Les Echafaudages en bois. Une œuvre de charpente au XIXe siècle.

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Les ÉCHAFAUDAGES en bois

Une œuvre de charpente au XIXe siècle, qui subsiste comme ornementation de la tour Saint-Jacques

École Nationale supérieure d’architecture de Paris La Villette, 2022-2023

Daranjo Lobjois Sara

Encadré

Les ÉCHAFAUDAGES en bois

Une œuvre de charpente au XIXe siècle, qui subsiste comme ornementation de la tour Saint-Jacques

D’ARANJO-LOBJOIS Sara Mémoire 2022/2023
4 Avant Propos .............................................................................. Introduction ............................................................................... Présentation du sujet ................................................................ Etat de l’art ............................................................................. Sources .................................................................................. Méthodologie de recherche ........................................................ Plan ....................................................................................... Lexique ................................................................................. PARTIE 1 : Histoire et évolutions de l’échafaudage bois au XIXe siècle 1.1 Étymologie ....................................................................... 1.2 Terminologie et caractéristiques de l’échafaudage au XIXe siècle 1.3 Typologie d’échafaud ........................................................... PARTIE 2 : L’échafaudage comme ornementation d’une balade .......... 2.1 Etablissement d’un ouvrage d’art .......................................... 2.2 L’échafaudage comme ornementation ou objet de mépris ......... 2.3 L’échafaudage éternel ......................................................... Conclusion ................................................................................. Remerciements ........................................................................... Glossaire ................................................................................... Bibliographie .............................................................................. Annexes .................................................................................... Sommaire 5 7 7 8 13 18 21 22 34 34 36 46 54 56 61 64 68 69 70 78 84

AVANT PROPOS

Ce mémoire rentre dans le cadre de l’obtention du diplôme d’État d’Architecture à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris La Villette. Il a pour objet d’étude les échafaudages en bois au XIXe siècle, plus précisément à travers le cas de la tour Saint-Jacques.

Le sujet que je porte aujourd’hui provient d’une affection pour le travail du bois qui m’a été transmise par des passionnés de ce matériaux dans le cadre de stages et enseignements. C’est donc un fort intérêt que j’ai reçu, partagé et fréquemment intégré dans mes projets d’architecture entrepris à l’ENSAPLV. Mon intention première a été de trouver un sujet qui regroupe cet intérêt pour le bois, ses méthodes et techniques d’utilisation, ainsi que mon parcours en architecture.

Suite à une accumulation de recherches hétéroclites, le sujet des échafaudages paraît dans un ouvrage qui a été publié à l’occasion d’une exposition sur l’histoire du bois, ce qui a immédiatement réorienté ma recherche. Ma motivation effrénée par l’apparence inédite du sujet m’a rapidement projetée dans un état de découragement. En période de covid d’une part, la recherche n’était possible qu’en ligne ce qui à fondamentalement réduit la mise à disposition de travaux pertinents. Les premières difficultés s’imposent dès la recherche par mot clé, qui n’a d’autant plus, pas été fructueuse. Le terme «échafaudage» n’apparaît pas malgré sa présence dans la documentation. D’une autre part, il n’y a que peu de travaux qui s’y intéressent directement. Le manque de sources est plus que conséquent.

Par la suite, j’ai pris de la distance sur ce mémoire en effectuant une année de césure. Dès la reprise, j’ai appréhendé un point de vue plus technique en m’intéressant à la définition de l’échafaudage au XIXe siècle, afin d’en comprendre son fonctionnement et de me construire un champs de connaissance.

J’ai alors investigué la question des chantiers d’où proviennent les échafaudages, par une collecte photographique qui, à l’inverse, s’est révélée conséquente en ressource. Cette fois, la difficulté à été de choisir judicieusement un ou des cas d’études pour appuyer l’analyse technique

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qui les précède. De plus, l’étude de ces chantiers ne comprend aucuns écrits sur l’installation de ces échafaudages qui sont pourtant plus que présent sur les clichés. Cette difficulté quant au manque d’informations m’a fait perdre énormément de temps, car je me renseignais sur les chantiers afin de les comprendre mais j’avais tendance à souvent même toujours dériver vers un hors-sujet en recherchant l’histoire du chantier plutôt que celle de l’échafaudage. Pour recentrer ma recherche, j’ai donc arrêté de chercher de la documentation et me suis intéressé plus précisément aux photos par un travail de redessin et une analyse s’appuyant sur la partie technique.

En voulant développer cette analyse, je me suis rendu aux archives de Paris. J’avais pour idéal de trouver des plans, des élévations des échafaudages de ces chantiers, de la documentation pour comprendre leur provenance, les entrepreneurs qui en sont à l’origine, le déroulement du montage, du démontage voir du déplacement des échafaudages... Il est important de préciser que la plupart des fonds avant 1901 sont amiantés et donc non consultables, ils sont aussi très rarement numérisés et deviennent juste inaccessibles. J’ai eu la chance de bénéficier des conseils de la présidente de salle Mme TIZON qui m’a orienté vers plusieurs références d’archives notamment deux cartons au sujet de la restauration de la tour Saint-Jacques. Le dépouillement et la lecture m’a pris énormément de temps, je n’ai même pas pu consulter le second carton, j’ai donc pris des photos de tout ce qui me semblait pertinent pour consulter le reste à domicile. J’ai bien compris qu’il fallait mettre à profit cette présence sur place, rien que la commande des documents peut prendre du temps, le dépouillement aussi est très consommateur, ainsi il faut vraiment cibler la recherche et surtout ne pas hésiter à demander conseil pour limiter une recherche évasive et une perte de temps.

Toutes les difficultés de ce mémoire résident dans le caractère inédit de ce sujet qui m’a imposé de nombreux aller-retours entre précision et contextualisation. Cette collecte chronophage m’a souvent poussée à des remises en question jusqu’à se révéler à la lecture des archives sur la restauration de la tour Saint-Jacques. Le dépouillement s’est déroulé comme l’ouverture d’un cadeau, tous les cordages se sont reliés pour laisser place à l’œuvre éternelle qu’est l’échafaudage.

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INTRODUCTION

Au XIXe siècle et aujourd’hui encore, l’édification ou la restauration d’un monument se découpe en deux grandes étapes avant de lever le voile sur la nouvelle construction, à savoir une étape de conception et une phase de chantier. C’est dans ce milieu que s’installe l’échafaudage pour permettre l’élévation ou l’embellissement de l’œuvre.

Conçu avec autant de soins que l’édifice qui lui fait suite, l’échafaudage est autant rempli de complexité que d’admiration au regard de ceux qui en comprennent la conception. Cet assemblage est structuré d’éléments en bois, qui liés les uns aux autres s’élèvent en direction du ciel, secoués par les intempéries, ils forment divers échelons pour accueillir artisans, ouvriers et pourquoi pas les rêveurs qui cherche la tranquillité loin du bruit de la ville. Nous verrons que des échafaudages existent de toute sorte selon la nature de l’exécution. Voués à être provisoires ils sont construits solidement et font parfois mine de ne plus vouloir disparaître, devenant comme un étui protecteur de l’édifice qu’ils habillent.

C’est le cas de la restauration de la Tour Saint-Jacques au début du XXe siècle. L’échafaudage dit «éternel» devient un encombrement pour le monument aux yeux des passants. Il fait l’objet de nombreuses frustrations à travers des débats avec un chaleureux adorateur qu’est l’architecte des promenades Mr Formigé. Cette restauration démontre la problématique portée par ce mémoire, qui questionne le processus d’édification d’un échafaudage en bois du XIXe siècle au XXe siècle. Nous observerons celle-ci en parcourant un travail de redessin et d’analyse mettant en valeur l’échafaudage qui transparaît sur des photographies de la tour Saint-Jacques en situation de restauration. Cette enquête implique de nombreuses interrogations quant aux différentes typologies d’échafaudages étudiées d’un point de vue technique qui évolueront comme un support d’analyse.

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ETAT DE L’ART

Le sujet des échafaudages s’est révélé dans l’ouvrage Des histoires de bois publié à l’occasion d’une exposition sur l’Histoire du bois. Roland Schweitzer intervient dans un article sur les échafaudages en exprimant qu’ils sont « rarement considérés comme des œuvres d’architecture, alors qu’ils ont leur beauté propre »1 il exprime, selon moi, un manque d’intérêt clair malgré la « beauté » qu’il leur confère. Roland Schweitzer est un architecte et un urbaniste français (décédé en 2018) qui fût l’élève d’Auguste Perret et de Jean Prouvé au milieu du XXe siècle. Il est un spécialiste de l’architecture en bois et de son histoire, plus particulièrement au Japon. L’ouvrage Des histoires de bois traite de nombreuses constructions et types d’utilisation du bois du XVIe au XXe siècle. Cet ouvrage m’a permis de comprendre les diverses utilisations du bois qui précède la période m’intéresse me permettant ainsi de me créer un inventaire et des connaissances générales sur des réalisations en bois. En dehors des propos émis par Roland Schweitzer, l’article sur les échafaudage ne fait que signifier leur existence sans développer d’analyse à leur égard.

Anne Baud, enseignante et chercheuse qui effectue ses recherches sur les abbayes, la circulation religieuse et la liturgie, l’espace monastique, ainsi que le chantier médiéval à soutenu l’une d’entre elles sur la mémoire des techniques de la construction médiévale dans une publication intitulée L’échafaudage dans le chantier médiéval2, elle s’intéresse à des techniques plus précisément aux échafaudages en bois qui se font oublier depuis l’abandon de la pierre au début du XIXe siècle et ce, à travers l’étude des chantiers médiévaux. Dans cette publication, elle interroge la

1. MARREY Bernard, SCHWEITZER Roland, Des histoires de bois, Paris Ed. du pavillon de l’Arsenal, Picard, 1994, 1 vol. 199 p.

2. BAUD Anne, BERNARDI Philippe, HARTMANN-VIRNICH Andréas, HUSSON Éric, LE BARRIER Christian, L’échafaudage dans le chantier médiéval, Ed. Service régional de l’archéologie diff. Association lyonnaise pour la promotion de l’archéologie en Rhône-Alpes, ALPARA, Lyon, 1996, 142 p.

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méthodologie et la typologie de l’échafaudage qu’elle dit de «médiéval»3 , il est important de préciser que son étude se base sur une étude de terrain dans les régions Rhône-Alpes, Provence-Côte d’Azur et Bourgogne. Bien que cette délimitation ne comprenne pas Paris, elle nous permet de comprendre un fonctionnement général. Elle s’intéresse à la matérialité de l’échafaudage ainsi qu’au processus d’élévation d’un échafaudage dont l’installation se décompose en trois parties à savoir le montage des perches4, l’ancrage des boulins5 et la pose des platelages6. Elle effectue notamment une étude de l’iconographie médiévale du chantier qui lui permet de d’observer plus de détails dans la construction à travers des représentations comme la peinture, la mosaïque, le dessin et la photographie de chantiers médiévaux. L’idée est de faire suite à son travail en étudiant le XIXe siècle à travers l’analyse des typologies et un cas d’étude en chantier notamment par la photographie.

Elle évoqué l’existence d’un article de Coppola Giovanni7, dans le magazine Archeologia8 qui s’intitule «L’échafaudage au Moyen-Age»9. N’ayant pu accéder à cet article nous pouvons tout de même constater qu’il s’intéresse au Moyen-Age et surement à une investigation archéologique qui est trop éloignée en temporalité du sujet de ce mémoire.

Nicolas reveyron s’intéresse lui aussi au chantier médiéval. Historien de l’art français, il est spécialiste du Moyen-Age, il s’intéresse aux Techniques de construction, à l’organisation de l’espace religieux et à l’icono-

3. Il ne s’agit pas d’une typologie d’échafaudage mais plutôt du type de construction sur laquelle il s’installe à savoir les églises, fortifications, châteaux appartenant à l’époque médiévale soit à partir du XIIIe siècle et surtout aux XIVe- XVe siècle.

4. Élévation des éléments verticaux à l’alignement des façades

5. Soit la fixation de ces éléments dans le sol

6. Il s’agit des éléments horizontaux qui composent le plancher de l’échafaudage

7. Nous pouvons supposer qu’il s’agit d’un archéologue mais rien n’est admissible

8. Ce magazine s’intéresse aux dernières découvertes et fouilles en France et dans le monde

9. COPPOLA Giovanni, « L’échafaudage au Moyen-Age », Archeologia, n°274, Ed. Faton, Paris, 1964, p.34-41 URL : https://reseau-mirabel.info/revue/1649/ Archeologia

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graphie monumentale. Dans la revue Archéologie du Midi Médiéval10, il s’intéresse au trous de boulins au fil de l’article « Typologie, structure et implantation du trou de boulin dans son rapport à l’échafaudage médiéval »11. Il y étudie les traces laissées en négatif par les boulins simplement appelées trou de boulin en développant d’une méthodologie d’analyse de manière à dater la ou les présences des échafaudages. Comme Anne Baud, il analyse des édifices in situ datant du XIe au XVe siècle. Ces cas d’études se situent dans le Sud-Est de la France. A l’encontre de son travail, ce mémoire analyse la présence de l’échafaudage et non pas le fruit de son passage, une fois de plus la temporalité et le contexte géographique sont très éloignés du cadre de cette recherche.

Dans L’échafaudage dans le chantier médiéval, Anne Baud intègre dans sa bibliographie, une publication de Jean Jacques Coulon dans le Journal du compagnonnage12 qui s’intitule «Histoire des échafaudages : les échafaudages en Egypte - la main d’œuvre»13 qui par son contexte géographique, laisse entendre une Histoire de la construction bien différente à celle de la France. Nous pouvons supposer que les échafaudages pourraient eux aussi être conçus tout autrement pour répondre à une édification propre à l’Égypte. N’ayant pu atteindre cette publication, nous ne pouvons rien affirmer d’autre, qu’une fois de plus, elle reste très éloignée du sujet que porte ce mémoire.

D’autre publications s’intéressent à un cadre moins analytique comme Carlotta Darò, docteur en histoire de l’art, maître assistante à l’ENSA Paris-Malaquais depuis 2012 et membre du Laboratoire Infrastructure Architecture Territoire. Dans l’article « Échafaudages, un objet inaperçu dans l’histoire de l’architecture et ses avatars chez quelques architectes

10. Il s’agit d’une revue annuelle inter-régionale qui est consacrée au Moyen Âge méridional (Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Rhône-Alpes)

11. REVEYRON Nicolas, « Typologie, structure et implantation du trou de boulin dans son rapport à l’échafaudage médiéval », Archéologie du Midi médiéval, 1994, Tome 12, p.79-98, URL : https://www.persee.fr/docAsPDF/ amime_0758-7708_1994_num_12_1_1256.pdf

12. Il s’agit d’un journal mutualiste, professionnel, philosophique et littéraire qui fait propagande du mouvement compagnonnique du Tour de France

13. COULON Jean Jacques, « Histoire des échafaudages : les échafaudages en Egypte- la main d’œuvre », Journal du compagnonnage, n°275, Avril 1965

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contemporains »14 elle résume rapidement l’histoire de l’échafaudage à travers un changement de nature de celui-ci dès de 1914 exprimant un remplacement du bois pour devenir métallique. Selon elle, c’est seulement à ce moment qu’il va commencer à intéresser les architectes d’un point de vue structurel. C’est alors qu’elle évoque la permanence de cet outil, « [D]’éphémère, l’échafaudage devient durable en se changeant en architecture.» pour autant, elle les qualifie «d’inaperçu», ce qui semble plutôt réaliste de par leur caractère provisoire et éphémère. Toutefois elle laisse paraître que l’échafaudage est observé de bien des manières, son appréciation est très subjective, nous verrons que cette perception émerge dans le cas d’étude de la tour Saint-Jacques.

Juliette Pernin s’intéresse elle à un cadre “Arts Plastiques et Visuels” au sein de son mémoire de Master à l’Université Lille 3. Celui s’intitule Dans la forêt de l’échafaudage La figure de l’échafaudage dans l’art contemporain15, elle y analyse l’influence des échafaudages dans le champ visuel de manière plus contemporaine, ce qui implique une autre matérialité qu’est le métal. Elle évoque une première recherche par mot clé, qui selon elle s’est dévoilée restreinte en contenu et ce même du côté de l’architecture, elle exprime clairement un manque d’informations en décrivant les travaux de « peu nombreux et assez hétéroclites», elle parle rapidement d’une iconographie qui reste principalement médiévale. Elle s’intéresse ensuite au domaine du chantier qui cette fois lui a apporté beaucoup de contenu, elle explique même avoir été submergée ce qui l’a poussé à développer sa recherche vers le champs de l’« art ». Ainsi, elle s’intéresse au champ esthétique, artistique qu’occupent les échafaudages. Bien que les publications soient plus nombreuses, elle évoque tout de même la faible mention des échafaudages au sein des travaux qu’elle étudie. Bien qu’elle étudie les échafaudage métalliques dans un champs artistique, nous verrons que j’ai pu observer des difficultés similaires. Valérie Nègre, architecte et historienne, s’intéresse d’une part à l’histoire

14. DARO Carlotta, « Échafaudages, un objet inaperçu dans l’histoire de l’architecture et ses avatars chez quelques architectes contemporains », Les Cahiers du CNAM, n°91, printemps 2005

15. PERNIN Juliette, Dans la forêt de l’échafaudage : la figure de l’échafaudage dans l’art contemporain, Art et histoire de l’art, 2017, URL : https://dumas.ccsd. cnrs.fr/dumas-01972016/document

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des savoirs techniques et des formes de l’imprimé technique (XVIIIe-XIXe) et de l’autre à la standardisation et là préfabrication du bâtiment (XIXeXXe). Elle est professeure à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne anciennement maître-assistant à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris la Villette. Elle à dirigé une importante collecte de photographie de chantier pour l’exposition « L’Art du chantier. Construire et démolir du 16e au 21e siècle »16. Bien qu’elle ne s’intéresse pas directement aux échafaudages, elle s’intéresse tout de même à l’iconographie de chantier notamment au XIXe et au XXe siècle. Ainsi ce mémoire à tout intérêt à faire l’étude des échafaudages grâce au moyen de la photographie de chantier qui permet d’observer une réalité arrêtée dans le temps.

Nous comprenons que l’étude des échafaudages au XIXe siècle n’a encore jamais été faite. L’échafaudage est plus que peu présent dans les études, qu’elles aient un cadre scientifique, artistique etc, l’analyse des échafaudage concerne soit une période antérieure au XIXe siècle, soit une période plus contemporaine. Ce mémoire s’intéresse à un monument parisien qu’est la tour Saint-Jacques, elle même déjà étudié17, n’a fait l’objet que d’étude sculpturales mais en aucun cas des échafaudages qui ont pu intervenir dans ses nombreuses restauration, tandis que les études sur les échafaudages en chantier ne s’intéresse qu’à des monuments médiévaux. L’étude des échafaudages en bois au XIX e siècle et l’analyse des échafaudages de la restauration de la tour Saint-Jacques et donc bien inédite.

16. NEGRE Valérie, « L’Art du chantier. Construire et démolir du 16e au 21e siècle », Cité de l’architecture & du patrimoine (Exposition du 9 novembre 2018 au 11 mars 2019), Ed. Snoeck/Cité de l’architecture & du patrimoine, Paris, 4 décembre 2018, 300p.

17. Dans un mémoire de Célia d’Hose qui est développé dans les sources

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SOURCES

Au XIXe et au XXe siècle, il existe de nombreuses ressources techniques qui traitent de la construction, des matériaux, des processus d’édification... Nous nous intéressons ici à une collecte non exhaustive qui intègrent des explications plus ou moins détaillés de l’échafaudage. L’intérêt de leur étude est qu’ils s’étendent tout au long de la chronologie étudiée. Bien que nous pouvons supposer que des différence ou similitudes apparaîtrais, nous verrons que ces documents se complètent en s’enrichissent. La synthèse de ces manuels techniques, traités, guides de la construction et encyclopédies va nous permettre de retracer toute la mise en œuvre d’un échafaudage bois.

En 1844, Louis-Théodore Pernot introduit l’échafaudage par le terme échafaud dans le Dictionnaire du Constructeur18 , il émet des définitions brèves et descriptives en les assimilant à un corps de métier, comme la maçonnerie pour le cas de l’échafaudage.

Jean-Charles Krafft, en 185619, illustre les échafaudages par un ensemble de planches qui ont pour objet leur dessin, en élévation, plan, comprenant les profils, détails d’assemblages… avec une brève légende explicative de l’échafaudage mis en scène sur ces dessins de charpenterie.

Il est important de citer le Grand dictionnaire universel du XIXe siècle20 par Larousse qui est le plus complet au sujet de l’échafaudage. Pierre La-

18. PERNOT Louis-Théodore, Dictionnaire du constructeur ou Vademecum des Architectes, Propriétaires, Entrepreneurs de maçonnerie, charpente, serrurerie, couverture, etc., Ed. Librairie scientifique-industrielle L. Mathias (Augustin), Université de Chicago, 1844, 3ème édition, 370 p.

