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PFE Architecture et couleur
Mémoire mention recherche, c’est quoi ?
Le mémoire de fin d’études peut être soutenu avec une mention dite « Recherche ». Destinée aux étudiants souhaitant approfondir leur travail de mémoire, la mention recherche correspond à des exigences plus élevées que pour un mémoire conventionnel. Cette mention permet de s’appliquer au Projet de fin d’études (PFE) et d’articuler les deux sujets par une présentation du mémoire d’environ 20min avant la soutenance de PFE. En plus d’un mémoire conventionnel, la mention recherche demande un travail sur un sujet innovant, une méthodologie très claire, un travail critique, et de porter sa réflexion dans un cadre plus élargi (stage, entretien, conférences), ce qui engendre un nombre de pages plus important pour la rédaction du mémoire, et oblige à avoir un titulaire d’une habilitation à diriger les recherches (HDR) dans son jury lors de l’entretien. Cette mention permet notamment de faciliter l’inscription en doctorat ou dans des formations post-diplôme. Pour s’inscrire, il suffit de s’adresser à son di-
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ETUDINATE : LÉA BALMY
Année 2023
Introduction
Ce mémoire a pour objet de comprendre, de contextualiser et d’envisager la couleur en architecture, dans un contexte de crise écologique et sociale, en allant au-delà de sa condition d’ornement.
La couleur est un concept fascinant qui a été étudié et défini différemment dans diverses disciplines. La première définition de la couleur est généralement scientifique. En physique, la couleur est une propriété de la lumière visible qui peut être décrite en longueurs d’ondes.
Cependant, chaque discipline a sa propre définition de la couleur. En neurosciences, la couleur est une propriété de la perception visuelle, qui dépend de la façon dont le système visuel traite la lumière entrant dans l’oeil. En philosophie, la couleur est une propriété subjective de l’expérience visuelle qui dépend de la perception de l’observateur. En psychologie, la couleur est un stimulus visuel qui peut affecter les émotions, les attitudes et les comportements des individus. En art, la couleur est un élément visuel important qui peut influencer les émotions, les sentiments et la signification d’une oeuvre.
Introduction
Ce mémoire a pour objet de comprendre, de contextualiser et d’envisager la couleur en architecture, dans un contexte de crise écologique et sociale, en allant au-delà de sa condition d’ornement.
La couleur est un concept fascinant qui a été étudié et défini différemment dans diverses disciplines. La première définition de la couleur est généralement scientifique. En physique, la couleur est une propriété de la lumière visible qui peut être décrite en longueurs d’ondes. Cependant, chaque discipline a sa propre définition de la couleur. En neurosciences, la couleur est une propriété de la perception visuelle, qui dépend de la façon dont le système visuel traite la lumière entrant dans l’oeil. En philosophie, la couleur est une propriété subjective de l’expérience visuelle qui dépend de la perception de l’observateur. En psychologie, la couleur est un stimulus visuel qui peut affecter les émotions, les attitudes et les comportements des individus. En art, la couleur est un élément visuel important qui peut influencer les émotions, les sentiments et la signification d’une oeuvre.
En architecture, la couleur, à l’origine, est considérée comme un élément d’ornementation. Dans l’architecture contemporaine, la couleur est devenue un élément qui peut influencer notre perception de l’espace. Les architectes utilisent des couleurs vives pour créer des atmosphères englobantes, comme le pensent Dominique Coulon ou Rem Koolhaas. Mais la couleur est aussi déterminée par les matériaux tels que la pierre, le bois, le métal. Cette association entre la couleur et les matériaux est en grande partie définie par la texture et la couleur naturelle de sa matière. Par exemple, le bois peut donner une tonalité de couleurs marron, tandis que le métal est souvent utilisé avec des tonalités grises ou noires, tout comme le béton ou la pierre. Les architectes ne portent pas de « véritable réflexion sur la couleur, mais plutôt une réflexion sur la matérialité »1. Ainsi, l’utilisation de matériaux naturels réduirait la palette de couleurs à des teintes ternes. Suite à un sondage mené auprès d’architectes, d’étudiants et d’amateurs d’architecture qui pose la question « Pensez-vous que la couleur a disparu du champ architectural ces dernières années ? »2, 49,7 % d’entre eux pensent que oui, 40,7 % pensent que non, tandis que 9,9 % sont partagés. Ce sondage rendrait compte d’un manque d’intérêt pour la couleur en architecture. Pour les coloristes Dominique et Jean-Philippe Lenclos, cela s’explique par l’« interaction étroite de l’utilisation des matériaux trouvés sur place et de l’application de certaines couleurs dictée par les traditions locales »3.
Donc les paysages en France seraient plus ternes, car l’architecture dépend des ressources trouvées sur place, qui sont en l’occurrence de couleur terne (pierre, bois). La volonté d’intégration plus que de contraste pour une nouvelle architecture dans un environnement, rural ou urbain, témoigne du cercle vicieux des couleurs ternes dans le paysage. Pourtant, nous avons besoin de couleur en architecture d’après des collectifs d’architectes comme le New London Fabulous ou la French Touch, et des jeunes agences européennes comme Fala Atelier, Spacon & X ou Office S&M, qui revendiquent le besoin de joie et d’optimisme dans un contexte difficile. Pour l’architecte portugais Filipe Magalhães de Fala atelier, la couleur n’est malheureusement pas considérée comme le sujet principal en architecture, face aux crises sociales et écologiques, mais plutôt comme un sujet superficiel.
