastide archétypale. Les rues se coupent à angle droit, la place publique n’est généralement pas au centre. Cette place qui est affectée au marché (le mercadial), est une place fermée, hermétique à la circulation (à l’époque du MoyenÂge). Le marché est bordé sur rue couverte (avec des arcanes) et communique avec des rues principales qui ont une forte densité commerciale. Les îlots d’habitation sont recoupés par des rues secondaires qui sont des ruelles de desserte qui font deux mètres de large environ. On parle de « parcellaire binaire » pour désigner l’organisation de la rue principale qui fait se succéder 1 ruelle, 2 rangées de maison, 1 ruelle, 2 rangées de maison.


Caylus, la maison des Loups. Carte postale, vers 1900.

Caylus, une rue droite. Carte postale (cl.S.COUSI, Caylus), vers 1900 (coll.Particulière, Caylus). Repro. Notez le pavage du trottoir et des canivaux.


La place du commerce dans la ville Les maisons de marchands Du XIIIe aux XVe siècles, la ville se définit par son rôle économique, qui appelle des types de maisons particuliers, les maisons de marchands. Dans les rues marchandes, les maisons, souvent étroites, donnent sur la rue par leur mur pignon et ont une boutique au rez-de-chaussée. Elles s’élèvent en hauteur pour l’habitation et disposent de caves sur un ou plusieurs niveaux pour le stockage des denrées vivrières, du vin et des marchandises3. BOUTIQUE, s. f. Salle ouverte sur la rue, au rez-de-chaussée, dans laquelle les marchands étalent leurs marchandises. Il n’est pas besoin de dire que l’usage des boutiques appartient à tous les pays, à toutes les époques et à toutes les civilisations. Dans l’antiquité grecque et romaine, des boutiques occupaient le rez-de-chaussée des maisons des villes ; il en fut de même en France pendant le Moyen-Âge. Ces boutiques se composaient ordinairement d’une salle s’ouvrant sur la rue par un grand arc prenant toute la largeur de la pièce, avec un mur d’appui pour poser les marchandises. Ce mur d’appui était interrompu d’un côté pour laisser un passage. Un arrière-magasin (ouvroir) était souvent annexé à la boutique, les ouvriers et apprentis travaillaient soit dans l’ouvroir, soit dans la boutique elle-même ; quelque fois aussi un escalier privé montait au premier étage, et descendait sous le sol dans une cave.

3 http://passerelles.bnf.fr/batiments/maison_urbaine_planche.php


Caylus, place du Marché. Carte postale (cl.TH.DEJEAN et Ad.VAISSIES), après 1905 (coll.particulière, Caylus). Repro. Vue d’ensemble depuis le Nord. La halle a été déplacée.

Place de la Mairie. Vue d’ensemble du côté Sud où sont les « couverts ».

« Couverts ». Vue d’ensemble depuis l’Est. Photographie, vers 1900 (A.D.Tarn-etGaronne : fonds iconographique, Société archéologique, 23/27). Repro.


La ville étant dédiée au commerce, les maisons de marchands constituent l’icône de l’habitation urbaine. L’espace de vente est situé au niveau de la rue ; la boutique est appelée « ouvroir », car elle ouvre sur la rue par l’intermédiaire d’une large ouverture dotée d’une arcature à travers laquelle les passants peuvent vérifier de visu la qualité des produits exposés et celle du travail artisanal qui s’effectue dans l’atelier ou la boutique. Une planche de bois, à usage de volet, est rabattue pendant la journée pour servir de comptoir. Cette planche, débordant et empiétant sur la rue, est soutenue par un ou plusieurs piquets. La localisation des lieux de travail au rez-de-chaussée, alors que les espaces de vie sont aux étages, caractérise la maison du marchand et de l’artisan. Mais ces deux registres s’interpénètrent : on sait, grâce à des documents appelés inventaires après décès, qui listent les biens des familles après la mort d’un des membres, que les chambres servent aussi de lieux de travail et que les stocks de denrées ou de biens destinés à la vente sont rangés un peu partout dans la maison, de la cave au grenier en passant par la cuisine et les chambres à coucher. Sous la maison, des caves s’étendent sur un à trois niveaux, parfois plus. Des soupiraux éclairent les pièces en sous-sol4. Les Venelles Autre caractéristique notable du plan, les maisons sont séparées par des venelles larges de 30 cm et qui sont des venelles séparatistes. Ces venelles séparatrices sont impropres à la circulation parce qu’elles sont trop étroites. Ces venelles étaient destinées à recevoir les eaux usées, les éviers, les latrines, les eaux de toitures, ce sont des égouts à ciel ouvert. D’après l’historien Gilles Seraphin, ces venelles avaient une autre fonction : elles permettaient de supprimer le problème de la mitoyenneté, chaque habitant pouvait construire une maison sans créer de problème de voisinage parce qu’il ne s’appuyait pas sur le mur de la maison construite précédemment. L’église n’est plus le centre de l’agglomération comme ce fut le cas avec les bourgs ecclésiaux, mais elle communique avec la place.

