Tribune Libre Les pratiquants
L
es pratiquants ! Il convient de désigner ainsi les gens qui « pratiquent » toutes les vertus. La religion, la morale, la politique, abritent leur dissimulation. Ces pratiquants qui prétendent faire le bien, se rassemblent dans les lieux de leurs cultes, plus serrés que jamais, pour discuter ou pour s’agenouiller et prier, mais qui n’en sortent pas meilleurs. Ils médisent des voisins. Ils n’ont qu’un but : se mettre en contradiction avec euxmêmes, avec l’idéal qu’ils prétendent servir, avec la religion qu’ils prétendent «pratiquer ». Maitres du pays par leur arrogance, par leur morgue, par leur luxe insolent, ces pratiquants sont des êtres néfastes. Ils répandent de fausses notions, de fausses idées parmi le peuple en lui faisant croire que la charité, que la pitié, telles qu’ils l’entendent, sont des solutions, des refuges, en lui faisant croire à la vertu de l’altruisme et du partage. Ils le détournent ainsi de son but qui est la juste revendication de ses droits. L’aumône ne tend qu’à diminuer l’énergie du pauvre, qu’à l’abrutir, comme l’opium.
l’aumône, de la pitié permet aux « pratiquants » maitres du pays de dominer et de soumettre le peuple par la ruse et la perfidie. En échange de quel esclavage, de quel servilisme, de quel esclavage ils font le bien ? Ces pratiquants sont des métaphysiciens, des mystificateurs et des « prestidigitateurs », qui assurent sur la destinée humaine
pas toujours raison contre le peuple pour qui, pratiquants égalent trafiquants. Ceux-ci trafiquent de l’honneur, de la pauvreté, de l’humilité, de la religion ; ils spéculent sur la misère humaine, sur l’ignorance, sur la crainte.
Face à cela, on ne peut que déclarer l’humanité odieuse, criminelle et médiocre. On est forcé de déclarer que la propriété c’est le vol ; que les patrons sont des assassins ; que le patriotisme est une absurdité. Quand on envisage le monde au seul point de vue des riches, des « trabendistes », des trafiquants, des pratiquants, on aboutit aux conclusions les plus violentes, à l’action directe, à la bombe. Mais, heureusement, il n’y a pas dans le monde que des trafiquants et des corrompus ; il y a aussi ceux qui une influence occulte. Ils essaient rétablissent l’équilibre, qui font de se faire pardonner leur impuis- contre poids. sance en pratiquant la charité tout Toutefois, les « pratiquants », en faisant payer chers les services « trabendistes » et autres parvequ’ils rendent ; ils espèrent se ren- nus, par leur insolence, leur indre ainsi moins odieux en se disant souciance, leur égoïsme, poussent philanthropes. Chacun invente à l’insurrection, à la révolte. Ils un stratagème pour se maintenir donnent raison à toutes les thèses « en odeur de sainteté » auprès de la révolution et de l’anarchie. du peuple. Toutefois, ce charlatanisme qui consiste de se contenter Saïd CHATAR d’être un pratiquant de la morale, Le mensonge de la charité, de de la religion, de la politique, n’a