19. KRAFFT Jean-Charles, Traité des échafaudages ou Choix des meilleurs modèles de charpentes exécutées tant en France qu’à l’étranger contenant la description des ouvrages en sous-œuvre, des étayements, des différentes espèces de cintres, des applications de la charpente aux constructions hydrauliques, etc., Librairie encyclopédique de Roret, Paris, 1856, 1 vol.

20. LAROUSSE Pierre, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle : français, historique, géographique, mythologique, bibliographique...., Bibliothèque nationale de France, Paris, 1870, Tome 7 E (17 vol.), 1241 p., consulté en ligne le 16 Novembre 2022, URL : ark:/12148/bpt6k205359t

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rousse, issu d’un père forgeron et d’une mère aubergiste a toujours été très bon élève à l’école. Cette qualité l’a aisément conduit vers une courte carrière d’instituteur. Déçu par une « éducation négative »21 à cette époque et un enseignement qu’il trouve insuffisant, Larousse va laisser sa place et se tourner vers la voie de bibliothécaire. Il avait déjà investi dans l’écriture de premiers principes pédagogiques notamment l’enseignement de la langue française, il accorde ainsi beaucoup d’importance à la terminologie et à la provenance des mots. C’est une qualité que nous retrouvons dans le Grand dictionnaire universel du XIXe. Cet ouvrage porte sur la langue française et sa grammaire, il a pour but d’établir une bibliothèque sur des sujets variés que sont l’histoire, la géographie, la mythologie … ainsi que la construction et la catégorie encyclopédie. Il se compose de 17 volumes de 1866 à 1887, c’est le Tome 722 qui nous intéressera particulièrement pour le cas de l’échafaudage.

En 1878, nous retrouvons un ouvrage intitulé «Complément»23 qui est comme une sorte d’extension du Dictionnaire des termes employés dans la construction Pierre Chabat y inscrit un Complément concernant la connaissance et l’emploi des matériaux, notamment dans la construction d’édifices anciens et modernes, est aussi développé l’outillage qui sert à leur mise en œuvre jusqu’à l’introduction d’une législation des bâtiments. C’est à travers la notion d’échafaud qu’est exposé une réglementation liée au coût des ouvrages nous informant que les frais d’échafauds sont directement intégrés aux montant des « travaux neufs ordinaires » hors quelques cas particuliers, qui se verraient empêcher l’achèvement des travaux, de construction, de ravalement ou de réparation. Nicolas-Edme Roret, lexicographe et éditeur, publie en 1881 le Nouveau

21. PRUVOST, Jean, Pierre Larousse, genèse et épanouissement d’un lexicographe et éditeur hors du commun In : Les dictionnaires Larousse : Genèse et évolution, Presses de l’Université de Montréal, 2005, URL : http://books.openedition.org/pum/10510 (consulté le 20 novembre 2022).

22. LAROUSSE Pierre, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle : français, historique, géographique, mythologique, bibliographique...., Bibliothèque nationale de France, Paris, 1870, Tome 7 E (17 vol.), 1241 p., consulté en ligne le 16 Novembre 2022, URL : ark:/12148/bpt6k205359t

23. CHABAT Pierre, « Complément », Dictionnaire des termes employés dans la construction, Ed. V.A.Morel, 1878, 652 p.

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manuel complet du charpentier24 qui se compose de 21 pages d’illustration de détails d’assemblage permettant de mieux cerner les systèmes de jonctions par moises, boulonnage, encordement…

En 1898, Mignard vient enrichir la compréhension avec le Guide du constructeur25. Il met à disposition des définitions bien plus complète, et détaillées en termes de développement de l’usage de l’échafaud, la définition évoque aussi des prescriptions qui détaille l’ensemble des techniques, matériaux, types d’assemblages et opérations de montage d’un échafaud. Il introduit notamment le caractère provisoire en les décrivant de planchers provisoires supportés par une charpente que l’on établit sur chantier pour faciliter le travail.

Pour finir, nous allons étudier le Larousse du XXe siècle26 par Paul Auge. Il s’agit d’un éditeur scientifique qui à produit le Larousse de poche dès 1912 et Les petits Larousse illustrés pour faire suite au dictionnaire de Larousse du XIXe siècle27 en ajoutant quelques compléments aux définitions de l’échafaudage qui le précèdent. De cette manière, ce mémoire fait l’analogie de ces ensembles pour former une traduction claire du fonctionnement d’un échafaudage en bois au XIXe siècle.

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les techniques photographiques sont nettement améliorées. Charlotte Leblanc docteur en Histoire de l’Art explique que la représentation architecturale connait un bouleversement que ce soit en termes de diffusion ou de rapidité d’exécution dans sa thèse : Louis Émile Durandelle (1839-1917), un photographe au service

24. RORET Nicolas-Edme, Nouveau manuel complet du charpentier, ou Traité élémentaire et pratique de cet art : atlas, Ed. Librairie encyclopédique de Roret, Paris, 1881, 21 p.

25. MIGNARD, RAILLARD, « Traité complet des connaissances théoriques et pratiques relatives aux constructions », Guide des constructeurs, Ed. E.LEVY, Paris, 1898, Tome 1, 6ème édition, 602 p.

26. AUGE Paul, Larousse du XXe siècle en six volumes, Ed. Librairie Larousse, Paris, 1931 (1928-1933), Tome 3 (6 vol), 1216 p.

27. LAROUSSE Pierre, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle : français, historique, géographique, mythologique, bibliographique...., Bibliothèque nationale de France, Paris, 1870, Tome 7 E (17 vol.), 1241 p., consulté en ligne le 16 Novembre 2022, URL : ark:/12148/bpt6k205359t

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de l’architecture28 qu’elle a soutenu lors de son doctorat en Histoire de l’art. C’est dans ce contexte qu’est actif le photographe Louis Émile Durandelle, plus précisément de 1860 à 1890 à Paris. Il est l’auteur d’un important corpus photographique notamment sur les chantiers qui va révéler les traces des échafaudages sous un aspect moins techniques et utilitaire. Il joue sur une production photographique abondante qui révèle une présence régulière sur les chantiers parisiens et un rôle important dans l’évolution des usages de la photographie architecturale. C’est par sa présence dès la réalisation jusqu’à l’achèvement des travaux que son travail à intérêt ici, en effet sa présence sur place atteste de la réalité de ces chantiers et nous permet de comprendre les processus de construction. L’installation et utilisation des échafaudages appartenant à tout ce processus est donc révélé par ce photographe sur de nombreux chantiers de monuments de la capitale. L’intérêt ici n’est pas de présenter la totalité de ces ouvrages mais de comprendre les échafaudages par la photographie en observant, leur typologie, l’assemblage, l’aspect visuel etc. sera mis en parallèle de la compréhension technique apporté par les documents présentés plus tôt.

L’étude des photographies de Louis Émile Durandelle m’a permis de rencontrer le cas la restauration de la tour Saint-Jacques. Ce monument à subi de nombreuse restauration notamment celle qui débute en 1909. Elles sont étudiés par Célia d’Hose, une jeune architecte diplômée en 2019 de l’école d’architecture de Paris-Belleville, elle y soutient son mémoire de fin d’étude qui porte sur les restaurations sculpturales de la tour Saint-Jacques29. Son mémoire questionne essentiellement les sculptures et leur rénovation, il aborde notamment les différentes rénovations qui ont impliqué la tour Saint-Jacques à savoir celle qui nous intéresse pour cette étude. Bien que l’échafaudage soit intimement liée à l’étude et au remplacement des sculptures, ce mot n’apparaît qu’à une seule reprise. Ce mémoire permet donc de contextualiser la restauration de la tour tout

28. LEBLANC Charlotte, Louis Émile Durandelle (1839-1917), un photographe au service de l’architecture, Paris : Publications de l’Institut national d’histoire de l’art, 2016 URL : https://doi.org/10.4000/books.inha.7108

29. D’HOSE Célia, Restauration sculpturale à la tour Saint-Jacques – les valeurs patrimoniales qu’elles subisses, École nationale supérieure d’architecture Paris-Belleville, 2017-1018

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en observant son évolution d’un tout autre point de vue que celui qu’elle emploie.

Afin de croiser les caractéristique descriptive et l’analyse photographique, nous allons aussi nous intéresser aux archives de la tour SaintJacques qui comportent deux cartons sous les côtes TRI BRIAND 0119 et TRI BRIAND 0147. Il s’agit d’un fond comprenant des devis estimatifs des travaux de maçonnerie, des écrits sur les travaux, les frais de chantier, la réglementation… liée aux échafaudages, des rapports d’architectes, des bulletin municipaux révélant des discussions et questionnements au sujet des échafaudages en place sur la tour. Une partie des fonds fait l’objet d’annexes retranscrite qui permettent d’analyser en profondeur le fonctionnement des échafaudages de la tour Saint-Jacques.

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MÉTHODE

Cette recherche à débuté par une collecte de documents traitant du bois de manière générale, à savoir l’exploration de constructions avec ce matériaux qui ont mené vers le sujet des échafaudages en bois. Il était alors question d’investiguer par mot clés en recherchant les mots “échafaud”, “échafaudage” et “chafaud” afin de réunir les travaux en lien direct avec le sujet, ce qui n’a pas été fructueux mais a poussé la recherche vers les manuels techniques, les traités et guides de la construction, ainsi que les encyclopédies et les dictionnaires du XIXe et du XXe siècle qui rassemblent un aspect uniquement technique de l’échafaudage. Cette investigation a fait l’objet d’un lexique qui intègre chaque définition par date dans le but d’analyser ou non des similitudes ou évolutions de cette terminologie pour parvenir à déployer le champ lexical de l’échafaudage sous la forme d’un glossaire. L’analyse de cette terminologie non exhaustive a été la source d’une retranscription par le dessin, un processus qui s’est appuyé, en parallèle de ma compréhension, sur des schémas et photographies intégrés par ce corps de texte technique. J’ai ainsi pu recenser les typologies d’échafaudages selon les usages (construction, rénovation, restauration…), examiner le processus de montage en y intégrant le dimensionnement et la matérialité des éléments ainsi que la réglementation qui fera l’objet de la première partie : L’échafaudage bois au XIXe siècle

L’ensemble de ces ouvrages techniques a permis la délimitation d’une borne chronologique qui s’étend de 1841 avec le Nouveau manuel complet du maçon-plâtrier, du carreleur et du paveur1 jusqu’au milieu du XXe siècle marqué par le remplacement progressif de la pierre par le béton et du bois par le métal2. Cette chronologie ne peut être ignorée car, en allant au-delà, les échafaudages ne sont plus en bois et deviennent métalliques, ils n’ont donc plus d’intérêt pour moi. Hormis cet aspect technique,

1. TOUSSAINT Claude-Jacques, RORET Nicolas-Edme, Nouveau manuel complet du maçon-plâtrier, du carreleur et du paveur, Ed. Librairie encyclopédique de Roret, Paris, 1841, 1 vol., 260 p.

2. RONDELET Jean, Traité théorique et pratique de l’art de bâtir, ed. Rondelet Jean, Paris, 1802-1817, Tome 1 (5 parties en 7 vol.), 448 p.

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nous avons pu voir que peu de travaux s’intéressent à l’échafaudage particulièrement celui en bois, le peu de travaux évoqués concernent une période plus contemporaine ou à l’inverse une période médiévale. Bien qu’ils ne soient pas une source pour cette étude, j’ai pu parcourir leur bibliographie qui elle aussi est faible en contenu sur les échafaudages en bois, les travaux sont généralement assez éloignés de cette étude que ce soit en temporalité ou pour une question de matérialité.

Pour développer les éléments d’analyse, je me suis intéressée à l’iconographie de chantier. En début de recherche, j’ai pris contact une première fois avec Valérie Nègre qui a elle même effectué une collecte dans le but d’une exposition sur L’Art du Chantier, afin d’accéder a un éventuel fond n’ayant pas été exploité pour l’exposition. A ce moment, je n’avais qu’une idée peu précise de ce que je recherchais et ai eu un retour négatif de sa part qui n’avait pas de temps disponible à m’accorder. Je l’ai recontacté une année plus tard, cette fois sans réponse.

Cela m’a toutefois orientée vers le point de vue des photographes notamment par une collecte de photographies de chantiers afin de révéler les traces des échafaudages sous un aspect moins technique et utilitaire. L’étude des photographies à un intérêt majeur car elles attestent de la réalité de ces chantiers et nous permettent de comprendre les processus de construction des échafaudages et leur évolution sur le chantier. J’ai donc porté mon étude sur les chantiers de monuments parisiens, l’idée n’est pas de présenter la totalité de ces ouvrages mais de me concentrer sur une sélection afin d’en étudier les échafaudages présents sur les chantiers, de révéler leur typologie, l’assemblage, l’aspect visuel etc. Cette collecte m’a amené à étudier le cas de la restauration de la Tour Saint-Jacques au début du XXe siècle.

L’étude de ces chantiers ne comprend aucun écrits sur l’installation des ces échafaudages qui sont pourtant plus que présents sur les clichés pris in situ. Je me suis intéressée à ces photographies avec plus de précision en effectuant un travail de redessin de l’échafaudage afin de le comprendre et de l’analyser tout en m’appuyant sur la première partie du mémoire qui aborde l’aspect technique et devient ici un support d’analyse des photographies.

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Afin d’approfondir cette analyse visuelle, je me suis intéressée aux archives des échafaudages en me rendant aux Archives de Paris. Après une première recherche en ligne, je me suis adressée à la présidente de salle en lui donnant quelques points clés que sont les chantiers des monuments à Paris, induits par l’étude de la photographie, le 19e siècle et bien évidemment les échafaudages en bois. Cette chronologie ne peut être ignorée car, en allant au-delà, les échafaudages ne sont plus en bois et deviennent métalliques, ils n’ont donc plus d’intérêt pour moi. Une exploration par mot clé a donné lieu au dépouillement de deux cartons qui ont révélé le sujet de la restauration de la Tour Saint-Jacques. La quantité de documents de ces cartons et la journée n’étant pas extensible, j’ai dû procéder par choix pour viser le sujet des échafaudages. J’ai consulté des devis estimatifs des travaux de maçonnerie, des écrits sur les travaux, les frais de chantier, la réglementation… liés précisément aux échafaudages, des rapports d’architectes, des bulletins municipaux et autres articles de journaux révélant des discussions et questionnements au sujet des échafaudages.

Le mémoire se déroule donc en deux parties avec une première partie technique sur L’échafaudage bois au XIXe siècle, qui s’intéressera à son étymologie, à la terminologie qui le compose et donc son processus de construction pour finir par détailler les différentes typologies d’échafaudages. La seconde intitulée L’échafaudage comme ornementation d’une balade qui traitera du cas de la restauration de la Tour SaintJacques, avec une analyse ainsi qu’un redessin photographique pour comprendre comment est construit cet échafaudage. Cette partie fera aussi l’analyse de fond d’archive qui révéleront des débat quant à la perception de l’échafaudage et aux difficultés qu’il rencontre rendant sa présence éternelle.

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Introduction

Lexique

PARTIE 1 : L’échafaudage bois au XIXe siècle

1.1 Étymologie

1.2 Terminologie et caractéristiques de l’échafaudage au XIXe siècle 1.3 Typologie d’échafaud

PARTIE 2 : L’échafaudage comme ornementation d’une balade

2.1 Etablissement d’un ouvrage d’art 2.2 L’échafaudage comme ornementation ou objet de mépris 2.3 L’échafaudage éternel

Conclusion

21 PLAN

LEXIQUE

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LEXIQUE

L’ensemble des définitions citées dans ce glossaire constituent une collecte non exhaustive des définitions de «échafaud» et «échafaudage» de 1841 à 1931. Leur présence dans un ordre chronologique à vocation à éclaircir toute compréhension , elles seront analysées en première partie de ce mémoire.

1841 : TOUSSAINT Claude-Jacques, RORET Nicolas-Edme, Nouveau manuel complet du maçon-plâtrier, du carreleur et du paveur, Ed. Librairie encyclopédique de Roret, Paris, 1841, 1 vol., 260 p.

1844 : PERNOT Louis-Théodore, Dictionnaire du constructeur ou vademecum des Architectes, Propriétaires, Entrepreneurs de maçonnerie, charpente, serrurerie, couverture, etc., Ed. Librairie scientifique-industrielle L. Mathias (Augustin), université de Chicago, 1844, 3ème édition (370 p.)

1870 : LAROUSSE Pierre, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle : français, historique, géographique, mythologique, bibliographique...., Bibliothèque nationale de France, Paris, 1870, Tome 7 E (17 vol.), 1241 p., consulté en ligne le 16 Novembre 2022, URL : ark:/12148/bpt6k205359t

1878 : CHABAT Pierre, « Complément », Dictionnaire des termes employés dans la construction, Ed. V.A.Morel, 1878, 652 p.

1931 : AUGE Paul, Larousse du XXe siècle en six volumes, Ed. Librairie Larousse, Paris, 1931 (1928-1933), Tome 3 (6 vol), 1216 p.

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1841

1844

1870

1878

TOUSSAINT Claude-Jacques, RORET Nicolas-Edme, Nouveau manuel complet du maçon-plâtrier, du carreleur et du paveur, Ed. Librairie encyclopédique de Roret, Paris, 1841, 1 vol., 260 p.

PERNOT Louis-Théodore, Dictionnaire du constructeur ou Vademecum des Architectes, Propriétaires, Entrepreneurs de maçonnerie, charpente, serrurerie, couverture, etc., Ed. Librairie scientifique-industrielle L. Mathias (Augustin), université de Chicago, 1844, 3ème édition (370 p.)

LAROUSSE Pierre, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle : français, historique, géographique, mythologique, bibliographique...., Bibliothèque nationale de France, Paris, 1870, Tome 7 E (17 vol.), 1241 p.

CHABAT Pierre, « Complément naire des termes dans la construction V.A.Morel, 1878,

Pierre, Complément », Dictiontermes employés construction, Ed. 1878, 652 p.

RORET Nicolas-Edme, Nouveau manuel complet du charpentier, ou Traité élémentaire et pratique de cet art : atlas, Ed. Librairie encyclopédique de Roret, Paris, 1881, 21 p.

1898

1931

MIGNARD, RAILLARD, « Traité complet des connaissances théoriques et pratiques relatives aux constructions », Guide des constructeurs, Ed. E.LEVY, Paris, 1898, Tome 1, 6ème édition, 602 p.

AUGE Paul, Larousse du XXe siècle en six volumes, Ed. Librairie Larousse, Paris, 1931 (19281933), Tome 3 (6 vol), 1216p.

1881

ÉCHAFAUD

1841 : «Espèce de plancher que les ouvriers en bâtiments sont dans l’usage d’établir pour s’élever à la hauteur des endroits où ils ont à travailler, ce qui s’exécute de différentes manières. Ceux des maçons se font avec des boulins scellés dans les murs, et des écoperches debout, liés ensemble avec des cordages, et sur lesquels on pose des planches ou dosses ; ils en font également sur de grands tréteaux, quand ce n’est pas pour travailler à une grande élévation; mais pour les grands édifices, on fait les échafauds en charpente et partant du fond, et de manière à ne pas endommager les murs extérieurs.»