En temps normal, la venelle est une petite rue ou une ruelle, souvent courte, reliant deux autres rues plus importantes. Ce terme, d’usage vieilli, est un dérivé du mot veine auquel on a ajouté le suffixe à valeur diminutive -elle. Mais au Moyen-Âge, ce nom est surtout utilisé pour signifier le tout petit écart (50cm maximum) entre chaque maison, recueillant de manière très discrète toutes les évacuations individuelles de chaque maison. Avec un faible pourcentage de pente en direction de la rue, elles permettaient de faire écouler l’eau en direction des égoûts centraux à l’époque. L’eau usée des éviers et des latrines se déversaient donc directement dans ces espaces exiguës avant de se diriger dans les espaces urbains, à la vue de tous. Il y avait donc un espace entre le mur intérieur de la maison et celui de l’extérieur, comme une sorte de goutière cachée, pour que les liquides éclaboussent le moins possible. Après l’observation de propagation de bon nombre de maladies dans toutes ces eaux qui stagnaient dans les rues, les évacuations furent donc revues de manière plus stratégiques, et tendirent à être de plus en plus enfouies. 4

Viollet le duc, Dictionnaire raisonné de l’architecture.

Images extraites du site web Passerelle(s)

http://passerelles.bnf.fr/batiments/maison_urbaine_planche. php


Les venelles sont des petites rues ou ruelles, très étroites, reliant deux autres rues plus importantes. Elles permettent aussi de séparer les maisons selon les normes de construction du Moyen-Âge. «Les ruelles d’isolement entre les maisons, qu’elles fussent simples ou jumelles, avaient nécessairement amené les architectes à élever les murs goutterots sur les ruelles et les pignons sur la rue. Ces ruelles, qu’en langage gascon on appelle endronnes, existaient même parfois lorsque les maisons formaient portique continu ou allée couverte sur la rue, disposition assez fréquente dans les bastides françaises et anglaises bâties aux XIIIe et XIVe siècles sur les bords de la Garonne, de la Dordogne, du Lot et dans les provinces méridionales. On conçoit parfaitement pourquoi, s’il fallait laisser des ruelles entre les propriétés, on réunissait deux lots pour profiter du terrain d’une ruelle. De deux maisons, deux propriétaires n’en faisaient réellement qu’une, avec mur de séparation dans l’axe du pignon. Toutefois cette méthode est rarement employée. Les ruelles entre les maisons n’ont quelquefois que la largeur d’un caniveau, ainsi qu’on peut le constater encore dans la ville de Montpazier. » 5 C’est une des rares venelles de la ville qui a été comblée mais reste tout de même accessible s’il y a des dégâts au niveau des évacuations. Ces ruelles étroites en plus de séparer les batisses servaient de chenal pour les évacuations des eaux usées et des latrines. À la fin du Moyen-Âge, les eaux pluviales, considérées à juste titre comme plus saines que les eaux de puits ou de rivières, sont collectées par des gouttières et recueillies dans des tonneaux placés à la porte des maisons. Ces tonneaux servent en cas d’incendie. Pour limiter les désagréments de la pluie et l’usure des murs ou du bois des portes que les intempéries entraînent, un auvent abrite souvent l’entrée de la demeure.

5

Viollet le Duc, Dictionnaire raisonné de l’architecture



Vue d’une venelle de Caylus, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.


Vue d’une venelle de Caylus, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.


Maison double, RenĂŠ Medal et Philippe Maury

Système de venelles, double mur

Commerce

Maison double

Maison de Loup


Système de venelles, double mur

Système de venelles, double mur espace commun


Venelle sur la place centrale, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.

élements de la maison urbaine au Moyen-âge Les toilettes, dites « Latrines » Certaines latrines évitent ce dispositif et sont situées dans un petit local construit en encorbellement au-dessus d’une ruelle sanitaire aménagée entre deux maisons. Les déchets s’y empilent et sont ensuite récupérés pour enrichir le compost du jardin. Parfois, il s’agit simplement d’une petite construction en planches installée au fond du jardin et donnant directement sur un ruisseau. En forme de cabine, elles portent le nom de « cabinet ». Dans les jardins des maisons les plus modestes, sont creusés les puits, les latrines et les fosses à usage de dépotoir. Les habitants élèvent aussi de la volaille, des cochons, et y cultivent quelques légumes. Les latrines fonctionnent selon le principe d’évacuation gravitaire, les excréments tombant dans le vide et s’évacuant


Un îlot des maisons de la ville de Montpazier (17) fait voir avec quelle uniformité cellulaire ces habitations sont construites.

Ancienne latrine, maison Frauciel, rue Droite, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.

avec les eaux des douves ou de canaux aménagés. Les plus courantes sont les « latrines à encorbellement » placées en surplomb du fossé. Faciles à mettre en œuvre donc moins onéreuses, elles sont sous forme de guérites en bois, de simples bretèches aménagées (typiques des châteaux forts) ou de logettes en pierre rectangulaires accolées à un mur et reposant sur des corbeaux. Les autres types sont aménagées dans l’épaisseur du mur : les latrines à conduit biais débouchent sur l’extérieur par une paroi oblique, impliquant un ruissellement le long des murs ; les latrines à fosse ont des conduits intérieurs aux murs donnant sur une fosse vidangeable située au sous-sol, plus rarement au rez-de-chaussée. Ce dernier type évite la pollution visuelle et olfactive des latrines précédentes (dont le seul moyen de nettoyage est l’eau de pluie) mais est également source de nuisances en emprisonnant les odeurs au sein du bâtiment. Une latrine est composée de plusieurs éléments : - Une fosse, dans le cas d’une latrine sèche, ou un système d’évacuation des excréments ; la fosse peut être renforcée ou non, en béton ou en maçonnerie.


