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V.2. Une nouvelle génération d’ architectes, “électrons libres ”

par la crise écologique, leurs mentalités et leur approche au travail sont également le résultat d’ une société libéralisée et mondialisée.

V.2. Une nouvelle génération d’architectes, “électrons libres”

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Ivan Fouquet témoigne de l’ engagement de la jeune génération qui a conscience des problèmes écologiques. Cependant, il a constaté que le rapport au travail était différent chez les jeunes architectes. Tout d’ abord, il condamne les emplois proposés aux jeunes architectes dans les grandes agences d’ architecture, où ils sont contraints de dessiner sur des logiciels toute la journée en gagnant un salaire misérable. Lors de leur entrée sur le marché du travail, le nombre de jeunes diplômés en architecture saisis par la déception et la désillusion est colossal. (Raybaud, 2020) Aujourd’hui, il constate qu ’ une grande partie des architectes cherche à donner un sens à leur pratique. Aurélien Cantegrel voit que les architectes de sa génération n ’ acceptent plus de travailler dans une agence où ils ne s ’épanouissent pas. Lorsqu ’ils ne trouvent pas de sens à leur emploi, ils finissent par démissionner. La jeune génération semble, en partie, façonner une nouvelle conception du travail. Le développement personnel à travers leur activité professionnelle est important. Ils désirent un équilibre entre leur activité professionnelle et leur vie, en termes de sens et de valeurs. Ce souhait peut les amener à choisir l’insécurité dans un emploi qui a du sens plutôt que la stabilité dans un travail qui n ’ en a pas. Ils appréhendent moins l’instabilité que les générations précédentes et envisagent la précarité comme un événement temporaire. (Meda & Vendramin, 2010) Toutefois, Ivan Fouquet assure que ce n ’ est pas le type de travail que de nombreuses agences proposent. Il explique également qu ’il y a une cinquantaine d’ années lorsque l’ on décrochait un travail, il était possible de se dire que l’ on va y travailler toute sa carrière et même si depuis le milieu des années 90, l’idée de l’ emploi à vie n ’ existe plus, l’ organisation n ’était pas aussi ouverte. Les jeunes architectes craignent de s ’ engager plusieurs années dans une seule agence. Ivan Fouquet associe ce phénomène à la libéralisation du modèle économique français depuis plusieurs années. Il souligne tout de même que c ’ est important de trouver une stabilité dans une agence, spécialement en architecture où les projets durent plusieurs mois.

“Le rapport au travail de la nouvelle génération est assez différent. C’est ce qu’on a remarqué dans le milieu des SCOP. (…) Lors des entretiens, on parle de la SCOP et qu’il est important de s’engager un peu dans ce type de structure. On sent que ça fait peur aux jeunes. Il ne s’agit pas de leur dire qu’il va falloir qu’ils y travaillent toute leur vie mais en même temps c’est important de trouver une certaine stabilité. S’il y a trop de “turn over” dans une agence ou sur un projet c’est compliqué. Un projet d’architecture prend un an, deux ans et l’urbanisme ça dure encore plus longtemps. Si les personnes ne veulent pas travailler plus d’un an ou deux dans une entreprise, cela devient assez problématique. Je ne pense pas que cela soit uniquement du fait de la génération car l’économie a aussi été orientée comme ça. Le modèle a été complètement libéralisé pour favoriser ça, donc aujourd’hui c’est possible. ” (Ivan Fouquet, scop FAIR)

Le collectif ARTICHÔ partage ce ressenti, il considère que leur génération ne se projette pas. Elle se situerait dans le “faire ” maintenant, le “faire ” tout de suite.

“On fait partie d’une génération qui ne se projette pas trop, on fait maintenant et on verra comment ça se passe plus tard. ” (Collectif ARTICHO)

Pourtant ce n ’ est pas une vérité absolue pour l’ ensemble des jeunes architectes. Face aux difficultés qu ’ils traversent, ils ne réagissent pas de la même manière, certains se reconvertissent ou partent travailler à l’étranger (Topaloff & Vignando, 2016) et d’ autres créent leur propre structure et mènent, au début, une double activité cumulant un travail “ alimentaire ” et un travail “épanouissant” . Ils finissent par développer leur structure où leur pratique architecturale pour être en résonance avec leurs valeurs.

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