1844 : « Espèce de plancher fait de planches de sapin de 0m027 à 0m034, portées sur des tréteaux ou sur des baliveaux et boulins scellés dans les murs, ou étrésillonnés dans les baies des façades, pour travailler sûrement. Les moindres se nomment échafauds volants. (Maçonn.) »

1870 : « s. m. (é-cha-fo de l’italien catafalco, par la forme intermédiaire escaffauld, d’où l’anglais scaffold. L’italien dérive du germanique; ancien haut allemand, palco, poutre, de la racine sanscrite pritch, joindre, grec, plelcô; latin, plico, d’où plier. Les Italiens ont adopté ce mot dans le sens de plancher, échafaud, loge, mais le p s’est changé en y dans leur composé catafalco, catafalque, estrade, etc. Cata pour skala, ancien allemand, spectacle; suédois, skaoda, regarder. La forme moderne échafaud a été imitée par les Allemands, qui en ont fait schaffat, sans se douter que le mot français est composé d’éléments germaniques. Comparez le portugais, cadafalso, échafaud l’espagnol, caaahalso, hangar, cadalso, échafaud. La présence d’un d en français et en anglais pourrait faire croire que le second composant est le mot germanique fait, pli, ainsi que l’admet M. Littré; cependant comme il existe d’autres exemples d’une gutturale remplacée en français par une dentale, nous croyons pouvoir maintenir l’identité de échafaud avec l’italien catafalco). Plancher de bois que les ouvriers dressent pour travailler en un point élevé au-dessus du sol. - Encycl. Constr. Les échafauds ont été employés de tout temps. Plus ou moins compliquées, suivant le but que l’on se propose, ces construc-

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tions provisoires sont adhérentes à la maçonnerie ou en sont indépendantes. Les architectes romains et du moyen âge élevaient leurs édifices au moyen d’échafauds tenant à la maçonnerie; ils les posaient au fur et à mesure de l’avancement des travaux, et les composaient simplement de boulins scellés dans les murs et soutenus par des pièces verticales. C’est à l’aide de ces échafauds légers et économiques qu’ils ont construit les monuments que nous admirons encore aujourd’hui, tant pour leur hardiesse d’exécution que pour leur grande conception. A cette époque, où l’on ne faisait pas de ravalement, les échafauds ne devaient porter aucune pierre d’appareil ni aucune charge; ils n’étaient établis que pour permettre aux ouvriers de se tenir au niveau de la maçonnerie qu’ils élevaient et d’opérer la pose et le jointoiement avec facilité. Lorsque les architectes du moyen âge avaient à construire une tour cylindrique d’un grand diamètre et d’une grande élévation, ils établissaient des échafauds, en disposant les boulins en spirale autour de l’énorme cylindre extérieur. Sur cette hélice en pente douce, ils montaient les matériaux sans autre engin que le rouleau, et ils exécutaient la maçonnerie sans embarras d’étais et de poteaux verticaux. Ces échafauds, très curieux, se composaient de chevrons engagés dans la maçonnerie et soulagés par des liens inférieurs également scellés dans le mur. Toute cette ossature rigide, fixée de quatre mètres en quatre mètres environ, supportait un plancher sur lequel se plaçaient les travailleurs. Le constructeur établissait ainsi, en même temps qu’il élevait sa bâtisse, un chemin en spirale, dont l’inclinaison peu prononcée permettait de monter les matériaux sur de petits chariots tirés par des hommes au moyen de treuils placés de distance en distance.» M. Viollet-le-Duc, dans son Dictionnaire raisonné de l’Architecture francaise du xie au xvie siècle; cite, comme ayant été construit avec cette sorte d’échafaud, le donjon de Coucy, sur la surface extérieure duquel on remarque une suite de trous de boulins disposés en spirale, et formant, à cause de la largeur extraordinaire du diamètre du cylindre, une pente douce. Lorsqu’il il s’est agi de construire les flèches des édifices gothiques, «pour lesquelles il était difficile d’établir des échafaudages de fond, les constructeurs employaient des échafauds suspendus, laissant la partie inférieure des façades complètement libre; il en était de même lorsqu’on avait une reprise ou une restauration à faire.

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Dans le premier cas, ils étaient montés et maintenus à l’intérieur de l’édifice, et c’est par là qu’on les démontait. Dans le second cas, on établissait extérieurement une suite de points principaux au moyen de poutres engagées dans la maçonnerie, dont la bascule était maintenue par de grands liens et par des moises pendantes. Ces échafauds, qui n’embarrassaient pas les rez-de-chaussée, coûtaient beaucoup moins cher que des charpentes montant de fond. Ils convenaient parfaitement pour des édifices construits avec de petits matériaux, mais étaient insuffisants pour les constructions de pierre de taille.» Les changements que subirent la construction des édifices et l’ornementation des façades, après la décadence du style gothique, demandant un ravalement complet de l’édifice, «les échafauds tenant à la maçonnerie furent remplacés par les échafauds indépendants, montant de fond, et présentant une très grande solidité. Les échafaudages, qui jusqu’alors n’avaient été considérés que comme un accessoire coûtant très-cher d’établissement et ne représentant rien après l’achèvement de l’édifice, devinrent des chefs-d’œuvre de charpenterie dans lesquels on rencontre une savante application des règles de la mécanique et des combinaisons très-ingénieuses.

De nos jours, on peut diviser les échafauds en deux grandes classes ceux qui sont élevés par les charpentiers pour la construction des ouvrages importants; ceux qui sont faits par les maçons, et qui sont le plus ordinairement employés.» Les premiers, dont la durée peut être très longue, demandent à être construits suivant toutes les règles de l’art de la charpenterie; leur ensemble, divisé en travées, se compose de montants verticaux, le plus souvent de très fortes dimensions et moisés de distance en distance par des madriers horizontaux simples ou doubles. Sur ceux-ci repose généralement un plancher jointif ou non jointif, suivant le cas, qui partage la hauteur de l’échafaud en un certain nombre d’étages, auxquels on arrive par des escaliers ou des échelles. Tout ce système, qui exige une rigidité parfaite à cause des efforts considérables qu’il est appelé à supporter, est contreventé par des madriers posés en écharpe ou en croix de saint André. La disposition de ces échafaudages varie avec la nature de l’ouvrage à construire et l’usage que l’on veut en faire; quand ils servent simplement à l’édification d’un monument, leur construction est très simple et rentre dans celle que nous venons d’indiquer sommai-

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rement; quand, au contraire, ils doivent porter un pont de service, un chemin de fer, une grue roulante, etc., ou enfin être soumis, à leur partie supérieure, à une charge permanente ou roulante, etc., leur établissement rentre dans celui des constructions ordinaires de la charpenterie, et il faut ajouter, suivant le cas, à l’ensemble général décrit plus haut, des «entretoises», des «contre-fiches» des «écoinçons», etc., et quelquefois même des «poutres armées». En règle générale, ces sortes d’échafauds, dont la durée, quoique assez longue, est cependant très limitée comparativement à celle qu’aura la construction qu’ils servent à établir, doivent joindre à une très grande résistance et une solidité parfaite le plus de légèreté possible, et par suite la plus stricte économie, afin de ne pas dépenser en pure perte un argent qui peut être réparti avec plus de fruit entre certains points difficiles de l’ouvrage à établir. Cette classe d’échafauds comprend encore les échafauds mobiles, que l’on peut faire marcher tout montés pour exécuter des travaux qui doivent se faire successivement sur les faces ou dans les parties élevées des grands édifices, ou pour le montage des grandes charpentes de bois et de fer. Ces échafauds dont on fait aujourd’hui un usage fréquent dans les constructions importantes, furent imaginés en 1773 par Pierre Albertini, chef des ouvriers de la fabrique de Saint-Pierre de Rome pour restaurer les ornements et la dorure de la grande nef de cet édifice. Ces constructions provisoires sont établies en forme de tour circulaire ou rectangulaire, et sont montées sur des roues ou des rouleaux, de manière à pouvoir être poussées ou tirées simplement par des hommes ou des animaux à l’aide de «cabestans» ou de quelques autres machines. L’échafaud construit par Pierre Albertini est un des plus remarquables en ce genre; c’était une espèce de cintre de 25 mètres de diamètre, reposant sur la saillie de la corniche de l’ordre intérieur de l’église; il était disposé de manière qu’on pouvait le faire aller d’un bout de la nef à l’autre par le moyen de «moufles». Parmi les échafauds mobiles employés de nos jours, nous citerons comme le plus remarquable celui qui a servi à l’érection de la grande charpente de tôle, de 40 mètres d’ouverture, au-dessus des voies du chemin de fer de Paris à Versailles et à Saint-Germain. Cet échafaud, construit sur les avis et les données de «M. Flachat», était établi conformément à toutes les règles de l’art et aux principes que nous avons rapportés précédemment.

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Les échafauds de la deuxième classe, dont la durée est très limitée, et dont la solidité doit seulement être suffisante pour supporter les ouvriers qui travaillent dessus, ainsi que les matériaux qui peuvent y être accumulés, présentent une légèreté très grande et quelquefois même outrée. Ces constructions se divisent en échafauds sur plans verticaux, qui servent à construire les pans de mur, les pans de bois, les cheminées, et à restaurer les ravalements de toute nature 2° en échafauds sur plans horizontaux, que 1 on emploie pour construire les plafonds, et faire les rejointoyements et enduits de voûtes; 3o en échafauds volants, dont on fait usage dans les ravalements partiels ou autres ouvrages qui n’ont pas besoin d’être échafaudés à fond. Les premiers se font avec des pièces de bois de brin, appelés échasses ou écoperches que l’on dresse verticalement, et que l’on relie au mur avec d’autres morceaux de bois ronds d’aune ou de chêne, auxquels on donne le nom de boulins, et sur lesquels on place le plancher. Ces échafauds s’élèvent au fur et à mesure que la maçonnerie du bâtiment monte, c’est-à-dire que l’on établit les boulins de l’étage supérieur lorsque la construction a atteint la hauteur à laquelle on a l’habitude de placer ces pièces au-dessus les unes des autres, à 1 m. 75 environ.

«Les échafauds sur plans horizontaux» se dressent au moyen de boulins que l’on pose verticalement, en les appuyant contre les murs de la chambre dont on veut faire le plafond; ces pièces sont reliées entre elles par des écoperches ou des morizets (pièces de bois d’environ 4 met. de longueur), sur lesquels on place le plancher.

«Les échafauds volants» se construisent de différentes manières, selon la nature des travaux et la disposition des lieux où on les exécute. Quand il y a impossibilité de faire reposer le pied des écoperches sur le sol, on place dans les ouvertures des fenêtres de fortes pièces de bois, que l’on équilibre à l’intérieur du bâtiment et à l’extrémité extérieure desquelles on élève les écoperches, comme dans le premier système d’échafauds. Quelquefois, pour ne pas gêner l’intérieur d’un bâtiment habité, on a recours à une pièce inclinée, dont l’une des extrémités repose contre le pied du mur et l’autre reçoit les boulins que l’on y attache ceux-

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ci portent un plancher sur lequel on élève les échasses. Le plus souvent, pour les réparations accidentelles, les échafauds ne se composent que d’une ou de deux planches placées sur deux boulins liés aux extrémités de cordages qui passent au sommet du mur et vont s’accrocher contre la face opposée de celui-ci, soit à des crampons, soit à des pièces de bois chargées de pierres.

On peut classer parmi ces sortes d’échafauds la corde à nœuds qu’emploient les badigeonneurs et les fumistes. L’ouvrier s’assied sur une sellette de bois garnie de deux bretelles, qui viennent s’accrocher à la corde à l’aide d’agrafes de fer; en outre, aux jambes de l’ouvrier, au-dessous des genoux, se trouvent fixées des lanières, également armées d’agrafes qui s’accrochent comme les précédentes. Ce système d’attache rend non-seulement libres les mains de l’ouvrier, mais lui permet encore de descendre ou de monter, sans trop de fatigue, le long de ce hauban que l’on fixe préalablement au sommet du mur ou sur les pannes des combles.

Depuis quelques années on se sert d’un système d’échafauds volants qui a remplacé, dans beaucoup d’applications, la corde à noeuds; ces appareils, connus sous le nom d’échafauds «Céiard», sont des espèces de ponts volants suspendus par des cordes passant dans des moufles et formant des palans, sur lesquels les ouvriers agissent pour monter ou descendre le système. Ces échafauds mobiles s’attachent, comme la corde à nœuds, au sommet du mur ou sur les pannes.»

1878 : « Il existe une règle générale à l’égard des échafauds dans le règlement du prix des ouvrages. S’il s’agit de travaux neufs ordinaire tous les prix composés des constructions en pierre, moellon, meulière, brique et plâtras à comprennent la valeur des échafauds. »

1931 : «[fô] n. m. (du préfixe privât, é, et de chafaud). Plancher de bois, que les ouvriers dressent pour travailler un point élevé au-dessus du sol. — Encycl. Techn. Les échafauds sont de plusieurs types. Les uns, fixes ou roulants, s’emploient pour la construction d’édifices. Construits solidement avec des pièces de charpente, les échafauds mobiles peuvent se

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déplacer si besoin est d’une seule pièce en roulant sur des galets ; des planchers sont installés à des hauteurs diverses, pour faciliter le travail. Les échafauds fixes s’appellent sapines, tandis que ceux que l’on peut mouvoir se nomment pylônes. Les échafauds fixes se subdivisent en :

1° échafauds sur plans verticaux servant à construire des pans de murs, à exécuter les ravalements. (Ces échafauds sont faits de pièces verticales dites écoperches, reliées aux murs par des pièces horizontales [boulins] scellées dans la maçonnerie et qui supportent un plancher) ;

2° échafauds sur plans horizontaux. Ils s’emploient pour faire les plafonds et les rejointements. (On les établit au moyen de boulins qui s’appuient obliquement contre les murs intérieurs de la pièce où l’on fait le plafond ; les écoperches réunissent ces boulins et supportent un plancher). On appelle échafauds volants, des sortes de ponts que l’on monte au fur et à mesure des besoin, le long des murs extérieurs au moyen de cordes et de moufles. On appelle échafaud en bascule celui qui n’est maintenu au mur que d’un seul côté.»

ÉCHAFAUDAGE

1841 : Pas de définition

1844 : Pas de définition

1870 : «s. m. (é-cha-fô-da-je rad. échafauder). Action d’élever un échafaud assemblage des pièces d’un échafaud Échafaudage de bois de charpente.»

1878 : Pas de définition

1931 : «[f/ô] n. m. Action d’élever un échafaud. || Assemblage des pièces d’un échafaud : Échafaudage de bois de charpente.»

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ÉCHAFAUD VOLANT

1841 : «Un échafaud volant est celui qui est suspendu à une voûte où à la saillie d’un entablement. Les échafauds à bascule sont ceux basculés par des pièces de bois dans l’intérieur du bâtiment.»

1844 : « On désigne sous ce nom ceux qu’on démonte en tout ou en partie pour les changer de places suivant les besoins et l’avancement des travaux pour lesquels ils sont établis ; afin d’éviter un échafaudage général qui serait trop dispendieux.»

1870 : «Assemblage de quelques planches soutenues par deux barres transversales qui débordent de chaque côté et sur lesquelles sont amarrés les cordages qui servent à suspendre l’appareil le long du bord d’un bâtiment et partout où cela est nécessaire.»

1878 : Pas de définition

1931 : « Assemblage de quelques planches soutenues par deux espars, sur lesquelles sont amarrés les cordages qui servent à suspendre l’appareil le long des flancs d’un bâtiment et partout où cela est nécessaire.»

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PARTIE 1 : L’échafaudage bois au XIXe siècle

Pour introduire la notion d’échafaudage, je me suis intéressée en premier lieu à un ensemble non exhaustif des définitions de l’échafaudage du XIXe siècle au début du XXe siècle ainsi qu’à la définition des termes équivalents à savoir « échafaud » et « échafauder » afin d’en éclaircir la compréhension. Aujourd’hui, il semble, selon le dictionnaire Larousse1 que l’échafaudage est une construction provisoire qui est donc construite à destination d’être retirée. L’échafaudage n’a donc pas vocation à perdurer dans le temps et est construit dans le but d’édifier ou restaurer une construction plus pérenne que lui. La matérialité n’est pas évoquée pour le déterminée mais par expérience notamment à Paris, je n’ai jamais perçu que des échafaudages métalliques.

1.1 Étymologie

Échafaud : (é - cha - fö) de l’italien Catafalco

Lorsque nous nous intéressons à l’étymologie de l’échafaudage et plus particulièrement au XIXe siècle, nous remarquons qu’il apparaît sous appellation «échafaud», à cette époque, le terme «échafaudage» désigne plutôt l’action même de monter un échafaudage, d’échafauder2. D’après le Grand dictionnaire universel du XIXe siècle3, l’échafaud (é-cha-fö) provient de l’italien catafalco qui est introduit dans le sens de plancher. Cette forme est une dérive de l’allemand avec cata qui signifie spectacle

1. Grand Larousse illustré 2021, Ed. Larousse , 03 Juin 2020, Paris, 2112 p., disponible en ligne (consulté le 27/03/2021), URL : https://www.larousse.fr/dictionnaires/français

2. cf. Lexique «Échafaudage (1870)» et «Échafaudage (1931)», le terme échafaudage n’apparaît pas dans les documents cités par le Lexique

3. LAROUSSE Pierre, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle : français, historique, géographique, mythologique, bibliographique...., Bibliothèque nationale de France, Paris, 1870, Tome 7 E (17 vol.), 1241 p., consulté en ligne le 16 Novembre 2022, URL : ark:/12148/bpt6k205359t

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et de palco qui signifie poutre/joindre. Nous observons déjà deux distinction bien différentes l’une de l’autre, la caractérisation de spectacle laisse penser qu’il peut s’agir d’une construction en hauteur qui serait utiliser comme scène, tandis que les mots poutres et joindre suggèrent un assemblage de type structurel qui se rapproche de l’échafaudage ciblé par cette recherche. De l’Allemand, cata et palco deviennent en italien catafalco 4 en italien qui se décompose en catafalque qui signifie estrade se rapprochant du monde du spectacle, du théâtre. Enfin, en ancien français l’échafaud vient de chafaud5 qui est fortement influencé par la notion d’échelle, plus en lien avec l’idée de structure en ajoutant une dimension d’élévation en hauteur, de monter.

Nous comprenons donc que la notion d’échafaud à plusieurs sens, en France notamment en 1870, Pierre Larousse défini l’échafaud comme une estrade ou une tribune à destination du théâtre servant à installer les spectateurs6 ou d’une manière tout autre, l’échafaud est aussi décrit comme un plancher qui s’élève en hauteur sur une place d’ordre publique à destination de l’exécution de condamnés7. Ces significations bien différentes de celle portée par ce mémoire sont maintenues dans le dictionnaire Larousse du XXe siècle8. Ce contraste a complexifié la recherche ainsi que la collecte de documentations sur les échafaudages au XIXe siècle, mais à permis de cerner certaines similitude que sont l’idée de plancher, ainsi que de prise de hauteur.

4. Le p se transforme en f

5. Grand Larousse illustré 2021, Ed. Larousse , 03 Juin 2020, Paris, 2112 p., disponible en ligne (consulté le 27/03/2021), URL : https://www.larousse.fr/dictionnaires/français

6. LAROUSSE Pierre, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle : français, historique, géographique, mythologique, bibliographique...., Bibliothèque nationale de France, Paris, 1870, Tome 7 E (17 vol.), 1241 p., consulté en ligne le 16 Novembre 2022, URL : ark:/12148/bpt6k205359t

7. LAROUSSE Pierre, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle : français, historique, géographique, mythologique, bibliographique...., Bibliothèque nationale de France, Paris, 1870, Tome 7 E (17 vol.), 1241 p., consulté en ligne le 16 Novembre 2022, URL : ark:/12148/bpt6k205359t

8. AUGE Paul, Larousse du XXe siècle en six volumes, Ed. Librairie Larousse, Paris, 1931 (1928-1933), Tome 3 (6 vol), 1216 p.

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1.2 Terminologie et caractéristiques de l’échafaudage au XIXe siècle

C’est pourquoi je me suis penchée sur les documents techniques de l’époque pour clarifier toutes les notions liées à l’échafaudage, à commencer par les Manuels Roret et plus précisément, en 1841 le Nouveau manuel complet du maçon-plâtrier, du carreleur et du paveur9 qui considère l’échafaudage comme un «espèce de plancher»10 qui sert aux ouvriers afin de prendre de la hauteur vis à vis du bâtiment pour pouvoir y travailler à différents niveaux (cf. Lexique). Le montage de l’échafaudage est décrit de deux manières très simples avec peu de détails, dans le cas d’un grand édifice, “on fait les échafauds en charpente11 et partant du fond, et de manière à ne pas endommager les murs extérieurs”12 , tandis que, lorsqu’il s’agit d’une construction de plus faible ampleur, les maçons procèdent en scellant des boulins dans les murs. Les boulins correspondent soit à un élément en bois13 à base ronde positionné à l’horizontale pour former une traverse14, soit à un trou15 dans le mur qui sert d’emplacement pour positionner les traverses. Celles-ci vont ensuite être assemblées à un second élément qui se nomme écoperche16, qui elle aussi est une pièce en bois mais érigée à la verticale afin de devenir

9. TOUSSAINT Claude-Jacques, RORET Nicolas-Edme, Nouveau manuel complet du maçon-plâtrier, du carreleur et du paveur, Ed. Librairie encyclopédique de Roret, Paris, 1841, 1 vol., 260 p.

10. Dénomination caractéristique dans les définitions de l’échafaudage, particulièrement le mot plancher qui introduit les définition en 1841, 1844, 1870 et 1931 (cf. Lexique)

11. Ce qui suggère que l’échafaudage est bien en bois

12. TOUSSAINT Claude-Jacques, RORET Nicolas-Edme, Nouveau manuel complet du maçon-plâtrier, du carreleur et du paveur, Ed. Librairie encyclopédique de Roret, Paris, 1841, 1 vol., 260 p.