- Une dalle, en béton ou en bois, percée d’un trou et éventuellement recouverte d’un siège. Quand les personnes s’accroupissent, des emplacements sont prévus pour poser les pieds et ne pas les salir. - Une superstructure, qui dans sa forme la plus simple est constituée de branchages et de bâches, mais peut aussi prendre l’allure d’une maisonnette en bois ou en briques. La superstructure est recouverte d’un toit et peut comprendre divers éléments tels qu’une porte, un conduit de ventilation menant à la fosse, parfois une arrivée d’eau à l’extérieur.

Les éviers Les éviers médiévaux sont généralement abrités dans de grandes niches. Ces structures simples présentent le plus souvent une dalle creuse formant une cuvette dotée d’un système d’évacuation, encadrée parfois par deux tablettes disposées un peu plus haut.

Petit évier, comme un « lave-mains », acollé à une ancienne latrine sur la gauche. Celui-ci est simplement composé de deux murs bas en pierre sur laquelle la vasque vient prendre appui. La volonté n’était pas décorative. Caylus, rue droite.

Les eaux usées s’écoulaient souvent par un conduit ménager dans le mur jusqu’à une fosse située dans la cour ou dans la venelle, nichée entre deux maisons voisines.

Evier un peu particulier dans la maison Frauciel : les deux rebords les plus hauts paraissent comme des égouttoirs servant d’appuis. L’évacuation se fait sur le plateau le plus bas. Caylus, rue droite.

Ancien évier, maison Frauciel, rue Droite, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.


Les modes d’évacuation pouvaient cependant varier d’une maison à une autre. En effet, certaines maisons avaient un système d’évacuation qui collectait les eaux dans un récipient placé sous la cuvette. D’autres maisons n’avaient qu’un écoulement direct dans une « andronne », c’est-à-dire dans une sorte de ruelle très étroite entre deux maisons servant d’égout à ciel ouvert.

Les cheminées à Caylus, nous retrouvons au moins une cheminée par habitation. Celles-ci permettaient à l’époque non seulement de chauffer l’appartement mais encore d’utiliser le foyer pour les besoins domestiques. Au XIe siècle leur usage était général ; elles pénétrèrent peu à peu dans les riches demeures et amenèrent la suppression des hypocaustes (système de chauffage par le sol utilisé à l’époque romaine). Ces cheminées du début du Moyen-Âge sont énormes ; elles tenaient presque toute la largeur des salles, on y mettait des bancs, et des escabeaux pour s’asseoir dedans et dessous. Certaines cheminées dans les habitations actuelles de nos paysans sont construites sur un modèle analogue et c’est sous leur manteau que se passent les longues veillées d’hiver. Elles ne consistèrent d’abord qu’en une simple hotte pyramidale suspendue au-dessus du foyer ; plus tard on les munit d’un chambranle porté sur deux montants appelés jambages ou pieds-droits et d’une frise supportant une tablette horizontale. Elles étaient en pierre, albâtre ou même marbre suivant la richesse du propriétaire... Beaucoup étaient habillées d’ornements en peintures, dorures, sculptures.

Ancienne cheminée, maison Frauciel, rue Droite, janvier 2017 - Crédits photographiques : Théo Lacroix.


Les caves leurs formes et leurs fonctions6 Caves et greniers ont longtemps été les parents pauvres des études consacrées à la maison médiévale urbaine, qui s’attardent plus volontiers sur les pièces, la mise en œuvre plus soignée du logis ou sur les espaces à vocations artisanales ou commerciales plus loquaces, tels les boutiques. Les deux caractéristiques principales de la cave sont sa situation enterrée et sa fonction de stockage qui semblent lui assigner, de fait, un rôle subalterne dans la maison. L’implantation de la cave En contexte urbain, la cave est située sous la maison. L’évidence de cette affirmation mérite toutefois d’être illustrée et nuancée. La grande majorité des salles principales des caves du XIIIe au XVe siècles sont implantées, comme les maisons, perpendiculairement à la rue dans des parcellaires étroits divisant les fronts de rue très prisés entre un maximum d’usagers. Dans les centres des villes où la pression foncière est importante, les caves constituent un gain de place sous la maison, mais aussi au-delà en s’étendant fréquemment sous la rue ou la place. Il existe différentes typologies de caves. Les caves creusées La forme la plus rudimentaire de la cave est la structure excavée dans le substrat sans habillage ou renfort de maçonnerie. La finalité première de ces creusements n’est pas nécessairement la création d’un espace de sous-sol à la maison. Les carrières d’extraction de matériaux de construction, à même le substrat sur lequel s’élève la ville, offrent de vastes espaces qui sont remployés dans les maisons. Elles sont pratiquées à l’intérieur du soubassement du rempart entièrement construit en gros blocs calcaires récupérés dans les édifices antiques. Leurs parois sont alors formées par les blocs de parement du soubassement du rempart et leur recouvrement horizontal par le béton bloque la partie supérieure du rempart. Les caves architecturées Avec une mise en œuvre souvent moins soignée que celle réservée aux élévations de la maison, les caves architecturées pourraient être un lieu privilégié pour l’examen des techniques de construction. Leurs parements sont le plus fréquemment dépourvus d’enduit et conservent des traces apparentes du chantier, comme, par exemple, les négatifs des planches de coffrage sur l’intrados des voûtes ou encore les trous d’encastrement des cintres. En outre, contrairement aux pièces d’habitation, les caves ont la plupart du temps échappé aux multiples remaniements des époques modernes et contemporaines. Les caves planchéiées Le plancher est le mode de recouvrement qui dégage le plus d’espace dans la cave et il est également plus facile à mettre en œuvre que les voûtes ; pourtant les caves planchéiées sont moins nombreuses que les caves voûtées dans le sud de la France. La conservation plus difficile des structures en bois l’explique en partie. Les planchers pouvaient également être ancrés directement dans les murs, reposer sur des décrochements de la maçonnerie ou encore sur les supports qui reçurent dans un second temps des voûtes. 6 Diane Joy, Formes et fonctions des caves des maisons médiévales dans le sud de la France, pp 179 à 206.