« Nous sommes dans une transition politique, une transition sociale, une transition écologique. Aujourd’hui, vous devez avoir un agenda social, vous devez sauver le monde [...]. Et je dirais que la couleur en tant que sujet, du moins à première vue, n’est pas un sujet “pour sauver le monde”. C’est un sujet superficiel. [...] C’est donc difficile, mais je pense que, dans les prochaines années, ce sera encore pire. »4
En effet, au regard des chiffres actuels de la crise écologique, 45 % de l’énergie finale mondiale est consommée par le domaine du bâtiment, 25 % des émissions de gaz à effet de serre proviennent du secteur du bâtiment et 40 millions de tonnes de déchets sont créés chaque année dans le domaine du bâtiment en France5. Le rapport du GIEC présente des solutions possibles pour freiner le réchauffement climatique. Dans le secteur de la construction, il faut rénover les bâtiments pour diminuer leur consommation d’énergie, il est préférable de réhabiliter un bâtiment plutôt que de le démolir pour faire du neuf, il est conseillé de réemployer, réutiliser ou recycler les déchets de chantiers et, enfin, il vaut mieux utiliser des matériaux biosourcés pour les nouvelles constructions.6
Problématique et hypothèses
À travers ces préoccupations, la question posée est la suivante: Quel est l’avenir de la couleur face aux enjeux contemporains : insertion dans le paysage, réhabilitation, transformation ?
Et aussi, quel est le rôle de la couleur en architecture, et comment pourrait-il évoluer en réponse à la crise écologique et sociale ?
Pour répondre à cette question, nous partons des hypothèses suivantes :
- La couleur est en train de disparaître du champ architectural, car on l’envisage uniquement comme un ornement inutile face à la crise écologique.
- La couleur est un élément-clé dans l’architecture face aux enjeux contemporains.

État de l’art
Afin de vérifier les hypothèses de ce mémoire, j’ai décidé de mener une étude de terrain. Je constate qu’il y a peu de publications sur la couleur en architecture, peu d’écrits d’architectes sur la question. Les ouvrages que j’ai trouvés sur ce sujet ont été principalement rédigés par des coloristes, des designers ou des historiens de l’art. Face à ce manque de paroles d’architectes, je décide de rencontrer dix agences d’architecture pour comprendre leur relation à la couleur et d’en faire la base de ce mémoire.
Méthodologie et corpus
Pour ce mémoire de terrain, la méthode de travail se déploie en trois temps. Dans un premier temps, j’établis une liste de projets livrés au maximum dans les dix dernières années en France et en Europe. Ces projets sont fondamentalement liés à des architectes reconnus à la fois pour leur discours sur la couleur et pour leur production architecturale colorée (Dominique Coulon, Charles-Henri Tachon, l’Atelier Construire, Fala Atelier, Flores y Prats, Graal, Office S&M, Spacon & X). Deux agences seulement seront sélectionnées comme contre-exemples : elles ne sont pas reconnues comme utilisant la couleur dans leurs productions (Atelier PNG, Encore Heureux). Pour certains architectes, je n’ai pas pu obtenir d’entretien, mais j’ai quand même décidé de conserver les exemples sélectionnés. J’ai décidé délibérément de ne pas faire appel aux designers ou architectes d’intérieur, afin de privilégier le rapport au bâtiment.
Dans un second temps, je contacte les architectes afin de les rencontrer (la plupart en visioconférence), pour discuter avec eux de manière ouverte sur le sujet de la couleur en architecture. Les entretiens, ou « discussions », sont volontairement peu préparés afin de rester ouverts à toute possibilité avec uniquement une liste de questions générales sur la couleur, et une liste de projets de leur production, que je peux utiliser en cas de besoin pour relancer la conversation. Je retranscris mes notes et enregistrements. En plus des entretiens, j’ai créé un sondage à compléter en ligne, destiné aux architectes, aux étudiants et toute autre personne intéressée par le sujet. Dans un troisième temps, je m’appuie sur un corpus de textes, d’articles, mais aussi de conférences, de vidéos et de podcasts, dans l’optique de saisir les informations fondamentales inhérentes à ce sujet. De cette compréhension séparée et spécifique, je peux croiser les raisonnements et les mettre en relation avec les paroles recueillies lors des entretiens. Mes lectures me permettent tout particulièrement de rédiger la première partie théorique et historique de ce mémoire.
Voici quelques éléments clés :
- Europe : nouvelle génération. (2022, mars).
L’Architecture d’Aujourd’hui N. 447.
- Lluch, S. J. (2020). Utiliser la couleur dans un projet d’architecture. Le Moniteur.
- Romano, C. (2020). De la couleur. Éditions Gallimard, collection Folio essais.
- Wigginton, S. (s. d.). The Zealous Suppression Of Colour. Saturated Space. https://en.calameo.com/ read/005989922b6bd44117c6e

Enfin, durant toute la rédaction du mémoire, j’enrichis ma réflexion avec des recherches sur la polychromie que je mène parallèlement en enseignement de projet.
Annonce du plan
Dans ce mémoire, j’aborderais dans un premier temps l’histoire de la couleur en architecture, en examinant les premières applications et théories de la couleur, les grands débats autour de la couleur en architecture et l’influence du XXe siècle sur l’architecture contemporaine. Puis, dans un second temps, je me pencherais sur le projet d’architecture et son rapport à la couleur à l’échelle du contexte, du bâtiment et des matériaux avec des études de cas ancrées dans l’actualité. Pour enfin déterminer l’avenir de la couleur en architecture contemporaine en explorant les défis actuels liés à son utilisation.