13. En aune ou de préférence en chêne qui est plus résistant (cf. “Boulins (1898)”, Glossaire)

14. Les traverses sont des éléments en bois qui peuvent aussi être à base carré dans d’autres cas d’utilisation (cf. «Traverse (1978)» Glossaire)

15. cf. “Boulins (1867)”, Glossaire

16. cf. “Écoperche (1931), Glossaire

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un support pour l’échafaudage. Les liens entre ces deux éléments s’effectuent par cordage pour former des plateformes qui accueillent ensuite des “planches ou dosses”17 .

Cette caractérisation de plancher est plus que présente dans les définitions de l’échafaud notamment en 1844 dans la 3ème édition du Dictionnaire du constructeur18 qui nous apporte avec beaucoup plus de détails notamment sur l’essence des matériaux ainsi que sur le dimensionnement : les planches sont en sapin ayant une épaisseur comprise entre 27 et 34 millimètres. Elles se placent sur des tréteaux ou des baliveaux19 (élément vertical) et boulins (élément horizontal) ce qui correspond davantage à un échafaud destiné à la construction ou la restauration. Il est précisé que les baliveaux et boulins sont scellés dans les murs existants ou bien étrésillonnés, cela signifie qu’ils sont placés de travers, en biais, afin de supporter ou consolider un élément20 comme les fenêtres ou un mur qui tend à s’effondrer.

La descriptions de ces éléments permet d’affirmer que les échafaudages du XIXe siècle sont toujours en bois, il existe plusieurs typologies comme celles des échafaud volants ainsi que des échafauds a bascule qui seront analysés ensuite. En 1870, dans le Grand dictionnaire universel du XIXe siècle21, Pierre Larousse définit l’échafaud comme un plancher une fois de plus, qu’il affirme être en bois22. L’échafaud est considéré comme

17. TOUSSAINT Claude-Jacques, RORET Nicolas-Edme, Nouveau manuel complet du maçon-plâtrier, du carreleur et du paveur, Ed. Librairie encyclopédique de Roret, Paris, 1841, 1 vol., 260 p. Le terme «dosse» représente une planche épaisse servant de plancher pour un échafaudage (cf. “Dosse (1870)”, Glossaire)

18. PERNOT Louis-Théodore, Dictionnaire du constructeur ou vademecum des Architectes, Propriétaires, Entrepreneurs de maçonnerie, charpente, serrurerie, couverture, etc., Ed. Librairie scientifique-industrielle L. Mathias (Augustin), université de Chicago, 1844, 3ème édition (370 p.)

19. Perches de grande dimension positionnées à la verticale (cf. «Baliveaux (1844)» et «Baliveau (1867)», Glossaire)

20. cf. «Étrésillons (1870)», Glossaire

21. LAROUSSE Pierre, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle : français, historique, géographique, mythologique, bibliographique...., Bibliothèque nationale de France, Paris, 1870, Tome 7 E (17 vol.), 1241 p., consulté en ligne le 16 Novembre 2022, URL : ark:/12148/bpt6k205359t

22. cf. «Échafaud (1870)» Glossaire,

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un objet de travail pour les ouvriers qui est érigé pour se mettre à hauteur du sol. En 1931, dans le Larousse du XXe siècle23 qui fait suite au Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, la définition est identique en première partie et plus brève ensuite, elle fait synthèse de la description de l’échafaud en 1870 (cf. Lexique). Les échafauds sont construits différemment selon l’usage et le type de construction révélant qu’il en existe deux types, les échafauds fixes24 qui sont appelés «sapines» et les roulants qui sont appelés «pylônes»25. Érigés dans le cas d’une construction d’un édifice, il est dit qu’ils sont construits solidement avec des pièces dites de charpente, qui sont des pièces en bois.

En 1870, les échafauds qualifiés de provisoires sont catégorisés de deux autres manières, soit ils sont «adhérent[e]s à la maçonnerie ou en son indépendant[e]s»26. Ainsi ils se construisent en s’appuyant sur la construction qui est déjà existante ou bien, ils sont autoportants et se construisent avant la construction pour permettre son édification. Au Moyen-Age, il est aussi décrit que l’échafaud se monte en hauteur à mesure que la construction évolue par le scellement des boulins (horizontaux) dans les murs de la construction liés ensuite à des pièces verticales qui comme vu précédemment sont des écoperches.(fig. 1). Il est important de relever que les échafaudages sont décrits comme des constructions

23. AUGE Paul, Larousse du XXe siècle en six volumes, Ed. Librairie Larousse, Paris, 1931 (1928-1933), Tome 3 (6 vol), 1216 p.

24. Les échafauds fixes sont redivisés en quatre typologies que sont les échafauds sur plans verticaux, ceux sur plans horizontaux, les échafauds volants et les échafauds en bascule

25. Cette énumération n’apparaît qu’en 1931 mais n’est jamais énoncée plus tôt, la question des échafaudages roulant paraît seulement correspondre aux échafaudages mobiles dont nous observerons le cas en seconde partie avec la Tour SaintJacques.

26. Définition de échafaud dans la construction dans : LAROUSSE Pierre, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle : français, historique, géographique, mythologique, bibliographique...., Bibliothèque nationale de France, Paris, 1870, Tome 7 E (17 vol.), 1241 p., consulté en ligne le 16 Novembre 2022, URL : ark:/12148/ bpt6k205359t

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Figure 1 : Dessin d’un échafaud qui évolue selon l’avancement d’une construction en pierre par D’aranjo-Lobjois Sara. Le dessin est une compréhension de la définition de l’échafaudage cf. «Échafaud (1870)» Lexique

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«léger(e)s et économiques (...) A cette époque27, où l’on ne faisait pas de ravalement, les échafauds ne devaient porter aucune pierre d’appareil ni aucune charge; ils n’étaient établis que pour permettre aux ouvriers de se tenir au niveau de la maçonnerie». Le système reste le même au XIXe siècle, simple d’apparence, l’échafaudage est constitué de nombreux éléments distincts en comprenant une terminologie qui lui est propre et qui est issue du langage des charpentiers, maçons etc. Au regard des définitions qui s’étendent du XIXe au XXe siècle, l’échafaudage en bois est une œuvre de charpente provisoire qui est destinée à l’élévation des ouvriers en hauteur pour atteindre les différents niveaux de l’édifice. Cette mise en hauteur nécessite l’assemblage d’éléments verticaux avec des éléments horizontaux. En commençant par sceller dans le sol, grâce a des patins en plâtre, des pièces de bois positionnées verticalement à une distance de 10 centimètres du mur. Ces éléments verticaux possèdent plusieurs appellations, dans le Dictionnaire du constructeur28, ils sont nommés «échasses» ou «baliveaux» et correspondent à des perches en brin, en aune ou en sapin, d’une longueur de 5 à 10 mètres pour un diamètre de 15 à 25 centimètres, elles permettent de faire monter l’échafaudage en hauteur et servent de supports aux autres pièces de l’échafaud (fig. 2). Une fois les échasses fixées, il faut étrésillonner des pièces de bois dans les baies des façades qui sont appelées boulins. Plus généralement en chêne, un bois résistant, ou bien en aune, les boulins forment les traverses horizontales de l’échafaudage. Ils sont liés aux échasses à l’aide de cordages (fig. 3) noués qui se nomment troussières29 ou cordage (fig. 4 et 5). Il s’agit de corde d’une longueur de 2 à 5 mètres qui permet de lier entre elles deux pièces d’un échafaud dont le diamètre varie entre 10 et 15 millimètres. La matière de ces cordages reste méconnue, je

27. Nous parlons ici du Moyen-Age et non du XIXe siècle ou du XXe siècle qui aborde l’importance de la solidité de l’échafaudage, bien que nous verrons en partie 2 que ce même système en recherche de légèreté et d’économie reste utilisé pour des cas de restauration.

28. PERNOT Louis-Théodore, Dictionnaire du constructeur ou vademecum des Architectes, Propriétaires, Entrepreneurs de maçonnerie, charpente, serrurerie, couverture, etc., Ed. Librairie scientifique-industrielle L. Mathias (Augustin), université de Chicago, 1844, 3ème édition (370 p.)

29. cf. «Troussière» Glossaire

40

Figure 2 : Dessin par D’aranjo-Lobjois Sara : Vue en coupe et en élévation de l’installation des échasses d’un échafaud dans le cas d’une restauration. Le dessin retranscrit la compréhension des définition de l’échafaud cf. Lexique

Figure 3 : Dessin par D’aranjo-Lobjois Sara : Vue en plan et en élévation de la liaison entre échasses et traverses positionnées sur les appuis de fenêtre. Le dessin retranscrit la compréhension des définition de l’échafaud cf. Lexique

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Figure 4 : Dessins par D’aranjo-Lobjois Sara : Troussière nouée autour de deux pièces en bois, cela correspond à une enture, issu de la compréhension de «Troussière» cf. Glossaire

Figure 5 : Dessin par D’aranjo-Lobjois Sara : Troussière nouée entre une échasse et un boulin issu de la compréhension de «Échafaud (1844)» cf. Lexique

suppose tout de même qu’il s’agit de fibre naturelle. Une fois le premier étage édifié, tous les boulins de l’étage sont reliés à de longues pièces en bois (fig. 6) nommées filière30 à l’aide de nœuds à la jonction des deux éléments (fig. 5). C’est alors que des planches en bois s’y déposent pour former le plancher (fig. 7). Elles mesurent environ 30 centimètres de large pour une longueur de 4 mètres. Il est important de les disposer de sorte qu’elles ne basculent pas. Les planches sont mobiles et déplaçables d’un étage à l’autre à mesure que l’échafaudage s’élève. Ce processus se répète tous les 1,75 mètres environ (fig. 6), jusqu’à arriver au bout des échasses. Afin d’en prolonger la hauteur, il faut y fixer d’autres échasses au moyen d’une enture31. Il est question de les croiser sur une grande longueur en les entourant par le cordage, l’important est d’effectuer un grand nombre de spires (ou de tours) puis de nouer les extrémités entre les bois (fig. 4) afin que la liaison soit bien solide. La construction d’un échafaudage nécessite un savoir-faire bien plus compliqué qu’il n’y paraît. 30. Les filières sont de longues pièces de bois qui filent entre les échasses et les boulins cf. «Filière» Glossaire 31. cf. «Enture» Glossaire

42

Figure 6 : Dessin par D’aranjo-Lobjois Sara : Vue en coupe et en élévation de l’installation des filières entre les nœuds. Le dessin retranscrit la compréhension des définition de l’échafaud cf. Lexique

Figure 7 : Dessin par D’aranjo-Lobjois Sara : Vue en coupe de l’installation des planchers en bois et du prolongement des échasses et planche de 30 centimètres x 4 mètres. Le dessin retranscrit la compréhension des définition de l’échafaud cf. Lexique

43
0,30
m

L’ensemble des définitions permet ainsi de comprendre la terminologie employée ainsi que le processus d’édification d’un échafaud. Dans le « Traité complet des connaissances théoriques et pratiques relatives aux constructions » 32 issu du Guide des constructeurs, Mignard33 nous donne un complément d’informations supplémentaire sur l’usage de l’échafaud, les définitions évoquent aussi des prescriptions, elles détaillent l’ensemble des techniques, matériaux, types d’assemblage et opérations de montage d’un échafaud, il semble notamment que les exemples devaient être accompagnés de figures qui n’apparaissent pourtant pas dans l’ouvrage. Toutefois, le Nouveau manuel complet du charpentier34 appartenant à la collection des manuels Roret, met à disposition 21 planches de dessins qui permettent de visualiser certains systèmes comme les étrésillons et étais35 ou bien les assemblages par moise et boulons36. L’assemblage par moise permet de lier deux pièces solidement37, les pièces sont entaillées afin d’accueillir la pièce centrale (fig. 8), ce qui permet aussi de décharger les éléments ou bien d’empêcher les glissements. S’y ajoutent des boulons pour serrer le tout, cet assemblage peut se faire entre traverse et éléments verticaux, ou bien avec les éléments de contreventement pour fonctionner en traction ou en compression.

En 1878, dans le «Complément» des Dictionnaires employés dans la construction38, Pierre Chabat exprime qu’il «existe une règle générale à l’égard des échafauds dans le règlement du prix des ouvrages. S’il s’agit de travaux neufs ordinaire tous les prix composés des constructions en pierre, moellon, meulière, brique et plâtras à comprennent la valeur des

32. MIGNARD, RAILLARD, « Traité complet des connaissances théoriques et pratiques relatives aux constructions », Guide des constructeurs, Ed. E.LEVY, Paris, 1898, Tome 1, 6ème édition, 602 p.

33. Pas d’information trouvées à son sujet malgré les recherches

34. RORET Nicolas-Edme, Nouveau manuel complet du charpentier, ou Traité élémentaire et pratique de cet art : atlas, Ed. Librairie encyclopédique de Roret, Paris, 1881, 21 p.

35. fig. 25, planche 9

36. Planche 15

37. cf. «Moise (1844) Glossaire

38. CHABAT Pierre, « Complément », Dictionnaire des termes employés dans la construction, Ed. V.A.Morel, 1878, 652 p.

44

Pièce en bois entaillée qui s’installe de part et d’autre de la pièce centrale

Boulon à vis ou à écrou

Figure 8 : Dessin par D’aranjo-Lobjois Sara : Moise simplifié entre un élément vertical et un élément horizontal, issu de la compréhension de cf. «Moise (1874)» Glossaire et des schémas de la planche 15 du Nouveau manuel complet du charpentier par Nicolas-Edme RORET en 1881

45

échafauds.»39 Un détail pertinent qui aborde la question financière de l’échafaudage en évoquant que leur construction rentre dans les frais de maçonnerie lorsqu’il s’agit de l’usage des matériaux évoqués ci-dessus.

La construction d’un échafaudage nécessite un savoir-faire bien plus compliqué qu’il n’y paraît, il existe plusieurs typologies d’échafaudages, qui, bien qu’elles correspondent en partie au processus décrit précédemment, elles n’ont pas le même système constructif et révèlent une mise en œuvre adaptée, d’une part, au type de construction, en effet nous pouvons distinguer les échafaudages en deux grandes catégories : les échafaudages qui sont élevés pour la construction d’un édifice, construits solidement, ils perdurent dans le temps bien que leur durée ne soit pas aussi importante que celle de l’édifice à construire. Et les échafaudages destinés à la restauration, qui s’appuient sur l’édifice et ont vocation à être déplacés ou retirés plus rapidement que les échafaudages de construction, ils sont donc moins solides d’autant plus qu’ils n’ont pas à supporter des charges lourdes autre que les ouvriers et du matériel. Ces deux grandes classes se redécomposent en plusieurs typologies qui elles même dépendent des usages. Nous verrons qu’il existe les échafauds sur plan verticaux qui peuvent être , mobiles, roulants, volants, a bascule ou en spirale, et les échafauds sur plan horizontaux.

1.3 Typologies d’Échafaud

L’intérêt n’est pas de détailler chaque type d’échafaudage qui pourrait faire l’objet d’une étude à part entière mais simplement d’en comprendre les distinction afin de les réapproprier au cas étudié en seconde partie.

Les échafauds sur plans verticaux, comme leur nom l’indique, se positionnent de manière globale à la verticale à l’extérieur d’un édifices, ils ont pour but d’intervenir en façade pour édifier les murs40 dans ce cas ils sont construits en toute autonomie en s’élevant en parallèle de la

39. cf. «Échafaud (1878)» Lexique

40. cf. «Échafaud (1870)» Lexique

46

construction. Dans le cas d’une restauration, ils servent au ravalement de la façade et autres travaux d’entretiens.41 Ilss’acrochent directement à la façade. Ces échafaudages sont fixes et voués à rester comme un voile devant la façade jusqu’à l’achèvement des travaux. Leur durée est limitée et leur solidité doit simplement être suffisante pour porter les ouvriers.

Nous retrouvons en second temps les échafauds mobiles42 qui peuvent se déplacer, de la même manière ils s’installent en extérieur le long des façade. Ils peuvent notamment s’appeler échafauds roulants, cette qualification désigne système de roulement sur des galets43 sur lesquels l’échafaud se pose de toute pièce afin d’être déplacé d’une façade à l’autre, ou d’un angle à l’autre comme nous le verrons dans le cas de la tour Saint Jacques en partie 2.

A plus faible envergure, on retrouve les échafauds volants pour des travaux de plus faibles ampleur comme les petites réparations44. Comme leur nom l’indique, ils ont pour intérêt d’être facilement déplaçable en démontant une partie ou même la totalité ce qui évite une importante construction sur toute une façade par exemple, qui ne serait pas adapté à la faible ampleur des travaux pour laquelle l’échafaudage intervient. Ils se construisent de différente manière selon la nature des travaux et leur emplacement. En similitude avec les échafauds sur plan verticaux, les échafauds volants sont un assemblage entre écoperches et boulins reliés ensemble par cordage s’élevant le long de la façade. Dans certains cas ils peuvent se fixer directement aux façades dans les ouvertures de fenêtres45 par des pièces de bois horizontales. Celles-ci sont maintenues par des écoperches qui sont positionnées à l’intérieur du bâtiment et par des boulins inclinés en extérieur qui prennent pied à la base de la façade pour rejoindre l’extrémité du boulin horizontale. De la sorte, se forme le premier plancher. Ce système de boulin incliné peut aussi être mis en place en intérieur pour limiter le dérangement lorsque le bâtiment est habité. Une fois le premier plancher constitué il suffit de monter des

41. cf. «Échafaud (1931)» Lexique

42. cf. «Échafaud (1870)» Lexique

43. cf. «Échafaud (1931)» Lexique

44. Synthèse des définitions cf. «Échafaud volant» Lexique

45. cf. «Échafaud (1870)» Lexique

47

Figure 9 : Dessin par D’aranjo-Lobjois Sara : Échafaud volant, issu de la compréhension de cf. «Échafaud (1870)» Lexique

échasses et reconstitué un échafaud comme nous l’avons étudié pour ajouter d’autres niveaux46. Il est aussi possible de placer une rangé de boulins fixées en appui de fenêtre et fixées à l’intérieur par des boulins arc-boutés (fig. 9). En extérieur, des boulins inclinés sont fixés aux boulins horizontaux, à leur base ils sont scellés dans le sol par un patin en plâtre.47 46. cf. «Échafaud (1870)» Lexique 47. cf. «Échafaud (1898)» Lexique

48

Dans un cas similaire à l’échafaud volant décrit par Larousse en 187048 , il existe les échafauds à bascule qui sont décrits une première fois en 1841 comme étant installés à l’intérieur d’un bâtiment, il est uniquement exprimé qu’ils sont «basculés par des pièces de bois»49 ce qui laisse peu de place à la compréhension, en 1870 il est précisé qu’ils ne sont «maintenu(s) au mur que d’un seul côté»50 cette fois en extérieur, ils sont notamment décrits comme maintenus par de «grands liens et moises pendantes»51. Il est difficile de comprendre le fonctionnement de cet échafaudage. Pour clarifier la compréhension nous allons revenir ponctuellement sur le cas des chantiers médiévaux avec l’analyse iconographique d’Anne Baud52. Elle nomme l’échafaud à bascule d’ «échafaudage encastré à bascule»53 qui se compose de boulins encastrés d’une extrémité, l’encastrement doit surement se faire par l’installation d’un patin en plâtre dans le mur comme c’est le cas des autres typologies décrites au XIXe siècle. Les boulins encastrés sont maintenus par «des aisseliers sans potelets»54. Cet assemblage créé une triangulation qui vient accueillir le plancher sur lequel se place l’ouvrier ou éventuellement l’extension en hauteur de l’échafaudage comme c’est le cas de l’échafaudage volant décrit par Larousse.55 Nous observerons ce système en seconde partie avec

48. LAROUSSE Pierre, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle : français, historique, géographique, mythologique, bibliographique...., Bibliothèque nationale de France, Paris, 1870, Tome 7 E (17 vol.), 1241 p., consulté en ligne le 16 Novembre 2022, URL : ark:/12148/bpt6k205359t

49. cf. «Échafaud volant (1841)» Lexique

50. cf. «Échafaud (1870) Lexique 51. cf. «Échafaud (1870) Lexique

52. BAUD Anne, «Chapitre 4 : Échafaudage et iconographie médiévale du chantier», L’échafaudage dans le chantier médiéval, Ed. Service régional de l’archéologie diff. Association lyonnaise pour la promotion de l’archéologie en Rhône-Alpes, ALPARA, Lyon, 1996, p.71-101 (142 p.)

53. Le terme d’encastrement correspond bien au maintien sur le mur d’un côté, ce qui laisse entendre que l’autre extrémité n’est elle pas fixée et donc en bascule.

54. BAUD Anne, «Chapitre 4 : Échafaudage et iconographie médiévale du chantier», L’échafaudage dans le chantier médiéval, Ed. Service régional de l’archéologie diff. Association lyonnaise pour la promotion de l’archéologie en Rhône-Alpes, ALPARA, Lyon, 1996, p.71-101 (142 p.)