Puits de lumiére, cave de la maison de M. Médal, rue Droite, janvier 2017 - Crédits photographiques : Margaux Zuppel.

Les accès Bien que située sous la maison, la cave n’est le plus souvent pas subordonnée à celle-ci. La relation directe avec la rue est en effet privilégiée dans le plus grand nombre de caves du XIIe au XIVe siècles. Plusieurs formules sont déclinées dans les structures de ces accès sur rue. Les portes à l’aplomb de la façade, en rez-de-chaussée et de plain-pied avec la rue, ouvrent sur des escaliers dont le massif de maçonnerie est établi dans le volume de la cave. Malgré la perte de place occasionnée, ce parti pris est fréquent. Diverses solutions permettent de dégager l’espace sous l’escalier : soit le mur abrite une niche, plus ou moins spacieuse, soit il est totalement dégagé et l’escalier est porté par une voûte en arc rampant comme au Puy. Les ouvertures d’éclairage et de ventilation Enterrées, les caves sont des espaces sombres et frais. Selon l’usage qui en est fait, ces caractéristiques peuvent être des atouts ou des inconvénients. Les caves destinées à remplir des fonctions multiples sont pourvues de nombreuses ouvertures : portes, soupiraux ou jours, puits de lumiére ou simples trous dans les voûtes. Elles sont cependant souvent limitées aux deux extrémités de la salle dans les parcellaires denses des centres urbains. Les vantaux des portes des caves accessibles depuis la rue peuvent être ouverts dans la journée, ce qui assure un large éclairage diurne et une ventilation importante. Comme pour les rez-de chaussée, certaines caves sont de plus pourvues d’ouvertures supplémentaires en façade assurant ventilation et éclairage lorsque les vantaux des portes sont fermés. Puits de lumiére, cave de la maison de M. Médal, rue Droite, janvier 2017 - Crédits photographiques : Margaux Zuppel.


Fonctions et usages des caves Utilisation des caves à des fins commerciales ou artisanales : les notions de propriétés multiples et de location divisant des édifices en entités aux usages et usagers différents commencent à être abordées pour les maisons du Moyen-Âge. Malgré sa situation, inféodée à la maison, la cave pouvait être ainsi louée ou utilisée indépendamment. Un accès indépendant est alors indispensable. Il peut être direct depuis la rue ou simplement indépendant de la distribution du logis ce qui pose alors la question du fonctionnement bipolaire de la maison avec des espaces d’habitation et de servitudes liés au logis et d’autres, indépendants, de production et de commerce. Inversement, certaines formes semblent exclure des utilisations autres que domestiques : l’escalier en vis se prête mal au maniement de charges lourdes ou encombrantes. Pour les caves dont il constitue le seul accès, on peut exclure d’autre utilisation que celle de resserre domestique. Usages domestiques Les fonctions domestiques, usages privatifs de la cave par les habitants de la maison, impriment moins encore leur marque dans l’architecture que les fonctions commerciales ou de négoce. Le stockage des denrées alimentaires et du vin ou verjus destinés à la consommation de la maison est la fonction première de la cave à usage domestique. Les caves peuvent enfin remplir des fonctions complémentaires de l’habitat, qui dans l’architecture rurale prendrait la forme de dépendances du logis. Rares sont donc les caves avec un programme architectural répondant à une destination précise et exclusive et leurs changements d’usage sont nombreux au fil du temps. L’abandon progressif de leur utilisation économique et notamment commerciale à partir du XVe siècle en est sans doute l’évolution la plus importante. Le glissement des fonctions commerciales vers des usages plus domestiques se traduit essentiellement par l’abandon des accès directs depuis la rue en faveur des communications avec le rez-dechaussée, le plus souvent sous la forme d’escaliers en vis.


Cave de M. Médal qui communique avec la maison à côté, rue droite, janvier 2017 - Crédits photographiques : Margaux Zuppel.


L’eau dans la construction des bastides et des villes Le rôle de l’eau au cours du temps est l’élément essentiel à la construction des bastides et villes dans le temps. Mais le rapport à l’eau a évolué au fur et à mesure du temps. Les bastides se sont constituées autour des puits et des points d’eau, tandis que l’essor des villes s’est fait par la présence des ruisseaux et des fleuves. L’eau est l’élément, un bien commun et la structuration des différentes typologies de ville qui se construisent et tirent leurs fondements sur des trames bleues. L’identification de l’eau, depuis l’époque Romaine, passe par l’association de la vie égale l’eau. Dans les bastides, les familles accèdent à l’eau par les puits mais aussi par les éviers intérieurs, les animaux jouent un rôle important dans l’éco-système comme élément d’épuration. L’artisan a pris son essor dans des villes où l’eau est un élément dynamique grâce à son écoulement et son abondance. Le courant des fleuves devient une force et l’abondance de l’eau une capacité à développer de l’activité économique liée à l’artisanat. C’est le cas de Rouen en 1250. Petit à petit, l’eau devient un élément de la structuration industrielle, car les aménagements urbains la canalisent pour créer des réseaux de canaux. Dès 1750, des problèmes liés à la stagnation, l’eau fongique devient un problème. On engage des travaux de fermeture des canaux. La trame bleue disparait visuellement en grande partie. Le siècle des lumières voit le développement du chlore qui permet une évolution de l’énergie. S’installe dès le 19e siècle la version hygiéniste avec la perte de « l’origine » de l’eau. Cette vision développe l’eau courante et potable et les égouts. Le 20e siècle organise la marchandisation de l’eau, nous noterons dès les années 80 la domination de l’homme sur l’eau, dans la publicité entre autres. Les enjeux actuels sur l’utilisation de l’eau au niveau mondial mettent en perspective la sur-consommation qui engendre une raréfaction de celle-ci. La création d’une nouvelle trame bleue devient un enjeu majeur pour reprendre possession et établir un rapport à l’eau différent.

