Do ss ier Opposants marocains : les nouveaux visages Le défunt Abderrahim Bouabib entourné de feu Mehdi Ben Barka et de feu Fqih Basri, le 25 mai 1962, lors du deuxième congrès de l’UNFP à Casablanca © DR
L
e Maroc voit émerger une nouvelle génération d’opposants qui s’activent pour commenter tous les soubresauts qui agitent le pays. La plupart des nouveaux opposants marocains font entendre leur voix sur Internet. Créer un blog, une page Facebook ou une chaîne YouTube est un jeu d’enfants pour ceux et celles qui ont choisi la voie de la contestation. Si certains expriment leurs opinions dans le respect de la loi, d’autres tombent dans l’injure et la diffamation.
Après plusieurs années d’emprisonnement, les deux anciens détenus politiques d’extrême gauche bénéficieront d’une grâce pour le premier et d’une libération-expulsion pour le second qui rentrera finalement au Maroc avec l’avènement du nouveau règne. En 1995 déjà, le mouvement clandestin Ilal Amam se mue en parti politique sous le nom de “Annahj Addimocrati” (La Voie démocratique). Il a été officiellement reconnu en 2004. Aujourd’hui, Annahj Addimocrati est le seul parti qui boycotte l’ensemble des rendez-vous électoraux et s’oppose publiquement à des décisions politiques majeures comme la signature d’un accord militaire avec Israël. Le secrétaire national d’Annahj est invité de temps à autre par les médias et n’hésite pas à critiquer le pouvoir. Les mots du communiqué, publié suite à la dernière réunion du secrétariat national du parti de l’étoile rouge le 28 novembre 2021, sont tranchants. «L’accord signé récemment entre l’État du Maroc et l’entité sioniste constitue un tournant dangereux qui est allé au-delà de la normalisation des relations diplomatiques pour atteindre une coordination militaire et sécuritaire stratégique et une forme de tutelle ?», s’interroge l’instance dirigeante du parti. «Par conséquent, le Secrétariat national de la Voie Démocratique réitère son rejet de tout type de normalisation avec cette entité agressive et considère que ce pas pris par le Makhzen constitue une véritable menace à la sécurité dans la région et ne sert d’aucune façon les intérêts du peuple marocain. Il s’agit d’une action qui sert seulement les intérêts du Makhzen et les intérêts expansionnistes de l’entité sioniste», renchérit le communiqué.
Le Maroc d’aujourd’hui ne ressemble en rien à celui du siècle dernier. Le temps des opposants politiques d’envergure, dont certains osaient dire «non» même au défunt Souverain, est révolu. Les grandes figures de l’opposition tels que les défunts Abdellah Ibrahim, Mehdi Ben Barka, Mohamed Fqih Basri, Omar Benjelloun, Abderrahim Bouabib, Moumen Diouri, Abraham Serfaty, Abdallah Zaâzaâ, Noubir Amaoui ou le grand patriote Mohamed Bensaïd Aït Idder ont participé, d’une façon ou d’une autre, à la démocratisation du Maroc. Aujourd’hui, de nouveaux visages s’affichent principalement sur Internet et disent s’opposer au Makhzen avec un substrat contestataire porteur, selon eux, d’un discours de vérité. De Ilal Amam à Annahj Addimocrati Si l’Union nationale des forces populaires (UNFP) a été la formation politique d’opposition la plus inf luente durant les premières années du règne de feu Hassan II, le groupe marxiste-léniniste Ilal Amam (en avant) a été durant les années 1970 le plus opposé aux décisions du défunt Souverain. Les deux leaders d’Ilal Amam, le «républicain» Abdallah Zaâzaâ et le pro-Polisario Abraham Serfaty, sont arrêtés et torturés pour diverses raisons. Les deux principaux chefs d’accusation retenus contre les membres d’Ilal Amam sont la tentative de déstabilisation du régime et le soutien public au polisario…
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35 Magazine mensuel D3Mag - février 2022