55. cf. «Échafaud (1870)» Lexique

49

le cas d’étude de la Tour Saint-Jacques. Pour clore la catégorie des échafaudages sur plan verticaux, on retrouve les échafauds dits «en spirale» dont je ne fais pas la synthèse ici car ils ne sont évoqués que dans le Grand dictionnaire du constructeur56 de manière claire et détaillée. Toutefois, un redessin issu de la compréhension de cette définition permet d’accompagner la description de ce type d’échafaud (fig. 10).

Échafaud en spiral : «Lorsque les architectes du moyen âge avaient à construire une tour cylindrique d’un grand diamètre et d’une grande élévation, ils établissaient des échafauds, en disposant les boulins en spirale autour de l’énorme cylindre extérieur. Sur cette hélice en pente douce, ils montaient les matériaux sans autre engin que le rouleau, et ils exécutaient la maçonnerie sans embarras d’étais et de poteaux verticaux. Ces échafauds, très curieux, se composaient de chevrons engagés dans la maçonnerie et soulagés par des liens inférieurs également scellés dans le mur. Toute cette ossature rigide, fixée de quatre mètres en quatre mètres environ, supportait un plancher sur lequel se plaçaient les travailleurs. Le constructeur établissait ainsi, en même temps qu’il élevait sa bâtisse, un chemin en spirale, dont l’inclinaison peu prononcée permettait de monter les matériaux sur de petits chariots tirés par des hommes au moyen de treuils placés de distance en distance. M. Viollet-le-Duc, dans son Dictionnaire raisonné de l’Architecture française du XIe au XVIe siècle; cite, comme ayant été construit avec cette sorte d’échafaud, le donjon de Coucy, sur la surface extérieure duquel on remarque une suite de trous de boulins disposés en spirale, et formant, à cause de la largeur extraordinaire du diamètre du cylindre, une pente douce»57

56. LAROUSSE Pierre, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle : français, historique, géographique, mythologique, bibliographique...., Bibliothèque nationale de France, Paris, 1870, Tome 7 E (17 vol.), 1241 p., consulté en ligne le 16 Novembre 2022, URL : ark:/12148/bpt6k205359t

57. cf. «Échafaud (1870)» Lexique

50

Trous de boulins apparents une fois les pièces de bois retirées

Pièces en bois positionnées en spirale le long de la partie cylindrinque

Etais scellé dans l’édifice

Figure 10 : Dessin par D’aranjo-Lobjois Sara : Échafaud en spiral autour d’une colonne, issu de la compréhension de cf. «Échafaud (1844)» Lexique

51

Comme nous l’avons évoqué, il existe aussi les échafauds sur plans horizontaux qui concernent plutôt les travaux d’intérieur à savoir le montage des plafonds, les enduits et les rejointoiements. Il s’agit ici de créer une sorte de plancher provisoire pour atteindre le plafond en s’appuyant de mur à mur. Il se dressent avec des boulins qui se positionnent debout contre les murs (fig. 11) ainsi que tous les 2 mètres58. S’y fixent ensuite des écoperches ou morizets59, il est possible, lorsque l’édifice est constitué de petits matériaux, de sceller directement ces pièces dans le mur. Bien que la nature des liaisons entre les éléments ne soit pas précisée, nous pouvons toutefois émettre l’hypothèse qu’il s’agit de liaison simple par cordage et non pas par moise ou boulon qui s’applique pour des pièces plus importantes. Si les écoperches ou morizets ne sont pas assez longs, il est possible de les joindre bout à bout60 afin de les prolonger61. Lorsque toute la structure est assemblée, il ne reste plus qu’à positionner les planches pour former le plancher, la hauteur de celui-ci doit être anticipée, il faut que le plancher soit «placé de manière que le plafond soit à 6 ou 7 centimètres de la tête des ouvriers.»62(fig. 11).

Ce sont les échafaud volants et les échafauds à bascule qui vont nous intéresser par la suite. C’est à travers l’étude des échafaudages de la restauration de la tour Saint Jacques que nous allons observer l’application de ces méthodes de montage directement su le chantier. Nous verrons que l’édification de l’échafaudage est chargée de complexité, sa conception à une importance primordiale car elle doit s’adapter d’une part aux usages dont l’échafaudage fait œuvre et d’une autre part lui laisser la possibilité d’évoluer avec la construction ou l’évolution de la restauration.

58. cf. «Échafaud (1898)» Lexique

59. Il s’agit d’éléments en bois d’une longueur de 4 mètres environ cf. «Échafaud (1870) Lexique

60. cf. «Échafaud (1898)» Lexique

61. De la même manière que pour les échasses qui servent à prendre de la hauteur et son prolongées au moyen d’une enture.

62. cf. «Échafaud (1898)» Lexique

52

Figure 11 : Dessin par D’aranjo-Lobjois Sara : Échafaud intérieur sur plan horizontal, issu de la compréhension de cf. «Échafaud (1844)» Lexique

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PARTIE 2 : L’échafaudage comme ornementation d’une balade

La Tour Saint-Jacques est un édifice qui se situe dans le 4e arrondissement de Paris. Il s’agit d’un clocher dressé au milieu d’un square qui est un vestige de l’église Saint-Jacques-de-la-Boucherie63, construite au XVIe siècle et détruite à la fin du XVIIIe siècle. Victime de «la maladie de la pierre»64 telle que la nomme M. Formigé, la tour Saint-Jacques à vécu de nombreuses restaurations décrites dans un mémoire sur la restauration sculpturale de la tour65 dont celle que porte ce mémoire, qui débute en 1909. M. Formigé, architecte des promenades en charge de la restauration de la tour, évoque un soucis de pollution lié à la fumée des restaurants avoisinants mêlée à un temps pluvieux qui génère “une sorte d’intoxication”66 de la pierre depuis la fin du XIXe siècle. Ces désagréments font urgence quant à la restauration car dès le début du XXe siècle, les pierres en tombent de la tour à même le parc dans lequel elle s’élève de 52,53 mètres de hauteur.67 Ces chutes incontrôlables sont très préjudiciables. C’est ce qu’appuie Célia d’Hose en ajoutant qu’un ouragan touche Paris en 190968, ce qui à largement accéléré le lancement de la

63. LAMBEAU Lucien, “38. A propos de l’échafaudage de la tour Saint-Jacquesla-Boucherie. Quelques pages d’histoire moderne d’un vieux monument”, Procès-verbal, Commission du vieux Paris, Paris, Samedi 10 Novembre 1906, p 267288

64. Annexe 2 : MAMY Martin, “La Tour St-Jacques est malade !”, L’Aurore, Politique, Littéraire, Sociale, Paris et département, 10 janvier 1907, Dixième année, Numéro 3369

65. D’HOSE Célia, Restauration sculpturale à la tour Saint-Jacques – les valeurs patrimoniales qu’elles subisses, École nationale supérieure d’architecture Paris-Belleville, 2017-1018

66. cf. Annexe 2

67. MICHAUX Lucien, “Tour Saint-Jacques-la-Boucherie”, Inventaire général des richesses d’art de la France, Ed. E. Plon et Cie, Ministère de l’instruction publique, Paris, 15 Juillet 1879, Tome 1 (4 vol.), p.291-295 (534p.)

68. D’HOSE Célia, Restauration sculpturale à la tour Saint-Jacques – les valeurs patrimoniales qu’elles subisses, École nationale supérieure d’architecture Paris-Belleville, 2017-1018

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Figure 12 : Dessin par D’aranjo-Lobjois Sara : Échafaud de la tour Saint-Jacques sur la base d’une photographie du 4 Septembre 1906 (cf. Annexe 9)

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restauration, car les chutes devenaient bien trop dangereuses et conséquentes.

“Des débris de pierre tombant du sommet guillotinaient au passage les élégantes gargouilles ou les bras d’une statue et les paisibles bonnes d’enfants, les fillettes qui jouaient au cerceau ou les garçonnets qui jouaient à saut de mouton étaient constamment sous la menace, non pas d’une épée suspendue sur leurs têtes, mais bien d’un moellon en veine de promenade”

2.1 Etablissement d’un ouvrage d’art

Au printemps 1909, est installé sur la tour Saint-Jacques, l’échafaudage «dit(s) d’examen(s)». Construit pour répondre à une mobilité, il a été conçu ingénieusement pour intervenir sur un angle de la tour et se déplacer d’un angle à l’autre. Il semble, selon M. Le Corbeiller, que son installation ne devrait perdurer que 2 mois. Dans l’article suivant appartenant à un document sur les conditions particulières aux travaux de maçonnerie & de carrelage, il est dit que l’échafaudage doit être exécuté à simple ou double rang et se constituer de plancher en bastaings ou en madriers qui sont des éléments en bois, ils ont leur importance ici car ce sont des éléments résistants qui conviennent parfaitement au montage d’un échaudage en façade.

“En complément des échafaudages que l’architecte jugera devoir être établis par le charpentier, l’adjudicataire sera tenu de construire à ses frais les échafauds nécessaires à l’exécution des ouvrages et à leur accès même pour toute modifications ou tous changements, quel que sont le peu d’importance du travail à faire. Les échafauds seront exécutés suivant les prescriptions de l’architecte établis a simple ou double rang d’échasse de manière à donner un accès facile à toutes les parties du monument, les planchers seront soit en madriers, soit en bastaings, mais dans tous les cas en quantité et de résistance suffisante pour le roulage des pierres et des matériaux. Il sera modifié autant de fois qu’il y aura lieu et aux frais de l’adju-

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Figure 13 : Dessin par D’aranjo-Lobjois Sara : Échafaud de la tour Saint-Jacques sur la base d’une photographies du 10 Avril 1911 (cf. Annexe 9)

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dicataire. L’entrepreneur ne pourra enlever ses échafaudages sans l’autorisation de l’architecte, il sera tenu de les laisser sans indemnité tout le temps que celui-ci jugera nécessaire pour l’exécution des travaux de sculpture ou autres ainsi que pour la vérification des arrachements. L’entrepreneur de maçonnerie ne pourra prétendre à aucune indemnité quelconque à raison de l’usage qui pourrait être fait de ses échafauds par les entrepreneurs des autres natures de travaux.”

«Article 7 Échafaud», conditions particulières aux travaux de maçonnerie & de carrelage69

Ces charges et obligations abordent aussi la notion d’accès aux lieux qui doit être pensée au préalable de sorte à bénéficier d’une disposition permettant cet accès depuis l’espace public. Elles précisent notamment que l’architecte est seul décisionnaire des échafaudages bien qu’ils soient attribués à l’entrepreneur et au charpentier d’en faire l’installation. L’usage de celui-ci semble aussi appartenir à tous les intervenants sur le chantier (peintre etc..) sans possibilité d’indemnisation auprès de l’entrepreneur. Celui-ci est donc responsable de tous les frais liés à l’échafaudage, il est en charge de l’installation, de la mise en œuvre et de l’exécution des décision prises par l’architecte sans pour autant être le seul exploitant. Il n’est pas non plus décisionnaire mais seulement exécutant, c’est l’architecte qui décide du type d’échafaudage, dans ce cas précis, la mise en place dans un angle, le choix d’un simple ou double rang, etc… Il décide donc de type d’échafaudage, de son emplacement, son déplacement, son enlèvement…

Nous pouvons effectuer un premier constat à partir d’une photographie d’un auteur inconnu (Ph. 1) prise le 13 Octobre 1906, le photographe semble s’être installé au premier étage d’un immeuble qui borde le square, on observe que l’échafaudage est déjà bien présent et occupe tous les niveaux de la tour. La qualité de l’image ainsi que la forte présence de la végétation au premier plan ne permet pas d’affirmer mon 69. Cet article ce situe dans un ensemble intitulé “devis estimatif des travaux de maçonnerie” qui regroupe des écrits sur les travaux, les frais de chantier, la réglementation… Ainsi que des articles de clauses techniques intitulés « Échafaud » comme celui cité ici.

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Photographie 1 : Photographe anonyme, Tour Saint-Jacques avec des échafaudages, 4ème arrondissement, Paris, 13 Octobre 1906, Musée Carnavalet, Histoire de Paris, PH10155-2, H:16,8cm x L:12,3cm

Figure 13 : Dessin par D’aranjo-Lobjois Sara : Redessin de l’échafaudage en partie basse de la tour Saint-Jacques sur la base de la photographie du 13 Octobre 1906 et la compréhension d’un échafaudage encastré à bascule

Légende 1 Madriers structurels 2 Perches / Aisseliers 3 Etage intermédiaire 4 Premier étage de l’échafaudage

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analyse mais ce point de vue est intéressant car il permet de regarder la tour de sa base jusqu’au sommet. Au centre de la photographie, la végétation, moins dense, laisse entrevoir la base de la tour qui vient s’installer sur une plateforme octogonale plus large que sa base que l’on va nommer la terrasse. La tour a base carré, dont les angles en saillie forment des contreforts qui accueillent les sculptures du premier niveau de la tour. Je pense pouvoir affirmer que les échafaudages ne prennent pas leur fondement directement dans le sol ou au niveau de la terrasse. Comme le dessin (fig. 13) le met en avant, ils semblent se fixer entre le premier et le second niveau de la tour. On comprend que les fondements de l’échafaudage viennent s’installer dans les cavités formées par les contreforts aux angles de la tour (fig. 14). On relève deux madriers (1) qui sont positionnés à la verticale le long des contreforts pour soutenir l’ensemble de l’échafaudage. Des perches (2) s’y fixent ensuite en bascule à la manière des “échafaudages encastrés à bascule” cités par Anne Baud dans le chapitre 4 de L’échafaudage dans le chantier médiéval70. Comme elle l’explique, ces perches qu’elle nomme “aisseliers” ne prennent pas appui sur le sol, ils viennent, en leur sommet, créer le premier étage de l’échafaudage (4). Le dictionnaire Larousse du XIXe siècle71 précise que ce type d’échafaudage est maintenu au mur72 et que d’un seul côté. Un étage intermédiaire est constitué au milieu de l’aisselier comme pour créer un renfort par des boulins horizontaux fixés aux madriers et entre les deux aisseliers (3). J’observe que l’échafaudage se constitue ensuite de perches verticales assemblées de boulins horizontaux pour créer les niveaux suivants. Les liaisons ne sont pas discernables sur la photographie mais je suppose qu’il s’agit soit de liens par cordage soit par moise et boulons qui sont les typologies de liens cités dans les manuels techniques. Afin de limiter les mouvements notamment liés au vent induits

70. BAUD Anne, BERNARDI Philippe, HARTMANN-VIRNICH Andreas, HUSSON Éric, LE BARRIER Christian, L’échafaudage dans le chantier médiéval, Service régional de l’archéologie diff. Association lyonnaise pour la promotion de l’archéologie en Rhône-Alpes, ALPARA, Lyon, 1996, 142 p

71. AUGE Paul, Larousse du XXe siècle en six volumes, Ed. Librairie Larousse, Paris, 1931 (1928-1933), Tome 3 (6 vol), 1216p.

72. Et non pas au sol comme les autres types d’échafaudages qui sont généralement scellés dans le sol par des patins.

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par la prise de hauteur, on installe des boulins en biais ou en forme de croix de Saint-André pour contreventer la structure. En effet, comme l’évoque l’architecte des promenades dans une lettre en 191173 : “à cette hauteur74 qui est plus du double de celle des constructions de Paris la pluie, le vent, la neige sévissent dans toute leur rigueur et rendent le travail (ainsi que le maintien de l’échafaudage) excessivement dur”.75 Sur la photographie on discerne 4 niveaux de planchers à des hauteurs inégales qui correspondent aux niveaux des sculptures à étudier pour la restaurations de celles-ci.

2.2 L’échafaudage comme ornementation ou objet de mépris

L’échafaudage de la tour Saint-Jacques à fait l’objet de nombreux débats et critiques. L’échafaudage qui a été posé dans un angle de la tour est longtemps resté immobile qu’il était destiné à n’être que de court passage et se déplacer d’un angle à l’autre de la tour76. A l’origine, cet échafaudage devait s’installer 2 mois sur un angle pour ensuite être déplacés sur un autre angle pour une installation totale d’une durée de 8 mois.

Dans un bulletin municipal officiel datant du 8 avril 191177, soit un mois après le rapport précédent. Ce document révèle une discussion et des questionnements entre M. Le Corbeiller et M. Le préfet de la Seine sur les retards apportés aux travaux de réparation de la tour Saint-Jacques. L’échafaudage de la Tour Saint Jacques a été posé en 1909, en 1911 il est toujours implanté et ce, de manière imprévu et dérangeante depuis

73. cf. Annexe 5 : Lettre de l’architecte des promenades en date du 3 Avril 1911

74. “52m de hauteur, depuis son sommet jusqu’à la terrasse sur laquelle elle repose, et 57m,53, y compris cette terrasse” LAMBEAU Lucien, “38. A propos de l’échafaudage de la tour Saint-Jacques-la-Boucherie. Quelques pages d’histoire moderne d’un vieux monument”, Procès-verbal, Commission du vieux Paris, Paris, Samedi 10 Novembre 1906, p 267-288

75. cf. Annexe 5 : Lettre de l’architecte des promenades en date du 3 Avril 1911

76. cf. Rapport de l’architecte des promenades, 2 Mars 1911

77. cf. Annexe 6 : Le Moniteur Général, Samedi 8 Avril 1911, 36e année, N°20

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2 ans déjà78 .

L’échafaudage évolue toute fois au rythme du sculpteur qui est seul à sculpter les pierres sur place. Ne pouvant intervenir par temps de pluie, il en convient donc que l’échafaudage évolue à son rythme et donc au rythme du temps. L’échafaudage apparait comme un encombrement du monument bien qu’il ait été qualifié de merveilleux dans sa conception mais voué à une installation ne dépassant pas les 8 mois, l’échafaudage de la tour à déjà dépassé deux années de persistance. Dans cette discussion, M. Le Corbeiller fait un appel à l’empressement des travaux via l’ajout de collaborateurs aux sculpteurs pour minimiser le temps des travaux et surtout minimiser la présence de l’échafaudage.79

Bien que cet assemblage semble être édifié de façon rigide pour se maintenir contre la force des intempéries Cet avis n’est pas partagé par l’auteur de l’article “Les échafaudages de Paris”80, celui-ci paraît dans un journal nommé La Petite République. Il s’agit d’un journal de grande information de 6 à 8 pages qui aborde des sujets politiques et littéraires. Il est dirigé par Dejean Maurice en 1908. Cette édition apparaît à la 33ème année de parution du journal dans lequel se trouve l’article “Les échafaudages de Paris” Dans l’article “La Tour St-Jacques est malade !”81 paru en 1907 dans le journal l’Aurore. Il s’agit d’un ancien journal quotidien paru de 1897 à 1906, il a été fondé par Ernest Vaughan qui a été le principal artisan de l’article “J’accuse…!” d’Émile Zola. L’Aurore qui est un journal Politique, Littéraire et Social avait pour projet de rendre les opinions libre d’exposition et donc soutenait donc la liberté d’expression. C’est donc dans

78. Il est même installé depuis 1906 comme échafaudage d’examen qui permet d’étudier les sculptures de la tour

79. Il s’agit d’un constat de l’ensemble des propos de Mr Formigé

80. cf. Annexe : “Les Échafaudages de Paris”, La Petite République, rue Réaumur, Paris Lundi 26 Octobre 1908, 33e année, N°11852

81. cf. Annexe : MARTIN-MAMY Eugène, “La Tour St-Jacques est malade !”, L’Aurore, Politique, Littéraire, Sociale, Paris et département, 10 janvier 1907, Dixième année, Numéro 3369

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le numéro du 10 Janvier 1907 que Eugène Martin-Mamy82 expose, par analogie avec l’auteur de l’article “Les échafaudages de Paris”, ses avis d’appréciation dans une discussion l’architecte en chef des travaux de la Ville. Alors qu’il cherche à comprendre et élucider le mystère à propos de ces échafaudages, il exprime un fort désarroi quant à eux, qu’il qualifie lui aussi d’inutiles tant qu’aucun ouvrier n’y loge. Lors d’une balade près de la tour, il discute avec un policier qui se trouve sur les lieux puis avec un homme installé dans le jardin du parc. Il leur pose réciproquement la question de la présence d’ouvriers sur le chantier qui mène à deux réponses équivalentes évoquant qu’il n’y a, d’une part, aucun ouvrier sur l’échafaudage et d’une autre part, qu’il semble même ne jamais y en avoir eu. De la sorte, “un échafaudage sans ouvriers” n’a donc aucun intérêt comme pour lui. Ce qui le mène à se diriger avec précipitation vers l’architecte des promenades en charge de la restauration de la Tour Saint-Jacques. Il s’agit comme nous l’avons vu de Monsieur Formigé, un homme décrit comme fort aimable qui a fait tout son possible pour faire évoluer les travaux83. Dans un article du journal La Petite République, il est notamment qualifié d’une “courtoisie imperturbable (...) qui chérit sa fonction (...) sa fonction c’est les échafaudages, il adore les échafaudages.”84 Dans cet article, M.Formigé développe une justification plus détaillée. De la même manière que le journaliste, le policier et l’homme du parc, M.Formigé se retrouve bloqué d’observer l’inactivité et l’immobilité du chantier qui ne fait déjà rapport d’aucuns moyens financiers en 1907.