Plan de la ville de Rouen vers 1250, la ville voit son essor par l’arrivée de l’artisanat qui se développe grâce à l’eau.

Création des égouts et des canalisations au siècle des Lumières. Domination d’une vison hygiéniste, de la chimie, des mathématiques.


Station de retention et d’épuration des eaux.

L’eau dominée - Publicité pour la marque Hépar.

Norme d’évaquation des différents éléments de l’habitat

m 3 d’eau utilisé en fonction des pays avec les prévisions sur la pénurie moins de 1 000 m3 par personne par an, le stress hydrique de 1000 à 1700 m3 par personne par an, la vulnérabilité hydrique de 1700 à 2500 m3 par personne par an pour les zones jaune, jaune claire et bleue claire.

vs

Photographie de la trame bleue du village Hari au Japon avec les carpes éboueuses et l’usage de l’eau. Crédit image http://jardinsbotaniquesjaponais.blogspot.fr


Un bien commun

Encore des images de Thé C’est ou ? C’est quoi ?


ĂŠo.

IV. Transmettre et crĂŠer du commun


Des observations aux hypothèses de travail La première semaine d’observation a permis de mettre au jour différents faits remarquables. Autre fait à prendre en compte, lié à la spécificité du lieu : bon nombre de constructions de la ville de Caylus sont classées au patrimoine historique, ce qui réduit et contraint la marge de manœuvre des habitants qui voudraient apporter des modifications sur l’extérieur de leur maison. On voit ici que l’adaptation des cités médiévales aux modes de vies d’aujourd’hui, avec notamment les chantiers de mise aux normes énergétiques dont elle font l’objet – mené dans le cadre de politiques de développement durable – ne sont pas sans effets sur la structure du bâti. Au fil des transformations s’altère ce qui constituait autrefois une source de renseignements sur les pratiques de construction. Néanmoins, ne prendre en compte que le seul facteur de « préservation » et de « conservation » du patrimoine historique risque de figer ces cités dans des époques antérieures, de les muséifier et de les rendre difficilement habitable. De même que les rénover en fonction des normes énergétique tend à standardiser, à atténuer et à voiler leurs spécificités. Dès lors se posait la question suivante : Comment adapter les restes d’une cité moyenâgeuse aux modes de vies d’aujourd’hui dans une démarche soucieuse de l’environnement et de ses ressources sans altérer cet héritage du passé ni le muséifier ? Cette façon d’approcher les choses requérait de relever ce qui reste des organisations d’hier et qui pourrait être réhabilité et modifié. La présence des venelles a notamment retenu l’attention. Les recherches documentaires entreprises suite à la première semaine ont en effet permis de mettre au jour l’origine et la fonction de ces espaces : les venelles constituaient un espace d’évacuation des eaux usées à une époque ou le raccordement au tout à l’égout n’existait pas encore. Le travail a permis de penser un sytème global consitué de plusieurs éléments imbriqué :

(1) Eau courante Quelle système ? Quelle forme ? Quelle évacuation, vers où ?

(2). Évacuation pluviale Quel rapport à la toiture et à la rue ? Quelle évacuation, vers où ?

(1 & 2) Eau pluviale Quel rapport à la rue ?

(1 & 2) Eau pluviale Quel rapport au jardin ?

(3). Câbles Quel rapport à la façade ?

(4) Chauffage Quel rapport à la toiture et au soleil ? Quel rapport à la thermie intérieure ?


Quelle cohésion d’ensemble ?

2- Evacuation pluviale : Quel rapport à la toiture et à la rue ?

4 - Chauffage : Quel rapport à la toiture et au soleil ? Quel rapport à la thermie intérieur ? 2 4

1

1- Eau courante Quelle sytème ? Quelle forme ?

3

3- Câbles : Quel rapport à la façade ?

1- Quelle évacuation, vers où ? 1 & 2 - Quel rapport à la rue ?


Photographie maquettes 3D des étages d’une maison médiévale, Le Propulseur, mars 2017 - Crédits photographiques : Yaru Gao.

Photographie maquette 3D des maisons d’un village médiévale pour identifier les sytèmes de venelles, Le Propulseur, mars 2017 - Crédits photographiques : Yaru Gao.


Photographie maquettes 3D des étages d’une maison médiévale, Le Propulseur, mars 2017 - Crédits photographiques : Yaru Gao.

Photographie maquette 3D d’une maison médiévale, Le Propulseur, mars 2017 - Crédits photographiques : Yaru Gao.


1- Eau courante Quelle sytème ? Quelle forme ?

1- Quelle évacuation, vers où ?

