flyway-atlantique-2008-29-01

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L’aménagement faunique du ruisseau de feu : de terre convoitée à terre promise

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C’est avec grande fierté que Canards Illimités (CI) annonce le début des travaux d’aménagement faunique du ruisseau de feu, situé en bordure de l’autoroute 40 à l’extrémité est de l’Île de Montréal. Ce projet de restauration de 1,3 million de dollars concerne un des rares sites d’intérêt faunique en milieu urbain, car il englobe une des dernières plaines inondables de la région montréalaise. Le projet de CI, en collaboration avec d’autres partenaires publics et privés, vise à préserver les habitats naturels présents et à améliorer l’utilisation du milieu par la faune en offrant un habitat de qualité aux poissons et à la sauvagine. De plus encore, cet aménagement représentera une richesse pour les populations environnantes grâce à son potentiel récréatif et éducatif. Il ne subsiste que très peu de milieux humides dans les centres urbains et ceux qui restent sont fragmentés limitant ainsi significativement l’habitat pour la faune. Le ruisseau de Feu représente ainsi une richesse que CI se devait de conserver, notamment en raison des fortes pressions qu’il subit à cause du développement résidentiel et commercial et de sa proximité du réseau routier. L’intérêt de CI pour ce territoire localisé dans la plaine de débordement de la rivière des Prairies remonte au milieu des années 1980. Dans le but de préserver cet habitat, CI a entrepris plusieurs démarches. Tous ces efforts ont porté fruit en 2004, lorsque la famille Romano décida de faire une généreuse donation de 40 hectares de terrain à CI, d’une valeur de 935 000 $. Les terres avoisinantes, quant à elles, furent cédées à la Ville de Terrebonne également par donation, afin de compléter les 100 ha qui formeront éventuellement une aire de conservation à des fins fauniques et récréatives. Pour les aménagistes fauniques, la table était mise afin de concrétiser l’ultime étape : la mise en «chantier faunique». Principalement à vocation agricole, le ruisseau de Feu compte d’importantes frayères à perchaude et à grand brochet et constitue un site de nidification pour la sauvagine et l’avifaune en général. Toutefois, les pratiques agricoles et le réseau routier ont profondément altéré la qualité des habitats en redressant les cours d’eau et en drainant les marais. Actuellement, après le retrait rapide de la crue printanière, le milieu s’assèche presque totalement, à l’exception du ruisseau de Feu. Les riches habitats fauniques des rivières des Prairies, des MilleÎles et de l’Assomption qui s’y trouvent, et le fleuve Saint-Laurent

qui le borde, font du territoire du ruisseau de Feu un site à haut potentiel faunique. On y trouve environ 15 espèces de poissons, dont d’importantes frayères pour le grand brochet et la perchaude. Quelque 60 espèces d’oiseaux y ont été recensées, dont 30 espèces nicheuses et deux espèces inscrites sur la liste des espèces susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables : le faucon pèlerin et le bruant à queue aiguë. Des inventaires de sauvagine ont permis de recenser la bernache du Canada, le canard pilet et le canard colvert. Les mammifères présents dans le secteur sont le rat musqué, le raton-laveur, le castor et le cerf de Virginie. On y observe également plusieurs reptiles et amphibiens. Une colonie de plantes susceptibles d’être menacées ou vulnérables a aussi été inventoriée sur le territoire, notamment sur le rivage de la rivière des Prairies. Le plan d’aménagement du ruisseau de Feu s’inspire d’une analyse régionale de l’occupation du territoire. Cette analyse révèle que les lotissements résidentiels et commerciaux, ainsi que l’agriculture intensive, dominent le paysage de la région au détriment des milieux humides, de la forêt et de l’agriculture pérenne (prairies). La préservation de ce qui constitue le dernier vestige de la plaine inondable de la couronne nord de Montréal vise à consolider le paysage historique du ruisseau de Feu par la mise en place d’un marais, d’un marécage et de la réimplantation du boisé d’origine. Les paramètres de conception du marais et du marécage sont d’inspiration ichtyenne. Cela signifie que ces nouveaux aménagements fauniques sauront répondre aux exigences de l’habitat du poisson, tout en offrant à la sauvagine un lieu de prédilection pendant leurs migrations printanière et automnale ainsi que durant leur période de reproduction. Même si un peu plus de 20 années se sont écoulées entre la première visite des biologistes au ruisseau de Feu et la première pelletée de terre annonçant le début des travaux d’aménagement faunique à l’automne 2007, l’attente et le travail de longue haleine ont valu la peine. De convoitise immobilière et agricole à terre promise à tout jamais à la nature, le territoire du ruisseau de Feu pourra, un jour, être promu au temple de la renommée du patrimoine naturel québécois. Ce sera sans doute l’un des projets de restauration les plus spectaculaires du Québec de la prochaine décennie. En attendant, l’équipe de restauration et d’aménagement de CI Québec se met fièrement à l’œuvre et vous donne rendezvous à Terrebonne dans quelques mois! S


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