82. Nous ne savons que peu à son sujet à part qu’il est critique littéraire et romancier au XIXe siècle. Notice Eugène Martin-Mamy, disponible en ligne (consulté le 22 Décembre 2022), DataBnF, URL : https://data.bnf.fr/fr/13011131/eugene_ martin-mamy/

83. Description de M. Formigé par E.Martin-Mamy, l’auteur de l’article “La Tour St-Jacques est malade !”, L’Aurore, Politique, Littéraire, Sociale, Paris et département, 10 janvier 1907, Dixième année, Numéro 3369

84. Description de M. Formigé par l’auteur de l’article “Les Échafaudages de Paris”, La petite république, rue Réaumur, Paris Lundi 26 Octobre 1908, 33e année, N°11852

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2.3 L’échafaudage éternel

Dès 1907, l’échafaudage est qualifié d’éternel dans un article85 qui fait l’objet d’une découpe des textes et d’une image qui ont été ré assemblés sur une même page pour reconstituer l’article, ainsi, je ne connais guère la provenance de celui-ci qui ne démontre aucun référencement se rapportant à un journal. Je ne peux qu’affirmer que l’auteur est René Bures qui est cité en bas de l’article, il s’agit du pseudonyme d’un homme de lettre nommé Marie, Louis, Joseph Latzarus qui, selon la notice qui lui est associée à la Bibliothèque nationale de France, semble aussi avoir écrit sous les noms de Gallus, Albert Savarus et Jean Fournier. Cet article dont il est l’auteur ne semble pas avoir fait l’objet de retranscription ou d’étude. Pourtant, rien que de part son titre “L’éternel échafaudage” on en comprend très vite la situation qui est le principal embarras de cette restauration. Dans cet article86 René Bures dénonce le caractère éternel de l’échafaudage, qui à pour but premier d’être provisoire, ce qui s’avère péjoratif en démontrant une persistance dans cette installation. L’auteur semble pourtant l’admirer au point de s’adresser au Préfet pour lui solliciter “une place de maçon” au sein de cette restauration, une manière pour lui de prouver son intérêt malgré sa méconnaissance du métier, il lui exprime qu’il a découvert “un échafaudage qui est en passe de devenir l’un des plus célèbre de tout Paris. Et pourtant !.. Mais je n’insiste pas. Ah ! le bel échafaudage, solide, sûr et élégant !” Pourtant un an en arrière, dans le journal Le Matin, c’est tout l’inverse d’une éloge de l’échafaudage qui est faite, pour eux il menace de tomber en ruine. Cet article ne paraît pas avoir fait l’objet d’archives, il est simplement pointé rapidement par René Bures dans cet article. En 1907, M. Formigé s’adresse à Eugène Martin-Mamy en lui disant “Vous voulez des ouvriers sur les échafaudages (…) Vous en aurez… quand on m’aura donné de l’argent.”87 puis ajoute que le chantier “reprendra

85. BURES René, “L’Éternel Échafaudage, sur les flancs de la Tour St-Jacques”, 1907

86. BURES René, “L’Éternel Échafaudage, sur les flancs de la Tour St-Jacques”, 1907

87. “Les Échafaudages de Paris”, La petite république, rue Réaumur, Paris Lundi 26 Octobre 1908, 33e année, N°11852

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quand j’aurai l’or. Il me faut de l’or”. Pourtant en 1908, un an plus tard, la conjecture s’avère inexécutée. Une fois de plus, la restauration de la tour et surtout la prolongation du chantier reste flou et sans activité. Elle semble sérieusement dépendre d’un manque de financement.

En 1908, l’article “Les échafaudages de Paris”88 questionne les échafaudages parisiens de deux manières : “Faut-il les abattre ?” ou “Faut-il les consolider ?”. Cet article rend compte d’une discussion entre la personne en charge des échafaudages à l’Hôtel de Ville soit M.Formigé et l’auteur de la publication qui n’est pas mentionné. M. Formigé est archéologue, architecte et urbaniste parisien, ses connaissances archéologiques lui permirent d’être nommé aux fonctions d’architecte des Monuments historiques89. Il exprime dans ce conflit que l’échafaudage n’a pas été érigé par solidité et que bien au contraire il cache le monument et n’est pas apprécié. Il qualifie les échafaudages de “puériles construction en bois” rendant les monuments “ridicules attifés90 de la sorte” en ajoutant qu’en plus de leur “laideur” ils n’ont aucune utilité. Ces propos s’appliquent à plusieurs monuments que sont L’église Saint-Eustache91, L’église Saint-Germain-L’auxerrois92 et enfin la tour Saint-Jacques. Après leur critique, il s’adresse à M.Formigé pour savoir quand seront-ils abattus, soutenant que nous ne voyons plus qu’eux depuis trop de temps alors qu’à “l’inté-

88. cf. Annexe : “Les Échafaudages de Paris”, La Petite République, rue Réaumur, Paris Lundi 26 Octobre 1908, 33e année, N°11852

89. JESSIN Juliette, “Formigé, un architecte méconnu”, L’actualité nouvelle-aquitaine, 22 janvier 2020, disponible en ligne (consulté le 05 Janvier 2023) URL : https://actualite.nouvelle-aquitaine.science/formige-un-architecte-meconnu/

90. Cela signifie qu’ils sont habillés/parés avec mauvais goût

91. L’église Saint-Eustache est une église gothique et renaissance située sur la rive droite de Notre-Dame dont l’édification s’étale du XVIIe au XIXe siècle : KOENING Auguste, Saint-Eustache : histoire et visite de l’église, Imprimerie des apprentis orphelins. Roussel, 1878, 140p.

92. Aussi nommée la paroisse des rois de France, l’église Saint-Germain-Lauxerrois à été construite près de l’emplacement actuel du palais du Louvre. La particularité de cette église est qu’elle fût à la fois une église collégiale et paroissiale. Elle fût l’objet de nombreuses restauration et embellissements demeurant célèbre pour son cloître et ses écoles : Notice Historique sur l’église Sant-Germain-L’auxerrois, Libraire-éditeur Chez Gauthier, Paris, 1841, 12p., Disponible en ligne (Consulté le 26 Décembre 2022), Bibliothèque nationale de France, URL : ark:/12148/bpt6k65427098

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rieur de cet étui93 à clairevoie, il y avait naguère94 quelque chose de très gentil”. J’imagine qu’il souhaite simplement voir réapparaître les monuments, ne portant plus qu’un regard d’ennui à l’égard des échafaudages. Très passif tout au long de la discussion, M.Formigé fini par exprimer la passion qu’il porte aux échafaudages qui, pour lui, “sont, dans le sens le plus haut, le plus pur, le plus triomphal du mot, des ouvrages d’art” en s’exaltant “vous entendez : des ouvrages d’art !”. Il ajoute “Non seulement nous n’aurons pas le vandalisme de les abattre, mais nous les consolidons. D’ici cinq ou six ans, si nos crédits nous le permettent”95 . De cette manière, il révèle un problème financier qui explique la lenteur que subit la progression des échafaudages et donc l’agitation ressentie par l’auteur.

Il est difficile de rendre compte des difficultés financières lié à l’échafaudage de la tour. En consultant un Bordereau des prix des salaires normaux et de la durée normale de la journée de travail conçue par la commission de révision du cahier des charges (bureau administratif d’architecture) qui recense l’ensemble des professions par catégorie (Terrasse, maçonnerie, serrurerie et charpente en fer, charpente en bois etc) ainsi que le prix à l’heure ou à la journée correspondant à une durée propre à chacun, nous observons qu’aucune des professions n’est dédié au montage d’un échafaudage. Une fois encore, l’échafaudage est peu considéré, son appartenance n’est pas claire, l’entrepreneur semble responsable de toutes les charges à l’égard de l’échafaudage sans avoir de droit sur son positionnement tout en le mettant à disposition de tous.

A travers la lecture d’un rapport de l’architecte des promenades en

93. Le fait d’employer le terme “étui” me paraît curieux car, à mon avis, un étui à pour but de contenir des objets de valeurs qui doivent être protégés ce qui est en partie le cas ici. Toutefois un étui est conçu avec soin pour envelopper l’objet qu’il contient, et a pour moi presque autant de valeur et d’appréciation que l’objet en lui-même.

94. Soit, il y a peu de temps, ce qui n’est pas valable pour la tour Saint-Jacques dont l’échafaudage à été conçue en 1906 soit deux années avant la parution de l’article. Deux années qui vont s’étendre encore, sans évolution ou déplacement de l’échafaudage.

95. cf. Annexe : “Les Échafaudages de Paris”, La Petite République, rue Réaumur, Paris Lundi 26 Octobre 1908, 33e année, N°11852

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date du 2 Mars 191196 destiné au directeur ainsi qu’aux entrepreneurs, il semble que M. Lemoine & M. Quelin qui sont caractérisés d’« adjudicataires des travaux de maçonnerie » soient ainsi en charge de l’exécution des travaux et donc de l’installation des échafaudages. Dans ce rapport Mr Lemoine et Mr Quelin sont priés de fournir un mémoire pour pouvoir soulever des fonds et ainsi déplacer l’échafaudage. En date de ce rapport, ils n’ont pas fourni le mémoire malgré de nombreuses relance depuis une première demande fin janvier 1911. Ils sont menacés de mise en demeure si celui-ci n’est pas déposé avant le 10 mars 1911 soit 8 jours après cette lettre.

“Les travaux de restauration de l’angle S.O. sont terminés. L’échafaudage serait à déplacer de l’angle S.O. et à reporter sur l’angle N-O. Mais le montant de la soumission souscrite par Mr Sainte-Beuve Entrepreneur de Charpente étant dépassé, nous avons par rapport du 21 Février, proposé un projet de nouvelle soumission s’élevant à 2.400 francs pour être soumis au Service du Contrôle, dont nous attendons la réponse. Pour les travaux de maçonnerie, nous avons besoin d’avoir, avant la dépose de l’échafaudage, le mémoire des travaux exécutés pour en opérer la vérification sur place. (…)” Rapport de l’architecte des promenades, 2 Mars 1911

Nous comprenons bien que la qualification d’éternel provient de nombreuses causes qui sont liées entre elles à savoir la présence d’un unique sculpteur dont dépend la reconstitution des sculptures abîmées. Lui -même, installé en hauteur est freiné par les intempéries qui sont à l’origine même de la dégradation de la tour. Un manque de financement de la ville impose son statut solitaire et ne permet en rien aux échafaudages d’évoluer, de se déplacer ou même d’être retirés. Pour finir, le chantier n’est pas le seul à manquer son avancement, les entrepreneurs en charge de l’échafaudage manquent eux aussi de réactivité, ils font l’objet de nombreuses relance qui n’aboutissent qu’en 1912 pour initier le désossement de l’échafaudage97 .

96. cf. Rapport de l’architecte des promenades, 2 Mars 1911

97. cf. Annexe 8 : Rapport de l’architecte des promenades, en date du 18 Novembre 1912

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C’est finalement en 1913 que Mr Formigé fait rapport98 de l’enlèvement tant attendu par les entrepreneurs, libérant le square de cet encombrement pour laisser place au nouveau monument.

CONCLUSION

A travers le cas d’étude de la restauration de la tour Saint-Jacques nous avons pu retranscrire le fonctionnement d’un échafaudage en bois au XIXe et au XXe siècle. La construction d’un échafaudage peut être dispendieuse et est surtout révélatrice d’un savoir faire très détaillé pouvant être comparé à celui qui est indispensable à l’édification d’un monument. L’échafaudage en bois est une œuvre de charpente à part entière. Son étude technique s’est aujourd’hui appuyé sur un cas de restauration, comme nous l’avons observé l’échafaudage diffère selon l’usage. Ce travail de mémoire ne pouvant être éternel, il n’a pas été possible de développer un intérêt pour le cas d’un échafaudage en situation d’édification d’un monument comme le cas de la construction de l’opéra, pour lequel Louis Émile Durandelle à produit une série de clichés conséquente. Cette nouvelle approche serait très pertinente et permettrait d’effectuer un comparatif. Elle à constitué le souhait originel de ce travail et aurait permis de traiter les deux grandes familles d’échafaudages dans leur ensemble, en abordant d’une part ceux qui s’appuie sur l’existant, comme évoqué avec la tour Saint-Jacques et d’une autre part en intégrant les échafaudages qui se construisent en toute autonomie à mesure que le chantier évolue.

98. cf. Annexe 9 : Rapport de l’architecte des promenades, en date du 07 Mars 1913

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REMERCIEMENTS

En premier lieu, je remercie Mme ROLLENHAGEN TILLY Linnea, docteur en histoire de l’art et Mme GALLO Emmanuelle Architecte DPLG et docteur en histoire de l’art. En tant que directrices de mémoire, elles m’ont guidé dans mon travail et m’ont donné de précieux conseils. Je les remercie également pour le temps qu’elles ont su m’accorder.

Je tiens à me remercier Mme BASSIÈRES Laurence, enseignante à l’ENSAPLV au sein du séminaire Histoire et pratiques des transformations du cadre bâti pour les connaissances qu’elle à su me transmettre et la qualité des interventions.

Je tiens à saisir cette occasion pour pouvoir remercier l’équipe pédagogique de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris La Villette pour leur contribution notamment administrative.

Je désire aussi remercier Mme TIZON et Mr Ronan BOUTTIER, tous deux archiviste aux Archives de Paris, qui m’ont fournis des outils considérables ainsi qu’une expertise de qualité pour préciser mon sujet de recherche.

J’aimerais gratifier le corps étudiant de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris La Villette et les remercier pour leurs conseils avisés ainsi que du soutien et du temps qui m’a été accordé pour répondre à mes questions.

Je voudrais exprimer ma reconnaissance envers mes amis et collègues qui m’ont apporté leur soutien moral et intellectuel du début à la fin. Je tiens notamment a remercier mes responsables pour leur compréhension et leur empathie en dernière ligne de cette démarche.

Je remercie plus particulièrement ma camarade de séminaire et amie, SOUSA Filipa, pour le temps qu’elle m’a accordé et son soutien moral et émotionnel. Je tiens notamment à la remercier pour ses conseils et le temps passé pour la relecture.

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GLOSSAIRE

1841 : TOUSSAINT Claude-Jacques, RORET Nicolas-Edme, Nouveau manuel complet du maçon-plâtrier, du carreleur et du paveur, Ed. Librairie encyclopédique de Roret, Paris, 1841, 1 vol., 260 p.

1844 : PERNOT Louis-Théodore, Dictionnaire du constructeur ou vademecum des Architectes, Propriétaires, Entrepreneurs de maçonnerie, charpente, serrurerie, couverture, etc., Ed. Librairie scientifique-industrielle L. Mathias (Augustin), université de Chicago, 1844, 3ème édition (370 p.)

1867 : LAROUSSE Pierre, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle : français, historique, géographique, mythologique, bibliographique...., Bibliothèque nationale de France, Paris, 1867, 17 vol., Tome 2 B (1467 p.), consulté en ligne le 16 Novembre 2022, URL : ark:/12148/bpt6k397898

1870 : LAROUSSE Pierre, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle : français, historique, géographique, mythologique, bibliographique...., Bibliothèque nationale de France, Paris, 1870, Tome 7 E (17 vol.), 1241 p., consulté en ligne le 16 Novembre 2022, URL : ark:/12148/bpt6k205359t

1878 : CHABAT Pierre, « Complément », Dictionnaire des termes employés dans la construction, Ed. V.A.Morel, 1878, 652 p.

1898 : MIGNARD, RAILLARD, « Traité complet des connaissances théoriques et pratiques relatives aux constructions », Guide des constructeurs, Ed. E.LEVY, Paris, 1898, Tome 1, 6ème édition, 602 p.

1931 : AUGE Paul, Larousse du XXe siècle en six volumes, Ed. Librairie Larousse, Paris, 1931 (1928-1933), Tome 3 (6 vol), 1216 p.

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Aisselier (1870) : « s. m. (ë-se-li-o rad. ais). Constr. Nom que les charpentiers donnent à une pièce de bois destinée à former la charpente d’une voûte. »

Baliveaux (1844) : « Grandes perches debout (...) qui liées et entées les unes sur les autres, servent à échafauder plusieurs étages (...) »

Baliveau (1867) : « Constr. Grande perche servant à établir un échafaudage. »

Boulins (1844) : « Pièces de bois qu’on scelle dans les murs ou qu’on serre dans les baies avec des étrésillons pour échafauder. »

Boulin (1867) : « Constr. Trou laissé dans un mur par un support d’échafaudage. II Par ext. Les pièces de bois qui soutiennent les pièces d’échafaudage. »

Boulins (1878) : Pas de définition

Boulins (1898) : « On désigne sous ce nom des morceaux de bois rond, aune ou chêne (...) qu’on emploie pour former les traverses horizontales des échafauds. Les boulins en chêne doivent être préférés parce qu’ils sont résistants »

Croix de Saint-André (1869) : « Fortif. La croix de Saint-André est un assemblage de trois ou quatre pièces de bois de 2m. de longueur, de 0m.15, 0m.20 ou même 0m.25 d’équarrissage, taillées en pointe à chaque bout. Cet assemblage est ainsi nommé parce que les pièces sont réunies deux à deux suivant le genre de combinaison appelé de ce même nom par les charpentiers.1 »

Dosse (1870) : «s. f. (do-se – rad. dos). Chacune des planches épaisses qu’on dispose par étages sur un échafaudage, pour servir de plancher.”

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Échafauder (1844) : « Préparation que l’on met sur les vieux plafonds avant de les passer au blanc ; cette préparation consiste à donner aux plafonds plusieurs couches de chaux éteinte et claire. Ce procédé est peu en usage ; aujourd’hui on se contente de l’employer pour les cuisines. Dans les vieux plafonds d’appartement on passe une couche d’huile. Lorsqu’il n’y a que quelques places rousses, on pose le vernis de l’espritde-vin. (Peint.) »

Échasses (1844) : « - D’échafaud : Grandes perches debout, nommées aussi baliveaux, qui, liées et entées les unes sur les autres, servent à échafauder à plusieurs étages, pour ériger les murs, faire les ravalements et les regrattements. (Maçonn.) »

Échasses (1870) : « Constr. Échasse d’échafaud, Perches superposées servant à la construction des échafauds pour les bâtiments. »

Échasses (1878) : Pas de définition

Échasses ou écoperches (1898) : « Ce sont des pièces de bois de brin, aune ou sapin, assez légères pour être manœuvrées facilement ; elles ont de 5à 10 mètres de long et de 0m15 à 0m25 de diamètre au pied ; le diamètre utilisé ne doit jamais avoir moins de 0m07 à 0m08; les échasses se dressent verticalement et servent à supporter les autres pièces des échafauds. »

Échasses (1931) : « Techn. Échasses d’échafaud. Longues perches que les maçons placent verticalement et qui soutiennent les boulins d’un échafaudage. »

Échelle (1870) : « Revenons à la construction de l’échelle simple. Nous avons dit qu’elle est formée de deux montants ou perches à section ronde ou parallélogrammique, percées dans toute leur longueur et à des distances égales d’environ 3 décimètres, d’un égal nombre de trous, circulaires si les échelons sont cylindriques, rectangulaires s’ils sont parallélogrammique placés sur les deux perches à la même hauteur. (...)Cette

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sorte d’échelle est employée dans une infinité d’arts industriels, parce qu’elle est commode légère, et cependant assez forte pour supporter un homme sans se rompre »

Échelle (1878) : « Les peines sont portées en l’art. 471, n°7, du Code pénal, s’ils laissent, pendant la nuit, une échelle sur la voie publique, lors même que cette échelle serait indispensable aux travaux en cours d’exécution. »

Échelle (1898) : « On les construit avec des dimensions très diverses ; pour les plus grandes, les montants sont en bois de brin et on les maintient à l’écartement convenable à l’aide de boulons en fer ; les échelons en bois de charme ou d’aune sont espacés de 0^28. Pour faciliter le montage, on doit donner à une échelle une inclinaison égale au quart de sa longueur. Lorsque les échelles sont longues et ont à supporter de fortes charges, on peut les étançonner en leur milieu à l’aide d’écoperches formant arcs-boutants. »

Écoperche (1844) : Pas de définition

Écoperche (1931) : « [pèrch’] n. f. (de écot, et de perche). Grande perche verticale, supportant un échafaudage || Pièce de bois dressée, portant une poulie en tête, pour élever des fardeaux. »

Enture (1844) : « Jonction de deux pièces de bois en ligne droite ou bout à bout. »

Enture (1870) : « Techn. Nom donné à des chevilles qui traversent une pièce de bois et qui sont disposées de façon à former une échelle. »

Enture (1898) : « on complète la hauteur au moyen d’une enture. Cette enture se fait d’une manière très élémentaire. Les deux échasses sont placées bout à bout verticalement en se croisant sur une bonne longueur, et on les relie avec une corde faisant un grand nombre de spires ; la solidité de la liaison est simplement assurée par la précaution de saisir les

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deux extrémités de cette corde plusieurs fois entre les bois et les spires extrêmes. »

Enture (1898) : « Les entures, qu’on appelle aussi épissures, ont pour objet de lier l’un à l’autre deux bouts de corde, ou d’en faire une corde sans fin, avec ou sans nœud saillant ; ce dernier deviendrait un obstacle si ce cordage devait s’enrouler autour de la gorge d’une poulie. - Il y a trois sortes d’épissures : 1° l’épissure longue ; 2° l’épissure carrée ; 3° celle à double cul-de-porc.»