La poignée à vanne

Photographie de la proposition de Jeanne Macaigne, Le Propulseur, mars 2017 - Crédits photographiques : Yaru Gao.

Jeanne Macaigne


(1) Eau courante Quelle système ? Quelle forme ? Quelle évacuation, vers où ? La conception et le rapport à l’eau sont actuellement issus de l’époque techniciste des années 80. Les robinets actuels mettent en avant une notion d’eau abondante et un imaginaire pris à celui des sources, des cascades. Ces principes d’abondance ne correspondent plus aux problèmatiques actuelles face à la raréfaction de l’eau. à la sortie du robinet, l’eau est un bien marchand et potable, 20 cm environ plus bas au niveau du siphon, l’eau devient un déchet allant directement dans les égouts. De ce constat le projet a pris racine.

Publicité pour le mitigeur de marque Hongjing, 2017.

« L’intention est de détourner une partie de l’eau évacuée par l’évier afin d’alimenter le réservoir de la chasse d’eau ou bien vers un réservoir d’eau pour le jardin. Cela permettrait de réduire une partie de notre consommation en eau potable ainsi que de réintroduire une partie de l’eau dans les sols. »


L’eau de l’évier peut se diviser en deux catégories. Les eaux grasses et savonneuses qui sont celles de la vaisselle, ainsi que les eaux de rinçages et alimentaire que l’on utilise pour laver les légumes, rincer un verre d’eau. En partant du principe que l’on peut réutiliser l’une de ces eaux à des fins ménagères, on peut imaginer l’isoler de l’évacuation générale à l’aide d’un raccordement de dérivation à vanne déjà existant dans le marché. Le principe est de concevoir une poignée rattaché à ladite vanne afin d’amplifier le mouvement de l’utilisateur. La vanne étant sous l’évier, la poignée, au niveau du plan de travail et de l’évier, serait une extension du mouvement de l’utilisateur sur l’action de la vanne.

Croquis d’étude pour le principe de vanne - Jeanna Macaigne

Système d’assemblage au niveau du siphon pour la division et la récupération de l’eau grasse et de rinçage - Jeanne Macaigne


Croquis du schéma général au niveau d’une habitation avec les diverses possibilités de ré-usage de l’eau - Jeanne Macaigne.

Le frigo du désert permet sans électricité et avec un peu d’eau de garder les aliments au frais. Crédit https://www.consoglobe.com/frigo-du-desert-alternative-ecologique-refrigerateur-cg Intégration d’un frigo du désert fonctionnant avec une double paroi de terre avec au milieu du sable et de l’eau de rinçage récupérée - Jeanne Macaigne.


1

1- Quelle évacuation, vers où ? 1 & 2 - Quel rapport à la rue ?

Nœud de circulation

Photographie de la proposition de Marie Maganuco, Le Propulseur, mars 2017 - Crédits photographiques : Yaru Gao.

Marie Maganuco


(2) Évacuation pluviale Quel rapport à la toiture et à la rue ? Quelle évacuation, vers où ? Placée dans une venelle, dans l’interstice entre deux maisons, cette cuvette de récupération d’eau pluviale – élément de raccord permettant de joindre deux gouttières de maisons différentes – est dotée de deux nouveaux points de sorties. L’eau qui entre dans la cuvette de zinc est renvoyée vers l’intérieur de la maison, par l’intermédiaire de deux tuyaux et vient alimenter les WC.

évacuation raccordement des eaux pluviales et des eaux usées sur une façade extérieure de Caylus. Crédits photographiques Charlotte Frison.

évacuation raccordement des eaux usées à l’intérieur d’un habitat à Caylus - Crédits photographiques Charlotte Frison.

« L’élément conçu est une réinterprétation de la cuvette de branchement dit jambon que l’on trouve au niveau des gouttières. »


Noeuds de circulation

Modèle 3D imprimable et modifiable à la demande - Crédits image Marie Maganuco.


Résine PolyJet imprimée en 3D Vos objets en résine Polyjet sont imprimés depuis un polymère liquide photosensible qui est solidifié par UV. Rigide et hautement détaillée, l’apparence de votre pièce est très proche de celle d’un objet en plastique standard. Sa surface est naturellement lisse. Notre matériau en résine est rigide et solide, permettant d’imprimer des modèles complexes contenant des volumes inclus dans d’autres volumes. La technologie Resin Clear vous permet d’imprimer des objets translucides qui, polis, sont transparents et d’aspect semblable à du verre. Description issue de l’entreprise Scupteo, impression en ligne.

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Matériau pour impression 3D multicolore. Vos objets en matériau multicolore sont imprimés directement en couleur depuis une poudre minérale fine, semblable à du plâtre, qui est teintée durant le processus d’impression 3D. Vous devez donc fournir un fichier contenant les textures et les couleurs de votre objet. Description issue de l’entreprise Scupteo, impression en ligne.

Croquis d’étude des diverses situations et raccord - Crédits images Marie Maganuco.

La fabrication additive (ou impression 3D) s’oppose à la fabrication soustractive où l’on enlève de la matière pour atteindre la forme désirée. Dans la fabrication additive, les pièces en 3D sont construites par addition de couches successives de matière sous contrôle d’un ordinateur. À ses débuts, l’impression 3D a principalement été utilisée pour le prototypage rapide. Le potentiel offert par ce nouveau processus de fabrication permet en particulier des applications spécifiques et paramétables avec de nombreux matériaux et finitions. La production est efficace pour des composants complexes qui n’étaient réalisables qu’avec beaucoup d’heures de travail ou non produits en série car avec des demandes trop spécifiques : variation des décors, de finitions, d’angle de raccord notamment.


