Au gré des embruns.

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Embruns Au grĂŠ des

P h o t o g r a p h i e s Dominique Baliko





Embruns Au grĂŠ des

Photographies

Dominique Baliko

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Intro Sur l’île d’Ouessant, la Nature exprime quelque chose de surprenant, d’impressionnant. Elle est toujours en mouvement. La mainmise du vent sur le paysage est omniprésente. Tel un chef d’orchestre, le vent manie les lignes, dessine des dynamiques, bat le tempo et la mesure. En se laissant porter par ses variations et ses codes, une magie s’opère et personne ne sort indemne de la rencontre avec ce «caillou». J’aime l’appeler ainsi avec tendresse. Ce sont ces quelques instantanés de lumière et d’émotions que j’ai essayé de retranscrire avec mon appareil. «Au gré des Embruns» est une invitation à la découverte de cette île qui est aussi terre de rencontres, de partages et d’échanges inoubliables. Je dédie cet ouvrage à toutes ces personnes qui m’ont inspiré et contribué à sa réalisation.

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Embarquement Le départ pour l’île d’Ouessant est imminent. Le port du Conquet sort de sa torpeur. Progressivement, autour du bateau à quai, se met en place une chorégraphie rythmée presque effrénée. Les moteurs vrombissent, le navire s’éveille, vibre, grince. L’embarquement se fait dans le calme ce qui semble être une pause dans l’agitation ambiante. L’embarcation appareille, pointant sa proue vers les eaux de la mer d’Iroise, prête à affronter le Fromveur, en direction de l’Archipel de Molène. A travers les hublots, les derniers signes du continent que l’on perçoit, sont de légères silhouettes graciles qui se meuvent sur le quai. Leurs coprs ondulent comme le feraient de petites flammes improvisant une danse imaginaire d’au revoir. Le corps et l’esprit bercés par la houle, en moi-même, j’imagine que notre bateau vu du continent, ne paraît plus qu’un petit point fragile sur la ligne de l’horizon. 11





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Sentinelles Majestueuses silhouettes qui pointent leurs coiffes vers le ciel, les phares jalonnent les côtes depuis que l’homme s’aventure sur les océans. A chacune de mes promenades, ils se révèlent être aussi pour moi des points de repères incontournables sur l’île. Le jour, ces imperturbables gardiens surveillent la mer. A la tombée de la nuit, ils se parent de leurs habits de lumière et les projettent au-delà de l’horizon. Je suis émerveillé par les rapports que l’homme entretient avec ses phares. Celui-ci allant jusqu’à les baptiser, leur donner un nom. A Ouessant, au sud-ouest se positionne le phare de La Jument, à l’ouest s’érige le phare de Nividic, au Nord sur la terre ferme, le phare du Créa’ch, à l’est de l’île, le phare du Stiff et enfin au sud-est le phare de Kéréon. Toutes ces «sentinelles» apparaissent dans nombre de mes compositions, tant je suis fasciné par leur beauté et la puissance protectrice qui s’en dégagent.

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Vierges & Calvaires Eparpillés sur l’île, à l’intersection d’un chemin, parfois loin de toute habitation, à proximité d’une falaise, les calvaires de l’île d’Ouessant fendent le paysage et se déploient face à l’océan avec leurs silhouettes si reconnaissables. Ils protègent les habitants des tempêtes ou du mauvais sort. Ils rendent hommage à ces marins, à ces hommes, ces maris jamais revenus, à tous ces navires échoués sur les écueils de ce Penn-ar-Bed (bout du monde). Quels évènements, quelles histoires se sont produits à ces endroits ? Quels mystères, quels secrets lient les Ouessantins aux calvaires de l’île ? Au gré des promenades, il est possible d’apercevoir au-dessus de la porte principale d’une maison, dans sa niche votive, la statuette d’une vierge qui, derrière une vitre, protège ses occupants.

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Lumière de lune Repartant de la pointe de Pern, face à moi sur la route, je perçois la lune, qui commence à dévoiler sa pleine et généreuse rondeur. Au fil de mes pas, l’idée d’exploiter cette nouvelle source lumineuse si singulière envahit mon esprit. Sur l’île, le vent souffle presque sans interruption, l’océan est omniprésent, les faisceaux du phare du Créa’ch balaient la nuit... Les éléments perturbent mes sens et mon sommeil. Devenue ma complice, la lune, dessine les paysages sous des aspects et surtout des rythmes complètement différents de ceux de la journée. Je découvre au fur et à mesure de mes sorties nocturnes une seconde île, qui présente au monde sa volte-face lunaire. Je m’aventure avec le plaisir solitaire d’un curieux qui découvrirait la face B du disque, une mélodie inédite connue seulement des insomniaques.

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Paysages Sur l’île, selon la direction du vent, un ciel bleu intense, lavé de ses cotons blancs, s’étire au lever du soleil. Au fil de la journée, la lumière sculpte le relief en jouant sur les ombres avant de laisser les nuages s’embraser des coloris du soleil. Toutes ces teintes semblent issues de la palette d’un peintre. Comment ne pas penser à des artistes comme William Turner, John Constable ou Claude Monet ? Hors des sentiers battus, mes pas m’emmènent toujours un peu plus loin émotionnellement lors de mes prises de vue, au fil de mes compositions. Chaque instant est unique. Témoin privilégié, je cherche à saisir tour à tour l’âme du ciel qui se reflète dans les embruns de l’océan ou le souffle du vent modelant la tourbe de l’île. Le temps égraine ses secondes, et j’aimerais tant, du bout du doigt, pouvoir faire remonter le soleil dans le ciel pour profiter encore de quelques heures volées à ma montre afin de réaliser les clichés qui m’auraient échappé.

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Reflets En fin de journée, au retour d’une longue ballade, j’approche de la limite du bourg de Lampaul. Je repère une digue jouxtant la route pour y faire une pause et ranger mon appareil photographique. Epuisé, assis sur le parapet, surplombant la plage les pieds dans le vide, je me laisse envahir par les derniers rayons chaleureux du soleil. Une lumière aux teintes d’or et d’argent se reflète sur le sable. En y prêtant un peu plus attention le contre-jour dévoile de magnifiques sculptures ou peintures uniques façonnées par la pureté des éléments. Un univers d’art éphémère et surréaliste se dévoile alors dans mon viseur.

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mail : d.baliko@gmail.com Š Dominique Baliko


novembre 2015

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