Étai (1870) : « Encycl. Les étais sont des pièces de bois droites et rigides, dont on se sert pour soutenir provisoirement un terrain ou une construction qui menace ruine. Les étayements comprennent : l‘étayement proprement dit, l’étrésillonnement, le chevalement et le cintrage des voûtes. Pour étayer un édifice, il faut à un architecte une grande connaissance des efforts qui tendent à le renverser et de leur direction (...) Le sapin, à cause de la facilité avec laquelle on le trouve droit sur une très-grande longueur, est le meilleur bois pour faire des étais ; le chêne, au contraire, en raison de sa très-grande résistance à l’écrasement, est préférable pour les plateformes, les cales et les chapeaux. Le peuplier, que l’on emploie dans quelques parties de la France, est un bois beaucoup trop flexible, qui se courbe et se tourmente en tout sens la charge, malgré les moises nombreuses qui relient les étais. Lorsque des étais sont doublés et même triplés, il est non- seulement nécessaire de les moiser et de les établir dans un même plan perpendiculaire au mur, mais il faut encore les relier de manière à former des triangles indéformables. (...) » « Fig. Soutien, moyen de consolidation »

Étrésillon (2021) : « Pièce de bois ou d’acier placée transversalement dans une tranchée pour s’opposer à l’éboulement des terres ; ou entre des murs pour les étayer ; ou en travers d’une baie pour en maintenir les tableaux. »

Étrésillons (1844) : « Bouts de bois que l’on place entre les solives ; l’on fait des entailles pour recevoir le bout de ses étrésillons, et les arrêter

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de manière que le bois venant à diminuer, ils ne tombent point, c’est à dire qu’il faut les faire entrer comme dans une rainure, et les y enfoncer à grands coups de maillet de fer, (Charp.) »

Étrésillons (1870) : « Techn. Pièces de bois placées transversalement dans les fondations d’un bâtiment ou dans les galeries d’une mine, pour s’opposer à l’éboulement des terres ou pour étayer des murs peu solides. II Morceau de bois qu’on fait entrer de force entre les solives d’un plancher, afin de les consolider. »

Étrésillons (1878) : « p.347 (pdf p.358)

Filière (1844) : « Pièces longitudinales sevrant à relier tous les boulins d’un même étage. »

Madrier (1873) : « Techn. Forte planche, le plus souvent en bois de chêne, qu’on emploie comme étagère de maçon ou à divers autres usages. »

Moise (1844) : « Pièce de bois qui sert à lier d’autres pièces et à leur donner plus de solidité. (Charp.)»

Moise (1874) : « Constr. Nom donné à des pièces de bois plates assemblées sur d’autres pièces pour les maintenir ou les décharger. »

« Encycl. Les moises sont fréquemment employées dans les constructions en charpente, telles que celles des fondations, des pans de bois principalement des échafaudages fixes ou mobiles. Les moises sont entaillés pour envelopper les pièces moisées, et celles-ci le sont aussi quelquefois pour empêcher le glissement. Les moises sont ordinairement retenus par es boulons à vis ou à écrou, et lorsqu’elles sont doubles, on laisse entre elles un petit jour, afin que, à l’aide des boulons, on puisse serrer à volonté les assemblages. Les moises ont pour but, soit de maintenir l’écartement de plusieurs pièces verticales, soit de servi de contreventement à un ensemble résistant ; dans le premier cas, elles n’ont généralement que peu de charge à supporter, aussi leur donne-t-on des dimensions très-réduites, celles seulement nécessaires à leur résistance propre ; dans le

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second cas, elles sont soumises tantôt à des efforts de traction, tantôt à des efforts de compression, qui nécessitent, vu la grande longueur qu’on leur donne, l’emploi de pièces de bois d’un fort équarrissage. »

Planche (1898) : « Les planches employées pour construire les échafauds ont ordinairement 4 mètres de longueur ;0m30 à 0m35 de largeur, et 0m04 à 0m05 d’épaisseur ; on les empêche de fendre en clouant en trois points de leur longueur des bandelettes de fer feuillard. »

Scellement (1875) : « Action de sceller, de fixer dans un trou en y coulant une matière qui s’y durcit (...) Encycl. Pour opérer un scellement, on creuse dans la pierre ou dans le mur une cavité d’une certaine profondeur et plus large que la section de la pierre à sceller ; puis, après y avoir logé la pièce, on emplit les intervalles libres au moyen de substances pouvant liquéfier et acquérir ensuite une consistance plus ou moins dure. » « Le bois n’est jamais scellé qu’au plâtre et au ciment. Le plomb ne sert qu’à sceller les pièces qui doivent être soumises à des chocs, parce que le soufre, le plâtre et le ciment s’écrasent et se pulvérisent par la percussion. »

Scellement (1898) : « On appelle scellement tout ce qui a pour objet de lier à la maçonnerie un corps étranger, soit avec du plâtre, du mortier ou du plomb. »

Traverse (1844) : «Toute pièce de bois dont la situation doit être horizontale. (Menuis.)»

Traverse (1876) : «s. f. (tra-vèr-se - rad. travers) Pièce de bois qu’on met en travers dans certains ouvrages de menuiserie et de charpente, pour les assembler ou pour les affermir (...) Les traverses peuvent différer soit par leur forme, soit par leurs dimensions, soit par le bois dont elles sont faites. On leur donne une section rectangulaire, demi-circulaire ou mixte.»

Tréteau (1844) : « Espèce de chevalet qui sert aux scieurs de long pour débiter ou refendre les bois en longueur. (Charp.)»

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Trou (1844) : Ouverture que l’on fait, soit dans un mur en pierre à la masse, ou bien dans un mur en moellon ou plâtras avec la hachette. (Maçonn.)»

Troussière (1876) : « Constr. Corde avec laquelle on unit deux pièces d’un échafaud. »

Troussières (1898) : « Les cordages à main ou troussières sont des cordes de 0m010 à 0m15 de diamètre et de 2 à 5 mètres de longueur qu’on emploie pour relier entre elles les diverses pièces des échafauds. »

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Bibliographie

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BAUD Anne, BERNARDI Philippe, HARTMANN-VIRNICH Andreas, HUSSON Éric, LE BARRIER Christian, L’échafaudage dans le chantier médiéval, Ed. Service régional de l’archéologie diff. Association lyonnaise pour la promotion de l’archéologie en Rhône-Alpes, ALPARA, Lyon, 1996, 142 p.

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PERNOT Louis-Théodore, Dictionnaire du constructeur ou Vademecum des Architectes, Propriétaires, Entrepreneurs de maçonnerie, charpente, serrurerie, couverture, etc., Ed. Librairie scientifique-industrielle L. Mathias (Augustin), Université de Chicago, 1844, 3ème édition, 370 p.

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TOUSSAINT Claude-Jacques, RORET Nicolas-Edme, Nouveau manuel complet du maçon-plâtrier, du carreleur et du paveur, Ed. Librairie encyclopédique de Roret, Paris, 1841, 1 vol., 260 p.

VIOLLET-LE-DUC Eugène, Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, Ed. B.Bance et A.Morel, Paris, 1854-1868, vol 8

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YRIARTE, Charles (1833-1898). Directeur de publication, Le Monde illustré, [s.n.] (Paris), 02 août 1862, 6e année, n°277

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ANNEXES

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Annexes

▪ Annexe 1 : BURES René, “L’Éternel Échafaudage, sur les flancs de la Tour St-Jacques”, 1907

▪ Annexe 2 : MAMY Martin, “La Tour St-Jacques est malade !”, L’Aurore, Politique, Littéraire, Sociale, Paris et département, 10 janvier 1907, Dixième année, Numéro 3369

▪ Annexe 3 : “Les Échafaudages de Paris”, La petite république, rue Réaumur, Paris Lundi 26 Octobre 1908, 33e année, N°11852

▪ Annexe 4 : Rapport de l’architecte des promenades, 2 Mars 1911 (Destinataires : M. Le directeur et l’entrepreneur M. Lemoine et M. Quelin)

▪ Annexe 5 : Lettre de l’architecte des promenades en date du 3 Avril 1911

Annexe 6 : Le Moniteur Général, Samedi 8 Avril 1911, 36e année, N°20

▪ Annexe 7 : “L’échafaudage éternel”, Le Matin, samedi 15 Avril 1911, 28e année, N°9909

▪ Annexe 8 : Rapport de l’architecte des promenades, en date du 18 Novembre 1912

Annexe 9 : Rapport de l’architecte des promenades, en date du 07 Mars 1913

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L’ÉTERNEL

ÉCHAFAUDAGE

SUR LES FLANCS DE LA TOUR ST-JACQUES

Monsieur le préfet de la Seine, j’ai l’honneur de vous demander un petit emploi. J’y ai tous les droits, ainsi que vous en conviendrez lorsque vous aurez lu cette lettre. Je suis en effet paresseux, enclin aux rêves inutiles, et insoucieux de mes devoirs. Bien mieux, mes parents ont pris soin de me donner une éducation qui m’interdise à jamais tout travail manuel. En conséquence c’est une place de maçon que je viens solliciter de votre bienveillance.

J’avais rêvé, monsieur, dans ma jeunesse, de succéder au maçon de l’Opéra-Comique. Mais cet imbécile a mal tourné, il lui a pris un beau jour la fantaisie de travailler. On l’a vu, après de longues années consacrées au culte des belles-lettres et aux doux soucis de l’amitié, manier la truelle et gâcher le mortier. Il paraît que son médecin lui aurait recommandé de faire de l’exercice. La peste soit des morticoles ! A cause d’un soupçon de ventre qu’il avait, ils ont brisé sa carrière. Mais je m’égare… Figurez-vous donc, monsieur le préfet, que j’ai découvert un échafaudage qui est en passe de devenir l’un des plus célèbres de tout Paris. Et pourtant !.. Mais je n’insiste pas. Ah ! le bel échafaudage, solide, sûr et élégant ! On l’a dressé voici bien longtemps sur les flancs gothiques de la tour Saint-Jacques. Il y a un an déjà, le Matin signala avec une grande méchanceté que cet échafaudage menaçait de tomber en ruines. Pure ironie, monsieur, de folliculaires toujours prêts à faire de l’esprit ! Mon échafaudage était d’une résistance à toute épreuve, et l’événement l’a bien montré.

Pourtant, ce n’est qu’un échafaudage provisoire. Tel que vous le voyez, il n’a été construit que pour permettre à votre architecte, M. Formigé, de visiter les gargouilles les statues de la tour. En effet, des pierres, à tout instant, se détachaient du monument, et plusieurs enfants innocents pensèrent être écrasés, alors qu’ils faisaient des pâtés de sable dans le square. La tour jouait au diabolo. C’était intolérable.

Aussi, avec un louable empressement, vous aviez chargé votre architecte de surveiller les ébats de la vieille drôlesse. Je ne suis pas absolument sûr qu’il monta jamais sur les planches coûteuses qu’il avait fait établir. Mais le fait est qu’elles sont toujours là, et que je les aime, et que je viens vous supplier de me permettre, à moi, d’y monter. Soyez tranquille ! Je ne travaillerai jamais. Je ne veux pas faire du zèle. Je ne veux pas gâter le métier. Mais quelles rêveries merveilleuses seront les miennes, en haut de ma tour, dominant Paris et sa banlieue, voyant de loin se former les orages et accourir les aquilons ! Le matin, je prendrai l’apéritif avec M. Jaubert, le météorologiste qui habite au sommet du monument, et que votre échafaudage doit bien ennuyer. Puis, après un petit somme, je fumerai des pipes, interminablement. Et je lirai de bons auteurs. Raillant également le soleil et la pluie, car vous avez eu soin de plafonner les divers étages de cette construction durable, je mènerai là-haut la plus aimable existence du monde. Et lorsque je vous verrai sortir de votre avenue Victoria, le front plissé d’avoir choisi la meilleure part, et vous remercierai dans mon cœur de la haute bienveillance que vous aurez su me témoigner.

J’aurai tout dit, monsieur le préfet, quand j’aurai ajouté que je suis un bon républicain, estimé dans son quartier. Soyez sûr que vous n’aurez jamais à servir contre moi. Je prends l’engagement formel de ne jamais me syndiquer, afin de ne pas me trouver dans l’obligation de me mettre en grève. Je hais la grève, monsieur le préfet. Je hais le chômage ! Et c’est dans ces sentiments que j’ai l’honneur d’être, monsieur le préfet, votre humble et très dévoué serviteur.

Ce cliché a été pris il y a un an. Celui que nous avons pris hier est identique. Rien n’a été changé dans l’échafaudage.

Journal Inconnu Annexe 1 1907
Il y était l’an dernier Il y est cette année-ci Il y sera l’an prochain
René Bures

St-Jacques est malade !

Que tu es vieille, tour Saint-Jacques !

On la soigne - On voit bien l’échafaudage, mais les ouvriers sont invisibles. Un mystère - M. Formigé, architecte en chef des travaux de la Ville, explique le mystère - M. Formigé demande de l’argent - La Tour a la maladie de la pierreLes remèdes coûtent cher ! II faut de l’argent !

La tour Saint-Jacques, cet admirable spécimen de ľarchitecture du seizième siècle, ce fouillis de colonnettes, de clochetons, de niches, de frontons qui s’élève en un jet élégant à 55 mètres au-dessus du sol, date on le sait de l’an 1522.

Et ça ne la rajeunit pas ! Mais le monument et les statues ont ceci de commun avec les femmes que plus ils vieillissent et plus ils imposent le respect.

Si l’on est plein de sollicitude envers les personnes qui perdent leurs dents, on témoigne mille soins pieux aux tours qui perdent leurs pierres.

Ainsi pensè-je, hier, en considérant les échafaudages audacieux dont on a habillé la tour Saint-Jacques.

Cependant, à force d’être attentif, ma méditation se compliqua et je me demandai avec angoisse :

- Où sont les ouvriers ?

Je m’assis sur un banc et j’attendis, mais les madriers restèrent déserts. Aucun peuple ne s’agita sur leurs surfaces ; aucune jambe alerte ne gravit les degrés des élégantes échelles et je continuai à rechercher l’utilité d’un échafaudage… d’un échafaudage sans ouvriers.

Un honorable flic (pour employer le langage gouvernemental) passa.

- Monsieur l’agent, dis-je, savez-vous ce que sont devenus les ouvriers qui travaillaient sur ces échafaudages ?

L’agent porta la main à son képi et me répondit d’une voix triste.

- Il n’y a jamais eu d’ouvriers sur ces échafaudages..

Et il reprit sa vigilante promenade.

Un peu étonné, j’avisai, sur un banc, un homme qui paraissait très attentif, les yeux tournés vers la tour, il la regardait fixement.

Je m’assis près de lui, la conversation s’engagea, et il m’avoua qu’il venait là chaque jour faire sa sieste.

Naturellement, je ľ’interrogeai.

- Monsieur, dis-je, savez-vous ce que sont devenus les ouvriers qui travaillaient sur ces échafaudages ?

- Je viens tous les jours sur ce banc, me dit cet homme avec une tristesse infinie. Je n’ai jamais vu d’ouvriers…

Alors, n’y tenant plus, je courus jusqu’à ľadministration qu’on appelle “le service de l’architecture des promenades” , je bousculai l’huissier, j’ouvrai la porte de l’architecte en chef et criai dès le seuil.

- Je viens pour la tour SaintJacques !

M. Formigé élucide le mystère Mais ma colère tomba vite.

Je défie une colère humaine, la plus violente soit-elle, de tenir une seconde devant l’amabilité de M. Formigé.

Il y a des gens qui sont nés pour être avares, d’autres pour être des assassins, M. Formigé est né pour être aimable : il a la vocation de l’amabilité comme François Coppée à celle de l’épicerie.

- Vous voulez des ouvriers sur les échafaudages, me dit M. Formigé. Vous en aurez.. quand on m’aura donné de l’argent.

J’ai fait tout mon devoir, mais mon rôle est terminé pour l’instant. Il reprendra quand j’aurai de l’or. Il me faut de l’or.

Et M. Formigé remontant dans le passé me fit en ces termes l’historique de la question.

- Depuis quelque temps déjà, la tour Saint-Jacques se livrait à des manifestations intempestives. Des débris de pierre tombant du sommet guillotinaient au passage les élégantes gargouilles ou les bras d’une statue et les paisibles bonnes d’enfants, les fillettes qui jouaient au cerceau ou les garçonnets qui jouaient à saut de mouton étaient constamment sous la menace, non pas d’une épée suspendue sur leurs têtes, mais bien d’un moellon en veine de promenade. Pour parer au plus pressé, nous avons fait établir un gazon de façon à éloigner les passants.

Qu’auriez-vous dit, vous autres journalistes, s’il y avait eu mort d’homme ? La peur du journaliste est le commencement de la sagesse !

Nous avons donc pris des précautions et vraiment s’il arrivait un accident, c’est que le public n’aurait pas de chance !

Ceci fait, il a fallu se rendre compte aussi exactement que possible de l’importance des réparations à effectuer.

A cet effet, j’ai fait élever un échafaudage. Je l’ai fait élever seulement sur deux faces à cause des journalistes ! Qu’auriez-vous écrit si j’avais caché complètement la tour Saint-Jacques. La crainte du journaliste…

Ensuite, il a fallu examiner les deux façades pierre par pierre.

Ce fut long et délicat, Nous avons dressé des dessins pointés et d’après ces dessins nous reconstituerons les morceaux absents. Quant aux deux façades, il a été procédé par évaluations.

Ainsi, j’ai pu composer un devis que j’ai remis au Conseil municipal, il y a trois semaines environ. Ce qui complique la situation, c’est qu’il faut que le devis soit adopté, non seulement par le Conseil, mais aussi par la commission des monuments historiques.

Vous le voyez, ma tâche pour l’instant est très simple. Je suis dans la situation du monsieur qui attend le chèque béni que doit lui envoyer un parent riche !

La maladie de la pierre

J’ai demandé à l’aimable et savant M. Formigé :

- Quel est le mal dont se plaint la tour Saint-Jacques ?

- La tour a la maladie de la pierre. Je veux dire que les moellons se désagrègent, non pas par suite de leur age avancé car l’intérieur de la pierre est très sain, mais par une sorte d’intoxication.

Ayant remarqué que les monuments s’usent beaucoup plus vite depuis une vingtaine d’années, nous avons été amenés à rechercher la cause de celte usure et nous croyons l’avoir trouvé dans le phénomène suivant :

Autrefois, les ménagères se servaient dans leurs fourneaux de charbon de bois. Au contraire, elles usent maintenant du charbon de terre.

Ajoutez à cette fumée répandue dans l’atmosphère, la fumée produite par les cuisines des restaurants, etc. Toutes ces fumées en suspens dans l’air produisent de l’acide sulfureux qui se dépose sur les moellons et les pierres des monuments.

Il pleut. L’eau et l’acide sulfureux font de l’acide sulfurique qui agit et ronge la pierre peu à peu.

Quand un moellon, par malheur, a une veine terreuse, il se casse.

Je crois cette cause exacte, car j’ai observé que ce phénomène était plus intense dans le voisinage des gares.

Et voilà…

- En somme, je puis dire aux lecteurs de l’ Aurore…

M. Formigé m’interrompit :

- Dites aux lecteurs de l’Aurore que j’attends l’argent…

Je saluai M. Formigé et cinq minutes après je passai devant la tour Saint-Jacques. Mais je la regardai d’un air méprisant. En perdant son mystère elle avait perdu son charme.

Et je me ‘surpris, fredonnant les vers de Paul Verlaine : Va-t-en faire un tour Autour De la tour Saint-Jacques ! Martin-Mamy.