2

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1 & 2 - Quel rapport à la rue ?

Au gré des pluies Hanin Salama & Antoine Leduc

Photographie de la proposition d’Hanin Salama, Le Propulseur, mars 2017 - Crédits photographiques : Yaru Gao.


(1 & 2) Eaux pluviales Quel rapport à la rue ? Généralement, l’eau qui s’écoule des toitures est rapidement redirigée vers les égouts. Il s’agit ici de placer au niveau de la rue Droite, au bout des tuyaux d’évacuation des eaux de pluie, des jarres en grès moulées à la corde pour les recueillir. Sur ces réservoirs, un robinet permettrait aux habitant de se servir de cette eau pour nettoyer leur pas de porte ou arroser leurs plantes.

La rue Droite de Caylus est la rue principale, elle accueille aussi un grand nombre de venelle - Crédits photographiques : Théo Lacroix.

« L’idée était de trouver une harmonie, une cohésion avec l’environnement du village de Caylus, l’artisanat déjà préexistant et le problème de l’écoulement de l’eau. »


Système industriel commercialisé permettant la réserve d’eau de pluie - Crédits photographiques : Yaru Gao.


Fabrication de grande pièce grâce au procédé dit à la corde - Crédits http://www.enterremongole.com/2011/07/26/technique-de-la-jarre-a-lacorde/

L’utilisation de la technique artisanale du moulage à la corde est assez similaire dans sa structuration à celle de la production additive1 issue de l’imprimante 3D, par deux éléments : la corde fonctionne comme les filaments des imprimantes 3D, les baleines qui structurent le profil de la jarre peuvent être rapidement extraites d’une modélisation 3D. Ainsi, le numérique, comme outil de conception, a permis d’extraire les patrons vectoriels des baleines qui viendront structurer le profil de la jarre. D’autre part, traditionnellement le dessin du profil doit être produit à l’échelle 1 , puis reproduit sur du bois pour faire un modèle. Par la suite, la découpe de cette forme dans du contreplaqué de 1 cm d’épaisseur est exécutée 16 fois, voire plus peut-être car les découpes ne sont pas toujours régulières et celles-ci peuvent casser. La découpe laser facilite cette étape pour ce type de production artisanale. Venelle remplie par les habitants dans le temps. La jarre prévue à cet emplacement doit être spécifique à chaque venelle, du fait de la variation de la hauteur mais aussi des éléments environnants, sol entre autres. Le fichier 3D permet de recalculer rapidement ces variations de formes et d’extraire les plans des baleines. La fabrication additive, plus connue sous le nom d’impression 3D, est un processus de fabrication qui transforme un modèle 3D en un objet physique, en assemblant des couches successives d’un même matériau. 1

Fabrication de grande pièce grâce au procédé dit à la corde - Crédits http://www.enterremongole. com/2011/07/26/technique-de-la-jarre-a-la-corde/


2- Evacuation pluviale : Quel rapport Ă la toiture et au jardin ?

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Le jardin de pluie

Photographie de la proposition de Yaru Gao, Le Propulseur, mars 2017 - CrĂŠdits photographiques : Yaru Gao.

Yaru Gao


(1 & 2) Eaux pluviales Quel rapport au jardin ? Un jardin de pluie ou jardin pluvial (en anglais rain garden) est l’une des nombreuses formes des jardins d’eau et techniques alternatives pour la gestion des eaux de ruissellement. L’eau ruisselle a travers le sol par infiltration ou évaporation, grace à des noues paysagères ou jardin de pluie. Il s’agit ici de penser un aménagement pour recevoir les eaux de pluie qui ne sont pas canalisées dans des tuyaux d’évacuation.

Vue du jardin côté cour depuis la fenêtre de M. Maury, rue Droite, janvier 2017. Crédits photographiques : Margaux Zuppel.

« Un système de drainage est mis au point pour que l’eau n’infiltre pas les fondations de la maison. »


Principes des jardins de pluies pour le pĂŠriurbain et les villes - http://jardin-alternatif.over-blog.com


Caylus est constitué de petites parcelles médiévales encastrées. Les habitants ont au fur et à mesure du temps « bricolé » des aménagements pour constituer des terrrasses, les jardins devenant des éléments d’agrément qui ont rendu plus ou moins impossible les ruissellements des eaux de pluie. La proposition est d’imaginer des scenarii paysagés à l’échelle de ces parcelles. Les techniques de bio-rétention qui ont été utilisées sont principalement deux : la rétention qui stocke l’eau de ruissellement à travers le sol pour l’infiltration ou l’évaporation, nommée noue paysagère ou jardin de pluie et des intallations de retenue d’eau, comme les toits végétalisés.


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1 & 2 - Quel rapport à la rue ?

Parcours sonore

Photographie de la proposition d’Aurélie Perderizet, Le Propulseur, mars 2017 - Crédits photographiques : Yaru Gao.

Aurélie Perderizet


(1 & 2) Eaux pluviales Quel rapport à la rue ? Il pleut. L’eau tombe sur le toit, elle s’écoule de la gouttière au tuyau avant de s’échapper vers une succession de tuiles de zinc. Au contact de la tôle, elle émet un son léger et poursuit son chemin en direction des caniveaux de la chaussée.

Scénario pour une fontaine-gouttière - Crédits photographiques : Théo Lacroix.