L’Aurore, Politique,
10
Dixième année, N° 3369
Littéraire, Sociale
janvier 1907,
La Tour
Annexe 2

Les Échafaudages de Paris

L’ÉGLISE SAINT-EUSTACHE

Le monsieur qui s’occupe des échafaudages à l’Hôtel de Ville est un homme d’une courtoisie imperturbable ; c’est aussi le modèle des fonctionnaires, en ce sens qu’il chérit sa fonction d’une tendresse exclusive ; comme sa fonction c’est les échafaudage, il adore les échafaudages.

Aussi tombions-nous assez mal lorsque nous fûmes lui demander, non sans amertume :

- Une fois pour toutes, monsieur, ne croyez-vous pas que la plaisanterie ait assez duré ? Nos monuments sont ridicules. Nos monuments sont ridicules, attifés de la sorte ; les puériles constructions de bois, dont vous prenez plaisir à gainer la tour Saint-Jacques, Saint-Germain-l’Auxerrois, Saint-Eustache, etc., ne sont pas seulement d’une odieuse laideur ; je vous défie de leur trouver la moindre utilité. Quand comptez-vous les décortiquer?

- Monsieur, fit-il avec une paternelle condescendance, monsieur, permettez-moi de vous . poser une question : Avez-vous jamais regardé l’échafaudage de la tour Saint-Jacques?

- Si je l’ai regardé ! Mais je n’ai jamais regardé que lui ; c’est justement pour ça que j’ai envie maintenant de voir autre chose ! On m’a dit qu’à l’intérieur de cet étui à clairevoie, il y avait naguère quelque chose de très gentil : une tour en pierre vénérable, avec des gargouilles, des balustres, des... La tour Saint-Jacques enfin, qu’en qualité de contribuable j’aurais le droit de connaître, comme la connut mon grand-père, avant l’invention des échafaudages !

- Votre grand-père, monsieur, cela nous ramène à l’âge de pierre ; nous sommes, Dieu merci, à l’âge de bois ; c’est ce qu’on appelle le progrès. Mais, dites-moi, avezvous quelquefois regardé l’échafaudage de Saint-Eustache?

- Mais je le connais par cœur, y compris le nom de celui qui l’a fait : echafaudavit Untel. Nous en sommes là : on ne rougit plus de tisser devant les jolies choses de jadis des toiles d’araignée en bois, on signe son forfait; j’attends pour un de ces jours le

La Petite République Lundi 26 Octobre 1908, 33e année, N°11852 LA TOUR SAINT-JACQUES L’ÉGLISE SAINT-GERMAIN-L’AUXERROIS
FAUT-IL LES ABATTRE ?
FAUT-IL LES CONSOLIDER? Le Public le demande toujours en vain. L’Administration en arrivera là bientôt. Annexe 3

Les Échafaudages de Paris

Salon de l’échafaudage et dans dix ans sa rétrospective.

- Et Saint-Germain-l’Auxerrois ? L’avezvous vu quelquefois ?...

- Dix fois, cent fois, mille fois trop ; nous en avons la nausée, à la fin, de cette cuvette en planches où vous prétendez que l’église crache des pierres que les passants, faute de cela, recevraient sur la tête.

- Eh bien, monsieur, les échafaudages de la tour Saint-Jacques, de Saint-Germain-L’Auxerrois et de Saint-Eustache sont, dans le sens le plus haut, le plus pur, le plus triomphal du mot, des ouvrages d’art ; vous entendez : des ouvrages d’art ! Non seulement nous n’aurons pas le vandalisme de les abattre, mais nous les consolidons. D’ici cinq ou six ans, si nos crédits nous le permettent, la consolidation sera définitive ; ces trois petites merveilles ne demanderont plus qu’un entretien régulier.

« Nous avions bien pensé à construire autour des trois échafaudages une autre église Saint-Eustache, une autre Saint-Germain, une autre tour Saint-Jacques, destinées à protéger ces petits joyaux d’échafaudages contre l’injure des siècles ; mais il eût fallu, pour être logique, reprotéger ces édifices protecteurs au moyen de nouveaux échafaudages. Noble rêve, certes, mais un peu géant : il faut savoir concilier le sens pratique avec l’amour du beau.”

La Petite République Lundi 26 Octobre 1908, 33e année, N°11852
Annexe 3

Le soussigné a l’honneur de faire connaître à Monsieur le Directeur l’état de situation des travaux de restauration de la Tour Saint Jacques.

Les travaux de restauration de l’angle S.O. sont terminés. L’échafaudage serait à déplacer de l’angle S.O. et à reporter sur l’angle N.-O.

Mais le montant de la soumission souscrite par Mr Sainte-Beuve Entrepreneur de charpente étant dépassé, nous avons par rapport du 21 Février, proposé un projet de nouvelle soumission s’élevant à 2.400f.00 pour ^^être soumis au Service de Contrôle, dont nous attendons la réponse.

Pour les travaux de maçonnerie, nous avons besoin d’avoir, avant la dépose de l’échafaudage, le mémoire des travaux exécutés pour en opérer la vérification sur place. Malgré nos lettres et de ombreuses réclamations verbales de rappel, M. M. Lemoine & Quelin, Entrepreneur adjudicataires 4 passage D»chambre, 35 rue Falguière, ne nous remettent aucun mémoire. L’ordre de service N°26 que nous avons fait notifier le 21 Janvier pour remise du mémoire le 26 Janvier est resté sans résultat.

Dans ces conditions, le soussigné demanderait à Monsieur le Directeur de faire mettre administrativement M. M. Lemoine & Quelin en demeure d’avoir à remettre le mémoire des travaux exécutés à la Tour Saint Jacques avant le 10 Mars prochain. Paris, le 02 Mars 1911. [Signature de l’architecte des promenades : M. Formigé]

Annexe 4
Rapport de l’architecte des promenades en date du 2 Mars 1911 à l’intention de Mr le Directeur et des entrepreneurs

Lettre de l’architecte des promenades en date du 3 Avril 1911

S’il est exact que la Tour Saint Jacques est couverte d’échafaudage depuis plusieurs années, il est facile d’en donner les raisons : Après avoir, pendant longtemps signalé l’état ruiné et dangereux de cet édifice, ce n’est qu’en 1906 que l’Architecte fut autorisé à établir l’échafaudage de recherche nécessaire à l’étude de sa restauration et permettant d’évaluer approximativement le chiffre de la dépense à prévoir.

Le devis une fois établi (s’élevant alors à 284,375.00 francs) cet échafaudage resta sans emploi jusqu’au jour où l’entente s’étant faite entre le Ministre des Beaux-Arts et la ville sur une prévision de dépense de 130,000.00, les travaux de maçonnerie purent être mis en adjudication.

Elle eut lieu le 12 Juin 1909, et fut approuvée le 29 Juin 1909.

Les adjudicataires étaient M.M. Lemoine et Quelin avec un rabais de 20.80%, pour sentant une différence considérable avec les rabais offerts par leurs concurrents (le N°2 offrait 1.70%). L’ordre de service fut donné le 6 Juillet 1909.

C’est donc de cette qu’il faut faire partir le début des travaux et l’utilisation réelle de l’échafaudage posé en 1906.

Le crédit réduit à 130,000.00 mis à la disposition de l’Architecte ne permettant pas d’attaquer à la fois les quatre faces de la Tour, les travaux devaient commencer par la partie la plus abîmée par suite de son exposition aux pluies et aux mauvais vents - soit le contrefort S.O.

L’échafaudage de recherche, insuffisant pour atteindre cette partie de l’édifice dut être complété et la soumission de charpente ayant été approuvée le 25 Octobre 1909, l’échafaudage remanié pu être terminé le 5 Novembre 1909.

Annexe 5

Le travail réel de maçonnerie put alors être commencé : Il constate à extraire des murs de la Tour les pierres murales et abîmées et à les remplacer par des pierres neuves portant les saillies nécessaires à l’ornementation. C’est un travail de reprise long et minutieux qui ne peut se comparer en rien à la construction ordinaire.

Les morceaux neufs une fois posés et épannelés sont livrés au sculpteur qui ne peut que suivre le travail du maçon. La sculpture une fois faite, le maçon doit venir après le sculpteur raccorder le ravalement définitif.

Pour les travaux de sculpture un concours fut ouvert entre ornementistes et se termine le 21 Février 1910 par l’attribution des travaux à Mr Lebègue à des conditions ___ _____ pour les finances de la Ville, les prix proposés par ce sculpteur étant de plus de ___ inférieurs à ceux de ses concurrents et des prévisions de l’architecte. L’infériorité de ces prix était telle qu’on hésita à les accepter (néanmoins l’exécution est bonne) la soumission fut approuvée le 7 Avril 1910.

Pour juger des difficultés d’exécution de ces travaux, il ne faut pas perdre de vue qu’ils s’exécutent à une hauteur variant entre 50 et 60 mètres, au-dessus du sol, que pour atteindre leur étage de travail, les ouvriers ont 250 à 300 marches à gravir, qu’à cette hauteur qui est plus du double de celle des constructions de Paris la pluie, le vent, la neige sévissent dans toute leur rigueur et rendent le travail excessivement dur et pénible quand ils ne l’arrêtent pas tout à fait, et il serait facile à monsieur le Directeur de se faire rendre compte par les relevés journaliers de l’Observatoire de la Tour du nombre de journées perdues, où tout travail fut impossible par suite des intempéries. Sous ce rapport nous devons rendre justice à l’endurance de Mr Lebègue le sculpteur qui a toujours travaillé, alors que ses ouvriers lâchaient pied au bout de deux jours d’essai.

Ces conditions de travail sont tout à fait exceptionnelles et doivent être prises en sérieuse considération.

____ , les entrepreneurs de maçonnerie eussent pu montrer plus d’activité et mieux profiter de la saison d’été pour rattraper les mauvais jours d’hiver. Mais réclamations verbales, lettres de rappel, ordre de service mobilisés n’ont eu prise sur eux. Leur comptabilité surtout a toujours été en retard et si aujourd’hui il nous est impossible de déplacer l’échafaudage la cause en est à la non remise du 3e mémoire qu’ils doivent fournir. En effet pour le règlement définitif les attachements indiquant les reprises et parties refaites sont insuffisants, il faut procéder à une vérification sur place complète et contradictoire de tous les détails du métré remis par l’Entrepreneur.

Annexe 5

A l’heure actuelle, M.M. Lemoine et quelin ont remis deux mémoires qui ont été vérifiés sur place le 6 Janvier et le 22 Mars. Ils ont encore à fournir un 3e mémoire complétant la restauration de l’angle S.O. et ce n’est qu’après la remise et la vérification sur place une fois faite que l’échafaudage pourra être déplacé et reporté sur l’autre face de la Tour.

L’excuse alléguée par les Entrepreneurs est le rabais trop fort qu’ils auraient souscrits et qui ne leur permettrais pas de rémunérer les ouvriers proportionnellement aux conditions pénibles dans lesquelles s’exécutent les travaux. Mais alors que le sculpteur mettait à suppléer à l’insuffisance d’ouvriers toute la bonne volonté possible, nous n’en pouvons dire autant du maçon qui nous a gêné non seulement par la lenteur d’exécution mais aussi par les retards dans la production de ses attachements et mémoires, sans lesquels nous ne pouvons marcher, à peine de ne plus pouvoir contrôler les travaux conformément aux règlements et de dépasser sans savoir comment ni jusqu’à quelle limite, les prévisions du devis.”

Quel peut être le remède à appliquer dans la campagne de travaux en saison plus favorable qui commence et où nous aurons moins à souffrir des intempéries :

1er Pour la sculpture, le remède parait simple - La soumission de Mr Lebègue n’ayant intentionnellement compris qu’une partie des travaux de sculpture à exécuter, lui imposer comme condition s’il veut la renouveler, la présence permanente de plusieurs ouvriers suivant les nécessités du travail livré par le maçon, sur les indications de l’Architecte. S’il ne peut accepter cette condition, confier les travaux à un autre sculpteur.

2e Pour l’entreprise de maçonnerie mettre l’adjudicataire en demeure d’avoir à obéir strictement et sans aucun retard quels qu’en puissent être les motifs aux prescriptions des cahiers des charges et aux ordres de l’Architecte dans les délais qui leur seront fixés. Faute de quoi application serait faite immédiatement des pénalités inscrites au cahier des charges, la résiliation du marché serait proposée et les travaux poursuivis par un autre entrepreneur, à ses frais et risques.

Ces formalités de résiliation étant fort longues, il faut espérer que M.M. Lemoine et Quelin se résoudront à donner satisfaction. Paris, le 3 Avril 1911. [Signature de l’architecte des promenades : M. Formigé]

Annexe 5

LE MONITEUR GÉNÉRAL

19. - Question de M. Le Corbeiller à M. Le Préfet de la Seine sur les retards apportés aux travaux de réparation de la tour Saint-Jacques.

M. Le Corbeiller. - Messieurs, avant la fin de l’année 1908, vous avez voté, sur ma proposition, les fonds nécessaires aux réparations urgents à faire à la tour Saint-Jacques. Il s’agissait de travaux de sculpture et naturellement d’établissement d’un grand échafaudage de coin qui viendrait compléter les échafaudages “dits d’examens” établis sur les faces depuis au moins cinq ou six ans. Ce grand échafaudage de coin était merveilleusement établi pour se transporter facilement d’un coin à l’autre, coûter ainsi moins cher et masquer moins le monument. Il devrais, dis-je, passer d’un coin à l’autre et il faudra, en effet, qu’il passe d’un coin aux trois autres, avant de disparaître. Il fut placer au printemps 1909. Aujourd’hui, deux ans après, il est toujours là et, qui plus est, n’a pas encore quitté le premier coin. Si les travaux sont menés jusqu’au bout, avec la même méthode nous en avons pour au moins six ans. Huit ans pour remplacer les pierres et les sculpter sur place… (…) Mais enfin le crédit total des dépenses exigées par les réparations (y compris les échafaudages) n’est que de 130,000 francs. Un crédit de 130,000 francs exige-t-il huit ans de travaux ?

La vérité est qu’il n’y a sur la tour, comme autrefois à l’Opéra-Comique, qu’un seul sculpteur qui, là-haut, dans sa solitude, loin des bruits du monde et de la ville, on oublie les folles agitations et pense sans doute que tout est vanité.

Au nom des parisiens qui aimeraient à voir de temps à autre leurs monuments sans échafaudages, je viens prier l’Administration de vouloir bine, un jour où cet artiste descendra du ciel - il doit bien descendre un jour par mois - le rappeler à la réalité. Je la prie aussi de lui adjoindre des collaborateurs, plusieurs, cinq ou six au moins, afin que les trois coins qui restent à visiter soient réparés non en deux ans mais en deux mois et que dans six mois l’échafaudage ait disparu.

Nous disons toujours la même chose, parce que c’est toujours la mmême chose. Je voudrais que M. Le Directeur des services de l’Architecture et des promenades nous prouvât - comme nous l’espérons - qu’il y a quelque chose de changé.

M. Le Directeur administratif des services d’Architecture - Messieurs, l’honorable M. Le Corbeiller vient de nous exposer l’état de la vieille tour Saint-Jacques-la-Boucherie. Il est vrai que la sollicitude dont l’entoure l’Administration est prudente et que l’échafaudage si raillé est installé depuis tant de jour qu’on serait tenté de le croire éternel.

Cependant la question nécessite quelques prévisions et rectifications.

L’échafaudage de visite fut établi en 1906. Mais le premier ordre de service à l’entrepreneur ne put être donné que le 6 juillet 1909, après la mise à la disposition du service des Promenades d’un crédit de 130,000 francs. Or, ce crédit était insuffisant pour permettre d’attaquer à la fois les quatre angles de la tour. Il fallut donc se borner à restaurer un angle à la fois et on commença par celui du Sud-ouest, le plus exposé au vents et à la pluie. L’échafaudage de recherche qu’il fallait compléter pour atteindre les parties hautes de l’édifice fut terminé le 5 novembre 1909. Il y a donc aujourd’hui 17 mois environ que le travail utile a pu être entrepris.

Or, vous n’ignorez pas, Messieurs, les difficultés que présente cet ouvrage. Le maçon remplace une à une les vieilles pierres, les prépare pour le sculpteur ornemaniste qui vient après lui, puis le maçon revient pour le ravalement définitif.

Ceci se passe à cinquante ou soixante mètres de hauteur, bien au-dessus des toits de Paris, comme l’a dit M. Le Corbeiller. Mais contrairement à ce qu’il a dit aussi, les ouvriers n’ont pas oublié leur ouvrage. Et ils ne faut pas perdre de vue qu’au bout de 250 ou 300 marches qui les séparent du sol ils ont trouvé bien souvent le froid, la pluie, la neige, qui les frappent là haut avec plus de rigueur. C’est ainsi que d’après les renseignements fournis par le service météorologique de la tour, on a relevé depuis juillet 1909, 345 jours de pluie. Jamais d’ailleurs, le travail n’a été , malgré cela, complètement interrompu.

J’estime, Messieurs, que ces observations, sans nous permettre d’oublier les exigences légitime du public parisien et des amis de la tour Saint-

Journal hebdomadaire, Administratif, Politique, Financier, Industriel et Commercial
36e année, N°20 8 Avril 1911 Annexe 6

Jacques, expliquent les lenteurs inévitables d’un travail dont la qualité même interdit toute précipitation. Mais je donne l’assurance à l’honorable M. Le Corbeiller que la plus grande diligence sera apporté aux travaux de restauration.

M. Le Corbeiller. - M. Le Directeur ne me répond guère, sinon de sa bonne volonté. Je veux bien m’en contenter pour aujourd’hui. Mais je le préviens qu’à chaque session je reviendrai à la charge, et je lui donne rendez-vous, sur la tour même au mois de juillet prochain, pour constater avec lui les effets de cette bonne volonté dont il veut bien m’assurer.

M. Le Directeur administratif des services d’Architecture. - C’est entendu. L’incident est clos.”

36e année, N°20 8 Avril 1911 Annexe 6

L’échafaudage éternel

L’échafaudage éternel, c’est celui de la tour SaintJacques. Il complète, depuis 1909, les échafaudages dits “d’examen” dressés, il y a cinq ou six ans. C’est tellement lointain, que personne ne le sait plus au juste. Et sur cet échafaudage, “il n’y a, selon la spirituelle expression de M. Le Corbeiller, comme autrefois à l’Opéra-Comique, qu’un seul sculpteur qui, là-haut, dans sa solitude, loin des bruits du monde

Et dans quinze ans, il en sera toujours ainsi. et de la Ville, en oublie les folles agitations et pense sans doute que tout est vanité”. On dit même que le patient artiste est un élève de Viollet-le-Duc et qu’il a quatre-vingts ans !

Naturellement, M. Le Corbeille n’a pu obtenir de date fixe pour la fin de ce travail bénédictin. Il se contente de demander qu’on adjoigne à l’artiste quelques actifs collaborateurs, ce qui, paraît-il, n’est pas facile. Mais ce qu’il faut retenir, c’est que “l’échafaudage de visite” ayant été dressé en 1906, le premier ordre de service à l’entrepreneur ne put être donné que le 6 juillet 1909, après la mise à la disposition du service des finances d’un crédit de 130.000 francs. Or, M. Le Corbeiller avait fait voter le crédit à la fin de 1908 ! Après ça, il n’y a plus qu’à tirer l’échelle… de l’échafaudage

Le matin, 28e année, N°9909 Samedi 15 Avril 1911 Annexe 7

Rapport de l’architecte des promenades en date du 18 Novembre 1912 à l’intention de la Direction administrative des Services d’Architecture et des Promenades et Plantations

Dès la vérification faite de la Commission de réception des travaux de la Tour Saint Jacques le soussigné a fait donner ordre :

1 - à l’Entrepreneur de maçonnerie, M.M. Lemoine et Quelin, d’avoir à enlever tous les plateaux et échafaudages intercalaires placés sur les échafaudages du charpentier et de procéder en même temps à un brossage général des façades (Ordre 727)

2 - à l’Entrepreneur de charpente M° Sainte-Beuve d’avoir à enlever les grands échafaudages dans un délai de deux mois (Ordre 728)

Le soussigné veillera à ce que ces ordres soient exécutés le plus rapidement possible.

Paris, le 18 Novembre 1912. [Signature de l’architecte des promenades : M. Formigé]

Annexe 8

Rapport de l’architecte des promenades en date du 07 Mars 1913

Le soussigné à l’honneur de retourner le dossier ci-joint à Monsieur le Directeur en faisant remarquer qu’en réalité l’Entrepreneur à donné satisfaction et a débarrassé le square de la Tour St. Jacques à la date à laquelle il était nécessaire que les bois de charpente fussent enlevés.

Dans ces conditions le soussigné serait d’ais, le résultat ayant été obtenu, de ne pas donner suite à la proposition de retenues ci-jointe.

Paris, le 07 Mars 1913. [Signature de l’architecte des promenades : M. Formigé]

Annexe 9

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