« L’idée est de pouvoir ralentir le passage de l’eau afin de créer un parcours sonore le long des façades des maisons. »


Contre-forme et/ou créer grâce à une impression 3d pour le travail du zinc - Crédits photographiques : Yaru Gao.

Observation des gestes pour la création de gouttière en zinc : limage sur une contre-forme - Crédits photographiques : Yaru Gao.


Croquis d’une ruelle avec la gouttière et le parcours sonore - Crédits image Aurèlie Perderizet.

Le modèle 3D et l’impression qui en découle sont la base de la contre-forme spécifique et du gabarit de découpe pour cette gouttière sonore.

Observation des gestes pour la création de gouttière en zinc : contre-forme pris dans un étau pour être recouverte de zinc & gabarit de découpe - Crédits photographiques : Yaru Gao.


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3- Câbles : Quel rapport à la façade ?

Module de camouflage

Photographie de la proposition de Victoire Souviron, Le Propulseur, mars 2017 - Crédits photographiques : Yaru Gao.

Victoire Souviron


(3) Câbles Quel rapport à la façade ? à Caylus, il n’est pas rare de voir sur les bâtiments des installations de fortune laissant apparaitre des fils visibles en surface. Parfois même les câbles électriques pendent entre deux bâtiments.

Photographie des façades de la place du village - Crédits photographiques : Théo Lacroix.

« Ce module mêle le caractère fonctionnel au caractère ornemental. »


Photographie d’une façade de Caylus - Crédits photographiques : Victoire Souviron

Photographie d’une façade de Caylus - Crédits photographiques : Victoire Souviron


Il s’agit ici de réaliser un module permettant d’ordonner et de cacher différents câbles. Le module est composé de 3 pièces de bois facilement assemblables, la taille du module peut être ajustée en fonction de la longueur des intervalles entre chaque bâtiment. Sur la face arrière du module, un système d’attache réunit et maintient les fils, tandis que sur la face visible des signes graphiques reprennent des éléments présents sur les façades de Caylus, ceux-ci sont gravés au laser.

Module de camouflage

Dessin 3D du module.

A Caylus, il n’est pas rare de voir des installations de fortunes lais fils visibles en surface. Parfois m triques pendent entre deux bâtim réaliser un module permettant d cacher différents câbles. Le mod pièces de bois facilement assem module peut être ajusté en fonct des intervalles. Sur la face arrière du module un permet de réunir et maintenir le visible des signes graphiques rep présents sur les façades de Caylu module mêle le caractère fonctio ornemental.

Exemple de gravure au laser - Crédits photographiques : xxxx


4 - Chauffage : Quel rapport à la toiture et au soleil ? Quel rapport à la thermie intérieur ?

Tuyaux mobiles Maude Tremolière, Margaux Zuppel & Pablo Figueroa

Photographie de la proposition de Maude Tremolière, Margaux Zuppel & Pablo Figueroa, Le Propulseur, mars 2017 - Crédits photographiques : Yaru Gao.


(4) Chauffage Quel rapport à la toiture et au soleil ? Quel rapport à la thermie intérieure ? Il s’est avéré, au fil des entretiens avec les habitants et des visites de leurs habitations, que les maisons médiévales du centre ville et les corps de ferme sur le Causse, sont des constructions difficiles à isoler. Pour pallier à ce souci, les habitants parent les murs de leurs habitations de cloisons en placoplatre. Mais ce type d’opération a pour effet de faire disparaître les qualités des espaces d’autrefois au profit de la recherche d’un confort thermique.

Intérieur d’une habitation non recouverte de placoplatre : pièces grandes et murs épais. Crédits photographiques : Charlotte Frison.


Schéma principe - Maude Tremolière, Margaux Zuppel & Pablo Figueroa


Les tuyaux sont visibles, ils circulent dans la bâtisse par les conduits existants, courent le long des murs de pierres et se déploient dans l’espace du salon. Ici, le chauffage devient mobile, il se déploie dans la pièce, se décroche des murs tel un paravent. Fixé à un rail au plafond, le tuyau chauffant peut être détaché et emmené dans divers espaces de la maison. Il peut alors serpenter sur le canapé, le lit, le tapis... et apporter une source de chaleur ponctuelle.

élément de jointure entre les tuyaux, système de quincaillerie imprimé en 3D - Crédits photographiques : Yaru Gao.

Maquette de principe d’usage - Crédits photographiques : Yaru Gao.


Photographie de la restitution dans le village, vidéo mapping des étudiants de la licence artisan-designer et exposition dans le Propuseur. Discussion avec les habitants et les élus du village et de la communauté de commune qui ont soutenu le projet. Crédits photographiques : Pablo Figueroa.



2016-2017 Responsables du projet Nathalie Bruyère (designer), Jean-Marc Evezard (infographie 2d et 3d) Laetitia Giorgino (théorie). Etudiants associés Pablo Figueroa, Charlotte Frison, Yaru Gao, Karen Hookerlosada, Beverley Lassagne, Jeanne Macaigne, Marie Maganuco, Hanin Salama, Maude Tremoliere, Paula Schuster, Victoire Souviron, Margaux Zuppel. Partenaire Le Propulseur - Science Animation Interventions ponctuelles Licence Artisan-Designer Luc Adolphe et Samuel Balti (L’Institut de la Ville)

Vue aérienne de Caylus depuis un drone, janvier 2017 - Crédits photographiques : Jean-Marc Evezard.


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